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  • il y a 19 heures
Pour ce premier épisode de la saison de Chocs du monde, Edouard Chanot reçoit la spécialiste de la Russie Raphaëlle Auclert, coauteur de l'essai "Poutine, Lord of War".
Il y a quelques heures, dans la nuit du 26 août, Donald Trump estimé que c'est l'Europe qui devait apporter je cite "des garanties de sécurité significatives" à l'Ukraine. Le rôle de Washington sera de soutenir Kiev plutôt que de jouer un rôle prépondérant. La pression est sur les Européens, qui doivent apporter des garanties, mais le peuvent-ils alors qu'ils semblent acculés ? De son côté, pourquoi Vladimir Poutine temporise face à l'idée de Donald Trump d'une rencontre avec Volodymyr Zelensky ? Quelles sont les révélations sur les exigences russes pour mettre fin au conflit ?

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Transcription
00:00Bonjour à tous, je suis ravi de vous retrouver pour cette nouvelle saison de Choc du Monde,
00:26le magazine des crises et de la prospective internationale de TVL.
00:30Il y a quelques heures, dans la nuit du 26 août, Donald Trump a estimé que c'est l'Europe qui devait apporter, je cite,
00:37« des garanties de sécurité significatives à l'Ukraine ».
00:40Le rôle de Washington, selon lui, sera plutôt de soutenir Kiev que de jouer un rôle prépondérant.
00:46La pression est donc sur les Européens qui doivent apporter ces garanties,
00:50mais le peuvent-ils alors qu'ils semblent acculés avec Volodymyr Zelensky ?
00:54De son côté, pourquoi Poutine temporise-t-il face à l'idée de Donald Trump d'une rencontre avec le dirigeant ukrainien ?
01:00Quelles sont les révélations sur les exigences russes pour mettre fin au conflit ?
01:05Pour répondre à toutes ces questions, je reçois Raphaël Auclair, spécialiste de la Russie
01:10et co-auteur avec Pierre De Jong de l'essai « Poutine lors de foire ».
01:13Raphaël Auclair, bonjour.
01:15Bonjour.
01:15Merci beaucoup de votre présence ici.
01:18Raphaël Auclair, question simple, faussement simple.
01:21Pour commencer, 90% des commentateurs, après les rencontres de Trump avec Poutine puis avec Zelensky,
01:28estiment que rien n'est annoncé et se disent déçus par les initiatives du président américain Raphaël Auclair.
01:34Faites-vous partie de ces 90-95% de commentateurs ?
01:38Non, pas du tout. Je pense que le sommet d'Encourage et ensuite les rencontres de Washington ont été essentielles
01:45et ont marqué un véritable tournant, à tel point que je pense que cela marque même un changement de paradigme
01:52à la fois spatial et temporel. Alors spatial parce qu'Encourage se trouve à 9000 kilomètres de l'Europe
02:01et donc on voit vraiment que les présidents américains et russes ont décidé vraiment de faire un glissement
02:08vraiment illustré, spatial, de l'Atlantique au Pacifique, on en parle depuis longtemps,
02:15et également un changement de paradigme temporel parce que selon moi, on a assisté en direct pratiquement
02:24à Encourage à la fin du monde de guerre froide, qui regroupe à la fois la guerre froide elle-même
02:31et ce qu'on appelle le moment unipolaire, c'est-à-dire la période entre 1991 et 2022.
02:36Ça y est, on est passé à quelque chose de complètement différent.
02:39Alors on n'est pas encore dans le nouvel ordre mondial, celui où il y avait Yalta,
02:43et là on va en avoir un nouveau, on n'y est pas encore, mais disons que là on a quitté l'ordre de Yalta,
02:48on est dans une période de transition, de turbulence qui est entre les deux.
02:50On est dans la transition, mais maintenant, ça y est, le monde de Yalta est officiellement fini, selon moi.
02:57Officiellement fini, avec des heures, sans douleur, quand même un petit peu ?
03:01Oui, c'est compliqué évidemment.
03:05Après, on peut remarquer que maintenant il y a une véritable alliance entre Poutine et Trump.
03:12Alors évidemment, chacun a retenu les...
03:14C'est paradoxal parce que tous deux sont des hommes de la guerre froide,
03:18puisque Trump est né en 1946, Poutine six ans plus tard.
03:23Donc ils ont vraiment...
03:24Ils sont nés pendant la guerre froide et ils ont grandi à l'ombre des ogives de la guerre nucléaire,
03:30de la course aux armements.
03:31Donc c'est un monde qui leur est entièrement familier.
03:33Donc on pourrait croire qu'on est encore dans la guerre froide.
03:36Mais, bon, évidemment, on sait que ce sont des personnalités exceptionnelles.
03:41Voilà, ils sont très...
03:42Enfin, tous les deux, on peut les critiquer,
03:43mais ce sont évidemment des personnages très intelligents
03:47et qui ont surtout retenu beaucoup de leçons de ces 80 ans passés
03:52dans lesquelles ils ont vécu, dans lesquelles ils ont agi,
03:55puisque tous les deux étaient vraiment investis,
03:59que ce soit dans le monde des affaires ou dans le monde de la politique.
04:01Ils connaissent parfaitement, disons, le monde du pouvoir de l'intérieur.
04:05Et ils en ont tiré les leçons.
04:08Donc on peut voir qu'ils ont eu une rencontre qui a été, à l'évidence, cordiale.
04:15On voit qu'il y a vraiment un respect mutuel.
04:17Est-ce une alliance objective ou une alliance délibérée ?
04:19Vous avez l'air de dire que c'est une alliance délibérée,
04:21qui sont les meilleurs amis du monde en dépit des déclarations successives.
04:23Alors il ne faut pas non plus exagérer.
04:25Ce ne sont pas non plus les meilleurs amis du monde.
04:26Ils restent quand même tout à fait lucides.
04:28Chacun défend ses intérêts.
04:29Les deux, on le sait, que ce soit Poutine ou Trump,
04:33sont des partisans de, on pourrait dire,
04:35les deux, make America great again or make Russia great again.
04:40Ils ont à peu près le même slogan.
04:41Les deux pourraient mettre presque la même casquette.
04:44Mais ils ont conscience évidemment que ces intérêts
04:48sont bien souvent contradictoires.
04:52Mais aussi, certaines fois, qu'ils peuvent se rencontrer.
04:55Et d'ailleurs, il y a trois jours,
04:57Poutine, lorsqu'il a été présent,
05:01il a fait un discours pour les 80 ans de l'énergie atomique.
05:06Il faisait un discours devant les jeunes chercheurs.
05:09Il a dit, nous voyons au sujet de ces relations avec les États-Unis,
05:12nous voyons désormais la lumière au bout du tunnel.
05:16Et je pense que, la citation, c'est,
05:19je pense que ces premiers pas qui ont été effectués à Anchorage
05:24sont les premiers vers un retour de la normalisation
05:28des relations avec les États-Unis.
05:31Donc, on se retrouve avec une situation assez paradoxale.
05:34C'est-à-dire que, disons, les têtes de pont des deux blocs anciens,
05:39à chaque fois, donc Occident et Est, russes,
05:44finalement, se sont tendus la main parce qu'ils ont beaucoup d'intérêts en commun.
05:48Ils l'ont bien compris, on pourra y revenir.
05:51Mais, et donc, on voit, donc, les décideurs européens
05:55qui se retrouvent un petit peu à la traîne des États-Unis.
05:59Géographiquement, comme vous l'avez dit.
06:01Géographiquement et politiquement.
06:03Et qui se retrouvent, en fait, plus atlantistes que les États-Unis
06:07qui ont fait la part de leurs intérêts,
06:10qui ont fait preuve de discernement
06:11et qui voient tout l'intérêt qu'ils peuvent avoir
06:13à collaborer avec les Russes.
06:15Alors, nous allons revenir sur les intérêts que vous évoquez
06:18pour cette alliance objective ou délibérée,
06:21nouvelle alliance renouvelée entre Washington et Moscou.
06:24Mais avant cela, il y a une information fondamentale
06:26qui rebondit un peu sur vos propos, sur l'actualité.
06:29C'est celle de Reuters, vendredi dernier,
06:32qui a dévoilé, citant trois proches,
06:34trois sources proches du Kremlin,
06:36les exigences russes en vue d'un accord,
06:38d'un accord sur l'Ukraine.
06:40Alors, je vous propose, Raphaël Leclerc,
06:42un résumé de celle-ci, parce qu'elles en disent long
06:43sur l'état d'esprit de Moscou, du Kremlin.
06:47Écoutons cela.
06:48Au cœur des exigences russes,
06:50le Donbass, dont les forces ukrainiennes,
06:52devraient se retirer complètement.
06:54Bien sûr, selon Moscou,
06:55Kiev doit aussi renoncer à rejoindre l'OTAN
06:58et s'engager à rester neutre.
06:59Et aucun déploiement dans le pays de troupes occidentales,
07:02y compris de forces de maintien de la paix,
07:04n'est acceptable pour la Russie.
07:06Vladimir Poutine demande de surcroît
07:08un engagement juridiquement contraignant de l'OTAN
07:11pour arrêter son expansion vers l'Est.
07:13Des restrictions sur la taille
07:14et les capacités des forces armées ukrainiennes
07:17sont de surcroît sur la table.
07:18Reste que Moscou a admis plusieurs concessions,
07:21d'abord le gel des lignes de front actuelles
07:23à Zaporizhia et Kherson.
07:25La Russie renoncerait donc au contrôle total de ses provinces,
07:28contrairement à ses demandes de juin 2024,
07:31et abandonnerait les portions des régions de Sunni,
07:33Kharkov et Dniepopetrovsk qu'elle occupe actuellement.
07:35Enfin, Moscou est ouvert à un accord trilatéral Russie-Ukraine-Etats-Unis,
07:40reconnu par l'OTAN,
07:41avec des garanties de sécurité des grandes puissances.
07:44Il faut enfin noter le retrait des sanctions occidentales
07:47dans les points subventionnés,
07:49ainsi que l'interdiction de la glorification du nazisme
07:51et le refus de la présence de troupes occidentales
07:53n'écartent pas la fin d'une aide militaire étrangère.
08:00Quelques concessions de la part de Moscou donc,
08:03mais la grande inconnue, c'est évidemment,
08:05nous en avons parlé en introduction,
08:06les garanties de sécurité.
08:08Moscou avait l'air d'en accepter l'idée
08:10à la suite du sommet d'Ankorage, en Alaska,
08:12mais en pratique, l'Europe veut des troupes sur le terrain,
08:15inacceptables, bien sûr, pour Vladimir Poutine.
08:18Et autre point incontournable,
08:19le refus de Zelensky d'abandonner le Donbass.
08:22Il dit, et de facto, bon, difficile de le contredire là-dessus,
08:25les lignes de défense ukrainiennes y sont les plus solides
08:27et donc il ne veut pas reculer.
08:29Qu'en pensez-vous, Raphaël Auclair ?
08:32Peut-on trouver une ligne, une piste de sortie,
08:35malgré ces situations, ces exigences de part et d'autre
08:38qui semblent quand même difficilement réconciliables ?
08:40Oui, tout à fait. Non, on ne pourra pas trouver de porte de sortie.
08:43Je pense que vraiment, le conflit va vraiment se régler sur le terrain.
08:46Tout d'abord, en ce qui concerne les garanties de sécurité,
08:49c'est une sorte de, comment dire, de machin,
08:55pour reprendre une autre expression,
08:57qui a été inventé par Zelensky et les Européens
09:00et qui, à mon sens, vise à retenir les États-Unis en Europe.
09:04Parce qu'on voit bien, Donald Trump l'a signifié à maintes reprises,
09:09qu'ils veulent un désengagement européen.
09:11Et là, c'est une façon, une certaine manière,
09:14pas de contrainte parce qu'ils n'ont pas la possibilité,
09:16mais disons d'exiger, de demander,
09:19de supplier aux États-Unis
09:22de rester en Europe en garantie,
09:24en étant les garants de la sécurité de l'Ukraine.
09:30Alors, pourquoi c'est absurde ?
09:31Et c'est complètement incohérent, en fait, ces garanties de sécurité.
09:33Parce que, d'une part, ce genre de garanties
09:36ne peuvent être formulées qu'après un accord de paix.
09:39D'ailleurs, c'est ce que disent les Européens.
09:40Après un accord de paix.
09:41Mais c'est, justement, on ne peut pas les définir
09:44tant que l'accord de paix lui-même n'a pas été conclu.
09:49Donc, c'est mettre un peu la chariure avant les bœufs
09:51et ça n'a pas de sens.
09:52C'est-à-dire, pour vous, Raphaël Leclerc,
09:53il faudrait définir ces garanties de sécurité
09:55à partir du moment où l'Ukraine aurait admis
09:59la cession de certains territoires, etc.
10:01C'est-à-dire, en fonction de l'accord de paix
10:03qui est conclu, d'une part,
10:05et qui reflète le rapport de force sur le terrain.
10:08D'autre part, c'est vrai que les garanties de sécurité aussi,
10:13si vous voulez, ça pose un problème
10:16parce qu'elles sous-entendent que,
10:19quand on parle de force de maintien de la paix,
10:22qu'il peut y avoir un retour du conflit.
10:24Et ça va complètement à l'encontre de la vision russe
10:28qui entend, elle, que justement,
10:30on va conclure un accord de paix définitif.
10:33Et normalement, les accords de paix le sont.
10:35Alors, c'est vrai qu'on peut penser à l'exemple
10:37de la Première Guerre mondiale,
10:38le traité de Versailles,
10:40dont les failles ont donné lieu à la Deuxième Guerre mondiale.
10:44Mais quand même, dans l'histoire,
10:45la plupart des accords de paix,
10:47quand on prend, voilà,
10:48même avant le XIXe siècle, etc.,
10:52même les guerres qui étaient plus proches de nous.
10:53Mais si on prend, par exemple, le congrès de Vienne,
10:55ça a quand même stabilisé la sécurité de l'Europe durablement.
11:00Et donc, c'est ça que veulent les Russes.
11:02Emmanuel Macron parle de force de réassurance.
11:05J'imagine que vous ne partagez pas tout à fait le qualificatif.
11:07Pour vous, cette présence de troupes conduirait,
11:11menacerait la situation,
11:14pourrait provoquer une nouvelle escalade ?
11:16Oui, tout à fait.
11:16Parce que les Russes,
11:17ils sont totalement hostiles, de toute façon.
11:19Ils veulent parce qu'ils savent très bien
11:21que si cette force de réassurance
11:23est autorisée juridiquement à être présente,
11:24ce sera, en fait, le début du réarmement de l'Ukraine.
11:27Donc, ils voient bien, eux, leur but.
11:29En fait, les Russes n'ont pas du tout varié
11:31depuis, on peut dire, 1991,
11:33depuis la déclaration d'indépendance de l'Ukraine.
11:36Et les Russes le mettent souvent,
11:38il faut le dire, à juste titre,
11:39en avant ce point.
11:42C'est-à-dire que l'Ukraine a obtenu son indépendance
11:45en inscrivant dans sa constitution
11:47qu'elle demeurerait un État neutre
11:49et dénucléarisée,
11:51enfin, voilà,
11:52ou qui ne menace pas la paix,
11:55la sécurité, ni la paix russe.
11:58Voilà.
11:59Donc, revenir sur cela,
12:01se relancer dans une course aux armements,
12:03ça va à l'encontre des intérêts russes.
12:05Et, bon, il faut quand même un petit peu
12:07avoir à nouveau les pieds sur terre
12:09parce qu'on ne peut pas vouloir parvenir
12:13à un accord de paix
12:14avec quelques pays que ce soit,
12:16et là, c'est la Russie,
12:17en niant complètement
12:19les intérêts de sécurité de ce pays.
12:21Donc là, en ce qui concerne la force de rassurance
12:23ou de maintien de la paix,
12:25ça va complètement à l'encontre
12:26des demandes russes.
12:27Donc, au bout d'un moment,
12:28il faut en tenir compte
12:28si on veut conclure la paix
12:32et ne pas s'inscrire
12:33dans un conflit
12:35qui n'en finit pas.
12:37Sans doute à l'encontre
12:38des demandes des peuples européens
12:40qui sont aussi concernés dans l'affaire.
12:42Poutine a été invité par Donald Trump
12:44par rencontrer Zelensky, bien sûr,
12:45le 24 août.
12:47Sergei Lavrov précisait à MSNBC
12:49la position russe.
12:50Le président russe
12:52se dit prêt à rencontrer
12:53le dirigeant ukrainien,
12:54mais il ne veut pas d'une rencontre
12:55pour rien.
12:57Est-ce bien cela ?
12:57Oui, tout à fait.
12:59Pourquoi pour rien ?
13:00Ce n'est pas rien
13:01de rencontrer son ennemi ?
13:02Si, ça ne sert à rien
13:03parce que si c'est pour se rencontrer
13:04et que rien n'est conclu,
13:05ça ne servira à rien.
13:06Et c'est bien ce qui s'annonce
13:08puisque Zelensky a décrété
13:11a priori qu'il refusait
13:12la cession de tout territoire.
13:15D'autre part, le 21 août,
13:17il a exclu catégoriquement
13:19de reconnaître tout statut
13:21à la langue russe,
13:22alors que c'était normalement
13:23dans la constitution de l'Ukraine.
13:26mais justement,
13:27la personne qui est commissaire
13:28pour la défense des langues officielles
13:30a proposé la suppression
13:31de tout statut à la langue russe,
13:33alors que quand même,
13:34il faut le dire,
13:3483% de la population ukrainienne
13:36parle russe couramment tous les jours.
13:39Donc, c'est quand même
13:39un peu surprenant.
13:40Et également, il y a la question
13:43très importante de l'Église orthodoxe
13:45qui ne se voit,
13:46l'Église orthodoxe,
13:47donc,
13:48qui était du patriarcat
13:49de Moscou à l'origine,
13:50qui se voit objectivement persécutée,
13:53qui est un élément très important
13:55du monde russe
13:56et de beaucoup d'Ukrainiens.
13:58Donc, il y a eu notamment
14:01toutes sortes de...
14:04Le personnel,
14:06le clergé de la Laure de Kiev
14:09a été persécuté.
14:11Ils ont été malmenés,
14:13voilà, molestés.
14:14On leur a interdit l'accès
14:15à leur propre lieu de culte.
14:17Donc, effectivement,
14:18ce ne sont pas des conditions
14:20qui peuvent agréer à Poutine.
14:22Donc, déjà,
14:24Zélensky n'est prêt
14:26à faire aucune concession
14:27sur rien.
14:28Donc, ça pose déjà un problème
14:29pour démarrer des négociations.
14:31Et deuxième point
14:32très important,
14:34c'est que,
14:34n'oublions pas que Zélensky
14:35n'est plus légitime,
14:36que depuis mai 2024,
14:39son mandat est échu.
14:40Alors, les Russes,
14:41pour le...
14:42un peu, par ironie,
14:44l'appellent le président périmé.
14:46Alors, vous soulignez l'ironie
14:48de la rhétorique, disons,
14:49de Moscovite.
14:51Mais, bon,
14:52cela a été précisé,
14:53il n'y a pas que cela.
14:54Il n'y a pas que, justement,
14:55cette attaque vis-à-vis
14:57de la personne âme
14:58de Zélensky.
14:59Il y a un souci de légitimité,
15:00il y a un souci juridique
15:01qui se pose
15:02sur la pérennité,
15:03sur la valeur
15:04d'une signature.
15:05Poutine a dit,
15:06je peux le rencontrer,
15:07mais ce ne doit pas être lui
15:08qui signe.
15:09Voilà,
15:09qui signe les accords
15:10puisqu'il n'est pas légitime.
15:12Il dit,
15:13Poutine disait,
15:13encore avec les membres
15:14du Parlement,
15:16parce qu'apparemment,
15:17selon la législation ukrainienne,
15:20lorsque le mandat
15:22du président
15:23est atteint,
15:25il n'est plus légitime.
15:26En revanche,
15:26le Parlement ukrainien,
15:28les membres restent légitimes.
15:29Donc, il dit encore
15:29avec le Parlement,
15:30on pourrait signer quelque chose,
15:31mais non pas avec un président légitime
15:32et on peut le comprendre.
15:35Alors,
15:36qu'est-ce que,
15:36justement,
15:37quelle serait la valeur potentielle
15:38d'un accord
15:39si c'est Zélensky
15:40qui serait le signataire ?
15:42Aucune.
15:44Bon, aucune.
15:44En tout cas,
15:45les exigences russes
15:46sont suffisantes
15:48pour convaincre,
15:49a priori,
15:49Donald Trump
15:50de la bonne volonté
15:51de Moscou.
15:52Et en même temps,
15:53il l'a affirmé hier,
15:54l'Amérique ne paie plus
15:56pour armer l'Ukraine,
15:57après avoir payé,
15:58rappelons-le,
15:58quand même,
15:58350 milliards de dollars
16:00sous l'air Biden.
16:01Trump est-il aussi,
16:02quand même,
16:03gagnant de la situation actuelle,
16:04selon vous ?
16:04Absolument.
16:06Et d'ailleurs,
16:06le Financial Times
16:07a révélé
16:08que,
16:10lors de leur voyage
16:11à Washington,
16:12les Européens
16:13et Zélensky
16:14s'étaient engagés
16:15à acheter
16:16pour 100 milliards
16:17de dollars
16:18d'armement américain
16:19pour Kiev
16:21et payés par les Européens.
16:23Voilà.
16:23Alors, bon,
16:24ça peut paraître
16:24un peu déraisonnable.
16:25On ne s'est même pas,
16:26vu les finances actuelles
16:27de l'Europe,
16:28on se dit que c'est
16:29un petit peu
16:30surréaliste.
16:31Mais bon,
16:32malgré tout,
16:33ces engagements sont pris.
16:34Donc,
16:34on peut imaginer
16:35qu'au moins
16:35une partie
16:36sera tenue.
16:38Alors,
16:39je voudrais reparler
16:39du terrain,
16:40du front,
16:41concrètement,
16:41Raphaël Euclair.
16:42Il n'y a toujours pas
16:43d'écroulement du front,
16:44mais chaque semaine,
16:45on entend des percées
16:46de quelques kilomètres
16:47de la part des forces russes.
16:49Concrètement,
16:49les forces ukrainiennes
16:50sont mises à mal.
16:52Donc,
16:53Kupiansk,
16:53dernièrement,
16:55qui se trouve au nord
16:56du Donbass,
16:57dans la région de Kharkov.
17:00La situation
17:00semble très difficile
17:01pour les forces ukrainiennes.
17:02Des hackers russes
17:03la semaine passée,
17:04ont revendiqué avoir
17:05divulgué des dossiers
17:06des pertes ukrainiennes,
17:07élevant les pertes ukrainiennes.
17:09Donc,
17:09un 1,7 million de morts
17:11est disparu depuis 2022.
17:12Le chiffre semble
17:12colossal,
17:13vraiment très important,
17:14600 000 depuis le début
17:15de l'année.
17:16Comment jugez-vous,
17:17Raphaël Euclair,
17:18ce chiffre ?
17:19Est-il précis
17:20ou un petit peu
17:21à côté
17:22de la blague,
17:23disons ?
17:24Vous savez,
17:25pendant la guerre,
17:26les chiffres
17:27font l'objet
17:27de la propagande.
17:28On a toujours tendance,
17:29évidemment,
17:30ça fait partie
17:30de la propagande de guerre,
17:32à augmenter
17:32les chiffres
17:33des pertes ennemies
17:34et à minimiser
17:35les nôtres.
17:36Donc,
17:36ça,
17:36c'est un grand classique.
17:38En ce qui concerne
17:38ces 1,7 million,
17:39ça me paraît peut-être
17:40un peu exagéré,
17:42pour les raisons
17:42que je viens de dire.
17:43Mais ce qui est certain,
17:44c'est que les pertes
17:45sont colossales.
17:45c'est une vraie boucherie,
17:49il faut le dire.
17:50C'est un petit peu
17:50comme la Première Guerre mondiale
17:51pour nous.
17:53Et franchement,
17:54quand je vois,
17:55par exemple,
17:55des experts militaires
17:56en France
17:57se réjouir
17:57qu'avec le flamant rose,
18:00on va ravager
18:00des provinces russes...
18:02Vous parlez
18:02du nouveau missile ukrainien.
18:03Oui, voilà,
18:04tout à fait.
18:05Vraiment,
18:06je me demande
18:06dans quelle dimension
18:09ils sont.
18:09Parce que quand on voit
18:10des pertes aussi immenses
18:12côté ukrainien,
18:13on se dit
18:14qu'il faudrait peut-être
18:14arrêter les frais.
18:15Et d'arrêter
18:16d'être généreux
18:16avec l'avis des autres.
18:18Vous avez évoqué,
18:19Raphaël Leclerc,
18:20les intérêts
18:20pour les USA
18:21dans la situation
18:22à la suite,
18:23évidemment,
18:23du sommet
18:24ou lors du sommet
18:25d'Ankorej
18:25et puis ensuite
18:26avec le sommet
18:27à Washington
18:28avec les dirigeants
18:29européens.
18:31Bon,
18:31il y a évidemment
18:31la situation pacifiée
18:33avec la Russie.
18:34Mais qu'entendez-vous
18:35exactement par là,
18:36par ces intérêts américains
18:37vis-à-vis de Moscou ?
18:39Eh bien,
18:41alors que les Européens
18:43courent un petit peu
18:43après
18:44disons
18:47l'ombre
18:48de ce qui soupçonne
18:49être les accords
18:50russo-américains
18:51dont on ne sait rien
18:53en fait.
18:53Mais tout le monde pense
18:54qu'il ne s'agit que
18:55d'annonces
18:55qui concernent
18:56le front ukrainien.
18:57Moi,
18:57je pense que
18:58l'essentiel
19:00de ces accords
19:00donc d'Ankorej
19:02concernait
19:03l'après-guerre
19:05en fait.
19:06Ce qu'on fait
19:06d'ailleurs,
19:07c'est ce qu'a fait
19:08au moment
19:09de la Deuxième Guerre mondiale
19:10un économiste allemand
19:13qui s'appelait
19:14Ludwig Hérard
19:15qui ne faisait pas partie
19:17du parti nazi,
19:19qui n'a jamais adhéré
19:19et qui était
19:20un économiste brillant
19:21et qui est ensuite
19:22devenu le ministre
19:23de l'économie allemande
19:24après la guerre
19:25et ensuite
19:25chancelier allemand
19:26après Adenauer.
19:27Et donc,
19:28ce monsieur,
19:30déjà,
19:30dès 1943,
19:32il avait très bien compris
19:33que la bataille
19:34était perdue,
19:35que le Reich
19:37avait perdue
19:38et donc,
19:39il se mettait déjà
19:40à préparer
19:41l'économie
19:41d'après-guerre
19:42et il me semble,
19:43alors je ne fais pas
19:43de comparaison
19:44qui est qui
19:44mais ce que je veux dire
19:46c'est qu'il y a
19:46ce même souci
19:47chez les deux dirigeants
19:48la même lucidité
19:50de savoir
19:51que le sort
19:52en est jeté
19:53d'une certaine manière
19:53et de préparer
19:54l'après-guerre.
19:56Alors,
19:56concernant votre question
19:57en particulier,
19:57effectivement,
19:58les États-Unis
19:59et la Russie
19:59ont énormément
20:00d'intérêts en commun
20:02donc comme j'ai dit,
20:03Poutine met un point
20:04d'honneur
20:04à faire une normalisation
20:07des relations,
20:09à augmenter
20:09les échanges,
20:10à essayer
20:10que ce soit
20:12au niveau énergétique,
20:13etc.
20:14Alors,
20:15il y a aussi
20:15un sujet très important
20:16qui sont
20:17les accords d'armement,
20:19les accords de sécurité
20:20qui sont valables,
20:22on le rappelle,
20:22jusqu'en février 2026
20:23donc il faudrait quand même
20:24s'en préoccuper
20:25parce que sinon,
20:26on va se retrouver
20:26très bientôt
20:27avec plus aucun accord
20:28pour limiter les armements
20:29donc ça,
20:29c'est un sujet essentiel
20:30et c'est certain
20:31qu'ils en ont parlé.
20:32Après,
20:32il y a d'autres sujets
20:33qui sont davantage
20:33des sujets de friction
20:35à mon avis
20:35qui concernent évidemment
20:37la relation avec la Chine
20:38et d'ailleurs,
20:39Poutine est en voyage
20:42du 31 août
20:42au 3 septembre
20:43en Chine
20:44donc on voit
20:45qu'il joue
20:45sur les deux tableaux
20:46à la fois
20:47tableau américain
20:48tableau chinois
20:49il est déjà
20:50absolument
20:51nous on ne se concentre
20:53que sur notre petite
20:54lorgnette
20:56le front ukrainien
20:57les Etats-Unis
20:58mais Poutine voit
20:59bien sûr
20:59beaucoup plus large
21:00et considère également
21:02les relations
21:03avec la Chine
21:03et également
21:04un sujet
21:05dont personne ne parle
21:06et à mon avis
21:07qui est fondamental
21:08qui est le sud Caucase
21:09il faut savoir
21:10qu'une semaine
21:11l'Arménie et l'Azerbaïdjan
21:12oui
21:12initialement
21:14il y avait la Russie
21:14entre les deux
21:15voilà
21:15à l'origine
21:16c'était la zone
21:17d'influence russe
21:18et une semaine
21:19précisément
21:20avant l'accord
21:21avant le sommet
21:23d'Encourage
21:24vous savez
21:25que les deux dirigeants
21:27donc arméniens
21:28et Azeri
21:29se sont rencontrés
21:30à Washington
21:31au patronage
21:33de Donald Trump
21:33pour signer un accord
21:34et alors ça
21:35je peux vous dire
21:36que c'est une sacrée
21:38épine dans le pied
21:38pour ne pas dire
21:39un casus belli
21:40à Poutine
21:40qui considérait
21:41le sud Caucase
21:42comme sa zone d'influence
21:43c'est un petit peu
21:44comme si
21:44tout d'un coup
21:46et donc
21:47je rappelle
21:48donc
21:48dans cet accord
21:49comprend la construction
21:50d'un corridor de transport
21:52qui s'appelle
21:52le corridor de Zanzigour
21:53et c'est un petit peu
21:55l'initiative pour la paix
21:57et la prospérité Trump
21:58oui bien sûr
21:58TRIP
21:58ou BRIDGE
22:00si c'est aussi un acronyme
22:02de développement
22:04etc
22:04qui veut dire pont
22:06mais en même temps
22:07qui est un acronyme
22:07de toutes sortes de choses
22:08merveilleuses
22:09et c'est un petit peu comparable
22:10à si tout d'un coup
22:11la Russie se prenait
22:12de construire une autoroute
22:13au Mexique
22:14je ne pense pas
22:14que les Etats-Unis
22:17le verraient d'un bon oeil
22:18et bien c'est exactement
22:19la même chose
22:19qui se passe
22:20avec le corridor de Zanzigour
22:21c'est vraiment
22:22dans la zone
22:23de prédilection russe
22:25c'est aux portes
22:27de l'Iran
22:27qui est allié russe
22:28donc ça met vraiment
22:30une grosse pagaille
22:32dans cette zone
22:34et j'ai quasiment
22:36la certitude
22:37qu'il y a eu
22:38des marchandages
22:40en fait
22:41d'allègement
22:42du front ukrainien
22:43donc au bénéfice des Russes
22:45parce que évidemment
22:46c'était un fardeau
22:47pour les Russes
22:47de toujours alimenter
22:48mais en revanche
22:49de concéder
22:50une présence américaine
22:52dans un endroit
22:53où ça les embête vraiment
22:54j'en suis certaine
22:55alors qu'est-ce que cela dit
22:57du monde multipolaire
22:58que vous avez esquissé
22:59déjà il y a quelques instants
23:01sur le fait
23:02que les grandes puissances
23:02vont se partager les zones
23:03pour vous c'est cela
23:04qui est en jeu actuellement
23:05oui tout à fait
23:06et précisément
23:07dans le Caucase Sud
23:08alors si on reprend
23:09les théories géopolitiques
23:10de Spikeman
23:11avec le Rimland
23:14cette zone
23:15le Caucase Sud
23:16est vraiment
23:17le verrou
23:18de toute
23:19l'Eurasie
23:20de tout
23:20le
23:22le
23:22le
23:22le
23:23le
23:23le
23:24le
23:24le
23:24le
23:25le
23:26le
23:26le
23:26le
23:26le
23:26le
23:26continental
23:27et donc
23:28parce que
23:28évidemment c'est
23:29sur la route de la soie
23:31c'est
23:31je l'ai dit
23:33au nord de l'Iran
23:34ce sont des
23:36des corridors énergétiques
23:38absolument
23:38faramineux
23:39jusqu'à la Caspienne
23:41et l'Asie centrale
23:41jusqu'à l'Océan Indien
23:42si on part de
23:43pardon de Saint-Pétersbourg
23:44bien sûr
23:45donc voilà
23:46ce sont des enjeux considérables
23:48je ne comprends pas
23:48que personne n'en parle
23:49parce que
23:50à mon avis
23:51c'est ça
23:51c'est ça demain
23:52en fait
23:52c'était ça le sujet
23:53en fait
23:54d'Ankorej
23:55clairement
23:55donc voilà
23:57on peut dire que
23:58d'une certaine manière
23:58le front ukrainien
23:59c'est de l'histoire ancienne
24:00c'est voilà
24:01c'est une situation
24:02qui à l'évidence
24:03est réglée
24:06sur le terrain
24:07on sait très bien
24:07que l'Ukraine
24:08ne va jamais vaincre
24:09alors on peut décider
24:10de sacrifier
24:11davantage d'hommes
24:13des deux côtés
24:13ou de trouver
24:14un compromis
24:15au plus vite
24:15pour économiser
24:16des vies
24:17ce qu'on peut évidemment
24:18espérer
24:18mais d'une certaine manière
24:20voilà
24:21l'affaire est réglée
24:22il faut juste
24:23disons
24:24régler les modalités
24:25en revanche
24:26voilà
24:27maintenant
24:28les projecteurs
24:29doivent se braquer
24:29sur le coca sud
24:30parce que c'est là
24:31que tout va se jouer
24:32à mon sens
24:32l'affaire est réglée
24:33mais pas dans d'autres régions
24:34et bien ce sera le mot de la fin
24:36Raphaël Auclair
24:36merci beaucoup
24:37d'avoir répondu présente
24:39à l'appel de Choc du Monde
24:40une nouvelle fois
24:40je rappelle que vous êtes
24:42spécialiste du monde russe
24:43ça nous l'avons compris
24:43mais aussi que vous êtes
24:45co-auteur avec Pierre De Jong
24:46de l'essai Poutine
24:47lors de foire
24:47Raphaël Auclair
24:48merci encore
24:49merci à tous
24:50d'avoir suivi ce nouvel épisode
24:51ce premier épisode
24:52du nouvelle saison
24:53de Choc du Monde
24:54le magazine des crises
24:55de la prospective internationale
24:56de TVL
24:57surtout n'oubliez pas
24:58de le partager
24:59de le commenter
25:00de le liker
25:00comme on dit
25:01merci à tous
25:02et à bientôt

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