- il y a 2 jours
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Marc Touati, économiste, président du cabinet ACDEFI et auteur engagé, il revient sur ce qu’il appelle maintenant une possible « permacrise » : un monde où les crises (géopolitiques, économiques, budgétaires, sociales…) se succèdent sans retour à la normale, provoquant incertitude, tensions et transformations profondes.
Dans cet entretien il dresse un constat sombre mais lucide sur la situation actuelle en France et dans le monde, évoquant effondrement industriel, endettement, manque de vision politique et risques systémiques majeurs.
Il questionne la capacité des sociétés à s’adapter durablement et met en garde contre l’illusion d’un retour à l’équilibre. Un appel à la lucidité, à la prise de conscience collective, et à l’action pour préserver l’avenir.
#crise #économie #insécurité #épargne #avenir
Quels domaines de formation la France a déjà raté selon Marc Touati ?
➡ Le numérique et l’IA
Selon Marc Touati, quel pays a pu redémarrer après une crise malgré une chute très importante du PIB ?
➡ La Grèce.
Que doit-on absolument éviter pour protéger les générations futures ?
➡ Une guerre nucléaire.
Dans cet entretien il dresse un constat sombre mais lucide sur la situation actuelle en France et dans le monde, évoquant effondrement industriel, endettement, manque de vision politique et risques systémiques majeurs.
Il questionne la capacité des sociétés à s’adapter durablement et met en garde contre l’illusion d’un retour à l’équilibre. Un appel à la lucidité, à la prise de conscience collective, et à l’action pour préserver l’avenir.
#crise #économie #insécurité #épargne #avenir
Quels domaines de formation la France a déjà raté selon Marc Touati ?
➡ Le numérique et l’IA
Selon Marc Touati, quel pays a pu redémarrer après une crise malgré une chute très importante du PIB ?
➡ La Grèce.
Que doit-on absolument éviter pour protéger les générations futures ?
➡ Une guerre nucléaire.
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ÉducationTranscription
00:00C'est vrai qu'on vit avec cette crise, comme disait Nietzsche, tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts.
00:05Donc c'est vrai que ça peut être le cas.
00:07C'est l'image de la corde, on tire sur la corde, même s'il reste un fil, la corde elle tient.
00:12Le problème c'est quand le fil casse, là il n'y a plus de corde.
00:15Après il faut faire un nœud, je ne sais pas comment ça marche.
00:17Et là nous, si je prends le cas de la France, on est là, on tient sur un fil.
00:22Et le fil va casser, je pense qu'on est, je ne veux pas être pessimiste, mais on est à la fin du film.
00:30Depuis 2020, on dit qu'on est en permacrise, c'est-à-dire qu'il y a des crises,
00:37quelles qu'elles soient, géopolitiques, politiques, budgétaires.
00:40Guerrières, même.
00:42Est-ce que finalement on est rentré dans un monde où, comme aurait pu dire Jacques Chirac,
00:47les signes noirs vont voler en escadrille et finalement on va vivre comme ça ?
00:52Oui, je pense qu'en fait, on a toujours vraiment à peu près vécu comme ça,
00:56parce qu'on était jeunes, il y a eu la guerre froide, etc.
00:58Il y avait des risques de guerre nucléaire, n'oublions pas quand même, à plusieurs reprises.
01:02Mais le temps était plus long.
01:05Effectivement, on avait des crises qui duraient quelques années, puis après ça redémarrait.
01:10Donc il y avait, on va dire, une grosse crise tous les dix ans, à peu près.
01:15Donc en dix ans, pendant cette décennie, on avait le temps, ça s'effondrait, puis ça redémarrait.
01:20C'est ce qu'il est que l'économie, vous voyez ?
01:21On avait le temps justement d'observer, c'était plus lent.
01:24Aujourd'hui, ça va beaucoup plus vite.
01:25C'est-à-dire que les crises s'enchaînent, les bulles s'enchaînent également.
01:29Donc voilà, c'est beaucoup plus compliqué, d'où le rôle de l'économiste,
01:33parce qu'il faut prendre du recul.
01:35Si on est en permanence sur les marchés, comme ça, le nez dans le guidon,
01:38vous voyez, sur l'IA, on ne réfléchit même plus aux conséquences.
01:41Non, c'est génial, je gagne du temps, je fais de la productivité.
01:43Ok, d'accord, mais est-ce qu'on a réfléchi sur tous les enjeux,
01:47ce qu'est-ce que philosophique, sociologique ?
01:49On ne réfléchit pas.
01:50Sur l'emploi également, oui.
01:52Donc, sur les formations, effectivement, aujourd'hui,
01:55la France, en termes de formation, on est complètement à l'ouest.
01:59On a raté justement la révolution du numérique,
02:00on a raté la révolution Internet également,
02:03on rate la révolution de l'IA également en France,
02:06parce qu'il n'y avait pas des formations.
02:09Et pareil sur l'industrie, on a des industries qui ne sont plus là,
02:11on ne veut rien industrialiser, mais il n'y a pas les formations,
02:13on veut augmenter les impôts, donc évidemment, ça ne marche pas.
02:16Donc, c'est là où il faut, ces crises, malheureusement, elles se successe cèdent.
02:20Et donc, je pense que le plus dur aujourd'hui,
02:23c'est justement de ne pas être le nœud dans le guidon,
02:25il faut prendre du recul.
02:26Et c'est le rôle de l'économiste.
02:28On va se poser, il y a quand même des cycles longs qui existent toujours,
02:32il y a quand même une réalité des sous-bassements économiques qui existent toujours,
02:35mais c'est vrai qu'on vit avec cette crise,
02:37comme disait Nietzsche, tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort,
02:40donc c'est vrai que ça peut être le cas.
02:42C'est l'image de la corde, on tire sur la corde,
02:45même s'il reste un fil, la corde, elle tient.
02:47Le problème, c'est quand le fil casse, là, il n'y a plus de corde.
02:50Après, il faut faire un nœud, je ne sais pas comment ça marche,
02:52et là, nous, si je prends le cas de la France, on est là, on tient sur un fil.
02:57Et le fil va casser.
02:58Je pense qu'on est, je ne veux pas être pessimiste,
03:00mais on est à la fin du film.
03:02Et c'est une bonne nouvelle,
03:03parce que comme ça, on va repartir sur des bases plus saines.
03:05Moi, je rêverais justement de pouvoir prendre les bonnes mesures.
03:09On me dit oui souvent, faites de la politique, etc.
03:11Moi, j'ai envie de dire, aujourd'hui, ça ne sert à rien,
03:13parce que malheureusement, les Français ne sont pas prêts.
03:17Ils n'ont pas compris la gravité de la situation.
03:18Une fois qu'ils auront compris, là, oui.
03:20Là, on pourra sauver, je pense, le pays.
03:22C'est comme ce qu'a fait Midaï en Argentine.
03:24L'Argentine s'est complètement effondrée,
03:26mais s'il était arrivé quelques années plus tôt,
03:28on ne l'aurait même pas regardé.
03:30Pareil en Italie, etc.
03:31Même en Grèce, une fois que vous êtes touché vraiment le fond de la piscine,
03:34et qu'on arrête de creuser,
03:35alors là, tous les Français,
03:37toutes les populations sont conscientes qu'il faut réagir.
03:40Et donc, il y a une sorte de mouvement national.
03:41Et là, on n'a plus le choix.
03:43Il faut réagir.
03:44Est-ce qu'il n'y a pas une adaptation, finalement, à ce monde instable ?
03:48Finalement, l'homme, l'être humain est peut-être très adaptable
03:51et finalement, s'adapte à cette situation
03:54où ça peut arriver de n'importe où, n'importe quand.
03:57Oui, oui, on s'adapte, encore une fois,
03:58sauf que, bon, il faut...
04:00Moi, ce qui m'inquiète, c'est qu'il n'y a plus de direction.
04:02C'est-à-dire qu'il n'y a plus de vision du monde.
04:05C'est-à-dire qu'on ne réagit même pas.
04:06Avant, quand je faisais mes prévisions,
04:09je faisais des prévisions quand j'étais chef commiste d'une banque,
04:12à 5 ans, à 10 ans, on avait une vision.
04:14Alors, des fois, sur 5 ans, c'est dur de faire des prévisions.
04:16À 10 ans, encore pire.
04:17Mais je faisais minimum 2 ans.
04:18C'est-à-dire qu'on me demandait minimum.
04:19Il fallait faire au moins sur 2 ans.
04:21Sur une année, déjà, c'est compliqué.
04:23C'est-à-dire que c'est ça qui m'inquiète.
04:26Qu'il y ait des soubresauts sur les marchés, c'est logique.
04:29Mais d'un point de vue économique, il faut avoir une direction.
04:31Et là, aujourd'hui, c'est vrai que le monde est devenu de moins en moins sûr.
04:35C'est-à-dire que, voilà, on voit Donald Trump.
04:39Un jour, il dit blanc, un jour, il dit noir, etc.
04:41Bon, ça devient extrêmement compliqué.
04:43Donc, c'est ça qui fait qu'aujourd'hui, on a besoin de stabilité, je pense.
04:47C'est bien d'avoir la...
04:48On s'adapte, mais quand même, de temps en temps, il faut une vision du monde.
04:51Et c'est vrai que là où Trump, par contre, a raison, c'est d'essayer de soutenir, effectivement, l'économie américaine, son économie,
04:58de soutenir, je dirais, le capitalisme.
05:01C'est ce que font les Chinois.
05:03Et eux, ils ont le droit.
05:04Les Américains n'ont pas le droit.
05:05Nous, on n'aurait pas le droit.
05:06C'est incroyable.
05:07Donc, voilà, il faut se réveiller parce que ces pays-là, les pays comme la Chine, etc.,
05:12eux, ça déroule le compresseur.
05:15Donc, on s'offuse que les Américains font si, voilà, et puis les Chinois les laissent faire.
05:18Regardez l'affaire, effectivement, des droits de douane.
05:22C'est un truc incroyable.
05:24C'est-à-dire que depuis les droits de douane, les externes commerciaux chinois atteignent des records historiques.
05:29Qu'est-ce qui se passe ?
05:30Les droits de douane, ils devraient moins exporter.
05:31Non, ça bat des records.
05:33C'est les Américains qui les payent.
05:34Oui, non, mais non, c'est même pas ça.
05:35C'est qu'ils exportent de plus en plus ailleurs, c'est-à-dire notamment chez nous.
05:39Et comme on n'a pas le droit de douane, évidemment, on accepte les produits chinois
05:41qui ne sont même pas aux normes européennes, alors que nous,
05:44les producteurs français, on s'empêche de tourner en rond,
05:47et les produits chinois, on les accepte.
05:49Donc, les Chinois, ils ont très bien compris.
05:51Si ça bloque du côté américain, on va exporter ailleurs.
05:54Et donc, c'est exactement ce qu'ils sont en train de faire.
05:56Et donc, c'est ça.
05:57Il faut aujourd'hui bien prendre conscience que...
06:00Alors, c'est vrai qu'on a fait une erreur stratégique.
06:01Les Français, dans les années 80, 80, même 2000,
06:05on a dit qu'on veut une économie sans usine.
06:07C'était un choix stratégique des dirigeants en français.
06:09C'était une grave erreur.
06:09Et là, on dit non, on veut réindustrialiser, mais c'est un peu tard.
06:13Et donc, ça prendra du temps.
06:15Et puis, surtout, on ne se tinde pas les moyens.
06:16On augmente les impôts.
06:17Et comme vous voulez, réindustrialiser, ça n'a aucun sens.
06:20Donc, voilà.
06:20C'est ça qui me fâche, entre guillemets.
06:23C'est ce déni de réalité permanent, ce manque de pragmatisme.
06:27La différence entre, effectivement, les Français, voire beaucoup d'Européens,
06:31et les États-Unis, ou même les Chinois, c'est le pragmatisme.
06:35Eux, ils sont pragmatiques.
06:35C'est-à-dire, comment il y a un problème, comment on va le résoudre ?
06:40On va faire du business, on va s'arranger, etc.
06:42Nous, les Européens, on est dogmatiques.
06:43Moi, j'ai vécu ça pendant 30 ans de carrière.
06:45Je ne peux pas donner de nom, mais combien de dirigeants m'ont sorti ?
06:48Alors, ne vous inquiétez pas, nous avons raison.
06:50C'est leur donne de base, évidemment.
06:53Ça n'a pas de sens.
06:54Donc, ça qui est dangereux, c'est que, on vous dit, non, la table, elle est blanche.
06:57Non, non, elle est noire.
06:58Non, mais elle est blanche.
06:58C'est de réalité, non.
06:59Ils sont dans le déni de réalité permanent.
07:01Et ils vous disent qu'ils ont raison.
07:03C'est ça, ce dogmatisme, moi, qui m'effraie.
07:05Et là, il est poussé, des fois, à son paroxysme avec certains à l'Assemblée nationale,
07:10qui est quand même la représentation française.
07:12Donc, il faut que ça change.
07:13Moi, je pense qu'il faut un bon électrochoc.
07:16Peut-être que là, on pourra enfin comprendre.
07:18Alors, dernière question.
07:19Est-ce que cet électrochoc, cette prochaine crise, elle sera comment, selon vous ?
07:24Alors, il y a deux.
07:25Moi, pour tout vous dire.
07:26Bon, alors, il y a les crises normales.
07:28C'est-à-dire, voilà, les crises économiques, financières.
07:30On peut s'en sortir.
07:32On finit par dire qu'elles sont normales.
07:34Oui, non, non, c'est-à-dire, non.
07:35Je veux vous dire pourquoi, parce qu'après, il y a une qui m'inquiète beaucoup plus.
07:38C'est-à-dire qu'on sait comment on peut réagir.
07:41Et là, c'est vrai que, voilà, on a vu la Grèce.
07:43Elle a pu redémarrer.
07:45Le Portugal.
07:45Ils ont souffert.
07:46Vous savez qu'aujourd'hui, le niveau du PIB grec, il est encore 15% inférieur au niveau de 2008.
07:51Quand une crise, elle commence, c'est ça qu'ils ne comprennent pas les Français.
07:55Ils pensent que, bon, ça va être une petite crisette.
07:56Non.
07:57Si vous avez vraiment une crise, on va mettre 10 ans à s'en remettre.
07:59Après, on s'en remettra progressivement.
08:01Ça va prendre énormément de temps.
08:02Et moi, c'est ça qui m'inquiète, c'est que dans ce laps de temps, tout est possible.
08:06Moi, ma vraie crainte, justement, c'est une crise guerrière.
08:10C'est-à-dire que, voilà, des dirigeants qui voudraient garder le pouvoir ou qui voudraient, voilà,
08:14ou qui se disent, bon, ça va tellement mal, je vais peut-être marquer l'histoire différemment.
08:18Ils se disent, on ne ferait pas une petite guerre.
08:20C'est ça qui m'inquiète.
08:22Parce qu'aujourd'hui, tout devient possible.
08:24J'ai vu un film sur Netflix, moi, qui m'a marqué, là, dernièrement.
08:26Je fais une pub, je suis en peu, c'est pas grave.
08:29House of Dynamite.
08:30C'est surtout un risque de guerre nucléaire sur les États-Unis.
08:33Et ça vous montre la fragilité.
08:36C'est-à-dire que même les États-Unis, aujourd'hui, peuvent être attaqués.
08:40Et ils ne pourront rien faire.
08:41Parce que, enfin, peut-être qu'ils pourront faire quelque chose.
08:43C'est un film, hein.
08:44Mais moi, je pense que c'est ça, aujourd'hui.
08:46Une balle peut arrêter une balle.
08:47Voilà, c'est exactement ça.
08:48Et c'est pas le cas.
08:50Parfois c'est le cas, parfois c'est pas le cas.
08:51Et je pense, très honnêtement, je ne veux pas être méchant,
08:54mais les Français, les Européens, ne sont pas du tout prêts à ça.
08:59C'est parce que c'est une guerre.
09:00On n'en a pas les moyens.
09:02Ou alors une guerre nucléaire.
09:03Mais bon, là, c'est des millions de morts.
09:06Moi, c'est juste ça qui m'inquiète.
09:07C'est que, au moment où ça va vraiment très mal,
09:10soit on se dit, bon, allez, on prend le toureau par les cornes,
09:13on va sauver le pays, etc.
09:14Soit on se dit, ah ben non, tiens, on va faire une guerre.
09:16Non.
09:16Moi, c'est ça ma vraie crainte.
09:18Et moi, c'est ça ma crainte, c'est que la prochaine crise,
09:20ça soit ce que disait Einstein encore une fois,
09:22on fait la référence,
09:23il dit, je ne sais pas de quoi sera faite la Troisième Guerre mondiale,
09:27je sais que la Quatrième, ça sera avec des marteaux et des bouts de bois.
09:32On aura détruit le monde.
09:33Voilà.
09:33C'est-à-dire, on ne peut pas, pour nos enfants,
09:35on ne peut pas tellement parler des jeunes.
09:38Maintenant, je suis même grand-père.
09:39C'est vrai qu'on ne peut pas faire ça à nos enfants, à nos petits-enfants.
09:42C'est quand même, c'est horrible.
09:44C'est-à-dire, on a un monde qui est formidable.
09:47Et je pense que ça, on ne valorise pas assez la vie.
09:49On ne valorise pas assez la construction.
09:51Et beaucoup de personnes préfèrent justement la destruction.
09:53Alors, c'est vrai que c'est facile,
09:54c'est très facile de détruire.
09:56Mais il faut éviter absolument de cela.
09:58Et j'espère que les dirigeants français et européens et mondiaux
10:02éviteront d'en arriver là.
10:03Donc, voilà.
10:04C'est ça, pour moi, la vraie crainte.
10:06C'est qu'on ait une crise qu'on ne maîtrise pas vraiment.
10:09C'est-à-dire, qu'il ne soit pas économique ni financière,
10:10qu'il ne soit guérière.
10:11Et ça, surtout pas.
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