- il y a 22 heures
C’était il y a un an, le 8 décembre 2024 tombait l’un des régimes les plus sanguinaires au monde, celui de Bachar Al Assad, président de la Syrie.C’est un groupe rebelle islamiste qui a pris le pouvoir à sa place, HTC avec à sa tête Ahmed Al-Charaa, ancien djihadiste qui tente chaque jour de lisser son image et son discours, au point d’être reçu avec les honneurs par les plus grands dirigeants occidentaux.Mais 1 an après, l’heure est au bilan pour les Syriens, qu’ils soient chrétiens, alaouites, sunnites… Quelle est la situation du pays aujourd’hui ? Qui sont vraiment ses dirigeants qui promettent paix et réconciliation ? Rebecca Fitoussi et ses invités ouvrent le débat. Année de Production :
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00:00Homs, Syrie, la vie d'après, documentaire inédit et précieux de Daam al-Assad, précieux parce qu'il nous permet de comprendre les tourments et les espoirs d'un peuple fragmenté qui semble vouloir la paix et l'unité, même si les choses sont sûrement plus complexes.
00:16On va justement essayer de vous éclairer avec nos invités. Christian Cambon, bienvenue. Vous êtes sénateur LR du Val-de-Marne, membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, commission que vous avez présidée pendant très longtemps.
00:27Parmi vos nombreuses fonctions, il y a notamment celle d'envoyé spécial pour les relations internationales du président du Sénat.
00:34Guillaume Perrier, bienvenue. Vous êtes grand reporter international au Point, spécialiste du Moyen-Orient, correspondant en Turquie pendant 10 ans.
00:40Grand Prix 2019 de la presse internationale pour la couverture de l'invasion turque du nord de la Syrie, auteur de plusieurs livres et films documentaires sur la Turquie et sur la Syrie.
00:49Et je précise que le magazine Le Point est partenaire de cette émission.
00:52Agnès Levalois, bienvenue à vous également. Spécialiste du Moyen-Orient et chargée de cours à Sciences Po Paris, présidente de l'Institut de Recherche et d'Études Méditerranée Moyen-Orient.
01:03Assiem El Difraoui, bienvenue. Vous êtes docteur en sciences politiques de Sciences Po Paris, spécialiste du monde arabe contemporain, réalisateur et auteur de plusieurs ouvrages,
01:10notamment sur le djihadisme et la propagande djihadiste. On peut d'ailleurs se référer à votre « Que sais-je » paru chez PUF.
01:16Et vous étiez d'ailleurs très récemment en Syrie pour des recherches. Vous êtes justement passé par Homs, la ville qui est au cœur de ce documentaire.
01:22Merci beaucoup à tous les quatre d'être ici. Tout au long de ce film, on entend beaucoup de voix pleines d'espoir, de discours assez positifs sur ce qui est en train de devenir la Syrie,
01:31un pays où l'on souhaiterait tourner la page des horreurs d'Assad, vivre en paix avec toutes les communautés, toutes les confessions.
01:38C'est bien dit dans le film. Un des intervenants, un policier, nous dit même « Ce qui est arrivé fait partie du passé. Nous sommes la nouvelle Syrie. »
01:46Est-ce qu'il faut partager cette pensée positive et cet optimisme ? Assiem El Difraoui.
01:51Il faut le partager. Au moins, il faut le soutenir. Homs et Damas, surtout, c'est des villes actuellement où les gens sont extrêmement positifs.
02:02Les gens sortent. Les gens embrassent le nouvel emblème de la Syrie, l'aigle. Donc, ils ont changé l'aigle comme emblème.
02:10Ça se vend partout dans la rue. Il y a de nouveaux nationalismes suriens. Il y a un grand espoir.
02:16Mais derrière, il y a quand même complètement d'autres réalités également, spécialement à Homs, où il y a beaucoup des alawites,
02:23où le moindre étincelle peut créer des tensions énormes, peut créer des confrontations meurtrières et tout ça.
02:30Donc, derrière cette nouvelle façade ou cette grande espoir que je veux bien partager et que je soutiens complètement,
02:37il y a quand même la réalité d'un pays qui est très, très divisé encore.
02:40La petite musique de ce film, c'est vrai que tout le monde aspire à la paix, à la réconciliation, Agnès Levallois,
02:45mais évidemment une réalité qui est plus complexe, au fond.
02:47Oui, bien sûr que tous les Syriens, toutes les Syriennes souhaitent sortir quand même de ces 13, 14 ans de guerre,
02:53de plus de 50 ans d'un système autoritaire, d'une dictature incarnée par Bachar el-Assad qui est tombé,
02:59mais aussi par son père, Hafez al-Assad.
03:01C'est un pays qui a été quand même dirigé par cette famille d'une façon extrêmement autoritaire pendant des dizaines d'années.
03:09Donc, aujourd'hui, évidemment, que tous les Syriens aspirent à autre chose.
03:13Le simple fait que les Syriens puissent s'exprimer dans tous les cafés,
03:17il y a des réunions où les gens s'expriment, donnent leur point de vue.
03:21Ça, c'est nouveau.
03:21C'était absolument inimaginable.
03:23Alors, il y a eu la petite parenthèse de ce qu'on avait appelé dans les années 2000 le printemps de Damas.
03:28Mais en dehors de cette parenthèse qui avait été très, très vite refermée,
03:32les Syriens n'ont jamais eu la possibilité de pouvoir s'exprimer dans la rue, dans des cafés,
03:38avec toujours la crainte que, de toute façon, il y ait un membre des services de sécurité,
03:42les fameux Mouhabarat qui étaient omniprésents dans ce pays,
03:45et donc qui pouvaient rapporter les propos tenus par les uns et les autres,
03:48et avec un sort qui leur était réservé, ensuite, catastrophique.
03:52Donc, tout ça, quand même, donne, effectivement, ce sentiment de liberté,
03:57de volonté, de pouvoir échanger.
03:59Mais, comme il dit, évidemment, avec des craintes, quand même,
04:02qui sont encore là, avec des inquiétudes.
04:04Est-ce que ce nouveau pouvoir va être en mesure, eh bien, de réconcilier tous les Syriens,
04:09en dépit des différentes appartenances qu'on voit très bien dans le documentaire ?
04:13Oui, on parlera des nouveaux dirigeants dans un instant,
04:16mais d'abord, peut-être, cette coexistence pacifique entre communautés.
04:19Est-ce qu'elle est réelle, Guillaume Perrier ?
04:22Alors, elle est à la fois réelle et factice, je dirais.
04:26Homs, c'est vraiment le symbole de cette mosaïque syrienne
04:29où cohabitent, effectivement, des communautés chrétiennes,
04:32alawites, sunnites, dans des quartiers souvent très différents.
04:37Alors, comme le montre Dham al-Assad dans son documentaire,
04:40on voit bien que les quartiers qui ont souffert pendant la guerre civile,
04:45qui ont été bombardés par le régime de Bachar al-Assad,
04:47sont principalement les quartiers sunnites,
04:50qui étaient occupés par la rébellion.
04:53Les quartiers alawites, évidemment, étaient plutôt acquis au régime.
04:56Les quartiers chrétiens étaient dans une forme de neutralité
04:59plutôt aussi perçue comme étant du côté du régime.
05:03Ce qui fait qu'aujourd'hui, ces divisions ne sont pas complètement effacées.
05:06Il y a une volonté de réunifier Homs, évidemment, dans un même élan,
05:10cet élan très positif dont on vient de parler,
05:12mais il y a aussi des divisions invisibles qui persistent
05:15avec des vengeances régulières.
05:18Il y a encore quelques jours, quelques semaines,
05:21il y a eu des exactions à Homs contre certaines minorités.
05:24Oui, c'est très concret.
05:25Amnesty International, c'est en effet l'écho il y a quelques jours,
05:28Christian Cambon, enlevé et marié de force en Syrie,
05:31le calvaire des femmes et des filles alawites.
05:33Depuis la chute du président Assad,
05:35les attaques contre les membres de la communauté alawite
05:37se multiplient dans le pays.
05:38Est-ce qu'on peut croire à cette coexistence pacifique
05:40entre les communautés qui, hier, se déchiraient ?
05:43Pourront-elles, aujourd'hui, vivre ensemble ?
05:45Je crois, comme ça vient d'être dit,
05:47je crois qu'il faut y croire.
05:48Il faut y croire.
05:49Et ce qui ressort de ce document,
05:51qui est effectivement très émouvant
05:52et qui montre à la fois la souffrance
05:54qu'a supportée cette population,
05:58les destructions avec ces contrastes,
06:00des quartiers détruits et d'autres qui ont réussi à survivre.
06:05Je pense effectivement qu'il faut véritablement
06:07que tous les pays qui peuvent
06:10et qui sont susceptibles d'aider la Syrie le fassent.
06:13C'est ce qui est en train de se passer.
06:15Dans les dernières semaines,
06:16il y a quand même eu des éléments très importants.
06:18Je pense qu'on aura l'occasion de parler
06:19du voyage d'Al-Shara aux Nations Unies.
06:23Il a rencontré un président américain.
06:24Je crois que ça n'avait jamais existé depuis 1946.
06:26Oui, oui, on va en parler, bien sûr.
06:28Il y a quand même des éléments qui sont positifs.
06:32Maintenant, je pense qu'après de telles souffrances
06:35et de tels conflits,
06:36les communautés vont avoir encore un peu de mal
06:40à harmoniser leur vie commune.
06:45Et bien évidemment, ici, dans cette maison au Sénat,
06:48on reste très attentifs à ce qui se passe
06:50pour la communauté chrétienne,
06:51parce que les chrétiens dans cette région
06:52ont aussi, à la fois, ils étaient protégés
06:56par l'ancien système.
06:57Nous avons reçu ici le patriarche de Damas
06:59qui disait, mais faites attention à ce que vous dites,
07:02parce qu'à l'époque où Bachar el-Assad
07:05était encore aux affaires,
07:07la communauté chrétienne considérait
07:08que c'était son protecteur.
07:09Alors maintenant, les choses ont évidemment
07:10pas mal évolué, mais c'est ce qu'il a dit.
07:13C'est ce qu'il a dit ici chez le président.
07:14Très bien, mais elles étaient très instrumentalisées.
07:16Bien sûr, mais on le sait.
07:18Elles n'étaient pas dupes.
07:19Ils ne le faisaient pas par humanisme et altruisme.
07:22Et là, vous avez soulevé un point très important.
07:25Vous avez parlé des enlèvements des aloïdes,
07:27des femmes aloïdes et tout ça.
07:29Il faut faire très attention.
07:30Ça peut être très, très souvent
07:31la désinformation.
07:33D'accord.
07:34Là, je viens de terminer une étude
07:35sur le danger de la désinformation en Syrie.
07:38Et tous les Syriens sont conscients
07:39qu'une désinformation bien ciblée
07:41peut faire exploser une ville.
07:43C'est que c'est presque passé à Homs
07:45où il y avait la question d'un enlèvement
07:47par une femme, je ne sais pas comment ça s'appelle encore,
07:50elle appela, lui, Mohamed.
07:52Un était alaouïde, l'autre était sunnite et tout ça.
07:55Et ça fait vraiment le news dans toute la Syrie.
07:59Et presque créer une énorme clash communautaire.
08:02D'accord.
08:02Finalement, des jeunes journalistes suriens
08:04sont tombés sur le couple dans la rue.
08:07Ils ont interrogé le couple.
08:08Ils ont dit, on se barrait de la maison
08:09parce que nos parents n'approuvent pas de notre réunion.
08:12Mais nous, on veut être libres.
08:14D'accord.
08:14Ça a calmé les choses tout de suite.
08:16Mais l'excitation sur cette histoire,
08:17elle est tellement énorme.
08:18Mais tout de même, est-ce qu'on doit s'inquiéter
08:19pour la communauté alaouïde, par exemple,
08:21et les chrétiens de Syrie ?
08:23Évidemment qu'on peut s'inquiéter
08:24parce qu'il y a une volonté de la part de certains Syriens
08:27qui appartiennent à la communauté sunnite
08:29et qui, souvent d'ailleurs de façon tout à fait injuste,
08:34considèrent que toute la communauté alaouïde
08:36a été avec le régime,
08:37ce qui n'était évidemment pas le cas.
08:38Et on s'en aperçoit dans le film, d'ailleurs.
08:39On s'en aperçoit clairement dans le film.
08:42Mais pour certains Syriens,
08:43les alaouïdes, de toute façon,
08:44étaient forcément avec le régime,
08:46ce qui n'a pas été le cas.
08:47Comme les chrétiens,
08:48au nom de toute la désinformation du régime syrien
08:53qui se présentait comme les défenseurs des minorités,
08:55donc des chrétiens,
08:57eh bien, beaucoup de chrétiens sont assimilés
08:59comme ayant soutenu le régime Assad
09:01qui, là encore, n'est pas vrai.
09:03On est dans une situation qui est beaucoup plus complexe
09:05que celle qui peut être perçue
09:07par un certain nombre de citoyens
09:09en raison de l'histoire aussi qu'ils ont vécu
09:11et des drames auxquels ils ont été confrontés.
09:14Et donc, toute la difficulté aujourd'hui,
09:15c'est de faire la part des choses
09:17entre ce qui relève effectivement d'une stratégie
09:20qui était la stratégie de Assad,
09:22qui était une stratégie quand même dramatique
09:24pour l'ensemble de la population syrienne,
09:26pour l'ensemble des Syriens,
09:28quelles que soient leurs appartenances communautaires,
09:31mais qui ont été instrumentalisés
09:32par ce même Assad pendant des années et des années,
09:35et donc qui peut susciter aujourd'hui,
09:37évidemment des réactions,
09:39une volonté de vengeance,
09:41même si celle-ci n'a pas lieu d'être.
09:43Et donc, tout le défi qui se pose,
09:45me semble-t-il, aujourd'hui à El-Charler,
09:47c'est comment gérer tout ça,
09:49comment être capable de rassurer,
09:51je crois que le maître mot,
09:52c'est comment peut-il rassurer l'ensemble
09:55des communautés pour apprendre à nouveau
09:58cette vie en commun,
10:00au-delà de toutes ces dissensions et divisions
10:03qu'Assad n'a eu de cesse que d'instrumentaliser
10:06pendant toutes les années où elle a été au pouvoir ?
10:08Et d'alimenter.
10:09Les sunnites auraient envie de se venger
10:10des alaouites qui ont périodes ?
10:12Alors, certains, oui.
10:13Il y a évidemment des processus de vengeance.
10:15Il y a des groupuscules, ça existe,
10:16c'est organisé.
10:17Oui, oui, oui, entre familles, entre clans,
10:20ce n'est pas nécessairement non plus des communautés.
10:22Il y a aussi la question du confessionnalisme
10:24peut aussi être instrumentalisé
10:26dans un but purement crapuleux.
10:29Ça, c'est des choses qui arrivent beaucoup
10:31dans une situation post-conflit.
10:34Mais je crois qu'encore une fois,
10:36la confessionnalisation de la société syrienne,
10:38c'était justement le stratagème
10:40voulu par le régime Assad.
10:42Et c'est les conséquences de cette confessionnalisation
10:45que la société syrienne continue de vivre aujourd'hui.
10:48Le professeur, le Mgr Jacques Mourad,
10:52de l'archevêque de Homs, qu'on voit un petit peu dans le film,
10:56le dit très bien, d'ailleurs.
10:57Il dit qu'il faut arrêter de parler de minorité chrétienne.
11:01Nous ne voulons plus être une minorité,
11:02nous voulons appartenir à la majorité.
11:05Lui, ce qu'il dit, c'est que les chrétiens de Homs
11:07sont des Syriens.
11:10On est frappé, d'ailleurs, par la multiplicité
11:11de ces communautés.
11:12Ce patchwork syrien, ça a toujours été ?
11:15C'est historique ?
11:15Oui, c'est le Proche-Orient, oui, bien sûr.
11:16Et moi, je voudrais juste raconter une toute petite anecdote.
11:19Moi, j'habitais en Syrie entre 82 et 84,
11:21parce que j'étais étudiante à l'Institut français
11:23et d'études arabes de Damas.
11:25Et à l'époque, moi, je n'avais aucune idée
11:27de l'appartenance communautaire au confessionnel
11:30des amis syriens que j'avais.
11:32Mais je n'avais aucune idée.
11:33C'était une question qui ne se posait absolument pas
11:36dans les années 80.
11:38Pourtant, il y a eu, c'était juste après le massacre de Hama,
11:41lorsque les sunnites se sont soulevés
11:44de la troisième grande ville de Syrie
11:47et qui a été réprimée par le régime.
11:50On n'a jamais su, il y a eu entre 20 000 et 40 000 morts.
11:52Mais à l'époque, en Syrie, c'était un sujet
11:54qui n'était absolument pas mis sur la table.
11:56C'était privé, finalement.
11:57C'était intime.
11:58Alors, on savait parce que...
11:59On avait la même chose.
12:00C'était un sujet tabou.
12:01C'était un sujet tabou.
12:02C'est surtout ça.
12:03C'était des tensions interreligieuses en Syrie.
12:06Elles ont toujours existé.
12:08Au 17e, au 18e, au 19e, au 20e siècle.
12:12Donc, en effet, dans la bonne société d'Amacène,
12:16ont évité les sujets.
12:18Alors qu'aujourd'hui, c'est ce qui les définit.
12:19Et c'est pour ça qu'il y a une grande différence.
12:22Et avec l'idée que certains, effectivement,
12:24il pouvait y avoir des tensions,
12:25mais les jeunes que nous rencontrions,
12:27c'était une question qui n'était pas vraiment primordiale
12:31et qui ne s'imposait pas.
12:32Moi, j'ai découvert quelques temps après
12:33qu'un des jeunes syriens que je côtoyais était à la huit,
12:36mais ça n'était jamais venu sur la table.
12:38Alors, il y avait des prénoms qu'on pouvait reconnaître,
12:40mais c'est tout.
12:41C'était un peu la même chose au Liban et en Irak.
12:43Pendant tout un temps,
12:44les communautés vivaient de manière très pacifique.
12:47Les chrétiens en Irak étaient une vraie communauté.
12:49Au Liban, moi, j'étais au Liban dans les années 70.
12:53Personne n'était capable de dire si un tel...
12:55On savait qu'il y avait un équilibre des pouvoirs.
12:57On voit maintenant les difficultés
12:58que tout cela a entraîné
13:00lorsque les communautés se sont affrontées.
13:02Parce qu'on le voit dans le film,
13:03les chrétiens de Syrie
13:05qui montrent un courage absolument incroyable,
13:07qui résistent à l'hostilité ambiante.
13:09C'est très émouvant.
13:10Le père Michel, que l'on suit beaucoup dans ce documentaire
13:13et l'incarnation de ce courage des chrétiens,
13:17mais il a une phrase qui en dit long
13:18sur ce qu'il pense des nouveaux dirigeants.
13:19Et c'est le chapitre que j'ai envie d'ouvrir avec vous maintenant.
13:22Vous allez me dire ce que vous en pensez.
13:23Un chapitre plus politique.
13:24On va d'abord réécouter cet extrait
13:26que j'ai trouvé assez fort.
13:27Écoutez.
13:27Les membres du gouvernement
13:57viennent tous de la même communauté
13:58des salafistes et des radicaux,
14:00souvent entendu.
14:01Il n'y a pas grand-chose à en attendre.
14:03Et ça rejoint la question d'un de nos téléspectateurs,
14:04parce qu'on interroge nos...
14:05On demande à nos téléspectateurs aussi
14:07de participer à ce débat.
14:08Frédéric de Saint-Denis nous dit
14:09que pense la minorité chrétienne de Syrie,
14:11de ce nouveau dirigeant.
14:12Qui peut répondre à cela ?
14:14Guillaume Perrier.
14:17Rien n'est monolithique, je dirais.
14:19Alors, il y a évidemment beaucoup de méfiance.
14:22C'est évident.
14:24Ahmed Al-Chara et son gouvernement
14:26viennent d'Idlib.
14:27Les chrétiens de Homs ont vu
14:29le modèle de société
14:30qui a été à l'œuvre, je dirais,
14:34à Idlib dans le Nord
14:35pendant plusieurs années.
14:37Les chrétiens n'en faisaient pas partie,
14:42à part quelques villages
14:43dans la région d'Idlib.
14:44Mais Homs, c'est vraiment une ville différente,
14:47avec une tradition différente.
14:48et l'imposition de cette culture,
14:52de ce mode de vie qui vient du Nord
14:54est perçue comme intrusif
14:56par une grande partie
14:57de la communauté chrétienne de Homs.
15:01Maintenant, il y a aussi
15:04la prise de conscience
15:06que ce régime est une transition.
15:10Il fallait sortir d'Assad.
15:12Il faut qu'il y ait une transition
15:13vers quelque chose d'autre.
15:15On est dans une construction.
15:16Les chrétiens sont tout à fait conscients
15:18qu'ils doivent apporter leurs pierres
15:20à l'édifice
15:20et construire un régime nouveau.
15:24Ahmed Al-Shara, lui-même,
15:25est conscient de ça, je dirais.
15:26Alors, ils viennent, effectivement,
15:28d'un certain background,
15:30pour un mot bien français,
15:32mais, voilà,
15:33les choses sont ouvertes,
15:34encore une fois.
15:34C'est ce qui peut inquiéter,
15:35Christian Cambon.
15:36Le passé d'Ahmed Al-Shara
15:38peut nous donner l'impression
15:39qu'il est dans un jeu de dupe
15:41ou qu'on ne peut pas avoir confiance.
15:42Est-ce qu'on peut avoir confiance ?
15:43On s'est beaucoup interrogé
15:44sur ce sujet
15:44lorsqu'Al-Shara est arrivé aux affaires.
15:47Maintenant, d'abord,
15:48il n'y avait pas beaucoup
15:49d'autres solutions
15:50et dans un patchwork,
15:53quand même, très inquiétant,
15:55car la Syrie a un rôle très important.
15:56On aura peut-être l'occasion
15:57de dire le rôle qu'elle joue,
15:59y compris dans cette partie
16:00de la Méditerranée.
16:01Enfin, c'est un pays
16:02qui a beaucoup compté,
16:03même s'il a été dirigé
16:04d'une main de fer.
16:06Et je crois que
16:07la seule solution
16:09que nous avons, nous,
16:09ce que je disais il y a un instant,
16:11c'est de faire confiance
16:12à ce personnage,
16:13qui est effectivement
16:13un personnage très contrasté.
16:15Mais vous le dites comme si,
16:16finalement,
16:17on n'avait pas le choix,
16:17c'est par défaut,
16:18il y a un côté réel politique.
16:19Parce qu'en vérité,
16:20on n'a pas totalement le choix.
16:21Nous, on a regardé les choses,
16:23on a travaillé un petit peu
16:24sur ces sujets
16:25au sein de la Commission,
16:26on a eu un certain nombre
16:28d'expertise sur ce sujet.
16:29Bon, il vient,
16:31mais vous savez,
16:31il y a bien d'autres dirigeants
16:32du monde
16:33avec lesquels
16:33il convient de parler.
16:34Parce que si, franchement,
16:35on les sélectionnait
16:36par leur passé de démocrate,
16:38leur passé de démocrate,
16:40on ne parlerait pas
16:41à grand monde,
16:41croyez-moi.
16:42Donc, il faut faire avec.
16:43Et encore une fois,
16:44il a donné quand même des signes.
16:46Lesquels ?
16:47Des garanties ?
16:48À l'Assemblée Générale
16:48des Nations Unies.
16:50Il a aussi manifesté
16:51son souhait de rejoindre
16:53l'Union pour la Méditerranée.
16:54Enfin, vous voyez,
16:55ce sont quand même
16:56un certain...
16:57Les Russes ne sont plus
16:58à Tartus.
16:58C'était aussi...
16:59Il y avait quand même
17:00une présence très importante
17:01des Russes à Tartus.
17:03Bon, il y a des signes.
17:04Et puis,
17:05dans les discours qu'il tient...
17:06Les Russes se sont encore là.
17:08Oui, mais enfin, bon.
17:09Oui, mais ils sont encore
17:10bien présents.
17:12Ils y sont moins
17:12qu'ils l'étaient
17:13puisque, franchement,
17:14la Russie pesait quand même
17:15très...
17:16La Russie pesait très lourd.
17:17Du reste,
17:17où est M. Bachar el-Assad ?
17:18Il est en Russie, je crois.
17:20Eh oui.
17:20Agnès Le Ballon...
17:21En fait, c'est un pragmatique, Charles.
17:22Je crois qu'il faut bien comprendre
17:23que c'est quelqu'un
17:24qui a toujours eu l'idée
17:26lorsqu'il était Édlib
17:27qu'il avait envie
17:28d'arriver à Damas,
17:29de prendre Damas
17:29et de diriger ce pays.
17:31Ça fait partie
17:31de sa stratégie.
17:33Donc, il s'est d'abord
17:34bien implanté à Édlib
17:35où il a montré
17:37comment il était capable
17:37de gérer cette enclave.
17:39Alors, maintenant,
17:39la question,
17:40c'est qu'on ne dirige pas
17:40une enclave avec 3 millions
17:41de personnes comme un pays.
17:43Donc, c'est beaucoup
17:43plus compliqué.
17:44Mais il a toujours eu
17:45cette idée quand même
17:46d'arriver et de prendre
17:47le pouvoir à Damas,
17:49qu'il a compris
17:50qu'il devait donner
17:50des gages
17:51à la minorité chrétienne
17:53en particulier
17:53pour une raison très simple.
17:55C'est qu'en Occident,
17:55et la preuve,
17:56on parle beaucoup
17:57des chrétiens
17:57dans cette émission,
17:58c'est un sujet
17:59qui est extrêmement sensible.
18:00Donc, il a compris
18:01que s'il voulait avoir
18:02le soutien des Occidentaux,
18:04il fallait faire absolument
18:05attention au sort
18:06de cette communauté.
18:08Et je rappelle,
18:08lorsqu'il y a eu
18:09un attentat organisé
18:10par l'État islamique
18:12à Damas,
18:13peu de temps
18:13après sa prise de pouvoir,
18:14il a tout de suite
18:15déployé des forces importantes
18:16et pour faire en sorte
18:18que les chrétiens
18:19soient rassurés
18:20parce que, justement,
18:21il a compris que ça,
18:22c'était un signe
18:23qui était catastrophique
18:24pour les Occidentaux
18:25pour obtenir leur soutien,
18:27pour lever les sanctions économiques
18:28et pour pouvoir faire
18:30redémarrer le pays.
18:31Donc, il est tout à fait
18:33au courant,
18:34j'allais dire,
18:34de l'importance
18:35que représente ce sujet
18:36et du coup,
18:37des garanties,
18:38dans la mesure du possible,
18:39qu'il doit donner.
18:40Ce qu'il doit faire,
18:41c'est qu'il doit rassurer
18:42toutes les communautés.
18:43Mais est-ce qu'il le fait sincèrement ?
18:44Est-ce qu'il a vraiment
18:45sincèrement rompu
18:46avec les groupes djihadistes
18:47à Siamen Zifraoui ?
18:48J'ai plusieurs points.
18:49Donc, premièrement,
18:51Al-Shara ne vient pas
18:52d'Itlip.
18:52C'est un damascène
18:53pour Souches,
18:54dans un certain sens,
18:55même avec les origines
18:56sur les auteurs de Golan.
18:58Mais il a bien passé
18:58de djihadistes ?
18:59Ils connaissent très bien
18:59la scène,
19:00ils connaissent très bien
19:01les chrétiens.
19:02En gros,
19:02il doit y avoir
19:0218 000 hommes
19:03en force de sécurité
19:05pour gouverner
19:07les pays,
19:08pour sécuriser les pays.
19:09À côté,
19:10il y a des milices,
19:11des milices très,
19:12très dangereuses,
19:13des djihadistes
19:13qui ne sont pas d'accord
19:14avec ce nouvel pragmatisme
19:16d'Al-Shara.
19:17Et là, vous avez,
19:18et lui-même,
19:19il a eu des réflexes
19:19que son cercle proche
19:21d'Itlip
19:22a très mal pris,
19:23et ça, c'est très important,
19:23quand il y avait
19:25un début de confrontation
19:27entre tribus bédouins
19:29et Druze d'Al-Souvaïda,
19:31la compréhension du Sud,
19:33il a envoyé ses troupes
19:35qui a résulté
19:37d'une partie prise
19:38côté bédouin,
19:39donc un massacre de Druze
19:40et tout ça.
19:41Mais déjà qu'il a envoyé
19:42ses troupes comme ça,
19:44et qu'il n'a pas essayé
19:44de négocier,
19:46montrer qu'il a encore
19:47des vieux réflexes.
19:48Ensuite, il est obligé
19:49de s'éritérer
19:49suite à la pression israélienne
19:51et tout ça.
19:51Mais même le cercle
19:53autour d'Al-Sharah,
19:54même des ex-judéalistes,
19:55ils ont trouvé
19:56qu'il a très mal réagi.
19:58D'accord.
19:58À la place de d'abord
19:59commencer un négo.
20:00Donc, c'est le danger.
20:02Un, le non-contrôle
20:03de ses troupes,
20:04et deuxièmement,
20:05qu'il ressort
20:06des vieux réflexes.
20:07Sur les liens
20:07entre Shara
20:08et les chrétiens,
20:09il y a un...
20:10dans le film,
20:10on le voit passer
20:11très brièvement,
20:12je voudrais vraiment
20:13insister là-dessus,
20:13mais quand on voit
20:14les chrétiens
20:15aller à Karataïn
20:16pour ce pèlerinage,
20:17Karataïn,
20:19c'est la ville
20:19dont est originaire
20:21la femme d'Armède Al-Sharah.
20:23Donc, sa belle famille
20:24est sunnite,
20:26bien évidemment,
20:27musulmane,
20:28mais a grandi,
20:29a vécu
20:29aux côtés des chrétiens.
20:31Et quand on voit
20:32ce groupe de chrétiens
20:33de Homs
20:34aller en pèlerinage
20:35à Karataïn,
20:36il y a dans l'assemblée
20:37l'oncle de la femme
20:38d'Armède Al-Sharah
20:39qui est là
20:40et qui accueille
20:41les pèlerins.
20:43Alors, évidemment,
20:44il avait aussi
20:45cette fonction politique,
20:46ce genre-là,
20:47de représentant
20:48du pouvoir.
20:49Mais je dirais
20:50que ça en dit long
20:51quand même
20:51sur la diplomatie interne
20:53que veut mener
20:53le nouveau régime.
20:54Et est-ce qu'on sait
20:54comment perçoivent
20:55les Syriens
20:56cette nouvelle notoriété
20:58d'Armède Al-Sharah
20:58sur le plan international,
21:00reçue quand même
21:00par Donald Trump
21:01et Emmanuel Macron ?
21:03Et vous le disiez à l'ONU,
21:04oui, vous me faites un pouce,
21:05ça veut dire...
21:05Ils sont super contents.
21:06Ils sont super contents.
21:07Super contents.
21:08La Syrie, là,
21:09ils sont contents.
21:09Là, il n'y a pas de clivage.
21:11Toutes les confessions,
21:12toutes les communautés
21:13sont ravies.
21:13Il y a quelqu'un,
21:14presque,
21:14parce qu'il y a
21:15une fierté nationale.
21:16Comme je le disais,
21:18par exemple,
21:18il y a cette petite aigle nationale
21:20que vous pourrez acheter
21:21partout, partout, partout.
21:23Et là, ils sont contents.
21:24Vous imaginez,
21:25un pays retourne
21:26sur la scène internationale.
21:29C'était un État voyou
21:30depuis 50 ans.
21:31Je pense que c'est certainement
21:32du personnage,
21:34son point le plus important,
21:35c'est qu'il s'est, en fait,
21:36très bien adapté
21:37à la relation internationale.
21:40Au début, on a...
21:40Il a même changé de tenue.
21:41Voilà, c'est ce que j'allais dire.
21:42Tout le monde a commenté,
21:43on a dit,
21:43est-ce qu'il va encore arriver
21:44avec ses tenues locales, là ?
21:46Et puis, il a arboré
21:47costumes, cravates,
21:49et on sait très bien que...
21:50Regardez, même en Ukraine,
21:51on commande toujours
21:51la tenue des dirigeants.
21:52Eh oui, des dirigeants.
21:53Bon, c'était un signe
21:54et quand il est venu,
21:55quand il était reçu
21:56par le président Macron,
21:57il y a eu même des critiques.
21:59On a dit,
21:59comment se fait-il que l'on reçoit...
22:01Mais moi, je pense
22:02qu'il faut lui donner
22:03une part de crédit.
22:04Sans ça,
22:05on n'en sortira jamais.
22:08Et je pense qu'il fait
22:08un parcours international,
22:10encore une fois,
22:10aux Nations Unies.
22:12Il a eu beaucoup
22:13des rencontres parallèles
22:15avec les uns et les autres.
22:17Il a su s'attirer
22:18les sympathies des Émirats,
22:20de l'Arabie saoudite,
22:21qui va être aux premières loges
22:23pour aider ce pays
22:24à se reconstruire.
22:25Parce qu'il y a quand même
22:26une petite note
22:27de 200 milliards de dollars
22:29pour reconstruire le pays
22:30dans l'État où on le voit.
22:32Le documentaire montre bien
22:33dans quel État
22:34une ville comme Homs
22:35est devenue.
22:37Donc, je pense que c'est
22:38un point positif de sa part.
22:40Maintenant, les défis
22:40sur le plan local et intérieur
22:42sont considérables.
22:43Bien sûr.
22:43Alors, justement,
22:44toute la question,
22:45et on le voit bien,
22:45c'est la réaction des Syriens
22:46qui sont effectivement ravis
22:47que Charles soit reçu
22:48à l'ONU,
22:50qu'il serre la main de Trump,
22:51qu'il soit reçu
22:52par le président Macron.
22:53Et maintenant,
22:54certains disent,
22:54bon, tout ça,
22:55c'est très bien
22:56et on en a besoin
22:56parce que ça a des implications
22:58sur la scène économique
22:59et que la Syrie
23:01a besoin de se reconstruire.
23:02Mais maintenant,
23:03il faut aussi
23:03qu'ils s'attaquent
23:04aux dossiers en interne.
23:05Et donc, c'est très bien
23:06qu'ils passent beaucoup
23:07de temps à l'extérieur
23:08pour défendre
23:09les intérêts de la Syrie.
23:10Mais il faut aussi,
23:12maintenant,
23:13que les Syriens
23:14voient les dividendes
23:15de ce changement de regime.
23:16Pour l'instant,
23:16il n'y en a pas.
23:17Pour l'instant,
23:17il n'y a plus de...
23:17Alors, ça commence,
23:18il y a l'électricité
23:19qui est revenue au départ.
23:20Quand il est arrivé,
23:21il y avait quoi ?
23:21Deux, trois heures d'électricité
23:22à Damas.
23:23Maintenant,
23:23il y en a beaucoup plus
23:24parce que les Saoudiens,
23:25le Qatar ont donné.
23:27Donc, il y a une amélioration
23:28mais il y a une impatience
23:30très grande
23:31de la part des Syriens
23:32qui, rappelons-le,
23:33ont vécu 14 ans de guerre
23:34et sortent de plus de 50 ans
23:36d'un système dictatorial.
23:38Et des élections sont prévues,
23:39par exemple, en Syrie ?
23:40Est-ce qu'ils projettent
23:41des élections ?
23:41Oui, alors,
23:41il y a tout un processus
23:43de transition
23:43qui est en cours.
23:44Ils projettent des élections.
23:45Il y avait des élections en Syrie
23:46en octobre.
23:48Est-ce que c'était
23:49des élections parfaites,
23:51démocratiques ?
23:52Non ?
23:53Oui, alors,
23:53des élections démocratiques,
23:54alors, reformez-moi la question.
23:55Un premier effort
23:59d'avoir une certaine
24:00représentativité
24:01du peuple syrien
24:02a été fait.
24:04Donc, c'était des élections
24:05avec un collège électoral
24:06qui a, jusqu'à là,
24:09élu, je pense,
24:10170 ou 175
24:12parlementaires.
24:14Donc, malheureusement,
24:15pas assez de femmes.
24:16Certaines régions des pays
24:18ne ont pas participé à ça,
24:21notamment la région
24:22autonome kurde
24:24et la Provence du Sud
24:26en Souhaïda.
24:28Mais, généralement,
24:29Al-Shara voulait nommer
24:3170 ou l'essentiel
24:32de nommer 70%
24:33qui n'étaient pas encore
24:34complètement faits.
24:36Donc, aussi,
24:37pour augmenter
24:37le quota de femmes
24:38et de certaines minorités.
24:40L'Union européenne
24:41qui a observé
24:42le processus
24:43était allouée
24:45ça quand même
24:45comme première part importante
24:47comme tous les autres
24:48observateurs internationaux
24:49et beaucoup de Syriens.
24:51Donc, c'est un effort.
24:51Donc, encore une fois,
24:53c'est un gouvernement
24:54de transition.
24:55Mais ces journées
24:56est fort compte
24:56à mon avis.
24:58Alors, on va quand même
25:00parler de l'avenir
25:00de la Syrie
25:01parce que dans le documentaire
25:02on assiste au retour
25:03parfois ému d'ailleurs
25:04de Syriens
25:05qui avaient fui
25:06et puis maintenant
25:07que Bachar el-Assad est parti
25:08reviennent.
25:09Et puis, il y a
25:10le phénomène inverse.
25:11Le phénomène plus inquiétant
25:12c'est celui des départs
25:14des jeunes diplômés
25:15en tout cas des hommes.
25:16Et c'est une scène
25:17assez marquante du film.
25:18Je voudrais qu'on la regarde
25:18et qu'on la commente après.
25:19Et voilà, honnêtement,
25:45si je trouve l'occasion,
25:46je partirais moi aussi.
25:47ça vient un petit peu
25:48contredire cet optimisme
25:50et cette pensée positive
25:51qu'on essaye tous d'avoir
25:52pour la Syrie.
25:53La fuite des cerveaux, pardon.
25:54D'abord, il y a
25:55beaucoup de réfugiés
25:57notamment ceux
25:58qui sont partis en Turquie.
25:59Je rappelle qu'il y a
26:00près de 4 millions
26:00de réfugiés en Turquie
26:02qui ont été accueillis
26:03dans des conditions
26:04très humaines.
26:06Nous, on a eu l'occasion
26:07d'aller voir
26:07comment les choses se passaient.
26:09Ils sont intégrés,
26:09ils portent le titre
26:10de mise à fire.
26:11C'est-à-dire qu'ils ont droit
26:12à la santé,
26:13ils ont droit à travailler, etc.
26:14Donc, finalement,
26:16ils ont intégré un pays,
26:17la Turquie,
26:18qui marche économiquement
26:19sensiblement mieux
26:20que la Syrie.
26:22Et donc,
26:22ils vont s'intégrer
26:24pour beaucoup,
26:26d'après ce que l'on comprend,
26:27dans ce pays.
26:28Et il y a aussi
26:301,4 million
26:32qui sont en Jordanie.
26:34Il y en a
26:35un million au Liban,
26:36dans des pays
26:37qui fonctionnent
26:37un petit peu mieux.
26:38En Allemagne aussi.
26:39En Allemagne.
26:40Bien sûr.
26:41Il y a plus de médecins
26:42syriens en Allemagne
26:43qu'en Syrie aujourd'hui.
26:44Il y en a même en France,
26:44il y en a même en France,
26:45en région parisienne.
26:46Mais c'est un phénomène
26:47important à commenter.
26:48C'est très important,
26:49c'est un phénomène
26:50très important.
26:51Mais c'est la continuité,
26:52c'est la continuité du régime.
26:55Non, mais pas uniquement
26:55du régime.
26:56Enfin, de la période.
26:58Oui, mais enfin,
26:58ils n'ont pas confiance
26:59en l'avenir
26:59s'ils continuent de partir.
27:00Non, non, non,
27:01ils ont toujours parti.
27:02C'est-à-dire,
27:02il y a un grand diaspora syrien
27:04qui était crucial,
27:06par exemple,
27:06pour le développement
27:07des pays du Golfe,
27:09comme les Palestiniens,
27:10ils étaient,
27:10mais cruciales.
27:12Il y a des multimillionnaires
27:14syriens aux Etats-Unis
27:15et en France.
27:16Le père de Shara
27:17est parti en Arabie Saoudite,
27:18par exemple.
27:19Donc, voilà,
27:19il y avait toujours ça.
27:20Ça ne veut pas dire
27:21qu'ils n'ont pas attaché
27:21à leur pays.
27:22C'est peut-être
27:23une grande chance.
27:24Parlons maintenant
27:24de mon pays natal
27:26de l'Allemagne,
27:27par exemple,
27:28avec 600 000 Syriens
27:31nationalisés.
27:32Oui.
27:32Ils ont une partie
27:33très bien éduquée.
27:35L'Allemagne va être
27:35la superpuissance en Syrie
27:37à cause de cette diaspora.
27:39Il y a l'intérêt
27:40de réinvestir en Syrie
27:42qui est complètement
27:43germanophone
27:44et qui compte aussi
27:45beaucoup,
27:45par exemple,
27:45sur l'Allemagne.
27:47Donc, c'est pareil
27:47pour les Syriens du Golfe.
27:49Donc, il n'y a pas
27:49de noir et blanc
27:50dans ces flux de...
27:52D'accord.
27:52Ce n'est pas un phénomène
27:53massif et nouveau,
27:54si je vous entends.
27:55Pas du tout.
27:55C'est la continuité
27:56de ce qui s'est passé
27:57ces dernières années.
27:58Et vous ne pouvez pas demander
27:59à des jeunes diplômés
28:00de 23 ans
28:01d'attendre 15 ans
28:02avant de pouvoir
28:03tirer les bénéfices
28:05de la reconstruction
28:05de la Syrie.
28:06Donc, évidemment,
28:07eux sont dans une logique
28:08de court terme
28:09où, pour progresser
28:10dans leur vie,
28:12ils passent par lesquels...
28:12Et s'ils sont partis
28:14les jeunes
28:15pendant la guerre,
28:16c'est parce qu'ils ne voulaient
28:16pas être enrôlés
28:17par l'armée de Hassan.
28:19C'est ça, le point essentiel
28:20quand ils parlent
28:21de 40 à 50 %
28:22des hommes
28:23qui ne sont pas là.
28:23Ce n'est pas lié
28:24à l'arrivée
28:25de Charles-Henri au pouvoir.
28:26C'est que pendant
28:26toutes les années de la guerre,
28:28pourquoi il y a eu
28:29autant de jeunes hommes
28:31qui sont partis ?
28:31C'est parce qu'ils ne voulaient
28:32surtout pas se retrouver
28:33à faire la guerre en Syrie.
28:34Donc, maintenant,
28:36on est encore
28:36dans les conséquences
28:37de cette période
28:38et les nouveaux
28:39qui sont diplômés,
28:41effectivement,
28:41se disent que,
28:42pour l'instant,
28:42le pays est en transition.
28:44On l'a suffisamment souligné.
28:46Et donc,
28:46ils ont l'envie
28:47de partir
28:48pour parfaire
28:49leur éducation
28:50et ce qui ne veut pas dire
28:51que certains
28:52ne rentreront pas ensuite.
28:53Donc, c'est trop tôt,
28:54me semble-t-il,
28:55pour tirer des conclusions
28:56de ce point précis.
28:57Moi, j'ai visité au Liban
28:59un camp de Syriens
29:01qui était dans un dénuement total
29:02et on leur disait
29:03mais est-ce qu'il n'y a pas
29:04l'espoir de revenir ?
29:05Ils ne voulaient pas revenir
29:05parce que, justement,
29:06comme vous le dit très justement,
29:07madame,
29:08ils avaient cette crainte
29:09de devoir être intégrés
29:10pour des services militaires
29:12qui ne sont pas
29:12comme celui
29:14dont on parle en France.
29:15Et un tout petit mot
29:15des femmes,
29:16est-ce qu'elles sont
29:17bien traitées ?
29:18Est-ce qu'elles le seront
29:19sous ce régime
29:20avec ses dirigeants ?
29:21Est-ce qu'il faut s'inquiéter
29:22du sort des femmes en Syrie ?
29:25Écoutez,
29:25à ce stade,
29:26moi,
29:26je n'ai pas de réponse particulière.
29:27Je n'ai pas vu
29:28de comportement particulier.
29:30Ce qu'on regrette,
29:30c'est qu'il n'y ait pas
29:31assez de femmes
29:32dans la représentation
29:33telle qu'elle est mise en place
29:33actuellement.
29:34On l'a vu dans le cadre
29:35des élections,
29:36il y a eu très peu de femmes
29:36qui se sont présentées
29:37et dans le sein
29:39de ce gouvernement,
29:40il y a quand même
29:40très peu de femmes.
29:41Il y a une femme,
29:42si mes souvenirs sont bons,
29:44chrétienne
29:44et qui revendique
29:48le fait d'être là.
29:49Mais évidemment
29:50que pour l'instant,
29:51les femmes ne sont pas
29:52suffisamment représentées.
29:53Ce qui a laissé
29:54certains s'inquiéter
29:55sur la capacité
29:57ou non
29:57de ce nouveau régime
29:58à intégrer les femmes,
30:00je ne suis pas capable
30:01d'en dire plus,
30:02ça ne sert pas de moi.
30:03Je crois qu'à Damas,
30:04il n'y a pas d'obligation
30:05par exemple pour les femmes
30:05de porter le voile.
30:07Ça c'est un point important.
30:09Ni à Damas ni ailleurs.
30:09Ni ailleurs, oui.
30:10Non, non, mais enfin bon.
30:11Oui, mais les gens
30:12et les chrétiens
30:12se passent en très peur
30:13qu'elles durent
30:14des sunnites
30:15au pouvoir
30:16de légèrement salaves
30:17vont imposer des lois.
30:20Il y a une petite peur.
30:21Il y a cette peur-là.
30:23On les comprend aussi.
30:23La seule loi qui était passée,
30:25mais c'était juste
30:26pour faire plaisir
30:27à ces sunnites
30:29un peu plus conservateurs,
30:32c'était sur la plage publique.
30:33Les femmes,
30:34on a demandé aux femmes
30:35de ne pas mettre
30:37un bikini
30:37ou un maillot.
30:38Mais ça,
30:39c'était sur la plage publique.
30:40pas privé,
30:41mais porter des vêtements
30:43un peu longs.
30:44Ça, c'était jusqu'à maintenant
30:45la seule loi qui était passée.
30:47Mais il n'y a pas eu
30:47une réaction assez forte ?
30:49Ils ne sont pas revenus
30:49un peu en arrière
30:50quand il y a eu cette...
30:51C'est même pas,
30:51mais c'était pour le public,
30:52pas pour le plage privé.
30:53D'accord.
30:54Donc il faudra quand même
30:55être vigilant sur le sujet.
30:57Il y a des inquiétudes.
30:59On arrive à la fin
31:00de cet échange.
31:00Peut-être un mot de conclusion
31:01de chacun pour terminer.
31:02Peut-être, je ne sais pas,
31:03positif, optimiste,
31:04si c'est le cas, sinon...
31:05Il y a quand même un acteur
31:07dont on n'a pas vraiment
31:08prononcé le nom
31:09qui est Israël
31:09dans cette affaire.
31:10Parce qu'Israël
31:12a la main quand même
31:13assez lourde,
31:14y compris sur les derniers jours,
31:16avec cette volonté
31:17que l'on peut comprendre
31:18de ne pas revivre
31:18le 7 octobre,
31:19mais sa présence
31:21sur le plateau du Golan,
31:22sur la zone démilitarisée,
31:25avec quelque part...
31:26Et Al-Shara a dit à un moment
31:27qu'il a en tête
31:29cette affaire du grand Israël.
31:32Donc il sait que
31:33certaines fractions
31:35en Israël
31:36ont réfléchi
31:37à la possibilité
31:38de constituer
31:39un grand Israël
31:39qui se ferait évidemment
31:40aux dépens de la Syrie.
31:42Donc je crois qu'il faut
31:42quand même qu'Israël
31:43fasse très attention
31:45parce que dans ce souci
31:47que l'on peut comprendre
31:49d'aller...
31:50De se défendre
31:50ou en tout cas
31:51de ne pas être attaqué.
31:51De ne pas revivre
31:52cet octobre,
31:53mais il ne faut pas
31:53que ce soit aux dépens
31:54d'un pays
31:54qui tente de se reconstruire.
31:57Les Américains
31:57cherchent absolument
31:58à faire conclure
31:59un accord
32:00entre la Syrie
32:01et Israël,
32:02un accord de paix
32:03en tous les cas...
32:04De non-agression.
32:05De non-agression.
32:06Et donc il faut
32:07qu'Israël soit quand même
32:08assez prudent
32:09et ne vienne pas déstabiliser
32:10une situation
32:11qui est somme toute fragile.
32:12C'est bien ce que démontre.
32:13Un appel que vous lancez.
32:14Un mot de conclusion ?
32:15Oui, moi aussi je pense
32:16qu'aujourd'hui
32:16le comportement d'Israël
32:18complique évidemment
32:19la tâche du nouveau pouvoir
32:21et on l'a bien vu d'ailleurs
32:23ces derniers jours
32:24où même Trump
32:24demande à Israël
32:25d'arrêter
32:26et Netanyahou
32:27est allé quand même
32:28voir ses troupes
32:29qui se sont installées
32:30dans le sud de la Syrie
32:32et qu'Israël
32:32au lendemain
32:33de la prise de pouvoir
32:34a détruit 80%
32:36des infrastructures
32:36militaires syriennes
32:39en appelant ça
32:40des frappes préventives
32:42au risque
32:43que peut-être
32:44ce nouveau pouvoir
32:45voudrait attaquer Israël
32:46alors que
32:47l'objectif de ce pouvoir
32:48ça n'est absolument pas
32:49d'attaquer Israël.
32:50La priorité
32:51elle est bien ailleurs
32:52pour des raisons évidentes
32:53qu'on a décrites.
32:54Donc ça pour moi
32:54c'est un risque
32:56qui est très grave
32:58et qu'il faut prendre
32:58très au sérieux.
32:59Il n'y a pas de réplique
33:00de l'armée syrienne
33:01Rien !
33:01Ils n'en ont pas les moyens.
33:03Mais il y a eu l'attaque
33:03des Druzes aussi
33:04c'est aussi pour ça
33:05qu'Israël est intervenu
33:06c'était pour protéger
33:06la communauté Druze
33:07en Syrie.
33:08Soit disant.
33:10Personne n'y croit.
33:11Si on y croit aussi
33:12parce que l'Israël
33:13a quand même une relation
33:14de certains
33:15de certaines tribus de Druze
33:16mais les Druzes
33:17sont très divisées
33:18sur cette question.
33:18Donc votre mot de conclusion ?
33:20Non, pas parler de Daesh
33:21par exemple.
33:22Donc on a quand même
33:23des forces centrifugales
33:26en Syrie un peu
33:27qui peuvent être
33:28très dangereuses.
33:29Donc Israël joue
33:30avec les minorités
33:31donc avec les Alawites.
33:33Israël voudrait bien
33:34avoir un Alawitan
33:35un Druzistan
33:37un Kurdistan
33:38et tout ça
33:39pour avoir
33:39un voisin faible
33:40à long terme
33:40au moins Nathaniel.
33:42Et Daesh veut
33:43en gros la même chose.
33:44c'est mis le chaos
33:45chaos total
33:46pour refaire
33:47ce qu'ils ont déjà fait
33:48en Irak, en Syrie
33:49ça fait 15 ans.
33:51Et Daesh est bel et bien présent
33:52on ne sait pas l'ampleur
33:53mais il y a des cellules
33:54à droite et à gauche
33:55qui ont déjà commis
33:56un grand attentat
33:57contre les chrétiens
33:58qui essaient d'assassiner
33:59Al-Shara et tout ça
34:00donc ça peut déraper
34:01très vite malheureusement.
34:02Donc situation fragile.
34:04Voilà
34:04et puis on a beaucoup parlé
34:05de l'unité démographique syrienne
34:07on voit que l'unité territoriale
34:09est loin d'être évidente aussi
34:10et on a parlé
34:11de la région Druze
34:12de l'occupation d'Israël
34:14d'une partie.
34:15Il y a aussi l'occupation
34:15de la Turquie dans le nord
34:16et puis la question kurde
34:18qui n'est toujours pas réglée.
34:20Et encore aujourd'hui
34:21il y a des tensions
34:22le long de l'Euphrate
34:23entre les forces démocratiques
34:24syriennes pro-kurde
34:26et le gouvernement central.
34:28Il y a des négociations
34:29sous égide américaine
34:31qui ont du mal à aboutir
34:32et puis tout ça
34:33est dépendant un petit peu
34:34des négociations
34:35qui ont lieu en Turquie
34:36entre les Kurdes
34:37et le gouvernement turc.
34:38– Situation complexe
34:39qu'on va continuer de suivre.
34:40Merci en tout cas,
34:41merci pour ce débat éclairant,
34:43merci pour cet échange
34:43et merci à vous
34:44de nous avoir suivis
34:44comme chaque semaine
34:45émissions et documentaires
34:46magnifiques à retrouver
34:47sur notre plateforme
34:48publicsénat.fr.
34:49à très vite,
34:50merci beaucoup.
34:50– Merci bien.
34:51– Sous-titrage ST' 501
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