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  • il y a 6 semaines
"ETATS-UNIS, LES SACRIFIES DE LA SANTE" / Dans la première puissance économique mondiale, se soigner correctement est un luxe que la plupart des Américains ne peuvent pas se payer. Aujourd'hui, 28 millions d'Américains ne sont pas assurés aux États-Unis. Contrairement à la France, il n'y a pas de sécurité sociale. Les seuls à bénéficier d'un système de santé public limité sont les plus modestes et les personnes âgées de plus de 65 ans. Les autres sont, soit, couverts par leurs employeurs qui payent l'essentiel de leur assurance, soit, ils doivent souscrire à un contrat privé à titre individuel. Pour s'assurer aux États-Unis, il faut d'abord payer un Premium, un forfait mensuel, environ 15 000 dollars par an pour une famille de quatre personnes. Ce Premium ne donne pas tout de suite droit au remboursement. L'assuré a un "deductible" c'est à dire une franchise : il paye les frais de sa poche jusqu'à atteindre ce seuil de dépense. Ensuite, l'assuré continue de payer en partageant les frais avec son assureur, on parle de co-Pay. En moyenne, 20% reste à la charge du malade. Dans ce documentaire, plusieurs personnes témoignent de la difficulté de se faire soigner : - Karyn, 30 ans, qui a dû se rendre à Vancouver au Canada pour pouvoir trouver de l'insuline à un prix raisonnable... - Lorenz, 75 ans, atteint de la maladie de Parkinson, dont le traitement coûte 2000 dollars par mois. Aujourd'hui ruiné tout comme 500 000 Américains, chaque année, qui font faillite à cause de leur dépense de santé. - Quant à Amy, elle a perdu sa fille de 22 ans qui a été refusée à l'hôpital faute d'être assurée. Quelques jours plus tard, elle succombait d'une embolie pulmonaire? Les auteurs de ce documentaire reviennent également sur l'histoire de ce système de santé qui, de l'après-guerre à aujourd'hui, a connu de nombreuses réformes dont l'Obamacare ....

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00:30Il patiente depuis des heures.
01:00Certains ont fait des centaines de kilomètres pour venir.
01:07La plupart ont passé la nuit dans leur voiture.
01:13Bonjour à tous !
01:19Il va falloir être calme et patient.
01:24Je vais appeler les numéros un par un.
01:28Lorsque vous entendez le vôtre, montrez-moi votre ticket et continuez dans la file.
01:33Numéro un, numéro deux.
01:39Ce qu'ils attendent désespérément, se faire soigner gratuitement.
01:43Bonjour, peux-je avoir vos tickets ?
01:46Vous avez des vôtrets ou des visites ?
01:48Des visites ?
01:51Des visites ?
01:53Des visites ?
01:55Des visites ?
01:56Des visites ?
01:57Des visites ou des yeux ?
01:59Des visites ?
02:00Ses familles ne sont pas sans-abri.
02:04La plupart appartiennent à la classe moyenne américaine.
02:08Elles sont pourtant obligées de venir se faire soigner dans ce dispensaire.
02:13Venez là !
02:15Alison a 26 ans. Mère de famille sans assurance, elle vient tout juste d'accoucher.
02:27Jack, le petit dernier, a seulement 4 jours. Et mon grand, junior, a 4 ans.
02:38Je m'en veux d'imposer cela à mon bébé. Il y a des maladies et des microbes partout ici.
02:45Mais je n'ai pas le choix. Il fallait que je vienne ici et donc que je les prenne avec moi.
02:53Je n'ai pas changé de lunettes depuis le lycée. Ça va faire 10 ans que je porte la même paire.
02:59Il faut vraiment que je m'en fasse faire des nouvelles.
03:06Ici, c'est gratuit et je pars avec le jour même.
03:09C'est rageant de se dire qu'il n'y a pas d'autre endroit où aller.
03:18C'est mon tour. On y va.
03:20Comme Alison, ils sont aujourd'hui 28 millions aux Etats-Unis à ne pas être assurés.
03:36Cette clinique mobile, créée à l'origine pour intervenir dans les pays en développement,
03:47opère désormais principalement aux Etats-Unis.
03:58Ces bénévoles sont sur le terrain une centaine de fois par an, le temps d'un week-end.
04:02Dans la première puissance économique mondiale,
04:13se soigner correctement est un luxe que la plupart des Américains ne peuvent pas se payer.
04:17Nous sommes derrière tous les pays en Europe dans cette matière de santé médicale pour nos citoyens.
04:26Obamacare! Obamacare!
04:28Obamacare!
04:29Je pense que tous les Américains ont un droit à l'économie, accessible à l'économie.
04:39Obamacare est un complet et un total désastre.
04:44En les États-Unis, la médecine a devenu un business.
04:53Tu es standing là à la mort, tu te donnes le argent ou tu te mènes,
04:58et tu te donnes le argent.
05:03C'est pas un système fair.
05:08Le système de santé médicale est letal.
05:11C'est matant des gens.
05:12Je dois faire ce que aucun parent devrait faire,
05:17c'est de garder votre enfant quand ils mènent une mort sans-ménieur.
05:25Le système de santé est un droit humain.
05:28Et le seul plan que je vais se fermer, c'est le système de santé médicale pour tous.
05:32Le système de santé!
05:33Le système de santé!
05:34Le système de santé!
05:36Le système de santé!
05:37Le système de santé médicale.
05:39Le système de santé médicale.
05:40Le système de santé médicale.
05:41Tous les matins, je me lève et je commence par faire du sport.
06:03Je cours, je fais du vélo.
06:05Je ne le fais pas pour perdre du poids.
06:08C'est une obligation que je m'impose.
06:12Prendre l'air, faire travailler mon cœur, ça le rend plus fort.
06:16Et ça me fait gagner des années d'espérance de vie.
06:33Un taux de sucre normal, ça tourne généralement autour de 100.
06:37Là, le mien est à 405, c'est extrêmement élevé.
06:46L'unique moyen de le faire redescendre, c'est de prendre de l'insuline.
06:49C'est comme l'eau ou comme l'air pour moi.
06:55C'est une question de vie ou de mort.
06:58Sans insuline, je mourrais au bout de quelques jours.
07:01Ça ne prendrait pas longtemps.
07:03Karine a 30 ans et vit avec son diabète depuis ses 12 ans.
07:09Son traitement, qui en France serait prise en charge à 100%, coûte très cher aux Etats-Unis.
07:13Quand je vais à la pharmacie, ils me demandent 1000 dollars pour de l'insuline.
07:19Alors je ne la prends pas.
07:21La solution que j'ai trouvée pour le moment, c'est de me rationner.
07:24C'est très dangereux pour ma santé.
07:26Je sais qu'il faudrait que j'arrête de faire ça.
07:35Aux Etats-Unis, contrairement à la France, il n'y a pas de sécurité sociale.
07:41Les seuls à bénéficier d'un système de santé publique limité sont les plus modestes,
07:47et les personnes âgées de plus de 65 ans.
07:49Pour les autres, soit ils sont couverts par leur employeur, qui paie l'essentiel de leur assurance,
07:57soit ils doivent souscrire à un contrat privé à titre individuel,
08:01comme Karine et son mari Eric.
08:06Tiens, regarde, c'est le site Internet.
08:09On va pouvoir choisir notre assurance.
08:12Bien qu'ils travaillent tous les deux, ils ont du mal à payer des tarifs d'assurance très élevés.
08:19Le forfait mensuel est à 695 dollars, rien que pour moi.
08:31Pour s'assurer aux Etats-Unis, il faut d'abord payer un premium, un forfait mensuel.
08:38Il est déjà très élevé, 15 000 dollars sur l'année en moyenne pour une famille de 4 personnes.
08:44Ce premium ne donne pas tout de suite droit au remboursement.
08:47L'assuré a un deductible, une franchise.
08:53Il paye les frais de sa poche jusqu'à atteindre ce seuil de dépense.
08:57Presque 8 000 dollars pour Karine.
09:00Ensuite, l'assuré continue de payer en partageant les frais avec son assureur.
09:06C'est le copay ou copayement.
09:09En moyenne, 20% reste à la charge du malade.
09:12Cette couverture ne rembourse même pas l'insuline.
09:19Les soins médicaux pris en charge par la couverture de Karine sont extrêmement limités.
09:24Cette assurance ne couvre même pas mes besoins essentiels, comme mon insuline ou des examens réguliers des yeux.
09:35Ce que tous les diabétiques doivent faire très régulièrement.
09:39C'est presque inutile.
09:40A nous deux, on doit dépasser les 15 000 dollars en frais médicaux pour commencer à être remboursés par notre assurance.
09:48On dépense près de la moitié de nos revenus en assurance, qui ne couvrent pratiquement rien.
09:53Et c'est de pire en pire.
09:55C'est très stressant.
09:58Je ne prends cette assurance qu'au cas où il arrive quelque chose de dramatique et qu'il faille aller à l'hôpital.
10:04Impossible pour le jeune couple de vivre à deux.
10:14Ils n'en ont pas les moyens.
10:17Neuf ans après leur mariage, ils habitent encore chez la mère de Karine.
10:20Aux Etats-Unis, il faut être riche pour se payer de l'insuline.
10:38C'est hors de prix.
10:42Ma vie dépend donc énormément de mon assureur.
10:50Cet homme est un ancien cadre dirigeant d'une grande compagnie d'assurance.
10:56Un repenti.
10:59Après 20 ans à travailler comme directeur de la communication du 4e assureur du pays,
11:04en 2008, il devient lanceur d'alerte et dénonce dans les médias les pratiques en vigueur dans le secteur des assurances de santé.
11:11A l'époque, mon travail, pour moi comme pour tous mes collègues d'ailleurs, c'était d'atteindre un objectif, rendre nos actionnaires encore plus riches.
11:21Les actionnaires sont les gens qui comptent le plus dans ces entreprises.
11:25Ce ne sont pas les patients.
11:27Dans mon domaine, refuser de payer le traitement d'une personne, c'est une question de vie ou de mort.
11:34Vous avez le pouvoir de déterminer qui peut vivre et qui meurt.
11:37Pour moi, c'est se rendre coupable de meurtre.
11:48Le profit au détriment de la vie.
11:54Un système qui bénéficie à quelques-uns, mais pas à la majorité des Américains.
11:58Notre système de santé nous coûte aujourd'hui 3500 milliards de dollars par an.
12:10Cela correspond environ au PIB de la France.
12:13C'est assez fou, non ?
12:16En plus d'avoir le système de santé le plus cher du monde, nous avons une mauvaise espérance de vie,
12:23un taux de mortalité infantile élevé et un nombre record de décès dus à des causes évitables.
12:30La réalité, c'est que les Américains en souffrent tous les jours.
12:36Comment un tel système a-t-il pu voir le jour ?
12:41En temps de guerre, comme en temps de paix.
12:44En 1945, après la Seconde Guerre mondiale, l'Europe adhère au principe de l'État-providence.
12:53La France met en place sa sécurité sociale.
12:57Sur ce modèle, le président démocrate Harry Truman propose une loi pour établir une couverture santé pour tous.
13:06Harry Truman n'a pas réussi à faire passer sa réforme.
13:08Il a fait face à l'opposition d'une organisation très puissante, l'Association des médecins américains,
13:15qui était très hostile à l'idée que soit adopté un système comme en Europe.
13:19Ce sont eux qui ont commencé à utiliser le terme de médecine socialiste.
13:24C'était au début de la guerre froide, à un moment où il y avait une peur panique du communisme dans ce pays.
13:30Au début des années 60, les démocrates, de retour au pouvoir, tentent à nouveau de mettre en place un système à l'européenne.
13:39Un projet qui suscite une fois de plus des résistances.
13:45Une campagne publicitaire est alors lancée pour mettre en garde contre les dangers d'une médecine socialiste.
13:52Une propagande qui fait échouer la tentative des démocrates.
13:56En 1965, ils tiennent leur revanche.
14:02Le président Lyndon Johnson fait voter deux programmes d'assurance santé publique.
14:07Medicaid, destiné aux plus pauvres et aux personnes handicapées.
14:13Et Medicare, réservé aux plus de 65 ans.
14:17Le désespoir des Américains qui n'arrivent pas à se soigner,
14:40c'est ce qui a bouleversé la vie de l'ancien assureur, Wendell Potter.
14:49C'était il y a dix ans.
14:52Il se rend chez ses parents et tombe par hasard sur un dispensaire mobile,
14:57organisé tout près de l'endroit où il a grandi.
14:58Ça m'a brisé le cœur de voir ce que les gens vivaient.
15:07Ils n'ont tout simplement plus d'espoir et aucun moyen de se soigner.
15:14C'est comme si ces gens-là ne comptaient pas.
15:19Je crois que c'est ça qui m'a le plus touché quand je suis allé dans l'une de ces cliniques mobiles.
15:23C'était comme si j'étais entré dans un camp de réfugiés.
15:33Je me suis dit que moi aussi, j'aurais pu être l'un d'entre eux.
15:44En 2008, il devient lanceur d'alerte
15:47et dénonce dans les médias les pratiques en vigueur
15:50dans le secteur des assurances de santé.
15:53Un an plus tard,
15:58il est auditionné devant le Congrès américain.
16:00Son combat, il le mène à Washington, au cœur du pouvoir.
16:24Je connais les règles du jeu.
16:28J'ai appartenu au camp d'en face.
16:30J'ai simplement changé d'équipe.
16:33Nous essayons d'obtenir un système plus juste.
16:38Et je préfère ça, oui.
16:40Je dorme mieux la nuit.
16:41Pour réaliser son objectif,
16:49il s'est uni avec d'autres défenseurs de l'assurance santé pour tous.
16:54Ensemble, ils veulent imposer cette idée
16:56lors de la prochaine élection présidentielle, en 2020.
17:00Le but, c'est vraiment que ce sujet s'impose dans l'esprit des gens.
17:06Depuis toujours,
17:09la question du système de santé structure
17:11l'opposition entre démocrates et républicains.
17:13Les républicains disent
17:19« Laissons ça à la loi du marché. »
17:21Et les démocrates, eux, veulent plus de régulation.
17:24L'idée,
17:24c'est d'arriver à démonter les arguments de l'autre camp.
17:29Vous savez, dans une autre vie,
17:31je faisais moi aussi de la propagande
17:33et cela marche très bien.
17:34La propagande,
17:40c'est le nerf de la guerre.
17:43Lorsque Wendell Potter
17:44travaillait pour une compagnie d'assurance,
17:47il a participé à une campagne
17:48qui fera date.
17:51Nous sommes alors en 1992.
17:53Bill Clinton
17:54vient d'être élu président.
17:58Un an plus tard,
17:59il demande à sa femme Hillary
18:00de rédiger un projet de loi
18:02en faveur d'une assurance santé pour tous.
18:04Quand on a vu ce que les Clintons préparaient,
18:12nous, les assureurs,
18:13nous avons fait tout
18:13pour empêcher la réforme de voir le jour.
18:16J'ai alors passé beaucoup de temps à Washington
18:18pour mener cette campagne de propagande.
18:21L'objectif de la campagne,
18:23c'était de faire en sorte
18:24que les gens aient peur du changement,
18:27qu'ils n'aient pas confiance
18:27dans le plan proposé.
18:31Cette campagne fait échouer
18:33le projet de réforme Clinton.
18:34Un homme en tire les leçons.
18:42Barack Obama,
18:44élu président des États-Unis en 2008
18:46et dont la priorité
18:47est la réforme du système de santé.
18:49Obama sait qu'il sera attaqué de toutes parts.
19:13pour réussir,
19:15il décide de négocier avec les trois puissants acteurs du jeu
19:18qui ont la main sur le système de santé.
19:21Les assurances,
19:22les hôpitaux
19:23et les laboratoires pharmaceutiques.
19:25On leur a tous donné un siège
19:32à la table des négociations.
19:34Et même plus que ça,
19:36on les a laissés écrire
19:37une grande partie du projet de loi.
19:42Pour réussir à faire accepter sa réforme,
19:46Barack Obama a dû faire
19:48beaucoup de concessions.
19:50Le compromis Obamacare
19:56réussit à imposer trois principes fondamentaux.
20:00Avec le mandat individuel,
20:02chaque citoyen est obligé
20:04de souscrire une assurance
20:05sous peine d'amende.
20:07Cette mesure a pour but d'augmenter
20:09le nombre de souscripteurs.
20:11En échange,
20:12les assureurs promettent
20:13de baisser leurs prix.
20:18Obamacare
20:18étend aussi le programme Medicaid
20:20destiné aux personnes les plus modestes,
20:22à une nouvelle frange de la population.
20:24Celle située
20:25juste au-dessus du seuil de pauvreté.
20:30Autre avancée,
20:32les assureurs ne peuvent plus
20:33discriminer leurs clients
20:34en fonction de leurs antécédents médicaux.
20:37Une allergie,
20:38de l'asthme,
20:39du diabète,
20:40avant,
20:41tout était prétexte
20:41pour augmenter les prix.
20:43voire même
20:43refuser d'assurer.
20:48Le 23 mars 2010,
20:51la loi est signée.
20:58Des mesures
20:59qui suscitent l'enthousiasme
21:01dans un premier temps.
21:03L'Obamacare a amélioré
21:04la situation de nombreuses personnes.
21:07Grâce à la loi,
21:0820 millions de citoyens
21:09ont pu s'assurer.
21:09l'Obamacare
21:12marque une avancée historique.
21:15Jamais le nombre
21:15d'Américains sans assurance
21:16n'avait autant baissé
21:17en 40 ans.
21:19Mais malgré ce système,
21:21chaque année,
21:22plus de 500 000 Américains
21:23font faillite
21:24à cause de leurs dépenses
21:25de santé.
21:25Amy Villela
21:34a perdu sa fille
21:36il y a 4 ans.
21:36Toute cette colère en moi,
21:45j'avais besoin
21:48de trouver un moyen
21:49de la faire sortir.
21:51Rien ne me rendra
21:52jamais ma fille.
21:56Elle est morte.
21:57Tout autour d'ici
22:17me rappelle Chaline.
22:22Je me souviens
22:23quand on a emménagé.
22:24j'étais heureuse
22:26d'être tout près
22:26de cet hôpital
22:27flambant neuf.
22:28C'était comme un nouveau
22:28hospital.
22:29J'étais très excitée
22:30de être près
22:31d'un hospital.
22:35À l'époque,
22:36j'étais loin
22:37de me douter
22:38de ce que ça allait
22:39signifier pour ma famille.
22:41Ce bâtiment
22:42représente la perte
22:43et beaucoup de souffrance
22:45pour moi.
22:45Elle est arrivée
22:52à l'hôpital
22:53avec une jambe rouge
22:55et gonflée
22:55et elle est allée
22:57directement au service
22:58des urgences.
23:01La première question
23:03qu'on lui a posée
23:04c'est
23:04avez-vous une assurance
23:05santé ?
23:06Et elle n'en avait pas.
23:10Ça a commencé
23:11à l'accueil.
23:12On lui a dit
23:13que ça allait lui coûter
23:14très cher,
23:15que si elle partait
23:16là tout de suite,
23:17cela ne lui coûterait
23:18rien.
23:18Tout a commencé
23:19comme ça,
23:20à l'endroit même
23:21où elle aurait dû
23:22être prise en charge.
23:24À l'époque,
23:26sa fille Chaline
23:27a 22 ans.
23:29Entre deux emplois,
23:31elle se retrouve
23:31sans assurance.
23:33Trois semaines
23:34après son renvoi
23:35des urgences,
23:36elle fait un arrêt
23:37cardio-respiratoire.
23:39Amy arrive à l'hôpital
23:41et retrouve sa sœur
23:42déjà au chevet
23:43de sa fille.
23:46J'ai couru
23:47dans le couloir
23:47et j'ai vu ma sœur
23:49à travers la fenêtre
23:49de la chambre
23:50et j'ai crié
23:51« Est-elle encore vivante ? »
23:54Aucun parent
24:01ne devrait jamais voir
24:02ce que j'ai vu.
24:04Je me suis assise
24:06à côté de ma fille
24:07et je lui ai parlé
24:07« Chaline,
24:10sois forte,
24:10tiens bon,
24:12s'il te plaît,
24:13ne meurs pas. »
24:15et ils m'ont dit
24:18qu'elle avait eu
24:19une embolie pulmonaire
24:20et je me suis dit
24:20« Qu'est-ce qui s'est passé ? »
24:25que c'était à cause
24:26du caillot de sang
24:26dans sa jambe.
24:31Et là,
24:33je me suis dit
24:33« Mais elle est pourtant
24:35allée aux urgences.
24:36Qu'est-ce qui s'est passé ? »
24:38Ellie, ma sœur,
24:39m'a dit
24:39« Comment ont-ils pu
24:40ne pas s'occuper d'elle ? »
24:43Je la tenais dans mes bras
24:44contre moi
24:45comme quand elle était bébé
24:47et je lui ai chanté
24:48la chanson
24:49que je lui chantais enfant.
24:52Je savais
24:52qu'ils allaient éteindre
24:53la machine
24:53et je les ai suppliés
24:54« Donnez-moi encore
24:56quelques minutes,
24:57s'il vous plaît. »
25:00Et quand la machine
25:01a fait son bruit continu,
25:02là,
25:09la réalité
25:10m'a rattrapée.
25:13Ma fille était morte
25:14et pourquoi ?
25:18Parce qu'elle n'avait
25:20pas d'assurance.
25:32Aux États-Unis,
25:52les hôpitaux sont devenus
25:54des entreprises commerciales
25:55et ils agissent comme tels.
25:58C'est-à-dire qu'ils ne pensent
25:59qu'à optimiser leurs profits
26:00au détriment du bien
26:01de leurs patients.
26:02Pour maximiser leurs profits,
26:07les hôpitaux ont recours
26:08à des techniques
26:09de surfacturation.
26:12Quand vous allez à l'hôpital,
26:14tous les services
26:15que vous allez recevoir,
26:17que ce soit
26:17l'occupation de la chambre,
26:19les soins fournis
26:20par les médecins
26:21ou les médicaments prescrits,
26:23chacun de ces services
26:24a un prix répertorié
26:25dans un registre
26:26qu'on appelle
26:28le Charge Master.
26:31Ces prix sont facturés
26:32bien plus chers
26:32que ce qu'ils ne coûtent réellement.
26:37Le Charge Master
26:39est le catalogue
26:40des tarifs des soins.
26:42Il est propre
26:42à chaque hôpital
26:43qui décide arbitrairement
26:45des prix.
26:49Les hôpitaux facturent aussi
26:51des soins supplémentaires
26:52grâce à un système de code.
26:54Chaque code correspond
26:56à un soin
26:57et à un tarif
26:58inconnus des patients.
27:00Impossible alors pour eux
27:01de savoir
27:01à quoi correspondent
27:02leurs factures.
27:08Les grands groupes hospitaliers
27:10emploient tout un tas
27:11de personnes
27:11qu'on appelle
27:12les codeurs.
27:14Leur travail,
27:16c'est d'attribuer
27:17aux malades
27:17les codes
27:18qui rapportent
27:19le plus d'argent
27:20à l'hôpital.
27:20Par exemple,
27:22si vous venez
27:23pour une appendicite,
27:24ils vont vous facturer
27:25pour une appendicite
27:26mais ils diront
27:28qu'il y a eu
27:28des complications.
27:30Donc l'hôpital
27:31empire la situation
27:32par rapport
27:32à la réalité
27:33pour obtenir
27:34plus d'argent
27:35de la part
27:36des assurances.
27:38C'est ça
27:39qui conduit
27:39à l'explosion
27:40des prix
27:41du système de santé.
27:43Quand vous entrez
27:45dans un hôpital,
27:46vous ne savez
27:47jamais
27:48ce que vous allez
27:49devoir payer.
27:49et ça,
27:52c'est terrifiant.
27:56Donald Trump
27:57a signé
28:02un décret
28:02qui oblige désormais
28:03les hôpitaux
28:03à afficher
28:04publiquement
28:04leur prix.
28:06Une avancée
28:07vers plus de transparence.
28:09Mais dans son projet
28:10de réforme
28:11du système de santé,
28:12sa priorité,
28:13c'est surtout
28:14de défaire
28:15l'Obamacare.
28:17Il en avait fait
28:17une promesse
28:18de campagne.
28:19Le président Trump
28:33est déterminé
28:34à détruire
28:34tout ce que
28:35le président Obama
28:36a fait.
28:37Il veut réduire
28:38l'héritage
28:39d'Obama
28:39à néant.
28:41Et ça commence
28:41par l'Obamacare.
28:42Donald Trump
28:46propose sa réforme
28:47Trumpcare
28:47dont l'objectif
28:49est d'annuler
28:49l'Obamacare,
28:51trop socialiste
28:51à son goût.
28:53Il est l'héritier
28:54d'une tradition républicaine
28:55et veut limiter
28:56au maximum
28:57l'intervention
28:57de l'État.
28:59Une fois élu,
29:00le président américain
29:01met son plan
29:02à exécution.
29:03Il se lance alors
29:04dans une opération
29:05séduction
29:05pour la faire passer
29:07au Congrès.
29:07La Chambre des Représentants,
29:36majoritairement républicaines,
29:39vote la réforme.
29:43Il reste
29:44un dernier obstacle
29:45à franchir.
29:47Le vote du Sénat,
29:48beaucoup plus divisé.
29:52Pour défaire
29:53l'Obamacare,
29:55les républicains
29:55avaient besoin
29:56de chaque vote.
29:58John McCain,
30:00qui était
30:00un républicain
30:01conservateur,
30:02était le dernier
30:03à voter.
30:04Et il l'a fait
30:05en levant la main
30:06rapidement
30:06et en pointant
30:09le pouce vers le bas.
30:10Comme la réforme
30:35Obamacare
30:35n'a pas pu être mise
30:36en échec
30:37d'un seul coup,
30:37l'administration Trump
30:39s'est employée
30:40à la détricotée
30:40point par point.
30:44Donald Trump
30:45multiplie alors
30:46les actes législatifs,
30:48visant chacun
30:48un des éléments
30:49de la loi
30:50Obamacare.
30:51L'administration Trump
31:06a juste dit
31:07qu'il n'y a plus
31:08d'amende.
31:09Maintenant qu'il n'y a
31:10plus d'amende,
31:11si on ne souscrit pas
31:11à une assurance,
31:13eh bien les gens
31:13en bonne santé
31:14ne le feront pas.
31:14Résultat,
31:16c'est plus cher
31:16pour tous les autres.
31:19Symboliquement,
31:19ça a été un vrai
31:20pied de nez
31:21à Obama.
31:23Regarde ce que j'en fais
31:24moi de ta loi.
31:24Porté par cet élan,
31:39Donald Trump
31:39poursuit son offensive
31:40contre l'Obamacare.
31:43Depuis,
31:44le nombre d'Américains
31:45non assurés
31:45augmente de nouveau.
31:49Et certains
31:50le payent de leur vie.
31:52comme Chaline,
31:55la fille d'Amy.
32:12A la mort de Chaline,
32:16Amy traverse
32:17une profonde dépression.
32:20Sa sœur Ellie
32:20va l'aider
32:21à se relever.
32:27Ça, c'est pour
32:28les mangeurs d'herbe.
32:31T'es sérieuse ?
32:35T'as vu,
32:36je m'applique,
32:37je m'améliore.
32:41Je suis revenue
32:42de loin.
32:42Je ne savais pas
32:46quoi faire,
32:47j'étais
32:47totalement désemparée.
32:51On avait perdu
32:52Chaline
32:52et je pensais
32:53que j'allais te perdre,
32:54toi aussi.
32:56Je me suis demandé
32:56si tu allais
32:57te laisser mourir.
33:00Je voulais mettre fin
33:01à mes jours.
33:02Je sais.
33:02J'ai écouté Ellie
33:06et j'ai commencé
33:08à me dire
33:08qu'il fallait
33:08que je fasse
33:09quelque chose.
33:11Chaline,
33:11c'était une battante.
33:15C'était
33:15quatre mois
33:17avant la dernière
33:18élection présidentielle.
33:20Je suis allée
33:20à un meeting
33:21de Bernie Sanders
33:23et je l'ai entendu
33:24parler de la santé
33:24pour tous.
33:26Là,
33:27j'ai eu un déclic.
33:28Je me suis dit,
33:30voilà la cause
33:30que je vais défendre.
33:44Je ne savais pas
33:45quoi faire.
33:50Je continuais
33:50à travailler,
33:51j'étais toujours
33:52en deuil.
33:53Je pleurais
33:53continuellement.
34:00C'est à partir
34:07de ce moment-là
34:08que je suis
34:09devenue
34:09une infatigable
34:11militante
34:11d'un système
34:12de santé
34:13pour tous.
34:17Comment ça va ?
34:20Non,
34:21j'ai décidé
34:21de rester à la maison
34:22aujourd'hui.
34:23Je vais faire une pause.
34:23non,
34:28je suis dans la voiture
34:29et on a tout
34:30avec nous.
34:31Dès qu'on arrive,
34:32on commence à installer.
34:38Allez,
34:38à tout de suite.
34:41Jamais je n'aurais
34:41imaginé faire
34:42de la politique.
34:43Nous voyons
35:04nos voisins
35:04et nos familles
35:05mourir
35:05et cela n'a pas l'air
35:06de gêner nos hommes
35:07politiques.
35:10Vous savez quoi ?
35:11Nous sommes forts
35:12et si nous parlons
35:13d'une seule voix,
35:14nous pouvons pousser
35:15ceux qui nous gouvernent
35:16à adopter des lois
35:17en notre faveur.
35:18Ensemble,
35:19nous devons demander
35:20des comptes
35:20à nos représentants
35:21et la santé pour tous,
35:23c'est la première
35:24des grandes batailles.
35:25Ils nous ont sous-estimés
35:27et c'était une erreur.
35:29Nous allons nous battre,
35:30nous allons leur faire
35:31la guerre.
35:39Les Américains
35:40font de plus en plus
35:41entendre leur soif
35:42d'un système
35:43de santé plus juste.
35:47L'une de leurs
35:48principales revendications,
35:50stopper la hausse
35:51du prix des médicaments.
35:53Ils ont augmenté
35:54de 30% en moyenne
35:55sur les cinq dernières années.
35:57Sur la même période,
35:58par exemple,
35:59le prix de l'advers,
36:00un médicament
36:01qui traite l'asthme,
36:02a enregistré
36:03une hausse
36:03de presque 200 dollars.
36:10Pour les laboratoires
36:11pharmaceutiques,
36:13les Etats-Unis
36:13font figure
36:14d'Eldorado.
36:16Un marché évalué
36:17à 500 milliards de dollars.
36:20Les fabricants
36:21peuvent y commercialiser
36:22leurs médicaments
36:23à n'importe quel prix.
36:27Les prix des médicaments
36:28dans notre pays
36:29sont bien plus élevés
36:30que partout ailleurs
36:31dans le monde.
36:32Pour la même substance,
36:33parfois même
36:33la même boîte,
36:34avec juste la langue
36:35qui change.
36:35En France,
36:38les autorités
36:39négocient directement
36:40avec les laboratoires.
36:42Ce n'est pas le cas
36:43aux Etats-Unis.
36:44Une aubaine
36:45pour les fabricants
36:46qui font tout
36:47pour maintenir
36:48ce système en place.
36:49dans ce pays,
36:54les entreprises pharmaceutiques
36:56sont très peu contraintes
36:57par la réglementation.
36:58Et pour une raison simple,
37:01elles ont le plus puissant
37:02des lobbies
37:03à Washington.
37:04Je peux vous dire
37:09que ce ne sont pas
37:10des millions
37:11ni des dizaines
37:12de millions
37:13ni des centaines
37:14de millions.
37:14Ce sont des milliards
37:15de dollars
37:16que l'industrie pharmaceutique
37:17a dépensé
37:18ces 20 dernières années
37:19en lobbying
37:20auprès des membres
37:21du Congrès.
37:25Le secteur pharmaceutique
37:26est de loin celui
37:27qui dépense le plus
37:28en lobbying.
37:31228 millions
37:31de dollars
37:32rien qu'en 2019.
37:34Qu'ils soient démocrates
37:35ou républicains,
37:37tous les politiciens
37:38reçoivent de l'argent
37:38de l'industrie
37:39du médicament.
37:42Une pratique interdite
37:43en France,
37:44mais qui fait intégralement
37:45partie du jeu politique
37:46américain.
37:50Pour les laboratoires
37:52pharmaceutiques,
37:53ces sommes d'argent
37:54servent avant tout
37:54un but,
37:56maintenir en place
37:56un marché du médicament
37:58sans aucune régulation.
38:04nous aimons dire
38:05que notre système
38:06de santé
38:07fonctionne sur le principe
38:08de la libre concurrence.
38:10Ce n'est pas le cas.
38:11Les prix ne sont pas fixés
38:12par la loi du marché.
38:16Prenons l'exemple
38:17de l'insuline.
38:19On pourrait penser
38:20que les trois principaux
38:21fabricants
38:21se font concurrence
38:22et ainsi baissent
38:23leur prix.
38:25Eh bien,
38:25ce n'est pas du tout
38:26ce qu'il se passe.
38:27à chaque fois
38:29qu'un d'entre eux
38:30augmente le prix
38:31de ses produits
38:31en le faisant passer
38:33de 50 à 100 dollars
38:34par exemple,
38:36eh bien,
38:36les deux autres suivent
38:37et ils se rendent compte
38:42que les gens paient.
38:43Alors,
38:43ils continuent
38:44et les prix continuent
38:45de grimper.
38:51Dans le collimateur,
38:53les fabricants
38:53d'insuline,
38:54dont l'un d'entre eux
38:55est l'i-lili,
38:56est un géant américain
38:57de l'industrie pharmaceutique.
39:00En cinq ans,
39:01le laboratoire
39:02a doublé le prix
39:03de son insuline.
39:06À sa tête alors,
39:07Alex Hazard.
39:11Pour faire baisser
39:12les prix des médicaments,
39:13c'est pourtant cet homme
39:14que Donald Trump
39:15n'hésite pas à nommer
39:16au poste
39:17de secrétaire d'État
39:18à la santé.
39:19Come here, Alex.
39:22He's gonna get those
39:22prescription drug prices
39:24way down as
39:25a little bit
39:26of an extra, right ?
39:27It's gonna come
39:28rocketing down.
39:30C'est comme faire entrer
39:34le loup dans la bergerie.
39:35Quand vous mettez
39:36quelqu'un comme Alex Hazard
39:38pour diriger
39:38le ministère de la santé,
39:41vous savez que rien
39:41d'ambitieux
39:42ne sera jamais entrepris.
39:44Ce qu'il va faire,
39:45c'est protéger
39:46les intérêts
39:47de l'industrie
39:47pour laquelle
39:48il a travaillé.
39:49face à la flambée
40:00des prix,
40:02Karine ne va plus
40:03à la pharmacie
40:04et doit trouver
40:05d'autres moyens
40:06de se procurer
40:07de l'insuline.
40:07Salut, comment ça va ?
40:14Bien, et toi ?
40:15Je vais bien.
40:16Merci d'être venue.
40:17Avec plaisir.
40:19C'est de l'Humalog.
40:23C'est mon traitement principal.
40:26Une seule boîte
40:27me coûterait 500 dollars.
40:29Tu n'imagines pas
40:30à quel point ça m'aide,
40:31vraiment.
40:32Je ne sais pas
40:32comment la remercier.
40:33là, il y en a
40:34pour des milliers
40:35de dollars sur la table.
40:38Je suis allée sur Facebook
40:39et j'ai vu le message
40:40que ma collègue
40:40venait de poster.
40:42Elle disait
40:42qu'elle avait
40:42de l'insuline en trop
40:43et qu'elle voulait
40:44la donner
40:45à quelqu'un dans le besoin.
40:46J'ai sauté sur l'occasion,
40:48je t'ai taguée,
40:49tu te souviens,
40:49je t'ai même appelée.
40:50J'étais super contente.
40:52J'étais sûre
40:53que c'était
40:53ce que tu prenais.
40:55J'ai appelé ma collègue,
40:56je lui ai expliqué
40:57la situation
40:57et elle m'a dit
40:58qu'elle était OK
40:59pour tout te donner.
41:03Et elle en a régulièrement
41:04en trop.
41:06Son médecin
41:07lui a prescrit
41:08un nouveau traitement
41:09d'insuline,
41:10du coup,
41:10elle avait des boîtes
41:11de son traitement
41:12d'avant en trop.
41:13Au lieu de les jeter
41:14à la poubelle,
41:15elle voulait trouver
41:16quelqu'un
41:16à qui les donner.
41:21Ça ressemble vraiment
41:23à un deal de drogue.
41:25Des gens viennent
41:25avec des sacs
41:26remplis d'insuline
41:27et on les échange
41:28sous le manteau.
41:28C'est comme ça
41:34que je tiens
41:35ces derniers temps.
41:36J'ai des gens
41:36dans ma vie
41:37qui me donnent
41:37leur surplus.
41:42On fait ce qu'il faut
41:43pour survivre.
41:45C'est tellement angoissant.
41:46Je vis dans la peur
42:02et c'est comme ça
42:03depuis tellement d'années.
42:06Être diabétique,
42:07c'est déjà en soi
42:08très fatigant.
42:09Même quand je prends
42:10tous les traitements
42:10dont j'ai besoin.
42:11Désolée,
42:22je ne sais pas
42:23si je vais pouvoir
42:23m'arrêter.
42:29Même avant
42:30que le prix
42:30de l'insuline
42:31n'explose,
42:32vous savez,
42:33c'était déjà
42:33très dur.
42:41Derrière l'explosion
42:42du prix des médicaments
42:43se cache un hydre
42:45à trois têtes.
42:47Les laboratoires
42:47pharmaceutiques,
42:49les assureurs
42:50et un dernier acteur
42:51au rôle central
42:52mais méconnu,
42:54les PBM,
42:55des sociétés
42:56de prestations
42:56pharmaceutiques.
42:59Ces entreprises
42:59négocient pour
43:00le secteur de la santé
43:02le prix des médicaments
43:03avec les fabricants.
43:05Des intermédiaires
43:06aux pratiques obscures
43:07qui sont la clé
43:08de voûte du système.
43:11En d'autres termes,
43:15les laboratoires
43:16pharmaceutiques,
43:17les assureurs
43:17de santé
43:18et les PBM
43:19s'entendent
43:20sur les prix
43:20des médicaments
43:21et sur le taux
43:22des remboursements.
43:24Et nous n'avons
43:25aucune idée
43:25des prix
43:26qu'ils négocient.
43:28Puisque c'est
43:29un business,
43:30le prix des médicaments
43:31est considéré
43:32comme un secret
43:33commercial.
43:35Et donc on ne sait
43:35pas qui est responsable
43:37de cette hausse
43:37des prix.
43:39Assureurs,
43:40laboratoires
43:41ou PBM,
43:42ils sont tous
43:43responsables
43:44de cette situation.
43:45Ils s'accordent
43:46à dire que ce système
43:47ne marche pas,
43:48mais ils se rejettent
43:49la faute
43:50les uns sur les autres.
43:55Il y a une autre stratégie
43:57sur laquelle
43:57les laboratoires
43:58pharmaceutiques
43:58se retrouvent.
44:00Conserver à tout prix
44:01leur part de marché
44:02en repoussant
44:03la concurrence
44:04des fabricants
44:05de génériques.
44:05Leur technique ?
44:09Profiter d'une législation
44:10américaine
44:11très protectrice
44:12en matière
44:13de brevets.
44:14L'une des stratégies
44:18des grands laboratoires
44:18pharmaceutiques
44:19pour entraver
44:20le fonctionnement
44:21du marché libre
44:21et empêcher
44:22l'arrivée
44:22à la vente
44:23de médicaments
44:24moins chers,
44:24c'est l'Evergreening.
44:27Il s'agit
44:32de modifier
44:32très légèrement
44:33la composition
44:35de produits
44:35déjà existants
44:36de manière
44:37à prolonger
44:38la durée
44:38de leur brevet.
44:41Ainsi,
44:42les génériques
44:42ne peuvent pas
44:43rentrer
44:43sur le marché.
44:46L'un des médicaments
44:47contre le diabète
44:48qui se vend le plus,
44:49c'est l'Humalog
44:50et aux Etats-Unis,
44:51il est protégé
44:52par 254 brevets.
44:54Cette multiplication
44:55des brevets
44:56empêche
44:56l'arrivée
44:57des génériques
44:57sur le marché.
45:01Le cas de l'insuline
45:02est le plus révoltant.
45:05C'est vraiment scandaleux.
45:06C'est l'insuline.
45:13Le plus long
45:14que j'ai été
45:14en un moment.
45:16Qu'est-ce que c'est
45:17de la route
45:17à Vancouver ?
45:19Afin de se soigner,
45:30certains Américains
45:32sont obligés
45:33de partir
45:33à l'étranger.
45:35Pour la première fois,
45:37Karine et Eric
45:38se rendent au Canada
45:39où l'insuline
45:40est beaucoup moins chère.
45:41On le fait.
45:46Jamais je n'y aurais cru.
45:48C'est quand même
45:48extrême comme solution.
45:51On ne peut pas
45:52vraiment se permettre
45:52de prendre un jour
45:53de congé
45:53pour profiter
45:54de Vancouver.
45:55On fait juste
45:56l'aller-retour,
45:57on achète de l'insuline
45:58et on rentre
45:59à la maison.
45:59J'ai seulement
46:027 jours de vacances
46:03par an.
46:04Donc c'est un peu
46:05frustrant de s'en servir
46:06juste pour aller
46:07dans un autre pays
46:08acheter un médicament
46:09basique
46:10alors que notre pays
46:11est plutôt développé.
46:17C'est vrai
46:17que c'est un peu fatigant,
46:18mais ça n'empêche.
46:20Je suis tellement contente
46:21à l'idée d'acheter
46:21de l'insuline à ce prix-là.
46:27Acheter des médicaments
46:28dans un pays étranger
46:29et les rapporter
46:30aux Etats-Unis
46:31est illégal,
46:32mais tolérée.
46:34Ici,
46:36l'ordonnance américaine
46:37de Karin est acceptée.
46:43Je vois la pharmacie
46:44juste là.
46:48Oui,
46:48fait demi-tour
46:49et tourne juste après.
46:58Bonjour,
47:10vous allez bien ?
47:11Je viens chercher
47:12mon traitement
47:12au nom de
47:13Karin Wofford.
47:15OK,
47:16Lantus
47:17et Humalog.
47:20Et voilà
47:21votre ticket.
47:21Donc au total,
47:24ça fait 700 dollars,
47:25c'est ça ?
47:26Oui.
47:28Moi,
47:28ça me va très bien.
47:32Avec ça,
47:35j'en ai pour un an.
47:38On a beaucoup
47:40de clients comme vous.
47:41Il y a déjà
47:42trois Américains
47:43qui sont venus aujourd'hui.
47:44La différence de prix
47:46est astronomique.
47:49Je passe
47:50de 2700 dollars
47:51à 700 dollars
47:52pour le même
47:53nombre de boîtes.
47:55C'est dingue.
48:00Et quand on passe
48:01la douane,
48:02vous savez
48:02s'ils posent des questions ?
48:04Oui,
48:05ça arrive.
48:06Soyez transparentes
48:07avec eux
48:07et dites-leur
48:08que c'est pour vous.
48:09Ce qu'ils ne veulent pas,
48:10c'est que les gens
48:11les revendent
48:11aux Etats-Unis.
48:12Je ne sais pas
48:15comment vous remercier
48:16vraiment.
48:17Vous n'imaginez pas
48:18ce que ça représente
48:19pour moi.
48:20Merci,
48:20merci beaucoup.
48:22C'était un plaisir
48:23de vous rencontrer.
48:24On reviendra,
48:25c'est sûr.
48:29C'est une super journée,
48:32aussi bonne
48:33qu'un diabétique
48:33peut t'avoir en ce moment.
48:42contrairement à la France,
48:43aux pays européens
48:46ou au Canada,
48:47aux Etats-Unis,
48:48on ne considère pas
48:49la santé
48:50comme un droit de l'homme.
48:52On estime acceptable
48:54qu'un citoyen
48:56d'un des pays
48:57les plus riches du monde
48:58puisse entrer
48:59dans une pharmacie
48:59pour acheter son insuline
49:01et ressortir sans
49:02parce qu'il n'a pas
49:05les moyens de payer.
49:05Aux Etats-Unis,
49:27il existe tout de même
49:28un filet de sécurité,
49:30la loi M.Tala.
49:33Elle oblige les hôpitaux
49:34qui reçoivent
49:34des fonds publics
49:35à stabiliser un patient
49:37qui se présente
49:37dans un état critique.
49:40Mais un tiers
49:41des établissements
49:42n'appliquerait pas
49:43cette loi.
49:51Pour Amy,
49:53sa fille Chaline
49:54serait toujours en vie
49:55si l'hôpital avait respecté
49:56son obligation légale.
50:05C'est tout ce qu'il me reste
50:11de Chaline.
50:13Je me rappelle
50:15pourquoi.
50:16Pourquoi je me bats.
50:18Pourquoi je fais
50:19tant de sacrifices.
50:20Je ne veux jamais
50:21perdre ça de vue.
50:23C'est ce qui alimente
50:26ma rage.
50:26C'est le jour
50:33J, les filles.
50:34Ça y est.
50:35J'ai tellement envie
50:37de ça pour Chaline.
50:39Amy a décidé
50:40d'attaquer l'hôpital
50:41pour non-respect
50:42de la loi M.Tala.
50:45Aujourd'hui,
50:46elle va enfin savoir
50:47si la cour de justice
50:48du Nevada
50:49autorise un procès.
50:50Pour que le système
50:54change,
50:55Wendel
50:55continue le combat politique.
51:00Je savais que ça allait
51:02être un long combat
51:02et je ne sais pas
51:03quand il s'achèvera.
51:04C'est juste
51:05une question de temps.
51:07Un jour,
51:07nous obtiendrons
51:08gain de cause.
51:09La santé pour tous.
51:11Je me battrai
51:11jusqu'au bout.
51:12Jusqu'à ce que
51:13le Congrès vote une loi
51:14et que le président
51:15la signe,
51:16qui nous donne
51:17enfin le système
51:17de santé
51:18dont nous avons besoin.
51:20Bonjour à tous.
51:23Mon nom
51:23est Wendel Potter
51:25et j'ai de bonnes nouvelles.
51:27Nous sommes sur la voie
51:28de l'assurance santé
51:29pour tous.
51:42Salut, c'est Amy.
51:47Je suis devant
51:47le palais de justice
51:48de Las Vegas.
51:50Et je voulais annoncer
51:52à tous mes amis
51:52et mes frères et sœurs
51:53révolutionnaires
51:55qu'on avait gagné
51:59une bataille aujourd'hui.
52:00On a remporté
52:01l'audience préliminaire
52:02contre l'hôpital
52:03pour violation
52:04de la loi M.Tala.
52:05Alors c'est une belle journée.
52:10Pour Amy,
52:12le procès aura lieu
52:13dans quelques mois.
52:13Je ne peux pas faire
52:18revenir Chaline.
52:21Tout ce que je peux faire,
52:23c'est faire en sorte
52:24que ça n'arrive pas
52:25à d'autres.
52:27Je suis impatiente
52:28et je veux que tout le monde
52:29sache qu'il y aura
52:30un procès pour Chaline.
52:33Je les retrouve au tribunal.
52:37Elle serait fière de nous.
52:38Karine réclame
52:55elle aussi
52:56qu'on lui rende des comptes.
52:58Avec son association,
53:00elle est allée chercher
53:01les responsables
53:02au pied de leur bureau.
53:03On veut qu'Eli-Lily nous entende.
53:09On veut qu'il sache
53:10que les gens meurent
53:11chaque année.
53:22Je me battrai
53:23jusqu'à ma mort.
53:25Jusqu'à ce que
53:26les choses changent.
53:28Pour ceux qui sont morts,
53:29pour ceux qui sont diabétiques,
53:31pour nous et pour tous ceux
53:35qui ont besoin
53:35d'un médicament
53:36pour vivre.
53:40Nous gagnerons.
53:41On veut que le monde
53:44des comptes assez
53:44qu'on peut pouriği
53:45etter.
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