- il y a 2 jours
Les informés du matin de franceinfo du dimanche 30 novembre 2025
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Et ravi de vous retrouver sur France Info pour les informer, votre émission de décryptage jusqu'à 10h autour évidemment de l'actualité politique.
00:17Bonjour Camille Vigonne-Lecouat, vous êtes grand reporter au Nouvel Obs et avec nous également ce matin Henri Vernet, bonjour Henri.
00:23Bonjour. Non pas grand reporter, rédacteur en chef à l'école, très précisément aux Parisiens et Benjamin Morel, bonjour Benjamin Morel.
00:31Vous êtes constitutionnaliste, maître de conférence en droit à Paris Panthéon.
00:35Assas, deux débats ce matin, l'un autour de la droite, l'autre autour du RN avec cette question.
00:42Camille, est-ce que Jordan Bardella est en passe d'effacer Marine Le Pen ?
00:46Oui, c'était le numéro 2, son premier ministre, son remplaçant.
00:49Et si Jordan Bardella avait déjà effacé Marine Le Pen, son procès en appel dans l'affaire des assistants parlementaires ne commence que dans un mois et demi.
00:56Et pourtant, la triple candidate à l'élection présidentielle semble presque sortie du tableau.
01:01Il y a cette condamnation judiciaire bien sûr en première instance pour détournement de fonds publics, 5 ans d'inéligibilité, exécution immédiate.
01:07Mais il y a encore plus un sondage Odoxa qui donne Jordan Bardella gagnant contre n'importe quel candidat au second tour.
01:14Mais donc, personne étrangement n'ose se féliciter au RN car on a fait le choix de ne pas tester Marine Le Pen.
01:21Et ce dernier livre enfin publié chez Fayard par Jordan Bardella qui caracole en tête des ventes,
01:26pensé comme un objet promotionnel pour asseoir sa stature de présidentiable.
01:30Ce deuxième livre est né d'une question simple que je ne cesse de me poser.
01:37Qui parle encore des Français aujourd'hui ?
01:40Qui dans le monde politique, par nous, est encore capable de tendre l'oreille ?
01:45D'entendre les colères ?
01:47De les ressentir comme autant de douleurs personnelles ?
01:50De comprendre les attentes et bien sûr ensuite de les traduire en actes politiques ?
01:55Alors depuis, chaque dédicace de Jordan Bardella déplace les foules.
01:59Elle déplace aussi ses opposants.
02:01En témoigne cette œuvre reçue en pleine face pendant une dédicace à Moissac hier.
02:06Alors Marine Le Pen est-elle déjà hors jeu ?
02:08Jordan Bardella, tout juste 30 ans, est-il un candidat plus fragile ou au contraire plus redoutable qu'elle ?
02:14Et si par un retournement de situation, le procès en appel donnait à Marine Le Pen la possibilité de se présenter à la présidentielle,
02:20Bardella acceptera-t-il de bon cœur, lui, de lui laisser la première place ?
02:25Autant de questions qui vont structurer la prochaine présidentielle.
02:27D'abord, Henri Vernet, peut-être un mot de ce sondage qui, évidemment, au-delà du fait que Marine Le Pen n'est pas testée,
02:34interpelle quant au score de Jordan Bardella.
02:38Ce n'est qu'un sondage, on est encore à un an et plus de l'élection présidentielle, un an et demi.
02:44Mais malgré tout, qu'est-ce que ça dit ?
02:46Ça dit, ce qui est vraiment frappant dans le sondage, c'est qu'en effet, il battrait,
02:49alors avec les gros guillemets que vous avez signalés, il battrait au second tour quasiment tous les candidats,
02:53quelle que soit la personnalité en face de lui, il sortirait gagnant.
02:58Mais vous avez signalé quand même, avec raison, attention, c'est un sondage de deuxième tour,
03:02ce qui est encore plus délicat que des sondages de premier tour à une telle distance.
03:06Néanmoins, c'est vrai que, bien sûr, il interpelle, parce que jusqu'à présent,
03:09la différence n'était pas si nette dans le cadre d'un deuxième tour.
03:13Et d'où cette idée de l'effacement dont vous avez parlé.
03:18Mais on peut aussi soupçonner un petit peu les instituts de sondage de l'effacer de manière assez faciemment,
03:25parce que justement, on parlera d'autant plus de ce sondage.
03:27En précisant qu'eux disent, on ne l'a pas testé, parce que les électeurs déclaraient majoritairement vouloir voter pour Jordan Bardella.
03:35En tout cas, ils étaient plus nombreux à dire vouloir voter pour lui que pour elle.
03:37Donc, on a décidé de faire le sondage avec elle.
03:39Mais après, c'est aussi une façon de faire davantage parler du sondage.
03:42Non, non, mais je donne la réponse.
03:42Mais c'est vrai, le fait est que le résultat, enfin en tout cas le résultat sondagier, est là et que donc ça interpelle.
03:47Est-ce que pour autant, il l'a effacé pour répondre à cette question-là ?
03:50D'abord, ce sera un effacement qui ne viendra pas d'une seule des deux personnalités, en l'occurrence de Bardella.
03:55Il faut qu'elle l'accepte, c'est ça que vous voulez dire.
03:56Exactement, il faut qu'elle l'adoube en quelque sorte.
03:58Et c'est ça, mais je pense qu'on en reparlera, c'est ça qui est assez significatif ces derniers jours,
04:03c'est qu'on voit bien, on entend bien que Marine Le Pen, elle-même, est en train de préparer les esprits
04:09à cette hypothèse de voir Bardella, et non pas elle, défendre les couleurs.
04:13Parce qu'il faut qu'il y ait un champion RN à cette élection, et donc c'est ça qui prévoit.
04:19Et pourtant, Benjamin Morel, on a pu avoir ces derniers mois, quelquefois, un peu de friture sur la ligne,
04:25sur un certain nombre de sujets, notamment évidemment sur les sujets économiques,
04:28où on pouvait se dire, bon ben en fait, oui, Marine Le Pen, elle n'adoupe pas forcément Jordan Bardella,
04:33elle est plutôt en train de marquer sa différence, et de lui faire bien comprendre
04:37qu'en fait, il n'est pas, ce n'est pas lui qui décide de tout.
04:40Alors il peut y avoir de la friture, mais il y a également une stratégie,
04:42parce qu'il faut comprendre que le Rassemblement National, aujourd'hui,
04:44c'est ce qu'on appelle en sciences politiques un parti attrape-tout,
04:46c'est-à-dire qu'il y a des électorats aux intérêts complètement contradictoires,
04:49mais qu'il faut réunir dans la même maison, dans la même brouette les grenouilles,
04:52histoire que, eh bien, ça fasse une masse critique électorale.
04:55Et aujourd'hui, il y a deux types d'électorats. Il y a un électorat populaire,
04:59il y a un électorat très abstentionniste, qui n'hésite pas entre le RN et une autre formation politique,
05:02qui hésite entre le RN ou s'abstenir. Et cet électorat, il est aujourd'hui central pour le RN.
05:07Cet électorat, il vote d'abord Marine Le Pen. Il vote pour le social, il vote pour l'État sur le territoire.
05:11Il ne vote pas d'abord pour Jordan Bardella, et donc il faut que Marine Le Pen reste là,
05:15fasse entendre justement une différence, fasse entendre une fibre sociale.
05:19De l'autre côté, il y a un électorat de conquête. Électorat venant plutôt de la droite traditionnelle,
05:23de la droite conservatrice, électorat plutôt âgé. On voit une porosité aujourd'hui avec les retraités.
05:28Et donc, là, Jordan Bardella existe également par rapport au milieu économique.
05:32Donc, pour l'instant, ce duitique marche bien.
05:33Ce n'est pas tant une différence que le fait qu'il se complète, c'est ce que vous dites.
05:36Il se complète. Et là, en vue des élections présidentielles, la question, c'est comment est-ce que
05:40cette complémentarité va pouvoir être mise en scène ?
05:43Comment avoir un Jordan Bardella tête d'affiche, et en même temps s'adresser aux classes populaires ?
05:48Alors, l'idée qui tournerait, ce serait un ticket à l'américaine. Est-ce que ça peut marcher ?
05:51En France, ça n'a jamais vraiment fonctionné.
05:53Il n'y a pas besoin d'être éligible pour être Premier ministre.
05:55Exactement.
05:56Camille Vigolle-Lecouat, la question qu'on peut se poser, après trois présidentielles pour Marine Le Pen,
06:02après tant d'années d'engagement politique, est-ce qu'elle peut accepter véritablement de lâcher les rênes ?
06:09Alors, c'est toujours compliqué de se mettre dans la tête de Marine Le Pen.
06:11En revanche, ce qu'on peut dire, c'est qu'elle ne peut l'accepter qu'à partir du moment où elle a le sentiment
06:18que c'est son choix, que c'est son agenda, que c'est elle qui la double,
06:21et que donc la décision émane d'elle-même et d'elle seule.
06:24Elle a toujours dit qu'elle était la chef, qu'elle se considérait comme étant mieux placée que Jordan Bardella,
06:28car plus expérimentée pour y aller.
06:30On voit bien que ce narratif, il a un problème, c'est que s'il dure trop longtemps dans le temps,
06:34il affaiblit la candidature de Jordan Bardella.
06:36Elle en est consciente, il en est conscient aussi.
06:38Il l'a fait savoir au sein de la formation en disant
06:41« Si on ne m'installe pas assez tôt, je n'aurai pas la stature nécessaire pour concourir à l'élection présidentielle. »
06:50Et donc, il y a un basculement, y compris dans le narratif, qui est en train de s'opérer.
06:53Mais il faut faire très attention, y compris de la part des équipes de Bardella,
06:57à faire en sorte qu'elle ne se sente pas poussée de la scène,
07:00qu'elle ne se sente pas mise à l'écart trop tôt.
07:02On sait que, comme tout animal politique, c'est important.
07:05Le Pen, ce parti a été fondé par son père, c'est tel qui en tient les rênes.
07:09Il y a quelque chose de patrimonial extrêmement fort,
07:12et aussi dans le rapport avec ses électeurs.
07:14Et donc, évidemment que cette bascule, elle est inédite et elle est dangereuse pour le binôme.
07:18Ils en ont conscience, beaucoup, et ils ont souvent dit
07:20« On ne laissera pas le scénario rêvé de nos adversaires s'établir,
07:24c'est-à-dire la guerre entre nous, la compétition, etc. »
07:27Alors que le FN, historiquement, est plutôt habitué à…
07:29Oui, historiquement, on connaît les phrases de Jean-Marie Le Pen,
07:32le destin d'un dauphin, c'est de s'échouer sur la plage.
07:36Traditionnellement, tous les numéros 2,
07:38ce sont un moment cassé les dents avec le numéro 1 pour un Philippot,
07:41mais avant lui, il y a eu Golnich, il y en a beaucoup d'autres.
07:44Et c'est vrai que jusqu'ici, ils ont réussi à faire mentir ce pronostic,
07:47du moins en apparence, même s'il y a eu quelques moments de tension,
07:51avec cette tentation d'éviter au nom de l'efficacité politique.
07:56Henri Vernet, est-ce que… Allez-y.
07:58Non, non, c'est vrai que ce qui…
07:59J'allais vous poser une question, mais allez-y.
08:00Non, parce que c'est vrai que c'est un parti qui a souvent été schismatique
08:03et que ceux qui sont partis ont été condamnés,
08:05ont disparu dans les oubliettes de l'histoire politique.
08:08Là, en effet, vous avez raison de souligner que là, ça se joue différemment,
08:11que d'abord, pour ça que je parlais d'un effacement concerté,
08:13qui ne pourra jamais venir d'un seul, il n'y a en tout cas pas de Bardella,
08:16mais il y a aussi tout simplement le fait qu'ils font jeu égal dans les sondages qu'on citait,
08:20parce que quand même, Marine Le Pen, elle est testée dans pas mal d'études encore,
08:23et c'est frappant de voir à quel point ils sont vraiment tous chouches.
08:26Interchangeables, quasiment.
08:26Exactement, ils sont interchangeables.
08:28C'est pour ça aussi qu'il ne faut pas trop traîner, en effet, sur le passage de témoins
08:32et ne pas laisser la justice trancher, parce qu'ils viendraient trop tard.
08:35C'est-à-dire qu'une décision éventuellement...
08:36À vos yeux, Marine Le Pen doit anticiper.
08:39Ah bah oui, oui, bien sûr, parce qu'il ne faut pas que Bardella,
08:42Jordan Bardella, apparaît comme un candidat par défaut, un candidat de remplacement.
08:46Ce n'est pas ce qui est prévu pour le moment, elle a dit qu'elle attendait l'issue de la justice.
08:49Alors, quand on écoute bien ces dernières déclarations, on sent qu'il y a vraiment cette évolution,
08:54et qu'elle-même, elle est en train de préparer.
08:56Mais juste une chose, par exemple, je reviens quand même sur ce que disait Benjamin Morel,
08:59c'est-à-dire sur ces électorats un peu composites, un peu différents, qu'il peut y avoir.
09:02Mais alors, c'est vrai que c'est à la fin un atout, parce qu'il faut les rassembler.
09:05Rassembler, ça peut aussi faire ressortir quand même la plasticité un peu excessive et un peu contradictoire en sein de ce parti.
09:12Regardez, par exemple, leur attitude sur le vote du budget, l'ERN.
09:16Aujourd'hui, c'est un peu tout et son contraire.
09:18D'un côté, on refuse la taxe Zuckmann, on refuse d'imposer les riches.
09:22Il y a ce côté, justement, peut-être à la Bardella, c'est-à-dire un peu libéral,
09:26qui peut plaire à l'électorat du Sud, qui lui, est très anti-immigré,
09:30mais plutôt libéral, commerçant, etc.
09:32Et en revanche, ils sont aussi, sur les retraites ou autres sujets,
09:35ils flattent plutôt l'électorat populaire, social du Nord.
09:39Benjamin Morel.
09:39Il faut le rassembler un moment.
09:41On va passer la parole à Benjamin Morel avec cette question.
09:44Est-ce que, malgré tout, ils sont interchangeables aussi aux yeux de leurs opposants ?
09:50Aux yeux de leurs opposants, vous avez un profil, Jordan Bardella,
09:53qui est un profil qui peut être plus droite compatible.
09:56Et à partir de là, il est possible qu'il puisse y avoir une plus grande porosité,
10:00une porosité facilitée, pas tant pour des raisons historiques, le nom Le Pen, etc.,
10:04mais pour les raisons qu'on a exposées.
10:06C'est-à-dire qu'au fond, aujourd'hui, ce qui sépare une partie de la droite classique et le RN,
10:10ce n'est plus les sujets d'identité et d'immigration, c'est les sujets économiques.
10:14Et là, Jordan Bardella, même s'il n'a pas de logiciel tout à fait construit, apparaît comme étant, justement, plus plastique.
10:20Ensuite, autre point pour ce que l'on évoquait tout à l'heure,
10:23il y a quelque chose qui a beaucoup changé par rapport à l'époque Maigret ou à l'époque Philippot,
10:27c'est que le RN est devenu un parti d'élus.
10:29C'est devenu un parti d'élus qui ont peur pour leur reconduction demain.
10:33C'est devenu un parti de députés.
10:34C'est devenu un parti de députés qui se disent que s'ils n'ont pas de candidat à la présidentielle la prochaine fois,
10:38ou si le candidat à la présidentielle fait un score picro-collin,
10:40et bien à ce moment-là, ils seront nécessairement battus.
10:43Et ça, ça crée des intérêts.
10:44Pour les députés, aujourd'hui, il vaut mieux une candidature RN, Bardella,
10:48qui perd un second tour, mais qui leur permet au moins d'avoir une dynamique,
10:52plutôt que pas de candidat à tir du tout, une forme de je résiste quoi qu'il arrive,
10:57et derrière une bérésina électorale.
10:58Vous restez avec nous, vous avez évoqué la question de Jordan Bardella,
11:02plus d'atomes crochus avec la droite, justement.
11:05S'il nous amène au deuxième débat, l'union des droites est-elle en route ?
11:09C'est juste après l'info en une minute.
11:12Il est 10h moins 10 et c'est Diane Ferschit.
11:14En meurtre et Moselle, 5 morts dans un incendie cette nuit à 9 maisons.
11:18Les victimes sont un couple d'une soixantaine d'années,
11:20leur fils ainsi que deux amis âgés de 17 à 20 ans.
11:23Une autre personne est blessée légèrement après avoir inhalé des fumées.
11:27La ministre de la Santé se veut rassurante sur France Info.
11:30Elle assure que plus de 90% des pharmacies ont plus de 10 boîtes de vaccins
11:34contre la grippe en réserve.
11:35Stéphanie Riste reconnaît toutefois des tensions locales dans certaines officines.
11:40Les pharmaciens, eux, estiment toujours le nombre de doses insuffisantes.
11:43Avant la venue de Volodymyr Zelensky à Paris,
11:46demain le plan paix pour l'Ukraine, à nouveau en discussion aujourd'hui en Floride.
11:49Les émissaires ukrainiens s'entretiennent avec le secrétaire d'État américain,
11:53Marco Rubio, et l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff,
11:56alors que l'Ukraine a de nouveau été touché par des frappes russes cette nuit.
12:00Des drones qui ont fait un mort et onze blessés près de Kiev.
12:03Donald Trump dit considérer l'espace aérien vénézuélien comme entièrement fermé ce matin.
12:08Déclaration qui provoque la colère de Caracas.
12:11Le Venezuela dénonce un acte hostile et lance des manœuvres militaires.
12:14Le président américain accuse le pays d'être derrière le trafic de produits stupéfiants
12:19qui inondent le marché des États-Unis.
12:24France Info
12:25Les informés
12:28Adrien Beck
12:30Et toujours avec Henri Vernet, rédacteur en chef adjoint parisien,
12:36et Benjamin Morel, constitutionnaliste, maître de conférences en droit à Paris, Panthéon, Assas.
12:41Notre deuxième débat et cette question qui découle de tout ce que l'on vient de dire.
12:45Camille, l'union des droites est-elle pour demain ?
12:47Oui, c'est une petite musique qui monte, qui monte,
12:49encouragée par plusieurs figures de la droite et de l'extrême droite,
12:51celle d'une primaire commune pour désigner un candidat de leur camp à la prochaine présidentielle.
12:56Alors sur le papier, l'idée semble de bon sens,
12:57surtout quand personne, même Edouard Philippe, n'écrase le match dans les sondages.
13:01Mais dans les faits, la question est un piège politique.
13:03Car quelle primaire ?
13:05Uniquement chez les Républicains ou jusqu'à Sarah Knafo de Reconquête ?
13:09Et dans ce cas, que fait-on des plus centristes comme Gabriel Attal ?
13:12Derrière cette question, c'est pas une simple affaire de tambouille politique, loin de là.
13:15C'est un enjeu crucial pour la droite, celle de son identité, de ses alliances,
13:19tournée vers un centre libéral pro-européen ou vers une droite plus souverainiste et identitaire.
13:24Laurent Wauquiez penche pour la deuxième option et ça ne plaît pas à tout le monde.
13:28Je l'ai toujours dit que je récusais cette idée d'une union des droites par les appareils,
13:33mais que moi je veux l'union des droites par les électeurs.
13:36Mais donc Laurent Wauquiez, quand il parle d'une primaire jusqu'à Sarah Knafo,
13:38il n'engage que lui-même, c'est pas votre ligne ?
13:40Mais il n'engage que lui-même.
13:41Chez nous, c'est vraiment les adhérents, nos militants, qui trancheront.
13:46Il n'engage que lui-même.
13:48Chez nous, c'est la réponse de Bruno Retailleau,
13:50chef du parti Les Républicains à Laurent Wauquiez.
13:53Alors va-t-on vers une primaire de la droite ou de l'extrême droite ?
13:56Et sinon, quel mode de départage des candidats qui risquent tous de s'auto-éliminer ?
14:00Des questions qu'on peut commencer à se poser à un an et quelques mois de la prochaine présidentielle.
14:04Question très simple, réponse courte si vous le voulez bien messieurs.
14:06Est-ce qu'elle vous semble possible, Henri Vernet, cette primaire ?
14:11Ou est-ce que là, on est dans de la chimère agité par Laurent Wauquiez, notamment ?
14:15Enfin, de la chimère, on verra bien.
14:17Je veux dire, c'est facile de répondre à ça, mais quand même.
14:19Non, mais ce qui est ironique, c'est que le même Laurent Wauquiez,
14:22quand il était en compétition contre Bruno Retailleau pour la tête du parti,
14:25il avait justement dit aux militants, vous verrez, avec moi, il n'y aura pas de primaire.
14:28Donc pourquoi est-ce qu'il a changé ?
14:30Ça montre à quel point...
14:31C'est peut-être parce que Bruno Retailleau est devenu président du parti.
14:33Exactement.
14:34Et que donc, cette arme-là, pour lui, c'est d'abord,
14:36avant d'être un outil pour l'union des droites,
14:38c'est d'abord un outil pour éliminer Bruno Retailleau.
14:41Donc il y a ça.
14:41Maintenant, ça dépend...
14:42C'était une réponse courte, Henri Vernet.
14:44Même question, Benjamin Norel.
14:46Vous reviendrez après, Henri, c'est promis.
14:48Si vous voulez, une primaire.
14:49On sait que ça marche que quand vous avez deux partis
14:51qui dominent la vie politique,
14:54et que leur électorat est très étanche.
14:55Ça ne marche qu'aux Etats-Unis, en fait.
14:56Le problème ici, c'est que c'est clairement pas adapté.
14:58Est-ce que vous pensez qu'un électeur d'Éric Zemmour ou de Sarah Knaffo,
15:01parce que Gabriel Attal aurait emporté une primaire,
15:03se mettra à voter Renaissance ?
15:04Ça n'existe pas.
15:05En revanche, le problème de cet espace politique
15:07très fracturé aujourd'hui,
15:09c'est qu'il n'y a pas de filtre pour avoir un candidat.
15:10Il n'y a plus les vieux partis,
15:12il n'y a plus l'UMP qui disait
15:13« Demain, s'il voulait avoir des financements et mener une campagne,
15:15il va falloir passer par le parti. »
15:17Et donc la primaire est une très mauvaise solution.
15:20Le problème pour cet espace politique,
15:21c'est qu'ils n'en ont pas vraiment d'autres.
15:23Et puis, accessoirement, Henri Vernet,
15:24vous voyez, je reviens assez vite vers vous.
15:28Si on lit votre journal Le Parisien Aujourd'hui en France ce matin,
15:31on voit que Laurent Wauquiez a donc rencontré Édouard Philippe,
15:35qui est quand même un peu l'éléphant au milieu de la pièce,
15:37qui est quand même, au niveau de la droite,
15:38l'un des plus puissants aujourd'hui,
15:41qui, Laurent Wauquiez, laisse dire
15:42« Oui, il n'est pas... il peut discuter. »
15:44Ça semble plus compliqué que ça, là encore.
15:46C'est ça, vous le dites vous-même.
15:47Il laisse dire que...
15:48C'est-à-dire que pour l'instant, on n'a pas entendu
15:49Édouard Philippe s'exprimait lui-même,
15:50et quand il s'est exprimé sur le sujet,
15:52c'est sur le thème « Non, pas de primaire. »
15:53Lui, il trace sa route.
15:54Il est comme à gauche un gluxman.
15:56Ils sont, eux, en train de faire leur chemin
15:58et surtout ne pas voler de primaire,
16:00l'un à droite et l'autre au centre,
16:02et l'autre à gauche.
16:03Donc, ils sont sur cette ligne.
16:04On verra bien si Édouard Philippe évolue.
16:06Mais c'est pareil, on voit mal Édouard Philippe
16:08rentrer, en effet, dans une primaire
16:10qui irait jusqu'à Sarah Knafo.
16:12Pour l'instant, ce n'est vraiment pas sa ligne de conduite.
16:14Donc, encore une fois, il faut vraiment voir qui.
16:17Mais une primaire, en tout cas, n'aurait pas de sens
16:19parce qu'on parlait de ce sondage tout à l'heure.
16:21Malgré tout, le seul qui sauve un peu les meubles
16:24dans le sondage d'Odoxa,
16:25même s'il était battu,
16:27c'est Édouard Philippe qui serait en quelque sorte
16:29le moins distancé par une candidature Bardella.
16:33En cas de primaire, Camille Vigogne-Lequat,
16:34imagine-t-on, si elle devait perdre cette primaire,
16:37Sarah Knafo se ranger derrière Édouard Philippe
16:39ou derrière quelqu'un de centre-droit ?
16:43Ça semble difficile, d'autant qu'on imagine
16:45que pour adhérer à une primaire commune,
16:47il faudra s'engager sur un certain nombre de valeurs importantes,
16:50une sorte de charte, à défaut d'être à partie,
16:53où on s'accorde sur 5-6 objectifs.
16:55Il y en a qui semblent plutôt évidents à droite.
16:58Effectivement, ce sont les arguments de Laurent Wauquiez
17:00de dire qu'on est tous contre moins de dettes,
17:02moins d'impôts, moins d'immigration, etc.
17:04Il y en a d'autres.
17:06Je parlais de l'Union européenne en introduction.
17:08Est-ce qu'on est souverainiste
17:09ou est-ce qu'on croit au développement d'une Europe forte ?
17:12C'est une ligne de partage majeure
17:14et de fracture au sein des candidats
17:17qu'on a tous évoqués.
17:18Moi, ça me semble assez difficile d'imaginer ça.
17:20Un tout petit dernier mot sur le sujet, Benjamin Morel.
17:22Le principal vainqueur, si ça devait exister,
17:24ce serait d'un côté Jordan Bardella
17:25et d'autre, une candidature Glucksmann.
17:27Parce que si vous avez une candidature très polarisée,
17:29les électeurs du centre, ils iront voter au centre-gauche.
17:31Si vous avez une candidature très centriste,
17:33les électeurs de Sarah Knafo,
17:34ils iront voter Jordan Bardella.
17:36Voilà, va se communiquant, comme à chaque fois.
17:37Merci à vous, Benjamin Morel.
17:39Vous êtes constitutionnaliste,
17:40professeur de droit à Paris, Panthéon, Assas.
17:43Merci, Henri Werner, rédacteur en chef adjoint
17:46aux Parisiens aujourd'hui en France.
17:47Merci, bien sûr, Camille Vigogne,
17:48grand reporter au Nouvelle Obs.
17:50Et merci à vous d'avoir suivi
17:52les informés sur France Info.
17:54Bon dimanche.
Écris le tout premier commentaire