Des agriculteurs manifestent contre la politique d'abattage des troupeaux affectés par la dermatose nodulaire bovine, en particulier dans le Sud-Ouest, là où des foyers de la maladie ont été détectés ces derniers jours. De son côté, le gouvernement défend sa politique, tout en annonçant la vaccination prochaine d'un million de bovins supplémentaires.
00:00Retournons sur le terrain puisque nous sommes avec Antoine Forestier près d'Albi qui est avec un agriculteur qui veut précisément réagir à cette stratégie d'endiguement du gouvernement qu'on vient d'expliquer.
00:13Oui Laurent Balzarin, merci de répondre en direct à nos questions. Vous êtes membre de la coordination rurale ici dans le Tarn. Vous êtes éleveur céréalier mais vous avez eu des vaches par le passé.
00:21Il y a deux ans à peine vous aviez encore un élevage. Toute cette polémique autour de ce qui est en train de se passer, l'abattage massif lorsqu'il y a un cas qui est détecté dans un élevage, qu'est-ce que vous pensez de ça ?
00:33Pour vous c'est quoi la solution ?
00:35Alors la solution, moi je ne l'ai pas précisément mais nous ce qu'on demande à la ministre depuis déjà plus de quatre mois, c'est déjà l'arrêt de l'abattage total.
00:45Ça on insiste là-dessus, la coordination rurale s'est positionnée très tôt sur le sujet en disant que c'était une hérésie d'abattre les troupeaux entiers.
00:54Si on n'abat pas toutes les vaches, qu'est-ce qu'on fait alors pour lutter contre cette maladie lorsqu'on a détecté un cas ?
00:59Donc déjà nous ce qu'on demande c'est la vaccination, que la vaccination soit mise en place mais vite, ça presse, ça urge, ça fait des mois qu'on le claironne et ce n'est toujours pas le cas.
01:09Par contre cette maladie, les vaches qui tombent malades, toutes n'en meurent pas et d'après les vétoterrains on pourrait la soigner.
01:22Alors c'est quand même aberrant d'en arriver à abattre des cheptels entiers alors que c'est pas si grave que ça et c'est surtout pas transmissible à l'homme quoi.
01:30Les humains ne craignent rien, le lait est consommable, la viande est consommable, c'est complètement fou de dépeupler les élevages de la sorte quoi.
01:42Sur la vaccination, dans le département voisin il y a un cas qui a été détecté, ils vont pouvoir faire vacciner, vous vous êtes juste à côté dans le Tarn, pour l'instant c'est difficile de faire vacciner les vaches ici ?
01:50Alors la zone réglementée, nous on n'y est pas rentré dedans encore, d'ailleurs on a fait remonter à notre préfet que c'était inadmissible,
02:00en étant si proche de l'Ariège et de la Haute-Garonne où de nouveaux cas ont été détectés, c'était inadmissible que le Tarn ne soit pas mis en zone de vaccination obligatoire.
02:10Ça fait partie de vos revendications ce soir, c'est pour ça aussi que vous bloquez ici ?
02:13Exactement, exactement, parce que toutes les autorités restent sourdes à nos revendications, donc c'est pour ça qu'on est là et on n'est pas prêts de partir.
02:22Vous allez dormir ici ce soir ?
02:23Exactement, donc voilà, il faut que les autorités nous entendent, il faut que la ministre fasse du rétro-pédalage sur ce qu'elle a dit, il faut qu'elle arrête de faire à la sourde oreille,
02:33il faut qu'elle accepte de s'être trompée et les blocages partout en France cesseront, mais sinon, je ne sais pas où on pourra aller,
02:43mais ça risque de mal se finir, surtout après les images qu'on a vues en Ariège.
02:47Moi j'étais en Ariège et je peux vous dire que c'était la guerre et ça c'est inacceptable de voir autant de moyens de gendarmerie déployés, inacceptable, inacceptable.
02:55Merci beaucoup, merci, le message est passé, avec donc un blocage qui est en train de se mettre en place ici progressivement depuis 16h,
03:04les agriculteurs ont bloqué cette rocade, cette route qui entoure Albi, ils sont en train de s'installer, certains vont donc passer la nuit ici sur cet axe routier, la RN88.
03:13Merci beaucoup Antoine Forestier et vous nous faites signe évidemment, on suit attentivement la situation de votre côté,
03:20à tout à l'heure, une réaction d'un vétérinaire, on a bien besoin d'un vétérinaire évidemment ce soir, docteur Jean-Yves Gauchot,
03:27vétérinaire rural en Dordogne, président de la Fédération des syndicats vétérinaires de France et vice-président de l'Académie vétérinaire de France,
03:35dites donc, ça en fait des casquettes, bonsoir, merci d'être avec nous dans le 20h BFM.
03:41Typiquement, est-ce que c'est vous que ces agriculteurs appellent lorsque l'une de leurs vaches est contaminée ?
03:50Est-ce que vous, vous êtes typiquement mobilisé face à ce genre de crise ?
03:55Alors bonsoir, oui, oui, on est mobilisé, moi pour le moment j'ai la chance, dans mon département en Dordogne,
04:01on n'est pas encore touché, mais mes confrères vont sur le terrain, tout à l'heure le colonel l'a bien dit,
04:05c'est parfois difficile pour eux, on entend et puis on est mal à l'aise, on est mal à l'aise parce qu'on a du mal à expliquer
04:12et pourtant scientifiquement toute la communauté scientifique est en accord avec la politique du gouvernement
04:19parce que derrière c'est de la science si vous voulez, moi je les entends ce qu'ils disent les éleveurs,
04:24il y a un formidable binôme éleveur, ça fait 70 ans qu'on construit la politique sanitaire en France
04:29avec les éleveurs, avec ce qu'on appelle le gouvernement de défense sanitaire, les chambres d'agriculture, etc.
04:33Moi j'entends ce qu'ils disent, le seul truc si vous voulez, on est tous d'accord sur la vaccination,
04:38sauf qu'avec cette maladie, il faut vacciner sur un troupeau ou dans des cheptels indemnes,
04:43or cette maladie vous avez plein plein plein de porteurs sains, donc ça c'est l'énorme difficulté
04:48et aujourd'hui vous le dites, c'est la question que vous me posez, on arrive devant les éleveurs,
04:54là il faut abattre, ce sont nos amis, ce sont nos clients, on est en réelle difficulté,
04:59on sait d'un point de vue sanitaire qu'il faut le faire, on est tous d'accord là-dessus
05:02et vous avez rappelé toutes mes casquettes, j'allais dire politiques, syndicales que j'ai
05:07et au sein de l'académie, il n'y a pas un scientifique en France,
05:10effectivement il y a quelques-uns de mes confrères, certains praticiens qui disent qu'on pourrait faire autrement,
05:15mais on s'est mis autour de la table, on y réfléchit scientifiquement, ce n'est pas possible.
05:19Quand vous arrivez dans un cheptel, que vous pensez qu'il y en a une,
05:22il y a peut-être à peu près 5 à 10 autres vaches qui sont porteuses, saines,
05:26c'est-à-dire qu'elles ont des nodules qu'on ne voit pas.
05:28Si vous vaccinez, c'est comme pour le Covid, si vous vaccinez une population
05:32qui est infectée, ça ne sert à rien.
05:34Donc vous dites que ce serait inefficace, et si on laissait courir ce virus,
05:39quel serait le risque au fond ?
05:40Oui, oui, mais c'est une très très bonne question, merci de l'avoir posée.
05:44Alors dans les pays, si vous voulez, où les vaches sont, les élevages différents,
05:48il y a des cas, la bibliographie le montre bien, en Afrique,
05:52je ne citerai pas les Balkans parce que c'est différent,
05:54les vaches se sont, il y a des vaches locales qui se sont adaptées,
05:57donc on va avoir, les vaches d'Afrique, elles ne font pas 25 litres de lait par jour,
06:01nous on a besoin de nos fromages, etc.
06:03Il ne faut pas confondre le débat politique, on l'a bien vu dans vos intervenants,
06:06les agricoles qui sont nos vétérinaires, il va chez tout le monde,
06:10donc tous les agricoles, on les reçoit et on ne fait pas de débat politique,
06:14on parle du Mercosur, ok.
06:15Mais les vaches pourraient résister, mais pas dans notre modèle,
06:18pas dans notre modèle, parce qu'elles seraient malades.
06:21On a essayé, en fait il faudrait interroger,
06:25il faudrait que ces agriculteurs communiquent plus avec les agriculteurs de Savoie.
06:29En Savoie, ils ont essayé, il y a quelques éleveurs qui ont dit,
06:31non, non, vous n'allez pas abattre chez moi,
06:33donc on a été obligés de les laisser.
06:34Et en fait on s'est vu, il y avait 5 ou 6 vaches, 10, 15 vaches,
06:37elles ont fini par toutes devenir un manque-remarde.
06:40Et là ils rappelaient le veto, il faut que tu me l'euthanasies,
06:42il faut que tu me l'euthanasies, elle ne se relèvera plus jamais.
06:44Donc il faut que les agriculteurs dialoguent plus entre eux,
06:48et peut-être aussi que les agriculteurs essaient de dialoguer davantage
06:51avec les vétérinaires comme vous,
06:53qui essaient d'expliquer tant bien que mal
06:56que malheureusement l'abattage serait la seule solution à ce stade.
07:01Merci beaucoup, merci pour vos explications ce soir
07:04et votre témoignage dans le 20h BFM.
07:07Et merci à vous messieurs,
07:08on va y revenir évidemment à cette mobilisation des agriculteurs
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