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  • il y a 1 heure
Marschall Truchot, du lundi au jeudi de 17h à 19h avec Olivier Truchot & Alain Marschall. Deux heures pour faire un tour complet de l’actualité en présence d’invités pour expliquer et débattre sur les grands sujets qui ont marqué la journée.

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Transcription
00:00Nous allons revenir maintenant sur ce qui s'est passé à Romagneux dans l'Isère.
00:03Quatre jeunes ont tenté de cambrioler un garage Renault, le gérant a riposté, il avait un fusil de chasse, l'un des jeunes de 15 ans, a été blessé.
00:10Et il a le soutien des habitants, le garagiste. Revenons sur les faits déjà en eux-mêmes, comment est-ce que ça s'est passé ?
00:16Donc c'était lundi soir, il était 23h30, on est à Romagneux dans l'Isère, il y a quatre individus jeunes hommes âgés de 15, 17, 18 et 21 ans
00:23qui sont tous originaires de la région, qui rentrent dans ce garage pour visiblement tenter de cambrioler.
00:28Ils sont surpris par ce garagiste, cet homme d'une cinquantaine d'années, qui ouvre le feu avec, vous l'avez dit, un fusil de chasse sur les quatre personnes.
00:36Il y en a deux qui sont blessés et qui sont pris en charge par les secours et sur les deux, il y en a un qui a 15 ans qui est atteint au thorax par plusieurs plombs.
00:43Il est soigné sur place, son pronostic vital n'est pas engagé, comprenez, les séjours ne sont pas en danger, il est blessé au thorax.
00:50Il y a trois des quatre cambrioleurs qui sont mis en garde à vue pour tentative de vol,
00:53mais ce qui est intéressant, c'est que le garagiste et son fils de 24 ans ont été mis en garde à vue pour violences aggravées,
01:00avec deux circonstances aggravantes, avec armes et en réunion, ils ont été mis en examen et laissés libres sous contrôle judiciaire.
01:07Voilà ce qui s'est passé.
01:07Les jeunes, ils sont connus ou pas ? Des services de police ?
01:10On ne le sait pas, ils sont originaires de la région, pour l'instant, moi j'ai que ça, mais peut-être que l'enquête...
01:14Ce garagiste, il avait souvent été cambriolé ?
01:16Et ce garagiste raconte qu'il a été victime de plusieurs tentatives de cambriolage dans les précédentes années.
01:21C'était un cas de légitime défense ou pas, Dominique Rizet ?
01:23Écoutez, moi j'ai une pensée pour ce garagiste, qui se retrouve dans cette situation,
01:29dont il n'est pas à l'origine, vous voyez,
01:32qui se retrouve dans cette situation parce qu'on ne se fait pas justice soi-même,
01:37parce qu'on ne prend pas une arme pour tirer sur quelqu'un,
01:39mais j'ai envie de dire à l'opposé, on ne s'introduit pas par réfraction chez quelqu'un,
01:44on ne s'approprie pas le bien d'autrui,
01:47donc on est face à deux délits, d'un côté il y a cette tentative de violence avec arme,
01:52de l'autre une tentative de cambriolage, sachant que l'une est la conséquence de l'autre,
01:56et que la conséquence de la violence, de ces violences avec arme,
02:00c'est la tentative de cambriolage, donc face à un homme qui essaie de protéger son bien,
02:05comme il le peut.
02:06Pauline l'a dit, il a déjà été victime de plusieurs cambriolages,
02:10bien évidemment ça se termine par des plombs de chasse tirés sur un jeune,
02:15c'est regrettable, mais on va voir qui sont ces jeunes,
02:18on va voir ce gargiste, c'est quelqu'un qui fait partie de ces personnes qui sont cambriolées,
02:24et croyez-moi ça m'est arrivé il y a un mois, et je sais de quoi je parle,
02:27et à un moment ça devient insupportable,
02:30vous avez chez vous des alarmes, vous avez chez vous des objets,
02:33vous n'avez rien du tout finalement, des bricoles,
02:36– Mais ça ne justifie pas qu'on se fasse justice soi-même.
02:37– Non, ça ne justifie pas qu'on se fasse justice soi-même.
02:40– Il y a la police qui est là pour ça, après le cambriolage.
02:42– Bien sûr Alain, mais regardez le soutien de tout le village autour de ce garagiste,
02:48donc ça veut dire aussi que les gens n'en peuvent plus.
02:51– Alors justement, il y a une cagnotte en soutien qui fonctionne bien,
02:55visiblement il y a une solidarité qui se met en place autour de ce garagiste,
02:59qu'en pensez-vous Thierry Pérez, vous êtes député RN de l'ISER,
03:03vous soutenez ce garagiste, vous pourriez donner de l'argent à ce garagiste ?
03:06– Alors d'abord, je vous remercie pour votre invitation,
03:09alors ce n'est pas le rôle d'un député de soutenir financièrement
03:12dans ce type de situation, je rebondis sur ce que vient de dire,
03:17à juste titre, M. Rizet, à l'instant c'est effectivement une situation
03:21tout à fait regrettable, mais on peut comprendre, ça ne veut pas dire excuser,
03:25ça veut dire comprendre l'attitude de ce garagiste et de son fils,
03:30en l'occurrence qui est aussi concerné par cette mise en examen
03:33pour mise en danger et violences aggravées,
03:38donc c'est quelque chose de grave,
03:40donc effectivement il craint pour son futur, son futur judiciaire,
03:46donc c'est un vrai sujet, comme le disait à juste titre M. Rizet encore une fois,
03:50il n'a rien demandé, ça faisait plusieurs fois qu'il était…
03:54– Mais ça veut dire que c'est symptomatique d'un mouvement aujourd'hui,
03:57chez les gens, on va se faire justice nous-mêmes,
04:00parce qu'on ne peut plus compter sur la police et la justice ?
04:03– La légitime défense est encadrée par notre droit,
04:08notre droit et c'est tant mieux, donc je ne légitime rien.
04:12– Mais il y a un ras-le-bol, une exaspération ?
04:13– Mais il y a un ras-le-bol, parce qu'il y a un ensauvagement,
04:15parce qu'il y a un laxisme, parce que, rappelons que nous parlons
04:20de cambrioleur jeune, il a 15 ans, la personne qui a été touchée.
04:26– Ils étaient quatre et il y avait des mineurs.
04:28– 15, 17, 19, 21.
04:29– Voilà, ou presque mineurs, donc il y a un vrai sujet,
04:33que faisait un enfant de… c'est un enfant, 15 ans,
04:36c'est même pas un jeune adulte, que faisait-il à 23h30
04:40avec trois complices dans une voiture pour s'apprêter à cambrioler un garage,
04:46garage qui a été… – Il aurait pu être tué, ce qui aurait été encore plus grave
04:51pour le garagisme qu'un cambriolage.
04:53– On a eu des cas, on a eu des cas morts.
04:54– Et ce qui est dramatique, encore une fois, je ne légitime absolument pas ça,
04:58simplement cet ensauvagement, et je voudrais souligner une chose,
05:01c'est que ça touche pas que les zones urbaines.
05:04Romagneux, je connais bien, c'est dans ma circonscription, c'est une zone rurale.
05:08– Vous allez aller le voir le garagisme, puisque vous serez de retour
05:10dans votre circonscription ce week-end ?
05:12– J'y serai ce week-end si le planning de l'Assemblée nationale le permet,
05:16sinon un petit peu plus tard ?
05:17– Je ne sais pas si j'irai le voir, très honnêtement.
05:19Je ne sais pas, d'abord je ne sais pas s'il sera visible, d'une part,
05:22et puis d'autre part, je n'ai pas à m'immiscer.
05:24– Mais vous le soutenez ?
05:26– Alors, je ne soutiens pas l'acte en lui-même.
05:29– Mais vous souhaitez l'heure.
05:30– Parce que je pense que… mais je soutiens la situation.
05:33– Je voudrais qu'on donne la parole à une avocate,
05:35parce qu'on essaie de comprendre quel est le cadre de la légitime défense.
05:39Cathy Richard est avec nous, avocate pénaliste au Barreau de Paris.
05:41Bonsoir Maître.
05:43Le jeune homme qui a été touché, il a été touché dans le dos,
05:46et sur l'arrière de la tête.
05:48Donc il est en train de s'enfuir visiblement.
05:50Est-ce qu'on peut parler de légitime défense ?
05:52– Alors non, la légitime défense, effectivement,
05:55comme le disait M. le député à l'instant,
05:56elle est encadrée par la loi.
05:58Et alors, j'entendais Dominique Rizet dire
06:01on ne peut pas s'introduire comme ça chez les gens.
06:03Effectivement, il a d'autant plus raison que si, là, puisqu'on est de nuit,
06:09il s'était introduit chez ce garagiste,
06:12alors il aurait pu bénéficier même de ce qu'on appelle
06:14la présomption de légitime défense.
06:17C'est-à-dire qu'effectivement, quand quelqu'un s'introduit de nuit
06:23est dans un local habité, dans ces cas-là,
06:28il y a une présomption de légitime défense de celui qui va réagir.
06:31– Mais là, on est dans un garage.
06:32– La présomption, ça ne veut pas dire qu'on l'aura jusqu'au bout,
06:34mais il y a cette présomption.
06:35Là, on est dans un garage.
06:37Donc on sait que, déjà, on n'est plus sur une atteinte aux personnes,
06:42présumées, mais une atteinte aux biens.
06:44Alors la loi, elle va dire qu'on peut interrompre
06:49l'exécution d'un crime ou d'un délit contre un bien,
06:52par une forme de défense, mais dans ces cas-là,
06:56il faut que cette défense, elle respecte trois points.
07:00Et elle doit être nécessaire, d'une part,
07:04elle doit être concomitante, et dans le dos, par exemple,
07:07ce n'est plus forcément concomitant, c'est toujours la problématique.
07:10Est-ce que la personne est en train de fuir ?
07:11Dans ces cas-là, il n'y a plus de risque d'atteinte
07:14ni aux personnes ni aux biens, c'est toujours la question qu'on pose.
07:17Et puis elle doit être ensuite proportionnelle.
07:18Et ça, c'est les juges qui vont ensuite estimer
07:22si l'acte a été fait de façon nécessaire, proportionnée,
07:28la concomitance étant un peu plus facile, j'allais dire, à établir.
07:33Donc il reste une grande possibilité aux juges
07:37d'estimer, d'avoir une idée de comment lui, il estime qu'elle est la légitime défense.
07:43Il faut être clair.
07:44En France, aujourd'hui, la légitime défense est très rarement retenue par les juges.
07:48Moi, je l'ai eu deux fois.
07:50J'ai obtenu deux fois que des clients soient innocentés.
07:55Un, un bijoutier parce qu'il a tiré dans la tête du cambrioleur,
08:00mais à ce moment-là, le cambrioleur avait en joue sa femme.
08:03C'est-à-dire qu'au bout de l'arme à cheveux du cambrioleur,
08:07il y avait la femme du bijoutier.
08:09Et j'ai obtenu une ordonnance de non-lieu,
08:11ce qui ne l'a pas empêché aussi d'être mis en examen, il faut bien le dire.
08:13Et puis aussi, dans le cadre d'une légitime défense d'autrui,
08:18un endroit particulier qui est Mayotte,
08:21parce que là, on est dans le cadre de pillages exécutés
08:24dans un cadre où l'ordre public n'a plus la possibilité d'intervenir.
08:29Donc c'est très particulier.
08:31On sait très bien que les magistrats sont très frileux.
08:35La justice est très frileuse à revenir à la question.
08:37Donc cet homme et son fils risquent d'être condamnés.
08:41Ils ont été mis en examen pour violences aggravées avec armes et en réunion.
08:46Ils sont libres, sous contrôle judiciaire.
08:49Que risquent-ils, justement ?
08:51Alors, je voulais revenir sur un point avant.
08:54C'est de dire que, de ce que je sais de cette affaire,
08:57même si celui qui a été le plus touché,
09:02son pronostic vital n'est pas en danger.
09:04Après, dans l'usage d'une arme, on peut toujours s'interroger aussi
09:07sur ce qu'on met dans l'arme.
09:09C'est-à-dire, est-ce qu'on va mettre des balles Brennec
09:12qui sont destinées à détruire ?
09:15Ou est-ce qu'on va mettre du petit plomb ?
09:16En sachant aussi que le petit plomb, on risque moins de tuer,
09:20mais on risque une infirmité permanente, notamment dans les yeux, etc.
09:24Donc voilà.
09:25Ensuite, tout va dépendre, effectivement, déjà de la façon
09:28dont le jeune homme va se remettre.
09:30Ce qui va entraîner aussi...
09:31On attend qu'il sorte de l'hôpital.
09:32Les séquelles vont entraîner la gravité.
09:36Là, chez nous, c'est des plombs.
09:37Et puis ensuite, ce qui risque, c'est soit au mieux
09:42une ordonnance de non-lieu si on estime qu'il y a une proportionnalité,
09:47une nécessité et une concomitance,
09:50soit un renvoi devant le tribunal correctionnel
09:53pour y être jugé pour des violences avec arme.
09:55Dominique Rizet, c'était quoi ?
09:57On sait ce qu'il y avait comme munitions.
09:58Ce sont des plombs de chasse.
10:01Donc, dans une arme, dans un fusil de chasse,
10:03vous pouvez mettre des balles pour chasser le gros gibier,
10:06c'est-à-dire un seul projectile.
10:08Vous pouvez mettre des gros plombs.
10:10Et vous pouvez mettre du petit plomb.
10:11Visiblement, c'est du petit plomb.
10:12Ce garçon a été blessé légèrement.
10:14La question, je voudrais poser une question à Katia Richard.
10:17Vous dites, voilà, tout dépend de la munition qui est mise dans le fusil.
10:19On peut aussi mettre du gomme-cogne.
10:21Vous savez, de la munition caoutchouc.
10:22Il y a des gens qui mettent dans leur fusil de chasse et vous pouvez le faire.
10:25Ça, ça ne tue pas ?
10:25Aussi, des balles caoutchouc, ça ne tue pas, ça neutralise, ça impacte,
10:28mais ça ne pénètre pas dans le corps, ça ne tue pas.
10:31Est-ce que le fait que ce garagiste détienne de façon légale ou non son arme de chasse,
10:38c'est important ?
10:38Est-ce que ça peut être un chasseur qui prend son fusil chez lui,
10:41qui met deux cartouches et qui la nuit va tirer sur quelqu'un,
10:45donc qui détient l'arme légalement au titre de la chasse ?
10:50Ou alors, est-ce que si c'est une arme qui n'est pas déclarée,
10:53ça peut aggraver la situation ?
10:54Ou est-ce que ça n'apporte pas ?
10:56Ce sera une circonstance supplémentaire,
11:00ce sera une infraction complémentaire.
11:01C'est-à-dire, si on se rend compte qu'effectivement,
11:03il n'a pas le droit de posséder une arme,
11:04il sera poursuivi aussi pour cette possession d'armes, bien évidemment.
11:08Alors ensuite, quant à mettre du gomme-cogne dans une arme à feu,
11:12c'est toujours la même problématique.
11:14C'est-à-dire qu'effectivement, sur l'intentionnalité,
11:18on pourra dire qu'avec le gomme-cogne, on n'avait pas l'intention de tuer.
11:23Il faut savoir que, je parlais tout à l'heure d'interrompre l'exécution d'un crime
11:27ou d'un délit contre les biens.
11:29Il faut que, dans ces cas-là, l'acte de défense soit tout sauf un homicide volontaire.
11:34C'est-à-dire qu'il ne faut pas que la personne soit décédée.
11:37Mais ensuite, effectivement, l'intentionnalité avec une balle de défense.
11:43Bon, malheureusement, j'ai aussi connu un dossier avec une perte d'un oeil avec un gomme-cogne.
11:48C'est-à-dire que, dans ces cas-là, on reste dans le criminel puisqu'on a une infirmité permanente.
11:52Thierry Pérez, vous vouliez ajouter quelque chose ?
11:54Oui, je vous remercie.
11:55Alors déjà, la gendarmerie de la Tour du Pain, que je connais bien et en qui j'ai toute confiance,
12:00travaille sur cette affaire et enquête sur les circonstances, effectivement, de cette situation.
12:05Moi, je voulais simplement revenir sur plusieurs choses.
12:09C'est que je pense que cette affaire est un peu un cas d'école.
12:13On a à la fois la problématique des mineurs, de l'ensauvagement, du laxisme et de la récidive.
12:22Vos confrères de la presse écrite locale ont indiqué qu'un certain nombre des trois autres présumés cambrioleurs
12:30sont des récidivistes, sont connus, en tout cas, de la justice.
12:33Donc, c'est vraiment un cas d'école.
12:34– Et lui, il a été cambriolé plusieurs fois.
12:36– Et lui, il a été cambriolé plusieurs fois.
12:36– Ce qui provoque sans doute aussi son geste.
12:39– Encore une fois, je n'excuse pas, je ne légitime pas.
12:42Simplement, on peut comprendre à un moment la volonté de protection.
12:47– D'ailleurs, vous êtes en train de dire que si on veut éviter ce type de comportement,
12:53il faut que l'autorité publique agisse plus fermement.
12:57– Non, il faut en amont régler un nombre de sujets incalculables.
13:02– Pour éviter qu'on se fasse justice soi-même ?
13:03– Voilà, exactement.
13:04On ne peut pas se faire justice soi-même, c'est une évidence.
13:06– Ça veut dire qu'il faut des peines plus sévères au bout de la récidive ?
13:09– Il faut des peines planchées, il faut effectivement une récidive.
13:13Et puis, où est l'autorité parentale ?
13:14– Je vous rappelle qu'il a 15 ans, il est 23 heures et quelques.
13:17– Il a 2000 heures.
13:17– Que font-ils dehors ?
13:19– Que font-ils dehors ?
13:21Et puis, pensons, pardonnez-moi M. Rizet,
13:23et pensons aussi à la vie de cet homme et de son fils
13:26qui sont mis en examen pour un chef d'inculpation qui est grave.
13:30Il a une exploitation, en l'occurrence, un garage.
13:34– Il risque d'être qu'on allait.
13:34– Cet homme va vivre deux fois demain.
13:36– Il aurait pu tirer en l'air ou faire peur ?
13:38– Il aurait pu appeler la gendarmerie.
13:39– Ça aussi, ça c'est ce qu'on nous dit.
13:42– Que c'est ton de ce qui se passe.
13:42– Il aurait dû tirer dans les pneus,
13:44il aurait dû tirer en l'air.
13:45– Que sait-on ce qui se passe dans la tête de quelqu'un
13:47qui se sent agressé, chez lui,
13:50violé dans son espace privatif ?
13:54Je ne présume pas, je n'en sais rien,
13:56je n'ai jamais été confronté à cette situation.
13:59– Allez-y, M. Richard.
14:01– Oui, je voulais dire que, justement,
14:03il y a ce qu'on appelle, dans l'appréciation souveraine des juges du fond,
14:07dont je disais tout à l'heure qu'ils étaient assez peu enclins
14:10à « légitimer » la légitime défense,
14:14en revanche, il y a ce qu'on appelle la personnalisation de la peine.
14:18J'entends, d'ailleurs assez récemment,
14:20j'ai entendu qu'on discutait beaucoup de ça,
14:22en disant « Robert Badinter a voulu la personnalisation de la peine,
14:26ça a été le commencement de la fin ».
14:27Mais là, typiquement, si on devait estimer
14:30qu'ils n'ont pas agi dans le cadre de la légitime défense,
14:33en revanche, les juges devront personnaliser la peine,
14:37la déclaration de culpabilité, la peine qui leur sera infligée,
14:40et dans le cadre de la personnalisation de la peine,
14:42c'est là où il sera quand même très important d'expliquer
14:44qui ils sont, ce garagiste et son fils,
14:48qu'est-ce qu'ils ont pu vivre,
14:49leur abattement, leur exaspération,
14:52tout ce qu'ils ont pu faire de bien,
14:55et pourquoi ils en sont arrivés là,
14:57et je pense que c'est ça aussi qui peut faire que,
15:00effectivement, aujourd'hui, ils sont mis en examen,
15:03mais sous contrôle judiciaire,
15:04et c'est terrible d'être mis en examen,
15:06c'est terrible d'avoir été placé en garde à vue,
15:08c'est, de toute façon, pour eux aussi,
15:10la vie a basculé cette nuit, ce soir-là,
15:14mais en revanche, au moment de la déclaration de culpabilité,
15:19la peine peut et doit prendre en considération tout cela,
15:23et ça peut être une peine d'ordre symbolique.
15:25Bien sûr, Maître Richard, ce qui est intéressant,
15:27c'est que ce garagiste a le soutien de la population,
15:30il a le soutien des autres concessionnaires
15:32qui sont autour de lui,
15:34je vous propose d'écouter l'un d'entre eux, justement.
15:37Je peux comprendre le geste, parce qu'on est excédé,
15:40voilà, quand on est chef d'entreprise comme ça,
15:42on a une pression qui est énorme, en permanence,
15:45voilà, on paye nos charges,
15:47on paye la TVA, les frais qui sont énormes,
15:50on travaille avec des salariés,
15:52donc, je comprends, en fait,
15:55voilà, je comprends qu'on peut être excédé.
15:57C'est un honnête commerçant,
15:58c'est quelqu'un qui travaille énormément,
16:00qui passe énormément de temps dans son affaire,
16:02et c'est, voilà, c'est pas normal d'être embêté,
16:05c'est pas normal, voilà,
16:06dans une société où il y a la liberté,
16:10voilà, d'être embêté de cette sorte-là.
16:12C'est un honnête commerçant,
16:13je me souviens d'un responsable politique,
16:15c'était Bruno Retailleau qui parlait de la France,
16:16des honnêtes gens, je crois,
16:17c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
16:18il faut protéger la France des honnêtes gens,
16:19c'est ça ?
16:20Avant qu'elle ne se protège elle-même ?
16:22Évidemment, évidemment,
16:23il faut tout faire pour éviter qu'elle se protège elle-même,
16:25parce que ça conduit à des drames.
16:27Ce qui est intéressant,
16:28c'est quand même la solidarité
16:29qui s'exprime autour de ce garagiste.
16:31Quand vous dites un honnête commerçant,
16:32moi j'aimerais être une petite souris,
16:38et j'aimerais être avec les gendarmes,
16:40quand ils posent des questions à ce garagiste
16:42qui a tiré,
16:42qui doit être effondré,
16:44parce qu'il réalise qu'il a pété un plomb,
16:48qu'il a fait quelque chose qu'il n'aurait pas dû faire,
16:50donc il est en train de réaliser,
16:51forcément,
16:52il doit regretter ce qu'il a fait.
16:53C'est sciemment qu'il tire, Dominique.
16:55Pardon pour lui péter un plomb,
16:56oui, il tire sciemment,
16:57mais bon, imaginez Alain,
16:58il doit être complètement atterré,
17:02et moi j'aimerais savoir ce que les gendarmes lui disent.
17:04Vous savez, il y a peut-être des gendarmes qui disent
17:05« Monsieur, on comprend, on vous comprend,
17:08la justice ne va pas lui dire ça. »
17:09Donc j'aimerais être une petite souris pour entendre ça,
17:12savoir ce qui se passe dans la gendarmerie
17:13quand on lui pose des questions,
17:14puis j'aimerais aussi être une petite souris
17:16dans la maison des parents de ce garçon,
17:17oui, décidément,
17:19dans la maison de ce garçon de 14 ou 15 ans,
17:21pour savoir ce que ses parents sont en train de lui dire.
17:23Est-ce qu'ils sont en train de lui dire ?
17:25Tu vois ce qui t'est arrivé ?
17:27Tu vois dans quelle situation tu t'es mis ?
17:28Oui, mais les parents vont le voir à l'hôpital.
17:30Tu vois dans quelle situation tu t'es mis ?
17:32Ou si les parents sont en train de dire
17:34« Tu vas voir, on va attaquer le garagiste,
17:36il n'avait pas à faire ça. »
17:37Voyez, tout ça, c'est aussi important
17:39parce que c'est la suite de l'affaire.
17:41Encore une fois,
17:42ce qui se passe est regrettable
17:44pour ce gamin qui a été blessé.
17:46Cambrioleur, c'est une activité.
17:47Et quand on cambriole,
17:48on sait qu'on prend des risques.
17:50On sait qu'on prend le risque
17:51de tomber sur un piège.
17:53On sait qu'on prend le risque
17:53d'être arrêté par la police
17:55ou la gendarmerie.
17:56On sait qu'on prend le risque
17:57d'aller en prison.
17:58On sait qu'on prend le risque
17:59d'être mordu par un chien
18:00qui va être dans le garage
18:01libre la nuit, etc.
18:04Mais alors justement,
18:05Maître Richard,
18:06l'adolescente est toujours à l'hôpital.
18:08Donc on ne sait pas
18:09quelles seront les conséquences
18:10de ce qu'il a vécu.
18:13Mais j'imagine que ça va se jouer également
18:14sur le sort judiciaire
18:16de ce garagiste et de son fils
18:17en fonction de la gravité
18:19des blessures
18:20et de ce qui va en rester.
18:21Bien sûr, parce qu'en France,
18:24on gradualise
18:27selon les séquelles.
18:30Donc plus ou moins
18:31de 8 jours d'ITT,
18:32une affirmité ou non.
18:34En revanche, je voulais dire,
18:35j'entendais Dominique Rizet
18:36parler de l'attitude des gendarmes.
18:39Eh bien moi, je peux vous dire
18:40que très clairement,
18:42pour l'affaire particulière
18:43que j'avais eu à traiter
18:45à Mayotte,
18:46les gendarmes à l'époque,
18:47non seulement on n'avait pas choisi
18:49de mettre mon client
18:49en garde à vue,
18:50mais ils l'avaient remercié
18:51et félicité chaleureusement.
18:52Et à l'époque,
18:53il y avait eu un classement sans suite
18:55et le parquet ensuite
18:57ressortit le dossier
18:58et ensuite mon client
19:01a été poursuivi
19:02et resté très longtemps
19:03mis en examen
19:04avant d'obtenir
19:04cette ordonnance de non-lieu.
19:06Donc pour tout dire,
19:07effectivement,
19:07parfois on a des gendarmes
19:09qui sont compréhensifs,
19:11mais bon,
19:12la justice,
19:13elle est rendue
19:13par des hommes
19:14et c'est là où en fait...
19:16Elle est obligée
19:17de fixer un cadre quand même,
19:18de dire qu'on ne peut pas
19:19se rendre justice soi-même.
19:21C'est pour ça,
19:21c'est là où je dis
19:22la grande différence,
19:23ça va être entre
19:24dire le droit
19:26et la façon
19:27dont on l'applique le droit.
19:29C'est-à-dire que dire le droit,
19:30ça peut être de dire
19:31effectivement,
19:32là,
19:32la fraction est constituée,
19:34monsieur.
19:34Vous n'avez pas agi
19:35dans le cadre
19:35de la légitime défense,
19:37mais dans le cadre
19:37de la sanction
19:38qu'on va prendre,
19:39on prend en considération
19:40tout ce qu'il y a
19:41autour de vous.
19:41C'est ça qui est de l'appréciation
19:43souveraine des juges du fond
19:44et je dirais que
19:45c'est ça qui fait
19:46aujourd'hui,
19:47qui fait qu'il y a
19:48de plus en plus
19:49de distance parfois
19:50entre les juges
19:51et les braves gens
19:52ou les honnêtes gens
19:53parce que parfois
19:54on a des juges aussi
19:55qui décident
19:56de marquer le coup
19:57et de justement
19:58bien montrer
20:00que ces gens-là
20:00ne doivent pas
20:01se faire justice.
20:02et parfois plus sévères,
20:04plus sévères
20:05et ça,
20:07c'est très mal vécu
20:08par la population
20:09et je dois dire
20:10que je le comprends.
20:10Il ne faudrait pas,
20:11monsieur le député,
20:12qu'à la fin,
20:13la justice soit plus sévère
20:14contre ce garagiste
20:14que contre ces jeunes,
20:15notamment les mineurs
20:16puisqu'on sait
20:17que les mineurs
20:17ne sont pas jugés
20:18comme des adultes
20:19plus que moins.
20:20Ce serait effectivement
20:21souhaitable
20:22parce qu'encore une fois,
20:23et monsieur Rizet le disait,
20:25il n'a rien demandé
20:26ce garagiste.
20:27Il a juste envie
20:28de travailler,
20:29de vivre paisiblement
20:30avec son entreprise,
20:31sa famille.
20:33Donc effectivement,
20:34encore une fois,
20:35il n'a pas forcément
20:37bien agi.
20:38Il est présumé coupable
20:40de cet acte.
20:43Maintenant,
20:44on peut effectivement
20:44comprendre
20:45un certain nombre
20:46de choses.
20:47Moi,
20:47ce que j'aimerais aussi savoir
20:48et l'enquête de gendarmerie
20:50le dira,
20:50c'est les trois
20:52ou quatre précédents
20:53cambriolages
20:54ou tentatives
20:55de cambriolage
20:55dont il a été victime,
20:57sont-ils les mêmes personnes
20:58ou pas ?
21:00Est-ce que les enquêtes
21:00ont avancé ?
21:01Est-ce que ce sont
21:01les mêmes personnes ?
21:02C'est important
21:04dans le raisonnement
21:06et dans l'enquête.
21:07Et encore une fois,
21:08moi,
21:08je reviens sur l'autorité parentale.
21:10Que faisaient ces jeunes mineurs
21:12et notamment ce jeune
21:13de 15 ans
21:14dehors
21:16avec des...
21:16Il n'y va peut-être pas
21:16y avoir beaucoup
21:17d'autorité parentale
21:18justement en ce qui concerne...
21:19Voilà,
21:19donc ça pose plein de questions
21:21et nous,
21:22au Rassemblement National,
21:23nous sommes extrêmement attachés
21:24à une réforme complète
21:26de toute cette justice
21:28des mineurs
21:29parce que cet ensauvagement,
21:31cette insécurité
21:31est absolument insupportable.
21:33Merci à tous.
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