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Après la proclamation de la République populaire de Chine, l'heure est à la réorganisation du pays. Environ un million de nationalistes se réfugient sur l'île de Taïwan, en quête d'indépendance... En 1950, la guerre de Corée constitue pour le leader chinois une première mise à l'épreuve. Affaibli politiquement, il engage des réformes brutales. Dans une démarche de "rectification", le "Grand Timonier " lance en 1957, la "campagne des Cent Fleurs", invitant les intellectuels à s'exprimer librement sur le Parti. Mais la critique du pouvoir, virulente, déclenche une nouvelle vague de répression sanglante, avant que la politique économique du "Grand Bond en avant", en 1958, ne provoque l'une des plus grandes famines de l'histoire, causant des millions de morts.. Année de Production :

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00:00Musique
00:01Durant de nombreuses années,
00:27la Chine est déchirée par la guerre civile.
00:31D'un côté, les communistes de Mao Tse-tung.
00:34De l'autre, le Kuomintang de Chiang Kai-shek.
00:38Puis en janvier 1949,
00:41les troupes de Mao arrivent aux portes de Pékin.
00:44La victoire tant attendue est à portée de main.
00:47Car les troupes de Chiang Kai-shek sont déjà en train de reculer.
00:53Au bout de quelques jours de siège,
00:55les dernières unités du Kuomintang battent en retraite.
00:59Les troupes de Mao entrent alors dans la capitale.
01:03Et en l'absence de toute résistance,
01:06aucun coup de feu n'est tiré.
01:08Beaucoup d'habitants accueillent les communistes
01:10comme des libérateurs.
01:13Les Chinois,
01:15qui représentent le quart de la totalité de la population humaine,
01:19se sont relevés.
01:20L'union de la Chine semble désormais possible.
01:25Et c'est aussi à ce moment-là
01:26que beaucoup de Chinois
01:27prennent conscience de la prouesse de Mao.
01:30Malgré toutes les résistances
01:32et dans un contexte extrêmement brutal,
01:34il a réussi à s'imposer en vainqueur.
01:39Dans les mois qui suivent,
01:41les communistes de Mao Tse-tung
01:42consolident leur pouvoir dans tout le pays.
01:44Puis le 1er octobre 1949,
01:50le rêve du chef devient réalité.
01:54Il entre sur la place Tiananmen,
01:56en plein cœur de Pékin,
01:57et devant la porte de la paix céleste,
02:00il annonce une nouvelle ère.
02:01c'est comme une nouvelle ère.
02:04Je en pounding quand vous Arroulis,
02:07je suis bé,
02:08je visest
02:15que moi
02:15j'ilia
02:20et
02:21en plein
02:22en brilliant
02:22surtout
02:25de
02:26j'indique
02:27sur
02:29Aujourd'hui encore, le 1er octobre est la fête nationale en Chine.
02:46Cette date marque le début de la semaine d'or,
02:497 jours de congés accordés aux Chinois pour célébrer la création de la République populaire.
02:53Tous les 10 ans, un immense défilé militaire est organisé à l'endroit même
03:00où Mao Tse-tung a proclamé la République populaire en 1949.
03:05Un spectacle auquel participent des centaines de milliers de personnes.
03:10Même aujourd'hui, Mao Tse-tung continue de jouer un rôle central dans le pays.
03:15Pour beaucoup de gens, Mao est l'homme qui a permis à la Chine de trouver sa place dans le monde.
03:21Il s'est battu pendant la guerre civile et il en est sorti vainqueur.
03:26Il a chassé les Japonais et unifié le pays en donnant une identité au peuple chinois.
03:36En Chine, Mao est perçu comme l'unificateur de l'Empire.
03:40Et cette idée que le pays doit être totalement uni joue encore aujourd'hui un rôle extrêmement important.
03:51Pourtant, malgré la proclamation de la République populaire en 1949,
03:56Mao n'a pas encore tout à fait réalisé son rêve d'une Chine forte et unie.
04:01La faute à Chiang Kai-shek et à son Kuomintang.
04:05Face à l'avancée des communistes, 2,5 millions de nationalistes et de leurs partisans
04:09décident de prendre la fuite et de quitter leur patrie.
04:12Il quitte la Chine pour se réfugier à Taïwan, qui devient le siège du parti nationaliste
04:27et le lieu où est transplantée la République de Chine.
04:31Dans cette République de Chine en pleine déliquescence, Taïwan représente la plus grande île.
04:38Elle est séparée du continent par un détroit d'environ 180 km de large
04:42qui constitue une véritable barrière naturelle.
04:46Chiang Kai-shek transforme rapidement l'île en forteresse
04:49et continue d'affirmer qu'il représente toute la Chine,
04:52y compris la jeune République populaire de Mao.
04:56Depuis, Taïwan est de facto un État indépendant.
04:59« Taïwan est une sorte d'écharde permanente,
05:06une blessure éternelle dans le récit national du pouvoir communiste.
05:10Pour le gouvernement chinois, elle constitue en quelque sorte la pièce de mosaïque manquante
05:19qu'il faut récupérer et réintégrer à l'ensemble
05:22pour que la Chine soit de nouveau complètement unie.
05:25Depuis des décennies, ce conflit larvé ne cesse de s'amplifier.
05:33Il est d'une importance géopolitique considérable,
05:36non seulement en Asie de l'Est, mais aussi dans le reste du monde.
05:39Dès son arrivée au pouvoir, Xi Jinping a dit que la question de la réunification avec Taïwan
05:46ne serait plus reportée aux générations suivantes.
05:52D'après les services de renseignement américains,
05:55Xi Jinping aurait exprimé son objectif sans équivoque.
05:59La République populaire doit se préparer à un affrontement militaire avec Taïwan d'ici 2027.
06:04La Chine a formellement démenti, mais il est clair que son président
06:08tient absolument à régler ce conflit hérité de Mao.
06:12Dès la création de la République populaire, Mao planifie la conquête de Taïwan
06:17afin de vaincre définitivement son rival Chiang Kai-shek et d'unifier la Chine.
06:22Mais ses forces armées et le pays sont encore trop affaiblies par les années de guerre civile.
06:27Mao décide alors de se tourner vers Staline.
06:28« Pour lui, Staline est comme le soleil dans le ciel.
06:36Il le considère comme son mentor et l'appelle maître. »
06:43Le 6 décembre 1949, Mao prend le train pour Moscou.
06:51Il veut rencontrer Staline en personne pour lui demander une aide militaire et économique.
06:55La traversée de ces deux pays gigantesques dure pas moins de dix jours.
07:04Le 16 décembre 1949, Mao arrive enfin dans la capitale soviétique.
07:12Mais sur le quai, il n'y a que des émissaires pour l'accueillir.
07:16Staline brille par son absence.
07:18« Staline, au lieu de l'accueillir avec des honneurs, etc., le fait attendre des heures avant de le recevoir. »
07:31La première rencontre entre les deux chefs d'État est aussi brève que glaciale.
07:36Puis Mao reste dans l'incertitude pendant plusieurs semaines avant que Staline consente à un deuxième rendez-vous.
07:41« Staline aime bien aguicher les gens, et il ne s'en est pas privé avec Mao Tse-tung. »
07:51« Pour Mao, c'est une humiliation sans nom. »
07:56Malgré les déclarations officielles d'amitié, les relations entre les deux leaders sont tendues.
08:02Depuis la guerre civile, Staline se méfie de Mao.
08:04Il ne voit en lui qu'une forte tête totalement imprévisible.
08:12Staline en a toujours voulu à Mao, de ne pas s'être complètement soumis à ses directives, à son dogme, à ses vues.
08:20Mao était trop indépendant de penser pour Staline.
08:23« Staline commence à douter de Mao. Est-ce qu'il est vraiment marxiste ? »
08:36Des membres de l'entourage proche de Staline déclareront plus tard qu'il avait surnommé Mao le « radis ».
08:42« Vous savez, cette plante dont la racine est rouge à l'extérieur, mais blanche à l'intérieur. »
08:49« Autrement dit, il a l'apparence d'un communiste, mais au fond, il est blanc, c'est-à-dire contre-révolutionnaire. »
08:59Bon voisin, vieil ennemi.
09:01Les relations entre la Chine et la Russie ont toujours été pleines de contradictions.
09:06Et les moments d'amitié, généralement de courte durée.
09:10Depuis des siècles, la dynamique entre les deux pays s'articule principalement autour de conflits territoriaux,
09:16de différences idéologiques et d'intérêts stratégiques.
09:19Aujourd'hui, la Chine est devenue une superpuissance et les rapports de force ont changé.
09:26Mais entre Vladimir Poutine et Xi Jinping, la relation reste toujours aussi complexe.
09:31En février 1950, après des mois d'âpres négociations à Moscou, Mao parvient à obtenir deux choses.
09:44Un pacte d'assistance mutuelle contre les offensives japonaises et une aide économique de l'URSS.
09:50Mais une de ses principales demandes reste malheureusement l'être morte.
09:54Staline refuse d'accorder une aide militaire pour l'invasion de Taïwan.
10:03Le dictateur soviétique veut éviter un conflit en Asie, qui risquerait de devenir incontrôlable.
10:09Staline s'est ainsi vengé de l'indépendance de Mao et lui a fait comprendre qu'il devait lui être soumis.
10:14Mais quelques mois plus tard, le conflit taïwanais se retrouve soudain relégué au second plan.
10:30L'Asie est secouée par une nouvelle crise, qui va influencer de manière décisive la politique de Mao au cours des années suivantes.
10:36La guerre de Corée, c'est un tournant.
10:43Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Corée est coupée en deux.
10:47La partie nord est sous influence soviétique et la partie sud sous influence américaine.
10:53Et les deux camps ne cessent de violer la frontière.
10:56Le 25 juin 1950, la situation s'embrase.
11:00Financée et armée par l'Union soviétique, la Corée du Nord lance une offensive de grande envergure contre le Sud.
11:12La Corée du Sud reçoit aussitôt des renforts de l'armée américaine dans le cadre d'un mandat de l'ONU.
11:17Quand les troupes de Corée du Nord, soutenues par les soviétiques, franchissent le 38e parallèle pour attaquer la Corée du Sud,
11:35l'URSS appelle Mao à l'aide.
11:41Mao n'a aucune envie de rentrer dans ce conflit.
11:50Il vient tout juste lui-même de sortir du conflit.
11:54Il est occupé à autre chose, à reconstruire son pays, à construire le régime de la République populaire de Chine.
12:01Il est occupé par Taïwan.
12:03Mais Staline insiste.
12:04Mis au pied du mur par l'Union soviétique, Mao voit aussi dans cette crise une occasion à saisir.
12:14En apportant son soutien à la Corée du Nord, il pourrait consolider son alliance avec Staline.
12:20Le déclenchement de la guerre de Corée marque un tournant dans l'histoire de la République populaire, un an seulement après sa création.
12:26Après des négociations difficiles avec Staline, Mao finit par envoyer une armée de volontaires constituée de 700 000 soldats
12:35et en profite au passage pour mener une vaste opération de nettoyage politique.
12:41Parmi les recrues de cette armée, on retrouve ainsi beaucoup d'hommes qualifiés d'ennemis de l'État.
12:47Par exemple, d'anciens membres du Kuomintang ou de supposés criminels et contre-révolutionnaires.
12:52Une partie de la population que Mao juge tout à fait superflue.
12:57Mais l'armée des volontaires ne se limite pas aux ennemis présumés.
13:01Elle compte aussi parmi elles Mao Anying, le fils aîné du dirigeant chinois.
13:06Dès ses 14 ans, le jeune homme a été envoyé à Moscou pour se former.
13:11D'abord dans une école internationale, puis dans une académie militaire.
13:15Mao Zetong n'était pas très famille.
13:22Il ne s'occupait pas trop de ses enfants.
13:25Ce n'était pas un père affectueux.
13:27Ce qui l'intéressait, c'était la politique.
13:31Pour Mao, tout passe après la révolution communiste, y compris sa famille.
13:39Face aux généraux chinois qui, pour des raisons de sécurité, ne souhaitent pas avoir Mao Anying dans leur rang,
13:44le chef d'état exige que son fils soit enrôlé.
13:49Il montre ainsi à son peuple que tout le monde doit faire des sacrifices.
13:59Cinq semaines plus tard, Mao Anying meurt lors d'une attaque aérienne des Américains sur le quartier général chinois.
14:05Mao reçoit la terrible nouvelle.
14:20Mao Zetong posa son journal et commença à lire le télégramme que je lui tendais.
14:25À cet instant, l'atmosphère sembla se figer.
14:28Mao Zetong mit trois ou quatre bonnes minutes pour lire un si court télégramme, la tête de plus en plus basse.
14:34Lorsqu'il releva finalement la tête, je vis qu'il ne versait pas de larmes.
14:38Il était sans expression, mais les traits de son visage étaient horribles à voir.
14:43Il me fit un signe de la main.
14:44Toute guerre demande des sacrifices.
14:46Ce n'est rien.
14:48C'est pour cette raison que beaucoup de Chinois aiment encore le président Mao.
14:52Ils disent que c'était un grand dirigeant, qu'il était intègre,
14:56qu'il n'a pas hésité à envoyer son fils à la guerre
14:59et qu'il n'en a pas fait tout un drame quand celui-ci est mort.
15:04En réalité, Mao se rend compte que le conflit lui offre une opportunité géopolitique unique.
15:13La confrontation avec une superpuissance comme les Etats-Unis
15:16promet d'étendre considérablement le prestige international de la Chine.
15:21C'est donc avec cet objectif en tête qu'il décide d'envoyer un nombre croissant de soldats au front.
15:25A la fin, ils seront plus de 3 millions.
15:31Et ce conflit a des conséquences extrêmement importantes dans la constitution des deux blocs.
15:36Les négociations de paix échouent à plusieurs reprises.
15:43Résultat, la guerre durera 3 ans.
15:46Et il faudra attendre 1953 pour qu'un cessez-le-feu soit enfin conclu.
15:51On établit alors une ligne de démarcation pour séparer la Corée du Nord communiste de la Corée du Sud démocratique.
15:57Depuis, le tracé n'a pas changé.
16:01La Chine va finalement donc également être considérée comme un agresseur par l'ONU
16:05qui va donc l'isoler et lui imposer des sanctions.
16:12Pourtant, en matière de politique extérieure, l'issue du conflit est un véritable triomphe pour Mao.
16:24A peine créée, la jeune république populaire, aidée de la Corée du Nord, a déjà contraint les Etats-Unis à un cessez-le-feu.
16:31Mais ce succès s'est payé au prix fort.
16:37D'après les estimations, la guerre aurait fait plus de 4 millions et demi de morts.
16:41Tous camps confondus.
16:44Mais la République populaire de Chine et la Corée du Nord n'ont jamais publié de statistiques officielles.
16:53C'est au cours de ce conflit que Taïwan devient la clé de voûte de la politique américaine en Asie.
16:59Truman envoie sa 7e flotte dans le détroit de Taïwan et inclut Taïwan dans sa zone pacifique
17:06et que les Américains se font un devoir de protéger contre les forces communistes.
17:17Donc ce qui est intéressant, à ce moment-là, c'est que la division entre Orient-Occident,
17:25entre le bloc Chine-URSS-Occident autour des Américains, est à ce moment-là scellé.
17:33Afin de lutter contre le communisme, les États-Unis fournissent désormais des armes et de l'argent à Taïwan et à son dirigeant Chiang Kai-shek.
17:46Cette aide permet également à la petite île dissidente d'atteindre un objectif très important.
17:51Représenter à elle seule toute la Chine et le peuple chinois aux Nations Unies.
17:55De son côté, la jeune République populaire de Chine reste exclue de l'organisation internationale.
18:05Mais le but de Mao pour les décennies à venir est très clair.
18:09Il veut nouer le plus d'alliances possibles à travers le monde,
18:12afin que la Chine puisse siéger au plus vite à l'ONU.
18:17Malheureusement pour lui, ce combat pour une reconnaissance internationale prendra encore des années.
18:22En revanche, sa stratégie consistant à profiter de la guerre de Corée pour restructurer sa politique intérieure fonctionne parfaitement.
18:31Ainsi, Mao redéfinit de façon radicale la notion de propriété.
18:36Dans tout le pays, les propriétaires fonciers et les paysans fortunés se font déposséder de leurs terres.
18:42L'idée de Mao, c'est de redistribuer les terres aux paysans pauvres et moyens pauvres,
18:49afin justement de créer une prospérité commune.
19:03L'idée semble bonne.
19:10Mais en réalité, cela a déchaîné beaucoup de violence.
19:16Mao utilise la loi sur la réforme agraire à des fins politiques.
19:19Mao, le parti communiste, va imposer cette loi dans les campagnes au moyen de la mobilisation des masses,
19:30de la mobilisation des paysans qui vont être encouragés à dénoncer publiquement leurs oppresseurs.
19:35Les communistes dénoncent publiquement les propriétaires terriens.
19:42Pour les humilier au maximum, ils les mettent au pilori et les forcent à faire leur mea culpa.
19:47Avant, les propriétaires détenaient un pouvoir économique et politique absolu dans les villages.
19:58Ces condamnations et humiliations publiques servent donc à montrer aux spectateurs,
20:03c'est-à-dire à la plupart des habitants du village,
20:06que les propriétaires n'ont plus aucune autorité ni aucun statut privilégié.
20:10Les villageois doivent comprendre que c'est eux à présent qui détiennent le pouvoir.
20:20Évidemment, ces séances d'humiliation publiques sont organisées et scénarisées
20:25de façon à échauffer les esprits des spectateurs.
20:27Beaucoup de propriétaires meurent sous les coups de la foule.
20:40On ne sait pas exactement combien d'entre eux sont tués pendant cette campagne,
20:45mais c'est au moins un million.
20:46Mao profite également de la réforme agraire pour consolider son propre pouvoir.
21:01Il fait systématiquement exécuter les partisans du Kuomintang et ses autres opposants.
21:06Dès le début, le sang a coulé.
21:19C'est ça, l'histoire du Parti communiste chinois.
21:24Pourtant, au début des années 50, et malgré le terrorisme d'État,
21:29les conditions de vie de la population ne cessent de s'améliorer.
21:33Après des décennies de guerres et de chaos,
21:36le pays retrouve une certaine stabilité.
21:40L'économie commence à prendre son essor
21:42et de nombreux Chinois entrevoient alors de nouveaux horizons.
21:47La plupart considèrent Mao comme le garant de la croissance,
21:50du bonheur et d'une paix durable.
21:52Ils le surnomment avec respect le sauveur de la Chine
21:55ou le grand timonier.
22:00Mao se bâtit une véritable image de héros,
22:04de quelqu'un qui prend soin de son peuple.
22:13À cette époque, il y a tout un culte orchestré par l'État.
22:19On crée une imagerie qui montre un Mao particulièrement radieux et visionnaire.
22:26Mao Tse-tung est à la tête de la révolution.
22:28Désormais, le parti et le peuple se doivent d'adhérer à ces idées.
22:34Aucune opposition n'est tolérée.
22:40Ce mouvement se donne des allures de révolution radicale
22:43et donne l'impression de rompre totalement avec l'Empire d'avant.
22:47Mais au fond, c'est comme si on remettait un empereur sur le trône.
22:54Et ce nouvel empereur s'appelle Mao Tse-tung.
23:00Mao et le parti communiste poursuivent sans état d'âme la transformation de l'État.
23:04C'est à ce moment-là qu'on commence à se demander comment progresser vers le socialisme.
23:21Après avoir redistribué ses terres agricoles,
23:24la Chine décide de s'attaquer à la modernisation de son industrie.
23:28Mais pour cela, elle a besoin d'aide.
23:31Au cours des premières années d'existence de la République populaire de Chine,
23:40l'Union soviétique envoie à sa jeune voisine des milliers d'experts
23:43pour l'aider à reconstruire son économie,
23:46mais aussi à développer d'autres domaines,
23:49comme la politique ou la culture.
23:54Moscou ne fournit pas seulement de la main-d'œuvre à Pékin,
23:57mais lui accorde aussi un prêt de 300 millions de dollars.
24:01Une somme qui doit surtout servir au développement de l'industrie lourde.
24:05En outre, Mao emprunte à l'Union soviétique le principe du plan quinquennal.
24:14Les plans quinquennaux constituaient, et constituent toujours,
24:17la base de l'économie planifiée.
24:20En gros, l'État s'efforce d'abord d'évaluer les besoins et la demande,
24:24puis il crée l'offre correspondante par le biais d'une planification centralisée.
24:27Aujourd'hui, les plans quinquennaux existent toujours.
24:35Ils n'ont plus la même fonction qu'à l'époque de Mao,
24:38mais cette idée de gestion contrôlée de l'économie a perduré,
24:41même si le marché joue un rôle beaucoup plus important qu'avant.
24:47À l'heure actuelle, c'est le 14e plan quinquennal qui est en vigueur en Chine,
24:52pour une période allant de 2021 à 2025.
24:54Il vise principalement à affranchir l'économie chinoise des économies étrangères,
25:01tout en renforçant les ventes sur le marché intérieur.
25:07Ce plan marque une nouvelle étape vers la création d'un pays fort et économiquement indépendant.
25:13Un objectif que la Chine poursuit depuis Mao.
25:23En 1953, le premier plan quinquennal pose les jalons.
25:28Mais la vision de Mao pour son pays va bien au-delà du développement économique.
25:33Il veut aussi modifier la société en profondeur.
25:35La première loi que le Parti communiste promulgue
25:42est la loi de 1950 sur le mariage,
25:45qui accorde aux femmes l'égalité des droits.
25:47Le président Mao va faire beaucoup pour les femmes.
25:53Sous le slogan « Les femmes sont les égales des hommes »,
25:56les communistes mettent en œuvre des réformes de grande ampleur
25:59et révolutionnent les relations hommes-femmes.
26:02Cet intérêt de Mao pour les droits des femmes remonte à ses années de jeunesse,
26:09comme en témoignent ses premiers écrits.
26:12Il s'inspire de sa propre expérience,
26:14et notamment de son mariage forcé à l'âge de 14 ans,
26:17pour instaurer une nouvelle législation.
26:19qui interdit la polygamie,
26:24qui interdit le mariage des mineurs
26:27et élève l'âge du mariage à 20 ans pour les hommes,
26:3418 ans pour les femmes,
26:36qui interdit l'infanticide
26:39et donne aux femmes le droit de divorcer,
26:43d'ester en justice et d'hériter.
26:46À l'époque,
26:49les femmes étaient considérées comme de simples biens,
26:52qu'on pouvait même vendre.
26:57Ma grand-mère a rencontré mon grand-père au travail,
27:00et elle est devenue sa concubine.
27:02Puis, en 1949,
27:04le Parti communiste est arrivé au pouvoir
27:06et a obligé les hommes à ne garder qu'une femme.
27:09Et mon grand-père a choisi de rester avec ma grand-mère.
27:12Il a préféré sa concubine à son épouse.
27:16La loi sur le mariage accordait aux femmes
27:21l'égalité des droits en matière d'éducation et d'emploi.
27:26Et elle interdisait la coutume féodale des pieds bandés.
27:30Ma grand-mère, par exemple, avait les pieds bandés.
27:32La tradition des pieds bandés,
27:36également appelée pieds de lotus,
27:38est un procédé cruel destiné à garder les pieds des jeunes filles
27:41aussi petits que possible.
27:44Il consiste à briser les orteils
27:45et à les compresser avec des bandages.
27:49Ces petits pieds incarnent un idéal de beauté
27:51et symbolisent un certain statut social.
27:53La pratique a beau être interdite en 1912,
27:58elle persiste dans certaines régions de Chine.
28:01Mao impose alors son interdiction la plus stricte dans tout le pays.
28:04Mais en même temps,
28:06ce qu'il faut comprendre,
28:08c'est que Mao libère les femmes,
28:10non pas pour qu'elles puissent vivre leur vie de femme,
28:14mais parce que,
28:15comme l'indique la fameuse citation,
28:18parfois mal comprise,
28:20« Les femmes portent la moitié du ciel »,
28:23parce qu'il avait besoin des femmes
28:24comme main-d'œuvre et comme révolutionnaire.
28:26Voici un poème qui parle des milices de femmes.
28:35Fusils de cinq pieds en main,
28:37vaillantes et héroïques,
28:39les lueurs de l'eau brillent sur l'air d'entraînement militaire.
28:42Les enfants de la Chine ont de grandioses ambitions.
28:46Ne se poudrent pas la face,
28:47mais font face à la poudre.
28:52C'est un poème du président Mao
28:54dédié aux milices de femmes en Chine.
29:04Les femmes sont appelées à travailler
29:06comme les hommes,
29:07au même titre que les hommes dans les usines,
29:09dans les communes populaires.
29:15L'idée n'était absolument pas de libérer la femme.
29:19En tant que partie intégrante de la société socialiste,
29:22les femmes doivent se plier aux injonctions de l'État.
29:28Même de nos jours,
29:30l'État continue d'intervenir dans la vie des femmes.
29:33À l'heure où le taux de natalité de la Chine
29:35est en chute libre,
29:36le gouvernement communiste de Xi Jinping
29:38propage une image traditionnelle de la famille.
29:43Il souhaiterait que les femmes fassent davantage d'enfants
29:45et aussi que le nombre de divorces diminue.
29:50Largement dominé par les hommes,
29:52le gouvernement communiste
29:54veut éduquer et diriger le peuple à sa guise.
30:00Cette politique nécessite une surveillance systématique
30:02de la population.
30:04Ce qui, sous Mao Tse-tung,
30:06devient une réalité.
30:07Pour cela,
30:09il peut s'appuyer sur les communes populaires
30:10et les Danouais,
30:11qui jouent un rôle central.
30:18Les Danouais sont des unités de vie et de travail
30:21où s'exerce toute la vie sociale et professionnelle.
30:28Ces unités de travail
30:29visent à abolir les besoins individuels
30:31et à forger une identité commune.
30:34Au téléphone,
30:38on se présente toujours
30:39en donnant d'abord le nom de sa Danouais,
30:41puis seulement après,
30:43son propre nom.
30:45L'État a ainsi la main mise
30:47sur tous les domaines de la vie.
30:54Le parti est vraiment responsable de tout.
30:57De la cérémonie de mariage
30:58jusqu'au choix du nouveau de Sudli.
31:02Il s'occupe même des enfants
31:03et des personnes âgées.
31:04On pourrait dire
31:05que c'est une institution totale.
31:14C'est à ce moment-là
31:15que l'État commence
31:16à déployer son réseau.
31:19Jusque dans les plus petits villages.
31:22Les militants
31:23et les membres du parti
31:24qui ont fait leur preuve
31:25lors de la réforme agraire
31:26constituent à présent
31:27les pines dorsales
31:28de ce système de surveillance
31:30dans les villages
31:30et les cités ouvrières.
31:31C'est une institution
31:36qui fournit un compte-rendu
31:37permanent sur le comportement
31:38de ses membres.
31:40Tout est consigné
31:42dans ce qu'on appelle
31:42des Dangan,
31:44c'est-à-dire des dossiers
31:45sur chaque personne
31:46qui détaillent de façon exhaustive
31:48aussi bien le niveau
31:49de loyauté politique
31:50que le curriculum vitae.
31:51Ce contrôle généralisé
31:56installe peu à peu
31:56un climat d'incertitude.
31:59Les frontières
31:59entre le politiquement correct
32:01et le politiquement incorrect
32:02sont de plus en plus floues.
32:07Le président Mao a déclaré
32:09que 95% des gens
32:10étaient bons,
32:11ce qui voulait dire
32:12que 5% étaient mauvais.
32:14Donc chaque unité de travail
32:15devait trouver 5%
32:17de gens mauvais.
32:17Mon père a fait partie
32:21de ces 5%.
32:22Il est devenu
32:23un déviant de droite.
32:29Il a passé plusieurs années
32:30dans un Laogai,
32:32un camp de rééducation
32:33par le travail.
32:37Dans les années 50,
32:39la direction du Parti communiste
32:41met en place
32:41le système des Laogai,
32:43des camps de travail
32:44et des établissements pénitentiaires
32:46qui ressemblent au goulag soviétique.
32:49Il s'agit de provoquer
32:50chez les présumés
32:51déviants de droite
32:52une réforme de la pensée
32:53et une rééducation
32:55par le biais
32:55du travail forcé
32:56et de la torture physique
32:58ou psychologique.
33:01Au cours des décennies suivantes,
33:04le nombre de Laogai
33:05ne cesse de croître.
33:07A la mort de Mao,
33:09ils sont intégrés
33:09au système pénitentiaire général.
33:12Aujourd'hui encore,
33:14ils représentent
33:15un outil très puissant
33:16que l'État n'hésite pas
33:17à utiliser
33:18pour enfermer
33:18et rééduquer
33:19les dissidents,
33:20souvent pendant
33:21des dizaines d'années.
33:27J'ai grandi
33:28sans voir mon père.
33:29Toutes les familles chinoises
33:36ont eu leur vie affectée
33:38par le président Mao.
33:39« Quand le Parti communiste
33:49a fondé la Nouvelle Chine
33:50en 1949
33:51et dans les années 50,
33:54des hommes sont venus
33:55recruter mon père
33:56dans son village.
33:57ils lui ont dit
33:59« Tu as l'air fort,
34:00jeune homme.
34:01Tu veux travailler
34:01dans nos usines d'État
34:02en ville ?
34:03On te paiera un salaire. »
34:08Mon père s'est dit
34:09« J'aurai trois repas
34:10par jour
34:10plus un salaire. »
34:12Alors il a accepté,
34:13bien sûr.
34:16Il a donc été embauché
34:17dans une usine d'État
34:18et a aussi adhéré
34:20au Parti communiste.
34:21C'est à cette époque
34:25qu'il a rencontré ma mère
34:26et qu'ils ont commencé
34:27à se fréquenter.
34:33Comme mon père
34:35était membre du parti,
34:36les communistes
34:37ont mené une enquête
34:38sur ma mère
34:39pour s'assurer
34:40qu'elle ferait
34:40une épouse convenable
34:41pour lui.
34:45Les représentants du parti
34:47sont tous venus
34:47au mariage
34:48pour donner leur aval.
34:51À l'époque,
34:53on ne disait pas
34:53« mari et femme ».
34:54C'était des mots censurés.
34:57Tout le monde
34:57s'appelait « camarades ».
34:59À l'époque,
35:03d'ailleurs,
35:03il était interdit
35:04de parler d'amour,
35:05que ce soit pour les femmes
35:06ou pour les hommes.
35:06Il fallait faire la révolution
35:07et la révolution
35:08n'était pas un dîner de gala.
35:12Lily Tang et sa famille
35:13vivent dans un appartement exigu.
35:17Et la nourriture
35:18vient souvent à manquer.
35:23On était cinq
35:24et on avait toujours faim.
35:28Dans mon souvenir,
35:30personne n'avait
35:30de propriété privée.
35:32Tout était entre les mains
35:33de l'unité de travail.
35:38Quand je vivais en Chine,
35:40j'avais l'impression
35:41que je devais toujours cacher
35:43mes vrais sentiments humains.
35:48Je ne me souviens pas
35:53d'avoir pleuré
35:54une seule fois en public
35:55au cours de mes vingt années
35:57passées en Chine.
36:01C'était un régime
36:02et une société
36:03extrêmement tyrannique.
36:05Dès qu'on montrait
36:06ses émotions,
36:07on était pris pour cible.
36:08Nous étions trop pauvres
36:15pour acheter une radio.
36:18Mais il y avait
36:19un haut-parleur public
36:20juste à côté
36:21de notre appartement.
36:23Et tous les matins,
36:24on avait droit
36:25à des chants révolutionnaires,
36:27à l'opéra de Pékin
36:28et aux informations.
36:29Toujours le volume à fond.
36:32Puis ça s'arrêtait d'un coup.
36:33Certains soirs,
36:44Lily Tang a le droit
36:45d'écouter la radio
36:46chez le voisin.
36:53Je restais debout
36:54à côté de l'appareil
36:55et j'écoutais
36:56avec beaucoup d'attention.
37:01Pendant la pose
37:02des informations,
37:03il diffusait
37:04une minute
37:04de musique classique.
37:17Vous me faites pleurer.
37:20Je ne sais pas pourquoi
37:21je trouvais ça beau.
37:25Mais c'était comme
37:26la pluie tombant
37:27sur un désert aride.
37:32A chaque fois
37:37que je parle de ça,
37:38les souvenirs remontent.
37:40Je me souviens
37:40de cette sensation.
37:50C'était quelque chose
37:51de beau, d'humain
37:53et de naturel.
37:54Ça me touchait.
37:55Quelques années seulement
38:05après la proclamation
38:05de la République populaire,
38:08Mao Tse-tung
38:08et le Parti communiste
38:10contrôlent déjà
38:10la vie de millions
38:11de Chinois.
38:13Mais contrôle-t-il
38:14vraiment le pays
38:14pour autant ?
38:16Mao n'en est pas
38:17totalement sûr.
38:19Et en 1953,
38:21la mort d'un autre leader
38:22communiste
38:23va vite confirmer
38:24ses craintes,
38:25celles de Joseph Staline.
38:31Trois ans plus tard,
38:33Nikita Khrouchev
38:34règle ses comptes
38:34avec son prédécesseur.
38:38Des stalinisations,
38:40remise en cause
38:41du culte
38:42de la personnalité
38:42de Staline
38:43par Khrouchev,
38:44dénonciation
38:44des crimes du stalinisme,
38:46plus d'humanité
38:46dans le parti,
38:48plus de liberté
38:48d'expression.
38:49Les dirigeants
38:54du parti chinois
38:54sont très inquiets.
38:56Mais ils autorisent
38:57les intellectuels
38:58du pays
38:58à suivre les débats
38:59en Union soviétique.
39:01Ce qui ne sera pas
39:02sans conséquence.
39:03se disent,
39:09mais pourquoi pas nous ?
39:10Nous aussi,
39:11en fait.
39:11Nous,
39:12on croyait
39:12dans le potentiel
39:13libérateur
39:14du parti communiste,
39:15mais en réalité,
39:16on se retrouve
39:16sous une chape de plomb.
39:17Mao décide
39:25qu'il faut donner
39:26la possibilité
39:28au peuple chinois
39:29et notamment
39:29aux intellectuels
39:30de s'exprimer,
39:31d'exprimer
39:32leurs critiques
39:34vis-à-vis du parti
39:35pour éviter
39:36que ces critiques,
39:37si elles sont retenues
39:39trop longtemps,
39:41finissent par exploser
39:42dans un mouvement
39:43de révolte.
39:47Mao espère
39:51que son pouvoir
39:52est suffisamment solide
39:53pour que les erreurs
39:54commises puissent
39:55être évoquées,
39:56admises et corrigées.
40:02Que cent fleurs
40:04s'épanouissent,
40:05que cent égoles
40:06rivalisent.
40:11L'idée est formidable.
40:14Il s'agit de laisser
40:15s'épanouir cent fleurs
40:16c'est-à-dire cent égoles
40:19de pensée,
40:20autrement dit
40:20d'ouvrir le débat.
40:23Au début,
40:24les intellectuels
40:25sont sceptiques,
40:26mais les encouragements
40:27répétés de Mao
40:28finissent par porter
40:29leurs fruits.
40:30De plus en plus de gens
40:31expriment ouvertement
40:32leurs opinions.
40:35Cette période
40:36qui dure toute l'année 1956
40:38jusqu'au printemps 1957
40:40donne lieu à des débats
40:42très animés
40:42où sont signalés
40:44de nombreux dysfonctionnements.
40:46Et les intellectuels
40:49ne sont pas les seuls
40:49à prendre la parole.
40:51Les ouvriers aussi.
40:56Ces critiques,
40:57elles ne s'adressent pas
40:58uniquement
40:59à la bureaucratie,
41:02à l'intérieur du parti,
41:04aux déviations du parti,
41:06au subjectivisme,
41:07etc.
41:08Elles s'attaquent,
41:09ces critiques,
41:10à l'essence même
41:11du système politique chinois.
41:12et à l'essence même
41:15de la dictature
41:18du parti communiste.
41:21Même si ces critiques
41:23de fond restent
41:23relativement marginales,
41:25Mao trouve le mouvement
41:26de plus en plus menaçant.
41:29Il opère alors
41:29un virage à 180 degrés
41:31et déclare que la campagne
41:32avait en fait
41:33un autre objectif.
41:35Démasquer les artistes
41:36et les intellectuels
41:37opposés au régime.
41:38Maoïta a été
41:42beaucoup trop confiant
41:43et quand il se rend compte
41:45que ce mouvement
41:47qu'il a lui-même
41:48encouragé
41:48est en train
41:49de lui échapper,
41:50il lance la répression
41:51antidroitière
41:52en 1957.
41:58Environ 500 000 individus
41:59se retrouvent ainsi
42:00catalogués
42:01déviants de droite.
42:05Ils sont alors envoyés
42:07en rééducation
42:07dans des villages reculés
42:08ou même enfermés
42:10dans des camps.
42:16Que pense le peuple ?
42:18A qui faire confiance ?
42:19Et de qui faut-il se méfier ?
42:22Des questions que se pose
42:23également le gouvernement
42:24communiste actuel.
42:25Le dilemme du dictateur
42:31pour quelqu'un
42:32comme Xi Jinping
42:33c'est que s'il bloque
42:35tous les réseaux sociaux
42:36il ne saura plus
42:37ce que pense son peuple.
42:41Le parti communiste chinois
42:44cherche toujours
42:45à surveiller
42:45et à analyser
42:46l'opinion publique.
42:48Il utilise en permanence
42:50des systèmes
42:51d'intelligence artificielle
42:52très puissants
42:53pour essayer
42:54d'identifier
42:55les sources
42:55de mécontentement
42:56du peuple.
42:59La liste
43:00des préoccupations
43:01quotidiennes
43:02de la population
43:02est longue.
43:04Smog dans les villes,
43:06pollution de l'eau,
43:07difficulté d'approvisionnement
43:08en nourriture,
43:09pénurie de médecins,
43:11corruption des fonctionnaires.
43:13Alors le gouvernement
43:13communiste
43:14doit faire preuve
43:15de stratégie.
43:15Il repère les endroits
43:18où une crise très grave
43:20risque d'éclater
43:21et il essaye
43:22de l'empêcher
43:22en apportant
43:23une amélioration
43:24ou en s'attaquant
43:25aux problèmes
43:26avant que la situation
43:27dégénère.
43:33Tout mouvement
43:34de protestation
43:35doit être tué
43:35dans l'œuf.
43:37Mais les mesures
43:38de répression
43:38ne sont plus
43:39le seul moyen
43:39d'y parvenir.
43:41L'histoire a montré
43:42que celle-ci
43:43coûtait cher,
43:43nuisait à la réputation
43:45internationale
43:46de la Chine
43:47et menaçait
43:47le pouvoir en place.
43:50Xi Jinping
43:50et les dirigeants
43:51communistes
43:52en ont donc tiré
43:52la leçon.
43:57En 1957,
43:59Mao traverse
44:00une crise profonde.
44:02En Chine,
44:03son image
44:04a été durablement
44:04ternie
44:05par l'issue
44:05de la campagne
44:06des sans-fleurs.
44:10Ce fiasco
44:11a fait naître
44:11une certaine méfiance
44:12à son égard.
44:13et il essaie
44:16d'y remédier
44:16en envisageant
44:17entre autres
44:18une restructuration
44:19socialiste
44:20de la société
44:20beaucoup plus stricte.
44:25Mao lance alors
44:26son projet
44:27le plus ambitieux
44:27à ce jour,
44:29le grand bond
44:29en avant.
44:31Car malgré
44:32les progrès réalisés
44:33dans le développement
44:33de son industrie
44:34et de ses infrastructures,
44:36la Chine reste
44:37un pays agricole
44:37à la traîne.
44:39Et il faut
44:39que cela change
44:40au plus vite.
44:41il décide là encore
44:45de s'appuyer
44:47sur
44:48l'unique force
44:50des masses
44:51pour faire
44:53de la Chine
44:53un grand pays
44:54puissant,
44:56prospère,
44:57industrialisé,
44:58capable de rattraper
44:59la Grande-Bretagne.
45:01Alors,
45:06le grand bond
45:07en avant,
45:07c'est en réalité
45:08un moment
45:09révolutionnaire
45:10crucial
45:10à travers lequel
45:15Mao va prendre
45:16son autonomie
45:18par rapport
45:18au modèle
45:19de développement
45:20de l'URSS,
45:22qui est donc
45:22le modèle
45:23de l'économie
45:24planifiée.
45:25Lors de ce grand bond
45:27en avant,
45:28Mao retire
45:29les commandes
45:30de l'économie
45:30aux bureaucrates
45:31et aux planificateurs
45:32pour les confier
45:34aux chefs
45:35de partis locaux.
45:37L'abandon
45:38du plan quinquennal
45:39est une stratégie
45:40délibérée.
45:41Depuis la mort
45:42de Staline
45:43en 1953,
45:44Mao est en concurrence
45:45avec Khrushchev
45:46pour prendre
45:47le leadership
45:47du monde communiste.
45:50En outre,
45:51le président chinois
45:51n'a pas digéré
45:52la critique de Staline
45:53par le nouveau
45:54chef du Kremlin.
45:55Pour lui,
45:56c'est une véritable
45:56trahison
45:57de l'idéal marxiste.
45:58Et en 1958,
46:01lors de la visite
46:02officielle
46:02de Khrushchev
46:03à Pékin,
46:04il ne manque pas
46:04de lui faire savoir.
46:06Quand Nikita
46:08Khrushchev arrive,
46:09Mao Tse-tung
46:10est en train
46:10de fumer
46:11et il lui souffle
46:12la fumée
46:13en plein visage
46:14en sachant pertinemment
46:15que Khrushchev
46:16déteste ça.
46:17Puis,
46:18pour humilier
46:19son visiteur,
46:20il l'invite
46:20à la piscine.
46:21C'est un camouflet
46:28politique
46:29parce que Mao
46:31est parfaitement
46:31à son aise
46:32dans l'eau
46:32alors que Khrushchev
46:33ne sait pas nager.
46:35Donc,
46:35c'est vraiment
46:36un coup bas.
46:39L'ambition de Mao
46:40est sans limite.
46:42Il veut que le monde
46:43entier soit époustouflé
46:44par les progrès
46:45de la Chine.
46:47Et le grand bond
46:47en avant
46:48doit incarner
46:48cette vision.
46:49Dans tout le pays,
46:52on construit
46:52des barrages,
46:53des voies ferrées
46:54et des complexes
46:55industriels.
46:56Mais il manque
46:57à ce pays agricole
46:58la matière indispensable
46:59à toute nation
47:00industrialisée.
47:02L'acier.
47:04Mao échafaude alors
47:04un plan audacieux.
47:11Toute la Chine
47:11doit devenir
47:12une gigantesque aciérie.
47:14Dans les arrières-cours
47:15des villes
47:15comme sur les places
47:16des villages,
47:17les habitants
47:18érigent des hauts
47:19fourneaux
47:19de petites dimensions.
47:24Partout,
47:24des feux flambent
47:25et des fumées
47:26s'élèvent dans le ciel.
47:29Il semblerait
47:29que Mao ait trouvé
47:30la clé
47:30de l'essor industriel.
47:33La production d'acier
47:34augmente
47:35de manière fulgurante,
47:37du moins sur le papier.
47:38Assez vite,
47:46on voit apparaître
47:47une sorte de compétition
47:49entre les différentes régions
47:50et les secrétaires
47:51du parti
47:51qui tiennent à montrer
47:53qu'ils suivent
47:53scrupuleusement
47:54la ligne maoïste.
47:57Le grand projet
47:58de Mao prévoit
47:59également d'accroître
48:00la productivité
48:01de l'agriculture.
48:03Au début
48:04du grand bond
48:04en avant,
48:05une campagne
48:06est organisée
48:07pour éradiquer
48:08quatre espèces
48:08jugées nuisibles,
48:09dont le moineau,
48:11afin d'améliorer
48:11les rendements agricoles.
48:17Tout le pays
48:19se mobilise.
48:21Il y a des gens
48:21qui tapent
48:22sur des poêles
48:22et des casseroles
48:23pour forcer
48:24les moineaux à voler
48:25et les empêcher
48:26de se poser.
48:31Les moineaux
48:31finissent par tomber
48:32du ciel,
48:33morts d'épuisement.
48:35On estime
48:36que cette opération
48:37a provoqué
48:37une hécatombe
48:38de plus de
48:38deux milliards
48:39d'oiseaux.
48:42En y repensant,
48:44je trouve ça
48:44complètement absurde.
48:46Comment peut-on
48:48lancer une telle
48:49campagne d'extermination
48:51en prétextant
48:52que les moineaux
48:53détruisent l'écosystème ?
48:54Mais une chose est sûre,
48:58la nature
48:59n'a pas dit
48:59son dernier mot.
49:02Suite à l'extermination
49:03massive des moineaux,
49:04d'autres nuisibles
49:06vont proliférer.
49:13L'ambition des objectifs
49:14en matière de production
49:15d'acier
49:16va avoir des conséquences
49:17dramatiques
49:17sur l'agriculture.
49:20Les cadres locaux
49:20arrachent de nombreux
49:21paysans à leur champ
49:22et dans leur excès
49:24de zèle,
49:25ils vont même
49:25jusqu'à faire fondre
49:26des outils agricoles.
49:28L'acier a priorité
49:29sur tout,
49:30y compris sur
49:30l'alimentation quotidienne.
49:32et aucun membre
49:33du parti
49:34ne juge bon
49:34d'intervenir.
49:38Ils sont intimidés
49:40et ne veulent surtout
49:41pas faire de vagues.
49:43Ils se sentent
49:44déjà très chanceux
49:45d'être passés
49:46entre les mailles
49:46de la campagne
49:47anti-droitiste.
49:50La férocité
49:51de la répression
49:52a mis tout le monde
49:52sur la défensive
49:53et les membres
49:56du parti
49:56sentent qu'il vaut mieux
49:57ne pas être en désaccord
49:59avec cette nouvelle campagne.
50:02A un moment donné,
50:08les cadres
50:09doivent faire
50:10un compte-rendu
50:10de leurs résultats
50:11et beaucoup d'entre eux
50:13sont obligés
50:14de mentir
50:15en affirmant
50:15qu'ils ont accompli
50:16leur mission.
50:19Mais la réalité
50:20du grand bond
50:20en avant
50:21est tout autre.
50:24Les chiffres
50:24de production
50:25sont purement illusoires.
50:26les champs
50:30autrefois fertiles
50:31sont laissés
50:32en friche.
50:33L'acier
50:34pourtant produit
50:35à grand peine
50:36n'est que de la ferraille
50:37sans valeur.
50:39Et ce ne sont là
50:40que les premières
50:41déconvenues
50:41du grand bond
50:42en avant
50:42imaginées par Mao.
50:43La Chine
50:47se trouve désormais
50:48au bord du gouffre.
50:50La question
50:51n'est plus de savoir
50:52si une catastrophe
50:53va se produire
50:54mais qu'elle sera
50:55l'étendue des dégâts.
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