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  • il y a 2 jours
Parmi les grands visages de la loi de 1905, Jean Jaurès joue un rôle clé : figure du socialisme, partisan de longue date de la séparation, le député du Tarn va tenir un discours décisif, défendant une position d'équilibre permettant de rallier toute la gauche et le camp républicain au texte.

À l'occasion des 120 ans de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État, LCP ressuscite les débats parlementaires au Palais Bourbon sur ce texte fondateur de la laïcité à la française à travers une série de portrait des députés de l'époque. Du rapporteur Aristide Briand à Jean Jaurès, en passant par l'abbé Gayraud pour la défense de l'Église et l'anticlérical Maurice Allard, les visages de la loi sont décrits et racontés par l'historien Bruno Fuligni.
Des discours qui entrent en résonnance avec les débats toujours actuels sur la laïcité. Une collection réalisée par Thibault Henocque.

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Transcription
00:00La séance est ouverte.
00:15L'ordre du jour appelle la discussion du projet et de plusieurs propositions de loi portant séparation des Églises et de l'État.
00:27Mars 1905, à l'Assemblée s'ouvre un débat d'une portée telle qu'il résonne aujourd'hui encore.
00:36Parmi les députés, certains vont marquer ces heures décisives qui vont voir la République assurer la liberté de conscience
00:44et garantir le libre exercice des cultes sans en reconnaître ni en subventionner aucun.
00:50Parmi ces visages à jamais attachés à l'histoire de la laïcité à la française, celui de Jean Jaurès.
00:57Jean Jaurès est né à Castres en 1859.
01:01Une famille au départ plutôt de paysans, mais son père va être aussi à un certain moment marchand forain.
01:08C'est peut-être là que Jaurès va voir un petit peu les prodiges de la parole,
01:12va voir comment on s'adresse au public, comment on s'adresse à une foule.
01:16Il est élu député dès l'âge de 25 ans.
01:19C'est donc l'un des chefs de file du socialisme français, à la fois un grand orateur, mais aussi un philosophe, c'est-à-dire un penseur.
01:26La marche délibérée de l'esprit vers la pleine lumière, vers la pleine science.
01:31Pendant les débats de 1905, Jaurès d'abord se tient un petit peu en retrait.
01:35Il faut savoir que contrairement à beaucoup de socialistes, Jaurès ne rejette pas les idées religieuses.
01:41Sa fille a pu faire sa première communion.
01:44Il aime les églises, les cathédrales, au moins pour s'y retirer, pour y penser.
01:48Et puis il considère qu'elles font partie de l'histoire de la nation.
01:52C'est donc pas un anticlérical viscéral, même s'il combat l'église en tant que force politique de réaction.
01:58Il va soutenir l'option d'Aristide Briand, c'est-à-dire celle d'une loi de compromis.
02:04Et quand Jaurès entre en scène, quand il prononce son grand discours dans l'hémicycle,
02:09c'est pour inciter l'ensemble des socialistes à soutenir le projet du rapporteur
02:13et à ne pas chercher à brutaliser l'église, à brutaliser les croyants,
02:19en cherchant à utiliser la loi pour déchristianiser la France.
02:22Ça n'est pas l'objet de cette loi, c'est une loi qu'il veut loyale et respectueuse de la liberté de conscience.
02:29C'est en respectant les principes d'organisation des églises.
02:34Et c'est en dressant contre ces églises la grande association des hommes
02:40travaillant au culte nouveau de la justice sociale.
02:45C'est par là que vous ferez progresser ce pays conformément à son génie.
02:50Nous ne faisons pas une œuvre de brutalité, de sournoiserie.
02:57Nous faisons une œuvre de sincérité.
03:02Pour Jaurès, ce qui résonne là plus en philosophe qu'en politique,
03:06c'est à travers le temps que les consciences vont s'éveiller par l'éducation aussi
03:10et pourront tous se déterminer par eux-mêmes.
03:14Son idéal, c'est le citoyen qui est autonome de son jugement et de sa croyance.
03:19Et finalement, dans ce cadre-là, qu'importe si les gens croient en Dieu ou pas,
03:24du moment qu'ils sont respectueux de la liberté d'autrui.
03:27C'est cet idéal-là qu'il décrit.
03:30C'est une approche un petit peu singulière,
03:33qui n'est évidemment pas celle de l'Église,
03:35mais qui n'est pas celle non plus des anticléricaux forcenés,
03:39qui eux, à la limite, raseraient volontiers toute trace du passé chrétien de la France.
03:43Sous-titrage Société Radio-Canada
03:49Sous-titrage Société Radio-Canada
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