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  • 1 week ago
Transcript
00:00Bonjour Audrey. Bonjour Florent. Vous allez revenir sur cette annonce d'hier, ce recul de l'Union Européenne.
00:09C'était attendu, la Commission Européenne fait marche arrière concernant l'interdiction des véhicules thermiques neufs à partir de 2035.
00:16C'était pourtant une mesure phare.
00:17Oui, c'était attendu parce que la droite et l'extrême droite européenne ont fait campagne contre cette interdiction des véhicules thermiques neufs.
00:25Mais c'est un recul environnemental et même économique assez grave, économique et industriel assez grave.
00:32Et je vais vous expliquer pourquoi.
00:34Déjà sur les émissions de gaz à effet de serre européenne, les transports, c'est le premier poste d'émission, vous allez le voir.
00:4235% du total des émissions européennes, assez loin devant l'industrie et le bâtiment.
00:50Et surtout, c'est le seul secteur qui n'a pas réduit ses émissions depuis 1990.
00:56Elles ont continué à augmenter les émissions du transport jusqu'à très récemment.
00:59Il va donc falloir s'attaquer en priorité à ce secteur.
01:02Si on veut atteindre la neutralité carbone de l'Union Européenne en 2050, c'est toujours l'objectif à ce jour.
01:07Et c'est dommage de renoncer sur les transports parce qu'on peut les rendre propres,
01:12alors que d'autres secteurs comme l'agriculture, par exemple, vont toujours avoir une petite part d'émissions qui resteront incompressibles.
01:18Je vais rentrer un peu dans le détail de ce qui a été décidé par la Commission.
01:22Au lieu d'une interdiction totale de vente des voitures thermiques neuves en 2035,
01:26les constructeurs devront réduire de 90% les émissions de CO2 de leur vente par rapport à 2021.
01:33C'est-Ă -dire qu'ils pourront vendre de l'hybride, des voitures fonctionnant au biocarburant, etc.
01:37Et ils devront donc compenser les 10% restants.
01:41Ça reste d'ailleurs assez flou, cette histoire de compensation par ailleurs.
01:45Donc même si l'Union Européenne affirme que le secteur des transports sera bien décarboné à 100% en 2035,
01:51les moyens pour atteindre cet objectif restent beaucoup moins clairs.
01:56Et ça, ça n'est pas une bonne nouvelle pour l'industrie automobile européenne ?
01:59Eh bien non, et c'est ce qui étonne un petit peu.
02:01Les constructeurs ont fait pression en disant qu'ils ne seraient pas prĂŞts pour 2035.
02:06Au lieu de les aider à être prêts, on repousse l'échéance,
02:10ce qui est présenté comme une décision pragmatique, pro-business depuis hier, ne l'est pas en réalité.
02:16Ça remet en cause la crédibilité des décisions européennes,
02:19parce que si on recule lĂ , on va probablement reculer ailleurs.
02:22Et on ne donne pas un cap clair à l'industrie européenne.
02:26On ne flèche pas les investissements vers la transition écologique.
02:31Écoutez Nicolas Meunier du cabinet de conseil en transition écologique Carbone 4.
02:34Ce n'est pas une bonne nouvelle parce que ça induit un flou sur quelle est la trajectoire de technologies qu'il faut suivre.
02:44Et puis ça induit aussi un flou sur la crédibilité des réglementations et de leur planification.
02:48La Chine, par exemple, elle a donné une visibilité très claire sur le véhicule électrique.
02:53Maintenant, ils regardent aussi le véhicule hydrogène, ils regardent aussi le véhicule à prolongation d'autonomie.
02:59Mais ils ont voulu soutenir massivement le véhicule électrique et ils ont développé toute une industrie là-dessus.
03:06Et donc, si demain, on veut pouvoir rattraper le retard technologique et industriel qu'on a actuellement sur la Chine,
03:13il faut donner la même visibilité pour pouvoir sécuriser les investissements et aider tout l'écosystème à bouger.
03:19Quand on dit qu'on est neutre technologiquement, en fait, ça n'incite personne à prendre des risques sur la nouvelle technologie.
03:24Ça incite à se concentrer sur ce qu'on maîtrise déjà, donc en l'occurrence les moteurs à combustion interne,
03:30alors qu'on sait que demain, ce sera une toute petite part des ventes pour les poids légers comme pour les poids lourds.
03:38Bon, on le sait, 2035, c'est demain. Si les industriels ne pouvaient pas être prêts, quelle pouvait être la réaction de la Commission ?
03:44C'est le problème de l'Union européenne. Face à la Chine qui a un seul gouvernement,
03:48le fédéralisme européen est beaucoup plus lourd dans ses décisions.
03:51La Chine, elle a déjà fini de subventionner son marché intérieur de l'automobile électrique,
03:57parce qu'elle estime qu'il est désormais mature.
03:58Elle se concentre sur les exportations et va donc inonder le marché européen,
04:02qui n'est pas prĂŞt Ă  cette concurrence.
04:05Pour beaucoup aujourd'hui, c'est du sabotage qu'a fait l'Union européenne.
04:09La Commission, avec cette décision, elle n'a pas joué son rôle de protection du marché européen.
04:13C'est l'avis de Célia Agostini, directrice de Clean Tech for France, un réseau d'industriels des technologies vertes.
04:21Là où on aurait attendu la Commission, c'était où sont les décisions justement pour faire face à cette concurrence déloyale
04:30et donc avoir enfin une politique commerciale qui soit forte.
04:33Ce qui est extrĂŞmement important et qu'on laisse toujours un petit peu dans l'angle mort,
04:37c'est le soutien à la demande, c'est le soutien aux consommateurs européens
04:40pour acheter justement des véhicules européens électriques
04:44et qu'on n'a pas vocation à subventionner des véhicules chinois
04:48qui sont subventionnés chez eux pour leur production
04:50et ensuite seraient subventionnés en Europe pour leur achat par les consommateurs européens.
04:56Donc il faut vraiment qu'on sorte de cette logique
04:57et qu'on fasse en sorte que chaque aide qui est donnée au niveau européen
05:01serve à faire monter notre filière électrique
05:03et serve ensuite à aider le consommateur à acheter les véhicules européens.
05:09Merci Audrey pour votre chronique.
05:12Merci.
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