- il y a 2 heures
C pas si loin propose de décrypter les enjeux contemporains en France et à l'international depuis les Outre-mer. Présenté par Karine Baste, C pas si loin explore le monde depuis les Outre-mer. Cette France des trois océans, au carrefour de frontières et d'influences croisées, répond autrement aux dynamiques économiques, écologiques, géopolitiques et culturelles. Ce magazine propose un regard singulier sur nos enjeux contemporains et la place des territoires ultramarins dans le monde. Année de Production :
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00:00Bonjour à tous, très heureuse de vous accompagner pour ce nouveau numéro de C'est pas si loin.
00:14Vincent Martigny est notre invité aujourd'hui, politologue et professeur de sciences politiques à l'université Côte d'Azur à Nice et à l'école polytechnique.
00:22Il est né et a grandi sur l'île de la Réunion. Avec lui, retour sur les thèmes de la semaine, à commencer par la vocation des maires.
00:30Nous sommes à trois mois des élections municipales. Les candidats seront-ils au rendez-vous partout dans l'Hexagone comme en Outre-mer ?
00:37Pas si sûr. Crise des vocations, doute, surcharge de travail, on y revient.
00:43Madagascar recherche son nouveau président. Nous sommes retournés sur cette île de l'océan Indien,
00:49deux mois après le soulèvement populaire qui a découlé sur l'exfiltration d'Andra Joelina.
00:54Le nouvel homme fort du pays vient de lancer une consultation populaire.
00:58Nous, nous sommes interrogés sur la place de la parole citoyenne, justement.
01:02Et puis ce dimanche, cela fera un an que le cyclone Chido est passé sur Mayotte, phénomène dévastateur.
01:08Sur place, rien n'est véritablement réglé. Et pour adapter au mieux les nécessaires politiques publiques,
01:13un recensement de la population a été lancé fin novembre. On y fera. Escale dans un instant.
01:20Bonjour, Vincent Martigny.
01:21Bonjour.
01:22Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation. Je le disais, vous êtes né et avez grandi sur l'île de la Réunion.
01:27Que représente cette île à vos yeux ?
01:30L'île de la Réunion, c'est mon île de cœur. Moi, je suis un enfant d'immigrés.
01:32Je suis immigré de parents issus de l'Hexagone qui, à la fin des années 60, se sont installés à la Réunion
01:37et ont passé tout le reste de leur vie d'adultes. Et donc, j'ai grandi. Je suis né dans cette île.
01:42J'ai grandi dans deux langues, en français, en créole. Et aujourd'hui, comme beaucoup de compatriotes d'Outre-mer,
01:48je suis venu dans l'Hexagone quand j'avais 18 ans, après mon bac à l'Euréa, pour pouvoir ensuite entamer mes études supérieures.
01:53Mais je garde un lien très fort, évidemment, avec mon île. Je retourne très souvent là-bas.
01:56Et puis, j'essaye de travailler dans mes thématiques de recherche en lien avec des questions notamment d'identité culturelle,
02:03qui sont des enjeux très forts dans les Outre-mer en général, à la Réunion en particulier.
02:07Donc, évidemment, tout ce qui concerne les Outre-mer et la Réunion ne sont jamais trop éloignés et de mon cœur et de mon cerveau.
02:13Alors, ce n'est jamais trop éloigné. Et vous êtes un habitué des plateaux télé.
02:17Vous avez l'habitude de décortiquer la vie politique nationale, beaucoup moins de parler des Outre-mer,
02:22en tout cas de façon grand public. Est-ce que vous diriez qu'il y a un déficit de visibilité des Outre-mer dans les médias nationaux ?
02:29Alors oui, c'est une évidence. Heureusement qu'il y a des espaces comme le vôtre
02:32qui s'ouvrent pour que des experts puissent travailler, discuter de la réalité de ce que vivent aujourd'hui les Français
02:39qui vivent dans ces départements région d'Outre-mer.
02:42Depuis la disparition de François, évidemment, il y a tout un espace qui a disparu.
02:46Mais je crois aussi qu'il y a toute une série de chercheurs qui existent et qui sont en train d'émerger,
02:51mais qui doivent encore avoir des espaces de visibilité pour parler de ces questions.
02:54Encore une fois, pendant très longtemps, vous savez, dans ma discipline à sciences politiques,
02:57on disait que les Outre-mer, c'était vraiment une question périphérique.
02:59Je pense qu'il y avait une double peine, d'une certaine manière, pour les Outre-mer.
03:02Non seulement nous étions loin, mais en plus, on considérait que les sujets de recherche qui les concernaient
03:06étaient des sujets secondaires. Je crois que ça a changé maintenant depuis une quinzaine d'années.
03:10Et je me réjouis de voir toute une génération de jeunes chercheurs
03:12qui ne sont pas seulement issus des Outre-mer, mais aussi, et qui s'intéressent à ces questions,
03:16parce qu'on va le voir dans cette émission, les Outre-mer sont, à mon avis, au centre de la mondialisation.
03:21Et que de régions ultra-périphériques telles qu'elles ont été présentées pendant très longtemps,
03:25elles sont maintenant au cœur du bouillonnement qu'est la mondialisation aujourd'hui.
03:28En tout cas, c'est ça, c'est une de mes convictions très profondes.
03:30Effectivement, et c'est ce qu'on démontre chaque jour dans « C'est pas si loin ».
03:33On va rentrer dans le vif du sujet, Vincent Martigny.
03:35Dans trois mois, nous sommes donc appelés aux urnes afin d'élire les maires de nos villes et communes.
03:40Alors, les candidats seront-ils suffisamment nombreux ?
03:43La question se pose évidemment.
03:45Face aux agressions et aux incessants millefeuilles administratifs,
03:48le doute s'installe de plus en plus dans l'Hexagone comme en Outre-mer.
03:52Regardez l'extrait de notre reportage diffusé cette semaine.
03:55Pour l'élu, la fonction de maire diffère selon les territoires, qu'ils soient ultramarins ou hexagonaux.
04:02Mais évidemment, les communes d'Outre-mer ne peuvent pas être gérées comme les autres.
04:07La vraie grande différence, c'est l'isolement.
04:10Ça, c'est la vraie différence.
04:13C'est que nous, on est à 11 000 kilomètres.
04:15J'ai une machine qui tombe en panne.
04:17C'est des mois avant que je puisse se réparer.
04:19Parce que la pièce viendra par bateau.
04:22Si vous êtes dans l'Hexagone, c'est la ville d'Alcôté et vous réparez tout de suite.
04:25Et derrière, c'est la satisfaction de vos concitoyens.
04:30Quand nous, une entreprise, elle travaille, elle travaille pour un potentiel de 860 000 habitants,
04:36pas 65 millions d'habitants.
04:38Très clairement, on n'est jamais bien compris par l'Hexagone.
04:42Vraiment, je le dis de façon très objective.
04:44Il faut changer ses lunettes quand on vient à la Réunion, en Guyane ou ailleurs.
04:49Il faut changer ses lunettes, il faut laver son cerveau.
04:52Il faut venir avec d'autres références, d'autres critères de compréhension.
04:57Pas avec que le modèle européen.
04:59Ça ne marche pas.
05:01Et c'est vrai que cette semaine, Vincent Martigny, on a entendu Eric Abarait,
05:04maire de Saint-Denis à la Réunion.
05:05On a entendu des maires de Martinique, de Nouvelle-Calédonie.
05:07Et tous nous parlaient du fait que ce soit particulièrement compliqué.
05:10L'insularité complique les choses.
05:13On sait que selon la formule consacrée, les maires sont élus à portée de baffes.
05:16Est-ce que c'est tout particulièrement vrai outre-mer ?
05:19Encore une fois, la situation des maires outre-mer,
05:21elle est la même à certains égards que l'ensemble des maires dans l'hexagone.
05:25C'est-à-dire qu'on assiste à ce qu'on pourrait appeler une forme de grande démission des maires.
05:29Il y a eu plus de 1300 maires qui ont démissionné en cours de mandat dans le mandat précédent.
05:34D'abord parce que c'est une fonction extrêmement difficile.
05:36C'est une fonction qui est mal rémunérée.
05:37Beaucoup de maires demandent un statut de l'élu au niveau national.
05:40C'est-à-dire qu'ils permettraient de protéger les maires.
05:43Parce que contrairement aux élus nationaux qui sont vécus comme des gens qui ont des rémunérations plus importantes,
05:48il faut savoir qu'hormis dans les très grandes villes,
05:50le maire connaît une rémunération, plutôt une indemnisation qui est relativement modeste
05:55et qui fait que, déjà, on peut vivre avec, mais on ne prépare pas l'avenir en étant maire.
06:01Deuxièmement, quand on est maire, on travaille énormément au service de ses concitoyens.
06:05Et vous l'avez dit tout à l'heure, on est à portée de bave selon la formule consacrée.
06:08C'est-à-dire qu'être maire n'importe où, c'est être en permanence dans un dialogue avec ses concitoyens
06:13qui peuvent vous reprocher de ne pas faire assez, vous demander un service, un logement, un travail, etc.
06:18Alors, cette situation qui existe partout, elle est particulièrement évidente dans les Outre-mer.
06:23Je le dis d'abord pour plusieurs raisons.
06:24D'abord parce que les structures traditionnelles sont beaucoup plus fortes.
06:27Donc, le maire, c'est aussi celui qui est l'acteur politique, encore plus que dans l'Hexagone,
06:32le plus proche des concitoyens des départements d'Outre-mer, parce qu'ils peuvent voir leurs députés.
06:36Mais le député, maintenant qu'il est en interdiction de cumul des mandats, est plus éloigné d'eux.
06:40Je ne parle pas des élus nationaux qui, parfois, sont, comme dans le cas de La Réunion,
06:43à 10 ou 11 000 kilomètres de leur territoire.
06:47Deuxièmement, parce que, comme l'a dit Éric Abarette, il y a des sujets d'approvisionnement, des sujets de délai.
06:51Vous savez, le maire, c'est celui qui se délivre.
06:52De la logistique concrète.
06:53La logistique concrète est très importante, c'est-à-dire que la logistique, elle n'est pas du tout de la même nature,
06:58comme l'a rappelé Éric Abarette dans votre sujet, dans l'Hexagone et Outre-mer.
07:01Outre-mer, entre le moment où vous dites, on va faire ça, et où ça se réalise, il y a du temps.
07:06Il y a du temps partout, évidemment, mais ce temps, les délais sont allongés dans ces territoires,
07:10ce qui rend les choses plus compliquées.
07:11Est-ce que vous diriez que la situation s'est compliquée ces 10, 20 dernières années ?
07:15Est-ce qu'il est plus difficile encore d'être maire aujourd'hui qu'il y a 20 ans ?
07:17Alors, oui, probablement, parce que les politiques publiques se sont complexifiées.
07:21Encore une fois, les réglementations sont plus importantes.
07:23Il y a une série de réglementations, à la fois locales, nationales et européennes,
07:26qui sont nouvelles et qui contraignent le travail du maire.
07:29Il y a une trentaine d'années, c'est vrai, de toute l'action publique en général,
07:32il était plus simple d'être un élu en général, et un maire en particulier.
07:35Encore une fois, il faut se souvenir que les maires n'ont pas de formation spécifique.
07:38C'est ça, et vous avez d'ailleurs souvent plaidé en faveur d'une meilleure formation.
07:42Absolument, Outre-mer, c'est un enjeu majeur.
07:43La formation des élus, c'est un enjeu absolument considérable.
07:46Je sais qu'au département de la Réunion, ils essayent de mettre en place un institut de formation des élus locaux
07:50pour permettre à des élus qui sont parfois, encore une fois, sans formation préalable,
07:54qui sont issus de la société civile, ce qui est une bonne nouvelle démocratique,
07:58quand même d'être au niveau, parce qu'on leur demande à la fois de parler en public, de connaître les pays, de s'entourer.
08:01Voilà, ça veut dire qu'il leur manque quoi ? Il leur manque des compétences ?
08:04Qu'est-ce qu'il leur manque concrètement ?
08:06Il manque plusieurs choses.
08:06D'abord, il manque la capacité à entretenir un réseau au niveau national,
08:09parce qu'encore une fois, on n'est pas maire dans son coin,
08:11on est maire à la fois dans son territoire, mais on est aussi maire en lien avec des territoires
08:14qui partagent les mêmes problématiques, dans l'Hexagone et dans les autres départements, régions d'outre-mer.
08:17Ça prend du temps, il faut pouvoir se déplacer, il faut aussi avoir un réseau de gens.
08:21Et quand vous êtes un nouveau maire, ça met du temps.
08:22Deuxièmement, il faut connaître un peu le droit public, le droit des marchés publics,
08:25le droit administratif, qui sont des enjeux majeurs si vous n'y connaissez rien.
08:29Quand vous êtes maire, vous êtes parfois pénalement responsable, personnellement,
08:32sur des fautes qui pourraient être entreprises sur votre territoire.
08:35Et des fois, les choses peuvent être vécues comme des injustices par des maires qui disent
08:38« Mais moi, j'arrive, je découvre et on me met en situation de danger ».
08:41Donc là, à mon avis, il y a une formation très bienvenue.
08:43Mais il y a aussi une formation, pas seulement sur le métier de maire,
08:45mais aussi dans toute l'équipe municipale.
08:47Pour que le maire puisse se reposer sur ses adjoints, il faut que ses adjoints eux-mêmes soient formés.
08:51Et on le sait, dans les départements petits comme les nôtres,
08:54la constitution d'une équipe ne va pas de soi.
08:58Vous n'avez pas forcément des vieux politiciens qui, comme ailleurs ou dans des grandes villes de l'Hexagone,
09:02pourraient, encore une fois, être là, à disposition et servir d'une équipe à une autre.
09:08Dans un territoire plus exigu, plus difficile, où on peut trouver des compétences plus difficilement,
09:12eh bien là, c'est un enjeu absolument majeur.
09:13Donc la formation des élus, oui, c'est vraiment pour ça que je plaide.
09:16Et je crois que je ne suis pas le seul.
09:17Les élus locaux, en général, le demandent.
09:19Et c'est là, à mon avis, où l'État, mais aussi les départements, les régions,
09:23peuvent aider les maires à faire un meilleur travail.
09:25Et comment peut-être inciter les candidats à se mobiliser ?
09:28On sait que dans les communes de moins de 1000 habitants, il faut désormais une liste paritaire.
09:31On l'a vu par endroits, il est difficile de mobiliser les femmes, notamment.
09:35Sur quel levier actionner ?
09:37C'est assez difficile parce que, comme vous l'avez rappelé,
09:41il faut peut-être s'en souvenir, 90% des communes en France ont moins de 2500 habitants.
09:46C'est-à-dire que l'imanche majorité sont des petites communes.
09:48Le maire, c'est quelqu'un qui gère une toute petite communauté de gens,
09:51avec des problèmes qui sont souvent liés aux communes d'à côté,
09:53puisque aujourd'hui, il y a de nouveaux leviers.
09:56Les intercommunalités, les métropoles, lorsque vous êtes dans des espaces plus importants
09:59ou dans la périphérie d'une grande ville,
10:01fait que c'est parfois difficile de mobiliser des listes citoyennes.
10:05Ce qu'on peut dire, évidemment, il faut mobiliser d'abord les maires en aidant à leur formation.
10:08Il y a des instituts, je pense au Collège Citoyen de France, par exemple,
10:11qui est une association à but non lucratif,
10:14dont le but est de former des gens qui souhaitent s'engager en politique,
10:16qui existent au niveau national.
10:18Je souhaite que ce genre d'initiative naisse aussi dans nos départements, dans nos régions.
10:21On s'est aussi posé une question cette semaine, Vincent Martini.
10:24Que devient Madagascar, depuis le soulèvement populaire
10:27qui, mi-octobre, poussait le président Andra Joëlina vers la sortie ?
10:30Dans la foulée, prise du pouvoir par l'armée,
10:32l'homme fort sur place s'appelle désormais Michael-André Anirina.
10:36Sa mission, organiser une élection présidentielle.
10:38Mais alors, quelle place pour la Gen Z, à l'origine du mouvement de contestation ?
10:42Extrait.
10:43Plus de deux mois après les premières manifestations pour la justice sociale et contre la corruption,
10:48la capitale, Antananarive, a retrouvé une apparence de normalité.
10:52Un nouveau président a prêté serment le 17 octobre.
10:56Le colonel Michael-André Anirina promet une refondation de l'État et des élections.
11:01Nouveau gouvernement, poursuites judiciaires contre des personnalités du régime précédent,
11:05les premières mesures politiques ont aussi été les premières déceptions pour la Gen Z.
11:10La militante des droits civils Mbolatiana Ravel-Oarimissa avait accompagné les Gen Z.
11:15Dès la nomination du premier ministre, il y a eu cette désillusion.
11:20Parce que même si les jeunes ont souhaité, se sont battus pour qu'il y ait changement de système,
11:28il y ait changement de personne, on a vu que beaucoup de ceux qui étaient anciens
11:33et qui ont fait beaucoup de mal à Madagascar sont revenus.
11:37La peur de la Gen Z est tout à fait claire.
11:42Elle a peur que ce soit bis répétita.
11:47Avec cette révolte, on est bien loin du cliché des gens pauvres, des gens pas éduqués
11:51et qui ne se mobilisent pas, qui ne se révoltent pas, n'est-ce pas ?
11:54Ce qui est très intéressant dans ce qui se joue dans les mouvements de la Gen Z à Madagascar,
11:57mais on aurait aussi pu parler du Maroc, même si ce n'est pas le sujet de votre émission,
12:00c'est qu'on assiste à une mondialisation des mouvements sociaux.
12:04Jusqu'à présent, les mouvements sociaux, notamment de jeunesse,
12:06étaient réservés aux pays développés, aux pays du Nord.
12:08C'était les 99% aux Etats-Unis, Occupy Wall Street, en France Nuit Debout,
12:14c'est-à-dire des jeunesses qui sont éduquées, de classe moyenne
12:17et qui s'insurgent contre une situation qu'ils jugent au détriment de leurs intérêts.
12:22Ce qui est très intéressant, je crois, dans ce mouvement,
12:24et qui nous questionne tous ceux qui s'intéressent à la politique,
12:26c'est à quel point nous sommes dans un monde mondialisé,
12:28au sens où aujourd'hui, ce sont ces pays du Sud,
12:32qu'on croyait encore une fois à l'écart de cette mondialisation,
12:35qui, grâce aux réseaux sociaux, grâce à leur prise de conscience,
12:39qu'ils ne sont pas seuls, et qu'il y a d'autres réalités
12:41que celles qui existent dans leur pays,
12:43qui se révoltent et qui demandent justice, justice pour les générations futures.
12:47Et c'est vrai que ça se passe à Madagascar, ça se passe au Maroc, ça se passe au Népal.
12:50Est-ce que pour autant, il y a réellement là de quoi déstabiliser les élites,
12:53des élites souvent corrompues d'ailleurs ?
12:56Est-ce qu'il y a de quoi déstabiliser ?
12:57C'est toujours très difficile à dire.
12:59Vous savez, au départ, les révolutions arabes en 2011
13:01se sont lancées sur des mouvements de jeunesse.
13:03Combien il y a eu de réformes avortées avant qu'une mène à une révolution,
13:05et même une révolution à les fragiles ?
13:07On sait, nous, que les phénomènes de démocratisation,
13:09c'est des phénomènes très complexes qui prennent beaucoup de temps.
13:11Ce qu'on sait, c'est que la Gen Z est en train de semer des graines,
13:13et que même s'il y a court terme, ça débouche pas,
13:15il faut se dire que ça ne laissera pas, en tout cas,
13:17complètement indifférent le système politique,
13:19il va devoir s'adapter à cette situation.
13:20On le voit au Maroc, et j'espère de même à Madagascar.
13:23On va partir chez vous, Vincent Martigny.
13:24On va partir à La Réunion,
13:25découvrir une infrastructure unique en son genre,
13:28un data center, d'immenses serveurs de stockage de données,
13:32objectif permettre à l'île de l'océan Indien
13:34de devenir hub numérique dans la région.
13:37On en parle juste après.
13:38Regardez, c'est un reportage de Dunia Jadfar et Aurélie Constant.
13:41On fonctionne H24 7 jours sur 7, 365 jours par an.
13:51Mais toute notre ingénierie est pensée pour ne jamais s'arrêter.
13:57Et à La Réunion, c'est la seule infrastructure de ce type.
14:00Dans ce bâtiment de plus de 700 mètres carrés
14:02se trouvent plusieurs dizaines de serveurs
14:04qui ont pour rôle principal de stocker
14:06et de faire circuler rapidement des données.
14:08Sa particularité, un haut niveau de sécurité.
14:13C'est donc un bâtiment dédié
14:15à l'hébergement d'infrastructures informatiques.
14:18Ce bâtiment va être sécurisé de manière physique,
14:21donc avec du contrôle d'accès pour éviter des intrusions.
14:25Il va être aussi sécurisé en termes de production énergétique,
14:28c'est-à-dire qu'il ne faut pas lier à des coupures électriques.
14:31Donc on a tout un système de redondance
14:32nous permettant de produire notre propre énergie
14:34et aussi sécurisé en termes de production de froid,
14:37donc pareil, on a tout un système de redondance,
14:41de matériel qui nous permet de produire en permanence du froid,
14:43même en cas de panne.
14:45Une infrastructure à 10 millions d'euros
14:47qui se veut être un outil stratégique
14:49pour le développement des entreprises locales.
14:52Jean-Benoît Poncet est le gérant d'une entreprise
14:55de stockage de données et de cybersécurité.
14:58Il est l'un des premiers à avoir collaboré avec le data center.
15:01Le data center, c'est le point de départ,
15:06c'est-à-dire que c'est le lieu où seront stockées les données.
15:09On a des besoins qui évoluent,
15:11on a parlé de villes connectées,
15:13on a parlé d'intelligence artificielle,
15:15donc ce sont des infrastructures spécifiques pour ça,
15:17mais ce sont des besoins qui vont cesser d'augmenter.
15:20La Réunion est aujourd'hui l'un des départements d'outre-mer
15:24les mieux connectés.
15:2694% du territoire est couvert en fibre optique,
15:30mais le temps de latence reste supérieur à celui de l'Hexagone,
15:34faute de serveurs locaux.
15:35L'arrivée du data center doit permettre de réduire ce décalage
15:39en rapprochant les serveurs des usagers.
15:42C'est un outil qui va devenir crucial,
15:44ça sécurise tout le monde,
15:45et donc je pense qu'il y a plusieurs acteurs
15:47qui vont profiter de cet environnement.
15:50La priorité, c'est d'ouvrir l'Omega Data Center
15:54à l'écosystème réunionnais,
15:56et après, ensuite, de l'ouvrir à l'international,
15:58c'est ce qu'on est en train de faire.
16:01Je dirais qu'on est entre 6 ou 7 pays,
16:03sociétés basées dans des pays étrangers
16:05qui nous ont contactés depuis qu'on a ouvert,
16:07donc depuis un an.
16:08Beaucoup dans l'océan Indien, quand même,
16:10que ce soit l'Afrique du Sud, Maurice,
16:12quelques-unes dans le pays d'Asie,
16:14et quelques-unes basées en Europe.
16:16Comme tout développement économique,
16:17on est dans un monde qui bouge,
16:19donc forcément, en temps de parler
16:21de la Réunion internationale,
16:23ça peut attirer des investisseurs,
16:24ça va développer notre territoire,
16:26c'est un cercle vertueux.
16:27Plus on attire de gens,
16:28plus le territoire est périn,
16:31plus c'est bon pour l'économie réunionnaise.
16:33Et s'il faut remonter le temps,
16:36clairement, l'arrivée d'Internet sur l'île de la Réunion,
16:38ça a été une révolution,
16:39ça a sorti l'île de son isolement,
16:41y compris régionale.
16:43Comment se traduit ce rayonnement,
16:45finalement, cette connexion au monde ?
16:46Pour moi, je peux vous raconter une anecdote personnelle.
16:48J'ai grandi à la Réunion dans les années 90,
16:50j'étais au lycée au milieu des années 90.
16:53Pour nous, la Réunion,
16:54on se vivait vraiment comme un territoire ultra-périphérique,
16:56loin de toutes les cartes du monde.
16:57Contrairement aux Antillais, par exemple,
16:59qui avaient la chance d'avoir toute une série d'îles autour d'eux,
17:00nous étions quasiment seuls.
17:02L'île Maurice, c'était à quelques centaines de kilomètres,
17:04Madagascar, mais qui sont des îles très différentes
17:06en termes de problématiques de développement,
17:08des problématiques politiques.
17:09Vous l'avez montré dans le sujet précédent.
17:11Donc, notre enjeu, c'était vraiment un enjeu
17:13de connexion à notre environnement.
17:14Mon premier, moi, mémoire de recherche,
17:16c'était sur la coopération régionale outre-mer.
17:18Et on voyait bien dans la comparaison entre les Antilles et nous
17:20que nous étions défavorisés.
17:22Aujourd'hui, la nouvelle génération,
17:24elle est, je crois, beaucoup plus pleinement intégrée,
17:27en tout cas dans un espace mental.
17:28Je ne sais pas si la coopération a beaucoup progressé,
17:30mais en revanche, l'espace des représentations.
17:33Je crois que là, il y a une transformation
17:34de la jeunesse réunionnaise et de l'écosystème réunionnais
17:37qui se pensent beaucoup plus en lien avec l'Inde,
17:38avec la Chine, comme en témoigne d'ailleurs,
17:41l'activisme de ces pays pour garder un lien
17:43non seulement avec les communautés qui ont émigré
17:46de ces pays pour se rendre à La Réunion
17:47à la fin du 19e siècle,
17:49mais aussi avec l'ensemble de la population réunionnaise.
17:50C'est un changement de paradigme.
17:52Il y a le sentiment que, moins qu'avant,
17:54La Réunion est une île qui aurait peur
17:56que ce lien avec la France
17:58serait le seul qui le maintiendrait vis-à-vis de l'Europe.
18:02Il y a des liens très forts qui se font
18:03avec toute une série d'organisations internationales,
18:06je pense à la Commission de l'Océan Indien,
18:08et qui sont permises aussi par ces réseaux.
18:09Donc je crois que l'installation de ces data centers
18:11est absolument décisif, non seulement pour l'économie,
18:13mais aussi pour une certaine représentation des rayonnettes
18:16dans leur espace géographique,
18:18qui est un espace culturel et de représentation.
18:20Et c'est fou ce qu'on a entendu dans le reportage
18:21et que beaucoup découvrent sans doute aujourd'hui.
18:23C'est l'un des territoires les mieux connectés,
18:26les mieux fibrés, s'il fallait parler familièrement,
18:29les mieux fibrés de France.
18:30De quelle façon cette avancée technologique
18:32continue-t-elle à transformer la société réunionnaise ?
18:35Il faut dire que la question de la souveraineté
18:37dans n'importe quel territoire insulaire,
18:39c'est une question essentielle.
18:40La Réunion, ça fait une quarantaine d'années
18:41qu'elle réfléchit à ces questions.
18:43Il faut rendre hommage à Paul Vergès,
18:44que le président du conseil régional,
18:45qui était très sensible à la question
18:46de la souveraineté alimentaire déjà,
18:48en tout cas dans la production de viande,
18:50de porc, de poulet, etc.
18:51Dans la souveraineté énergétique aussi,
18:53qui était un enjeu,
18:54on espérait une souveraineté énergétique
18:55qui n'est pas encore arrivée,
18:57mais en tout cas du chemin sur lequel
18:58la Réunion s'est lancée.
18:59Quand je compare aux autres départements
19:00et régions que je connais,
19:02la Réunion a pris beaucoup d'avance
19:03sur ces questions.
19:03Et maintenant, aujourd'hui,
19:04la souveraineté numérique
19:05est un enjeu fondamental.
19:06Donc, il y a mille raisons de s'en réjouir,
19:08en espérant même que ça s'accélère.
19:09Allez, dernier thème,
19:10le temps passe vite,
19:11Vincent Martinis,
19:12la fera un an ce dimanche
19:13qu'un Mayotte-Chido venait tout ravager.
19:16Un cyclone venu braquer les projecteurs
19:18sur les défaillances
19:19du 101e département français.
19:21Mayotte, où l'État vient de lancer
19:23une campagne de recensement
19:24afin de mieux adapter
19:25les politiques publiques.
19:26Voyez cet extrait.
19:34City et Sandia font partie
19:36des 700 agents recenseurs
19:38chargés de comptabiliser
19:39l'ensemble de la population mahoraise.
19:41Depuis le 27 novembre,
19:45chaque quartier,
19:46chaque habitation
19:47est un cicadrier.
19:52Une opération d'envergure
19:55qui n'avait pas été réalisée
19:57sur le territoire depuis 2017.
20:00Ce recensement,
20:02il est exceptionnel
20:02parce qu'il est très attendu,
20:04parce que suite à Chido,
20:05une grosse polémique est apparue
20:07sur les chiffres de population réelle
20:09ou fantasmée du nombre d'habitants
20:12sur l'île.
20:12Certains parlent de 400 000,
20:14500 000, 1 million d'habitants.
20:16Là où nous, aujourd'hui,
20:17on dit plutôt aux alentours
20:18de 329 000, 330 000 habitants.
20:22Du coup, on voulait rétablir,
20:23lisser la vérité
20:24et avoir une photographie
20:26à un instant zéro.
20:28Il y a un très, très fort enjeu politique
20:30autour de ce recensement
20:31puisqu'il devrait en ressorter
20:32à la réalité des chiffres
20:33de la présence étrangère.
20:36Est-ce qu'il faut s'attendre
20:37à une récupération politique ?
20:39Est-ce qu'il faut redouter
20:39de la récupération ?
20:40C'est déjà le cas.
20:41Ce qui est étonnant
20:42avec ce recensement,
20:43qui est une question absolument passionnante,
20:45c'est que l'INSEE,
20:45le service de l'État,
20:46les statisticiens,
20:47qui sont quand même respectés
20:48pour leur sérieux,
20:49ont été mis en cause
20:50par certaines forces politiques
20:51qui ont nié le recensement de l'INSEE
20:54dans des auditions
20:55qui ont été réalisées
20:56par le directeur général de l'INSEE
20:57à La Réunion et à Mayotte,
20:59qui était l'ouvolfe jusqu'à l'année dernière,
21:01et qui a dû se justifier
21:02des méthodes en montrant
21:03les chiffres à l'appui,
21:04voilà comment on a fonctionné.
21:06Et donc, les fantasmes
21:07autour de la population à Mayotte
21:08sont des fantasmes.
21:09En réalité,
21:10il y a une portion importante
21:11de la population étrangère à Mayotte,
21:13mais ces chiffres ont été évalués
21:14à leur juste mesure.
21:15Si je ne m'abuse,
21:16il était question
21:17des moyens de l'INSEE seuls
21:18et non des agents communaux
21:19venus appuyer les agents de l'INSEE.
21:22Je précise simplement...
21:23Sur la raison pour laquelle
21:23il y a polémique,
21:24pour que les spectateurs
21:25le comprennent bien,
21:26c'est que 90%
21:27de l'immigration illégale en France
21:29se situe dans deux territoires
21:30qui sont situés outre-mer tous les deux,
21:31c'est la Guyane et c'est Mayotte.
21:33Donc évidemment,
21:34c'est un enjeu sensible
21:35et qui est tout à fait compréhensible.
21:36Donc c'est là où,
21:37à mon avis,
21:37l'INSEE fait un travail remarquable.
21:39Mais on voit aussi
21:40que la question,
21:41la vérité,
21:41la discussion sur la vérité des faits
21:43est une discussion
21:44qui malheureusement
21:45est importée aussi
21:45dans ce genre de débat.
21:46Et dans une île comme Mayotte
21:47qui connaît des difficultés
21:48qu'on connaît tous
21:49et qui sont incommensurables
21:51et qui sont,
21:52comment dire,
21:53assez tristes
21:53pour un territoire
21:54aussi attachant que Mayotte
21:55et aussi riche
21:56de sa diversité que Mayotte,
21:58eh bien,
21:58montre que là,
21:59il y aura tout un enjeu
21:59de rationaliser quand même.
22:01Et c'est là,
22:02peut-être la francisation,
22:02elle passe par aussi
22:03une rationalisation
22:05de nos rapports
22:06en termes de politique publique
22:07avec une île
22:08qui souffre aussi du fait
22:09qu'il n'y a pas assez
22:09de fonctionnaires
22:10qui s'y installent
22:10pendant très longtemps.
22:12Souvent,
22:12il y a des gens
22:12qui viennent pendant
22:13quelques années
22:13qui n'ont pas le temps
22:14de faire ce lien
22:15pour de confiance
22:16avec la population maoërèse,
22:17de construction,
22:18de consensus
22:18sur les politiques publiques
22:19qui sont absolument indispensables.
22:21Je crois que là,
22:21l'INSEE joue un rôle
22:22tout à fait salvateur
22:23et tout à fait important
22:24qu'il faut saluer.
22:25Je le rappelle,
22:26c'est ce dimanche
22:27que ça fera un an,
22:28ce dimanche
22:28que Chido est passé
22:30sur cet archipel.
22:31Quel regard portez-vous
22:32sur la réponse politique
22:32apportée depuis décembre 2024
22:34à Mayotte ?
22:35Elle est insuffisante,
22:37forcément.
22:37Forcément parce que
22:38l'ampleur de la catastrophe
22:39qui avait mené
22:41comme un certain nombre
22:42d'acteurs politiques nationaux
22:43à se rendre sur place.
22:44On avait regretté
22:45à l'époque
22:45que le Premier ministre
22:46ne fasse pas cette démarche.
22:47François Bayrou,
22:48il avait attendu
22:48avant de se rendre à Mayotte,
22:50a montré que Mayotte
22:51quand même était pleinement intégré
22:52dans la communauté nationale,
22:53ce qui est un enjeu majeur
22:54pour cette île
22:55qui se sent la dernière arrivée,
22:57dernière arrivée
22:57parmi les départements
22:58région d'outre-mer.
22:59Elle n'est de Rome
22:59que depuis le début
23:00des années 2010.
23:02Il faut se rappeler
23:03que c'est une région
23:03qui a tout construit,
23:04un État civil,
23:05un système d'éducation nationale,
23:06la sécurité sociale
23:07et donc qui a aussi
23:08beaucoup perdu
23:09en termes d'infrastructures
23:10dont le nombre de morts
23:11aurait pu être bien pire
23:12au regard des faiblesses
23:14d'infrastructures
23:14et qui méritent
23:16le plein soutien
23:16de la communauté nationale.
23:17Il me semble que là,
23:18le gros enjeu,
23:19encore une fois,
23:19de Mayotte aujourd'hui,
23:21c'est un,
23:21un plein soutien politique.
23:23Deux, surtout,
23:23il faut qu'il y ait
23:25un investissement
23:26qui n'est pas seulement
23:26un investissement financier
23:28mais qui est un investissement
23:28de planification économique,
23:31de planification écologique
23:32et sociale,
23:32de planification culturelle
23:33et de population
23:34à la fois pour respecter
23:35la singularité de Mayotte
23:36parce qu'on ne va pas
23:37franciser comme on francisait
23:38il y a 50 ans.
23:39On ne va pas éradiquer
23:41les cultures locales
23:42qui sont tellement riches
23:43dans cette île
23:43qu'il y a la chance
23:44de parler trois langues,
23:45le français,
23:45le shimaoré
23:46et la langue
23:47qui vient de Madagascar
23:50également
23:50qui est parlée
23:51sur cette île
23:52sans parler de l'arabe
23:52qui est aussi étudiée.
23:53Il faut garder
23:54cette diversité
23:55des pratiques culturelles
23:56maoraises
23:56tout en le temps capable
23:57de l'inscrire
23:58dans sa différence
23:59dans l'ensemble français.
24:00Vincent Martigny,
24:01on va terminer cette émission
24:02avec votre photo du jour,
24:03celle que vous nous avez apportée
24:05et que vous offrez
24:05aux téléspectateurs
24:06et on va la découvrir ensemble.
24:09Est-ce que vous pouvez
24:09nous expliquer
24:10ce que l'on voit
24:11sur ce cliché ?
24:12Alors sur cette photo,
24:13on voit un lieu
24:13qui m'est très cher
24:14qui est le Lazaret
24:15de la Grande Chaloupe
24:16qui a été créé en 1860.
24:18Qu'est-ce que c'est
24:19qu'un Lazaret ?
24:20Eh bien c'est un espace
24:21dans lequel on accueillait
24:21les travailleurs engagés
24:22qui venaient essentiellement
24:23d'Inde mais aussi de Chine
24:24ou d'Afrique,
24:25du Mozambique notamment
24:26à partir de la fin
24:27du XIXe siècle,
24:28c'est-à-dire la fin de l'esclavage
24:29et donc il faut trouver
24:29des travailleurs
24:30pour construire
24:30le chemin de fer
24:31qui va avoir lieu
24:32au début du XXe siècle
24:33mais aussi pour tout simplement
24:34travailler dans les champs de cannes
24:35et donc il y a des milliers
24:37et des milliers de personnes
24:38qui vont passer
24:38ou à faire le tri
24:39entre les personnes malades,
24:40les personnes qui peuvent
24:41entrer sur l'île
24:42et c'est un peu
24:43l'Elise Island de la Réunion
24:44et je le dis
24:45avec beaucoup de sérieux
24:45La porte d'entrée
24:46de l'immigration américaine
24:47Voilà, la porte d'entrée
24:48de l'immigration américaine
24:49qui est un lazaret aussi
24:50exactement comme
24:51le lazaret de la Grande Chaloupe
24:52et on a l'impression
24:53qu'on pourrait sourire
24:54en disant
24:54ça n'a rien à voir
24:55les Etats-Unis c'est immense
24:57mais en termes de proportion
24:58de la population
24:59il y a eu autant d'afflux
25:00d'immigrés à la Réunion
25:01entre 1860 et 1900
25:02qu'aux Etats-Unis
25:02en proportion de sa population
25:03donc vous êtes dans
25:04des chiffres comparables
25:05non pas en termes
25:06de chiffres absolus
25:08mais en termes
25:09de proportion de population
25:10et ça me touche énormément
25:11parce que c'est un lieu
25:13dans lequel finalement
25:14le Creuset-Réunionnais
25:15son incroyable diversité
25:16son syncrétisme religieux
25:18culturel
25:19qui je crois
25:19est la matrice de notre île
25:20et sa force
25:21et là où elle est un modèle
25:23pour la mondialisation
25:24et je crois un modèle
25:25qui devrait être cité en exemple
25:26non seulement au niveau national
25:27mais au niveau mondial
25:28comme un modèle quand même
25:29de coexistence
25:30des religions
25:31des cultures pacifiques
25:32malgré les difficultés
25:33qui sont celles de notre île
25:34qui est exemplaire
25:35et le lazaret pour moi
25:36symbolise cela
25:37Merci infiniment
25:38pour ce partage
25:39et pour votre éclairage
25:39Vincent Martini
25:40Merci à vous d'être fidèle
25:42à votre rendez-vous
25:42C'est pas si loin
25:43une émission que vous pouvez
25:44évidemment retrouver
25:44sur france.tv
25:45également en podcast
25:47sur toutes les plateformes audio
25:48très belle fin de journée
25:50très bon week-end
25:50sur France Télévisions
25:51à lundi
25:52même lieu
25:53même heure
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