Un collège de Dijon a été touché par un incendie dans la nuit du vendredi 12 au samedi 13 décembre. La piste criminelle a été confirmée par le parquet et l'établissement ne pourra pas rouvrir ses portes dès lundi.
00:00Une salle informatique détruite par les flammes.
00:03Les ordinateurs ont fondu à cause de la chaleur.
00:06En tout, une vingtaine de salles de classe de ce collège ont été dévastées par l'incendie
00:11qui s'est déclenché la nuit dernière vers une heure du matin.
00:14D'abord parce qu'il dénombre plusieurs départs de feu,
00:17mais aussi parce que des substances inflammables ont été retrouvées sur les lieux.
00:21Selon nos informations, des images de vidéosurveillance ont aussi permis de constater l'introduction
00:26dans le collège de plusieurs individus que l'on voit également prendre la fuite.
00:30La justice étudie plusieurs hypothèses, mais l'une d'elles est privilégiée.
00:34Cela fait plusieurs mois que police et justice tapent très fort sur les points de deal de ce quartier.
00:44C'est peut-être, peut-être, mais ça reste une hypothèse,
00:47une façon pour les narcotrafiquants de nous dire si vous vous en prenez à notre business,
00:54nous, on va s'en prendre à vos symboles et on va mettre le feu à un établissement public,
01:00qui plus est un établissement d'éducation.
01:02Le ministre de l'Éducation, Edouard Geffray, a annoncé se rendre sur place lundi.
01:06On ne touche pas à une école, à un collège ou à un lycée.
01:09Porter atteinte à un établissement scolaire, c'est vouloir détruire ce qui permet à chacun de se construire.
01:15C'est s'attaquer à l'avenir de nos enfants et au cœur de notre pacte républicain.
01:19Situé dans le quartier d'Egrésy à Dijon, le collège Champollion avait déjà été victime de tirs de mortier d'artifice cette année.
01:26Désormais, l'établissement devra rester fermé pendant plusieurs mois.
01:30Et on va revenir sur cette information qui a beaucoup choqué avec vous, Thibaut Chevillard.
01:34Bonsoir.
01:35Bonsoir.
01:35Consultant police-justice BFM TV, Jean-Marie Godard.
01:38Bonsoir.
01:38Bonsoir.
01:39Merci d'être avec nous, journaliste spécialiste des questions de sécurité,
01:43auteur de l'ouvrage Paroles de flics aux éditions Fayard.
01:46Et Victor Hérault, bonsoir.
01:47Bonsoir, Émilie.
01:47Journaliste politique à Valeurs Actuelles.
01:50Thibaut Chevillard, revenons d'abord sur les faits.
01:52Que sait-on précisément de cette affaire ?
01:55Eh bien, ce qu'on sait, c'est d'abord ce que le préfet de Côte d'Or, Paul Maurier,
01:59a communiqué tout à l'heure lors d'une conférence de presse qui avait été improvisée devant l'établissement,
02:04le collège Champollion.
02:06Lui, fait preuve de beaucoup moins de prudence que le procureur de la République de Dijon.
02:13Lui, il estime qu'il y a un lien entre le narcotrafic qui gangrène ce quartier,
02:17et cet incendie.
02:19Alors, il en veut pour preuve, déjà, l'introduction d'un commando.
02:24Il parle d'un commando de quatre personnes qui a fait éruption de la nuit de vendredi à samedi vers une heure du matin dans cet établissement.
02:30Ce commando a envahi les bâtiments.
02:35Donc, c'était la nuit dernière, la nuit de vendredi à samedi.
02:39Exactement, la nuit dernière, vers une heure du matin, quatre hommes qui pénètrent à l'intérieur avec des produits incendiaires.
02:44Une action préparée, selon le préfet de Côte d'Or.
02:51Beaucoup, une grande partie des bâtiments ont été incendiés, notamment au rez-de-chaussée.
02:57On a découvert sur place des bouteilles de produits inflammables.
03:01Donc, pour ça, c'est ce qui fait dire, finalement, au préfet de la Côte d'Or, qu'il y a un lien avec le narcotrafic.
03:08D'autant que, comme le disait le procureur de la République, depuis un bon moment, la police, la justice pilonnent les points de deal du quartier des Grésilles à Dijon.
03:18Et quelque part, on suppose que les dealers, se sentant gênés dans leur business, ont décidé de s'en prendre à un symbole de la République dans ce quartier.
03:28Donc, c'est une hypothèse parmi d'autres, mais en tout cas, c'est celle qui est privilégiée ce soir.
03:33Oui, Jean-Marie Godard, quand vous voyez les éléments qui sont listés, notamment par Thibaut Cheviard, et quand on a ses premiers éléments de l'enquête,
03:41vous aussi, vous vous dites que la piste d'un acte de représailles à l'action de l'État contre le narcotrafic est très sérieux ?
03:51Alors, c'est l'enquête qui le dira, mais il y a eu des précédents.
03:53Mais vous, qu'est-ce que vous vous dites quand vous voyez ça ? Vous vous dites que ça ressemble à des représailles après...
03:58Si à chaque fois, vous avez des opérations de police de plus en plus régulières, vous avez des gens qui s'en prennent à des bâtiments publics pour mettre le feu.
04:06Il y a eu un précédent avec une médiathèque qui était déjà liée à une opération de police.
04:12Il y a eu une bibliothèque qui avait été incendiée aussi il y a quelques mois à Grenoble, après une opération de police contre le narcotrafic.
04:18Et là, effectivement, cet incendie-là, il intervient notamment deux semaines après une opération de police, notamment dans le quartier des Grésilles, où il y a eu plusieurs interpérations.
04:30Donc, il est tout à fait possible qu'il y ait un lien en représailles, puisque vous dérangez notre business.
04:38Eh bien, on va s'en prendre au bâtiment public et quand on le peut, sur des interventions de police, aux forces de l'ordre, à coups de mortier, ce qui arrive aussi assez régulièrement quand la police investit un quartier.
04:51Oui, alors on sait que le ministre de l'Éducation nationale doit se rendre sur place dès ce lundi.
04:57Victor Hérault, je vous lis ce qu'il a écrit sur les réseaux sociaux.
05:00« On ne touche pas à une école, à un collège ou à un lycée. Porter atteinte à un établissement scolaire, c'est vouloir détruire ce qui permet à chacun de se construire.
05:08C'est s'attaquer à l'avenir de nos enfants et au cœur de notre pacte républicain. »
05:12C'est ça aussi qui est ultra choquant, c'est qu'on s'en prend aux enfants de la République.
05:16Oui, mais d'ailleurs, c'est l'objectif. Si l'objectif est d'intimider l'État, là, le monde du narcotrafic s'y prend bien.
05:23Maintenant, je vais prendre le contre-pied. Quelque part, c'est un bon signe. Quelque part.
05:28Je dis bien, là, pas dans ce drame précis, bien évidemment, mais je veux dire, c'est un bon signe parce que si le monde du narcotrafic réagit et commet des actes criminels comme ceux-là,
05:35qui sont assez inédits, c'est bien que les mesures qui sont prises par le gouvernement ou les gouvernements, les derniers gouvernements, soient à minima les inquiètes,
05:42à maxima, dérangent leur business. Là, ce sont des actions claires. Je prends aussi l'assassinat de Mehdi Kessassi en compte dans cette discussion.
05:51Il y a un certain nombre de signaux envoyés par le monde du narcotrafic à l'État disant « vous allez trop loin », ce qui, de notre point de vue, à nous, est une bonne chose, justement.
05:59Oui, mais vous, vous dites que c'est une bonne chose. En revanche, on peut aussi entrer dans un bras de fer très dangereux.
06:03Ça, c'est le risque. Mais le problème, c'est une discussion très compliquée à avoir. Effectivement, le bras de fer va être dangereux.
06:10Mais vaut-il mieux laisser le champ libre au monde du narcotrafic qui va s'implanter, qui va se développer jusqu'à ce qu'il soit absolument impossible de le faire reculer,
06:18quitte à devenir, parce que c'est la finalité, si on laisse absolument tout faire, la possibilité de devenir un narco-État avec des narcotrafiquants
06:24qui auront des moyens de pression sur les magistrats, sur les politiques, sur la police, des moyens de les compromettre, de les acheter, etc.
06:34Soit on se dirige vers cela, soit on entre dans le bras de fer. Alors l'idéal serait été de ne pas laisser s'installer ces narcotrafiquants.
06:40C'est trop tard. C'est trop tard. Maintenant qu'on en est là, il faut rentrer dans le bras de fer.
06:44Évidemment, il y aura des dommages. Celui-ci en est un exemple, évidemment, ô combien triste.
06:49Mais il faut aller dans ce bras de fer-là. Il y aura des réponses. Plus il y a de réponses, plus ça signifie qu'on porte atteinte au business des narcotrafiquants.
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