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Chaque week-end, Emilie Broussouloux vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.

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00:00Bonsoir, soyez les bienvenus sur BFM TV.
00:03C'est l'une des informations de la soirée.
00:05Cet incendie au collège Champollion à Dijon, il a eu lieu la nuit dernière
00:09et a endommagé cet établissement situé dans le quartier prioritaire des Grésilles.
00:15La piste criminelle est jugée très probable.
00:17Le rappel des faits avec Carl Aplon.
00:20Une salle informatique détruite par les flammes.
00:24Les ordinateurs ont fondu à cause de la chaleur.
00:26En tout, une vingtaine de salles de classe de ce collège ont été dévastées par l'incendie
00:31qui s'est déclenché la nuit dernière vers une heure du matin.
00:34D'abord parce qu'il dénombre plusieurs départs de feu,
00:37mais aussi parce que des substances inflammables ont été retrouvées sur les lieux.
00:41Selon nos informations, des images de vidéosurveillance ont aussi permis de constater l'introduction
00:46dans le collège de plusieurs individus que l'on voit également prendre la fuite.
00:50La justice étudie plusieurs hypothèses, mais l'une d'elles est privilégiée.
00:54Cela fait plusieurs mois que police et justice tapent très fort sur les points de deal de ce quartier.
01:04C'est peut-être, peut-être, mais ça reste une hypothèse, une façon pour les narcotrafiquants
01:10de nous dire si vous vous en prenez à notre business, nous on va s'en prendre à vos symboles
01:17et on va mettre le feu à un établissement public, qui plus est un établissement d'éducation.
01:22Le ministre de l'éducation, Edouard Geffray, a annoncé se rendre sur place lundi.
01:26On ne touche pas à une école, à un collège ou à un lycée.
01:30Porter atteinte à un établissement scolaire, c'est vouloir détruire ce qui permet à chacun de se construire.
01:35C'est s'attaquer à l'avenir de nos enfants et au cœur de notre pacte républicain.
01:39Situé dans le quartier d'Egrésie à Dijon,
01:41le collège Champollion avait déjà été victime de tirs de mortier d'artifice cette année.
01:46Désormais, l'établissement devra rester fermé pendant plusieurs mois.
01:51Et on va revenir sur cette information qui a beaucoup choqué avec vous, Thibaut Chevillard.
01:54Bonsoir.
01:55Bonsoir.
01:55Consultant Police Justice BFM TV, Jean-Marie Godard, bonsoir.
01:59Bonsoir.
01:59Merci d'être avec nous, journaliste spécialiste des questions de sécurité
02:03et auteur de l'ouvrage Paroles de flics aux éditions Fayard.
02:06Et Victor Hérault, bonsoir.
02:07Bonsoir, Émilie.
02:08Journaliste politique à Valeurs Actuelles.
02:10Thibaut Chevillard, revenons d'abord sur les faits.
02:13Que sait-on précisément de cette affaire ?
02:15Eh bien, ce qu'on sait, c'est d'abord ce que le préfet de Côte d'Or, Paul Maurier,
02:20a communiqué tout à l'heure lors d'une conférence de presse
02:22qui avait été improvisée devant l'établissement, le collège Champollion.
02:27Lui, fait preuve de beaucoup moins de prudence que le procureur de la République de Dijon.
02:34Lui, il estime qu'il y a un lien entre le narcotrafic qui gangrène ce quartier et cet incendie.
02:40Alors, il en veut pour preuve déjà l'introduction d'un commando.
02:44Il parle d'un commando de quatre personnes qui a fait éruption dans la nuit de vendredi à samedi vers une heure du matin dans cet établissement.
02:52Ce commando a envahi les bâtiments.
02:54Donc, c'était la nuit dernière, la nuit du vendredi à samedi.
02:59Exactement, la nuit dernière.
02:59Tout à fait, voilà.
03:00Vers une heure du matin, quatre hommes qui pénètrent à l'intérieur avec des produits incendiaires.
03:05Une action préparée selon le préfet de Côte d'Or.
03:10Beaucoup, une grande partie des bâtiments ont été incendiés, notamment au rez-de-chaussée.
03:18On a découvert sur place des bouteilles de produits inflammables.
03:22Donc, pour ça, c'est ce qui fait dire finalement au préfet de la Côte d'Or qu'il y a un lien avec le narcotrafic.
03:29D'autant que, comme le disait le procureur de la République, depuis un bon moment,
03:32la police, la justice pilonnent les points de deal du quartier des Grésilles à Dijon.
03:38Et quelque part, on suppose que les dealers, se sentant gênés dans leur business,
03:44ont décidé de s'en prendre à un symbole de la République dans ce quartier.
03:49Donc, c'est une hypothèse parmi d'autres.
03:51Mais en tout cas, c'est celle qui est privilégiée ce soir.
03:53Oui, Jean-Marie Godard, quand vous voyez les éléments qui sont listés,
03:57notamment par Thibaut Cheviard et quand on a ses premiers éléments de l'enquête,
04:01vous aussi, vous vous dites que la piste d'un acte de représailles
04:06à l'action de l'État contre le narcotrafic est très sérieux ?
04:11Alors, c'est l'enquête qui le dira, mais il y a eu des précédents.
04:14Mais vous, qu'est-ce que vous vous dites quand vous voyez ça ?
04:15Vous vous dites que ça ressemble à des représailles après...
04:19Si à chaque fois, vous avez des opérations de police de plus en plus régulières,
04:23vous avez des gens qui s'en prennent à des bâtiments publics pour mettre le feu.
04:26C'est ici qu'il y a eu un précédent avec une médiathèque
04:29qui était déjà liée à une opération de police.
04:32Il y a eu une bibliothèque qui avait été incendiée aussi il y a quelques mois à Grenoble
04:35après une opération de police contre le narcotrafic.
04:40Et là, effectivement, cet incendie-là, il intervient notamment
04:44deux semaines après une opération de police,
04:47notamment dans le quartier des Grésilles,
04:49où il y a eu plusieurs interprétations.
04:50Donc, il est tout à fait possible qu'il y ait un lien en représailles,
04:55puisque vous dérangez notre business,
04:59on va s'en prendre au bâtiment public.
05:02Et quand on le peut, sur des interventions de police,
05:05aux forces de l'ordre, à coup de mortier,
05:07ce qui arrive aussi assez régulièrement quand la police investit un quartier.
05:11– Oui, alors on sait que le ministre de l'Éducation nationale
05:14doit se rendre sur place dès ce lundi.
05:17Victor Hérault, je vous lis ce qu'il a écrit sur les réseaux sociaux.
05:21« On ne touche pas à une école, à un collège ou à un lycée.
05:24Porter atteinte à un établissement scolaire,
05:25c'est vouloir détruire ce qui permet à chacun de se construire.
05:29C'est s'attaquer à l'avenir de nos enfants
05:30et au cœur de notre pacte républicain. »
05:33C'est ça aussi qui est ultra choquant,
05:35c'est qu'on s'en prend aux enfants de la République.
05:36– Ça l'est, mais d'ailleurs c'est l'objectif.
05:38Si l'objectif est d'intimider l'État,
05:41là le monde du narcotrafic s'y prend bien.
05:43Maintenant, je vais prendre le contre-pied.
05:45Quelque part, c'est un bon signe.
05:47Quelque part, je dis bien, là pas dans ce drame précis bien évidemment,
05:50mais je veux dire c'est un bon signe
05:51parce que si le monde du narcotrafic réagit
05:54et commet des actes criminels comme cela,
05:55qui sont assez inédits,
05:57c'est bien que les mesures qui sont prises par le gouvernement
05:59ou les gouvernements, les derniers gouvernements,
06:01soient à minima les inquiètes,
06:03à maxima dérangent leur business.
06:05Là, ce sont des actions claires.
06:07Je prends aussi l'assassinat de Mehdi Kessassi
06:09en compte dans cette discussion.
06:11Il y a un certain nombre de signaux envoyés
06:14par le monde du narcotrafic à l'État
06:15disant « vous allez trop loin »,
06:17ce qui, de notre point de vue à nous,
06:18est une bonne chose justement.
06:19– Oui, mais vous vous dites que c'est une bonne chose,
06:21en revanche, on peut aussi entrer dans un bras de fer très dangereux.
06:24– Ça c'est le risque,
06:25mais le problème, c'est une discussion très compliquée à avoir.
06:28Effectivement, le bras de fer va être dangereux.
06:30Mais vaut-il mieux laisser le champ libre
06:32au monde du narcotrafic qui va s'implanter,
06:34qui va se développer jusqu'à ce qu'il soit absolument impossible
06:37de le faire reculer, quitte à devenir,
06:39parce que c'est la finalité,
06:40si on laisse absolument tout faire,
06:41la possibilité de devenir un narco-État,
06:43avec des narcotrafiquants qui auront des moyens de pression
06:47sur les magistrats, sur les politiques,
06:49sur la police, des moyens de les compromettre,
06:54de les acheter, etc.
06:55Soit on se dirige vers cela,
06:56soit on entre dans le bras de fer.
06:57Alors l'idéal serait été de ne pas laisser s'installer ces narcotrafiquants.
07:01– Oui, mais maintenant qu'on dit ça.
07:02– C'est trop tard, maintenant qu'on en est là,
07:03il faut rentrer dans le bras de fer.
07:04Évidemment, il y aura des dommages.
07:06Celui-ci en est un exemple, évidemment, ô combien triste.
07:09Mais il faut aller dans ce bras de fer-là.
07:11Il y aura des réponses.
07:12Plus il y a de réponses,
07:13plus ça signifie qu'on porte atteinte au business des narcotrafiquants.
07:15– Jean-Marie Godard, ce qui est important, là particulièrement,
07:19c'est qu'on vise un collège.
07:21Pourquoi un collège, si on se met dans la tête des gens qui ont fait ça ?
07:25– Pourquoi un collège ?
07:26Ça aurait pu être une médiathèque ou une bibliothèque,
07:28comme ils l'ont déjà fait, ou un centre des impôts.
07:30En fait, c'est juste parce que, moi, je ne pense pas
07:32qu'il y ait une volonté de s'attaquer à l'éducation nationale.
07:36Par contre, à ce qui représente l'État, la puissance publique.
07:40Donc, on prend le premier bâtiment public qu'on a sous la main.
07:43– Ah, vous pensez que là, c'est le premier bâtiment public sous la main ?
07:46– Ça aurait pu être un centre culturel.
07:48– Et puis, c'est très peu gardé.
07:49C'est aussi ça, j'imagine, aussi la raison.
07:50– Et puis, ce n'est pas énormément sécurisé.
07:53Clairement, la nuit, il n'y a pas de sécurité privée qui protège un collège.
07:59– Est-ce que vous ne vous dites pas que, pour le grand public,
08:01qu'en tout cas, ça peut être plus choquant de voir une école, un collège,
08:04un établissement scolaire ciblé qu'un bâtiment administratif, finalement ?
08:08– Alors, peut-être, mais on rappellera aussi un contexte général.
08:12Là, on met le feu à un collège de nuit à une heure du matin.
08:17– On sait qu'il n'y a pas d'élèves.
08:17– Il n'y a pas d'élèves, mais on est aussi dans un contexte
08:23où on a régulièrement des règlements de compte à l'arme de guerre,
08:26à la K-47, Kalachnikov, en pleine rue.
08:30Donc, ce qui est plus inquiétant, qu'on mette le feu à un collège
08:33ou qu'on se tire dessus en pleine rue à une heure de l'après-midi
08:36avec les risques de balles perdues, je ne sais pas trop.
08:41Toujours est-il qu'il y a un contexte général.
08:43On a une loi narcotrafic importante qui a été votée
08:47et qui est parue au journal officiel au début de l'été.
08:51On a la mise en place d'un parquet de lutte contre la criminalité organisée
08:55au mois de janvier, avec une volonté, en tout cas politique affichée,
08:59de lutter contre le narcotrafic.
09:00Cette loi, elle est quand même calquée sur notre droit terroriste,
09:06qui sort du droit commun, et sur des lois anti-mafia italiennes.
09:10Donc, si on applique réellement ce texte-là et qu'on se décide à le faire,
09:17ça ne va pas se passer dans le calme.
09:18Et en face, il va y avoir de la résistance, c'est clair.
09:20Et on sait aussi qu'Emmanuel Macron va faire un déplacement à Marseille
09:25sur cette question de lutte contre le narcotrafic.
09:27Les narco-mafias ont aussi tout intérêt, il faut se mettre dans leur logique à eux,
09:32ont tout intérêt à mettre la population de leur côté avec un mécanisme,
09:35si je peux oser le comparatif, de la carotte et du bâton.
09:39On sait qu'avec ces actes-là, la population est du côté des narcotraficants ?
09:42Non, là non, mais comment dire, mon raisonnement c'est de dire,
09:46les mafias de tout temps, et surtout en ce moment aujourd'hui en France,
09:49à Marseille par exemple, il y a le volet social, c'est-à-dire qu'ils veulent se substituer à l'État.
09:53Donc, il y a tout un volet social, on va distribuer de l'argent à ceux qui en ont besoin,
09:56des fournitures scolaires, on peut assurer aussi de la protection privée.
10:00Donc, ils remplacent les fonctions de l'État.
10:03Et puis, ça c'est la carotte, et puis il y a le bâton derrière,
10:05c'est si l'État commence à nous attaquer, on va brûler une école,
10:07on va brûler des choses qui sont utiles pour la population,
10:10quitte à, en essayant, j'imagine en tous les cas, en mettant dans leur tête,
10:13de se dire, la population préférerait peut-être, pour un certain cas,
10:16là où la gangrène du narcotrafic s'est vraiment installée,
10:19se ranger du côté des narcotrafiquants en disant,
10:21écoutez, on préfère qu'il n'y ait pas de problème, qu'il n'y ait pas d'incendie,
10:23et en plus, ils nous aident un petit peu, quelques fois par mois,
10:25à nous donner de l'argent en nous protégeant,
10:27alors que là, l'État est en train de, si vous voulez, ramener la guerre dans notre quartier.
10:31Donc, du point de vue du narcotrafiquant, c'est aussi intéressant
10:33d'avoir, de jouer sur ces deux jambes-là, l'aide à la population et la sanction
10:37si l'État vient s'approcher trop près de leurs affaires.
10:39Thibaut Chevillard, on sait qu'il y avait eu des incendies, déjà, dans ce quartier,
10:43ce n'est pas la première fois que ce quartier des Grésilles,
10:47quartier prioritaire, est touché.
10:49Oui, effectivement, il y avait déjà eu, dans le même quartier, au mois de mars,
10:52une médiathèque qui avait été incendiée, un incendie criminel,
10:56effectivement, après une opération de police,
10:58mais, de manière générale, ce n'est pas la première fois récemment que le narcotrafic réagit.
11:04Comme Jean-Marie Godard le rappelait tout à l'heure,
11:06il y avait quand même une montée en puissance de la part du gouvernement
11:09de mesures prises pour lutter contre le trafic de stupéfiants.
11:13Ça a commencé, notamment, sous Gérald Darmanin,
11:17puis Bruno Rotaillot, qui, même s'il était davantage sur les sujets migratoires,
11:22a quand même repris cette pression mise sur les points de deal.
11:26Et puis, aujourd'hui, Laurent Nunez le fait peut-être plus discrètement,
11:29mais il continue de le faire.
11:30Et on l'a vu, il n'y a pas si longtemps,
11:32quand Gérald Darmanin a lancé, aujourd'hui, ministre de la Justice,
11:36quand il a lancé ces prisons de haute sécurité,
11:38justement, destinées à enfermer les narcotrafiquants les plus dangereux du pays,
11:42il y a eu une série d'incendies qui a visé des maisons d'arrêt,
11:47des prisons, des gardiens de prison qui ont été visés.
11:51On s'en rappelle tous.
11:52Et ça, aujourd'hui, on sait que, derrière, c'était des narcotrafiquants
11:56qui redoutaient, finalement, la mise en place de ces prisons de haute sécurité
12:00et qui craignaient de ne plus pouvoir gérer leur business depuis leur cellule.
12:05Donc, on voit qu'effectivement, il y a quand même une prise de conscience
12:09de la part de ces narcotrafiquants qui agissaient jusque-là paisiblement,
12:14mais en tout cas, qui arrivaient à mener leurs affaires
12:17plus ou moins tranquillement dans les quartiers.
12:20Et aujourd'hui, ils se sentent menacés.
12:22Oui, effectivement, ce qui les dérange, finalement,
12:25ce n'est pas tellement qu'il y ait des saisies,
12:26ce n'est pas tellement qu'il y ait des arrestations,
12:28parce que des gamins de 13 ans, après, à vendre du shit,
12:30ils en trouveront toujours.
12:31Mais par contre, qu'on empêche les consommateurs de se rendre
12:34sur les points de deal, ça, ça les gêne beaucoup.
12:37Et c'est pour ça, à mon avis, qu'il y a ce type de réaction aujourd'hui.
12:39Jean-Marie Godard, est-ce que vous pensez que d'autres établissements
12:43autour d'autres bâtiments pourraient être sécurisés
12:45après ces informations que l'on vient de recevoir ?
12:50Oui, mais ça veut dire qu'il faut mettre des moyens.
12:52Ça veut dire, soit vous allez prendre des personnes
12:55qui sont directement dépendantes de la direction du collège,
13:00c'est-à-dire du personnel de droit public,
13:02soit vous allez faire appel à des sociétés de sécurité privée
13:04pour protéger tous ces bâtiments.
13:05Et ça a un coût, parce que vous n'allez pas pouvoir mettre
13:10des policiers pour sécuriser toutes les écoles
13:14de tous les quartiers sensibles de France,
13:17parce qu'ils ne vont faire que ça.
13:19Merci beaucoup d'avoir été avec nous pour évoquer ce sujet.
13:22Dans un instant, on revient pour évoquer la colère
13:25des agriculteurs aux quatre coins de la France.
13:27Vous le verrez, nos reporters sont répartis un peu partout
13:30dans le pays pour vous montrer ces actions
13:34qui ont lieu en ce moment même.
13:36Les agriculteurs disent non à la gestion de la crise
13:38sur la dermatose nodulaire, cette maladie qui touche les bovins.
13:42Vous allez le voir, des blocages de routes,
13:44des feux, des manifestations.
13:45Les agriculteurs ont décidé de ne pas s'arrêter là.
13:48A tout de suite sur BFM TV.
13:49BFM TV.
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