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  • il y a 7 semaines
"INGRID CHAUVIN : NOTRE COMBAT POUR ADOPTER" / Déjà parents d'un petit Tom, âgé de 3 ans, la star du petit écran et son mari ont obtenu, il y a quatre ans, l'agrément pour une adoption. Chez elle, sur le tournage du feuilleton «Demain nous appartient», l'espoir de recevoir une bonne nouvelle ne la quitte pas. Mais aura-t-elle cette chance ? Pour mieux comprendre le processus d'adoption, à la fois porteur de joie mais aussi d'inquiétudes et d'obstacles, Ingrid Chauvin est partie à la rencontre de spécialistes et de Français qui nourrissent le même rêve qu'elle.

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Transcription
00:00:00allez super merci moteur à l'écran j'ai la chance d'interpréter chloé dans la
00:00:05série quotidienne demain nous appartient dans cet épisode elle abandonne un bébé
00:00:12moi dans la vie j'ai toujours rêvé de pouvoir en adopter un oui bonjour madame je suis une
00:00:22grille de chauvin pétueux et je vous ai envoyé un mail et un courrier concernant notre projet
00:00:28d'adoption je voulais savoir si vous l'avez bien reçu ça fait déjà quatre ans qu'avec thierry mon
00:00:32mari on se bat pour ce projet du coeur qui est d'accueillir un enfant on ne pensait pas que ce
00:00:37serait aussi difficile ni aussi long c'est pas il n'y a pas de discussion il n'y a pas de discussion
00:00:42en fait c'est on est en attente ils nous disent voilà votre dossier ouvert maintenant attendez
00:00:48et le jour où on vous appelle il faut que vous soyez disponible pour venir chercher en fait au
00:00:52final on sent seul il ne nous reste plus qu'un an passé ce délai l'agrément qui nous permet
00:00:58d'adopter ne sera plus valable et on devra renoncer à ce projet du coeur je vais vous emmener tout au long
00:01:09de cette année d'incertitude et d'espoir qui va me confronter à une réalité à laquelle je ne m'attendais
00:01:15pas je vais contrôler parce que justement je voudrais sûrement absolument pas véhiculer du
00:01:22stress à ses enfants je pense qu'ils ont déjà une vie qui est suffisamment compliquée à la base près
00:01:28de 200 mille enfants vivent en pouponnière en famille d'accueil ou en foyer pourquoi est-il si
00:01:33difficile d'adopter en france alors je suis pas prête d'abandonner encore mais si les choses
00:01:39n'évoluent pas voilà je l'envisage comme les 13000 couples qui ont un agrément et qui attendent je
00:01:46veux comprendre pourquoi mon projet n'aboutit pas quelles sont les chances en france de pouvoir
00:01:51adopter un enfant bonjour à lille bonjour à vie de rencontrer moi aussi bonjour pourquoi alors que
00:01:59tant d'enfants sont délaissés seuls 600 pupilles sont adoptés tous les ans en faisant ce film j'espère
00:02:05obtenir des réponses bonjour découvrir ce qui ne fonctionne pas et peut-être avancé dans mon
00:02:15projet d'accueillir un enfant ça va vous n'êtes pas les seuls c'est pas grave mais c'est pas grave
00:02:20on n'est pas les seuls partout tout le temps donc ça c'est un détail aujourd'hui j'ai envie de
00:02:27partager avec vous notre combat pour adopter quand on s'est rencontré avec thierry il était
00:02:36producteur exécutif sur des tournages de séries pour la télé on s'est marié en 2011 et très vite
00:02:43on a essayé d'avoir un enfant notre petit jade est arrivé mais quelques mois après sa naissance son
00:02:53coeur s'est arrêté de battre l'amour qui nous unit avec thierry nous a permis de surmonter cette
00:03:01épreuve et même si on parlait déjà d'adoption deux ans après le décès de jade tom est arrivé par
00:03:09miracle aujourd'hui il a trois ans et on lui parle de cet enfant qu'on aimerait tellement avoir
00:03:18elle est où on sait pas où aller chérie mais peut-être qu'un jour elle va arriver tu sais
00:03:25c'est pas évident d'imaginer qu'un enfant puisse arriver dans notre vie comme ça du jour au lendemain
00:03:30pourtant avec mon mari on l'espère vraiment dans mon souvenir depuis je suis adolescente je pense que
00:03:36j'ai eu ce désir d'adopter un enfant de vouloir donner de l'amour à un enfant qui est dépourvu de
00:03:42de bas de famille et d'amour on en a parlé nous spontanément quand on s'est rencontré moi moi c'est
00:03:48venu avec toi et en fait quand je t'ai rencontré on était en âge de se dire de se retourner vers les
00:03:55autres en fait à 20 ans 30 ans moi j'aimais bien faire des films tout pour toujours partout je courais
00:04:00partout et là je me suis posé je me suis dit voilà maintenant je j'ai une femme j'ai envie d'avoir
00:04:05beaucoup d'enfants je trouvais que c'était le moment de m'intéresser aux autres et de moi m'intéresser à
00:04:10moi évidemment au début on s'est concentré sur le fait d'avoir un bébé naturel parce que c'était
00:04:15ce qui était plus évident pour nous et je dirais que l'adoption est venu beaucoup plus concrètement
00:04:21après le départ de notre film quand on a perdu jade on est revenu dans le cycle de l'adoption qu'on
00:04:29avait commencé qu'on avait initié c'est vraiment pas à la perte de jade qu'on s'est dit voilà on va
00:04:34se rabattre sur un bébé d'adoption ça n'avait rien à voir ça faisait partie de
00:04:40de notre histoire de notre aventure de ce qu'on avait décidé auparavant au début à notre
00:04:46rencontre c'est pas un simple désir c'est il ya une réelle démarche d'apporter de l'amour une
00:04:52famille un foyer à un enfant qui n'a pas cette chance là et moi je sais que je suis habité par
00:04:58ça quand je pense à ces enfants que j'imagine le soir en m'endormant qu'ils sont abandonnés c'est
00:05:04quelque chose qui me
00:05:04je trouve ça je trouve ça dur quoi
00:05:13nous quand on a perdu jade on a gardé espoir d'être nouveaux parents et on y est arrivé il reste un
00:05:28an un an c'est court et en même temps ça peut être long aussi en tout cas dans cette dernière
00:05:34année on a vraiment envie de pas forcément de pousser toutes les portes mais en tout cas de
00:05:38chercher les personnes qui vont pouvoir nous aider à amener ce projet de l'amour jusqu'au bout on est
00:05:46vraiment prêt et voilà on est dans l'attente de ça on va y arriver
00:05:53tiens un petit homme qui qui s'exprime au loin
00:06:01depuis quatre ans on vit dans la tente impatiente que notre téléphone sonne pour nous annoncer qu'on
00:06:09va nous confier un enfant on se sent impuissant
00:06:12la seule chose qu'on puisse faire pour le moment c'est cette lettre qui réitère tous les ans notre
00:06:20souhait d'accueillir un enfant quand on écrit cette lettre c'est un peu toc toc coucou c'est
00:06:26nous voilà le projet reste intacte et à chaque fois on a le sentiment que peut-être notre dossier
00:06:32va remonter un peu ou en tout cas c'est une petite piqûre de rappel voilà on est là on est
00:06:37toujours aussi motivé on a un coeur grand grand ouvert pour pour accueillir un enfant donc c'est se
00:06:45dire j'espère qu'ils vont penser à nous
00:06:47pour se donner cette chance là on a pris rendez vous avec une femme engagée dans l'association
00:06:58enfance et famille d'adoption elle regroupe plus de 6000 familles concernées par l'adoption
00:07:03marie joseph pic avait à 41 ans d'expérience dans l'accompagnement des familles qui comme
00:07:10nous soit adopté vous avez souhaité me rencontrer pour alors en fait voilà on a la chance d'avoir un
00:07:20un agrément depuis aujourd'hui quatre ans on se sent un petit peu non pas perdu mais sans savoir
00:07:30quoi faire exactement pour l'avancement de nos dossiers notre parcours si vous connaissez pas
00:07:34précisément je passe très très vite parce que c'est pas facile pour nous d'en parler on a mis un
00:07:39parcours du combattant pour avoir un enfant je passe les détails mais un jour on a eu la chance d'avoir
00:07:47une petite fille qui malheureusement est née avec une malformation cardiaque et nous avons perdu
00:07:51petite fille malgré ce deuil extrêmement douloureux notre désir d'adopter était toujours présent alors
00:08:02évidemment je pense que au début on était peut-être un couple un peu fragilisé on ne l'a pas dit mais
00:08:10je pense que si on nous a pas attribué d'enfants en tout cas la première année je pense qu'ils
00:08:16attendaient qu'on fasse qu'on ait un certain recul entre guillemets sur le deuil ou qu'il y ait une
00:08:22acceptation plus évidente voilà donc il ya eu ça on a eu la chance il ya deux ans et demi d'avoir un
00:08:30petit garçon qui est arrivé avec une grossesse spontanée voilà tous ces éléments je pense ont fait
00:08:36que on était un couple particulier avec autant d'espoir que d'angoisse parce qu'avec le passé
00:08:45une première fausse couche 5 fives une naissance un décès c'est un dossier qui est qui est très très
00:08:52lourd et très chargé en émotions mais vous avez un agrément de pour un enfant de quel âge avant
00:08:59trois ans tout cas de trois mois à trois jusqu'à trois ans je crois oui d'accord mais toujours faut
00:09:05pas rester dans son coin c'est malheureusement ce qu'on a fait nous et il nous a été vraiment
00:09:11recommandé voilà attendez ça ne sert à rien de nous appeler tous les quatre matins pour savoir
00:09:15s'il ya une évolution s'il ya une pupille à venir ou autre attendez que le téléphone sonne donc on est
00:09:20resté un petit peu sagement en attente et puis jusqu'au jour voilà on cette année on se dit que c'est
00:09:27malgré tout la dernière année il faut bouger parce que si vous restez dans votre coin à attendre
00:09:34déjà bon ça vient pas tout seul comme on dit ça veut dire quoi bouger ça veut dire quoi en fait
00:09:38bouger mais c'est vous vous renseigner contacter des personnes rencontrer tout rencontrer des
00:09:43personnes aller à des conférences sur le sujet de l'adoption mais ça c'est ça ça rentre pas dans
00:09:49le dossier ce que je veux dire c'est que même si on est amené à aller voir des conférences le dossier
00:09:53reste tout autant vide au moment de la réactualisation vous le dites bon tiens j'ai
00:09:58assisté à tel j'ai vu tel reportage aussi il faut vous documenter un maximum que j'arrive
00:10:05pas à comprendre c'est que moi je veux bien faire les démarches d'aller faire des conférences
00:10:08ou aller voir justement de rencontrer des familles adoptantes ou voilà mais on ne nous a jamais dit
00:10:16aller rencontrer parce que ça donnera du poids à votre dossier fait des démarches c'est pas que ça
00:10:22donne du poids ça vous enrichit après bon c'est un plus ce sont les conseils que je vous donne
00:10:27un de de dire que vous avez été un voir tel tel film par exemple sur l'adoption tout ça et ça c'est un
00:10:35plus et est ce que vous avez fait des demandes dans d'autres départements alors ça c'était la
00:10:40question je voulais vous poser aujourd'hui bon je dis pas que c'est avec espoir ou sans espoir mais on
00:10:47on dit toujours qu'il ne risque rien à rien qui ne tente rien à rien bien sûr mais alors ça veut
00:10:51dire quoi ça veut dire qu'on envoie le fameux sésame la copie oui la copie de votre qui du coup
00:10:57est encore moins complète une lettre de motivation moi je compare ça toujours pratiquement à une demande
00:11:04d'emploi vous devez un peu tout dévoiler quoi il faut il faut vous donner toutes les chances et alors
00:11:11par rapport à ça est ce que justement le fait de demander enfin d'envoyer notre dossier dans un
00:11:15autre département est ce que ça va pas heurter le département d'accord pas du tout ok maintenant
00:11:21il faut savoir pas du tout vous êtes sûr ah oui d'accord ok d'accord tout à ce qu'ils vont même pas
00:11:25le savoir non non vous avez tout à fait le droit et ça va pas être mal pris du tout d'accord
00:11:29choisissez des départements où il ya beaucoup de population lesquels justement lesquels principalement
00:11:34la région parisienne le nord le pas de calais après il ya les bouches de rône aussi les grandes
00:11:40villes en fait les grandes villes les grandes villes quoi voilà d'accord et il n'y a pas de
00:11:44limite de département non mais il faut savoir votre agrément national ouais d'accord malgré tout
00:11:49aujourd'hui on peut d'après vous encore parler d'espoir mais il faut savoir vous n'êtes pas les
00:11:54seuls c'est pas grave mais c'est pas grave on n'est pas les seuls partout tout le temps donc ça c'est un
00:11:59détail on repart avec thierry et on se dit bon super en fait il faut rencontrer des gens bouger
00:12:06envoyer notre dossier à tous les départements bref tout le contraire de ce que nous avait dit de faire
00:12:11on commence par quoi lequel et si on commençait par le suite est le plus proche de nous allez
00:12:16faisons ça voilà comment ce pour celui-là on envoie notre agrément une lettre parlant de notre
00:12:22désir de notre famille expliquant qui on est et on l'envoie on voit un peu partout en fait plus
00:12:32j'avance et plus j'ai l'impression d'y croire puisque c'est vrai que on est parti tellement
00:12:36loin avec un seul département aujourd'hui on se retrouve avec je ne sais pas combien de
00:12:41départements enfin je trouve que c'est absolument génial quoi après ça me semble hallucinant mais
00:12:45comment pourquoi en fait mais pourquoi parce que ces gens-là ces gens-là vont recevoir notre dossier
00:12:52mais ils nous auront jamais vu physiquement mais sûrement on va ils vont pas te c'est pas parce
00:12:57qu'ils vont lire ton courrier qu'ils vont te dire bonjour venez chercher votre enfant dans une
00:13:02semaine je pense qu'ils vont nous convoquer en justement peut-être qu'on va correspondre à un
00:13:07certain profil d'un enfant qui nous attend et à partir de là ils vont ils vont discuter avec nous
00:13:12comme on a fait avec avec notre département au départ tu vois ce que je veux dire et de se
00:13:17faire leur propre avis d'accord tu vois moi je t'adore parce qu'en fait à chaque fois que j'ai
00:13:21des doutes ou que je me dis que c'est impossible tu te dis mais non mais quand tu pars sur un projet
00:13:28comme ça si t'as pas un peu d'espoir moi aussi j'ai plein de doutes j'ai plein d'angoisse j'ai plein
00:13:32de choses tu vois ce que je veux dire parce que c'est important aujourd'hui c'est d'espérer qu'on nous
00:13:37rappelle pour nous rencontrer ce serait pas mal ce sera une première étape mais attends t'imagines le nombre de
00:13:42chances qu'on se donne aujourd'hui je trouve ça génial je trouve ça hallucinant d'ailleurs qu'on
00:13:45n'ait pas eu cette information plus tôt c'est pas grave on va y arriver encore une fois c'est vrai
00:13:52regarde tu sais quoi toi tu signes là d'accord on va signer chacun et on va préparer à chaque fois
00:13:58un agrément une lettre et voilà super tiens regarde je te donne si tout heureusement je n'arrête pas de
00:14:07travailler ça me permet de ne pas être que dans la tente j'ai la chance d'aimer passionnément mon
00:14:12métier et de tourner presque tous les jours alors évidemment je garde toujours un oeil sur mes appels
00:14:19en absence au cas où une bonne nouvelle arriverait ce qui est difficile pour moi c'est que dans cette
00:14:28série quotidienne j'interprète le rôle de chloé une femme qui accueille chez elle margot cette jeune fille
00:14:34de 17 ans vient d'avoir un bébé et décide de l'abandonner j'ai pris ma décision pardon de
00:14:39m'étenir chloé l'histoire résonne forcément très fortement en moi qui dans la vie adorerait
00:14:45pouvoir l'adopter
00:14:45je t'aime fort petit bout de chou je penserai toujours très très fort à toi
00:15:00derrière la caméra je me confie peu sur ce projet d'adoption alexandre fait partie de ceux
00:15:16qui savent il joue mon mari dans la série et c'est que ce que vivent nos personnages en ce moment est
00:15:22particulièrement sensible pour moi
00:15:24ah c'est elle nous fait l'annonce
00:15:27ouais
00:15:28elle nous fait l'annonce qu'elle a pris la décision de
00:15:32vous voulez le déposer à l'assistance publique
00:15:34non
00:15:35aide sociale à l'enfance
00:15:37elle elle veut abandonner cet enfant alors que ton personnage à toi dans la série ne demande qu'une chose c'est le garder
00:15:45et donc finalement le geste enfin le désir de maternité il est toujours là
00:15:52il est toujours là
00:15:52ça donne un sens
00:15:53ça donne un vrai sens à la vie
00:15:55moi aujourd'hui j'ai la chance d'être maman et pour autant
00:15:58j'ai pas envie d'avoir un autre enfant
00:16:01j'ai envie d'adopter
00:16:03t'as l'impression de
00:16:05de servir vraiment à quelque chose
00:16:07un peu plus utile
00:16:08ouais
00:16:09c'est pour ça que la frustration elle est énorme quand
00:16:12quand je vois les mois passés et que je me dis
00:16:15ça sent pas bon quoi
00:16:17il reste quelques mois et après l'agrément sera fini tu vois et je pense que ce sera pas possible
00:16:22si c'est si se passe rien on va dire dans les mois qui viennent c'est quelque chose qui sera
00:16:26difficilement surmontable vous allez le
00:16:30comment vous avez déjà évoqué la question avec Thierry
00:16:33on en a parlé évidemment moi j'y pense
00:16:36je me dis que voilà tout est possible hein dans un sens comme dans un autre
00:16:40j'aurais cette frustration
00:16:42parce que sincèrement
00:16:43voilà c'est la frustration de
00:16:46de pas pouvoir accompagner
00:16:49donner de l'amour
00:16:50à un enfant
00:16:53quand tu sais qu'il y en a tellement
00:16:54après voilà je m'estime
00:16:57extrêmement chanceuse donc
00:16:59je traverserais
00:17:01cette
00:17:02malchance
00:17:04j'ai traversé tellement pire
00:17:06tu peux aller t'encher
00:17:08mais pour le moment j'espère encore que tout est possible
00:17:20la seule chose
00:17:22c'est que je ne sais pas du tout quelles sont réellement nos chances de pouvoir adopter
00:17:26notre dossier est-il mieux ou moins bien qu'un autre
00:17:29nous on a déjà un enfant
00:17:31et avec Thierry on a tous les deux plus de 40 ans
00:17:34je me dis qu'on n'est peut-être pas prioritaire
00:17:35pour répondre à toutes ces questions
00:17:38j'ai aujourd'hui rendez-vous avec une spécialiste de l'adoption
00:17:41bonjour Nathalie
00:17:42bonjour
00:17:43ravi de vous rencontrer
00:17:44moi aussi merci de m'accueillir
00:17:45depuis huit ans
00:17:46Nathalie Parent préside la fédération enfance et famille d'adoption
00:17:49qui regroupe 6000 familles dans toute la France
00:17:52elle est incontournable sur le sujet
00:17:54j'espère qu'elle va pouvoir m'aider
00:17:56et j'espère qu'elle va pouvoir m'aider
00:17:58est-ce que les choses ont changé d'une manière positive plus négative
00:18:02voilà quelle sont les
00:18:03l'évolution que vous avez pu constater
00:18:05quand on avait nos
00:18:06les candidats à l'adoption qui arrivaient
00:18:09dans nos associations en 2005
00:18:11on leur disait vous attendez un tout petit peu
00:18:12votre projet va se réaliser
00:18:14aujourd'hui c'est vrai qu'on ne peut plus tenir ce discours là
00:18:16et pourquoi on peut plus tenir ce discours aujourd'hui
00:18:18parce que il y a énormément d'enfants qui étaient proposés à l'adoption internationale
00:18:22qui n'y sont plus
00:18:23parce que les pays d'origine ont ratifié la convention de la haie
00:18:27qui est un texte international de régulation de l'adoption internationale
00:18:30pour éviter les trafics
00:18:31et pour que seuls les enfants adoptables le soient
00:18:35effectivement très spontanément
00:18:37on nous a dit on ne vous proposera pas d'adoption à l'étranger
00:18:41donc nous on s'est retrouvés avec un agrément pour une petite pupille de l'état
00:18:46malgré tout j'ai pas l'impression que ce soit plus simple non plus
00:18:52Est-ce que vous savez par exemple aujourd'hui
00:18:55combien il y a de couples qui ont l'agrément
00:18:59et qui vont avoir la chance de pouvoir adopter ?
00:19:01Alors des couples qui ont l'agrément
00:19:04il y en avait 14 000 en 2016
00:19:07on pense qu'il y en a entre 12 500 et 2017
00:19:10peut-être encore un petit peu moins
00:19:12C'est pas beaucoup ?
00:19:13Oui mais alors si vous le rapportez au nombre d'adoptions
00:19:16en international l'année dernière il y en a eu 614
00:19:20adoptions internationales
00:19:22et en adoption nationale il y en a entre 800 et 1000 à peu près
00:19:27Quand je vous entends je me dis non seulement j'arrive
00:19:31il me reste quelques mois avant la fin de l'agrément
00:19:34et ça laisse quasiment pas d'espoir pour avoir un bébé
00:19:40Il faut pas raisonner en statistiques
00:19:42il faut raisonner quel est mon projet
00:19:45mon projet parental
00:19:47Notre projet à nous il est très restreint dans le sens où
00:19:50on a malheureusement un passif avec la perte de notre fille
00:19:55on est pas prêt à accueillir un enfant qui aurait besoin de soins spécifiques
00:20:01qui serait malade
00:20:02malheureusement ce serait pas possible pour nous
00:20:05Oui mais vous avez peut-être réfléchi à adopter un enfant
00:20:09qui est né d'une relation non consentie
00:20:11vous avez peut-être réfléchi à adopter un enfant qui ne vous ressemble pas
00:20:14vous avez peut-être réfléchi à adopter un enfant qui n'a pas 3 mois mais qui a 2 ans
00:20:21il reste plus petit que le vôtre
00:20:23tout ça oui
00:20:24voilà
00:20:25donc tout ça ça peut pas
00:20:26c'est pas uniquement un projet étroit
00:20:29ça peut jamais aboutir comme ça peut arriver du jour au lendemain
00:20:32comme ça peut arriver du jour au lendemain
00:20:33on peut pas savoir en fait
00:20:34non
00:20:35à l'issue de cet entretien je me suis rendu compte que
00:20:41en gros il y avait seulement 10% des couples qui allaient pouvoir aller au bout de ce projet
00:20:48ça c'est assez difficile de l'entendre
00:20:51donc ça fait partie exactement de toutes les émotions qu'on peut ressentir
00:20:54quand on se lance dans ce genre de projet
00:20:56un jour on se lève on apprend quelque chose et on est plein d'espoir
00:20:59et puis une heure après ou le lendemain ou une semaine après tout retombe
00:21:02et on se dit mais en fait on n'y arrivera jamais quoi
00:21:04donc c'est encore une fois c'est vraiment les montagnes russes
00:21:09mais je garde en tête que tous les ans 800 pupilles de l'état sont adoptés en france
00:21:14et je décide de partir dans le nord
00:21:16un département qui prend environ 60 décisions de placement par an en vue d'adoption
00:21:21je rencontre rafael
00:21:23et elle est où alors tu vas me la présenter
00:21:25il a aujourd'hui 5 ans
00:21:27comme 2000 enfants en france il est passé par le statut de pupille de l'état
00:21:31et a vécu quatre mois en pouponnière
00:21:35avant d'être adopté par virginie sa maman et david son papa
00:21:40est ce que lui il connaît son histoire d'où il vient comment ça s'est passé
00:21:44non il n'a pas tous les détails non non parce qu'en fait on répond à des questionnements
00:21:49d'accord donc il est encore un petit peu petit
00:21:51oui c'est l'intérêt et voilà il s'y intéresse pas forcément encore
00:21:54il n'a pas du tout envie d'entendre par exemple qu'il est
00:21:57il a grandi dans un autre vente que la mienne d'accord
00:22:00il n'a pas du tout envie d'entendre
00:22:01mais je pense que ça ça évolue aussi peut-être avec le temps qui passe avec les années
00:22:06ouais je pense
00:22:08et vous est ce qu'on vous a un peu raconté son histoire avant est ce que ou pas du tout
00:22:13qui était sa maman pourquoi
00:22:16on nous a donné quelques informations
00:22:19mais après voilà on a pris des notes parce que moi je croyais
00:22:23en étant apparenté à un enfant n'est dans le département qu'on avait un petit dossier
00:22:27mais non pas du tout on nous raconte oralement
00:22:30donc moi j'ai pris des notes david aussi
00:22:33mais après il n'y a pas il n'y a pas de trace
00:22:36et après s'il a besoin d'avoir des réponses à ces questions
00:22:39parce qu'on ne nous a peut-être pas tout dit
00:22:42oui bien sûr
00:22:43bon il sait qu'il aura accès à son dossier
00:22:46il pourra avoir accès à son dossier à quoi ?
00:22:48la majorité c'est ça ?
00:22:49voilà ou avant avec le parent
00:22:51il faut faire une demande
00:22:53et donc il sait qu'il y aura peut-être des choses ou pas
00:22:56oui on sait pas ce qu'il y a en fait à l'intérieur
00:22:58elle est grande cette boîte à racines dis donc
00:23:01ça c'est tes premiers chaussons ?
00:23:06Raphaël a gardé quelques souvenirs de son passage en pouponnière
00:23:09quand il était tout bébé
00:23:11dans sa chambre il me montre ce précieux coffret
00:23:15sa boîte à racines
00:23:17qui renferme quelques objets rassemblés par les professionnels
00:23:20qui ont pris soin de lui avant son adoption
00:23:23il m'emmène aussi dans la chambre d'à côté
00:23:31celle de sa petite soeur
00:23:33qu'il va bientôt aller chercher en Côte d'Ivoire
00:23:35et là ça fait des petites lumières ?
00:23:38oui
00:23:39pour la rassurer le soir
00:23:41elle s'appelle Eve Gaël
00:23:43et elle a 15 mois
00:23:45la famille a appris la nouvelle de son arrivée par surprise
00:23:48alors qu'elle ne s'y attendait plus
00:23:51oh la la
00:23:54mes yeux qu'elle a
00:23:55oui parce que là en fait c'est arrivé
00:24:00vous avez reçu un mail c'est ça ?
00:24:02oui c'est arrivé par mail
00:24:04en nous disant ben voilà le conseil de famille du mois de septembre
00:24:07vous a apparenté à une petite fille Eve Gaël
00:24:10et je fais David tu vois ce que je vois ?
00:24:14non mais tu vois ce que je vois ?
00:24:15puis Raphaël était là
00:24:16il s'est immobilisé quoi
00:24:17puis il faisait ça
00:24:18avec un sourire
00:24:20et du coup David il lui fait
00:24:22ben en fait tu vas avoir une petite soeur
00:24:24oh exactement ce que je voulais
00:24:28ça c'est génial
00:24:29on réalise pas quoi
00:24:30on réalise pas
00:24:31j'imagine bien
00:24:32oh la la
00:24:33on a envie de la croquer
00:24:34et ouais de se dire que
00:24:36parce que c'était tellement
00:24:37on se donnait encore quelques mois quoi
00:24:38voilà on était vraiment en fin d'agrément
00:24:41et vous étiez en fin d'agrément à ce moment là ?
00:24:44en fait le 13 on arrivait
00:24:46on rentrait dans notre cinquième année
00:24:47d'accord
00:24:48et on a appris le 6
00:24:49d'accord ok d'accord
00:24:50donc oui mais un petit peu comme Raphaël
00:24:52Raphaël on a appris
00:24:53ça faisait pas tout à fait 4 ans
00:24:55et là 4 ans
00:24:56donc c'est 10 ans d'adoption
00:24:59c'est ça
00:25:01je crois qu'en règle générale
00:25:02c'est un petit peu le temps qu'il faut
00:25:04quand ça marche
00:25:05vous après avoir accueilli Raphaël
00:25:07vous avez tout de suite eu envie de recommencer ?
00:25:12de relancer une demande d'agrément ?
00:25:15complètement parce que
00:25:16alors on a laissé vraiment passer quelques semaines
00:25:18parce qu'on était vraiment en symbiose avec lui
00:25:20on profitait de chaque moment
00:25:22mais honnêtement je crois qu'on a relancé au bout d'un mois
00:25:25parce que oui on savait le temps que c'était
00:25:28et que voilà on prenait aussi de l'âge
00:25:31et que fallait que ça se fasse
00:25:33c'était le moment quoi de relancer
00:25:36et attendre 2 ans ou 3 ans je voyais pas du tout l'intérêt
00:25:39bien sûr
00:25:40quand on est prêt à être parent
00:25:42on est prêt à être parent quoi
00:25:45et justement aujourd'hui vous avez respectivement 46 et 47 ans je crois
00:25:49est-ce que l'âge n'a pas été un frein ?
00:25:55alors si il y a des critères de toute façon dont l'âge en est un
00:26:00et c'est vrai que là nous dans le département du nord
00:26:04on dit qu'il faut avoir moins de 42 ans pour pouvoir être apparenté à un bébé pipi de l'état
00:26:12c'est vrai que c'est hallucinant parce que suivant l'endroit où on est
00:26:15et suivant les personnes qu'on rencontre le discours est totalement différent quoi
00:26:19j'ai vraiment l'impression qu'il n'y a pas de règle
00:26:21nous voilà on nous a accueilli lors de notre agrément avec Raphaël
00:26:25en nous disant à pipi de l'état vu votre âge et votre critère c'est pas la peine
00:26:29j'avais 38 au début on nous a dit ça clairement
00:26:32c'est fou 38 ans c'est hallucinant
00:26:34voilà on nous a dit ça à l'époque
00:26:35donc on est vite allé s'orienter vers l'international
00:26:40et au résultat on nous a apparenté à Raphaël
00:26:43c'est génial
00:26:49en sortant de chez Virginie je ne sais plus trop quoi penser
00:26:52on ne nous a jamais dit qu'on était trop vieux pour adopter
00:26:55même si avec Thierry on s'est quand même posé cette question
00:26:58en revanche ce que je ne comprends pas
00:27:01c'est pourquoi on nous a dirigé uniquement sur une adoption nationale d'un pupille de l'état
00:27:09on nous a bel et bien dit qu'aujourd'hui il était extrêmement difficile d'adopter à l'étranger
00:27:14et c'est pourquoi on nous a fait faire des démarches pour une petite pupille
00:27:19pourquoi on ne nous a pas proposé une adoption internationale
00:27:26parce que malgré tout ça t'ouvre des chances supplémentaires
00:27:29on était ouvert à ça
00:27:30là aussi je suis en colère quelque part
00:27:32là aussi je me dis on a été extrêmement mal aiguillés
00:27:34mais malgré tout je n'ai pas l'intention de baisser les bras
00:27:40alors je continue mes démarches pour comprendre pourquoi mon dossier n'avance pas
00:27:44qu'est ce qui dans le système ne fonctionne pas
00:27:47300 000 mineurs sont pris en charge par l'aide sociale à l'enfance
00:27:52mais seulement un peu moins de 3000 ont le statut de pupille
00:27:55c'est à dire qu'ils sont sous la responsabilité de l'état et adoptable
00:27:59en attendant ils vivent selon leur âge dans des familles d'accueil
00:28:04des foyers ou des pouponnières comme ici près de bordeaux
00:28:09cet endroit très confidentiel n'ouvre pas facilement ses portes
00:28:13bonjour et bonjour vous êtes laetitia oui bonjour enchanté
00:28:22bonjour merci infiniment de m'accueillir
00:28:25on est ravie que vous soyez là
00:28:27Laetitia est la psychologue de ce lieu qui héberge jour et nuit
00:28:3040 enfants entre 0 et 4 ans
00:28:33Certains sont nés sous le secret c'est à dire abandonnés à la naissance
00:28:38les autres sont ici parce qu'ils ont vécu des situations extrêmes
00:28:41et qu'ils ne peuvent plus vivre dans leur famille
00:28:44La pouponnière les prend en charge quelques mois
00:28:46en attendant de leur trouver une famille d'accueil ou des parents
00:28:51Allons-y je vous suis
00:28:53C'est parti
00:28:54J'étais très excitée parce que quand on est dans cette démarche d'adoption
00:28:59On a envie de savoir comment ça se passe pour ces enfants, pour ces bébés
00:29:04comment ils vivent, comment ils sont traités en fait
00:29:10Bonjour, bonjour enchanté
00:29:12Et puis en même temps j'ai eu peur de mon émotion parce que c'est être au cœur du délaissement
00:29:21Voilà donc on accueille les petits
00:29:25Oui
00:29:26Mais non
00:29:27C'est normal hein
00:29:28C'est...
00:29:29Ouais
00:29:30On en travaille aussi avec ça, avec l'émotion ?
00:29:32Bien sûr c'est important
00:29:33Je vais me contrôler parce que justement je voudrais absolument pas véhiculer du stress à ces enfants
00:29:41Je pense qu'ils ont déjà une vie qui est suffisamment compliquée à la base mais voilà je m'adapte, je découvre et je suis ravie en tout cas d'être le témoin de votre travail et de voir déjà ces moments de câlins, de moments paisibles ça fait du bien déjà voilà
00:30:02Voilà
00:30:05Je vais passer la journée avec Corine et Aurélie
00:30:08Elles sont auxiliaires de puériculture et s'occupent au quotidien de ces petits et ceux dès leurs premiers jours
00:30:14On est les premières à les accueillir, on va à la maternité les chercher et les ramener et après on est au plus près d'eux et qu'on garantit leur bien-être, observer entre nous ce qui va, ce qui va pas, se le transmettre
00:30:30Pour que l'enfant qui passe un temps ici soit le plus plein de bonnes choses possible quoi, vraiment
00:30:36Le plus fort possible pour...
00:30:38Pour leur donner plein de force, de désir, d'envie, je pense que c'est les auxiliaires qui sont au top de ça, oui
00:30:45Et quand on les accueille moi, je dis qu'on prend le fil que nous tend cette maman de naissance qui n'a pas pu être maman à ce moment-là
00:30:52Elle nous tend un fil, nous on le prend et ensemble on va tricoter un petit pull d'amour, je dis, pour cet enfant-là
00:30:58Pour qu'il soit bien au chaud, bien solide, pour qu'il aille bien dans la vie, voilà
00:31:04Ces femmes me touchent, leurs mots sont tendres, mais la situation est loin d'être idyllique
00:31:10Je vous suis, je peux insister ? Bien sûr
00:31:12Allez, il y a Ingrid qui va venir avec nous
00:31:15Dans cette pouponnière, seule une quinzaine d'enfants sont adoptés tous les ans
00:31:20Les autres ont des parents défaillants, plus ou moins présents
00:31:24Qui, pour la plupart, ne seront jamais en capacité de prendre soin de leurs enfants
00:31:28Oui, on a fait comme ça, c'était l'été
00:31:34Quand le lien avec les parents est quasi inexistant, est-ce qu'on arrive à la possibilité de délaissement de ces enfants ? Est-ce qu'on arrive à ça ?
00:31:47Oui, il y a des enfants qui sont véritablement en situation de délaissement
00:31:51Qui ont des parents qui ne parviennent pas à se mobiliser pour tout un tas de raisons différentes
00:31:59Et que nous n'arrivons pas non plus à nous-mêmes à mobiliser
00:32:03Est-ce qu'on arrive à les rendre adoptables, ces enfants ?
00:32:05Les enfants, alors il y a des règles, c'est particulier, c'est compliqué
00:32:09C'est-à-dire qu'il faut attendre combien de temps ?
00:32:11On juge qu'un enfant est en situation de délaissement au bout de combien de temps ?
00:32:17Alors pour les tout-petits, jusqu'à deux ans
00:32:21La situation de délaissement peut être reconnue après une année sans nouvelles, sans contact
00:32:29Sans appels téléphoniques, sans courrier, enfin voilà
00:32:33Là, le juge peut être saisi
00:32:35D'accord, et par exemple vous, est-ce qu'il vous est arrivé d'influencer d'une façon ou d'une autre
00:32:43Pour qu'un enfant devienne adoptable parce que vous constatez que ce serait mieux pour lui ?
00:32:49Oui, dans des cas très extrêmes où les parents ne se manifestent pas du tout depuis très longtemps
00:32:53Et oui, on sollicite parfois ce délaissement pour pouvoir faire avancer le projet de l'enfant vers un accueil familial, oui
00:33:04La loi française privilégie les liens du sang
00:33:09Et malgré une loi de 2016 censée faciliter les procédures de délaissement parental, cela n'arrive pas souvent
00:33:16La plupart de ces petits ne retourneront jamais vivre avec leurs parents
00:33:21Ils seront placés en famille d'accueil ou en foyer, jusqu'à leur majorité
00:33:26Moi qui souhaite tellement adopter pour donner une famille à un enfant
00:33:30Je trouve ça terrifiant
00:33:32Tu sais, à la pouponnière, on ne reste pas
00:33:38Juste le temps que le projet de vie se construise
00:33:42Bon, ça travaille, ça fait mal de voir ça
00:33:48Ils peuvent être très bien soignés, protégés, ça n'a rien à voir avec une famille, c'est pas ça la vie quoi
00:33:54Je parle vraiment en tant que femme, en tant que citoyenne, en tant que maman
00:33:59Mais si on est un minimum humain, on a envie de changer les choses, c'est pas possible
00:34:06Attention le soleil !
00:34:11Profite du beau temps, les enfants
00:34:14Un bébé qui dort trop, ça veut dire un bébé qui a besoin de notre...
00:34:17Corinne travaille à la pouponnière depuis 25 ans
00:34:19Elle s'est occupée de tellement d'enfants
00:34:22Les a préparés à retourner vivre pour certains avec leurs parents
00:34:26D'autres à partir en famille d'accueil
00:34:28Ou à rencontrer leurs parents d'adoption
00:34:31Moi j'aime bien le porte-bébé
00:34:33Oui, je vois ça
00:34:34C'est plus pratique que comme ça à vertica
00:34:38Je me dis que ça doit être difficile pour ces femmes de garder la bonne distance
00:34:42Être présente, avec ce devoir de ne pas trop s'attacher
00:34:47Depuis que je vous ai rencontré ce matin, je vous sens extrêmement émue
00:34:51Quand on évoque votre quotidien et votre travail
00:34:56Moi c'est important de transmettre de l'émotion
00:34:59Je crois que la vie elle est faite d'émotions
00:35:01D'amour
00:35:02Oui, d'amour
00:35:04De tendresse et des valeurs qui me sont vraiment très fortes pour moi
00:35:09Et je pense que les transmettre à ces enfants
00:35:12En les touchant, les caressant, en leur parlant, en les regardant dans les yeux
00:35:17Je leur transmet les meilleures choses de la vie
00:35:23Là je suis émue parce que j'arrive à travailler, à m'attacher
00:35:26Mais pas trop, pour qu'ils aient assez de force
00:35:28Pour partir, par exemple, vers les parents d'adoption, la famille d'accueil
00:35:32Et quand je les revois plus grands, enfin, je vois ces jeunes femmes épanouies
00:35:36J'ai revu un garçon qui est revenu me voir, il avait 19 ans maintenant
00:35:40Et bien il était venu me remercier d'avoir pris soin de lui et moi c'est ce qui est important
00:35:49C'est le plus beau cadeau en retour
00:35:50Il était bien dans sa famille, il avait bien grandi, il avait une compagne
00:35:54Et je me suis dit, top, on a fait du bon boulot
00:36:02Votre plus belle récompense, c'est quand vous constatez qu'un enfant va mieux
00:36:06Bah oui
00:36:07Voire va bien
00:36:09Et pour ceux qui sont adoptables, j'imagine que c'est cette rencontre avec leurs futurs parents
00:36:16Ça doit être très émouvant
00:36:17De les voir partir en famille, c'est la finalité
00:36:21Quand on accueille ces enfants-là, c'est vraiment qu'ils repartent avec
00:36:24Les enfants accomplis
00:36:26Bah oui, leurs parents
00:36:28C'est la finalité, oui
00:36:30En tout cas moi je tiens vraiment à vous remercier de nous avoir accueillis
00:36:32Parce qu'on imagine la maternité et puis après c'est une espèce de trou noir
00:36:36On sait pas du tout où sont ces enfants, comment ça se passe, comment on les accueille, comment on prend soin d'eux
00:36:42Alors je sais pas si c'est partout pareil
00:36:45En tout cas je l'espère parce que ce que j'ai constaté ce matin, ça m'a...
00:36:48Rassurée
00:36:52Voilà, ça m'a... Pardon
00:36:55Ça fait du bien
00:36:58Voilà, vous faites un...
00:37:00Vous faites un très joli travail
00:37:03Et j'ai vu dans ces échanges avec ces enfants, le bien-être que vous pouvez leur apporter
00:37:10Donc merci et bravo à toutes et à tous pour ce que vous faites ici, voilà
00:37:17Je suis sortie de la pouponnière extrêmement émue par tout ce que j'ai vu
00:37:24Je ne pourrai jamais oublier l'image de ces enfants abîmés, en attente, qui pour beaucoup ont très peu de contact avec leur famille
00:37:30Alors qu'en France, 13 000 couples rêvent d'adopter, pourquoi ne donne-t-on pas une chance à ces enfants d'avoir d'autres parents ?
00:37:39On sait que dans la plupart des cas, les leurs ne reviendront pas
00:37:43Pour moi qui ai déjà la chance d'être maman, ces questions tournent en boucle dans ma tête
00:37:47Mets-la-la, regarde, tu peux la mettre là, chérie, ici, là
00:37:55C'est bon !
00:37:57Elle est drôlement jolie, celle-là
00:37:59Tu vas la mettre où ?
00:38:00Ici
00:38:01Faut faire attention parce que ça, ça casse
00:38:03Tu l'accroches ici ?
00:38:04Tout doucement
00:38:06C'est déjà le quatrième Noël qu'on vit dans l'attente et l'espoir qu'on nous confie un enfant
00:38:11Parfois, je me demande si ce bébé est déjà né quelque part
00:38:15Souvent, j'imagine une petite fille
00:38:18Elle est toute brune, avec des boucles
00:38:20Mais peut-être que tout ça n'est qu'un rêve
00:38:22Le plus difficile, c'est de se préparer à l'arrivée de cet enfant
00:38:26Tout en sachant qu'il n'arrivera peut-être pas
00:38:28On va faire le sapin ?
00:38:30Oui !
00:38:32Comment en parler à Tom ?
00:38:35Que peut-il comprendre et espérer de ce projet si fragile et incertain ?
00:38:38On va faire la famille de Tom, d'accord ?
00:38:41Tu veux qu'on fasse la famille de Tom ?
00:38:43Regarde, elle te plaît ?
00:38:45Tu la trouves jolie ?
00:38:47Oui !
00:38:49Et t'aimerais bien, toi, qu'il y ait une petite sœur qui vienne à la maison ?
00:38:52Ça te plairait, chérie ?
00:38:55Pour jouer un petit peu à la maison ?
00:38:57Ça peut être sympa ?
00:38:59Tom, il serait gentil avec elle ?
00:39:01Tu jouerais un peu avec elle ?
00:39:03À donner la main ?
00:39:05Tu vas lui donner la main ?
00:39:06Pour aller danser ?
00:39:08Oui !
00:39:10La sœur...
00:39:11Elle est où ?
00:39:13On ne sait pas où elle est, chérie, mais peut-être qu'un jour, elle va arriver, tu sais ?
00:39:17Ça te ferait plaisir ?
00:39:19Oui ?
00:39:21Merci, chérie !
00:39:22On lui parle également de sa sœur Jeanne, comme ça, il sait qu'il a eu une grande sœur. C'est important. Et des fois, on lui parle aussi du bébé qu'on aimerait bien avoir aussi.
00:39:37C'est pas évident d'en parler parce que c'est vrai qu'on parle d'un projet qui tient très à cœur et en même temps, lui parler de quelque chose d'aussi important qui peut-être n'arrivera jamais dans la tête d'un enfant.
00:39:52C'est difficile de vraiment communiquer là-dessus, dans le sens où si ça n'arrive pas, j'ai peur qu'il se dise, mais je ne comprends pas. Pendant des semaines, des mois, vous m'avez parlé d'une éventuelle arrivée d'une petite sœur et puis, en fait, il n'y a rien.
00:40:07Malgré tout, on a envie de le faire et moi, j'ai besoin de le faire parce que si jamais cet enfant était amené à arriver dans les semaines qui suivent ou dans l'année, on l'espère, j'ai pas non plus envie qu'il soit surpris.
00:40:25Donc voilà, la difficulté, c'est d'essayer de doser. Et ça, c'est pas évident. C'est vraiment pas évident.
00:40:33Je me souviens une fois, je lui en ai parlé et puis, il était en train de manger. J'avais pas le sentiment forcément qu'il m'écoutait.
00:40:42Et puis, trois jours après, on était tous les deux et d'un seul coup, de but en blanc, il me dit, t'inquiète pas, maman, on va trouver une petite sœur.
00:40:51Tu te souviens de ça ?
00:40:52Oui.
00:40:52Eh oui, t'avais dit ça à maman ? T'inquiète pas, on va trouver une petite sœur ?
00:40:56Oui.
00:40:57Donc voilà, je pense que même si on en parle peu, c'est très présent dans son esprit.
00:41:02Et si toutefois, un jour arrivait cet enfant, il a été malgré tout un peu préparé.
00:41:11Maintenant, on va les mettre dans le four, d'accord ?
00:41:13Ok.
00:41:14Et on verra tout à l'heure ce que ça donne.
00:41:16On va se laver les mains.
00:41:18Avec Thierry, on a cette chance de former une famille.
00:41:21On a Tom, notre bébé miracle, et aussi Mélinda.
00:41:26Quand on l'a rencontrée, elle était infirmière à l'hôpital et prenait soin de Jade, notre fille.
00:41:32Ça fait plus de deux ans qu'elle vit avec nous chaque instant.
00:41:38C'est la nounou de Tom, mais c'est plus que ça.
00:41:40En fait, elle fait aujourd'hui vraiment partie de notre famille.
00:41:43C'est notre grande fille, c'est un peu la grande sœur de Tom.
00:41:47Tu montres ta belle étoile, Mélinda ?
00:41:49On partage tout avec elle.
00:41:56Pour le coup, voilà, c'est une adoption du cœur.
00:41:59On a parlé de notre projet d'adoption avec elle, et j'ai adoré sa réaction, parce que très spontanément, elle fait « Oh ! »
00:42:05J'adorerais tellement m'occuper d'une petite sœur.
00:42:11Pour eux, c'est vraiment important.
00:42:15Je sais qu'on en parle, qu'ils en parlent, et de savoir où est-ce qu'on ferait dormir la petite fille, comment on ferait si on la mettrait avec Tom.
00:42:24Ils parlent du prénom, des fois, enfin voilà.
00:42:28Je sens qu'ils espèrent vraiment, en fait.
00:42:31Mais c'est vrai que c'est frustrant de ne pas savoir et d'être dans l'attente.
00:42:34Attends, lève tes mains, ils ne vont rien.
00:42:36Attention, t'attrapes.
00:42:37Allez !
00:42:38Ils sont conscients que ça peut ne pas arriver, ça c'est sûr.
00:42:44C'est pas facile, c'est un parcours semé d'embûches.
00:42:47Je le suis avec eux.
00:42:49C'est des papiers, c'est des rendez-vous avec la psychologue, l'assistante sociale, c'est des questions.
00:42:55On leur demande quel enfant ils veulent, l'origine, ça vous dérange, c'est un enfant.
00:43:08Quatre mois sont déjà passés depuis que nous avons envoyé notre dossier à tous les départements.
00:43:13Et nous n'avons aucune réponse.
00:43:15On est dans l'urgence de ce temps qui se resserre vers la fin de notre agrément.
00:43:18Et moi, j'ai besoin de savoir si notre projet d'adoption a de nouvelles chances d'aboutir.
00:43:24Alors ce matin, je décide d'affronter la réalité et j'appelle les services concernés.
00:43:29Allo ?
00:43:39Oui, bonjour madame.
00:43:41Je suis Ingrid Chauvin-Pétieux.
00:43:43Et je vous ai envoyé un mail et un courrier concernant notre projet d'adoption.
00:43:48Je voulais savoir si vous l'avez bien reçu.
00:43:49Oui, oui, oui, vous allez recevoir une réponse.
00:43:52Alors malheureusement, en fait, si vous voulez, j'ai beaucoup, beaucoup de candidats sur le département.
00:43:56D'accord.
00:43:57Pour des enfants, voilà, à pupilles, et du coup, voilà, je ne garde pas, en fait, ces candidatures-là.
00:44:08Voilà, vous allez recevoir une réponse en ce sens-là.
00:44:09D'accord.
00:44:10Et juste à titre d'information, à titre d'information, est-ce que vous pouvez me dire combien vous avez de pupilles, vous, dans votre département ?
00:44:18C'est très variable, d'année en année, c'est-à-dire que sur des enfants qui naissent sous le secret, cette année, on en a huit.
00:44:26Ah, d'accord, d'accord, ok.
00:44:28On n'est pas un gros département, donc voilà.
00:44:31Et j'ai une centaine de candidats.
00:44:33Une centaine de candidats pour huit petites pupilles qui sont attribuées par an.
00:44:37D'accord, ok.
00:44:38Je comprends que vous ne puissiez pas satisfaire les couples de départements à naître.
00:44:43Voilà, c'est ça.
00:44:44Tout à fait, d'accord.
00:44:46Merci infiniment.
00:44:47Je suis désolée.
00:44:47Je vous en prie, merci de votre réponse en tout cas.
00:44:49Merci beaucoup.
00:44:50Au revoir.
00:44:51Au revoir.
00:44:53Je comprends surtout qu'on n'est pas prioritaire dans les autres départements.
00:44:56Bon, un courrier va arriver, c'est déjà pas mal.
00:44:59Mais même si cette première réponse est négative, j'appelle un à un les autres services.
00:45:04On ne sait jamais.
00:45:06C'est vrai qu'actuellement, au niveau de notre département, il y a très peu de pupilles.
00:45:10D'accord.
00:45:11Certains me disent qu'ils ont déjà attribué un enfant à un couple vivant à l'autre bout de la France.
00:45:15D'autres qu'ils n'ont pas de pupilles.
00:45:17Merci infiniment.
00:45:18Ou déjà trop de dossiers.
00:45:19Voilà, je suis en prête.
00:45:20Très bonne journée à vous.
00:45:21Au revoir.
00:45:21Bonne continuation.
00:45:22Merci beaucoup.
00:45:23Au revoir.
00:45:23Au revoir.
00:45:23Au revoir.
00:45:27Je m'ai dit, on va continuer.
00:45:30On va faire tous les départements, c'est pas grave.
00:45:33Si on le fait pas, on se donne pas cette chance supplémentaire.
00:45:35Donc je pense qu'il faut aller jusqu'au bout, on va jusqu'au bout et puis on verra bien.
00:45:40Voilà, je coche à chaque fois.
00:45:43Et en même temps, quand on a des gens au Boudifil qui ont reçu notre demande,
00:45:49qui ont étudié notre dossier et qui nous répondent, qui sont humains,
00:45:54ben voilà, c'est une porte un peu moins fermée, c'est déjà ça.
00:46:00Je continue aussi de suivre les conseils de l'association Enfance et Famille d'Adoption.
00:46:09Rencontrer des gens, s'informer, assister à des événements comme ce soir-là à Carcassonne
00:46:15où je retrouve Marie-Joseph Picavet pour une projection du film Pupille.
00:46:20J'ai hâte de découvrir ce film.
00:46:21Il reflète vraiment la réalité.
00:46:23C'est très documenté, ouais.
00:46:25J'ai le sentiment qu'on n'a jamais évoqué ce genre de sujet au cinéma.
00:46:29Jamais.
00:46:29C'est une bonne avancée, un bon progrès.
00:46:33Allez-y.
00:46:33Je vous suis.
00:46:37L'histoire est celle d'une femme qui, après dix ans d'attente,
00:46:41se voit confier à un bébé, né sous le secret.
00:46:43C'est votre dossier que le conseil de famille a retenu
00:46:46pour être la mère adoptive de cet enfant.
00:46:52La rencontre entre cette maman et son enfant m'aimeut énormément.
00:46:59J'espère que je n'aurai pas à attendre comme elle, dix ans, pour adopter un enfant.
00:47:20Le lendemain, je retrouve Lise.
00:47:47Comme dans le film et comme moi, elle est dans l'attente d'adopter un petit pupille.
00:47:53Mais surtout, elle est déjà maman d'un petit garçon adopté au Mali.
00:47:56Il a aujourd'hui sept ans, mais ça n'a pas toujours été simple.
00:47:59Ce rendez-vous avec Lise, il était important pour moi parce que j'allais recevoir, en fait,
00:48:07le témoignage de comment on devient maman avec ce projet d'adoption.
00:48:14Parce qu'encore une fois, il n'y a pas ce phénomène de la grossesse,
00:48:18des neuf mois, de cette préparation.
00:48:19Quand on adopte et qu'on n'est pas maman, on devient maman comme ça du jour au lendemain, en fait.
00:48:26Ce lien avec l'enfant, est-ce qu'il est immédiat ? Est-ce qu'il est spontané ?
00:48:30Est-ce que c'est facile ?
00:48:33Quelles sont les difficultés ?
00:48:36Et c'est vrai que j'ai été très touchée par cette femme parce que, justement, ça n'a pas été simple.
00:48:41En fait, pour tout avouer, c'est la première fois que je rencontre une femme qui a un petit peu un parcours similaire au mien,
00:48:50dans le sens où, aujourd'hui, je crois que vous êtes maman d'un petit garçon adopté à l'étranger il y a sept ans.
00:48:56Il est né au Mali il y a sept ans.
00:48:58Il y a sept ans.
00:48:59Est-ce que les premiers temps ont été difficiles, d'après vous, pour lui ?
00:49:04Les premiers temps ont duré longtemps pour nous.
00:49:06Ah oui.
00:49:06Il a fallu quatre ans à Jules pour qu'il s'assoie vraiment dans cette vie-là.
00:49:13Quatre ans ?
00:49:13On a vraiment eu ce sentiment-là.
00:49:15Il a vraiment dû nous adopter et ça a pris du temps pour lui.
00:49:18Nous, on est en demande, en fait.
00:49:20On attend l'enfant.
00:49:22Lui, quelque part, il devait attendre une maman, bien sûr.
00:49:27Mais est-ce que c'était comme ça ?
00:49:29Est-ce que c'était en France ?
00:49:32Parce que, voilà, c'était très compliqué dans la relation avec Jules, au début.
00:49:38Il avait une rage et une colère.
00:49:41Et puis de la panique, de l'angoisse.
00:49:43Ça veut dire pleurs, qu'on arrive très difficilement à calmer.
00:49:46Et cris, des cris très, très forts.
00:49:48On ne savait pas ce qu'il avait.
00:49:50On savait qu'il avait besoin de nous et qu'effectivement, il y avait quelque chose qui n'allait pas.
00:49:53Mais qu'est-ce que c'était ?
00:49:55On ne le saura jamais, en fait.
00:49:57On a dû apprendre et on a dû être extrêmement patient.
00:49:59Et ce côté, l'amour va tout régler, c'est pas si simple que ça.
00:50:05Oui, et ça finissait par m'énerver.
00:50:08Cette réponse-là, j'avais envie d'hurler, moi.
00:50:12Je me sentais enfermée.
00:50:14Je le voyais en souffrance, mon fils.
00:50:16Je ne savais pas comment l'aider.
00:50:17On culpabilise, on se remet en question.
00:50:20Et dans la famille, c'est compliqué, ça.
00:50:23Parce que c'est un peu, ben, c'est pas possible.
00:50:25Tu l'as voulu, t'as attendu tant d'années.
00:50:29Je crois que quand ça se fait, pourquoi t'es pas heureuse ?
00:50:33En tout cas, malgré ça, aujourd'hui, Jules, il a 7 ans.
00:50:36Il va bien.
00:50:38Magnifiquement.
00:50:38Vous allez bien aussi.
00:50:39Oui.
00:50:40Et vous avez souhaité entamer des démarches pour adopter une petite pupille de l'État.
00:50:46Oui.
00:50:47Vous êtes en attente depuis combien de temps ?
00:50:493 ans et demi.
00:50:503 ans et demi.
00:50:51On savait qu'on n'avait pas le droit à un petit bébé, vu qu'on a déjà un enfant.
00:50:54D'accord.
00:50:56Donc, on se disait, ben, ça va être plus difficile, quand même.
00:50:58Parce qu'il faut qu'il y ait un enfant placé dans notre département.
00:51:04Qui est moins de 4 ans à l'époque ?
00:51:07Maintenant, on a étendu notre agrément à moins de 5 ans.
00:51:08C'est ça, parce qu'à partir du moment où on a un enfant, il fallait qu'il soit l'aîné.
00:51:12Voilà.
00:51:12Ce qui était bien pour nous, en fait.
00:51:14Ça, c'était pas un problème.
00:51:15Il faut qu'il y ait une certaine logique.
00:51:16Ouais, voilà.
00:51:17Donc, on pourrait se dire, on a 3 ans et demi d'agrément, donc c'est pas fini.
00:51:21Mais au vu du contexte, je dirais que la première adoption, c'était dure, latente.
00:51:31Parce que c'était bien plus long que prévu.
00:51:33Mais on était tout le temps dans l'espoir.
00:51:34Et là, je pense qu'on s'est préparé, quelque part, au fait que ça puisse ne pas arriver.
00:51:43Donc, c'est pas un abandon, clairement pas.
00:51:46Je souhaite toujours avoir un deuxième enfant.
00:51:49Et puis là, on est prêt.
00:51:51Mais je me dis que si ça n'arrive pas, je suis...
00:51:57Voilà, je sais qui je suis aujourd'hui par rapport à ça.
00:51:59Je sais ce que ça a fait de moi.
00:52:02Bien sûr, oui.
00:52:03Et je serai prête.
00:52:07Ouais, bien sûr, bien sûr.
00:52:09En fait, quand elle me dit qu'elle ne va pas renouveler son agrément,
00:52:13quelque part, ça résonne.
00:52:19Ça résonne dans le sens où, aujourd'hui, comme moi, elle est maman.
00:52:23Elle a eu la chance de construire une famille.
00:52:25Et je pense que toutes ces attentes, toutes ces montées, en fait, d'émotions, d'espoir, de désespoir,
00:52:32de dire est-ce qu'on s'autorise à y croire ou non.
00:52:35Enfin, le fait d'être dans ces contradictions-là, on a du mal à avancer pleinement et sereinement.
00:52:42Et du coup, on n'est pas à 100% dans le présent.
00:52:48Et quelque part, je me dis, est-ce que c'est pas ce qu'il faudrait qu'on fasse aussi ?
00:52:52Coucou !
00:52:59Coucou, mon amour !
00:53:03Ça va, chérie ?
00:53:04Même quand je suis loin de lui, Tom m'aide à retrouver le moral.
00:53:07On s'est tellement battus pour qu'il soit là.
00:53:10Tu sais comment il s'appelle ?
00:53:12C'est aussi pour lui que je veux pas baisser les bras.
00:53:14Allez voir le manège !
00:53:16T'as fait le manège, mon cœur ?
00:53:18Oui !
00:53:18Oh, c'est chouette !
00:53:20Oh, moi aussi, je t'aime pour toute la vie, mon amour.
00:53:26Et moi, je reviens demain, mon cœur.
00:53:29T'es mignon avec Mélinda, chérie, hein ?
00:53:31OK ?
00:53:32À demain, ma chérie.
00:53:34Je t'embrasse fort, fort.
00:53:36Bisous ?
00:53:37C'est toi qui raccroches ?
00:53:39D'accord.
00:53:41Bisous, mon amour.
00:53:42Je t'aime.
00:53:44Bye, bye.
00:53:45Bye, bye.
00:53:47Oh !
00:53:49Ah, c'est trop bon.
00:53:57Ce matin, je quitte Bordeaux, direction l'est de la France,
00:54:01où j'ai rendez-vous pour une séance de dédicaces.
00:54:03Bonjour !
00:54:08Ouais, c'est un super soutien.
00:54:10C'est vraiment sympa.
00:54:11C'est trop gentil.
00:54:12T'as fait ?
00:54:12C'est vrai ?
00:54:14Ouais.
00:54:14Vous êtes vraiment magnifiques.
00:54:16Je me sens très, très proche du public,
00:54:18et c'est vraiment un moyen pour moi de...
00:54:21de les remercier, en fait,
00:54:23parce qu'ils me sont fidèles depuis des années.
00:54:25Ils ont partagé avec moi mes plus beaux moments,
00:54:28mes pires moments,
00:54:30et ils sont toujours là.
00:54:31Enchantée.
00:54:32Bonjour, toi, comment tu s'appelles ?
00:54:34Et c'est des...
00:54:35c'est des journées, en général,
00:54:37qui me sont...
00:54:39qui sont très importantes pour moi
00:54:41et qui me touchent beaucoup.
00:54:43Très émue de vous voir.
00:54:45Merci.
00:54:46Et dans votre série,
00:54:48Demain nous appartient,
00:54:49vous êtes très, très bien.
00:54:50Merci.
00:54:51On m'a souvent présenté des bébés miracles,
00:54:53des couples qui avaient lu mes témoignages
00:54:55et qui me remerciaient parce que...
00:54:57bah, ça leur avait donné de l'espoir.
00:55:00Ce qui est fou,
00:55:01c'est que ce jour-là, pour la première fois,
00:55:03une femme est venue avec deux petits
00:55:04de l'aide sociale à l'enfance,
00:55:06qu'elle élève comme ses enfants,
00:55:08en attendant qu'ils puissent peut-être
00:55:09retourner vivre un jour,
00:55:10chez leurs parents.
00:55:12Coucou, les chouchous !
00:55:14C'est des petits que j'ai en famille d'accueil.
00:55:16Je l'ai eus depuis l'âge de 2 mois.
00:55:18J'ai pas envie de la laisser partir, quoi.
00:55:20Vous voyez ?
00:55:20C'est super compliqué.
00:55:21Petit chouchou.
00:55:22Bon, voilà.
00:55:23On fait une photo ?
00:55:23Oui, je fais bien.
00:55:24Excusez-moi, ça m'a touché.
00:55:26Ah oui.
00:55:29J'ai été...
00:55:31presque...
00:55:32Enfin, pas choquée,
00:55:33mais tellement surprise, quoi.
00:55:36Je vous laisse faire la photo
00:55:37avec les enfants.
00:55:38Et c'est très mignon,
00:55:40parce que cette femme
00:55:41qui m'a présenté
00:55:41ces deux petits bouts de choux,
00:55:43me dit, voilà,
00:55:43ça vous dérange pas
00:55:44de faire une petite photo avec eux ?
00:55:45Je pourrais les mettre comme ça
00:55:46dans leur livre de vie.
00:55:49Et...
00:55:50Et voilà,
00:55:52et encore une fois,
00:55:53c'est un mélange d'émotions
00:55:55de se dire
00:55:55c'est super parce que cette femme,
00:55:57elle est...
00:55:58Elle a l'air...
00:55:59Elle a l'air chouette.
00:56:02Merci.
00:56:03Merci.
00:56:04Et puis, en même temps,
00:56:05c'est la tristesse de se dire,
00:56:07voilà,
00:56:07c'est des enfants qui...
00:56:09qui ont déjà vécu
00:56:11beaucoup, beaucoup de souffrance
00:56:12alors qu'ils sont tout petits.
00:56:13Ça m'a beaucoup émue
00:56:17de voir à quel point
00:56:18cette femme était attachée
00:56:19à ses enfants,
00:56:20qui ne sont pas les siens.
00:56:25Sur la route du retour,
00:56:26avec Marie,
00:56:27mon attachée de presse,
00:56:28je réalise que tout ce que j'ai vu,
00:56:30entendu et découvert
00:56:32sur l'adoption ces derniers temps,
00:56:34m'a beaucoup affectée.
00:56:35En fait,
00:56:36je m'aperçois au fur et à mesure
00:56:37des mois qui passent
00:56:40qu'il y a des réels problèmes partout,
00:56:42ou qu'il n'y a pas de loi nationale
00:56:45et qu'on parle de protection de l'enfance
00:56:46et que je ne sais même plus
00:56:47où est la protection de l'enfance.
00:56:49C'est-à-dire que je n'espère que ça,
00:56:51mais malheureusement,
00:56:51je n'y crois plus.
00:56:55Et Dieu sait s'il y a quelques mois encore,
00:56:58quand j'en parlais,
00:56:59j'avais le sourire jusque-là.
00:57:00Pour moi, c'était une évidence.
00:57:02On sait que ça prend du temps,
00:57:04on sait que c'est compliqué,
00:57:05mais je n'arrivais pas à m'imaginer
00:57:07que ça ne puisse pas se faire.
00:57:08Et puis, là,
00:57:10les mois passant,
00:57:11je réalise
00:57:12tu vois, il y a un mois,
00:57:15un peu plus d'un mois,
00:57:16j'ai renvoyé un mail
00:57:18en disant, voilà,
00:57:19au bout de 4 ans et demi,
00:57:20j'aimerais juste savoir
00:57:22si, ne serait-ce qu'une fois,
00:57:24vous avez proposé notre dossier
00:57:25à un conseil de famille.
00:57:26C'est logique.
00:57:28J'attends toujours la réponse.
00:57:30Moi, je préférais qu'on me dise,
00:57:32voilà, excusez-nous,
00:57:33mais le projet ne va pas vous dire.
00:57:35Ça permettrait aussi aux gens
00:57:36de pouvoir faire leur deuil
00:57:38quand ce n'est pas possible,
00:57:41tu vois ?
00:57:41Ou alors,
00:57:42pourquoi donner des agréments
00:57:44à Tire Larigot
00:57:46tout en sachant
00:57:47qu'on ne pourra pas satisfaire ?
00:57:50Parce que ton dossier,
00:57:51toi, tu as l'agrément.
00:57:52Ben, je l'ai,
00:57:52l'agrément, je l'ai depuis 5 ans
00:57:54et il n'est valable que pendant 5 ans.
00:57:56Donc, ça veut dire que
00:57:57dans quelques mois,
00:57:57c'est fini.
00:57:58Il ne reste plus que quelques mois.
00:57:58C'est fini.
00:58:06On pourrait se dire,
00:58:07OK,
00:58:08il nous reste quand même 7 mois
00:58:09avant la fin de notre agrément.
00:58:11Notre téléphone pourrait encore sonner,
00:58:12mais on n'arrive plus trop à positiver.
00:58:16Je pense sans cesse que,
00:58:17comme nous,
00:58:1890% des couples
00:58:19qui espèrent adopter
00:58:20n'y parviennent pas.
00:58:23Nous, on a la chance d'avoir Tom.
00:58:25D'autres ne connaissent même pas
00:58:26ce bonheur d'avoir un enfant.
00:58:29Je vais rencontrer aujourd'hui Capucine.
00:58:31Bonjour.
00:58:32Bonjour, Capucine.
00:58:33Enchantée.
00:58:34Entrez, Aline.
00:58:34Merci beaucoup.
00:58:36Mariée depuis 9 ans,
00:58:37elle a très vite compris
00:58:38qu'avec son mari,
00:58:39il ne pourrait pas avoir d'enfant.
00:58:41Ils se sont tournés en vain
00:58:42vers l'adoption
00:58:43et après 5 ans d'attente,
00:58:45ont décidé de ne pas renouveler
00:58:47leur agrément.
00:58:47En voyant les mois passés,
00:58:53moi, je sentais aussi
00:58:54qu'il fallait qu'on décide quelque chose
00:58:58et finalement,
00:58:59on s'est aperçus que
00:59:00si on regardait notre vie
00:59:04plutôt sous l'angle
00:59:05de qu'est-ce qu'on a
00:59:06et pas qu'est-ce qui nous manque,
00:59:07on a une belle vie,
00:59:09on est heureux
00:59:09et finalement,
00:59:10on a décidé de se fixer
00:59:13plutôt sur ça, en fait.
00:59:14sur vous,
00:59:15sur votre vie,
00:59:16sur votre couple.
00:59:17Vous avez réussi aujourd'hui
00:59:18à faire le deuil
00:59:19de cette potentielle vie de famille.
00:59:23Je pense que c'est quelque chose
00:59:24qui reste quand même
00:59:25hyper ancré
00:59:26parce qu'il y a aussi
00:59:28le regard de la société.
00:59:30On ressent
00:59:31qu'on reste le couple
00:59:33qui n'a pas eu d'enfant
00:59:34alors qu'on voudrait
00:59:36juste être regardé
00:59:37comme Capucine et Frédéric.
00:59:39Bien sûr.
00:59:39C'est ça qui, je pense,
00:59:43empêche de totalement
00:59:44faire le deuil
00:59:45ou totalement penser
00:59:47à autre chose
00:59:47parce qu'il y a le regard
00:59:48des autres,
00:59:49même si on essaye
00:59:50de ne pas trop
00:59:51s'en occuper.
00:59:53C'est quand même...
00:59:53C'est difficile
00:59:54d'en faire abstraction.
00:59:55Est-ce que vous pouvez dire
00:59:56aujourd'hui, Capucine,
00:59:57que le fait de ne plus
00:59:59être dans cette attente,
01:00:00dans cette pression,
01:00:02que quelque part,
01:00:03ça vous a libéré,
01:00:04que vous vous sentez
01:00:05beaucoup plus léger
01:00:06tous les deux
01:00:06et vous-même ?
01:00:07C'est certain.
01:00:08Ça a été vraiment
01:00:10libérateur, c'est le mot.
01:00:11Une libération, oui.
01:00:12Voilà.
01:00:13De pouvoir décider
01:00:14que c'était fini,
01:00:16on pouvait vivre autre chose.
01:00:19Sur le papier,
01:00:21Capucine et son mari
01:00:22étaient des candidats
01:00:22parfaits pour l'adoption.
01:00:24Mariés, jeunes,
01:00:26un travail,
01:00:27pas d'enfants
01:00:27et pourtant.
01:00:33Ça fait maintenant
01:00:348 mois que je m'active
01:00:35pour comprendre
01:00:36et trouver des réponses.
01:00:38Et si le dossier
01:00:39de Capucine
01:00:39n'a pas été retenu,
01:00:41pourquoi le mien
01:00:41le serait ?
01:00:44J'ai rendez-vous
01:00:45aujourd'hui
01:00:46à Chaloux-en-Champagne
01:00:47pour assister
01:00:47à un conseil de famille.
01:00:50C'est lui qui choisit
01:00:51les futurs parents
01:00:52des enfants délaissés
01:00:53du département.
01:00:55Bonjour.
01:00:56Bonjour.
01:00:57Wow.
01:00:59Vous êtes que des femmes.
01:01:01Bonjour à toutes.
01:01:02Merci de m'accueillir.
01:01:03On est ravie aussi.
01:01:07Ces femmes sont psychologues,
01:01:09membres d'associations
01:01:10ou rattachées au service
01:01:12adoption du département
01:01:13et se réunissent
01:01:14tous les 15 jours.
01:01:16Elles sont responsables
01:01:17de l'avenir
01:01:17de tous les pupilles
01:01:18de l'état du département
01:01:19et prennent pour eux
01:01:21toutes les décisions.
01:01:24En assistant à cette réunion,
01:01:26j'espère enfin comprendre
01:01:27comment sont choisis
01:01:27les couples
01:01:28qui auront la chance
01:01:29de devenir parents.
01:01:30On démarre par la lecture
01:01:34d'un premier rapport
01:01:35qui concerne
01:01:36un placement
01:01:37en vue d'adoption.
01:01:38C'est le rapport
01:01:39des 6 mois
01:01:40qui concerne Axel
01:01:41confié en vue
01:01:43de son adoption
01:01:43à monsieur et madame Camus.
01:01:46Pour préserver
01:01:47l'anonymat
01:01:48des parents
01:01:48et des enfants,
01:01:50tous les noms
01:01:50ont été modifiés.
01:01:53Alors monsieur et madame Camus
01:01:54sont déjà parents
01:01:55par adoption
01:01:55de deux garçons.
01:01:57C'est une troisième adoption
01:01:58pour ce couple.
01:02:00Monsieur et madame
01:02:00se disent comblés
01:02:01et épanouis
01:02:02avec leurs trois enfants
01:02:03mais aussi chanceux
01:02:05d'avoir pu fonder
01:02:05la famille nombreuse
01:02:06qu'ils espéraient tant.
01:02:09Donc au vu
01:02:09de l'ensemble des éléments,
01:02:10l'assistant socio-éducatif
01:02:12qui a réalisé le rapport
01:02:13est favorable
01:02:13à l'adoption plénière
01:02:15d'Axel
01:02:15par monsieur et madame Camus.
01:02:18Voilà pour ce premier rapport.
01:02:21Là pour le coup,
01:02:21c'est sûr
01:02:22qu'on est dans quelque chose
01:02:23d'assez idéal
01:02:25et idyllique.
01:02:27Moi je suis scotchée
01:02:28par la facilité
01:02:29de ses parents
01:02:30à réussir à adopter
01:02:31pour la troisième fois
01:02:32alors que moi
01:02:34je galère
01:02:34depuis quatre ans et demi
01:02:35et évidemment
01:02:37je ne suis pas la seule
01:02:37mais voilà
01:02:38après c'est des adoptions
01:02:40qui ont été effectuées
01:02:41dans ce même département.
01:02:43Oui, tout à fait.
01:02:44C'est vrai
01:02:44que ça peut paraître
01:02:45peut-être un peu questionnant
01:02:46d'avoir un couple
01:02:47qui a été retenu
01:02:48pour plusieurs adoptions
01:02:49mais on part toujours
01:02:51des besoins de l'enfant
01:02:52et il s'est trouvé
01:02:52que cet enfant-là
01:02:54en particulier
01:02:55avait des origines
01:02:57voilà
01:02:57un certain nombre
01:02:58d'éléments
01:02:58dans son histoire
01:03:00qui ont nécessité
01:03:01une grande ouverture
01:03:02par rapport au projet.
01:03:04Ça voudrait dire
01:03:04que sur les 80 couples
01:03:06qu'il y a
01:03:09dans votre département
01:03:10aucun autre couple
01:03:11n'a été présenté
01:03:13pour cet enfant ?
01:03:14Ah si, d'accord.
01:03:16On en retient trois
01:03:17avec un ordre
01:03:18toujours chronologique
01:03:19par rapport à la date
01:03:20d'obtention de l'agrément
01:03:22et il nous est arrivé
01:03:24d'avoir en face de nous
01:03:25des candidats
01:03:26qui n'étaient plus prêts
01:03:27qui n'étaient pas
01:03:29dans des dispositions
01:03:32j'allais dire
01:03:32psychologiques
01:03:33à ce moment-là
01:03:35pour accueillir l'enfant
01:03:36donc dans ces cas-là
01:03:37on va convoquer
01:03:38le deuxième couple
01:03:40qui a été retenu.
01:03:42Vous voyez ?
01:03:42En tout cas
01:03:43il y a au moins
01:03:43une famille heureuse
01:03:44qui s'agrandit
01:03:46et qui semble
01:03:46épanouie
01:03:48et qui continuera de l'être.
01:03:50Donc on va passer
01:03:52à notre deuxième dossier
01:03:53qui concerne
01:03:54donc la petite Julie
01:03:55alors Julie
01:03:57est la fille
01:03:58de Madame Martin
01:03:59et il n'y a pas
01:04:01de reconnaissance
01:04:02paternelle
01:04:02la concernant.
01:04:04La responsable
01:04:04du service
01:04:05adoption du département
01:04:06liée au conseil
01:04:07de famille
01:04:08le rapport
01:04:08des services sociaux
01:04:09qui résume
01:04:10l'histoire
01:04:10de la petite Julie
01:04:1110 ans
01:04:12qui vient d'être admise
01:04:14comme pupille de l'Etat.
01:04:15Donc Julie
01:04:15est prise en charge
01:04:16par le foyer de l'enfance.
01:04:18Tous les détails
01:04:18de la vie de Julie
01:04:19sont passés en revue.
01:04:21Son rapport
01:04:21avec sa famille d'accueil
01:04:23chez qui elle vit
01:04:24depuis qu'elle est née
01:04:25le lien compliqué
01:04:26avec sa mère de naissance
01:04:28en détresse psychologique
01:04:29que la petite Julie
01:04:31ne voit plus
01:04:31depuis 5 ans
01:04:32et la décision
01:04:34du juge
01:04:34aux affaires familiales
01:04:36qui constate finalement
01:04:37le délaissement
01:04:37et délègue
01:04:38l'autorité parentale
01:04:39au service
01:04:40de l'aide sociale
01:04:41à l'enfance.
01:04:42Donc Julie
01:04:43a été admise
01:04:45en qualité
01:04:45de pupille
01:04:46de l'Etat
01:04:46depuis le mois
01:04:48de février 2019.
01:04:51Voilà.
01:04:51En sachant effectivement
01:04:52qu'elle a toute sa place
01:04:53dans la famille d'accueil,
01:04:56il est peut-être
01:04:57encore prématuré
01:04:58d'imaginer un projet
01:04:59d'adoption
01:05:00par cette famille
01:05:01d'accueil
01:05:02mais voilà,
01:05:03on sait qu'il y a
01:05:04un très très fort
01:05:04attachement
01:05:05et que pour le coup
01:05:07il n'est peut-être
01:05:08pas envisageable
01:05:09d'imaginer
01:05:10un projet d'adoption
01:05:11en dehors
01:05:12de cette famille
01:05:13sur l'extérieur.
01:05:15Excusez-moi.
01:05:16Ce qui est compliqué
01:05:17par exemple
01:05:17dans ce cas précis
01:05:19c'est que cette petite
01:05:20elle a été
01:05:20dans cette famille
01:05:22d'accueil
01:05:22depuis qu'elle est née
01:05:25on va dire
01:05:25avec un père absent
01:05:27avec une maman
01:05:28qui est quand même
01:05:28en déficience mentale
01:05:29depuis la naissance
01:05:31et ce que je trouve
01:05:33hyper frustrant
01:05:33c'est de s'apercevoir
01:05:358 ans plus tard
01:05:36qu'effectivement
01:05:37elle va avoir
01:05:38le statut de pupille
01:05:39et du coup
01:05:40effectivement
01:05:41la stabilité
01:05:42qu'on lui espère
01:05:43arrive très tardivement
01:05:45et c'est ça
01:05:45en fait qui me gêne.
01:05:47Il y a des personnes
01:05:48qui pensent
01:05:48qu'il n'y a rien de mieux
01:05:49que le lien
01:05:50parent-enfant.
01:05:52Nous les juges
01:05:53nous demandent
01:05:53en priorité
01:05:54de travailler
01:05:54les liens
01:05:55avec les parents
01:05:55même s'ils ne sont
01:05:57pas toujours
01:05:59en capacité
01:06:00de prendre en charge
01:06:01leurs enfants.
01:06:01Après on a aussi
01:06:02des parents
01:06:03qui à un moment
01:06:04peuvent se saisir
01:06:05du travail
01:06:06qu'on va mener
01:06:07avec eux
01:06:07dans l'intérêt
01:06:08de leur enfant.
01:06:08Il peut y avoir
01:06:09des parcours de vie
01:06:11qui font que
01:06:11il y a des prises
01:06:13de conscience
01:06:13mais ça prend du temps
01:06:15aussi ça.
01:06:16C'est des cas
01:06:16extrêmement rares.
01:06:18Mais il y en a,
01:06:19il n'y en a pas beaucoup.
01:06:20Mais il y en a.
01:06:21Je comprends à quel point
01:06:23ces femmes
01:06:24se retrouvent démunies
01:06:25face aux histoires
01:06:26de vie brisée
01:06:27de ces enfants
01:06:27qui arrivent souvent
01:06:28trop tard
01:06:29à l'aide sociale
01:06:30à l'enfance.
01:06:31Certaines me confient
01:06:32qu'elles n'en dorment
01:06:32pas la nuit.
01:06:34Les liens du sang
01:06:35sont-ils réellement
01:06:36plus précieux
01:06:36que les liens du cœur ?
01:06:38Une loi votée en 2016
01:06:40est censée faciliter
01:06:41les procédures
01:06:42de délaissement parental
01:06:43pour permettre aux enfants
01:06:45qui n'ont plus
01:06:45ou peu de lien
01:06:46avec leurs parents
01:06:47de pouvoir être adoptés.
01:06:49Bonjour Corinne.
01:06:50Bonjour Céline.
01:06:52Enchantée.
01:06:53Mais concrètement,
01:06:54pour Corinne Pires,
01:06:55la présidente du conseil
01:06:56de famille,
01:06:57cette loi n'est pas
01:06:58toujours appliquée.
01:06:58Vous faites des réunions
01:07:00pour l'avenir d'enfants
01:07:01qui sont placés
01:07:02en famille d'accueil
01:07:03ou en foyer.
01:07:04Oui.
01:07:04Et ces enfants,
01:07:05malheureusement,
01:07:05ne sont pas adoptables encore ?
01:07:07Non, il y en a
01:07:07qui ne sont pas adoptables.
01:07:08Qu'est-ce que vous pensez
01:07:09de ce genre de situation ?
01:07:11C'est compliqué.
01:07:13C'est compliqué
01:07:13parce qu'un enfant
01:07:15qui arrive pupille
01:07:16à 7, 8 ans, 9 ans,
01:07:18qui est en famille d'accueil
01:07:20depuis qu'il est petit,
01:07:24parce que son statut
01:07:24a changé entre-temps,
01:07:26c'est compliqué
01:07:27parce que soit l'enfant
01:07:28ne veut pas du tout
01:07:29être adopté,
01:07:30il veut rester dans
01:07:31sa famille d'accueil
01:07:31parce que des liens
01:07:32se sont créés.
01:07:33Bien sûr,
01:07:33il a trouvé un certain équilibre.
01:07:34Voilà, tout à fait.
01:07:35En revanche,
01:07:37est-ce qu'on n'a aucune sécurité
01:07:38que ses enfants
01:07:39puissent rester dans cette famille ?
01:07:41C'est un peu le problème.
01:07:42Oui, c'est un peu le problème.
01:07:44Généralement,
01:07:45si l'enfant est dans
01:07:45cette famille d'accueil
01:07:46depuis petit,
01:07:47la famille d'accueil
01:07:48peut dire
01:07:49écoutez, moi,
01:07:50je suivrai cet enfant
01:07:51jusqu'à sa majorité,
01:07:52voire plus.
01:07:53En France,
01:07:53on privilégie
01:07:54les liens du sang,
01:07:57ce lien parental,
01:07:58il reste là tout le temps
01:07:59et on ne peut pas le défaire.
01:08:01Voilà.
01:08:01Bon, moi,
01:08:01je suis famille d'accueil
01:08:02et c'est vrai
01:08:04qu'on accueille
01:08:05des enfants
01:08:06qui n'ont pas
01:08:09voire très peu
01:08:09de contact
01:08:10avec les parents
01:08:11et puis absolument,
01:08:12il faut les emmener
01:08:12en droit de visite
01:08:13voir les parents,
01:08:13que les parents,
01:08:14enfin,
01:08:15ils viennent deux fois
01:08:15dans l'année.
01:08:16Enfin, j'exagère,
01:08:16j'exagère même pas, non.
01:08:18Je n'ai pas le sentiment
01:08:18que vous exagériez beaucoup.
01:08:19Deux fois dans l'année,
01:08:21non,
01:08:21enfin, moi,
01:08:21je n'appelle pas ça
01:08:22des parents
01:08:22et s'il n'y a pas
01:08:25de lien qui se crée
01:08:25au bout d'un moment.
01:08:26Il ne faut pas insister, quoi.
01:08:28Il ne faut pas insister.
01:08:29Ça casse plus l'enfant
01:08:30qu'autre chose.
01:08:30Enfin, c'est mon avis personnel.
01:08:31Évidemment.
01:08:32Et ça, on le sait
01:08:33depuis le départ.
01:08:33Oui.
01:08:34Et pour autant,
01:08:34qu'est-ce que vous pouvez faire ?
01:08:36Eh bien, je ne sais pas.
01:08:38On est un petit peu limité.
01:08:40On aimerait faire plein de choses.
01:08:44Même les travailleurs sociaux,
01:08:45même je pense
01:08:46qu'il y a des travailleurs sociaux
01:08:46qui vraiment pensent
01:08:48que de maintenir des liens
01:08:50absolument...
01:08:51qui n'existent pas.
01:08:52Qui n'existent pas.
01:08:53Ça ne sert strictement à rien.
01:08:55Alors, effectivement,
01:08:55peut-être qu'il faudrait
01:08:56qu'il y ait des lois,
01:08:57justement,
01:08:57qui nous obligent tous
01:09:00à se dire,
01:09:01bon, au bout d'un moment,
01:09:02au bout d'un an,
01:09:02deux ans,
01:09:03bon, ben, stop.
01:09:04Les parents doivent faire
01:09:04un travail sur eux.
01:09:05Si ce travail n'est pas fait,
01:09:08voilà.
01:09:09La loi existe,
01:09:10mais elle n'est concrètement
01:09:11pas encore en marche réelle,
01:09:14on va dire.
01:09:14Non, non, non.
01:09:15On est en train...
01:09:16On est au tout début, vraiment.
01:09:17On est vraiment au tout début.
01:09:18On est dans une espèce
01:09:19de prise de conscience
01:09:21qui change des choses.
01:09:22Est-ce que vous, par exemple,
01:09:23vous savez,
01:09:25ça fait 16 ans
01:09:26que vous êtes famille d'accueil,
01:09:28et combien d'enfants
01:09:30ont pu retrouver leurs parents ?
01:09:32Alors moi,
01:09:33pour mon cas personnel,
01:09:34deux.
01:09:35Deux en 16 ans ?
01:09:36Deux enfants, oui.
01:09:41Deux enfants seulement,
01:09:43sur les onze
01:09:43qui lui ont été confiés
01:09:44pendant 16 ans.
01:09:45les autres,
01:09:47à part celui
01:09:47qu'elle a adopté,
01:09:49resteront toute leur vie
01:09:50sans parents.
01:09:52Aujourd'hui,
01:09:52on n'a pas de chiffre national
01:09:53qui permettrait de savoir
01:09:54combien d'enfants placés
01:09:56retournent réellement
01:09:57vivre dans leur famille.
01:09:59Une commission vient
01:10:00d'être lancée
01:10:01par le gouvernement,
01:10:03mais je me demande
01:10:03combien d'enfants
01:10:04seront encore brisés
01:10:05par ce système
01:10:06avant que des lois
01:10:07viennent les protéger.
01:10:08Liesse Loufoque
01:10:15incarne l'histoire
01:10:16de ces enfants placés
01:10:17qui ne reverront jamais
01:10:19leurs parents
01:10:19et grandiront balottés
01:10:21de familles d'accueil
01:10:22en foyer
01:10:23sans avoir la chance
01:10:24de pouvoir être adoptés.
01:10:30Moi, j'aimerais revenir
01:10:31sur votre parcours,
01:10:33c'est-à-dire qu'à votre naissance,
01:10:35est-ce que vous avez été placé
01:10:36tout de suite ?
01:10:36Comment ça s'est passé ?
01:10:37En fait,
01:10:38le jour de ma naissance,
01:10:40donc au moment
01:10:40de l'accouchement,
01:10:41ma mère a fait
01:10:42une crise de délire.
01:10:43Elle était déjà malade
01:10:44parce qu'elle est malade
01:10:45psychiatrique
01:10:47et moi,
01:10:47j'ai été en pouponnière
01:10:49jusqu'à mes 18 mois.
01:10:51Après,
01:10:51donc à 18 mois,
01:10:53j'ai été placé
01:10:54dans ma première famille d'accueil.
01:10:55Ma première famille d'accueil
01:10:56avec laquelle
01:10:57ça s'est extrêmement bien passé ?
01:10:59Oui, complètement.
01:11:01C'est une famille d'accueil
01:11:02qui a vraiment tout fait,
01:11:03je pense,
01:11:04pour m'apporter
01:11:04le plus d'amour possible
01:11:05et ça s'est terminé,
01:11:07malheureusement,
01:11:07quand j'avais
01:11:084 et 5 ans,
01:11:09à peu près 5 ans,
01:11:10parce qu'elle avait décidé
01:11:12de partir dans le sud
01:11:13pour des raisons professionnelles.
01:11:15Son mari était muté là-bas.
01:11:17Elle a demandé
01:11:17à pouvoir
01:11:19m'adopter,
01:11:20justement,
01:11:20puisque,
01:11:21voilà,
01:11:21ça faisait quand même
01:11:22quelques années
01:11:23que j'étais chez elle.
01:11:24Elle voyait bien
01:11:24que je n'avais pas de contact
01:11:25avec ma mère biologique en plus.
01:11:27Et puis le lien était là
01:11:28et que vous étiez bien.
01:11:29C'est ça.
01:11:30Et puis surtout
01:11:30qu'il n'y avait pas de lien
01:11:31avec ma mère biologique.
01:11:32Bien sûr,
01:11:32c'était le seul lien réel.
01:11:33Exact.
01:11:34Et donc,
01:11:34du coup,
01:11:35elle a fait cette demande
01:11:36au service d'aide sociale
01:11:37à l'enfance
01:11:37et ça a été refusé
01:11:39parce que l'autorité parentale
01:11:41était toujours
01:11:43conservée.
01:11:44Existante,
01:11:44entre guillemets.
01:11:45et conservée par ma mère.
01:11:47Et ça,
01:11:47c'est quelque chose,
01:11:48même encore aujourd'hui,
01:11:48que j'ai beaucoup de mal
01:11:49à digérer
01:11:49parce que ma mère
01:11:51qui était malade
01:11:51et donc sous tutelle,
01:11:53on va dire,
01:11:54en incapacité
01:11:54au regard de la société
01:11:55d'être responsable
01:11:56d'elle-même,
01:11:57pouvait quand même
01:11:58garder l'autorité parentale
01:11:59sur un enfant.
01:12:00Ça,
01:12:00c'est hallucinant.
01:12:01C'est ça.
01:12:02Et la première fois
01:12:02que vous avez vu
01:12:03votre maman biologique,
01:12:05en fait,
01:12:05c'était à quel âge ?
01:12:06C'était vers...
01:12:08Ouais,
01:12:087 ans à peu près.
01:12:09C'est fou, ça.
01:12:11Mais c'était
01:12:12assez traumatisant
01:12:12parce qu'en plus,
01:12:15dans des crises
01:12:16où elle voulait...
01:12:18Elle pleurait,
01:12:19elle criait,
01:12:20elle voulait frapper
01:12:20les éducateurs.
01:12:21Elle n'avait absolument
01:12:21pas conscience
01:12:22qu'elle avait son enfant
01:12:23devant elle ?
01:12:24Non,
01:12:25mais je pense qu'elle n'est même pas...
01:12:26Je ne sais pas,
01:12:27je n'ai plus de contact
01:12:28avec elle aujourd'hui,
01:12:28mais je pense même pas
01:12:30qu'elle avait conscience
01:12:31d'être mère, en fait.
01:12:31Oui, c'est ça.
01:12:32Lorsque vous avez été arrachée
01:12:34à cette première famille d'accueil,
01:12:35vous êtes,
01:12:36comme on appelle un enfant...
01:12:38Vous devenez un enfant valise,
01:12:39trimballé d'un endroit
01:12:40à un autre ?
01:12:41Pour le coup,
01:12:42oui,
01:12:42dans mon histoire,
01:12:43ça s'est vraiment passé
01:12:44de cette façon-là.
01:12:45Je suis allé dans une seconde
01:12:47famille d'accueil,
01:12:48puis après,
01:12:48dans une troisième famille d'accueil,
01:12:50puis dans un foyer,
01:12:51puis dans un autre foyer,
01:12:53encore un autre foyer,
01:12:54puis une autre famille d'accueil.
01:12:56Et j'étais devenu un enfant,
01:12:57mais hyper...
01:12:59Ce qui est normal.
01:13:00Hyper speed,
01:13:00hyper turbulent,
01:13:01enfin,
01:13:01j'étais assez agressif,
01:13:03je fuguais.
01:13:03Enfin,
01:13:04je faisais n'importe quoi.
01:13:06Et ça,
01:13:06qu'un adulte
01:13:07et qu'un professionnel
01:13:08ne puissent pas intégrer,
01:13:09qu'un placement pendant 18 ans
01:13:11n'a absolument rien de normal,
01:13:13quand bien même
01:13:13il soit le plus bien traitant possible,
01:13:1718 ans de placement,
01:13:18c'est pas sain.
01:13:19C'est terrifiant d'entendre ça.
01:13:21Oui.
01:13:24Elias est aujourd'hui
01:13:25membre du Conseil national
01:13:26pour la protection de l'enfance.
01:13:29Il se bat
01:13:29pour éviter que les enfants placés
01:13:31aient un avenir
01:13:32moins vulnérable qu'aujourd'hui,
01:13:34où un SDF sur quatre
01:13:35sort de l'aide sociale à l'enfance.
01:13:37De mon côté,
01:13:45je n'ai toujours pas de nouvelles
01:13:46du service adoption.
01:13:48Ce constat est aujourd'hui
01:13:49assez frustrant.
01:13:51Et j'essaye de ne pas trop y penser
01:13:52quand je retrouve mon petit homme.
01:13:55À tout de suite !
01:13:57Au revoir !
01:13:58À la fin de la neige.
01:14:00Mais au vu du temps qui passe,
01:14:02je sais aussi qu'avec Thierry,
01:14:03on doit maintenant prendre des décisions.
01:14:05Dans cinq mois,
01:14:07notre agrément ne sera plus valable.
01:14:09Alors bien sûr,
01:14:11on pourrait choisir
01:14:11de le renouveler pour cinq ans.
01:14:14Mais après tout ce que j'ai vu
01:14:15et appris sur l'adoption,
01:14:17je me demande si on est prêt
01:14:18à repartir dans toutes ces démarches,
01:14:20ces attentes
01:14:21et ces incertitudes.
01:14:24En fait, l'idée,
01:14:25c'est qu'on pourrait renouveler l'agrément.
01:14:26Mais si tu veux, moi, j'ai...
01:14:28Moi, j'ai perdu espoir.
01:14:30Ouais, moi aussi.
01:14:31Moi, j'ai perdu espoir.
01:14:31En fait, je trouve ça extrêmement douloureux
01:14:35d'être dans cette attente
01:14:36et...
01:14:37Enfin, ouais,
01:14:38il y a un moment donné,
01:14:38il faut que ça s'arrête, quoi.
01:14:39Et puis, de toute façon,
01:14:40je pense que, ça se trouve,
01:14:42on ne nous l'autoriserait même pas
01:14:43parce que, de toute façon,
01:14:45on est trop vieux aujourd'hui aussi.
01:14:46Tu vois, malheureusement.
01:14:47Je ne sais pas,
01:14:47mais moi, en tout cas,
01:14:49ça, ça fait partie de l'espoir.
01:14:51Parce que tu peux toujours dire
01:14:52est-ce qu'on a l'âge ?
01:14:54Est-ce qu'on n'a plus l'âge ?
01:14:55Est-ce que tu peux te poser
01:14:56milliards de questions ?
01:14:58En fait, à un moment,
01:14:59je pense que pour avancer aussi
01:15:01dans notre vie à nous
01:15:02et dans la vie de Tom,
01:15:03je pense qu'il faut faire le deuil
01:15:04de ça.
01:15:06Il faut imaginer la vie
01:15:07sans l'adoption.
01:15:09Il faut imaginer...
01:15:10Tu vois ce que je veux dire ?
01:15:12Et je trouve ça très dur.
01:15:14Mais je trouve qu'à un moment,
01:15:15pour que nous,
01:15:16on puisse avancer dans notre vie,
01:15:18il faut qu'on fasse le deuil
01:15:19de cette adoption, quoi.
01:15:21Malheureusement, quoi.
01:15:21Ingrid, je pense que c'est
01:15:26douloureux aujourd'hui pour elle
01:15:28parce qu'elle y a cru
01:15:31vraiment beaucoup.
01:15:33On va enchaîner notre vie
01:15:34d'une certaine manière.
01:15:36On en discutera encore.
01:15:38Mais je pense qu'à la sortie,
01:15:39on sera fiers tous les deux
01:15:40de s'être donnés
01:15:42cette possibilité.
01:15:45Le fait de ne plus y croire
01:15:46aujourd'hui, ça nous permet
01:15:47de se débarrasser
01:15:50de tout ce poids, en fait,
01:15:52d'attente, de questionnement.
01:15:54C'est lourd à porter.
01:15:56C'est lourd à porter.
01:15:57Il y a des moments où,
01:15:59avant de s'endormir,
01:16:00le soir, on s'en parle.
01:16:04Et maintenant,
01:16:05on ne va plus s'en parler.
01:16:06Aujourd'hui, j'ai bon espoir
01:16:08que les lois changent
01:16:09pour protéger les enfants
01:16:10et leur permettre
01:16:11de grandir en famille
01:16:12plutôt qu'en collectivité.
01:16:16Je pense à tous ces petits
01:16:17de la pouponnière,
01:16:19à l'IS.
01:16:19Il est temps
01:16:20de faire bouger les lignes
01:16:22pour s'adapter
01:16:22à cette société
01:16:23qui évolue.
01:16:25Je pense aussi
01:16:26à Capucine
01:16:27et à Lise,
01:16:28qui, elle aussi,
01:16:29commencent à perdre espoir
01:16:30de pouvoir accueillir
01:16:31un enfant.
01:16:32Comment ne plus laisser
01:16:33ces couples
01:16:33dans l'attente
01:16:34d'un projet
01:16:35qui n'aboutira peut-être pas.
01:16:38Je n'oublie pas non plus
01:16:39l'histoire de Virginie
01:16:40et David,
01:16:41avec Raphaël
01:16:42et sa petite sœur,
01:16:43Ève-Gaël,
01:16:44qui vit avec eux
01:16:45depuis quelques semaines,
01:16:47maintenant.
01:16:47Et j'espère que ce film
01:16:50restera un beau souvenir
01:16:51pour eux
01:16:51et qu'il permettra
01:16:52aux autres d'avancer.
01:16:54Quant à nous,
01:16:55il nous reste malgré tout
01:16:56cinq mois
01:16:57pour espérer.
01:16:58Le peu de temps
01:17:01qui reste,
01:17:01peut-être qu'il se passera
01:17:02quelque chose
01:17:02et s'il ne se passe rien,
01:17:03en fait, voilà.
01:17:04Aujourd'hui, on avance.
01:17:05On avance avec Tom.
01:17:07On avance dans la vie.
01:17:09Et j'espère juste
01:17:09qu'une chose,
01:17:10c'est que les couples
01:17:11qui n'ont pas la chance
01:17:12de pouvoir avoir d'enfant
01:17:15puissent au moins
01:17:16réaliser ce rêve.
01:17:17En tout cas,
01:17:17qu'il y en ait une majorité.
01:17:18Sous-titrage Société Radio-Canada
01:17:37Sous-titrage Société Radio-Canada
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