Retrouvez le débrief de l'actu du mercredi 17 décembre, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
00:00BFM Business et RMC Live présentent la matinale de l'économie.
00:05Good morning business.
00:08On débrise l'actualité du jour avec Christian Parizeau, économiste et conseiller auprès d'Aurel BGC.
00:13Christian, enfin, enfin nous avons les chiffres de l'emploi américain pour apprendre donc que le chômage est remonté à 4,6% en novembre.
00:20Oui, on a les chiffres américains mais ils sont sûrement faux.
00:23Ah mince !
00:24Non, je blague, mais il y a deux enquêtes.
00:26Il y a une enquête réalisée auprès des entreprises, ça elle est relativement fiable.
00:30Elle nous montre juste un marché du travail dans lequel les entreprises ne licencient pas mais ne recrutent pas.
00:33Donc on est toujours dans la même histoire, un marché du travail gelé, bloqué aux Etats-Unis.
00:38Et puis on a une enquête auprès des ménages qui est beaucoup plus inquiétante puisqu'elle nous montre d'une part que les ménages américains
00:43voient, ils ont maintenant des emplois à temps partiel involontaire, ça veut dire que les entreprises ne les licencient pas mais réduit le temps de travail.
00:53Donc il se passe quand même quelque chose aux Etats-Unis, il y a quand même un ralentissement mais on préfère pas garder les effectifs mais on réduit le temps de travail.
00:58Donc c'est pas un bon signal.
01:00C'est aussi un taux de chômage qui monte énormément pour les personnes les plus fragiles, le taux de chômage des femmes, le taux de chômage des noirs est en train vraiment de remonter, le taux de chômage des jeunes.
01:08Donc ça veut dire que véritablement il se passe quelque chose, contrairement à ce qu'on pouvait croire, la population active continue de monter.
01:13Donc malgré le fait qu'on a une politique migratoire qui s'est durcie, on a quand même cette population active qui monte.
01:20Donc il y a une dégradation, si vous prenez que l'enquête auprès des ménages, vous avez une dégradation très forte du marché du travail.
01:26Sauf que le BLS nous dit derrière, on a eu un taux de réponse seulement de 40% à notre enquête, les chiffres ne sont pas fiables.
01:32Et en plus on a dû faire des ajustements statistiques.
01:34Donc en gros, si vous croyez les chiffres des entreprises, c'est égal, marché figé, rien de dramatique.
01:42Si vous prenez les chiffres auprès des ménages, c'est beaucoup plus compliqué.
01:47Et il y a un vrai risque de dégradation du marché du travail dans les prochains mois si l'économie américaine ne réaccélère pas.
01:52Donc on est pris entre deux feux, mais ils ne sont pas fiables.
01:54Alors qu'est-ce qu'on en pense du coup ?
01:56On en pense que la Banque Centrale Américaine n'est pas dans une position très confortable.
02:01parce que sur ce sont nos principaux objectifs.
02:03Donc c'est pour ça que les marchés attendent demain les chiffres d'inflation pour voir l'autre objectif.
02:07C'est pour ça qu'il n'y a pas eu de réaction de marché très forte ?
02:09Non, parce que ce sont des chiffres qui sont finalement difficiles à interpréter aujourd'hui.
02:14Donc on va attendre les chiffres de décembre, les chiffres de janvier pour peut-être y voir un petit peu plus clair.
02:18Mais c'est vrai qu'on est dans le flou encore sur l'emploi aux Etats-Unis.
02:22De toute façon Christian, c'est baisse de taux ? On s'en fiche non des datas ?
02:25Alors c'est ça un peu parce qu'aujourd'hui, sauf que M. Powell nous dit qu'on est en taux neutre.
02:30Mais ça ne veut rien dire d'être en taux neutre aujourd'hui parce que vous avez une croissance américaine qui est en cas.
02:34Avec des ménages qui vont très bien et le taux neutre aujourd'hui, ce n'est pas un taux neutre.
02:37C'est un taux qui leur permet aujourd'hui largement de bien vivre.
02:41Même l'investissement technologique n'est pas sensible au niveau des taux d'intérêt aujourd'hui.
02:45Et puis vous avez une autre partie des Américains qui souffrent énormément de la conjoncture actuelle.
02:49Et aujourd'hui, la politique monétaire est restrictive pour eux.
02:51Parce qu'aujourd'hui, ils ont des taux sur les crédits à la consommation à 20%.
02:55Ils ont des taux d'intérêt hypothécaires qui sont trop élevés.
02:58Ils ne peuvent pas acheter une nouvelle maison.
02:59Donc ces gens-là, eux, ils sont en politique.
03:01Donc la Banque centrale doit faire aujourd'hui avec une économie qui est comme ça.
03:04Ça, c'est compliqué quand même.
03:05Et c'est très compliqué derrière.
03:05Pour définir un taux d'intérêt.
03:06Et donc parler de taux neutre, ça n'a aucun sens.
03:08Parce qu'un taux neutre, il faudrait que ça soit une économie homogène.
03:10Et là, comme on est dans une économie qui est complètement hétérogène, qui est complètement déséquilibrée,
03:14elle reste en croissance, mais avec beaucoup de risques.
03:17Donc ça veut dire qu'aujourd'hui, surtout pour 2026, on n'a pas beaucoup de visibilité sur la croissance américaine.
03:22D'ailleurs, c'est un peu ce que joue les marchés actuellement.
03:23C'est-à-dire qu'on se dit, l'Europe, il n'y aura pas de très bonnes surprises, mais pas de très mauvaises.
03:27Donc l'Europe, c'est la sécurité, entre guillemets, pas exceptionnelle, mais c'est de la sécurité.
03:31Et les États-Unis, c'est beaucoup de risques sur le scénario économique pour 2026.
03:35Alors, je ne sais pas si l'Europe, c'est la sécurité, mais en tout cas, on revient sur les règles pour l'automobile en 2035.
03:40Il n'y aura plus cette obligation à 100% d'électrique.
03:43On passe à l'objectif 90% de baisse des émissions de CO2.
03:46Est-ce que ça va permettre de remettre un peu de baume au cœur aux constructeurs automobiles ?
03:51Alors, pas totalement, pas totalement.
03:53Mais d'une part, on voit, l'Europe commence à comprendre que c'est une aberration, ce qu'elle avait mis.
03:57Alors, ce n'est pas une aberration dans la volonté de réduire les émissions de CO2.
04:00C'était une aberration de vouloir faire un choix, un choix dans le véhicule électrique
04:04et un choix sans avoir finalement pensé à toute la filière,
04:08sans avoir suffisamment investi dans la filière électrique,
04:11sans avoir suffisamment investi parce que demain, si tout le monde roule en électrique à Paris,
04:15le réseau électrique parisien ne supportera pas.
04:18Donc, on voit qu'il y a plein de lacunes finalement.
04:20Et donc, de dire un matin en 2035, on ne vendra plus de véhicules thermiques, c'était une aberration.
04:26Maintenant, il ne faut pas revenir dessus quand même.
04:28Il ne faut pas revenir tout en arrière.
04:29Mais donc, on est encore sur quelque chose qui est totalement ambigüe.
04:33D'une part, des consommateurs qui n'osent plus acheter une voiture
04:35parce qu'ils ne savent pas quelles sont les voitures qui vont rouler demain.
04:38Ils ne comprennent rien au bonus.
04:39Ils ne comprennent rien.
04:40D'autre part, on va avoir une segmentation du marché européen
04:42selon les efforts qui sont faits selon les marchés.
04:44Peut-être que dans certains marchés, on va aller plus vite vers l'électrique que dans d'autres.
04:47Donc, ça ne va pas aider les constructeurs avec des marchés qui seront très segmentés.
04:51On n'a pas réglé le problème des batteries.
04:52Alors maintenant, on en est à l'Europe qui va subventionner ceux qui construisent des batteries
04:56parce qu'on peut éviter de revenir en arrière.
04:58Mais on est encore sur de la subvention.
05:00Ça prouve qu'on a complètement raté ce passage et cette industrialisation.
05:04Donc, c'est un aveu d'échec.
05:05Il y aurait mieux valu que l'Europe dise
05:06« Je veux que les véhicules émettent de moins en moins de CO2.
05:10Choisissez votre technologie, faites-le. »
05:11Et puis surtout, la grosse lacune dans cette réglementation,
05:14c'est qu'on regarde l'émission de CO2 des véhicules,
05:18mais on ne regarde pas sur leur durée de vie.
05:19Le coût d'émission de CO2 de fabrication du véhicule,
05:23le coût qu'on l'utilise.
05:24Parce qu'on s'aperçoit aujourd'hui que des véhicules thermiques,
05:27bien réglés, bien entretenus,
05:29finalement, sur quelqu'un qui ne roule pas beaucoup,
05:32finalement, c'est mieux qu'un véhicule électrique.
05:34Parce que le véhicule électrique,
05:35vous émettez énormément de CO2 pour le produire,
05:38mais après, il n'en consomme plus.
05:40Mais le coût du véhicule électrique est quand même assez élevé.
05:42Il faut le prendre dans sa totalité.
05:44Donc, franchement, il y a eu une aberration dans la règle,
05:47une aberration dans la mise en place,
05:49et c'est un gros échec pour l'industrie automobile européenne
05:51qui n'a pas su s'adapter en une quinzaine d'années.
05:53Donc, c'est beaucoup, beaucoup d'échecs.
05:56Donc, aujourd'hui, bon, ça c'est le constat,
05:58mais ce qui est clair, c'est que demain,
05:59il faut que l'Europe ait une logique et une stratégie industrielle.
06:02Ce qu'ont les Chinois, les Chinois, ils font un plan quinquennal.
06:05Alors, je ne veux pas défendre le plan,
06:06mais il aurait fallu faire un plan
06:07et en voyant de A à Z toute la chaîne,
06:10parce qu'on ne crée pas une industrie comme ça
06:12sur le véhicule électrique,
06:14en disant seulement, j'interdis demain
06:15qu'on vende des véhicules thermiques.
06:17Il fallait regarder déjà la partie terre rare,
06:20la partie production de batterie,
06:22la partie assemblage,
06:23imposer des règles qu'une partie des véhicules en Europe
06:26soit construite en Europe
06:28pour pouvoir circuler en Europe,
06:29parce qu'on voit, on commence à comprendre,
06:31mais il faut remettre tout à plat.
06:32Mais il n'y a pas eu d'études d'impact ?
06:34Il n'y a pas d'études d'impact,
06:35il n'y a pas d'études de faisabilité,
06:36et surtout, moi je comprends le consommateur européen,
06:38dont on lui dit,
06:39vous achetez un véhicule électrique beaucoup plus cher,
06:41mais on ne sait pas si demain,
06:43il n'y aura pas des progrès technologiques qui feront.
06:45En plus, ce n'est pas sûr
06:46que vous pourriez recharger chez vous
06:47vos véhicules électriques.
06:49Et donc, on arrive à,
06:50finalement, ce qui marche bien,
06:51c'est des véhicules hybrides,
06:53non rechargeables,
06:55qui reviennent à masquer du thermique,
06:57parce qu'on voit que, dans la décision,
06:59les gens préfèrent ça.
06:59Mais aujourd'hui, il faut rassurer le consommateur
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