- il y a 2 jours
1905 / 2025, la loi de Séparation des Églises et de l'État célèbre son cent vingtième anniversaire : l'occasion de redécouvrir un des moments-clés de l'histoire républicaine, une histoire humaine et politique, passionnée et passionnante, consignée dans de nombreux volumes à l'Assemblée nationale.
Pour feuilleter cette grande aventure parlementaire, "La Séparation", entre fiction et documentaire, invite les téléspectateurs à un voyage inédit au coeur d'un débat " fleuve " qui dura plus de 10 mois et occupa 48 séances à la Chambre des Députés.
Réalisé par François Hanss dans l'hémicycle du Palais Bourbon, grâce à une autorisation exceptionnelle accordée par Jean-Louis Debré, Président de l'Assemblée nationale, ce film met en scène le débat parlementaire de l'époque. Interprétés par de grands noms du cinéma français, les textes, écrits par Bruno Fuligni, s'inspirent directement des comptes rendus officiels des débats. Au banc des commissions, Pierre Arditi prête sa " voix de violoncelle " à Aristide Briand, rapporteur du texte. Au perchoir, Michael Lonsdale alias Paul Doumer déploie toute son autorité pour présider une Chambre dans laquelle s'affrontent Claude Rich (l'abbé Gayraud , qui siège en soutane), Jean-Claude Drouot (incarnant un Jaurès olympien), Pierre Santini (Maurice Allard, député anticlérical du Var) et Jacques Gallo (Baudry d'Asson, député royaliste de Vendée).
Au-delà de la fiction, "La Séparation" met en perspective les débats dans l'hémicycle. Un prologue, des intermèdes et un épilogue permettent de mieux appréhender les enjeux de l'époque et de mieux comprendre la portée de cette loi sur la laïcité aujourd'hui. Au fil des décennies, la laïcité s'est affirmée, renforcée, pour devenir une valeur incontournable de la République française " indivisible, laïque, démocratique et sociale ".
Pour feuilleter cette grande aventure parlementaire, "La Séparation", entre fiction et documentaire, invite les téléspectateurs à un voyage inédit au coeur d'un débat " fleuve " qui dura plus de 10 mois et occupa 48 séances à la Chambre des Députés.
Réalisé par François Hanss dans l'hémicycle du Palais Bourbon, grâce à une autorisation exceptionnelle accordée par Jean-Louis Debré, Président de l'Assemblée nationale, ce film met en scène le débat parlementaire de l'époque. Interprétés par de grands noms du cinéma français, les textes, écrits par Bruno Fuligni, s'inspirent directement des comptes rendus officiels des débats. Au banc des commissions, Pierre Arditi prête sa " voix de violoncelle " à Aristide Briand, rapporteur du texte. Au perchoir, Michael Lonsdale alias Paul Doumer déploie toute son autorité pour présider une Chambre dans laquelle s'affrontent Claude Rich (l'abbé Gayraud , qui siège en soutane), Jean-Claude Drouot (incarnant un Jaurès olympien), Pierre Santini (Maurice Allard, député anticlérical du Var) et Jacques Gallo (Baudry d'Asson, député royaliste de Vendée).
Au-delà de la fiction, "La Séparation" met en perspective les débats dans l'hémicycle. Un prologue, des intermèdes et un épilogue permettent de mieux appréhender les enjeux de l'époque et de mieux comprendre la portée de cette loi sur la laïcité aujourd'hui. Au fil des décennies, la laïcité s'est affirmée, renforcée, pour devenir une valeur incontournable de la République française " indivisible, laïque, démocratique et sociale ".
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:01:00Les ennemis de la République auraient beau jeu dans cette partie-là
00:01:02Voulez-vous détruire le catholicisme dans ce pays ?
00:01:05Voulez-vous anéantir la religion ?
00:01:07Vous êtes plus papiste que le pape !
00:01:09Si vous voulez ouvrir une aire d'agitation religieuse, faites-le !
00:01:13Franchement, je ne m'y associerai pas !
00:01:14Veuillez faire silence, messieurs !
00:01:16La France n'est pas schismatique, elle est révolutionnaire !
00:01:24Nous ne faisons pas une œuvre de brutalité, nous faisons une œuvre de sincérité.
00:01:33Plus de ces voix abominables qui permettent de chasser nos religieux !
00:01:37De traître à la France !
00:01:39Vive la France catholique !
00:01:41Pour être honnête de la liberté, il faut d'abord savoir respecter la liberté d'autrui !
00:01:45Ces propos sont littéralement scandaleux !
00:01:47Au lieu de désarmer l'Église, vous lui donnez des armes !
00:01:51Voyez-vous cela !
00:01:52C'est une impusion, j'ai le droit de l'exposer !
00:01:55Respectez le déroulement de la séance !
00:01:56La guerre que vous nous déclarez, c'est la guerre que vous nous apportez !
00:02:00Oh ! Oh ! Ça suffit !
00:02:03Une confiscation n'est pas une solution équitable !
00:02:05Mais quel est le but que vous nous trouvez ?
00:02:07L'humanité ira loger un jour à l'ontaine des citoyens !
00:02:12Mais nous, libres penseurs, quelle est la séparation que nous voulons prendre ?
00:02:17Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! Oh !
00:02:26Eh bien cela, ça n'est pas la conception de la libre-pensée, du moins telle que je l'interprète.
00:02:47La République peut-elle accepter le port ostensible de signes religieux ?
00:02:50L'humanité s'imposait ! Non, non, jamais, jamais !
00:02:54Qui doit financer les édifices du culte ?
00:02:59L'Europe doit-elle revendiquer ses origines chrétiennes ?
00:03:05La France doit-elle entretenir une relation privilégiée avec le Vatican ?
00:03:11Autant de polémiques, autant de sujets brûlants.
00:03:14En 1905 déjà, les élus de la nation se posaient les mêmes questions.
00:03:22À l'Assemblée nationale, de gros volumes reliés renferment l'histoire de la laïcité à la française.
00:03:30Une histoire ancienne, mouvementée, violente même.
00:03:34La Révolution française a rompu l'unité de l'État et de la religion.
00:03:41Le roi n'est plus le représentant de Dieu sur terre.
00:03:45Les biens du clergé sont confisqués, de nombreux prêtres sont exécutés.
00:03:50La France est ravagée par la guerre civile.
00:03:52C'est pour ramener la paix religieuse que Napoléon Bonaparte négocie avec le pape Pie VII.
00:03:59En 1801, il signe le Concordat.
00:04:03La religion catholique est officiellement reconnue comme celle de la majorité des Français.
00:04:07Les prêtres deviennent des fonctionnaires de l'État,
00:04:10chargés d'assurer le service public des cultes.
00:04:13Ils perçoivent un traitement, mais doivent jurer fidélité au régime.
00:04:16Les pasteurs protestants, les rabbins, seront logés à la même enseigne.
00:04:20Mais Napoléon ajoute d'autorité une série d'articles organiques
00:04:24qui réglementent jusqu'à l'habit des prêtres
00:04:26et leur interdit toute initiative sans la permission du gouvernement.
00:04:31Première cause de conflit.
00:04:33Ces articles organiques ne seront jamais reconnus par l'Église.
00:04:38Seconde cause de conflit.
00:04:39Cette Église fonctionnarisée va soutenir tous les régimes autoritaires et monarchiques
00:04:43qui se succèdent au XIXe siècle.
00:04:45Alors l'opposition républicaine devient farouchement anticléricale.
00:04:52Dès 1869, Gambetta réclame la séparation des Églises et de l'État,
00:04:56c'est-à-dire l'abolition du Concordat.
00:05:00Le cléricalisme, voilà l'ennemi.
00:05:05Quand ils arrivent au pouvoir, les républicains laïcisent le pays.
00:05:09Deux Frances s'opposent.
00:05:10Celle du curé et celle de l'instituteur.
00:05:12Celle du croyant et celle du libre-penseur.
00:05:14A partir de 1902, on assiste à de vraies batailles rongées
00:05:20que suscite la politique anticléricale menée par le gouvernement d'Émile Combes.
00:05:24Expulsion des congrégations religieuses.
00:05:27Rupture des relations diplomatiques avec le Vatican.
00:05:30Le Concordat devient inapplicable.
00:05:33Éclate enfin l'affaire des Fiches.
00:05:35On découvre que le général André, ministre de la guerre,
00:05:38fait ficher les officiers qui vont à la messe.
00:05:40Le scandale est tel que le gouvernement Combes finit par être renversé.
00:05:44C'est alors que s'engage la grande bataille parlementaire de 1905.
00:05:54Le nouveau président du conseil, Rouvier, voudrait éviter la guerre religieuse.
00:05:58Mais le 10 février, contre son souhait,
00:06:00les députés votent la tenue d'un débat sur la séparation.
00:06:03Le ministre des cultes, Jean-Baptiste Bienvenu Martin, dépose un projet de loi.
00:06:09Sous la présidence de Ferdinand Buisson, une commission spéciale prépare le débat.
00:06:18Le 21 mars 1905, s'ouvre la première séance de la discussion parlementaire,
00:06:23qui va durer toute l'année.
00:06:24Un débat fleuve.
00:06:3348 séances de combat passionnées dans l'hémicycle.
00:06:351500 pages de compte rendu au journal officiel.
00:06:44Député du Finistère,
00:06:46l'abbé Guéraud, au nom de l'église,
00:06:47va défendre une motion visant à ajourner le débat.
00:06:50Monsieur le Président !
00:06:58Monsieur le Président !
00:06:59Monsieur le Président !
00:07:19La séance est ouverte.
00:07:33L'ordre du jour appelle la discussion du projet et de plusieurs propositions de loi portant séparation des Églises et de l'État.
00:07:45La parole est à M. Labbé Guéraud.
00:07:49La parole est à M. Labbé Guéraud.
00:08:19La parole est à M. Labbé Guéraud.
00:08:49La parole est à M. Labbé Guéraud.
00:09:19Ce qu'elle est à nos yeux, mais comme la religion du plus grand nombre des Français.
00:09:24Ça ne vous suffit pas ?
00:09:25En outre, il y a les fameux articles organiques ajoutés unilatéralement par Napoléon pour contrôler l'Église et que le Saint-Siège ne reconnaît pas.
00:09:36Enfin, je ferai remarquer que la manière dont ce concordat a été appliqué, surtout dans les derniers temps, a fait de lui un instrument d'oppression contre l'Église et contre les consciences catholiques.
00:09:47Ses propos sont littéralement scandaleux !
00:09:50Vous en priez, veuillez me permettre de développer ma pensée dans le calme. J'ai besoin ici, croyez-le, de toute ma tranquillité d'esprit.
00:09:57Chaque orateur y a droit.
00:09:58Parlez, parlez, M. Labbé Guéraud.
00:10:04Vous le voyez, messieurs, je ne regarde pas le concordat comme l'idéal des rapports entre l'Église et l'État.
00:10:13Et cependant, je n'hésite pas à déclarer que je préfère encore ce régime concordataire à la séparation que vous nous apportez.
00:10:22Par la séparation, en effet, l'Église deviendra dans ce pays une association semblable à toutes les autres.
00:10:27Très bien, c'est...
00:10:29Son caractère divin sera méconnu, nié par la loi et par le gouvernement.
00:10:33Très bien.
00:10:35Messieurs, toutes les opinions pourront s'exprimer. Ne perdez pas dès maintenant vos forces en interruption.
00:10:42Avec la séparation, l'État lui-même perdra son autorité sur le clergé.
00:10:46Et compromettra gravement les avantages que sa qualité de première nation catholique lui faisait dans le monde.
00:10:52C'est vrai.
00:10:53Vous prétendez accorder la liberté à l'Église ?
00:10:57Et vous lui enlevez le budget des cultes.
00:11:03Je lis votre projet.
00:11:04La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte.
00:11:10Mais quel est le but que vous vous proposez ?
00:11:14Voulez-vous détruire le catholicisme dans ce pays ?
00:11:17Voulez-vous anéantir la religion ?
00:11:20Voulez-vous entraver la liberté des consciences chrétiennes, catholiques, protestantes, israélites ?
00:11:27Nous avons des siècles pour prendre nos revanches.
00:11:31Et l'histoire nous apprend qu'elles viennent toujours.
00:11:32Aussi, je vous en conjure, messieurs, si vous voulez faire œuvre libérale, pacificatrice,
00:11:40si vous voulez dans ce pays profondément catholique malgré tout, vous le savez bien, calmer les appréhensions légitimes de nos consciences,
00:11:46vous devez, vous devez, non pas à cause de notre foi, non, je n'invoque pas cette raison, qui serait baine à vos yeux,
00:11:53mais à cause du principe fondamental de nos constitutions politiques,
00:11:58qui est le respect de la liberté de conscience,
00:12:01prendre les mesures naturellement indiquées pour donner à nos consciences catholiques la satisfaction qu'elles sont en droit de réclamer.
00:12:09N'oubliez pas qu'au-dessus des lois que vous pouvez faire,
00:12:15il y a le droit de Dieu et la liberté des consciences catholiques.
00:12:19Ne l'oubliez pas.
00:12:21Sur ce point, nous ne transigeons jamais.
00:12:25Nous avons fait une empreuve depuis 2000 ans.
00:12:29Lorsque sonne l'heure des persécutions,
00:12:31quelque que violente qu'elle soit,
00:12:33nous savons y mettre la tête.
00:12:37Et lorsque nous y aurons mis la tête,
00:12:39prenez-y garde,
00:12:41vous serez les vaincus, messieurs.
00:12:53J'ai fini, je m'excuse d'avoir si longtemps retenu votre attention.
00:12:56Je suis venu à cette tribune
00:13:00parler, non pas tant en catholique et en prêtre,
00:13:04qu'en citoyen soucieux de la paix sociale de son pays.
00:13:09Si vous ne voulez pas accepter la motion que je propose,
00:13:12je suis persuadé que vous le regretterez un jour.
00:13:15Je prévois de grands mots,
00:13:19de grands malheurs pour l'Église et pour la France.
00:13:21C'est la guerre que vous nous déclarez.
00:13:23C'est la guerre que vous nous apportez.
00:13:27Et nous la ferons.
00:13:30Quoi qu'il en soit,
00:13:32je tiens à l'affirmer du haut de cette tribune.
00:13:35C'est avec une grande tristesse
00:13:37que je verrai le vote de ce projet.
00:13:42Si c'est un gant jeté à la face de l'Église,
00:13:44eh bien, nous le relèverons
00:13:45et nous verrons qui reculeront.
00:13:47Merci pour la France catholique.
00:14:08Pour nous, l'idéal, c'est l'union
00:14:21de la société civile
00:14:22et de la société religieuse.
00:14:25Voulez-vous anéantir la religion ?
00:14:28Vous allez ouvrir une période de trouble
00:14:29en allumant dans ce pays
00:14:31une sorte de guerre civile.
00:14:33Nous avons des siècles pour prendre nos revanches.
00:14:37Et l'histoire nous apprend
00:14:38qu'elles viennent toujours.
00:14:44Après le prêche enflammé du Père Guéraud,
00:14:47les conversations vont bon train
00:14:48dans les couloirs du Palais Bourbon.
00:14:49Le silence du gouvernement est très commenté.
00:14:56Ni le président du Conseil
00:14:57ni le ministre des Cultes
00:14:58ne semblent décider à se mettre en avant
00:15:00dans un débat qu'ils n'ont pas souhaité
00:15:01et qu'il aurait été imposé par les députés.
00:15:06L'ordre du jour appelle
00:15:08la discussion du projet
00:15:10portant séparation
00:15:12des Églises et de l'État.
00:15:14C'est donc Aristide Briand,
00:15:19le rapporteur de la Commission,
00:15:21qui va défendre la séparation.
00:15:23Aristide Briand sera-t-il à la hauteur ?
00:15:27Lycéen, il avait séduit Jules Verne
00:15:29par sa forte personnalité.
00:15:31Le jeune Briand,
00:15:32héros du roman Deux ans de vacances,
00:15:34c'est lui.
00:15:35Un adolescent français
00:15:36qui triomphe de toutes les difficultés
00:15:37sur l'île déserte.
00:15:39En ira-t-il de même dans l'hémicycle ?
00:15:44Avocat spécialisé dans les conflits du travail,
00:15:59Aristide Briand a la parole facile,
00:16:01mais il n'en a pas moins subi
00:16:03trois échecs aux législatives
00:16:04avant d'entrer au palais Bourbon.
00:16:07Il n'est député que depuis trois ans
00:16:08et certains de ses collègues s'étonnent
00:16:10qu'un dossier d'une telle importance
00:16:11ait été confié à un débutant.
00:16:14Le rapporteur est aussi desservi
00:16:17par sa réputation sulfureuse.
00:16:20Élevé dans le café-concert
00:16:21que tenaient ses parents
00:16:22parmi les buveurs et les filles,
00:16:24Aristide Briand est présenté
00:16:25par ses adversaires
00:16:26comme un cynique et un débauché.
00:16:29Né à Nantes,
00:16:30il a dû partir à Saint-Etienne
00:16:31pour devenir député
00:16:32à cause d'un scandale de mœurs.
00:16:35Jeune militant socialiste,
00:16:37on l'a trouvé un jour en plein champ
00:16:38avec la femme d'un important banquier
00:16:40de la région.
00:16:41Longtemps proche de l'extrême-gauche,
00:16:52influencé par l'anarcho-syndicalisme,
00:16:54il est connu comme un collectiviste,
00:16:56partisan de la grève générale.
00:16:59Peu nombreux sont les députés
00:17:00qui parient sur Aristide Briand.
00:17:04Mais ses amis comptent sur son art oratoire
00:17:06et sur son habileté.
00:17:25Messieurs,
00:17:25en insistant longuement auprès de vous
00:17:29pour que vous repoussiez la motion
00:17:31de M. Laveguero,
00:17:32je craindrais de faire injure à la Chambre
00:17:35car ce serait à la supposée capable
00:17:37de se déjuger à un mois d'intervalle.
00:17:39Très bien.
00:17:44Il y a un mois, en effet,
00:17:45vous avez déclaré à une forte majorité
00:17:47que les circonstances
00:17:49ayant rendu inévitable
00:17:51la séparation des Églises et de l'État,
00:17:54la discussion et le vote de la réforme
00:17:56s'imposaient de toute nécessité
00:17:58dans cette session même.
00:17:59C'était un engagement solennel
00:18:01pris en pleine connaissance de cause
00:18:03et devant le pays tout entier.
00:18:05Depuis, la situation s'est-elle modifiée ?
00:18:07Mais non, messieurs.
00:18:08Non.
00:18:09Elle est restée identiquement la même.
00:18:12Les difficultés avec Rome
00:18:13ne se sont pas aplanies.
00:18:14D'ailleurs, il serait parfaitement puéril
00:18:16d'espérer qu'elles puissent être
00:18:17jamais aplanies
00:18:18car elles tiennent à des causes profondes
00:18:19sur lesquelles pas plus de saint siège
00:18:21que la République ne peuvent transiger.
00:18:23Nous nous trouvons devant
00:18:24une situation inextricable.
00:18:26Toutes les causes de conflit
00:18:27qui persistent pour la République,
00:18:29les principaux avantages du Concordat,
00:18:31je devrais dire,
00:18:31tout le Concordat,
00:18:33sont dans les articles organiques.
00:18:34Or, ces articles,
00:18:35Rome ne les a jamais reconnus.
00:18:37Toujours, à toutes les époques,
00:18:38elle a déclaré les tenir
00:18:39pour nuls et non avenus.
00:18:42D'ailleurs, la doctrine fondamentale
00:18:43de l'Église s'oppose formellement
00:18:45à ce qu'elle ne les reconnaisse jamais.
00:18:48C'est la tare originelle
00:18:50de cette convention interlope
00:18:51née dans la contrainte
00:18:53ni dans la ruise.
00:19:01À la suite de violations successives
00:19:03et pour ainsi dire systématiques
00:19:05du Concordat,
00:19:06les relations avec Rome
00:19:07ont dû être rompues.
00:19:08Vous avez approuvé cette rupture.
00:19:10Le mois dernier,
00:19:11vous avez reconnu
00:19:11que la situation
00:19:12appelait une solution rapide
00:19:13et que la seule
00:19:15qui fut à la fois acceptable
00:19:16et conforme à la dignité
00:19:18et aux intérêts de la République
00:19:19était la séparation
00:19:22des Églises et de l'État.
00:19:28Il m'avait semblé
00:19:28qu'un rendez-vous général
00:19:29avait été pris,
00:19:30d'accord avec toutes les fractions
00:19:31de la Chambre,
00:19:32pour discuter non plus
00:19:33sur une misérable question
00:19:34de procédure,
00:19:36mais sur le fond même
00:19:38de la réforme.
00:19:46C'est à l'heure
00:19:46où la Chambre
00:19:47s'apprête à entreprendre
00:19:48la tâche qu'elle s'est assignée,
00:19:49qu'on lui propose
00:19:50d'ajourner toute solution.
00:19:53Eh bien, dans ce cas-là,
00:19:53que se passera-t-il, messieurs ?
00:19:55Là, c'est très simple.
00:19:57Si vous aviez l'imprudence
00:19:58d'accorder cet ajournement,
00:20:02de Saint-Siège
00:20:02ne manquerait pas,
00:20:03il aurait raison.
00:20:05D'interpréter votre vote
00:20:06comme le signe
00:20:08d'une grande inquiétude,
00:20:10comme la démonstration
00:20:10de votre impuissance,
00:20:12comme la preuve éclatante
00:20:13que vous redoutez
00:20:15de prendre
00:20:16les responsabilités
00:20:17de l'heure.
00:20:18Il croirait simplement
00:20:19que vous êtes respectueux
00:20:20du suffrage universel.
00:20:21Monsieur le comte
00:20:22de Baudry d'Asson,
00:20:24je vous invite
00:20:24à faire silence.
00:20:26Le rapporteur seul
00:20:27a la parole.
00:20:29De Saint-Siège !
00:20:30Son attitude n'en serait pas
00:20:33améliorée
00:20:33ni ses prétentions affaiblies,
00:20:34mais ceci n'est rien.
00:20:36Rien à côté
00:20:36de ce qui pourrait se passer
00:20:37dans le pays même.
00:20:41Les ennemis de la République
00:20:42auraient beau jeu
00:20:43dans cette partie-là.
00:20:46Le champ serait librement
00:20:47ouvert devant eux
00:20:48à tous les mensonges,
00:20:50à toutes les calomnies
00:20:51contre ce régime.
00:20:53Sur cette question
00:20:54de la séparation
00:20:55que vous auriez posée,
00:20:57mais sans la résoudre,
00:20:58leur serait loisible
00:21:01de vous prêter
00:21:01les pires desseins,
00:21:04les plus éloignés
00:21:05de vos intentions.
00:21:08Vous les verriez
00:21:09parcourir des campagnes
00:21:10annonçant la fermeture
00:21:13des aigrées.
00:21:16Avec raison.
00:21:17C'est notre devoir
00:21:18de montrer la vérité
00:21:19aux électeurs.
00:21:21Veuillez faire silence,
00:21:21messieurs.
00:21:22Si vous ne pouvez pas
00:21:23entendre exprimer
00:21:24les opinions
00:21:24qui ne sont pas les vôtres,
00:21:26la discussion
00:21:26ne peut pas continuer.
00:21:28les ennemis
00:21:29de la République,
00:21:31vous les verriez
00:21:32parcourir des campagnes
00:21:33annonçant la fermeture
00:21:34des églises,
00:21:35la proscription
00:21:36des prêtres,
00:21:37la persécution
00:21:38des fidèles
00:21:39et les atteintes
00:21:41les plus graves
00:21:42à la liberté de conscience.
00:21:43Et alors vous,
00:21:44messieurs, vous,
00:21:45comment pourriez-vous
00:21:45vous défendre
00:21:46contre ces attaques
00:21:47si grossières,
00:21:49si invraisemblables
00:21:50fustelles ?
00:21:50Vous ne le pourriez pas.
00:21:52Vous ne le pourriez pas
00:21:54car quand on a
00:21:55l'imprudence
00:21:56de s'exposer
00:21:56à être jugé
00:21:57sur des intentions,
00:21:58on peut craindre
00:22:00toutes les erreurs,
00:22:02toutes les injustices.
00:22:04Alors, messieurs,
00:22:05je vous le demande,
00:22:06quel est le républicain
00:22:07qui consentirait
00:22:08de gaieté de cœur
00:22:09à jeter la République
00:22:10dans une aventure
00:22:11aussi folle ?
00:22:12Faites un référendum
00:22:14sur cette question.
00:22:15Vous verrez le résultat.
00:22:16Vraiment, messieurs,
00:22:17il est inadmissible
00:22:18que l'on ne puisse pas
00:22:19continuer
00:22:20dans le calme
00:22:21et le silence
00:22:21une discussion
00:22:22dans les termes
00:22:23où celle-ci est menée.
00:22:23si nous apportions
00:22:28à l'étude
00:22:28et au vote
00:22:29d'un projet
00:22:29de séparation
00:22:30la même passion
00:22:31et la même intolérance
00:22:34que vous mettez
00:22:34dans cette discussion,
00:22:35nous vous ferions
00:22:35une bien mauvaise loi
00:22:36contre laquelle
00:22:38vous auriez raison
00:22:38de protester.
00:22:39Mais je n'insiste plus,
00:22:40je m'excuse
00:22:41auprès de la Chambre
00:22:42d'en avoir tendi
00:22:42pour démontrer
00:22:43à quel point
00:22:43est inacceptable
00:22:44cette motion
00:22:46d'ajournement.
00:22:47Enfin,
00:22:48cette discussion
00:22:49aura tout de même
00:22:49mal lieu à l'église
00:22:50un petit délai
00:22:50et je crois
00:22:52que dans les circonstances
00:22:52pressantes où nous sommes
00:22:53c'est tout ce que nous
00:22:55pourrons faire pour elle.
00:23:03Doué d'un talent
00:23:04d'orateur
00:23:05qui a étonné la Chambre,
00:23:06Aristide Briand
00:23:07a défendu la séparation
00:23:08sans même avoir eu besoin
00:23:09de détailler
00:23:10le contenu du texte.
00:23:12Bon tacticien,
00:23:13le rapporteur
00:23:14a préféré mettre
00:23:15les députés
00:23:15devant leur responsabilité
00:23:16au moment où
00:23:17l'ouverture du débat
00:23:18parlementaire
00:23:19crée dans le pays
00:23:20une agitation
00:23:21qui ne peut durer.
00:23:24Je mets au voie
00:23:25la motion
00:23:26de M. Labéguéraud.
00:23:28Qui est pour ?
00:23:30Qui est contre ?
00:23:35Elle n'est pas adoptée.
00:23:46Mais Aristide Briand
00:23:47n'est pas au bout
00:23:48de ses peines.
00:23:49Après avoir rallié
00:23:50les modérés
00:23:50au principe
00:23:51de la séparation,
00:23:52il lui reste
00:23:52à affronter
00:23:53l'extrême gauche
00:23:54qui lui reproche
00:23:55la tiédeur
00:23:56de son texte.
00:23:58Maurice Allard,
00:23:59député socialiste
00:24:00du Var,
00:24:00a déposé
00:24:01un contre-projet.
00:24:02Fils d'un notaire
00:24:03tourangeau,
00:24:04Maurice Allard
00:24:04ne manque jamais
00:24:05l'occasion
00:24:05de faire oublier
00:24:06ses origines bourgeoises
00:24:07par des positions
00:24:08doctrinales
00:24:09ultra-rouge.
00:24:11Ancien avocat
00:24:12devenu journaliste,
00:24:13le député
00:24:14de Draguignan
00:24:14est connu
00:24:15pour sa facilité
00:24:15de parole
00:24:16et sa verve caustique.
00:24:18En matière religieuse,
00:24:19Maurice Allard
00:24:20passe pour un
00:24:20des anticléricaux
00:24:21les plus enragés
00:24:22de la chambre.
00:24:23Dès 1903,
00:24:24il a réclamé
00:24:25la fermeture
00:24:25de l'ambassade
00:24:26de France
00:24:26auprès du Vatican.
00:24:29Plusieurs fois,
00:24:30il a demandé
00:24:30la suppression
00:24:31des aumôneries
00:24:31dans les lycées.
00:24:33Mais créant notoire,
00:24:34athée déclarée,
00:24:35il parle de faire
00:24:35condamner pour escroquerie
00:24:37tout prêtre
00:24:37qui invoquerait
00:24:38un miracle.
00:24:39L'église étant
00:24:40à ses yeux
00:24:41l'ennemi de la République,
00:24:42aucun compromis
00:24:43ne lui paraît souhaitable.
00:24:47Or,
00:24:47on murmure
00:24:48à la chambre
00:24:48qu'Aristide Briand
00:24:49a dîné
00:24:49avec des ecclésiastiques
00:24:51pour négocier le texte
00:24:52et aplanir les difficultés.
00:24:56La fine diplomatie
00:24:57du rapporteur
00:24:58n'est pas du goût
00:24:58de son collègue
00:24:59Maurice Allard,
00:25:00qui veut mettre
00:25:00le clergé à genoux
00:25:01en confisquant
00:25:02purement et simplement
00:25:03les églises,
00:25:04les cathédrales,
00:25:05les séminaires,
00:25:05les presbytères
00:25:06et de façon générale
00:25:07tous les biens mobiliers
00:25:08et immobiliers
00:25:09des communautés religieuses.
00:25:10Dans le texte
00:25:12de la commission,
00:25:13les lieux de culte
00:25:14appartiennent à l'État,
00:25:15mais ils sont mis
00:25:16à la disposition
00:25:17des fidèles
00:25:17par l'intermédiaire
00:25:18d'associations cultuelles
00:25:20constituées à cet effet.
00:25:23Pour Maurice Allard,
00:25:24au contraire,
00:25:24l'État doit récupérer
00:25:25les bâtiments
00:25:26pour les affecter
00:25:27à des usages profanes.
00:25:28Son contre-projet
00:25:29pourrait mettre
00:25:30en difficulté
00:25:30Aristide Briand,
00:25:31dont l'habilité
00:25:32et la modération
00:25:33ne sont pas appréciées
00:25:34sur tous les bancs
00:25:35de l'hémicycle.
00:25:47La chambre
00:25:48est maintenant saisie
00:25:49du contre-projet
00:25:50de M. Maurice Allard
00:25:52à qui je donne
00:25:54la parole.
00:26:08Messieurs,
00:26:12je ne me dissimule pas
00:26:14la difficulté
00:26:16de ma tâche.
00:26:19J'ai contre moi
00:26:20toute la droite,
00:26:22le centre-gauche,
00:26:25la Commission,
00:26:28le gouvernement
00:26:29et probablement
00:26:31une partie de la gauche
00:26:32qui a déjà approuvé
00:26:33et adopté
00:26:35le texte du gouvernement
00:26:37et de la Commission
00:26:37sans l'avoir sans doute
00:26:40examiné suffisamment.
00:26:43C'est à cette partie
00:26:44de la gauche
00:26:45que je m'adresserai
00:26:46tout particulièrement.
00:26:49Je tâcherai
00:26:50de lui démontrer
00:26:51que le projet
00:26:53gouvernemental
00:26:54ne répond
00:26:54en aucune façon
00:26:56au désidérata
00:26:58des Républicains.
00:27:00Je veux débarrasser
00:27:02le débat
00:27:03de toute considération
00:27:06juridique
00:27:06voiseuse.
00:27:09Ce que je reproche
00:27:10à la Commission,
00:27:13c'est d'avoir
00:27:13méconnu
00:27:14cette différence
00:27:16essentielle
00:27:16qui existe
00:27:17entre la liberté
00:27:19de conscience
00:27:20et la liberté
00:27:21religieuse.
00:27:23Cette confusion
00:27:24est manifeste
00:27:24dans l'article 1er
00:27:25du texte gouvernemental
00:27:28qui dit que
00:27:29la République
00:27:31assure
00:27:32la liberté
00:27:33de conscience
00:27:34et garantit
00:27:36le libre exercice
00:27:38des cultes.
00:27:40La liberté religieuse
00:27:41n'est pas la même chose
00:27:42que la liberté
00:27:43de conscience.
00:27:43L'une
00:27:45peut très bien
00:27:45exister
00:27:46sans l'autre.
00:27:48Ce que je reproche
00:27:49à la Commission,
00:27:50c'est d'avoir méconnu
00:27:51cette distinction.
00:27:53Car cette distinction
00:27:54faite,
00:27:55nous avons le droit
00:27:56de ne pas laisser
00:27:58se constituer
00:27:59au milieu
00:28:00de l'État laïque
00:28:01et contre lui,
00:28:03cet État
00:28:04religieux
00:28:05particulier,
00:28:06cette société
00:28:07religieuse
00:28:08qui devient
00:28:09forcément
00:28:10un danger
00:28:11véritable
00:28:11quand elle est animée
00:28:12comme l'Église
00:28:14d'un esprit
00:28:15essentiellement hostile
00:28:17à tout progrès
00:28:18et à toute civilisation.
00:28:22Ça suffit !
00:28:23Scandaleux !
00:28:25Voilà, je crois,
00:28:26ce que la Commission
00:28:27n'a pas compris
00:28:28d'une façon
00:28:28suffisamment nette.
00:28:30Il ne faut pas
00:28:31se leurrer
00:28:31sur le sens
00:28:32du mot séparation
00:28:33qui n'a aucun sens
00:28:36si on ne lui applique
00:28:37pas des idées précises,
00:28:40des idées
00:28:40déterminées.
00:28:43Il y a telle ou telle
00:28:43séparation
00:28:44dont l'Église
00:28:45peut très bien
00:28:46s'accommoder.
00:28:47Mais nous,
00:28:48libres penseurs,
00:28:49quelle est la séparation
00:28:50que nous voulons ?
00:28:52Ce ne peut être
00:28:52que celle
00:28:53qui amènera
00:28:54la diminution
00:28:56de la malfaisance
00:28:57de l'Église
00:28:57et des religions.
00:28:59Quel aveu !
00:29:00Voici le résultat
00:29:04le plus palpable
00:29:05de votre séparation.
00:29:07Au lieu
00:29:08de désarmer l'Église,
00:29:10vous lui donnez
00:29:11des armes !
00:29:13Tout ce borne
00:29:14à lui retirer
00:29:15le budget des cultes.
00:29:17Mais vous mettez
00:29:17par contre
00:29:18à sa disposition
00:29:19des biens soumis
00:29:20jusqu'à présent
00:29:21au contrôle administratif
00:29:22et vous les lui abandonnez
00:29:24en toute propriété
00:29:25avec la faculté
00:29:27de les détourner
00:29:28de leur but
00:29:29et de les employer
00:29:30à la lutte
00:29:31contre la République.
00:29:33Vous spoliez
00:29:33la nation
00:29:34au profit
00:29:35de l'Église.
00:29:44C'est bien
00:29:46qui autrefois
00:29:48étaient affectés
00:29:48à un service public
00:29:50doivent rester affectés
00:29:52à un service public.
00:29:54Mais puisqu'on le supprime !
00:29:55Si vous supprimez
00:29:56le service public
00:29:57des cultes,
00:29:58ces biens trouveront
00:29:58une autre destination.
00:30:00La nation
00:30:00en fera l'usage
00:30:02qu'elle croira
00:30:02devoir en faire.
00:30:03Voilà
00:30:04quelle est la véritable solution.
00:30:06La seule solution.
00:30:07Et j'ajoute
00:30:07la solution
00:30:08équitable.
00:30:10Une confiscation
00:30:11n'est pas une solution
00:30:12équitable.
00:30:13Alors qu'est-ce que
00:30:14je demande à la gauche ?
00:30:16Je demande à la gauche
00:30:18de décider
00:30:19que l'Église,
00:30:21danger politique
00:30:22et danger social,
00:30:24doit être combattue
00:30:26de toutes les façons.
00:30:27Et je m'étonne
00:30:28qu'au moment
00:30:29où nous entreprenons
00:30:30contre l'Église
00:30:31un combat décisif,
00:30:33on nous demande
00:30:34de déposer les armes
00:30:35et de lui offrir
00:30:36un projet si libéral
00:30:38tel qu'elle-même
00:30:39n'aurait jamais osé
00:30:40le souhaiter.
00:30:41Je ne vous dissimule pas
00:30:44que mon contre-projet
00:30:47tente à ce que
00:30:49la religion
00:30:50devienne la chose
00:30:51anormale
00:30:52et que la religion
00:30:55avec un A privatif
00:30:56devienne la chose normale.
00:30:58Je ne vous cache pas
00:30:59que mon contre-projet
00:31:01tente à déchristianiser
00:31:04le pays.
00:31:04Voyez-vous cela !
00:31:06C'est une opinion,
00:31:09j'ai le droit de l'exposer.
00:31:11Je crois, messieurs,
00:31:15que le christianisme
00:31:17est un obstacle permanent
00:31:18au développement social
00:31:20de la République
00:31:20et à tout progrès
00:31:22vers la civilisation.
00:31:24Il faut le dire très haut,
00:31:26il y a incompatibilité
00:31:28entre l'Église
00:31:29et tout régime républicain.
00:31:32Le christianisme
00:31:33est un outrage
00:31:34à la raison,
00:31:35à la nature.
00:31:36Il suffit de lire l'histoire
00:31:39pour s'en convaincre.
00:31:41Quand le dieu
00:31:42anthropomorphe des Juifs
00:31:44quitta les bords du Jourdain
00:31:45pour aller conquérir
00:31:46le monde méditerranéen,
00:31:48la civilisation
00:31:49disparut
00:31:50du bassin de la Méditerranée.
00:31:52Et il faut remercier
00:31:54les empereurs romains
00:31:56qui ont combattu
00:31:57de toutes leurs forces
00:31:58l'invasion
00:31:59de cette philosophie
00:32:00puérile et barbare,
00:32:03si contraire
00:32:04au panthéisme
00:32:05et au naturalisme
00:32:06de notre race.
00:32:07Oh, le christianisme
00:32:13quitta Rome
00:32:15et la Grèce
00:32:16où il avait étouffé
00:32:18toute civilisation
00:32:19où il n'y avait plus
00:32:20que ruines
00:32:21et décombres.
00:32:22Quand il arriva en France,
00:32:25il n'y eut plus
00:32:25en notre pays
00:32:26ni art,
00:32:27ni lettre,
00:32:28ni science.
00:32:30Il fallut
00:32:31la Renaissance,
00:32:32la Révolution française
00:32:33pour redonner
00:32:34au cerveau
00:32:35de notre race
00:32:36sa toute-puissance
00:32:37et sa possibilité
00:32:39de progrès.
00:32:40Sous l'influence
00:32:41du judéo-christianisme,
00:32:43toute lumière
00:32:44avait disparu
00:32:45et il n'y avait plus
00:32:46que ténèbres.
00:32:48Aujourd'hui encore,
00:32:50combien de progrès
00:32:51ne sont pas réalisés
00:32:52parce que nous traînons
00:32:53derrière nous
00:32:54le lourd boulet
00:32:55du judéo-christianisme
00:32:57avec son cortège
00:32:59de préjugés
00:33:00et de mensonges
00:33:02conventionnels.
00:33:03le tourment
00:33:06de l'infini,
00:33:07direz-vous,
00:33:08ne faut-il pas
00:33:08le satisfaire ?
00:33:11Que faisons-nous
00:33:12de l'idéal religieux ?
00:33:14Il est vrai,
00:33:17messieurs,
00:33:18nous avons tous
00:33:19plus ou moins
00:33:19le tourment
00:33:20de l'infini.
00:33:22Et je vous assure
00:33:23qu'à gauche,
00:33:24nous nous penchons
00:33:24volontiers
00:33:25sur le problème
00:33:25de l'infini.
00:33:27Mais nous ne cherchons
00:33:28pas à le résoudre
00:33:29car à nos yeux,
00:33:31il ne peut pas
00:33:31être résolus.
00:33:32Nous ne comprenons
00:33:33pas l'infini
00:33:34de la même façon
00:33:35que vous.
00:33:37Pendant que vous
00:33:37prétendez détenir
00:33:38la vérité,
00:33:39nous autres,
00:33:40nous voulons dire
00:33:41aux hommes
00:33:41et surtout aux enfants,
00:33:43personne ne détient
00:33:44la vérité.
00:33:45à toi,
00:33:49jeune homme,
00:33:50avec l'acquis
00:33:51de ton instruction,
00:33:53avec les données
00:33:53intellectuelles
00:33:54que tu pourras apprendre
00:33:55dans les écoles publiques
00:33:56et dans tes études personnelles,
00:33:58à toi
00:33:59de te constituer
00:34:00ta philosophie personnelle
00:34:02et de trouver
00:34:04ta manière
00:34:04d'envisager
00:34:05le problème
00:34:06de l'infini.
00:34:08Et nous n'admettons pas
00:34:09qu'un homme,
00:34:11le prêtre,
00:34:12vienne nous imposer
00:34:13ces idées,
00:34:14ni dogme,
00:34:16ni religion.
00:34:21Je veux citer
00:34:22un prospectus
00:34:24que j'ai reçu.
00:34:27Ces auteurs
00:34:28trouvent leurs adresses
00:34:28dans le botin
00:34:29et l'envoient à tout le monde.
00:34:30Il s'agit
00:34:31des religieuses
00:34:32franciscaines
00:34:33de Rome-Orentin.
00:34:38Ah, on tient boutique
00:34:39chez ces religieuses
00:34:40des objets
00:34:41les plus hétéroclites.
00:34:44Pour une somme
00:34:44modique,
00:34:45on vous adressera
00:34:46le scapulaire
00:34:47de Saint Antoine,
00:34:49propre à faire
00:34:49retrouver
00:34:50les objets perdus,
00:34:52ou encore
00:34:52une bénédiction
00:34:54miraculeuse
00:34:55de Saint François d'Assise
00:34:56imprimée sur étoffe
00:34:57avec le portrait.
00:35:00On vante aussi
00:35:01une amulette
00:35:02dont le principal effet
00:35:04est de favoriser
00:35:04les accouchements
00:35:05ou la collection
00:35:07des prières
00:35:08qui vous font
00:35:08gagner
00:35:09tous les procès.
00:35:10Oui, oui,
00:35:15oui, oui,
00:35:15nous protestons
00:35:16comme vous
00:35:16contre ces pratiques.
00:35:18Le Christ ne s'est mis
00:35:19qu'une fois en colère.
00:35:20C'est lorsqu'il a chassé
00:35:21à coup de fouet
00:35:21les marchands du Temple.
00:35:22M. Guéraud,
00:35:24je vous assure
00:35:25que quand nous recherchons
00:35:26un idéal,
00:35:27nous n'allons pas
00:35:28le chercher
00:35:28chez les dames franciscaines
00:35:30de Romorantin.
00:35:31Nous non plus !
00:35:33Alors que voulons-nous,
00:35:35nous, à gauche ?
00:35:37Eh bien,
00:35:37nous voulons que les hommes
00:35:38se préoccupent
00:35:40un peu plus
00:35:41du monde extérieur,
00:35:43qu'ils sachent
00:35:44se faire
00:35:44leur paradis
00:35:45sur Terre
00:35:46sans aller le chercher
00:35:47dans un monde imaginaire.
00:35:51En attaquant les religions,
00:35:53nous faisons œuvre
00:35:54de progrès social.
00:35:57Nous tentons
00:35:57de faire disparaître
00:35:58un des moyens
00:35:59les plus puissants
00:36:00que possède encore
00:36:01la bourgeoisie
00:36:02pour tenir le peuple
00:36:03en esclavage.
00:36:05Et c'est pourquoi,
00:36:05messieurs,
00:36:06je vous demande
00:36:07de voter
00:36:08mon contre-projet,
00:36:10le seul capable
00:36:12de faire disparaître
00:36:13ces idées
00:36:14et la diffusion
00:36:16des idées
00:36:16religieuses,
00:36:17des idées mystiques,
00:36:19des idées superstitieuses
00:36:20et d'émanciper
00:36:21tous ceux
00:36:22qui actuellement
00:36:23suivent encore
00:36:25les pratiques
00:36:26de certains cultes.
00:36:26Bravo !
00:36:27Bravo !
00:36:28Bravo !
00:36:29Bravo !
00:36:30Bravo !
00:36:31Bravo !
00:36:32Bravo !
00:36:33Bravo !
00:36:34Bravo !
00:36:35Bravo !
00:36:36Bravo !
00:36:38Bravo !
00:36:40Bravo !
00:36:41Bravo !
00:36:42Bravo !
00:36:43Bravo !
00:36:44Bravo !
00:36:45Bravo !
00:36:46Bravo !
00:36:47Bravo !
00:37:08Wow !
00:37:09S'il fallait donner un nom au contre-projet de M. Allard,
00:37:24je crois qu'on pourrait justement l'appeler
00:37:25projet de suppression des églises par l'État.
00:37:30Très bien.
00:37:32Au lieu de compter sur la seule puissance de la raison et de la vérité,
00:37:36notre collègue, dans sa hâte d'en finir avec la religion,
00:37:40se tourne vers l'État et il l'appelle au secours.
00:37:42Ah ! Il l'appelle au secours de la libre-pensée.
00:37:46Et ils le somme de commettre au service de la libre-pensée
00:37:50la même faute qu'il a commise au service de l'Église.
00:37:54Et que nous n'avons cessé, nous, libre-penseurs, de lui reprocher.
00:37:56Eh bien, cela, ce n'est pas la conception de la libre-pensée,
00:38:00du moins telle que je l'interprète.
00:38:03Nous avons déposé devant la Chambre un projet de séparation
00:38:06très nette, mais en même temps très large, très équitable,
00:38:10sachant concilier les droits et les intérêts d'État
00:38:13avec le souci de la liberté de conscience.
00:38:16C'est à l'heure actuelle le seul projet dont le vote soit possible
00:38:20et j'ajouterais même désirable.
00:38:23Je supplie mes amis d'extrême-gauche
00:38:24de résister au désir de faire une manifestation anticléricale
00:38:29qui non seulement resterait inefficace
00:38:31et pourrait mettre aux mains des ennemis de la République
00:38:34une arme dangereuse.
00:38:36Je connais mon ami à l'art.
00:38:38Je sais combien il est perspicace à viser.
00:38:40Je connais son attachement à la République.
00:38:43Et je reste convaincu qu'en déposant son contre-projet,
00:38:46il aura surtout voulu exposer devant la Chambre
00:38:48sa doctrine philosophique en matière de religion.
00:38:50Et moi, je me félicite de cette initiative
00:38:52car elle nous aura permis d'entendre un discours plein de verbes,
00:38:56de fantaisie et d'originalité.
00:38:59Et enfin, surtout beaucoup de fantaisie.
00:39:01Et d'ailleurs, elle aura aussi permis à ce côté de l'Assemblée
00:39:03de constater qu'il y a des nuances
00:39:04et qu'entre le contre-projet de M. Maurice Allard
00:39:07et celui de la Commission,
00:39:09une certaine distance reste à parcourir.
00:39:11C'est là !
00:39:12Monsieur Briand n'a répondu que de façon très sommaire à mes arguments.
00:39:29J'ai dit qu'il y avait un grand danger pour la République
00:39:31à offrir en toute propriété aux associations culturelles
00:39:36qui seront en même temps des associations politiques,
00:39:39des biens qui sont en réalité des biens nationaux.
00:39:43Le danger est ainsi de maintenir l'unité de l'Église
00:39:46et d'empêcher l'Église, après la séparation,
00:39:50de se diviser en petites églises
00:39:52et en petites associations culturelles.
00:39:55Vous maintenez ainsi l'unité du bloc romain.
00:39:59Nous n'avons pas à provoquer des schismes,
00:40:02mais enfin, nous ne sommes pas là non plus pour les empêcher.
00:40:04La parole est à M. Jean Jaurès.
00:40:13Jean Jaurès prépare son discours.
00:40:28À 45 ans, le député du Tarn s'est imposé comme le chef de file des socialistes français.
00:40:32Normalien, professeur de philosophie,
00:40:36c'est lui qui, en avril 1905, s'apprête à fédérer les différentes tendances du mouvement ouvrier
00:40:41en un seul et même parti politique,
00:40:43la SFIO, section française de l'internationale ouvrière.
00:40:47Jaurès est l'homme de l'unité, l'homme de la synthèse.
00:40:55Lecteur de Karl Marx, il ne fait pourtant pas de la lutte des classes le moteur de l'histoire.
00:41:00Le socialisme, selon Jaurès, n'est que l'approfondissement de l'idéal républicain,
00:41:04l'application à la propriété de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
00:41:12Sur la séparation, le grand tribun a d'abord étonné en gardant le silence.
00:41:17Partisan de la laïcité, Jaurès n'est pas pour autant fermé aux idées religieuses.
00:41:21Ses propres amis, en 1901, avaient d'ailleurs été scandalisés d'apprendre que sa fille Madeleine
00:41:25avait fait sa première communion.
00:41:38On sait maintenant que le silence de Jaurès était purement tactique.
00:41:42Le leader socialiste peaufine ses arguments.
00:41:44Son papier restera dans sa poche, car Jaurès parle sans aucun texte sous les yeux,
00:41:50mais les députés s'attendent à un discours décisif.
00:41:55Aristébriand et Maurice Allard, tous deux socialistes,
00:41:58défendent deux textes différents et inconciliables.
00:42:01Seule l'intervention de Jean Jaurès peut décider l'extrême gauche à appuyer la commission.
00:42:06L'article 4, en particulier, déplait aux anticléricaux.
00:42:09La création d'associations cultuelles conformes aux voeux des évêques leur semble une concession exagérée.
00:42:16Les plus acharnés ne cachent pas leur volonté de faciliter les schismes pour affaiblir l'église de Rome.
00:42:22Si les associations cultuelles se constituaient en dehors de la hiérarchie ecclésiastique,
00:42:27sur un modèle démocratique, de multiples dissidences viendraient rompre l'unité de l'église catholique
00:42:32et ruiner l'autorité du pape.
00:42:33C'est ce que recherchent les anticléricaux.
00:42:37Aristébriand, qui ménage l'église pour assurer les modérés,
00:42:41doit aussi convaincre les libres penseurs pour avoir une majorité.
00:42:48La gauche va-t-elle s'unir ou se diviser ?
00:42:51La parole est à monsieur Jean Jaurès.
00:42:54Tous les observateurs s'accordent à reconnaître qu'un éclatement du camp républicain
00:42:57serait fatal à la séparation.
00:42:59Messieurs, cette loi va attribuer demain
00:43:16des biens
00:43:19à des associations cultuelles
00:43:24régulièrement investies
00:43:26en harmonie
00:43:27avec l'organisation de l'église catholique.
00:43:33On a dit qu'on ne voulait pas
00:43:35préparer de schismes
00:43:37mais qu'on ne voulait pas non plus
00:43:40les empêcher.
00:43:43Et cependant, il en est
00:43:44qui paraissent
00:43:47concevoir que
00:43:48l'église catholique
00:43:50sera
00:43:51diminuée
00:43:53dans sa puissance
00:43:54non par le progrès direct
00:43:58de la pensée libre
00:44:00et de la science
00:44:01mais
00:44:03par je ne sais quelle
00:44:05déliquescence
00:44:09obscure
00:44:09du dogme
00:44:11où ils espèreraient
00:44:14entrevoir
00:44:14un jour
00:44:15je ne sais
00:44:17quelles
00:44:17nuances
00:44:19de schismes
00:44:20vaguement assorties
00:44:22à leurs
00:44:23aspirations
00:44:24intérieures.
00:44:27Je ne voudrais pas
00:44:28me donner un air
00:44:29d'outrecuidance
00:44:30en résumant
00:44:32en une formule
00:44:33trop simple
00:44:34le génie
00:44:36de l'histoire même
00:44:38de notre pays
00:44:39mais je crois pouvoir
00:44:40dire historiquement
00:44:41ceci.
00:44:42la France
00:44:44n'est pas
00:44:45schismatique
00:44:47elle est
00:44:48révolutionnaire.
00:45:01Tantôt
00:45:02elle marche
00:45:03avec Rome
00:45:04comme au temps lointain
00:45:07où les barbares
00:45:07France se faisaient
00:45:09contre les autres
00:45:10barbares.
00:45:12les serviteurs
00:45:13et les exécuteurs
00:45:14de la pensée
00:45:15de l'évêque de Rome
00:45:17puis
00:45:19quand notre pays
00:45:20échappe
00:45:22aux prises de Rome
00:45:24quand il se dresse
00:45:25contre elle
00:45:25il ne se refuse
00:45:29point
00:45:29à demi
00:45:30il ne se réfugit
00:45:31pas dans
00:45:32l'incertitude
00:45:33des compromis
00:45:34lorsque
00:45:37au XIIe
00:45:39et XIIIe siècle
00:45:40notre
00:45:42intrépide
00:45:45et ardente
00:45:47France
00:45:48méridionale
00:45:49se levait
00:45:51contre le despotisme
00:45:53d'église
00:45:54ce n'est pas
00:45:55un schisme
00:45:56ce n'est même pas
00:45:58une hérésie
00:46:00qu'elle promulguait
00:46:01c'était
00:46:01toute une autre
00:46:02métaphysique
00:46:03toute une autre
00:46:04religion
00:46:05puis
00:46:07au XVIe siècle
00:46:09quand ce grand
00:46:12mouvement de la réforme
00:46:13se produit
00:46:14quand éclate
00:46:14cet admirable
00:46:16réveil
00:46:16des consciences
00:46:17individuelles
00:46:19ce mouvement
00:46:20grandit en Allemagne
00:46:22il grandit en
00:46:23Angleterre
00:46:23et en Hollande
00:46:24en France
00:46:25il se heurte
00:46:26à la résistance
00:46:27de l'immense
00:46:28majorité
00:46:29pourquoi ?
00:46:30est-ce parce que
00:46:32la France
00:46:32était
00:46:34au-dessous
00:46:35de la réforme ?
00:46:38Non messieurs
00:46:38c'est parce que
00:46:40déjà
00:46:40de grands
00:46:42génies
00:46:43comme
00:46:43Rabelais
00:46:45avaient entrevu
00:46:47toute la grandeur
00:46:48future
00:46:49de la science
00:46:51libre
00:46:51parce qu'ils avaient
00:46:53glorifié
00:46:54symboliquement
00:46:55les voiles
00:46:55des navires
00:46:56mettant en communication
00:46:58les terres
00:46:59et les mers
00:47:00et aussi
00:47:00les livres
00:47:01les papiers
00:47:04de ces livres
00:47:05qui mettent en communication
00:47:06les esprits
00:47:07Rabelais disait
00:47:11l'humanité
00:47:13ira
00:47:15plus haut
00:47:16encore
00:47:17après avoir
00:47:19conquis
00:47:19les mers
00:47:21et la terre
00:47:22elle s'élèvera
00:47:25vers les hauteurs
00:47:26de l'espace
00:47:27et
00:47:29devançant
00:47:30Hugo
00:47:30il annonçait
00:47:32l'humanité
00:47:33ira loger
00:47:34un jour
00:47:34à l'enseigne
00:47:35des étoiles
00:47:36c'est parce que
00:47:39notre génie
00:47:40français
00:47:41avait
00:47:43cette admirable
00:47:44audace
00:47:45d'espérance
00:47:46et d'affirmation
00:47:49dans la pensée
00:47:50libre
00:47:50qu'il s'est
00:47:52réservé
00:47:54dans la réforme
00:47:55afin de se conserver
00:47:56tout entier
00:47:57pour la révolution
00:48:00toute notre histoire
00:48:07proteste
00:48:09contre je ne sais quelle tentation
00:48:11de substituer
00:48:12les compromis
00:48:14incertains
00:48:15et tâtenants
00:48:16du schisme
00:48:17à la marche délibérée
00:48:19de l'esprit
00:48:19vers la pleine lumière
00:48:21vers la pleine science
00:48:23et l'entière
00:48:24raison
00:48:25c'est
00:48:28sans équivoque
00:48:31c'est sans
00:48:32ambiguïté
00:48:33c'est en
00:48:35respectant
00:48:36dans la limite
00:48:39même de leur fonctionnement
00:48:40les principes
00:48:40d'organisation
00:48:41des églises
00:48:42et c'est en
00:48:44dressant
00:48:45contre ces églises
00:48:46la grande
00:48:48association
00:48:49des hommes
00:48:49travaillant
00:48:50au culte
00:48:51nouveau
00:48:52de la justice
00:48:53sociale
00:48:54et de l'humanité
00:48:56renouvelée
00:48:57c'est par là
00:48:58et non
00:49:00par des schismes
00:49:02incertains
00:49:03que vous ferez
00:49:04progresser ce pays
00:49:05conformément
00:49:07à son génie
00:49:08voilà pourquoi
00:49:11l'oeuvre
00:49:13que la commission
00:49:15nous soumet
00:49:16oeuvre de loyauté
00:49:17oeuvre
00:49:19hardie
00:49:21dans son fond
00:49:22mais qui ne cache
00:49:23aucun piège
00:49:24qui ne dissimule
00:49:25aucune
00:49:25l'arrière-pensée
00:49:26est conforme
00:49:29au véritable génie
00:49:30de la France républicaine
00:49:32nous ne faisons pas
00:49:35une oeuvre
00:49:37de brutalité
00:49:38nous ne faisons pas
00:49:41une oeuvre
00:49:42de sournoiserie
00:49:45nous faisons
00:49:47une oeuvre
00:49:48de sincérité
00:49:51c'est là
00:49:53le caractère
00:49:55du travail
00:49:55de la commission
00:49:56et voilà pourquoi
00:49:59je m'y rallie
00:50:00c'est parce que
00:50:09notre génie français
00:50:10avait
00:50:12cette admirable
00:50:13audace
00:50:14d'espérance
00:50:15et d'affirmation
00:50:17dans la pensée
00:50:18libre
00:50:18qu'il s'est
00:50:20réservé
00:50:21dans la réforme
00:50:22afin de se conserver
00:50:24tout entier
00:50:25pour
00:50:26la révolution
00:50:27nous faisons
00:50:29une oeuvre
00:50:30de sincérité
00:50:32je mets au voie
00:50:35le contre-projet
00:50:36de monsieur
00:50:37Maurice Allard
00:50:38qui est pour
00:50:39qui est contre
00:50:42il n'est pas adopté
00:50:46la chambre
00:50:57étant revenue
00:50:58au texte
00:50:58de la commission
00:50:59les députés
00:51:00s'enlisent
00:51:00pendant plusieurs semaines
00:51:01dans l'examen
00:51:02des amendements
00:51:02le gouvernement
00:51:04reste étonnamment
00:51:05absent de la discussion
00:51:06trop heureux
00:51:07de faire durer
00:51:07un débat
00:51:08qui retarde
00:51:08fort opportunément
00:51:09l'ouverture
00:51:10de dossiers sensibles
00:51:11comme l'instauration
00:51:13d'un impôt
00:51:13sur le revenu
00:51:14ou la création
00:51:15de retraites ouvrières
00:51:16Maurice Allard
00:51:22n'a pas renoncé
00:51:23à faire de la provocation
00:51:24les anticléricaux
00:51:26réclament le remplacement
00:51:26des fêtes religieuses
00:51:27par des jours fériés
00:51:28laïcs
00:51:29certains prônent
00:51:30l'interdiction
00:51:30de la soutane
00:51:31mais les libres penseurs
00:51:34ne voient pas
00:51:34qu'en faisant
00:51:35de la surenchère
00:51:35ils rendent service
00:51:38à Aristide Briand
00:51:39à droite
00:51:40et jusqu'au sein
00:51:41de l'église
00:51:41les plus raisonnables
00:51:42commencent à voir
00:51:43le texte de la commission
00:51:44comme un moindre mal
00:51:45seule une fraction
00:51:47du monde catholique
00:51:48refuse en bloc
00:51:49le débat
00:51:49Armand de Baudry-Dasson
00:51:51demeure intransigeant
00:51:53député royaliste
00:51:54de la Vendée
00:51:55commandeur de l'ordre
00:51:56pontifical de Saint Grégoire le Grand
00:51:58il défend l'alliance
00:51:59du trône
00:52:00et de l'autel
00:52:01pour lui
00:52:01point de salut
00:52:02sans la monarchie
00:52:04un de ses ancêtres
00:52:06est tombé
00:52:06les armes à la main
00:52:07en luttant
00:52:08contre les républicains
00:52:09il en est fier
00:52:11député des sables
00:52:14de l'aune
00:52:15depuis 29 ans
00:52:15le comte de Baudry-Dasson
00:52:17n'a jamais cessé
00:52:18de combattre la république
00:52:19en 1880 déjà
00:52:21il s'est montré
00:52:22si virulent
00:52:22que Gambetta
00:52:23qui présidait la chambre
00:52:24l'avait fait saisir
00:52:25dans l'hémicycle
00:52:26après une bagarre
00:52:27mémorable
00:52:28avec les gardes républicains
00:52:29le comte fut enfermé
00:52:30pendant 24 heures
00:52:31il passe à la nuit
00:52:33petit local
00:52:34la cellule de dégrisement
00:52:35du palais Bourbon
00:52:36grand propriétaire
00:52:38éleveur de chevaux
00:52:39Armand de Baudry-Dasson
00:52:41n'obéit à personne
00:52:42sportif
00:52:44combatif
00:52:44il a mené la vie dure
00:52:45au cabinet d'Émile Combe
00:52:46le vieil aristocrate
00:52:52peut encore cogner
00:52:53mais son combat
00:52:55est-il toujours le même
00:52:56que celui de l'église ?
00:52:58l'abbé Guéraud
00:52:58en effet
00:52:59semble s'éloigner
00:53:00de son allié vendéen
00:53:02la parole est à monsieur
00:53:03l'abbé Guéraud
00:53:04messieurs
00:53:09vous nous avez accordé
00:53:10des satisfactions
00:53:12considérables
00:53:13en rédigeant le texte
00:53:14de façon apparaît
00:53:15au péril de schisme
00:53:16et en nous garantissant
00:53:17la jouissance gratuite
00:53:19et indéfinie
00:53:20des édifices du culte
00:53:22mais ma conscience
00:53:23m'oblige à vous demander
00:53:24messieurs
00:53:24que la loi de séparation
00:53:26soit respectueuse
00:53:27des exigences
00:53:28de ma foi
00:53:29il faut que vous le sachiez
00:53:31la constitution
00:53:32de l'église catholique
00:53:33n'est pas
00:53:33une constitution démocratique
00:53:35nous savions depuis longtemps
00:53:36monsieur Guéraud
00:53:37ce qui ne veut pas dire
00:53:39que l'église catholique
00:53:40n'aime pas la démocratie
00:53:41parfaitement
00:53:42la constitution de l'église
00:53:43est une constitution monarchique
00:53:45vous ne devez rien introduire
00:53:50dans la loi
00:53:50qui soit contraire
00:53:51à cette organisation
00:53:52votre texte
00:53:54ne pourra être acceptable
00:53:55pour nous
00:53:55qu'autant qu'il aura été
00:53:57accepté
00:53:58par le Saint-Siège
00:53:59vous êtes plus papiste
00:54:00que le pape
00:54:01si vous voulez ouvrir
00:54:02une ère d'agitation religieuse
00:54:03faites-le
00:54:04quant à moi
00:54:05je ne m'y associerai pas
00:54:06je proteste dès maintenant
00:54:07contre votre tyrannie
00:54:08j'envoie parole
00:54:10qui tente à ouvrir cette ère
00:54:11nous contestons
00:54:12contre ce langage
00:54:12monsieur de Baudry-Dasson
00:54:13pour être digne de la liberté
00:54:14il faut d'abord savoir
00:54:15respecter la liberté d'autrui
00:54:17en fait de liberté
00:54:18monsieur Briand
00:54:19vous n'êtes pas Briand
00:54:20monsieur de Baudry-Dasson
00:54:23vous m'obligez à constater
00:54:25que jusqu'ici
00:54:26cette discussion
00:54:27s'est poursuivie
00:54:28dans le calme
00:54:29j'estime
00:54:32qu'un catholique
00:54:32digne de ce nom
00:54:33qu'un royaliste dévoué
00:54:35ne peut voter ce texte
00:54:39je voterai donc contre
00:54:42au nom de la France catholique
00:54:44et de la liberté
00:54:46j'étais à la peine
00:54:48j'étais au combat
00:54:50je veux rester jusqu'au jour
00:54:53où sonnera
00:54:53l'heure de la prospérité
00:54:55pour notre malheureux pays
00:54:57l'heure du relèvement national
00:54:59l'heure du bonheur
00:55:01et de la joie
00:55:02l'heure de la délivrance
00:55:04et pour cela
00:55:05il faut d'abord
00:55:06arrêter les persécutions religieuses
00:55:08Dieu avec nous
00:55:11Dieu avec nous
00:55:13non plus de ces lois infernales
00:55:18qui empêchent nos enfants
00:55:20de connaître Dieu
00:55:21plus de ces lois abominables
00:55:23qui permettent de chasser
00:55:25nos religieux
00:55:26plus de spoliation honteuse
00:55:28plus de ces vols véritables
00:55:30je défoncerai un projet
00:55:32sur le bureau de la chambre
00:55:34ayant pour but
00:55:35d'expulser
00:55:36ou même de coller au mur
00:55:38tous les traîtres à la patrie
00:55:40Monsieur de Baudry-Dasson
00:55:45je vous rappelle à l'ordre
00:55:46je vous prie de respecter
00:55:48le déroulement
00:55:49de la séance
00:56:02Vive la France catholique
00:56:05Vive la France aux français
00:56:07Nous allons maintenant examiner
00:56:24l'amendement de Monsieur Maurice Allard
00:56:27visant à décider que cesseront d'être
00:56:31jour férié tous ceux qui n'auront pas
00:56:33pour objet exclusif
00:56:34la célébration
00:56:35d'événements civils
00:56:37La parole est à Monsieur Maurice Allard
00:56:40Mes chers collègues
00:56:43Quand demain nous aurons voté
00:56:47la séparation
00:56:48la République
00:56:50par un illogisme choquant
00:56:53fêtera encore
00:56:55la naissance du Christ
00:56:56sa résurrection
00:56:57son ascension au ciel
00:56:59Je crois que si nous voulons vraiment
00:57:02que la laïcisation
00:57:04ne soit pas un vain mot
00:57:05nous devons supprimer
00:57:07les jours fériés religieux
00:57:09Ce sont des propos scandaleux
00:57:10Je ne vous demande
00:57:13que de leur substituer
00:57:15des jours fériés laïcs
00:57:18De même que
00:57:19l'église emprunta autrefois
00:57:21au paganisme
00:57:22ces jours fériés
00:57:23Je demande
00:57:24que nous empruntions
00:57:26aujourd'hui
00:57:26à l'église
00:57:27ces jours de fête
00:57:29A Noël
00:57:32nous fêterons
00:57:33le solstice d'hiver
00:57:34A la Saint-Jean
00:57:36le solstice d'été
00:57:37A Pâques
00:57:39au lieu de célébrer
00:57:40la résurrection
00:57:41miraculeuse
00:57:42d'un mystique
00:57:43nommé Jésus
00:57:44dont l'existence même
00:57:46est hypothétique
00:57:47et bien
00:57:47nous célébrerons
00:57:49la renaissance
00:57:50de la vie organique
00:57:52Je demande
00:57:53à la Chambre
00:57:54pour une laïcisation
00:57:56complète
00:57:57de l'Etat
00:57:58de voter
00:57:59mon amendement
00:58:00Bravo
00:58:00Applaudissements
00:58:02Applaudissements
00:58:04Bien, malgré toute
00:58:09sa poésie
00:58:09cet amendement
00:58:10a été repoussé
00:58:11par la Commission
00:58:11Mais ma vie
00:58:15du gouvernement
00:58:15je le mets
00:58:19aux voix
00:58:20qui est pour
00:58:21contre
00:58:25et n'est pas adopté
00:58:29Je suis saisi
00:58:32d'un nouvel amendement
00:58:33de M. Maurice Allard
00:58:35visant à interdire
00:58:36le port
00:58:37du costume ecclésiastique
00:58:38en vie
00:58:39De mieux en mieux
00:58:42Mes chers collègues
00:58:53Nous ne pouvons voir
00:58:57dans le prêtre
00:58:58un citoyen
00:58:59comme tout autre
00:59:00puisque c'est lui
00:59:01qui part
00:59:02ses prétentions
00:59:03et ses affirmations
00:59:04se mettent en dehors
00:59:05du droit commun
00:59:06La question sera différente
00:59:08sans doute
00:59:09le jour où le prêtre
00:59:10consentira
00:59:11de ne plus parler
00:59:11comme un être
00:59:12qui s'élève
00:59:13au-dessus de la société
00:59:14tout entière
00:59:15à ne plus être
00:59:16le représentant
00:59:17direct de Dieu
00:59:18Cela, messieurs
00:59:19vous me l'accorderez
00:59:19volontiers
00:59:20le met vraiment
00:59:21dans une situation
00:59:22privilégiée
00:59:23dans notre société
00:59:24Parler à Dieu
00:59:25parler au nom de Dieu
00:59:26C'est une chose
00:59:27considérable
00:59:29Énorme
00:59:30Le prêtre n'est pas
00:59:32un être
00:59:33comme vous et moi
00:59:34Le prêtre
00:59:35ouvre et ferme
00:59:36à son gré
00:59:37les portes du paradis
00:59:38et celles de l'enfer
00:59:39C'est terrible cela
00:59:41M. Guéraud
00:59:42Le prêtre dispose
00:59:44sur les masses crédules
00:59:46d'une influence
00:59:47que nous n'avons pas
00:59:48Nous autres propagandistes
00:59:50qui parcourons les villes
00:59:51en jaquettes
00:59:52et en paletons
00:59:53Parlez-nous donc
00:59:53d'être habillés
00:59:54des francs-maçons
00:59:55Nous sommes des hommes
00:59:57comme les autres
00:59:57Et le prêtre
00:59:59qui a devant lui
00:59:59un homme agenouillé
01:00:00qui passe pour avoir
01:00:01entre ses mains
01:00:02des destinées futures
01:00:04Ah mais messieurs
01:00:05ce prêtre est puissant
01:00:07Il est le maître
01:00:08de cette pauvre conscience
01:00:09qu'il menace
01:00:10des peines terribles
01:00:11Et il a par suite
01:00:13une puissance d'action
01:00:14que ne possède pas
01:00:16le plus éloquent
01:00:16de nos orateurs
01:00:17Vous avez les préfets
01:00:18pour vous ?
01:00:19Oui
01:00:19Messieurs
01:00:26Au risque d'étonner
01:00:28notre honorable collègue
01:00:29je lui dirais
01:00:30que le silence
01:00:31du projet de loi
01:00:32au sujet du costume
01:00:32ecclésiastique
01:00:33qui semble le préoccuper
01:00:34si fort
01:00:35n'est pas le résultat
01:00:37d'une omission
01:00:37mais bien au contraire
01:00:38d'une délibération
01:00:41mûrement réfléchie
01:00:41En effet
01:00:42il est apparu
01:00:42à la commission
01:00:43que ce serait
01:00:44encourir pour un résultat
01:00:45plus que problématique
01:00:46le reproche d'intolérance
01:00:48et même de s'exposer
01:00:49à un danger plus grave encore
01:00:50le ridicule
01:00:52Très bien
01:00:52Ce que notre collègue
01:00:55cherche à atteindre
01:00:56dans la soutane
01:00:57c'est le moyen
01:00:57qu'elle procure
01:00:58de se distinguer
01:00:58plus facilement
01:00:59des autres citoyens
01:01:00Mais la soutane
01:01:01une fois supprimée
01:01:02l'ingéniosité combinée
01:01:04des tailleurs
01:01:04et des prêtres
01:01:05aurait au fait
01:01:06de créer un vêtement nouveau
01:01:07qui ne serait plus la soutane
01:01:09mais qui se distinguera
01:01:12encore assez du veston
01:01:13pour permettre aux passants
01:01:14de distinguer
01:01:14au premier coup d'œil
01:01:15un prêtre
01:01:15Quant au prestige
01:01:17de l'église
01:01:17dans nos campagnes
01:01:18il serait téméraire
01:01:19de l'attribuer
01:01:19uniquement
01:01:20à la forme
01:01:22du vêtement des prêtres
01:01:23L'influence de l'église
01:01:24tient à d'autres causes
01:01:25Beaucoup plus difficile
01:01:28à détruire
01:01:28Sinon il y a bien longtemps
01:01:29que la libre pensée
01:01:30aurait triomphé
01:01:31du dogme
01:01:32M. Allard
01:01:32Cet amendement
01:01:35a-t-il plus de succès
01:01:36que le précédent ?
01:01:44Il n'est pas adopté
01:01:45Je donne la parole
01:01:48sur l'ensemble du texte
01:01:49à M. Aristide Briand
01:01:50rapporteur de la commission
01:01:52Le 3 juillet 1905
01:01:57après trois mois et demi
01:01:58de débat
01:01:58les députés doivent se prononcer
01:02:00sur l'ensemble du texte
01:02:02Aristide Briand
01:02:03malgré la fatigue
01:02:04s'apprête à livrer
01:02:05une dernière bataille
01:02:06Le petit député de la Loire
01:02:08va-t-il gagner son pari ?
01:02:10L'effacement du ministre
01:02:11des cultes
01:02:11donne la vedette
01:02:12au rapporteur de la commission
01:02:13Encore inconnu
01:02:15au début de l'année
01:02:16Aristide Briand
01:02:17est maintenant
01:02:18une célébrité nationale
01:02:19Cette loi
01:02:21qu'il a défendue seule
01:02:22est devenue sa loi
01:02:23Il souhaite qu'elle soit votée
01:02:25à la plus large majorité
01:02:26dans l'hémicycle
01:02:26mais il veut aussi
01:02:27qu'elle soit comprise
01:02:28et acceptée dans le pays
01:02:29La France de 1905
01:02:31ne peut prendre le risque
01:02:32de se déchirer
01:02:33sur la question religieuse
01:02:34Le Kaiser Guillaume II
01:02:37a clairement fait connaître
01:02:38son ambition
01:02:39de contrôler le Maroc
01:02:40C'est la crise de Tanger
01:02:41Entre Paris et Berlin
01:02:42le ton monte
01:02:43La guerre franco-allemande
01:02:45menace d'éclater
01:02:45Pour Aristide Briand
01:02:48le succès personnel est acquis
01:02:49Je donne la parole
01:02:50sur l'ensemble du texte
01:02:52à monsieur Aristide Briand
01:02:54rapporteur de la commission
01:02:55Mais en montant à la tribune
01:03:01il sait que la paix civile
01:03:02la concorde
01:03:03l'union des français
01:03:04doit être à tout prix préservée
01:03:06C'est un homme d'état
01:03:08qui est en train de naître
01:03:09Sous l'influence
01:03:11des passions politiques
01:03:11les hommes
01:03:12ne sont parfois que
01:03:13trop portés
01:03:13à nier tout progrès
01:03:14qui ne s'affirme pas
01:03:15par une violence
01:03:16au détriment de leurs adversaires
01:03:18Je tiens à le dire hautement
01:03:20le progrès ainsi compris
01:03:22n'est pas dans ma manière
01:03:24Dans ce pays
01:03:31où des millions de catholiques
01:03:32pratiquent leur religion
01:03:33les uns par conviction réelle
01:03:34d'autres par habitude
01:03:35par tradition de famille
01:03:36il était impossible
01:03:38d'envisager une séparation
01:03:39qu'ils ne puissent accepter
01:03:41On m'a fait grief
01:03:42de certaines concessions
01:03:43au centre
01:03:44et à la droite
01:03:45Messieurs
01:03:47si j'avais fait de cette réforme
01:03:48une question d'amour propre
01:03:49personnel
01:03:50comme on peut y être porté
01:03:51quand on s'exalte
01:03:52devant la grandeur
01:03:53de sa tâche
01:03:54et qu'on se laisse entraîner
01:03:56au désir de la marquer
01:03:57exclusivement
01:03:58de son empreinte
01:03:59si je n'avais eu
01:04:00que cette misérable
01:04:01préoccupation personnelle
01:04:02c'était l'irrémédiable échec
01:04:04J'ai compris autrement
01:04:06mon devoir
01:04:07J'ai voulu réussir
01:04:08dans l'accomplissement
01:04:08de la tâche
01:04:09qui m'avait été confiée
01:04:10pour cela
01:04:11sans perdre de vue
01:04:12un seul instant
01:04:12les principes essentiels
01:04:14de la réforme
01:04:14qui tous
01:04:15ont été respectés
01:04:17Je n'ai pas reculé
01:04:19devant les concessions
01:04:20nécessaires
01:04:21si ceux de nos collègues
01:04:22qui ont combattu
01:04:23le principe de la séparation
01:04:24veulent bien porter
01:04:24sur notre oeuvre
01:04:25un jugement
01:04:26selon leur conscience
01:04:27ils seront bien forcés
01:04:29de reconnaître
01:04:29que nous avons fait
01:04:30pour le mieux
01:04:31Maintenant messieurs
01:04:33permettez-moi de vous dire
01:04:34que la réalisation
01:04:35de cette réforme
01:04:36aura pour effet désirable
01:04:37d'affranchir ce pays
01:04:39d'une véritable hantise
01:04:40sous l'influence
01:04:41de laquelle
01:04:41il n'a que trop négligé
01:04:42tant d'autres questions
01:04:43importantes
01:04:44d'ordre économique
01:04:45ou sociale
01:04:47Ces grands problèmes
01:04:49se poseront demain
01:04:50Dès qu'auront disparu
01:04:52des programmes politiques
01:04:53les questions irritantes
01:04:54qui comme celle-ci
01:04:55passionnent les esprits
01:04:56jusqu'à la haine
01:04:57et gaspillent en discorde
01:04:59stérile
01:05:00les forces les plus vives
01:05:01de la nation
01:05:01La réforme
01:05:03que nous allons voter
01:05:04laissera le champ libre
01:05:05à l'activité républicaine
01:05:06Et pour qu'il en fût ainsi
01:05:08il fallait que la séparation
01:05:09ne donna pas le signal
01:05:10de lutte confessionnelle
01:05:11Il fallait que la loi
01:05:12se montrera respectueuse
01:05:14de toutes les croyances
01:05:15et leur laissa
01:05:15la faculté
01:05:16de s'exprimer librement
01:05:17Nous l'avons faite
01:05:26de telle sorte
01:05:27que l'église
01:05:28ne puisse invoquer
01:05:29aucun prétexte
01:05:30pour s'insurger
01:05:31contre le nouvel état
01:05:32de choses
01:05:32Pas du tout
01:05:33C'est scandaleux
01:05:35C'est une honte
01:05:36Alors monsieur Guéraud
01:05:37je ne comprends pas
01:05:38les interruptions
01:05:39de vos amis
01:05:39pas plus que je ne m'explique
01:05:40davantage
01:05:41les paroles
01:05:41que vous prononcie
01:05:42au début de cette discussion
01:05:43quand vous disiez
01:05:44vous prétendez accorder
01:05:45la liberté à l'église
01:05:46et vous lui enlevez
01:05:47le budget des culpes
01:05:48Mais monsieur Guéraud
01:05:49si l'église
01:05:51ne peut se passer
01:05:51des subsides de l'état
01:05:52c'est que l'église
01:05:53est déjà morte
01:05:54Je n'ai jamais dit cela
01:05:56monsieur Briand
01:05:56Eh bien si ça n'est pas
01:05:57votre opinion
01:05:58alors vous devez
01:05:58vous tenir pour satisfait
01:05:59de la loi
01:05:59que nous avons faite
01:06:00en tout cas
01:06:00vous ne pourrez plus
01:06:01demain
01:06:02aller dire aux paysans
01:06:04aux catholiques de France
01:06:07que la majorité républicaine
01:06:09de cette chambre
01:06:09s'est montrée à votre égard
01:06:10persécutrice
01:06:12et tyrannique
01:06:12car elle vous aura
01:06:14généreusement accordé
01:06:15tout ce que raisonnablement
01:06:16vos consciences
01:06:17pouvaient exiger
01:06:17la justice
01:06:18et la liberté
01:06:19La loi de séparation
01:06:46des églises
01:06:47et de l'état
01:06:47est adoptée
01:06:48à la chambre
01:06:48des députés
01:06:49par 341 voix
01:06:50contre 233
01:06:51Aristide Briand
01:06:54est ovationné
01:06:55son discours final
01:06:56est affiché
01:06:57dans les 36 000
01:06:57communes de France
01:06:58Voté conforme
01:07:03par le Sénat
01:07:03le 6 décembre 1905
01:07:05la loi est promulguée
01:07:07le 9 décembre
01:07:08et paraît
01:07:08au journal officiel
01:07:09le 11
01:07:10Au début de l'année 1906
01:07:13son application
01:07:14donne lieu
01:07:14à des violences graves
01:07:16Les agents de l'état
01:07:17qui viennent inventorier
01:07:18les biens
01:07:19contenus dans les églises
01:07:20se heurtent
01:07:21aux prêtres
01:07:21et aux croyants
01:07:22qui refusent
01:07:22l'ouverture
01:07:23des tabernacles
01:07:24La crise des inventaires
01:07:28fait tomber
01:07:29le gouvernement
01:07:30Dans le nouveau cabinet
01:07:31Aristide Briand
01:07:32est nommé
01:07:33ministre des cultes
01:07:34Avec Clémenceau
01:07:36ministre de l'intérieur
01:07:37la décision est prise
01:07:38de suspendre
01:07:39les inventaires
01:07:40et d'appliquer
01:07:40la loi en douceur
01:07:41C'est pour Briand
01:07:43le début
01:07:44d'une carrière
01:07:44ministérielle
01:07:45sans équivalent
01:07:46Évoluant vers le centre
01:07:47l'ancien rapporteur
01:07:48de la loi de séparation
01:07:49sera 25 fois ministre
01:07:51et 11 fois président
01:07:52du conseil
01:07:53un record inégalé
01:07:54Le père Guérault
01:07:56malade
01:07:57meurt en cours
01:07:58de mandat
01:07:58le 16 décembre 1911
01:08:00Armand de Baudry
01:08:02d'Asson
01:08:03aux élections
01:08:03de 1914
01:08:04laisse sa circonscription
01:08:06à son fils
01:08:07après 38 ans
01:08:08de mandat
01:08:08Il s'éteint
01:08:10l'année suivante
01:08:10sur ses terres
01:08:11de Vendée
01:08:12Jean Jaurès
01:08:14le tribun de la paix
01:08:15est assassiné
01:08:16le 31 juillet 1914
01:08:17à la veille
01:08:18de la première guerre mondiale
01:08:19dans les tronches
01:08:49cléricaux et anticléricaux
01:08:51partagent les mêmes épreuves
01:08:52A la fin de la guerre
01:08:54l'Alsace et la Moselle
01:08:56redeviennent françaises
01:08:57mais elles obtiennent
01:08:58un statut religieux particulier
01:08:59Dans les années 1920
01:09:03Aristide Briand
01:09:05deviendra l'artisan
01:09:06du rapprochement
01:09:07franco-allemand
01:09:07ce qui lui vaudra
01:09:09le prix Nobel
01:09:09de la paix en 1926
01:09:11C'est à la tribune
01:09:14de la Société des Nations
01:09:15qu'en 1931
01:09:16il s'adresse
01:09:17au gouvernement
01:09:17du monde entier
01:09:18Plus de guerre
01:09:23Nous n'acceptons pas
01:09:26que dans aucun cas
01:09:28pour aucune cause
01:09:30dans aucune circonstance
01:09:32la guerre
01:09:33que nous avons clouée
01:09:34au pilori
01:09:34comme un crime
01:09:35puisse se réveiller
01:09:37contre les hommes
01:09:38Mais Aristide Briand
01:09:45échoue à conquérir l'Elysée
01:09:47et se retire
01:09:48dans sa propriété
01:09:49de Cocherelle
01:09:50en Normandie
01:09:51Les parlementaires
01:09:53lui préfèrent
01:09:53Paul Doumer
01:09:54l'ancien président
01:09:55de la Chambre
01:09:55devenu président du Sénat
01:09:57Élu à la présidence
01:09:59de la République
01:09:59le 13 mai 1931
01:10:01Paul Doumer
01:10:02est assassiné
01:10:03moins d'un an plus tard
01:10:04par un fou
01:10:04qui se réclame du fascisme
01:10:06La République est en deuil
01:10:10Les années noires
01:10:11vont commencer
01:10:12Après la mort
01:10:24d'Aristide Briand
01:10:25le 7 mars 1932
01:10:26Maurice Allard
01:10:28reste le dernier
01:10:29grand témoin
01:10:30du débat de 1905
01:10:31Battu en 1910
01:10:33et redevenu
01:10:34simple journaliste
01:10:35il vivra
01:10:36jusqu'au 27 novembre 1942
01:10:38Il verra
01:10:41sous l'occupation
01:10:42le gouvernement
01:10:43de Vichy
01:10:44rechercher
01:10:44l'appui de l'Église
01:10:45Mais de nombreux
01:10:58croyants rejoignent
01:10:59la résistance
01:10:59Ils forment
01:11:03à la libération
01:11:04un important mouvement
01:11:05de démocratie chrétienne
01:11:06La laïcité
01:11:08prend une valeur
01:11:09constitutionnelle
01:11:10dans le préambule
01:11:11de la constitution
01:11:11française de 1946
01:11:13Une valeur
01:11:15confirmée en 1958
01:11:16dans la constitution
01:11:18de la 5ème république
01:11:19La France
01:11:21est une république
01:11:21indivisible
01:11:22laïque
01:11:23démocratique
01:11:24et sociale
01:11:25Elle assure
01:11:25l'égalité
01:11:26devant la loi
01:11:27de tous les citoyens
01:11:28sans distinction
01:11:29d'origine
01:11:30de race
01:11:30ou de religion
01:11:31Elle respecte
01:11:33toutes les croyances
01:11:34Les relations
01:11:36entre la république
01:11:37et l'église
01:11:38s'apaisent
01:11:38La présence
01:11:39du général de Gaulle
01:11:40au Vatican
01:11:41a permis au souverain
01:11:42pontife de rappeler
01:11:43que l'oeuvre
01:11:43entreprise actuellement
01:11:44par la France
01:11:45devait favoriser
01:11:46les intérêts
01:11:47de tous les peuples
01:11:48Ce que se sont dit
01:11:49le chef de la chrétienté
01:11:50et le chef de la nation française
01:11:51est demeuré secret
01:11:52mais ici
01:11:53comme à Milan
01:11:54et comme au Quirinal
01:11:55ce sont des liens
01:11:56chaleureux
01:11:57qui ont été renoués
01:11:58En 1989
01:12:05la rentrée scolaire
01:12:06est perturbée
01:12:07par un incident inattendu
01:12:08Trois jeunes musulmanes
01:12:11qui refusent d'ôter
01:12:11leur foulard en cours
01:12:12sont exclus
01:12:13du collège
01:12:13Gabriel Havez de Creil
01:12:15Motif
01:12:17atteinte à la laïcité
01:12:19et à la neutralité
01:12:20de l'école publique
01:12:21Le problème n'est pas
01:12:28des croyances
01:12:29le problème est
01:12:30de la manifestation extérieure
01:12:32de cette croyance
01:12:33dans l'enceinte
01:12:35des locaux scolaires
01:12:35et notamment en classe
01:12:36De nouveau
01:12:37la France s'interroge
01:12:38sur la laïcité
01:12:39Laïcité imposée
01:12:42Non, non, jamais, jamais
01:12:43Nous avons fait le choix libre
01:12:46maintenant que nous l'avons fait
01:12:48rien ne pourra nous en détourner
01:12:49La loi de 1905
01:12:51revient au centre
01:12:52du débat public
01:12:52Si se produisent
01:12:54comme se sont produits
01:12:55des cas de blocage
01:12:56c'est-à-dire d'enfants
01:12:57qui vont à l'école
01:12:59notamment
01:13:00mais ils ne sont pas les seuls
01:13:01il y a aussi d'autres signes
01:13:02religieux actuellement
01:13:03présents à l'école
01:13:04mais notamment
01:13:06avec un foulard
01:13:07sur la tête
01:13:08je préconise
01:13:09que les directeurs
01:13:10d'établissements
01:13:11et les enseignants
01:13:12disent à ces enfants
01:13:14et à leurs parents
01:13:14qu'ils ne doivent pas
01:13:16venir à l'école
01:13:17dans ces conditions
01:13:18S'il y a blocage
01:13:20et s'il y a refus
01:13:21je dis alors
01:13:22l'école doit accepter
01:13:25et accueillir
01:13:26ses enfants
01:13:26Le gouvernement Rocard
01:13:28s'en était remis
01:13:29au Conseil d'Etat
01:13:30Celui-ci
01:13:31dans son avis
01:13:32du 27 novembre 1989
01:13:34n'avait pu que rappeler
01:13:35le droit en vigueur
01:13:36Si le port de signes religieux
01:13:39n'est pas en soi
01:13:40incompatible
01:13:40avec le principe
01:13:41de laïcité
01:13:42et constitue même
01:13:43une liberté
01:13:43Il ne doit pas prendre
01:13:45un caractère ostentatoire
01:13:47ou revendicatif
01:13:48ni devenir un acte
01:13:50de pression
01:13:50de provocation
01:13:51de prosélytisme
01:13:52ou de propagande
01:13:53et ne doit en aucun cas
01:13:54porter atteinte
01:13:55à la dignité de l'élève
01:13:56Ainsi
01:13:57le port de signes religieux
01:13:59peut être réglementé
01:14:00Dans le même esprit
01:14:02la circulaire Bérou
01:14:03de 1994
01:14:04distingue
01:14:06les signes discrets
01:14:07des signes ostentatoires
01:14:08Le 11 décembre 2003
01:14:10la commission Stasi
01:14:11sur la laïcité
01:14:12rend son rapport
01:14:13au président de la république
01:14:14Le 17 décembre
01:14:15Jacques Chirac
01:14:16se déclare favorable
01:14:17à l'enseignement
01:14:18du fait religieux
01:14:19et souhaite une loi
01:14:20contre le port ostensible
01:14:21de signes religieux
01:14:22à l'école
01:14:23J'estime
01:14:24que le port
01:14:25de tenue
01:14:26ou de signes
01:14:28qui manifestent
01:14:29ostensiblement
01:14:30l'appartenance religieuse
01:14:32doit être proscrit
01:14:33dans les écoles
01:14:35les collèges
01:14:36et les lycées publics
01:14:38Une mission parlementaire
01:14:42d'information
01:14:43est constituée
01:14:43sous la présidence
01:14:44de Jean-Louis Debré
01:14:45Cette démarche
01:14:46aboutit à la loi
01:14:47du 15 mars 2004
01:14:49selon laquelle
01:14:50dans les écoles
01:14:51les collèges
01:14:52et les lycées publics
01:14:53le port de signes
01:14:55ou tenues
01:14:55par lesquelles
01:14:56les élèves
01:14:56manifestent ostensiblement
01:14:58une appartenance religieuse
01:14:59est interdit
01:15:00Le modèle français
01:15:03de laïcité
01:15:04ne signifie pas
01:15:05la négation
01:15:05du fait religieux
01:15:06L'homme
01:15:08ne serait pas l'homme
01:15:09s'il ne s'interrogeait pas
01:15:10sur l'origine du monde
01:15:11et la fin des choses
01:15:13Le don de la vie
01:15:16et l'énigme de la mort
01:15:17le lien mystérieux
01:15:19de la matière
01:15:19et de l'esprit
01:15:20la conscience
01:15:21que chacun a
01:15:22de lui-même
01:15:22comment en rendre compte ?
01:15:25Les hommes
01:15:26se posent tous
01:15:26les mêmes questions
01:15:27mais ils diffèrent
01:15:28sur les voies
01:15:29de la connaissance
01:15:30Faut-il préférer
01:15:32la raison logique
01:15:33la méditation intérieure
01:15:35la révélation d'en haut
01:15:37Cette recherche
01:15:39n'est pas seulement individuelle
01:15:40Les prophètes
01:15:43les messies
01:15:44les apôtres
01:15:44ont laissé
01:15:44aux différents peuples
01:15:45de la terre
01:15:46des règles de vie
01:15:47des articles de foi
01:15:49la morale issue
01:15:51des livres sacrés
01:15:52quelquefois sévères
01:15:53Le culte peut prendre
01:15:55des formes visibles
01:15:56démonstratives
01:15:57exaltées même
01:15:58Chacun dans sa courte existence
01:16:27s'efforce
01:16:28de trouver son chemin
01:16:29Celui qui croit au ciel
01:16:34voudrait tourner
01:16:35toutes les âmes
01:16:36vers son Dieu
01:16:36Celui qui n'y croit pas
01:16:40aimerait libérer
01:16:42les hommes
01:16:42de leur croyance
01:16:43s'il le faut
01:16:44malgré eux
01:16:45L'un dans sa ferveur
01:16:47souhaite renforcer
01:16:48la religion
01:16:49par la puissance
01:16:49de l'État
01:16:50pour soumettre
01:16:51les hommes
01:16:52à la loi divine
01:16:52L'autre
01:16:53dans sa sagesse
01:16:55demande qu'on distingue
01:16:56le pouvoir politique
01:16:57du pouvoir religieux
01:16:58Le compromis de 1905
01:17:09nous vient en héritage
01:17:11La laïcité
01:17:12n'est pas une croyance de plus
01:17:14ni une religion
01:17:15de l'incroyance
01:17:16Elle signifie
01:17:18la neutralité
01:17:19de l'État
01:17:19en matière de religion
01:17:20C'est elle qui permet
01:17:23à toutes les croyances
01:17:24de coexister en paix
01:17:26dans un même pays
01:17:28Elle garantit à chacun
01:17:29la liberté de croire
01:17:30et celle de ne pas croire
01:17:32La liberté de pratiquer
01:17:35et celle de ne pas pratiquer
01:17:37Elle donne à tous
01:17:44la faculté la plus rare
01:17:45dans le monde
01:17:45et la plus précieuse
01:17:48pour l'esprit
01:17:48la liberté de douter
01:17:51Aujourd'hui comme hier
01:17:59La laïcité
01:18:01est notre bien commun
01:18:02Sous-titrage Société Radio-Canada
01:18:05Sous-titrage Société Radio-Canada
01:18:07Sous-titrage Société Radio-Canada
01:18:10Sous-titrage Société Radio-Canada
01:18:40Sous-titrage Société Radio-Canada
01:19:42Sous-titrage Société Radio-Canada
01:19:44Sous-titrage Société Radio-Canada
01:20:16Sous-titrage Société Radio-Canada
Écris le tout premier commentaire