- il y a 1 semaine
Chaque soir, Julie Hammett vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.
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00:00Je voulais voir votre regard aussi sur cette vidéo virale, cette fake news qui exaspère Emmanuel Macron.
00:06Cette vidéo, elle prétend montrer un coup d'état en France.
00:09Elle a été vue plus de 13 millions de fois uniquement sur Facebook avant d'être supprimée.
00:13Elle circule encore sur X, YouTube et TikTok.
00:16C'est une vidéo, je le précise bien, donc générée par l'intelligence artificielle.
00:21Elle est complètement fausse. On la regarde.
00:23Pour la chute de Macron.
00:25À l'heure actuelle, les informations non officielles évoquent bien un coup d'état en France
00:29dirigé par un colonel dont l'identité n'a pas été révélée et la possible chute du président Emmanuel Macron.
00:34Mais les autorités n'ont publié aucun communiqué clair.
00:37Nous continuerons à vous informer dès que nous aurons...
00:39Et certains ont été dupés au point où Emmanuel Macron a été contraint de réagir.
00:46C'était lors de son déplacement à Marseille.
00:47Il raconte qu'il y a même un président africain qui l'a appelé en lui disant qu'il était inquiet pour la situation de la France.
00:53On écoute à nouveau.
00:54Dimanche, là, on m'envoie, depuis l'étranger, un de mes collègues africains, pour tout vous dire, un message Facebook.
01:08Et il me dit, cher Président, qu'est-ce qui se passe chez vous ? Je suis très inquiet.
01:12On voit un message Facebook, crise agricole, etc.
01:15On voit une journaliste qui est à côté de l'Elysée, etc.
01:18Qui dit, il y a eu un coup d'État en France, un colonel a pris le pouvoir, etc.
01:23Alors nous, ça nous fait marrer.
01:2612 millions de vues.
01:2812 millions de vues.
01:31– Oui, cette fake news qui s'est propagée, qui est devenue absolument virale.
01:35Peut-être dire un mot du contexte, Antoine Oberdoff.
01:37En fait, on apprend que derrière, c'est un jeune Burkinabé de 17 ans
01:40qui dit qu'il n'a aucune motivation politique, que c'était simplement pour se faire des sous,
01:43parce que grâce à ce genre de vidéos, il y a des gens qui l'appellent pour lui demander des formations.
01:47– Oui, tout à fait.
01:48Imani, c'est une espèce de jeune apprenti sorcier au Burkina Faso
01:52qui, effectivement, s'est fait la main sur l'IA générative.
01:54Et il avait publié, avant cette vidéo de coup d'État,
01:57une vidéo tout à fait innocente, où on voyait, comme ça,
01:59des moutons tombés du ciel devant la tour Eiffel.
02:02Enfin, pour vous dire qu'il faisait des contenus tout à fait innocents.
02:05Bon, ben là, il a voulu se payer une sacrée opération de pub.
02:08Ce qui s'est passé avec ce contenu et ce qui explique qu'il soit devenu aussi viral,
02:12c'est qu'il a été repris par tout un tas de comptes ailleurs en Afrique.
02:16Certains disent des comptes peut-être aussi poussés par des puissances étrangères.
02:20– La Russie ?
02:21– La Russie, évidemment.
02:22Et qui explique qu'il était aussi viral et qu'Emmanuel Macron ait reçu ce coup de fil
02:27d'un homologue africain inquiet de son sort.
02:30– La Russie qui fait remonter, grâce aux algorithmes, ce genre de vidéos.
02:37Qu'est-ce qu'on fait face à ça, Mathieu Vallès ? C'est inquiétant ?
02:41– D'abord, en France, on a l'OFAC, on a l'Office anti-cybercriminalité
02:46qui enquête sur les ingérences, je parle électroniquement étrangères,
02:50comme sur l'introduction dans le système de données immédiataires
02:53qu'on a vécu récent avec une interpellation qui a été faite aujourd'hui.
02:56C'est d'abord préciser l'intelligence artificielle, madame.
02:58Moi, je vois toujours le côté positif plutôt que négatif.
03:00Il faut évidemment protéger, alors là, c'est M. Zuckerberg, c'est la plateforme Meta,
03:04que normalement, c'est un groupe qui est sérieux, mais qui, sur la modération…
03:06– C'est Facebook qui n'a pas souhaité supprimer la vidéo,
03:10contacté directement par le président de la République, voici la réponse.
03:12– Je demande à mon équipe, quand même, ce truc-là, ce n'est pas possible,
03:17en plus dans cette période, demander tout de suite à la plateforme de le retirer.
03:22La plateforme Faro s'appelle Facebook.
03:25Elle dit, il faut retirer ce truc, regardez, de manière évidente, ça crée le chaos.
03:28Réponse de Facebook, ça ne contrevient pas à nos règles d'utilisation.
03:35Refus de retrait.
03:36Ces gens-là se moquent de nous.
03:38Ils se foutent de la sérénité des débats publics.
03:41Ils se moquent de la souveraineté des démocraties.
03:45– Dylan Slama, c'est quand même dingue, le président de la République,
03:48qui demande à ce que cette vidéo, qui crée quand même un peu de chaos,
03:50puisqu'il y a quand même un président africain qui appelle pour savoir
03:53ce qu'il en est en France, et que Facebook…
03:55– Je parlais, il y a un instant, du retrait du devant de la scène de la France.
03:59En vrai, c'est même le retrait du devant de la scène du politique,
04:02du politique en général, qui ne pèse plus grand-chose face à certaines puissances financières.
04:06Mais paradoxalement, cette vidéo, bien sûr qu'elle est exaspérante,
04:09mais elle est tellement grossière qu'en vérité, elle est beaucoup moins dangereuse,
04:13qu'à mon avis, que beaucoup de vidéos générées par l'intelligence artificielle,
04:16qui sont beaucoup moins vues, beaucoup moins scandaleuses, entre guillemets,
04:18– Plus insidieuses.
04:20– Plus insidieuses, qui du coup ne sont pas reprises comme ça
04:23et ne sont pas démenties de cette manière-là,
04:24mais qui par contre vont instiller des idées extrêmement fausses,
04:27vont tenter d'escroquer beaucoup de personnes,
04:29notamment sur Facebook, ce qu'on appelle généralement les boomers,
04:31des personnes un peu âgées, vous voyez, des enfants qui ont l'air malades,
04:34venez, sauvez-les avec des photos totalement artificielles,
04:37des dizaines, des milliers de personnes qui se font avoir,
04:39dans le moins pire des cas, qui donnent un peu d'argent,
04:41mais dans le pire des cas, qui peuvent se retrouver…
04:42– On en a beaucoup parlé, Bruno.
04:44– Là, le problème, c'est que là, c'est même pas une question de modération ou pas,
04:47c'est que là, on ne peut pas faire retirer cette vidéo,
04:51que vous le vouliez ou non.
04:52Là, c'est un vrai problème.
04:52– Ah, mais c'est ce que je disais, c'est le retrait,
04:54c'est-à-dire que le politique n'a plus aucun pouvoir.
04:55– Oui, et non.
04:55– On n'a plus aucun pouvoir, on n'a pas ce pouvoir-là, en tout cas.
04:57– Oui, mais là, c'est le président de la République.
04:59Vous avez déjà essayé, vous, de supprimer une vidéo qui vous concernait ?
05:01– Ah, bien sûr, bien sûr.
05:02– Moi, ça m'est arrivé déjà plusieurs fois.
05:04– Franchement, il faut du temps.
05:05– Je suis d'accord.
05:07– Et donc là, il y a un vrai problème.
05:08– Et vous avez réussi ?
05:09– Oui, j'ai réussi.
05:10– Et comment vous avez fait, alors ?
05:11– C'était très, très, très compliqué.
05:14– Très compliqué.
05:14Non, mais c'est intéressant.
05:15– Oui, bien sûr.
05:16– Il faut mobiliser du monde pour arriver à faire retirer une vidéo.
05:19Donc, que le président de la République n'y arrive pas,
05:21mais là, on est au bout de l'histoire.
05:23On est au bout de l'histoire.
05:24Là, c'est les démocraties qui sont désormais en danger,
05:26qui sont directement attaquées par l'inaction des GAFAM.
05:31Et donc, c'est notre système de vie en commun
05:35qui est attaquée, percutée par ces GAFAM
05:39qui se refusent maintenant la modération
05:43et, j'allais dire, le respect simplement même des règles essentielles.
05:50Diffamation, menace, c'est ça là, ce qui se passe.
05:55– Et le tout dans un contexte d'échéance électorale qui arrive à grand pas.
05:58– Et propagation de fausses nouvelles à grande échelle.
06:01– La symbolique est énorme.
06:03– Et ça concerne tout le monde, tous les élus.
06:05Et la présidence qui arrive, ça ne va être que ça.
06:08– Mais l'humiliation est totale et la symbolique énorme.
06:12C'est vraiment le symptôme de l'impuissance publiquée.
06:15Et je vais, alors ça sera très court que les téléspectateurs ne partent pas,
06:19et sans douleur, je vais vous raconter une petite anecdote
06:22parce que je pense qu'elle n'est pas rentrée à mon niveau.
06:25Ça ne vaut pas cette vidéo.
06:26mais il se trouve que j'ai reçu, comme beaucoup, un certain nombre de menaces,
06:30de morts, de viols aussi.
06:33C'est quand on est une femme, on a ce privilège-là.
06:36Et que j'ai intenté, je suis allée déposer plainte.
06:39Il se trouve donc auprès de plusieurs plateformes, dont Twitter, etc.
06:43Le procureur a demandé la levée de l'anonymat,
06:45puisque les courageux, bien sûr, le font de manière anonyme.
06:49Et ça a été refusé, alors que ça a été motivé par les officiers de police judiciaire.
06:54Ça a été motivé de manière très claire.
06:56Message à l'appui.
06:57Ça a été refusé.
06:58Refusé, on n'a pas insisté plus que ça.
07:00Et bien finalement…
07:01– Donc l'anonymat reste ?
07:02– L'anonymat reste, et aucune poursuite.
07:04Aucune poursuite pour ceux qui menacent de morts et de viols.
07:07C'est-à-dire que les GAFAM, en fait, sont supérieurs,
07:10ou se vivent comme supérieurs aux droits français et à la France,
07:14supérieurs à la cinquième ou sixième puissance mondiale,
07:17et ils ne le cachent même pas.
07:18Ils ne le cachent même pas.
07:20Et c'est l'impuissance publique qui se développe.
07:25– Et on n'a pas les outils, Dylan.
07:26On n'a pas les outils.
07:27La justice n'a pas les outils.
07:28– C'est ce que je disais Bruno aujourd'hui.
07:29Moi, ça m'est arrivé des gens qui viennent de voir en disant
07:31« Je vais faire supprimer », bien sûr qu'on peut y arriver,
07:32mais vous avez raison, c'est long, c'est laborieux,
07:34ça coûte de l'argent, c'est incertain.
07:36Et en face, si vous voulez, même si au bout du compte,
07:38au bout de six mois, on arrive à faire supprimer quelque chose,
07:40il y en a peut-être dix autres vidéos qui sont nées dans l'intervalle.
07:43– Et Dylan, on a tous vu, et on attend d'ailleurs, le délibéré.
07:50Brigitte Macron, le procès.
07:51– Oui, alors il se trouve que moi, je défendais pour le coup
07:53un gain de cause dans cette affaire.
07:55– On a eu quelqu'un qui était…
07:57– J'attends, j'attends, de manière très concernée, le délibéré.
07:59– Il s'est diffamé à tour de bras pendant des…
08:02– Mais voilà, c'est…
08:03– Un dernier mot là-dessus, Antoine.
08:05– Je connais très bien ce dossier, là-dessus,
08:06il n'y a pas eu de souci à la levée d'anonymat.
08:09– Vous êtes avocat dans ce dossier.
08:12Antoine ?
08:13– Et dans la plupart des cas, très inquiétant,
08:14on arrive toujours avec un train de retard.
08:16C'est-à-dire que, exemple très concret de l'incidence
08:18que ça va avoir sur la prochaine présidentielle,
08:21peut-être, et je ne le souhaite pas à la France,
08:22lors des dernières élections présidentielles en Slovaquie,
08:25c'est très réel, et ce n'est pas si loin de chez nous,
08:26vous avez dans la dernière ligne droite de l'élection présidentielle Slovaque,
08:3048 heures avant que les Slovaques ne se rendent aux urnes,
08:33le favori de l'élection, le favori du scrutin,
08:35qui a été incriminé par une deepfake audio,
08:38donc un sonore, propagé sur les réseaux sociaux,
08:40dans lequel on le voyait conversé avec une journaliste Slovaque,
08:44arrangeant des pots de vin, des corruptions,
08:47imitant sa voix, imitant la voix de la journaliste,
08:5048 heures avant le scrutin, en période de réserve électorale.
08:53Mais on ne saura jamais si ce candidat du parti progressiste Slovaque
08:57était favori dans les sondages et qui a perdu,
08:59on ne saura jamais ce qu'aurait été le résultat sans cette manipulation.
09:02Et alors, il y a l'un des spécialistes de la question,
09:05qui s'appelle David Collomb,
09:06il dit la chose suivante sur Twitter aujourd'hui,
09:09au moins 16 sites de médias fictifs francophones d'un réseau,
09:13affilié au Kremlin,
09:15cherchent depuis jeudi dernier à amplifier en ligne le mouvement des agriculteurs,
09:19c'est-à-dire que derrière, ce seraient les Russes qui pousseraient ces fake news,
09:24qui chercheraient à nous déstabiliser, nous, la France,
09:26en l'occurrence en s'appuyant sur le mouvement des agriculteurs actuels.
09:29Ça vous inquiète ces ingérences russes, Mathieu Vallée ?
09:32Comme n'importe quelle agence, madame la Mette...
09:35Oui, mais en l'occurrence, les Russes sont particulièrement...
09:37D'accord, mais sur nos autres maires, par exemple, l'Azerbaïdjan,
09:40on peut citer ce pays-là, qui est aussi offensif,
09:42et qui déstabilise, par exemple, la Nouvelle-Calédonie.
09:45Donc moi, je dis simplement que...
09:46Ou même Mayotte, par exemple, Mayotte aussi,
09:48fait l'objet de déstabilisation d'ingérences étrangères.
09:50Donc moi, je dis simplement qu'il faut combattre
09:53toutes les ingérences étrangères.
09:54Et pardon de dire sur l'intelligence artificielle,
09:56on y voit là, évidemment, des menaces qu'il faut combattre,
09:59parce que l'élection présidentielle, comme toutes les élections,
10:01doivent être sincères et saines.
10:03Mais par contre, vous voyez, par exemple, pour la procédure pénale,
10:06parce qu'on a un avocat et j'ai été policier,
10:07comme M. Jeudy l'a rappelé gentiment,
10:09on pourrait simplifier les procédures,
10:11on pourrait aider les enquêteurs,
10:12on pourrait avoir un logiciel de rédaction de procédures
10:14sur lequel travaille la police nationale
10:15beaucoup plus aidant dans l'enquêteur,
10:17qui ferait beaucoup plus de gestion des victimes
10:19plutôt que de la paperasse.
10:20Moi, j'y vois dans l'intelligence artificielle,
10:21lorsqu'on l'utilise bien, lorsqu'on la met à profit à bon escient,
10:25une aide de main pour débureaucratiser
10:27et remettre des gens sur le terrain,
10:28remettre des gens auprès des victimes,
10:29remettre des enquêteurs au cœur de la recherche des voyous,
10:32plutôt que de devoir utiliser des logiciels vieillissants,
10:34des paperasses qui les assomment
10:35et du coup, perdre le sens de leur métier.
10:37Par exemple, ça peut être une bonne utilisation
10:39de l'intelligence artificielle.
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