- il y a 2 jours
Suite de notre conversation pleine d’imprévus avec le chef d’orchestre et compositeur Hugues Reiner. Sa personnalité volcanique et sa vitalité hors pair en ont séduit beaucoup, mais il leur reste à découvrir la suite de son parcours, toujours plus inattendu, jusqu’au grand concert qu’il organise le 11 décembre 2025 en l’église Saint Sulpice de Paris (20h45). Au programme, sa "Cantate Charles de Gaulle" puis ce Requiem de Mozart qui reste son monument de prédilection. Venez nombreux !
Mais à travers cette conversation se pose une grave question qui concerne tous les Français. Car, si tout peuple est formé par la conscience de ses intérêts propres, de son histoire, de sa langue, il l’est aussi, bien qu’on y songe trop peu, par sa musique. Langue, images et sons forment son imaginaire et, en retour, peuvent aussi bien le déformer quand images et sons lui sont imposés par d’autres. Nous l’éprouvons à longueur de journée en subissant d’affreuses "musake", comme dit Renaud Camus, dont les ascenseurs, les bars, restaurants, supermarchés, radios et télévisions s’acharnent à nous mettre la bouillie au fond des oreilles, c’est-à-dire de nos cerveaux - parfois concurrencées par les danseries maghrébines que des provocateurs font hurler à dessein. La guerre culturelle se fait, autant que par l’image, par la musique…
Et si les Français redécouvraient la musique française, sa tradition lointaine, sa richesse contemporaine, son immense portée spirituelle et intellectuelle ? Ceux qui ont fait la chrétienté ont su l’immense résonance dans les esprits et les cœurs du chant dit "grégorien", comme l’ont su aussi nos rois musiciens, Louis XIII et son fils Louis XIV dont on a pu dire que le long règne fut une "dictature de Lully". Nos Républiques le surent aussi : la première pourchassa la fois la musique de cour et la musique sacrée, tandis que, dès ses débuts, la IIIème République encouragea la "musique française", extraordinaire foisonnement musical dont Fauré, Ravel et Debussy ne furent que de beaux exemples parmi tant d‘autres, tout cela pour faire pièce à l’omniprésence de la musique allemande qui, après Sedan, sonna aux oreilles françaises comme une provocation. Plus tard, Malraux conçut une véritable "politique de la musique", qu’il confia à l’immense Marcel Landosky, puis Pompidou favorisa de mille façons Pierre Boulez, avant que Jack Lang n'invente la "fête de la musique" pour que toute musique dite classique fut une fois pour toute recouverte par le brouhaha des supposées "musiques du monde". Et maintenant où en sont les Français avec leur musique ?
Mais à travers cette conversation se pose une grave question qui concerne tous les Français. Car, si tout peuple est formé par la conscience de ses intérêts propres, de son histoire, de sa langue, il l’est aussi, bien qu’on y songe trop peu, par sa musique. Langue, images et sons forment son imaginaire et, en retour, peuvent aussi bien le déformer quand images et sons lui sont imposés par d’autres. Nous l’éprouvons à longueur de journée en subissant d’affreuses "musake", comme dit Renaud Camus, dont les ascenseurs, les bars, restaurants, supermarchés, radios et télévisions s’acharnent à nous mettre la bouillie au fond des oreilles, c’est-à-dire de nos cerveaux - parfois concurrencées par les danseries maghrébines que des provocateurs font hurler à dessein. La guerre culturelle se fait, autant que par l’image, par la musique…
Et si les Français redécouvraient la musique française, sa tradition lointaine, sa richesse contemporaine, son immense portée spirituelle et intellectuelle ? Ceux qui ont fait la chrétienté ont su l’immense résonance dans les esprits et les cœurs du chant dit "grégorien", comme l’ont su aussi nos rois musiciens, Louis XIII et son fils Louis XIV dont on a pu dire que le long règne fut une "dictature de Lully". Nos Républiques le surent aussi : la première pourchassa la fois la musique de cour et la musique sacrée, tandis que, dès ses débuts, la IIIème République encouragea la "musique française", extraordinaire foisonnement musical dont Fauré, Ravel et Debussy ne furent que de beaux exemples parmi tant d‘autres, tout cela pour faire pièce à l’omniprésence de la musique allemande qui, après Sedan, sonna aux oreilles françaises comme une provocation. Plus tard, Malraux conçut une véritable "politique de la musique", qu’il confia à l’immense Marcel Landosky, puis Pompidou favorisa de mille façons Pierre Boulez, avant que Jack Lang n'invente la "fête de la musique" pour que toute musique dite classique fut une fois pour toute recouverte par le brouhaha des supposées "musiques du monde". Et maintenant où en sont les Français avec leur musique ?
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Art et designTranscription
00:00Cette semaine, nous avons franchi un cap historique.
00:02Un million d'abonnés selon YouTube.
00:04Un million malgré le déréférencement,
00:07malgré les algorithmes qui nous enterrent,
00:09malgré la volonté de cette plateforme d'invisibiliser TV Liberté.
00:13Ce succès, il ne doit rien aux puissants, il vient de vous, de vous seul.
00:17Depuis 12 ans, nous avons choisi un modèle unique.
00:20Pas de publicité, pas de subvention d'État, pas d'oligarque.
00:23Cette liberté est notre marque de fabrique.
00:25Mais elle nous oblige aussi à la gestion d'un budget serré, volontairement modeste.
00:30Nous ne pouvons compter que sur nos téléspectateurs.
00:32Et c'est notre force.
00:34À TVL, nos donateurs sont nos protecteurs.
00:37Face aux insultes, aux attaques, aux censures.
00:39Jusqu'aux blocages bancaires qui nous font tant de mal.
00:42Et qui nous ont conduit à saisir la justice.
00:45Dans un monde où la servitude devient un confort moderne.
00:48Où l'on préfère obéir tranquillement, plutôt que de décider librement.
00:52TV Liberté fait exactement l'inverse.
00:54Nous choisissons la liberté, le risque, l'indépendance.
00:57Et c'est pour cela que ce modèle dérange.
00:59Certains veulent nous faire disparaître avant 2027.
01:03Alors aujourd'hui, nous vous demandons de protéger votre télévision alternative.
01:08Si vous pensez que la liberté vaut mieux qu'un abonnement premium à des robinets d'IDWalk.
01:13Si vous pensez qu'il faut contrebalancer la propagande de France Télévisions.
01:17Soutenez TVL en faisant un don défiscalisé.
01:20Maintenant, on ne se tait pas.
01:21On ne se vend pas.
01:22On informe.
01:24Alors, mes chers amis, nous avons coupé un peu brutalement.
01:38Ce n'était pas prévu initialement.
01:40La première conversation avec le chef d'orchestre, chef de chœur et compositeur Hugues Renner.
01:49Nous l'avons coupé sur une phrase que je trouve pleine de résonance.
01:55C'est bien d'avoir de l'argent à condition de le donner.
01:58C'est une phrase qui dit beaucoup de choses sur cet homme de chœur, dans les deux sens du terme,
02:04parce qu'il est chef de chœur.
02:04Mais c'est surtout un homme de chœur qui a voué sa vie, on pourrait dire, à la culture française, au fond, par la musique.
02:12Et si je suis heureux d'avoir contribué à le faire connaître, au moins des auditeurs, des téléspectateurs de TV Liberté,
02:22c'est qu'il signifie beaucoup de choses, Hugues Renner.
02:27Il signifie d'abord l'importance de la musique, l'importance du son dans l'imaginaire d'une nation.
02:38Vous savez, on dit beaucoup que le cinéma travestit l'imaginaire français, c'est vrai, mais la musique aussi.
02:47On parle d'entendement pour dire la compréhension.
02:51Il est tout à fait possible, des philosophes se sont penchés sur la question,
02:56que par le son, par la musique, donc, l'esprit était modelé.
03:02Je dis cela avec une intention très précise.
03:05Je pense que redevenir français, ce qui est, à mon avis, le grand défi qui nous est lancé,
03:15c'est bien plus important que les élections, refaire un peuple français,
03:18passe par la réappropriation de la musique française, du son français, bien entendu, de l'image.
03:25Et si Hugues Renner est aussi compositeur, c'est qu'il contribue à une œuvre mal connue,
03:32qui consiste à perpétuer la musique authentiquement française, ce qu'il va nous expliquer dans une émission.
03:38Il va nous l'expliquer en nous reparlant des concerts qu'il organise régulièrement à Saint-Sulpice.
03:43Et je fais écho à son invitation à participer à un très grand concert qui aura lieu à Saint-Sulpice.
03:50Il y a plus de 2000 places, vous savez, le nombre de places est illimité.
03:55Le prix est très réduit, 20 euros, je crois.
03:58Le 11 décembre prochain, à 20h30, il donnera une de ses œuvres, ainsi que le Requiem de Mozart.
04:06Ce sont de très belles cérémonies et je vous convie tous à ce concert,
04:12qui marquera peut-être, d'une certaine façon, c'est une des manifestations,
04:16qui marqueront le millionième abonné de TV Liberté.
04:20Car je crois, c'est l'autre chose que je voulais vous dire, je crois qu'il faut que les Français sortent,
04:25qu'ils aillent au théâtre, qu'ils aillent, bien entendu, au cinéma,
04:31surtout s'il répond à un imaginaire national.
04:35Je peux citer ce film fameux en ce moment et qui mérite de l'aide, Sacré-Cœur.
04:40Je vous rappelle aussi que nous avons donné la parole au début de cette série d'émissions
04:44qui s'appelle Les Conversations, que je vous remercie de suivre en nombre croissant,
04:48à Jean-Luc Genère, le directeur du Théâtre de l'Ouest,
04:52qui donne d'ailleurs des prix de faveur aux abonnés du Nouveau Conservateur.
04:56Dites que vous êtes un abonné du Nouveau Conservateur,
04:59vous aurez des moitiés prix, quelquefois les places tombent à 12 ou 13 euros.
05:04Sortir parce que c'est une façon de ne pas nous laisser emprisonner face à nos écrans,
05:10et à refaire une civilisation, redonner, Jean-Luc Genère redonne,
05:16c'est d'ailleurs pour ça qu'il n'y a plus aucune subvention,
05:19la parole au grand nom de l'art dramatique français,
05:24des Molières beaucoup, Monterland et bien d'autres.
05:29Écouter de la musique, aller dans les concerts, refaire vivre,
05:35parce qu'il y a eu un creux ces dernières années, la vie culturelle française.
05:41Voilà, c'est une des choses que nous disons en écoutant Hugues Renère,
05:47que nous allons retrouver à l'instant.
05:51Merci beaucoup et à bientôt.
05:53Vous savez, quand j'étais à Sarajevo pendant la guerre,
06:21j'ai accepté quelques invitations.
06:26Pourquoi ?
06:27Parce que si j'avais accepté toutes les invitations,
06:30tous les musiciens, quand ils m'invitaient,
06:33ils me donnaient toutes leurs réserves à manger dans un dîner.
06:37Et c'était affreux, parce que c'était pour eux la dignité et l'honneur.
06:41Et moi, je faisais attention, non, non, non, on prendra un café, etc.
06:44Mais j'ai appris que, et Viktor Frankl, dans ce camp de concentration,
06:50le fait de donner le peu de pain qui vous reste,
06:53va complètement changer votre métabolisme.
06:55Et la fierté d'être va augmenter votre système immunitaire.
06:58Mais c'est, je dirais...
07:00Ah oui, ça c'est une parenthèse.
07:02Nous ne faisons que des parenthèses.
07:04Vous avez un art très spécial de vous soigner, je crois.
07:07Bah écoutez, aujourd'hui c'est tellement conflictuel
07:10de parler de quoi que ce soit dans un domaine,
07:13que je dirais que...
07:14Vous le soignez par la tête.
07:15Oui, c'est ce que vous venez de dire.
07:16Il est vrai que rire, que l'enthousiasme,
07:19c'est une véritable forteresse.
07:22Un jour vous m'avez dit, mais...
07:24Mais il a une mauvaise humeur, il va tomber malade.
07:27C'est ça, moi ?
07:28Oui, vous m'avez dit, de quelqu'un,
07:30si il a une mauvaise humeur, il va tomber malade.
07:31Ah oui, c'est clair, c'est clair.
07:32Ah oui, je crois qu'il faut soigner les ronchons
07:36en les faisant rigoler.
07:38J'adore faire rire les gens.
07:41J'adore ça.
07:41C'est vraiment quelque chose...
07:43Pour moi, c'est le rire, c'est...
07:46On va dire, c'est la Kalichnikov des anges.
07:48Vous savez, on fait ah ah ah ah,
07:49pour moi c'est du rafale de gentillesse.
07:52J'adore les rafales de gentillesse.
07:54Si on pouvait...
07:56Ça soigne tout le monde.
07:57Celui qui reçoit la rafale et celui qui l'envoie.
08:00Alors des fois c'est un petit peu dangereux
08:01parce qu'il ne faut pas rire au détriment des autres,
08:03mais il faut leur permettre d'avoir du recul
08:05par rapport à leur tragédie.
08:08J'ai fait une émission dans une télévision sur KTO.
08:14Le titre s'appelait
08:15« Ma vie est une tragédie heureuse ».
08:18C'était sorti comme ça.
08:20Et c'est vrai que si vous mettez bout à bout
08:22les éléments biographiques,
08:24moi je dis, je suis presque inquiet de moi-même.
08:26Je dis, mais quelle tristesse, affreux,
08:29la pauvreté extrême de mes parents,
08:31mon frère qui est atteint de schizophrénie,
08:33qui va complètement modifier mes études de musique,
08:36mon demi-frère qui va mourir dans la rue
08:38à l'âge de 50 ans.
08:40C'est vraiment très pénible.
08:42Ma tante qui a été crucifiée, gazée, horrible dans des conditions.
08:47On ne sait pas si elle est morte dans le train dans les trois jours.
08:49Enfin, tout ça s'accumule.
08:52Le fait de vouloir être chef d'orchestre
08:54et de ne pas avoir les moyens financiers.
08:57Tout ça est objet de lamentation.
08:59Vous donnez des conseils très régulièrement.
09:01Mais oui, mais oui.
09:02Avec plus de monde que la plupart.
09:06Parce que j'ai décidé de fabriquer les miracles à la chaîne.
09:08C'est ça.
09:09Une usine à miracles.
09:10Et le miracle, c'est lutter contre tes préjugés
09:13et les anxiétés aussi.
09:15Et puis faire confiance.
09:16Là, par exemple, quand je parle devant les téléspectateurs,
09:20j'ai entièrement confiance en eux
09:22pour le concert du 11 décembre.
09:24C'est-à-dire que quand je voyais
09:26les informations diverses et variées
09:29sur l'ex-Yougoslavie,
09:33les camps,
09:34j'avais l'impression qu'on assassinait mes grands-parents
09:36et ma tante une deuxième fois.
09:38Donc la question ne se posait pas.
09:42Ce n'était pas est-ce que je vais y aller ?
09:43C'est à quel moment je vais y aller ?
09:45Et j'ai fait une approche d'une année
09:48pour savoir s'ils avaient du sens pour eux.
09:51Et la plupart des gens que j'ai vus
09:52qui passaient à Sarajevo,
09:54des humanitaires, politiques,
09:58m'ont dit
09:59si vous étiez notre fils,
10:01vous seriez totalement interdit d'y aller.
10:02Mais pour le peuple de Sarajevo,
10:04c'est la plus belle chose.
10:06J'ai posé la question
10:07est-ce qu'il y avait un chef d'orchestre sur place
10:08et m'ont dit qu'ils étaient tous partis.
10:11Est-ce qu'il y a un orchestre ?
10:13Non, les musiciens sont tous éparpillés
10:15et ils sont dans l'ombre.
10:19Dans l'ombre et la tragédie.
10:22Eh bien, à ce moment-là,
10:23j'ai dit OK, bon con, on va y aller.
10:25Et j'ai demandé à ma mère de m'aider
10:28parce que je n'étais pas très riche à cette époque-là
10:30et pour le transport, etc.
10:31Donc j'ai pu avoir une association humanitaire
10:33qui m'a fait un convoi de voitures.
10:36J'ai mis cinq jours pour y aller.
10:38Et puis, sur place.
10:41Alors ce qui est drôle, c'est que sans aucun moyen,
10:46en restant, débord, un mois,
10:48jour après jour,
10:50en ayant comme boussole la morale,
10:53c'est-à-dire qu'il faut que ça marche,
10:54amener Beethoven à Sarajevo,
10:56faire jouer par tous les musiciens
11:00la troisième symphonie héroïque de Beethoven.
11:04Et ça dépassait tout.
11:06J'avais des Serbes, des Croates...
11:07La portée de la chose.
11:09Et des Bosniaques.
11:09C'était ça, la portée de la chose.
11:10Vous avez bien fait de le dire.
11:12Et avec des tentatives de déstabilisation de l'orchestre,
11:17parce qu'il y avait des militaires
11:18qui voulaient que ce soit l'Orchestre national de Bosnie,
11:20de l'armée bosniaque,
11:22j'ai dit non.
11:23Et ils m'ont dit...
11:24Parce qu'ils étaient en uniforme.
11:26Je leur ai dit...
11:26Écoutez, il m'a dit...
11:28On n'en avons que ça.
11:29Et bien, j'ai dit...
11:29La prochaine répétition, on sera tout nu.
11:31Ce n'est pas grave.
11:31Mais on ne va pas se mettre en uniforme.
11:33Ce n'est pas l'orchestre de la Bosnie.
11:35Et alors, ils ont voulu partir.
11:36Et puis, tout d'un coup,
11:37il y a une dame dans l'orchestre,
11:39très timide, au troisième rang,
11:41qui leur a parlé dans un sabir.
11:43Je n'ai rien compris, mais ça en hurlant.
11:45Et c'était une dame...
11:46Elle avait à peu près 70 ans.
11:49Et les autres,
11:50qui étaient militaires, 40 ans,
11:52ont bien remonté avec du...
11:55Et ils se sont rassis.
11:56Ils se sont engueulés par maman.
11:58Par maman.
12:00Ouh là !
12:00Et ils disaient que moi,
12:01je suis resté comme ça, tranquille.
12:02Et c'était dangereux.
12:03À une époque, je disais aussi,
12:05pendant les répétitions,
12:06« Ah, vous savez,
12:07j'ai été il y a deux mois à Belgrade. »
12:10Et c'est une erreur.
12:12Et j'ai vu quelqu'un me dire,
12:13« Toi, ce soir, tu ne seras pas en vie. »
12:15Et après, j'expliquais,
12:16« Non, j'étais pas vraiment à Belgrade. »
12:18Alors, j'expliquais,
12:19« Je n'étais pas vraiment à Belgrade. »
12:20« En fait, je suis venu sans vraiment venir. »
12:23« En fait, je me suis trompé de ville. »
12:26« Pas très rigolo. »
12:27Et donc, il s'est un peu calmé.
12:28Et je faisais un peu l'idiot.
12:31Et il me s'est passé.
12:31Vous passez entre toutes les gouttes.
12:33C'est bien.
12:33Il vaut mieux.
12:34Et les balles.
12:35Oui.
12:36Pourquoi ça arrive-o ?
12:37Pour l'honneur de mes grands-parents.
12:40C'est ce moment-là que vous avez été aidé
12:42par Rémi Broman, non ?
12:44Non, mais oui.
12:44Rémi Broman m'a dit,
12:46« Je ne sais pas pourquoi,
12:47tu n'y es pas encore. »
12:49Donc, j'ai compris.
12:49Il me connaissait bien.
12:50Il fallait y aller.
12:51Voilà.
12:52Jusqu'à l'époque,
12:53j'avais fait un concert
12:54pour Médecins sans frontières
12:55la salle Playel
12:55quand j'avais 24 ans.
12:59Mais comment on fait ?
13:00C'est-à-dire qu'on loue
13:01la salle Playel
13:02et on fait un concert ?
13:02Comment on fait ?
13:03Je me suis débrouillé
13:04pour avoir des mécènes.
13:05Vous avez bien des financements
13:07publics quand même.
13:08Non, non, public.
13:09Jamais publics.
13:09Sauf le président du Sénat,
13:11Christian Poncelet,
13:12qui pendant trois ans
13:13m'a donné une mission
13:14de service.
13:16Le ministère de la Culture
13:17Niente ?
13:18Non, non, non.
13:19Je ne suis pas très bon
13:20dans ce sujet
13:21parce que d'autres
13:23sont bien meilleurs.
13:24Il y en a qui sont excellents,
13:25vous savez.
13:25Comment ?
13:26Il y en a qui sont excellents.
13:26Oui, tant mieux pour vous.
13:27Ils font l'inverse,
13:28ils chopent des subventions
13:28puis ils ne foutent plus rien.
13:29Oh, non, ne dites pas ça.
13:30Oh, non, ne dites pas ça.
13:32Vous croyez que je ne connais pas.
13:33Enfin, dites ce que vous voulez.
13:34Je connais la musique, mon cher.
13:35Excusez-moi.
13:35Pas celle-ci,
13:36pas la même musique.
13:38Je reformule ma phrase.
13:41Je sais de quoi je parle.
13:42Vous êtes sur TV Liberté,
13:43vous avez la liberté
13:44de dire ce que vous dites.
13:45Il n'y a que des libertés.
13:46Mais permettez-moi
13:47de dire que ce n'est pas
13:48ce que je dis.
13:49Très bien, très bien, très bien.
13:50Alors, et Yodi Menuhin,
13:53vous le rencontrez à ce moment-là, non ?
13:54Mon Dieu, vous connaissez tout.
13:56Yodi Menuhin,
13:58c'est-à-dire qu'en fait,
13:58il me fait demander
14:00entre deux séjours à Sarajevo,
14:03le terme est tellement inadéquat,
14:05entre deux missions,
14:07on va dire mission,
14:08même ça, c'est tellement orgueilleux,
14:10deux obligations de mission impérieuses
14:13parce que j'ai fait trois séjours là-bas
14:16pendant la guerre
14:16et Yodi Menuhin,
14:18un jour, j'ai un téléphone chez moi,
14:20bonjour,
14:21entre deux voyages,
14:22donc il me dit,
14:23monsieur Yodi Menuhin,
14:24je cherche à vous joindre.
14:26C'est quand même quelque chose,
14:27c'est pas tous les jours
14:28qu'on a ce téléphone.
14:30Et je dis,
14:31ben oui, très volontiers,
14:32le rendez-vous est prévu
14:33la semaine prochaine à telle heure.
14:36J'appelle
14:36et je vois effectivement
14:37dans un français impeccable
14:39l'immense d'Yodi Menuhin
14:41me parler
14:42et me dire que des choses aimables
14:44pendant au moins une demi-heure.
14:46C'est pour quelqu'un
14:48qui est,
14:49on va dire,
14:49un enfant de la balle
14:50ou un enfant de la rue musicale.
14:52C'est impressionnant.
14:53C'était quelque chose d'incroyable.
14:54Vous avez très bien dirigé
14:56la troisième symphonie
14:56de Beethoven.
14:59C'est magnifique.
15:00Comment faire
15:01pour avoir
15:01quelques musiciens
15:02pour mon festival
15:05à Ackstade ?
15:07Eux,
15:08je ne sais plus.
15:10Enfin,
15:10en tout cas,
15:11peu importe,
15:11c'est le festival
15:12qui est dirigé.
15:14Et moi,
15:14je lui expliquais
15:15que le pays était en guerre
15:17et il y avait un blocus.
15:19Ce qui n'est pas le cas
15:19de toutes les guerres.
15:20Mais là,
15:21en l'occurrence,
15:21on ne peut pas sortir.
15:22On ne peut pas passer.
15:23C'est d'ailleurs
15:24très difficile d'y rentrer.
15:25Et les musiciens,
15:26quand je suis rentré
15:27la première fois,
15:27en me disant,
15:27c'est bizarre,
15:28tout Sarajevo veut partir
15:29et serait prêt à se donner,
15:31vendre tout,
15:33prendre des risques,
15:33à mourir pour partir.
15:35Et moi,
15:35j'ai tout fait pour rentrer.
15:37Donc,
15:37déjà,
15:37ils me prenaient
15:37pour un extraterrestre.
15:39Ce qui est peut-être possible
15:39un petit peu.
15:40Quand on est catholique,
15:41on est toujours
15:41un peu extraterrestre.
15:42Donc,
15:43il faut assumer
15:43le devoir chrétien.
15:45Quand on est catholique,
15:46on est toujours
15:46un peu extraterrestre.
15:47Tout à fait.
15:49Formidable.
15:49C'est-à-dire qu'en fait,
15:50tout est révolution.
15:52C'est-à-dire,
15:53au moment où on va dire
15:54non à quelqu'un,
15:55on va dire quand même oui.
15:56Au moment où on va
15:57refuser un combat,
15:59on va l'accepter.
16:00Au moment où on doit
16:02perdre du temps
16:02pour parler avec quelqu'un
16:03d'insignifiant,
16:04on va perdre du temps
16:05et on va se rendre compte
16:06que le temps,
16:07on l'a gagné en fait.
16:07C'est au moment
16:08de parler de l'ONU.
16:09Oula !
16:09Parce que...
16:10Sujet.
16:11Ça, vous faites le travail
16:11de l'ONU, là.
16:12À vous tout seul.
16:13Vous êtes l'ONU.
16:14Ne me flattez pas.
16:15Vous savez,
16:16un chef d'orchestre
16:16c'est déjà un peu narcissique.
16:17Je ne sais pas.
16:18Je suis en thérapie.
16:19En thérapie de modestie
16:20avec la chrétienté.
16:21Là, vous me ramenez
16:22dans...
16:23Je vais me faire changer
16:24l'ONU.
16:24Mais c'est quoi
16:25cette tentation diabolique ?
16:26Écoutez,
16:27elle est diabolique
16:28et c'est une tentation,
16:29vous l'avez bel et bien.
16:30Puisque j'ai entre...
16:32Mon Dieu !
16:32Ne me la faites pas.
16:33Oh non,
16:34je vous en prie.
16:35Pourquoi vous êtes procuré
16:35ce manifeste ?
16:37Mais pour en faire la publicité.
16:39N'en faites pas.
16:39C'est interdit.
16:40Non, c'est interdit.
16:41Ah !
16:42Encore, encore, encore
16:43des interdits dans une pipe.
16:45On peut dire
16:45que vous vous intéressez
16:46beaucoup à l'ONU,
16:47la paix,
16:48au mouvement pour la paix.
16:49Oui, c'est surtout ça.
16:50D'ailleurs...
16:50Je m'intéresse
16:51à l'idéal onusien
16:52et sans édulcorer
16:54l'héritage que j'ai accepté,
16:56celui de mes grands-parents
16:57et de ma tante.
16:58Pourquoi ils ont été massacrés ?
17:00Voilà la question.
17:01Pourquoi ils ont été massacrés ?
17:03Et pourquoi on continue
17:04à massacrer ?
17:05Et pourquoi,
17:06depuis la Seconde Guerre mondiale,
17:07il y a eu plus de 170 millions
17:09de morts,
17:09des guerres ?
17:10Pourquoi il y a
17:10des centaines de conflits
17:11et pourquoi on n'en parle
17:14que des uns
17:14et pourquoi c'est...
17:15En plus, il y a des conflits.
17:16En plus, les commentateurs
17:18créent le conflit
17:19en mal nommant les choses.
17:22Pour dire,
17:23selon Albert Camus,
17:24mal nommé les choses...
17:25Mal nommé les choses,
17:26c'est ajouté aux valeurs du monde.
17:28Exactement.
17:28Alors, moi,
17:29je suis un fils d'écrivain,
17:30mais je suis musicien avant tout.
17:32Et je n'ai pas envie
17:33de prendre en otage
17:34le public en disant
17:35voilà, je pense ci,
17:36je pense ça, etc.
17:37Moi, je dis simplement
17:38que le hasard des rencontres
17:40a fait que j'ai rencontré
17:42Maurice Bertrand.
17:44Et vous savez,
17:45les signes,
17:45je vous parlais tout à l'heure,
17:46les signes divins.
17:47Grand onusien.
17:48Oui.
17:49Amélie de Trosgali.
17:50Oui, qui a été le président
17:52du corps commun d'inspection
17:54de l'ONU,
17:55donc pendant 18 ans.
17:56Et les signes du destin
18:01sont absolument incroyables.
18:02Une chance sur 7 milliards de personnes.
18:08Cette personne que je voulais rencontrer
18:09parce qu'il allait me permettre
18:10sans doute de répondre
18:13à la promesse que j'ai faite
18:16à ma tante sur le toit
18:18d'un four crématoire Auschwitz
18:20en 1992,
18:21après avoir dirigé
18:22la neuvième symphonie,
18:25la sixième symphonie
18:26de Gustav Mahler
18:26à Katowice,
18:28en Pologne,
18:28à 40 kilomètres d'Auschwitz.
18:30Après une répétition,
18:31je fonce à Auschwitz
18:32pour rencontrer
18:33mes grands-parents
18:34et ma tante.
18:34Et je leur ai fait
18:35la promesse impérieuse
18:36au nom de mon père
18:37que j'allais contribuer
18:39modestement,
18:40mais ne faisons pas peur
18:41de mauvaise modestie,
18:44de fausse et mauvaise.
18:45Il y a la bonne modestie,
18:47mais aussi la mauvaise.
18:48La mauvaise modestie,
18:49c'est celle qui fait
18:50qu'on inhibe toute action
18:51au nom d'un orgueil
18:53bien dissimulé
18:54et aussi un esprit
18:56craintif et anxieux.
18:57Ce n'est pas mon cas.
18:59Donc, j'ai fait cette promesse
19:00que je voulais contribuer
19:02au plus jamais ça.
19:04Contribuer,
19:04mais pas dans un délire paranoïaque
19:07de fonder la gouvernance mondiale
19:09comme ça.
19:10Non, ce n'est pas du tout.
19:11Simplement analyser
19:12comme un musicien curieux.
19:14Vous savez qu'un musicien,
19:15c'est quelqu'un
19:16qui va prospecter chaque mesure
19:18en disant ça sert à quoi
19:19ou où ça va.
19:21Il est dans la logique du sens.
19:24Et moi, ce qui m'intéressait,
19:25c'est en quoi la mort de ma tante
19:26à l'âge de 15 ans
19:27m'interpelle au présent
19:30et à un présent éternel.
19:33Je ne refuse pas le dialogue
19:34avec elle au présent.
19:35Je ne refuse pas.
19:36C'est quelque chose.
19:39Et avec vos grands-parents.
19:40Bien entendu.
19:41Mais cette tante de 15 ans
19:43s'était convertie au catholicisme
19:44avant d'être déportée
19:45pour le judaïsme.
19:46Donc, c'est quelque chose
19:47qui m'interpelle quelque part.
19:49Vous voyez ce que je veux dire ?
19:50Et je me sens plutôt
19:52un petit peu comme frère et sœur
19:53parce qu'elle avait 15 ans
19:55quand elle s'arrêtait de vivre
19:56à cause de l'inertie du monde
20:01face aux guerres.
20:03L'inertie du mal.
20:04Oui, l'inertie.
20:05Je ne sais même pas si c'est du mal.
20:06C'est l'inertie.
20:07Parce que les gens
20:08qui ne s'intéressent pas à la guerre
20:09ne cherchent pas le mal des autres.
20:10Ils sont simplement, je dirais,
20:12inhibés du sujet.
20:14Donc, c'est vrai que j'ai étudié
20:18corps et âme le sujet
20:20et voilà le divin
20:22qui fait en sorte que
20:24Maurice Bertrand,
20:26qui allait sans doute
20:27me permettre de tenir ma promesse,
20:28donc pour moi,
20:28c'est le rédempteur,
20:30c'est la personne
20:31qui...
20:31Encore par hasard.
20:32Non, mais pas du tout.
20:33Il habitait dans mon immeuble.
20:35Oui, c'est ça.
20:35Vous entendez ça ?
20:36C'est ça.
20:37L'hasard formidable.
20:38Ah, mais le hasard
20:39ou Dieu qui se planque.
20:40La nécessité.
20:42Non, mais incroyable.
20:43Et c'est tout le temps comme ça.
20:44Tout le temps comme ça.
20:45Pourquoi je ne suis pas mort
20:46avec un sniper
20:47qui faisait très bien son boulot,
20:49qui vise très bien
20:50une arme de bonne...
20:51Mon cher, vous êtes dans la main de l'ange.
20:53Ben, je ne sais pas,
20:54mais quelque part,
20:54on finit par le...
20:55Vraiment, non seulement le croire,
20:56mais oser le dire.
20:58Je le fais ici.
21:00Alors, Maurice Bertrand,
21:01voisin...
21:02Oui, voisin.
21:03Et il va me rencontrer.
21:04Il va accepter de me rencontrer.
21:06Il n'a pas peur
21:07de rencontrer un saltimbanque.
21:08Il y a quand même un projet
21:09que vous avez derrière la tête.
21:11Il va falloir le pousser un peu.
21:14SDN, ONU...
21:16Il faut faire encore mieux.
21:17Créer une autre organisation internationale.
21:20Imposer la paix.
21:21Créer une armée internationale
21:23qui impose la paix.
21:24Oui.
21:25On n'en dit pas plus.
21:26Si, non, c'est-à-dire qu'en fait...
21:28Fais c'est l'eau à la bouche.
21:29Oui, non, oui.
21:29Je signale que Boutros Boutros-Galli,
21:31dans son agenda pour la paix de 92,
21:35que je connais bien,
21:40j'avais quelques raisons de bien le connaître,
21:42propose ce genre de choses.
21:44Mais bien sûr.
21:45A proposer ce genre de choses.
21:45Je sais, je l'ai rencontré.
21:46Le conseil de sécurité.
21:47Je l'ai rencontré, Boutros Boutros-Galli,
21:49et il m'avait beaucoup...
21:49En 92.
21:51Inspiré et encouragé, pour tout vous dire.
21:53Mais bien sûr.
21:54Voilà.
21:54Mais je ne veux pas montrer quelque chose
21:57à la face du public comme ça.
21:58On ne le montre pas.
21:59Au jugement.
22:00On ne le montre pas.
22:01Non, parce que ça ne crée que des confusions.
22:04Mais on en reparlera un jour.
22:06Ah...
22:06Vous voulez bien ?
22:07Oui.
22:08Laissez-moi réfléchir.
22:09Oui, mais dans 10 ans, si vous voulez.
22:10Comme comme on est filmé,
22:12après vous allez me montrer la vidéo,
22:13vous voyez, vous avez dit...
22:15Oui, vous savez quoi ?
22:16Avec simplement le petit bémol en musique,
22:20en mineur,
22:21c'est que ça ne se crope jamais
22:22sur un mode conflictuel.
22:24parce qu'on ne peut pas s'occuper de la paix
22:27avec du conflit, par en soi.
22:28Et je n'ai pas envie...
22:29Et ce n'est pas une posture anti-ONU.
22:31Loin s'en faut.
22:32C'est l'idéal onusien.
22:34Et c'est une institution
22:35qui a simplement besoin d'évoluer
22:38comme tout groupe humain,
22:39comme toute organisation,
22:41qu'elle soit familiale, politique,
22:45idéologique ou une religion.
22:48L'évolution fait partie des choses.
22:49Et je ne vois pas pourquoi
22:50l'ONU ne ferait pas partie.
22:51L'ONU, c'est plus efficace que la SDN.
22:53Donc la troisième organisation internationale
22:55sera encore plus efficace
22:57que la seconde,
22:58c'est-à-dire la deuxième qui est l'ONU.
23:00Vous imaginez le consensus
23:01qu'il faudrait pour cela ?
23:03C'est votre rêve, ça.
23:05Oui.
23:06Le rêve, c'est simplement...
23:08C'est un serment que vous avez fait
23:09à vos grands-parents et à votre tante.
23:11C'est vraiment ça, la boussole.
23:13Et personne n'est illégitime
23:15pour s'intéresser au sujet,
23:17même si ça nous dépasse complètement.
23:18Comment avez-vous fait, par exemple,
23:20en 2015, ça m'a subjugué aussi,
23:24déchiré par les trois attentats ?
23:28Il n'y a pas eu trois ou quatre
23:30ou cinq attentats en quelques jours.
23:34La France a été bouleversée.
23:36Il n'y a pas eu simplement le Bataclan.
23:37Il y a eu d'autres événements
23:40qui ont...
23:41Oui, bouleversé les cœurs.
23:44Oui, oui.
23:45Et là, vous n'êtes pas resté sur votre chaise ?
23:47Comment ça s'est passé ?
23:50Racontez-moi.
23:51On va voir des images de Saint-Sulpice
23:54que vous arrivez à remplir,
23:55non seulement quant au public,
23:58mais aussi quant au chœur.
24:00Vous étiez combien ?
24:01500 ? 600 ?
24:02En trois jours.
24:03Entre les musiciens et le chœur,
24:05il y a 600 personnes ?
24:06Oui, c'est ça.
24:08On est 500 choristes et instrumentistes
24:10en trois jours,
24:11et on a plus de 2000 personnes
24:13dans le public.
24:15C'est bouleversant.
24:17Et c'est du silence.
24:18C'est de l'émotion,
24:20c'est surtout de la prière pour moi.
24:22Enfin, c'est une prière en musique
24:24et on va jouer, évidemment,
24:26le Réquiem de Mozart.
24:27Donc, chaque fois que je vais diriger
24:28le Réquiem de Mozart,
24:29c'est l'hommage...
24:34Vous l'avez dans la peau,
24:34le Réquiem de Mozart.
24:35Oui, oui, oui, oui.
24:36Je l'ai vu diriger par vous
24:37il y a quelques semaines.
24:40À la fin,
24:43c'est une habitude que vous avez,
24:44je crois, je ne sais pas où vous le faites,
24:46ça dépend si vous le sentez ou pas,
24:47vous imposez un long silence.
24:50J'ai rarement vu ça.
24:51La dernière note,
24:53tout le monde a envie d'applaudir,
24:54tout le monde se retient,
24:56et le temps passe.
24:57Vous êtes raide comme un nid
24:59au pupitre
25:00et cet immense édifice
25:03resplendit de silence.
25:05C'est la minute de silence, en fait,
25:09que je mets à l'intérieur de la musique.
25:10Pour moi, la musique,
25:11ce n'est pas une distraction,
25:12c'est une cérémonie.
25:14Ce n'est pas un concert.
25:15C'est une cérémonie, oui.
25:15Ce n'est pas un concert.
25:16Je ne fais pas de concert, moi.
25:18Je suis le chef d'orchestre
25:19qui ne donne pas de concert.
25:20Je fais des cérémonies.
25:22Des cérémonies dans lesquelles,
25:23humblement,
25:25je contribue à la concorde,
25:28à l'harmonie,
25:29à l'harmonisation.
25:30C'est ce que je voulais faire
25:31avec l'Opus,
25:32Organisation des Peuples Unis et Solidaires.
25:34C'est l'harmonisation...
25:35Ah, c'est vous qui en parle, non ?
25:36Oui, comme quoi, vous voyez,
25:37c'est l'harmonisation des souverainetés,
25:40l'harmonisation des êtres humains.
25:43Fille harmonique, c'est aimer l'harmonie.
25:45Donc, voilà.
25:46Tout ça me parle.
25:47Et donc, c'est une vocation.
25:49Moi, j'aime être un moine musicien.
25:52Vous voyez,
25:53il y a des moines soldats,
25:54moi, je suis un moine soldat de la paix.
25:56En trois jours,
25:56vous faites un ramdam pas possible
25:59et vous organisez ce concert.
26:00Alors, autour des requièmes de Mozart,
26:02vous aimez beaucoup les requièmes.
26:04Je vous ai entendu diriger le Verdi.
26:06Oui, parce que...
26:07Du Ruflet aussi, qui est magnifique.
26:08Oh, magnifique.
26:09Parce que le texte,
26:11qui est un texte du XIe siècle,
26:13reflète tellement l'ensemble
26:17de ce que nous traversons ici-bas.
26:21Vous parlez du Mozart.
26:23Non, je parlais de tous les requièmes en général.
26:25Les compositeurs ont écrit leur meilleure musique,
26:27c'était les requièmes.
26:28Vous avez Britton, c'est hallucinant.
26:30Le requième d'ailleurs de la guerre,
26:31le requième de Forêt,
26:33le requième de Verdi,
26:34où je dirigeais récemment.
26:36C'est quelque chose de très important
26:37parce que là où les compositeurs
26:40vont écrire de l'opéra,
26:41là, quand ils sont dans l'oratorio,
26:43le requième,
26:43là, ils parlent d'eux-mêmes.
26:45Ils parlent de leur présence sur Terre,
26:47du sens de la vie,
26:49apprivoiser la mort,
26:52c'est respecter l'entièreté de la vie
26:55et vivre bien aujourd'hui
26:58dans la joie qu'on se doit
27:00de donner aux autres,
27:02c'est assumer sa propre mort
27:04comme un passage,
27:06non pas tragique,
27:08mais merveilleux à la fois
27:09pour ceux qui restent
27:10parce que vous leur légez
27:11quelque chose de profond.
27:12Et c'est pour ça que je fais
27:13de la composition d'ailleurs.
27:14C'est pour continuer à diriger
27:15mes chars-choristes
27:16trois siècles après ma mort.
27:18C'est-à-dire continuer à les aimer.
27:20C'est ma façon à moi d'aimer au-delà.
27:23Et la mort,
27:23c'est quelque chose de profond
27:25parce qu'elle incarne,
27:27à mon avis,
27:28la fierté profonde de la vie
27:30et transcender tous les cauchemars,
27:32toutes les angoisses
27:33non-briliesques,
27:34sa propre vision
27:36confortable des choses.
27:39Et je pense que c'est ça.
27:41D'où les requiem,
27:43Berlioz, etc.
27:44Et c'est très important.
27:46Et pour moi,
27:46c'est vrai que le requiem de Mozart,
27:47on peut dire,
27:48alors oui,
27:49ça amène du public,
27:50c'est rationalisé,
27:51je déteste ça.
27:52C'est banalisé.
27:53Au fond,
27:53c'est un chef-d'oeuvre
27:54plébiscité par les gens.
27:56Vous le chantez vous-même.
27:57Alors, vous avez,
27:58je ne sais pas combien
27:58de choristes
27:59qui sont des amateurs
28:00de très grande qualité.
28:01Ils sont amateurs,
28:02mais vraiment
28:03des quasi-professionnels.
28:05Non, des bons amateurs.
28:06Je veux dire, oui,
28:07je ne vais pas dire non
28:07parce que je vais me faire engueuler.
28:09Oui.
28:10Ils sont bénévoles,
28:10d'ailleurs, je pense.
28:11Oui, heureusement.
28:13Combien sont-ils ?
28:14Quelques fois,
28:15deux, trois cents.
28:15Quand ils sont très bien,
28:16je dis, vous êtes bénévole.
28:17Alors là,
28:18c'est tellement bien ce que vous faites.
28:19Je vous augmente tous.
28:21On parle du bénévole.
28:22On peut,
28:23quand on maîtrise le chant,
28:25on peut s'inscrire,
28:26on peut essayer
28:26d'être choriste.
28:28Si des auditeurs
28:29sont chanteurs,
28:29il y a une...
28:30Il faut regarder votre site.
28:31Sur Internet,
28:31il faut regarder la foison de...
28:35J'ai bien fait chanter des banquiers.
28:36Moi, j'ai passé ma vie
28:37dans les entreprises
28:37à faire chanter
28:38dans les entreprises
28:39des banquiers.
28:40Alors, on dit souvent,
28:41c'est normal,
28:41ils ont du coffre,
28:42mais là,
28:43pour chanter avec une grande voix,
28:45il faut que le coffre soit vide
28:46pour que ça résonne bien.
28:47Vous aussi,
28:47vous avez du coffre ?
28:49Mais c'est vrai,
28:49j'ai fait des études de chant
28:50très sérieuses.
28:50Vous avez un peu de...
28:52Vous ne pouvez pas
28:52me chanter un petit morceau de...
28:53Je vous s'en prie.
28:54Vous savez,
28:55je suis un chef d'orchestre,
28:55on n'obéit qu'à Dieu.
28:56Libérame domine
29:03de morte éterna
29:09Indie illa tremenda
29:14Indie illa...
29:18Etc, etc.
29:2011 décembre.
29:2111 décembre,
29:22mais ça sera à l'arrivée de Moussard,
29:23là, c'était foré.
29:2411 décembre,
29:24avec ma cantate Charles de Gaulle.
29:27Et je pense que vos auditeurs,
29:28vos téléspectateurs,
29:30très beaux...
29:31Vraiment,
29:32je pense qu'on va être
29:33particulièrement attachés
29:34au fait d'entendre chanter
29:36à tout l'orchestre,
29:39tout le cœur,
29:39« Vive la France ! »
29:40et un hommage au fusillé
29:42montrant à quel point
29:43notre société
29:44a cette capacité de résilience.
29:47Quand vous chantiez à l'instant
29:48« Forêt »
29:51avec cette espèce
29:52de douceur
29:55que l'on entend,
29:56il a appelé ce récouillème,
29:57d'ailleurs,
29:58non pas un récouillème,
29:59une berceuse.
29:59Mais une berceuse.
30:03Ça ne...
30:03Je ne peux pas m'empêcher
30:05d'y voir la marque
30:06d'un pays,
30:08et elle est dans la musique,
30:10qui dédramatise,
30:12qui dépasse la mort
30:14et qui dépasse l'angoisse.
30:16Et dans la musique française
30:18qui suit,
30:18celle de Bussi,
30:20celle de...
30:21Vous l'avez cité à l'instant,
30:23de...
30:24Du Révelet,
30:25Berlioz.
30:26De...
30:27Ravel.
30:28Ravel, oui.
30:29D'ailleurs, vous avez un style,
30:30on va en venir à vos compositions,
30:32il y a des moments
30:32où on sent du Ravel derrière vous.
30:35Ben oui,
30:36Fiu,
30:37vous nous avez joué
30:38un morceau de vous.
30:39Un gros santo pour flûte.
30:40Ah, ça, c'est...
30:42C'était...
30:43C'était divin.
30:43J'ai jamais été aussi fier de moi.
30:45Alors, pardon,
30:46je m'enfonce,
30:47mais je m'en fiche,
30:48c'était terriblement français.
30:50Mais oui !
30:51Mais oui !
30:51Par une espèce de douceur
30:53qui est un peu dit-on
30:55dans notre langue
30:56et qui est aussi
30:57dans notre manière
30:58de voir la vie.
30:59Vous savez,
31:00Robert de Flerce disait
31:01qu'il fallait arrêter
31:01le cinéma américain
31:02parce qu'il introduisait
31:03la violence
31:04dans une civilisation
31:05qui avait dépassé
31:07la violence
31:07qu'il voulait être
31:08la civilisation française.
31:10Donc, la musique,
31:11elle a aussi
31:12un air du temps
31:13et elle a aussi
31:14une géographie.
31:15Indéniable, indéniable.
31:16Désolé.
31:17Je suis d'accord.
31:17Ah, quelle victoire !
31:19Bon, et je vous dis ça
31:22parce que je souffre,
31:23moi, beaucoup,
31:24et vous aussi,
31:25de ce que Paris,
31:27la France,
31:29soient pleines
31:30de compositeurs
31:31que l'on n'écoute pas
31:34ou très peu.
31:35C'est une chance
31:36pour ceux
31:36qui vont découvrir
31:37parce que...
31:39Vous prenez France Musique,
31:40pardon de citer France Musique,
31:41qu'ils ne font pas
31:42de promotion
31:43de la musique française.
31:44Si.
31:46Oui.
31:47Si.
31:48Un peu, c'est vrai.
31:50Mais c'est toujours
31:51un peu...
31:52Si.
31:54Boulez.
31:55Mais oui, alors, oui.
31:58Non, mais attendez.
31:59Mais je veux dire,
31:59par exemple,
32:00Laurent Petit-Girard,
32:01c'est un compositeur
32:03presque contemporain.
32:05Il est mort, je crois.
32:07Mais récemment,
32:08je ne suis pas sûr.
32:08Il a été,
32:09pardon pour lui,
32:11il a été, je crois,
32:13très honoré.
32:14Il a été
32:15un des directeurs
32:17de l'Institut.
32:17Bien entendu.
32:18Mais on ne joue pas
32:19sa musique.
32:20Très peu.
32:21C'est dans le générique
32:22de Maigret.
32:23Mais enfin,
32:23c'est un peu,
32:24c'est une déclinaison.
32:25Oui, c'est-à-dire que...
32:27Il y a plein de compositeurs
32:28qui ne sont pas...
32:29qu'on n'entend pas assez.
32:32Oui, c'est-à-dire qu'en fait...
32:33La musique française,
32:34c'est le père.
32:34Il y a les premières mondiales
32:36et il y a très rarement
32:37des deuxièmes
32:38ou des troisièmes.
32:38Eh bien, c'est ce que je dis.
32:39Eh oui, alors...
32:40Mais oui,
32:40on est en pleinement d'accord.
32:43La question,
32:44c'est enseigner aux jeunes
32:48le goût de la curiosité.
32:51D'aller au...
32:52De l'oreille.
32:53Oui, de la curiosité
32:53de tout en général
32:54parce que c'est très compliqué.
32:57Mais nos oreilles sont paresseuses.
32:58On entend toujours.
32:59Oui, mais aussi
33:00les livres aussi,
33:01la lecture.
33:03Il ne faut pas prendre
33:04les choses, à mon avis,
33:05d'une manière,
33:07pour le coup,
33:09tragique,
33:10mais persévérer
33:11dans son art.
33:13Bon, ben voilà.
33:14Au lieu d'être
33:15un compositeur méconnu,
33:16j'organise mes concerts
33:17et je joue ma musique.
33:18Et comme ça,
33:19c'est terminé,
33:19c'est payé.
33:20Et vous l'enregistrez aussi.
33:22Oui, oui.
33:23Et je vais envoyer
33:24la musique
33:25à des solistes.
33:27Je vous donne un exemple.
33:28Le 13 mars prochain,
33:30sera créé
33:31mon concerto
33:32pour violon.
33:33Et j'ai renvoyé...
33:35À Saint-Sulpice, toujours.
33:36Oui, à Saint-Sulpice.
33:36J'ai renvoyé la partition,
33:38mais en culot total,
33:40à Kevin Zuh,
33:41qui est un des meilleurs
33:42violonistes du monde.
33:42Premier prix du concours
33:44Paganini
33:45et le quatrième prix
33:47du concours Enelzabeth.
33:48Quand on est quatrième prix,
33:49c'est qu'on est déjà
33:50un des meilleurs violonistes
33:50du monde.
33:51Et là,
33:53il vient de m'envoyer
33:54une vidéo
33:55où je joue
33:55les extraits de mon concerto.
33:56C'est inimaginable.
34:00Alors,
34:01au lieu de pleurnicher,
34:02on ne s'occupe pas de moi,
34:04je n'ai pas les suivants
34:05sur le ministère,
34:06je vais
34:07organiser les concerts,
34:09venir vous voir,
34:10demander aux auditeurs
34:11de venir.
34:12Ce n'est pas l'argent public,
34:13c'est l'argent du public
34:14qui vient,
34:16pas contraint et forcé.
34:17Belle formule.
34:19Voilà,
34:19l'argent du public,
34:20c'est beaucoup mieux
34:21que l'argent public
34:21parce que
34:22tout le monde est tout courant,
34:24il y a un concert
34:24et je paye tout
34:25avec
34:26la recette.
34:27Alors,
34:28s'il y a des mécènes
34:28parmi vous,
34:29je serais tellement heureux
34:30de les accueillir.
34:31Il y en a un TVL.
34:32Non mais sincèrement
34:32qui nous contactent
34:34parce que moi,
34:35ce n'est pas un chèque
34:36que j'ai besoin.
34:37Il faut regarder votre site.
34:38Oui, oui,
34:39ce n'est pas un chèque
34:39dont j'ai besoin,
34:40c'est de l'intelligence
34:41des autres
34:42pour m'aider
34:43à façonner les projets.
34:44Donc,
34:45c'est-à-dire que
34:45j'apporte évidemment,
34:47vous avez tellement bien
34:48parlé si gentiment de moi,
34:50je ne sais pas
34:50si j'en suis digne,
34:51de l'énergie,
34:52d'être sous les mains
34:54de l'ange,
34:56tout ça est fort sympathique.
34:59Mais au fond,
35:01derrière tous les mots
35:01que j'ai dit tout à l'heure,
35:02si on peut comprendre
35:03que c'est une main tendue
35:04vers d'autres
35:05qui cherchent une main tendue
35:06pour essayer de faire en sorte
35:07que la France
35:08soit effectivement
35:09le pays
35:10que nous voulons
35:12retrouver.
35:16Et qui a besoin
35:19d'un son.
35:19Le pays de nos rêves.
35:21Qui a besoin d'une musique.
35:22Bien sûr,
35:22bien sûr,
35:23d'accompagnement.
35:24Le pays de nos rêves
35:24a existé.
35:26Alors,
35:26évidemment,
35:27je dis que la musique
35:28est au carrefour,
35:29peut rassembler les gens,
35:31peut apporter
35:32de l'émotion
35:33et de l'énergie surtout.
35:34En fait,
35:35l'énergie,
35:35je vous coupe,
35:36il y a quelque chose
35:36d'extraordinaire.
35:37C'est un peu ce que vous nous dites
35:38avec une pudeur extraordinaire.
35:41Il faut faire rentrer l'argent
35:42pour faire tout ça.
35:44Mais c'est pour ça que j'ai...
35:45Et vous y veillez.
35:45Il y a quelque chose
35:46qui m'a frappé.
35:46Je me suis senti un peu bête
35:47devant vous à un moment.
35:49Ah bon ?
35:49Vous ne vous êtes pas rendu compte.
35:51Après votre Verdi magnifique.
35:53Oui.
35:54Très bien magnifique.
35:54Alors là,
35:55le silence a duré longtemps.
35:56La dernière note était passée.
35:58Au moins deux minutes plus tard,
36:00on entendait voler une mouche.
36:01Il n'y avait pas de mouche.
36:02Oui,
36:02trois minutes après le recueil de l'univers.
36:04C'est-à-dire
36:04qu'on avait tous envie d'applaudir.
36:07Personne ne le faisait.
36:08On était pétrifiés.
36:09Tout à coup,
36:102000 personnes sont arrivées
36:11en pierre.
36:13Notre société
36:14sont transformées en pierre.
36:15Notre société a besoin
36:16de ce silence-là.
36:17Parce que c'est une silence
36:18qui va nous reconstruire.
36:20On parle de la méditation.
36:22On parle du temps
36:23où on ne commande pas
36:25en permanence
36:25les uns les autres,
36:26soi-même,
36:27dans une espèce d'hystérisation
36:28de tous les sujets qui existent.
36:30Le silence permet
36:31de remettre,
36:32à mon avis,
36:33de l'ordre dans nos esprits.
36:36Ordo à chaos.
36:37Mais oui.
36:38De l'ordre dans le chaos.
36:39C'est ça, tout à fait.
36:40Alors je finis
36:41Je vous en prie.
36:41sur ce petit moment
36:43qui m'a saisi
36:44et un peu...
36:46Et j'ai eu un réflexe
36:47que je crois normal
36:49mais qui est tombé
36:50un peu à côté.
36:51Je vous ai dit
36:51Hugues,
36:52alors vous étiez
36:53très habité,
36:56transpiré,
36:58une petite,
37:00une grande métamorphose.
37:01et je vous ai dit
37:04Hugues,
37:04tout à l'heure,
37:05est-ce qu'on peut se retrouver
37:06pour aller dîner ensemble
37:07ou prendre un verre,
37:08etc.
37:10Et vous m'avez dit,
37:10vous rigolez,
37:11il faut que je fasse la caisse.
37:14C'est-à-dire que je pars
37:15avec la caisse ?
37:16Je m'ai compris.
37:16Faire la caisse
37:17en termes de...
37:18Vous vouliez...
37:19Le desperados ?
37:20Vous vouliez pour commencer...
37:21Ou aller à la Banque de France
37:22pour faire la caisse ?
37:23Non, non, non, non, non, non, non.
37:24Vous vouliez d'abord savoir...
37:25Non, non, c'était un prétexte, en fait.
37:26C'est pour vous dire
37:27que je ne pouvais pas dîner avec vous
37:29tellement vous aviez
37:29une réputation insupportable.
37:30C'est ça que je voulais dire ?
37:31Oui, merci.
37:32C'est ça, j'ai compris.
37:33Je crois quand même
37:34que j'ai compris.
37:35C'était ça,
37:35c'était un superfuge, en fait.
37:36C'était un prétexte.
37:38Vous m'avez donné d'autres signes
37:39d'un fait
37:40qui mérite d'être formulé,
37:42c'est qu'en plus,
37:43vous veillez à l'intendance.
37:45Oui, et puis surtout,
37:45je ne dîne pas avec n'importe qui,
37:46franchement,
37:47entre nous,
37:48soyons vrais, quoi.
37:51Simplement un petit déjeuner,
37:52c'est tout.
37:53Non, oui, exactement.
37:54À l'occasion d'une magnifique...
37:57Conversation.
37:58Conversation,
37:58c'était un grand honneur pour moi.
37:59Non, mais parce que vous faites aussi
38:01ce travail un peu matériel.
38:03Mais c'est affreux.
38:04Mais ça vous prend du temps.
38:05Mais c'est horrible.
38:06Mais oui.
38:06C'est ça ce que je voulais dire.
38:07Mais d'un autre côté,
38:09c'est le parcours.
38:09Il y a un moment donné,
38:12si on est croyant,
38:13on doit partager
38:14un petit bout de chemin de croix.
38:16Et c'est vrai que les aspects...
38:17C'est un chemin de croix,
38:18la chemin de croix.
38:18Les aspects financiers,
38:19c'est une obsession.
38:2024 heures sur 24.
38:21Ah, vous voyez,
38:22c'est bien ce que je dis.
38:23Non, vous avez raison.
38:25Je dis ça à l'intention
38:27de nos adorables auditeurs
38:29qui comprennent
38:30qu'ils ont une solution
38:31au bout des doigts.
38:33Oui, à contact direct.
38:35Mais vous savez,
38:36moi je suis disponible,
38:37vraiment,
38:38pour discuter avec toute personne
38:40d'intelligence,
38:41de savoir et de moyens.
38:43Parce que
38:44c'est pas de l'argent encore une fois,
38:46c'est surtout de l'accompagnement.
38:47C'est de faire ensemble,
38:48on a des projets communs.
38:49Eh bien,
38:50faire en sorte
38:50qu'on puisse financer
38:52un peu plus,
38:54faire des concerts
38:55où on serait moins sur le qui-vive.
38:58Parce que mes musiciens
38:58sont adorables.
38:59J'ai dit,
39:00Vincent Lucas,
39:01vous savez,
39:01il a joué mon concerto pour flûte,
39:03justement.
39:03C'est très gentil
39:04d'avoir dit
39:04qu'il était d'essence ravellienne.
39:06Je l'ai écouté.
39:08Alors Vincent Lucas,
39:09il était super soliste
39:11à l'Orchestre de Berlin.
39:13Et il a fait toute sa carrière à Berlin.
39:14Vous l'avez mal mené.
39:15Et actuellement,
39:15il est à l'Orchestre de Paris.
39:17Et il m'a dit,
39:17j'adore votre musique.
39:19Enfin,
39:19j'avais l'impression
39:19qu'il parlait de quelqu'un d'autre.
39:21Je lui ai dit,
39:21vous voulez parler de qui ?
39:22De vous.
39:23Ah bon ?
39:24Et je me découvre compositeur.
39:25J'ai écrit 40 œuvres.
39:26Opéra, symphonie,
39:28concerto pour piano,
39:29etc.
39:29Il faut quand même le dire.
39:30Et de très grands interprètes
39:31s'intéressent.
39:32Eh bien, exactement.
39:34Kevin Zhu.
39:34Vous tapez Kevin Zhu,
39:36Z-H-U,
39:37vous voyez,
39:37il joue sur Sarkovic
39:38et il va jouer
39:39mon concerto pour violon
39:40le 13 mars.
39:43Le 9 avril,
39:44on va jouer
39:44mon concerto pour piano
39:45par une...
39:46Ça, c'est le piste.
39:47Une jeune virtuose
39:48qui a huit ans,
39:50elle jouait déjà tout.
39:51Elle est actuellement
39:52aux États-Unis.
39:54C'est absolument incroyable.
39:56Et donc,
40:00c'est quelque chose...
40:01La symphonie américaine
40:02que je joue
40:02pour l'indépendance
40:03avec les deux textes.
40:05Le 4 juillet.
40:06Le 4 juillet.
40:07Eh bien, là aussi,
40:08on cherche des contacts
40:09franco-américains
40:10faire en sorte
40:11qu'on magnifie
40:12comment dire,
40:14la relation.
40:15Vous savez,
40:15Charles de Gaulle
40:15était très très populaire
40:16avec le peuple américain.
40:19Incroyable.
40:19Il l'adorait.
40:20Vous n'engagez pas
40:20sur ce sujet.
40:21Je sais.
40:21C'est pour ça
40:22que je vous taquine
40:22un petit peu.
40:23Non, mais vous savez,
40:24les honnêtes gens
40:26peuvent aussi changer
40:27et vous faire évoluer.
40:28Le 4 juillet,
40:28je pense que je ne serai pas
40:29à Paris.
40:32Je vous enverrai
40:32l'enregistrement.
40:36Alors, écoutez,
40:37il faut que nous continuions
40:38nos conversations
40:39parce qu'il y a
40:40de telles choses
40:41en vous,
40:42mon cher Hugues Greiner,
40:44que je ne veux pas
40:45vous laisser filer
40:46comme ça.
40:47Mais hélas,
40:48il faut qu'on mettait
40:49un terme
40:49à ce premier épisode,
40:51si je puis dire.
40:52Pourquoi pas.
40:53Avec plaisir.
40:53proposons de nouveau
40:55à nos auditeurs
40:56de noter
40:57ces dates importantes,
40:59au moins les concerts
40:59de Saint-Sulpice.
41:0111 décembre
41:02pour...
41:03Alors, le 11 décembre,
41:05la Requiem de Mozart
41:05et ma Cantate de Gaulle.
41:06Et d'abord la Cantate de Gaulle.
41:07Voilà.
41:08Ensuite,
41:09ça va être le...
41:11Avec quelques surprises,
41:12des personnalités surprises.
41:13Oui.
41:14Et puis,
41:14en mars,
41:1713 mars,
41:18là,
41:19on va jouer
41:19la fantaisie
41:20pour piano,
41:20chœur et orchestre de Beethoven,
41:21celle que j'avais faite
41:22au sommet du Mont Blanc
41:23avec mon concerto
41:24pour violon.
41:25Et j'ai créé aussi
41:26une symphonie
41:26qui s'appelle Pushkin.
41:27Donc,
41:27dans cette année,
41:29il y a la symphonie Pushkin
41:29en français.
41:30Parce que vous savez
41:31que Pushkin,
41:32sa première langue,
41:33c'était le français.
41:35Pour la plupart des russes.
41:37Oui.
41:37Et donc,
41:38j'ai créé cette année
41:39une symphonie Pushkin
41:41et le 4 juillet,
41:42la symphonie américaine.
41:45Voilà.
41:46Je vois bien.
41:46Je vois bien.
41:47Vous voyez un peu l'histoire.
41:49Et puis,
41:49le 9 avril,
41:50pour la journée...
41:50Les jeunes politiques,
41:51mon cher.
41:51Et les 9 avril...
41:52Je ne fais pas de la politique.
41:55Je fais de la musique.
41:56C'est déjà...
41:57Chacun son métier.
41:58Vous connaissez les équilibres.
41:59Et les vaches seront bien gardées,
42:01comme dirait l'autre.
42:02Le poète du 19e siècle.
42:03Mais en l'occurrence,
42:04le 9 avril,
42:05c'est dans le cadre
42:05de la journée mondiale
42:06de l'autisme.
42:09C'est un concerto
42:09que j'ai écrit.
42:11Le piano,
42:11c'est la personne autiste
42:12qui est morte
42:13à l'âge de 17 ans
42:14et dont la mère a créé
42:16une association,
42:17Samy.
42:19Et donc,
42:20c'est un...
42:21Pour moi,
42:22c'est l'histoire de mon frère.
42:24Et c'est...
42:25Vous avez dans une fratrie,
42:26vous voyez le frère
42:27qui devient fou,
42:28méchant,
42:29agressif,
42:30délinquant.
42:31Et vous devez l'aimer quand même.
42:32Et c'est une tragédie.
42:33Enfin,
42:33c'est la plus grande tragédie
42:34de mon existence.
42:35C'est d'avoir son grand frère
42:36qui meurt mentalement.
42:40C'est terrible.
42:41C'est terrible, terrible, terrible.
42:42On ne peut pas en parler.
42:43Elle aimait quand même.
42:44Bien entendu.
42:45Et surtout,
42:46vouloir apprendre de lui
42:47et lui dire
42:48« Tu m'enseignes, mon frère.
42:49Je le vois toutes les semaines. »
42:51C'est...
42:52C'est De Gaulle disant
42:53qu'il avait beaucoup appris d'âne.
42:54Mais voilà !
42:55Et moi,
42:57j'ai beaucoup appris de De Gaulle
42:58qui a appris d'âne.
43:01Au fond,
43:02comment résumer cette foison,
43:04ce personnage océanique
43:07que vous êtes ?
43:08Vous êtes incroyablement chrétien.
43:10C'est vrai.
43:13C'est beau ce que vous dites.
43:14Vous êtes en Dieu.
43:16Vous êtes émouvant.
43:17Parce que là,
43:17cette phrase,
43:19je l'ai quand même prise
43:20dans le cœur.
43:22C'est...
43:23Et nous l'avons tous pris
43:24dans le cœur
43:24en vous écoutant
43:25et en vous voyant
43:26et en vous rencontrant.
43:27quelle grâce.
43:32Ah oui,
43:33ça m'est tombé dessus.
43:34Vraiment...
43:35Nous avons les larmes aux yeux.
43:36Mais c'est vrai !
43:37Parce que rien n'est plus émouvant
43:39que cette vérité verticale,
43:42magnifique.
43:43Et le seul mérite que j'ai,
43:45c'est d'avoir simplement accepté.
43:48De rien.
43:52Merci, mon cher Hugues.
43:54Et surtout, surtout, surtout,
43:56à bientôt.
43:56À bientôt.
43:58Merci encore.
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