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  • il y a 2 jours
Océanique, volcanique, angélique… Quiconque rencontre cet homme en est marqué une fois pour toutes. Issu d’une famille roumaine d’origine juive réfugiée en France en 1929 puis décimée par les déportations, fils d’une mère sociologue et fantasque et de l’écrivain Silvian Reiner qui, réchappé par miracle, deviendra l’ami de Joseph Kessel et de Maurice Druon, Hugues Reiner vécut dans le Paris des années 60 et 70 une enfance sur laquelle planent les fréquentes dépressions de son père, les adversités, l’indigence quelquefois, l’inquiétude toujours. Mais voici que, par la grâce d’une ami de collège dont la famille l’invite souvent à dîner, il découvre d’un coup les fulgurances des symphonies de Malher : sur cette jeune âme tourmentée, la musique tombe comme une sorte de rédemption définitive, un antidote universel aux misères du monde et de la vie : aussitôt, il lui voue la sienne : il devient choriste, se fait protestant puis catholique, et bientôt, guidé par une énergie débordante, chef de chœur (très jeune), puis chef d’orchestre, compositeur saisi par la cause de la musique française, organisateur de concerts grandioses (il dit : cérémonies) qu’il situe au sommet du Mont Blanc comme au milieu des tireurs isolés de Sarajevo, ou encore, de temps à autre, à l’Eglise Saint Sulpice, qu’il remplit périodiquement pour des communions mémorables. Fatiguant (il veut arrêter les guerres...), exaltant, déroutant, prodigieusement imaginatif, constamment généreux, écoutons-le, aimons-le, suivons-le...

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Transcription
00:00Moins de 4 Français sur 10, moins de 4 sur 10 font encore confiance à la presse de grand chemin.
00:06Face à ce discrédit massif et devant le succès de la presse alternative,
00:10les médias mainstream mènent une guerre totale pour se réapproprier le récit.
00:15Ils imposent leur doxa, leur vision mensongère, ils étouffent les voix dissidentes et verrouillent l'information.
00:22Dans cette bataille, TV Liberté, première chaîne audiovisuelle alternative de France, subit tous les coups.
00:27Coupure de notre chaîne YouTube par le passé, fermeture récente de nos comptes bancaires, invisibilisation systématique.
00:34Sur ordre, nous sommes traités par les banques comme des sous-citoyens.
00:38Et nous sommes aussi confrontés à l'injure, à l'omerta et à l'exclusion des débats publics.
00:43Mais on ne se tait pas, on ne se vend pas, on informe.
00:47Pas de pub, pas de subvention, pas d'actionnaire, mais 1 million d'abonnés sur YouTube,
00:52le double, 2 millions sur les réseaux sociaux et 250 millions de vues en quelques années.
00:58Et puis, et puis vous les donateurs, vous tous, et une équipe soudée qui enquête, qui documente,
01:03qui raconte ce que personne d'autre ne raconte et qui a acquis en 12 ans le sérieux et la crédibilité pour se démarquer du lot commun.
01:12Cette liberté a un prix.
01:14Pour continuer à produire des enquêtes, des documentaires, des émissions longues pour tenir tête à ces géants,
01:19pour sortir financièrement du rouge et bétonner le budget 2026,
01:23TV Liberté a besoin de vous.
01:26Chaque don, chaque soutien est une arme contre la censure et les dictates,
01:30une pierre à l'édifice de la vérité, celle qui rend libre et du véritable pluralisme.
01:36Avec votre soutien délivré du contrôle des banques, mais aussi de l'État, des oligarques, des annonceurs,
01:42nous avançons encore et encore.
01:45On ne se tait pas, on ne se vend pas, on résiste.
01:49Parce que la liberté coûte moins cher que la servitude.
01:52Aidez-nous.
02:19J'ai l'impression que vous pourriez exceller dans tous les domaines.
02:31J'ai l'impression que rien ne vous résiste.
02:34Vous avez été très jeune, je crois que vous avez 25 ans, chef d'orchestre de l'armée française ?
02:3922.
02:4022 !
02:41Intronisé par Jacques Lang et Charles Hernu, je crois, à l'époque ?
02:46Oui.
02:47Comment il doit arriver à être chef d'orchestre de l'armée française à 22 ans ?
02:55C'est incroyable.
02:56Je faisais une répétition dans mon lieu au Temple de Passy, rue Cortembert,
03:00et en pleine répétition, je vois débarquer, mais comme dans un film,
03:073-4 personnes, haut gradées, avec vraiment toute une forme bardée de médailles.
03:17Et je me suis dit, ça y est, ils sont venus me chercher.
03:20Je pensais que c'était le service militaire,
03:22et je me disais, ils ont une forme de recrutement assez musclée.
03:26C'était à l'époque, vous savez, on faisait un an, et donc un mois de classe,
03:32et je crois que...
03:34Et donc je pensais qu'ils allaient me faire partir tout de suite, voilà.
03:38Alors, la répétition, donc je vous fasse toute la répétition un tout petit peu comme un musicien,
03:42c'est-à-dire très troublé, et dans le théâtre intérieur extravagant.
03:48Et je viens vite les voir en disant, mais vous savez, j'avais vraiment l'intention de venir,
03:51ne vous inquiétez pas, etc.
03:52Et vraiment, j'ai toujours apprécié l'armée, et ils me disent...
03:56Ce n'est pas pour ça.
03:57Non, ce n'est pas pour ça, on est venu écouter votre répétition,
04:00et on a trouvé en vous le futur créateur du Chœur de l'Allemagne française.
04:05Alors là, je tombe par terre.
04:07Mais à 22 ans, quand même, vous n'avez pas fait vos preuves encore.
04:10Comme quoi ? Comme militaire ou comme musicien ?
04:12Comme chef d'orchestre.
04:13Comme chef d'orchestre.
04:14Ça ne se fait pas comme ça, c'est-à-dire ?
04:14Je vais dire un petit peu quand même, parce que j'avais été dans le Chœur de l'Orchestre de Paris comme chanteur,
04:20et puis dans l'Orchestre des Jeunes de l'Orchestre de Paris,
04:23où là, j'avais vraiment appris mon travail de futur chef d'orchestre et chef de chœur.
04:28Donc, vous savez, c'est assez classique dans nos professions,
04:33on se professionnalise dès l'âge de 7 ans, 7-8 ans.
04:36Moi, j'avais dit, je suis pianiste, compositeur, chef d'orchestre, etc.
04:39Les gens pensaient que c'était une atroce vanité.
04:41Chanteur aussi.
04:42Oui, oui.
04:42Les gens pensaient que c'était une vanité.
04:43En fait, c'était simplement de la passion.
04:46C'est une force intérieure qui nous dépasse complètement.
04:49C'est un peu comme la grâce, comme la foi.
04:51C'est vraiment de ce même niveau.
04:52C'est quelque chose qui, je dirais, qui vient vous happer
04:57et vous passez votre vie comme un moine musicien, tout simplement.
05:01Mais alors, la musique, la musique.
05:02Commençons par la musique.
05:03Avec plaisir.
05:04On finira par la musique.
05:05Ça tombe bien.
05:06Parce qu'il y a un aspect politique chez vous.
05:10Vous êtes en train de réformer de fond en compte l'ONU.
05:13Vous me direz, il est temps.
05:14C'est une passion qui nous réunit, l'ONU.
05:17On est rare.
05:18Je tiens beaucoup à l'ONU et vous aussi.
05:20Mais oui, parce que...
05:20Vous avez même la réformée.
05:21On en parle à tout ça.
05:21Vous aviez travaillé avec Bouton de Vossogali,
05:23que j'avais rencontré plusieurs fois.
05:24En fait, moi, je suis un petit-fils de la Shoah.
05:28Donc, ça veut dire que la parole ne doit pas engendrer
05:34la conflictualité gratuite.
05:35Mais je ne peux pas me payer le luxe d'avoir des ennemis.
05:39En fait, ce n'est pas la politique.
05:40Vous êtes un grand amoureux de la paix.
05:43Voilà.
05:43La paix.
05:44Oui, merci.
05:44C'est un cardinal chez vous.
05:45De l'humanité, de la paix.
05:47Il y a des mots qui vous couvertent.
05:49Oui, oui, oui, oui.
05:49On verra pourquoi.
05:51Voilà.
05:52Très juste.
05:53La musique, vous l'avez découverte comment ?
05:55Parce que votre père, on le verra aussi, était plutôt un écrivain.
06:00Et exclusivement un écrivain, d'ailleurs.
06:03Absolument.
06:03Il était très mélomane.
06:05Et ma mère était aussi écrivain et sociologue.
06:07Parce qu'elle a écrit un très beau livre qui a été chez Alvin Michel sur l'aide sociale.
06:11Enfin, c'était un livre un peu kafkéen.
06:14Donc, j'avais vraiment deux parents écrivains qui étaient excentriques, plein de libertés.
06:25Qui tiraient un peu le diable par la queue, si j'ai bien compris, non ?
06:28Il y a des moments...
06:29C'est-à-dire qu'il n'y avait pas d'autres métiers.
06:31C'est-à-dire que les fluctuations de l'écriture et de l'inspiration faisaient que,
06:34quelquefois, pendant trois ans, on ne mangeait plus, on s'éclairait à la bougie.
06:38Et là, ce n'était pas esthétique.
06:39C'était vraiment...
06:40Pour s'éclairer, c'est...
06:42L'âge de 10-15 ans, ça a été très, très compliqué.
06:45Et en même temps, très formateur.
06:47Mon frère en est devenu complètement fou.
06:48Enfin, je veux dire, c'est...
06:50Comment dire ?
06:52Je me suis construit dans les pleurs de mon père.
06:55Votre frère est schizophrène.
06:57Oui, oui, oui.
06:58Mon frère est schizophrène.
07:00Mais en fait, c'est surtout d'abord mon frère.
07:02Et surtout, c'est mon professeur de conscience et d'humilité.
07:06Comme Anne pour De Gaulle, dont nous parlons tout à l'heure.
07:09Quand je dis complètement...
07:11Toutes pour se regarder.
07:12Il est vrai que ce qu'il y a de plus touchant,
07:16qui est au cœur, comment dire, de...
07:18De l'humanité.
07:19De l'humanité, c'est Charles De Gaulle avec sa fille Anne.
07:22Évidemment, tout est dedans, là.
07:23Tout est dedans.
07:25Il y a ceux qui peuvent lire les mémoires.
07:28Enfin, moi, je n'ai pas lu les mémoires.
07:31Je cherche...
07:32Enfin, je me sers d'amis qui lisent pour moi ce qu'on appelle...
07:37J'externalise les sujets parce qu'on ne peut pas tout lire.
07:40Mais ils me font un rapport.
07:42C'est le ténor Joachim Bresson, qui est mon ami.
07:46Et il lit tout cela.
07:48Et après, on a des discussions.
07:49On a des discussions aussi.
07:51Joachim Bresson, qui est votre ténor dans les concerts de Sainte-Suite.
07:55Oui, oui.
07:56Ah, super chanteur.
07:58En plus, il interprète bien mes compositions.
08:01C'est vraiment...
08:02Non, mais...
08:03On va parler de tout cela.
08:05Alors, puisqu'on a effleuré le sujet,
08:06plus qu'effleuré le sujet,
08:08ça compte beaucoup pour vous.
08:09Parlons de votre père traumatisé pour avoir perdu son père et sa mère.
08:13C'est-à-dire votre grand-père, votre grand-mère et votre tante.
08:16Oui.
08:17Les trois Auschwitz.
08:18Ah oui, oui.
08:181942-1942.
08:20Le convoi des gens qui étaient d'origine roumaine.
08:22D'origine roumaine.
08:23Absolument.
08:24Et là, direct.
08:25Ils étaient roumains.
08:27Et en 1929, ils se sont installés en France pour vivre la liberté.
08:32Voilà.
08:33Et ça les a amenés à Auschwitz.
08:37Elle est simple.
08:38Donc, j'ai bâti, au fond, toute ma vie.
08:43Quand vous parlez de la paix, évidemment,
08:44on ne peut pas, comment dire,
08:46être superficiel ou narcissique sur ces sujets pareils.
08:50Et non plus conflictuel.
08:52Donc, je n'ai jamais été contre qu'ilconque.
08:55Donc, certainement pas contre le ONU.
08:57Mais essayer de saisir, de comprendre
09:01qu'en est-il de l'idéal onusien aujourd'hui.
09:06Oui.
09:06Ça serait bien qu'on parle de l'ONU.
09:08Parce que, en quoi vous le faites, ça nous intéresse.
09:10C'est vous qui menez.
09:11Ça intéresse beaucoup de monde.
09:12C'est vous qui menez le bal.
09:13Bon, la conversation, c'est vous qui la menez, mon cher ami.
09:15Puisque, vous voyez, je voulais parler de musique pour commencer.
09:19Comment avez-vous découvert la musique au niveau...
09:21Ah oui, alors, excusez-moi, je n'ai pas répondu à la question.
09:23... de cet univers quand même assez souffrant.
09:25Oui, oui, c'est la musique qui...
09:27Votre père souffrait beaucoup.
09:28On peut dire un mot, d'ailleurs, avant d'en arriver à la musique.
09:31Oui, oui.
09:31Vous voyez le désordre de notre conversation.
09:33C'est pas grave, c'est très bien le désordre.
09:33... de quelqu'un qui a beaucoup compté pour lui.
09:35Et donc, pour vous, c'est Joseph Kessel.
09:37Ah ben, bien sûr.
09:38Joseph Kessel.
09:39Parlez-moi de Joseph Kessel, que vous avez évidemment connu.
09:44Ben, non, moi je n'ai pas connu.
09:45Mais non, non.
09:46En fait, Joseph Kessel, c'était le témoin de mariage de mes parents.
09:49Il a adopté quasiment mon père pendant 3 ans.
09:53Vraiment dans les années, on va dire, 50.
09:56Parce qu'il était orphelin de père et de mère.
09:57Absolument.
09:58Et mon père était carrément, enfin, je veux dire, dans un état suicidaire, dépressif.
10:03Enfin, le survivant...
10:05D'ailleurs, il a écrit un livre qui s'appelle « Le survivant malgré lui ».
10:08C'est pas le médecin, mais c'est le survivant malgré lui.
10:11Et c'est terrible.
10:11Et je ne sais pas si j'ai hérité de cette fébrilité, cette hypersensibilité.
10:19On va dire hyperémotivité.
10:21Mais il est vrai que c'est une ambiance, je dirais, quasi paranoïaque.
10:27Des moments d'une pauvreté extrême.
10:30Et en même temps, ce qui émergeait de cela, c'est l'amour inconditionnel qu'il me portait.
10:38Et quelquefois, il me disait « Hugues, je suis d'accord avec toi sur rien du tout.
10:44Mais qu'est-ce que je t'aime ? »
10:46Et là, en séparant l'amour, vous savez, si tu fais ça, tu auras le droit à un sucre.
10:53Ça, ça ne marche pas.
10:54Ce n'est pas bon.
10:55C'est une transaction.
10:56Et donc, j'ai cette confiance.
10:58Mon père est mort, il y a déjà maintenant plus d'une vingtaine d'années.
11:02Mais j'ai hérité de cette confiance, c'est-à-dire « Quoi que je fasse, je sais que je suis aimé ».
11:08C'est ça, c'est magnifique, ça.
11:11Très pudique sur son judaïsme.
11:15On n'a jamais parlé de Dieu.
11:18C'est qu'il nous permettait d'avoir la totale liberté de conscience sans aucune influence, vous voyez.
11:25Et donc, j'ai hérité de ce...
11:28Quand on a cet amour inconditionnel, rien n'est impossible.
11:32Effectivement.
11:33Alors, vous faites allusion...
11:34Alors, la musique, c'est la liberté.
11:37Alors, au milieu de tout ça.
11:37Alors, au milieu de tout ça.
11:39Comment rencontrez-vous la musique au point qu'elle vous embrase ?
11:42Eh bien, avant même d'entendre des mots dans ma tête, ou des phrases, ou d'entendre, ou comprendre le français, ou d'apprendre l'alphabet.
11:49Avant même d'apprendre l'alphabet, c'était la musique qui était mon langage.
11:52C'est-à-dire, dans ma tête, il y avait de la symphonie en permanence.
11:56Et il a fallu attendre plus de 50 ans.
11:58On va dire même plus de 60 ans.
12:01Plus de 60 ans.
12:02Plus de 60 ans.
12:02Pour écrire une symphonie.
12:03Pour écrire une symphonie.
12:03Il faut que j'y commence vraiment à écrire sérieusement.
12:04Enfin, depuis trois ans, j'écris des symphonies, des opéras, des concertos pour piano, violon, etc.
12:09On en parlera peut-être tout à l'heure.
12:11Mais la musique, c'était un langage intérieur.
12:14Pour moi, c'était naturel.
12:16Je veux dire que je pensais en mélodie, en chaleur orchestrale.
12:21Vous savez, en volume.
12:23Et qui m'a dit, c'est vous, peut-être que le déclic s'est fait, la passion, mot que vous aimez beaucoup,
12:31qui a deux versants.
12:33C'est l'enthousiasme et la souffrance en même temps.
12:37La passion, c'est la polysémie.
12:40Malheur, la symphonie numéro 5.
12:42Oh ben non, toutes les symphonies.
12:43Toutes.
12:44En fait, comme on ne mangeait pas à la maison, faute de financement, et faute d'argent, on avait le droit de se faire inviter par les copains de classe.
12:56Et donc, j'étais toujours dehors.
12:58C'est le lycée qui organisait ça ?
12:59Les services sociaux ont dit à certains enfants, des jeunes, de s'occuper de moi, de m'emmener en vacances, de me faire dîner chez leurs parents, etc.
13:08Parce que j'étais de plus en plus...
13:09Dans les années 60.
13:09J'étais maigre 65...
13:1160, excusez-moi.
13:1170, 10, 11, 12, 13, 71, 13.
13:14Et j'étais de plus en plus blanc, maigre, avec des traces de bougies sur les pantalons.
13:20Et quand on me disait, pourquoi vous avez des traces de bougies ?
13:22Parce qu'on s'éclaira la bougie, et là, toute la classe s'est mise à rigoler, en pensant que c'était très drôle.
13:27Et en fait, c'était pas drôle du tout.
13:29Vous savez, la pauvreté dans un univers riche à l'époque, dans les années 75, 11, 75, c'est très très dur, au fond.
13:36Et donc, il me fallait de la poésie.
13:39Alors, j'avais de la liberté, justement.
13:41Et cet enthousiasme était le fait de s'occuper d'abord des autres, plutôt que de soi.
13:46Et donc, quand je voyais mes parents, mon frère, périgliter, mes deux frères,
13:51je me disais, c'est pas le moment de sombrer, etc.
13:55Et à un moment donné, paf, j'ai eu une espèce de grâce intérieure.
13:59Les auditeurs vont...
14:00Certains vont trouver ça tout à fait normal, et d'autres pensaient que je suis complètement fou.
14:04La réalité, c'est peut-être au milieu, je n'en sais rien.
14:05En tout cas, je m'en fiche.
14:06Mais le plus important, c'est que...
14:08Faites confiance à nos auditeurs.
14:09Je fais confiance à nos auditeurs.
14:10Je vous fais confiance.
14:11Les auditeurs et téléspectateurs de TVL comprennent parfaitement ce que vous dites.
14:15Ah, c'est merveilleux.
14:16Alors, venez au concert du 11 décembre, confiance pour confiance.
14:19On va faire de la publicité pour vos concerts.
14:21C'est pas de la publicité.
14:22Mais vous remplissez, vous remplissez sa subpice tous les mois.
14:25Je ne fais jamais de publicité pour mes concerts.
14:27C'est pas de la publicité.
14:28La publicité, on va laisser ça à des produits, on va faire...
14:31De la réclame.
14:32Non, c'est pas de la réclame.
14:33C'est du désir de partager mon bonheur.
14:37Très bien.
14:38Alors, malheur...
14:39Malheur.
14:40Je crois que...
14:40Donc, le petit garçon...
14:42Un soir, vous êtes invité dans une famille.
14:44À dîner.
14:45À dîner.
14:45Enfin, c'était carrément trois soirs par semaine.
14:48Et dans sa chambre, il dit, tiens, je vais te faire écouter un disque.
14:51Je me dis, c'est Pierre Mottet.
14:52Malheureusement, il est mort depuis.
14:54Il a une tumeur, c'était affreux.
14:56Il était violoniste.
14:57Et c'était, en fait, mon ami d'enfance, Pierre Mottet.
14:59Le fils de l'acteur.
15:00Un acteur qui était assez célèbre à une époque, Alain Mottet.
15:03Et donc, son fiston me fait écouter.
15:05Tiens, écoute ça.
15:07Alors, j'écoute.
15:08Et là, je me suis dit, c'est bon.
15:10Je vais devenir chef d'orchestre.
15:12Simplement parce que cette musique, je la reconnais.
15:16Et comme si j'ai retrouvé un deuxième père.
15:19Quel passage de malheur ?
15:20Les clics viennent d'où ?
15:22Chaque mesure.
15:23Chaque mesure de malheur.
15:24C'est l'ADN.
15:25La moindre mesure de malheur, on la reconnaît.
15:29Complètement.
15:29Tout à fait.
15:30Pour moi, c'est...
15:31On est tout de suite dans les Alpes.
15:32C'est ma bouche seule au niveau de composition et au niveau de la dirigeant d'orchestre.
15:36Parce que c'était à la fois un très, très grand chef d'orchestre.
15:39Et dans ses compositions, il notait tous les détails.
15:42Et si on veut vraiment apprendre le métier de chef d'orchestre, il faut regarder les symphonies.
15:46Tout est marqué des symphonies de Gustave Malheur.
15:48Alors, j'ai dirigé, j'ai eu la chance, avant 30 ans, de diriger l'intégrale des symphonies de Gustave Malheur.
15:53Et quelques fois, même plusieurs fois, dans des pays où, justement, on avait l'impression que Malheur, c'était dans la rue, dans les pays de l'Est, à l'époque.
16:02Les huit ?
16:03Les neuf ?
16:03La neuvième, c'était...
16:05Non, c'est la dixième qu'il a fait.
16:08Oui, mais elle ne s'appelle pas Symphonie.
16:10Si.
16:11Il a écrit neuf symphonies, et puis des esquisses de la dixième, et deux adagios, que j'ai dirigés aussi, qui sont absolument fabuleux.
16:21Ça plane, les adagios.
16:22Non, non, c'est exceptionnel.
16:24C'est d'ailleurs, en fait, c'est le plus grand compositeur littéraire et psychologue.
16:30C'est celui qui va vous parler de l'être humain.
16:33Alors, on n'aime pas la musique de Gustave Malheur comme on écoute une musique qui va vous distraire ou vous donner la pêche.
16:40Non, mais même, on n'écoute pas comme on écoute Bach.
16:44Ah non, non, ça n'a rien à voir.
16:45C'est une musique de la musique baroque.
16:46C'est une musique métaphysique qui interroge l'être humain et qui va vous chercher.
16:50Si vous ne comprenez pas la musique, la musique, elle, va vous comprendre.
16:52Elle va aller vers vous.
16:53Donc, il suffit simplement de faire taire les préjugés et vous laisser imbiber, vous laisser imprégner de la musique.
17:01Les symphonies de Gustave Malheur, c'est une priorité absolue pour comprendre ce qu'on vit,
17:07de quelle manière on peut transcender tous les défis que nous avons, qu'ils soient quotidiens ou universels.
17:15Vous le jouez encore, vous l'interprétez encore, malheur, il n'y a plus beaucoup dans vos programmes.
17:20Mais oui, ça dépend de vos auditeurs.
17:22Il nous faut des mécènes.
17:24Pourquoi ? Parce qu'il faut beaucoup de musiciens.
17:25Justement, la symphonie numéro 8, il y a combien ?
17:28Il l'appelait la symphonie des milles.
17:30C'est ça, oui.
17:30Je l'ai fait à la base et à Saint-Ouen-de-Rouen.
17:33Nous étions déjà à peu près 500.
17:37C'est quelque chose.
17:39Quand on fait 3 à 4, après, on a l'impression d'être dans un réacteur.
17:45C'est une évolution, mais le réacteur du monde, c'est volcanique.
17:52Pourquoi avez-vous voulu être chef, alors ?
17:55Parce que, pour être plus proche de la musique de Gustave Malheur, pour être dans sa famille, dans son univers.
18:02Je l'avais reconnu comme un père spirituel.
18:05Ma mère me disait, tirer jusqu'en enfer pour diriger du Gustave Malheur.
18:13C'est ce que j'ai pratiquement fait.
18:15J'ai été à Belgrade, dirigé...
18:17La symphonie titan, c'est l'enfer en elle-même.
18:19La première.
18:20J'avais dirigé à Belgrade pendant la guerre, avant d'aller à Saint-Rivaud.
18:23D'ailleurs, c'était pendant la guerre, la 7e symphonie du Gustave Malheur.
18:27Ce sont des monuments...
18:30Vous savez, on a nos compositeurs français, Tournemire, qui est très proche de Gustave Malheur.
18:34C'est totalement méconnu.
18:36Malheur français.
18:37On peut choisir un morceau de Malheur.
18:40Oui.
18:41Choisissez un morceau de Malheur qu'on va passer en petite récréation musicale.
18:48Oui.
18:49Pour que nos auditeurs et nos spectateurs sachent bien de qui nous parlons.
18:54Parce qu'elle est très reconnaissable, cette musique, mais tout le monde ne l'a pas dans l'oreille.
18:57Oui.
18:57Alors, on peut avoir...
18:58Que choisissez-vous ?
18:59Oui.
18:59Moi, je dirais les premières mesures de la 5e symphonie.
19:03À la Dategetto ?
19:04Non, non.
19:04Le premier mouvement.
19:04Le premier mouvement.
19:06Sturmish, je crois.
19:07Oui, oui.
19:07Et là, vous avez la trompette.
19:09C'est hallucinant.
19:10Tempêtueux.
19:11Mais enfin, bon.
19:12Vous avez aussi la 2e symphonie de Gustave Malheur.
19:14Sa 2e symphonie, Résurrection.
19:16Le final.
19:17Vous avez les premières mesures de la 8e.
19:19Enfin, bon.
19:19Alors, on choisit les premières mesures.
19:20Allez, de la 5e.
19:21De la 5e.
19:21Oui, parce que Visconti l'a mis dans son film.
19:24Oui.
19:24Mais c'était la Dategetto.
19:26Mais bien sûr, la Dategetto.
19:26Voilà.
19:27Que tout le monde connaît.
19:28On va écouter un morceau des deux.
20:04Bon, alors, voilà.
20:15C'est vous.
20:15Un peu de malheur pour nous mettre dans le bain.
20:20C'est ce bain-là qui ne vous a pas quitté.
20:22Voilà.
20:22Il vous a ému, bouleversé à 10 ans, 12 ans.
20:28C'est rare, tout même.
20:29Oui.
20:29Et vous avez dit maintenant, pour moi, la vie, c'est la musique.
20:32Ah oui.
20:33Et la profession, la vocation, la dévotion.
20:39Et j'étais toujours avec des partitions de Gustave Malleur.
20:41Mais nuit et jour.
20:42Nuit et jour.
20:44À la bougie.
20:45Alors, c'est tellement vrai ce que vous dites.
20:47Ça, c'est incroyable.
20:48Vous voyez la bougie.
20:49J'avais la partition.
20:50Qu'est-ce qui va se passer dans, on va dire, trois quarts d'heure ou une heure ?
20:55Ça va être le noir.
20:56Il n'y en aura plus.
20:56Donc, je voyais ma symphonie.
20:59J'étais passionné.
21:00Je lisais la bougie.
21:02Et je n'avais pas d'autres bougies.
21:03Parce que nos parents ne nous donnaient qu'une bougie, etc.
21:06Parce qu'après, il fallait s'en procurer, etc.
21:09Et ça goûtait très cher, etc.
21:10Bon.
21:11Et donc, je voyais la bougie et je voyais la partition.
21:13Est-ce qu'il me restait à lire ?
21:14Et rien que ça.
21:15Dans aucun conservatoire au monde, on apprend ça.
21:18Enfin, j'ai commencé à lire de plus en plus vite.
21:21Et ma lecture et mon déchiffrage...
21:22Avant le noir.
21:23Mais bien entendu, avant le noir.
21:25Et vous savez ce qui se passait ?
21:26Une fois qu'il y avait le noir, ça continuait.
21:28Donc, non seulement j'ai appris à lire très, très vite en suivant la bougie.
21:31C'est magnifique.
21:31C'est la pédagogie de...
21:34On va dire la pédagogie bienheureuse du tragique de l'existence.
21:40Et chaque tragique...
21:41Tragique et bienheureuse.
21:41Oui.
21:42Et le tragique de l'existence est souvent du questionnement pour dire,
21:46« Hé, je t'envoie ça. Si t'es astucieux, débrouille-toi avec ça. »
21:50Et non seulement...
21:51C'est le langage avec, on va dire, un peu...
21:55Vos relations avec Dieu, le Père.
21:59Mais voilà, exactement.
22:00Chaque fois, je me dis...
22:02Quand il y a une crasse qui nous arrive, qui m'arrive,
22:04je dis « En quoi c'est super bien pour moi ? »
22:07En quoi ?
22:08Et je ne parle pas de « Oh, mon Dieu, comme je souffre.
22:11J'ai pas assez de répétitions. »
22:13« Ce que tout le monde fait. »
22:13« J'ai pas de mécène. S'il vous plaît, donnez-moi l'argent. »
22:16« Je fais des concerts avec une heure de répétition
22:18où je vais diriger d'une manière...
22:20Avec un triple ordinateur pour être très, très précis. »
22:22Mais dites pas que dans ces fameux concerts de Saint-Sulpice,
22:25vous remplissez Saint-Sulpice.
22:26Et je crois que c'est d'ailleurs l'église la plus...
22:29Grande de Paris.
22:29Grande de Paris.
22:30À égalité presque avec Notre-Dame.
22:32Non, plus grand.
22:33Encore plus grand.
22:34Oui, on a 2500 places à Saint-Sulpice
22:36et 1500 à Notre-Dame.
22:38C'est surréaliste.
22:39On va voir à l'écran comment vous remplissez Saint-Sulpice.
22:42D'abord avec vos chœurs, on va en venir à vos chœurs.
22:46Et puis avec vos musiciens, ça fait un tableau extraordinaire
22:49dans cette église qui est un tout de spectaculaire.
22:52Mais complètement, c'est bouleversant.
22:55Au milieu des Delacroix et au Merveille.
22:58Et l'élu public joue beaucoup pour la ferveur.
23:01À Saint-Sulpice est dans le 6e arrondissement de Paris,
23:03à 200 mètres d'ici.
23:05Par exemple, le 11 décembre prochain,
23:08je vais jouer le réquemme de Mozart.
23:11Et puis la cantette que j'ai créée
23:13sur un texte de Charles de Gaulle.
23:16Voilà qui est fait pour me plaire.
23:17Personne n'a jamais mis de Gaulle en musique.
23:19C'est un texte absolument incroyable.
23:21Je suis tombé dessus.
23:22Allez-y, allez-y.
23:23C'est-à-dire qu'en fait...
23:24Bon, c'est...
23:26Si à la fois...
23:27Il ne faut pas avoir peur du tragique.
23:29Il ne faut pas l'édulcorer.
23:30Mais il faut l'assumer
23:32parce que ce sont aussi nos racines.
23:35Et ce qui serait tragique,
23:37c'est le déni et de laisser tomber.
23:40Et c'est un discours qu'il a fait,
23:41que Charles de Gaulle a donné
23:42le 1er novembre 1944.
23:46Et qui s'intitule...
23:48Il confessait la France.
23:49Et il parle des jeunes résistants.
23:52Un concert que de Gaulle a organisé
23:54le 1er novembre 1944.
23:54Non, non, non.
23:55Un discours.
23:56Un discours.
23:56Un discours.
23:57Non, non.
23:58Il n'était pas organisateur du concert.
23:59Il n'était pas organisateur du concert.
24:00Il organisait simplement la France.
24:01Enfin, il aimait les tédéums.
24:02Oui.
24:03Il organisait la France.
24:04C'est un grand modèle.
24:06Au soir de Biraké,
24:07il a fait donner
24:07à l'église française de Londres
24:10un tédéum.
24:11Enfin, il avait le réflexe
24:13de la mise en musique.
24:14La culture incroyable.
24:15C'était un vrai écrivain.
24:17Lui.
24:18Un véritable...
24:18Pardon pour les autres.
24:19Les autres aussi.
24:20Mais on va dire
24:21un grand écrivain.
24:22Voilà.
24:23Ce 1er novembre 1944,
24:24il fait...
24:25Il donne un témoignage
24:27sur les jeunes
24:30qu'on sortait
24:32à 4h ou 5h du matin
24:34dans la brume
24:36et qu'on allait fusiller.
24:40Ils se mettaient à hurler
24:41juste avant de mourir.
24:44Vive la France.
24:45Et on ne les traitait pas
24:48de fascistes.
24:48Ils étaient justement
24:49les victimes du fascisme.
24:53Donc aujourd'hui...
24:53J'ai perdu la leur.
24:55Donc moi, j'ai écrit
24:56cette cantate.
24:57Pardonnez-moi
24:57quand je dis moi.
24:58C'est le meilleur
24:59de moi-même.
25:00D'accord ?
25:00Ce qui me transcende,
25:02c'est l'honnêteté.
25:03C'est la filiation.
25:05Sur ce discours.
25:06Voilà.
25:07Alors, il confessait la France.
25:08Il ne confessait
25:09que la France.
25:10Et à l'instant même
25:11où la rafale des fusils
25:13de l'ennemi
25:13se déchaînait
25:14pour les abattre,
25:15ils criaient
25:17« Vive la France ».
25:18Et je mets ça en musique.
25:19Alors, on va regarder
25:20notre partition.
25:21Comment ?
25:21Parce qu'il y a à la fois
25:23la partition,
25:24il faut la montrer
25:24à la caméra,
25:25mais on va la voir,
25:26la partition et le texte.
25:27Oui, oui, bien sûr.
25:30Jamais personne n'a mis en musique
25:31un texte de De Gaulle.
25:32Comment, comment, pardon ?
25:33Jamais personne n'a mis en musique
25:34un texte de De Gaulle.
25:35Oui, c'est une bonne idée.
25:36Jamais, jamais.
25:37J'ai hâte d'entendre ça.
25:38Le 11 décembre.
25:3911 décembre, à 20h45,
25:41comme il y a 2500 places,
25:42il faudra que tous les auditeurs...
25:44Bon, je sais que ça fait
25:45400 000 personnes,
25:46bon, bref.
25:47Tous les auditeurs...
25:48Arrive à l'heure.
25:49Oui, arrive à l'heure.
25:50Même un petit peu en avance.
25:52Mais c'est merveilleux.
25:53Ça serait merveilleux.
25:5320h45, je dis 20h45,
25:55parce que c'est une raison
25:55très précise
25:56que je n'avais pas compris.
25:57Oui, parce que je veux
25:57faire une répétition.
25:58Parce que vous ne faites pas
25:5936 répétitions.
26:00Vous n'avez pas les moyens.
26:01Mais je n'ai pas les moyens financiers.
26:02Et vous faites une répétition
26:03avant le concert lui-même.
26:07C'est...
26:08Avant...
26:08Vous êtes sur le fil, là.
26:09Oui, avant de...
26:11Comme le disent,
26:12je faisais déjà l'économie
26:13de l'argent public,
26:14puisque je n'en ai jamais touché.
26:15En l'occurrence,
26:16ces concerts,
26:17c'est le public.
26:18Et les places sont à 20 euros.
26:19Toutes les places.
26:20Donc à la fois,
26:22on va dire quand même,
26:23populaire.
26:24Et en plus,
26:26je mesure
26:27à quel point c'est important
26:29quand on demande aux gens
26:30de se déplacer,
26:31de leur apporter quelque chose
26:32de véritablement nourrissant.
26:33Je témoigne que c'est...
26:34Et j'ai un dossier très particulier
26:36dans le cancer à Saint-Sulpice.
26:38Mais il fait un grand honneur.
26:39C'est comme ça qu'on s'est rencontrés.
26:40Oui, c'est vrai.
26:40Grâce à Valentin Gord,
26:41il m'a demandé,
26:42je ne sais pas pourquoi d'ailleurs,
26:43de présider la saison.
26:46La saison.
26:48Mais vous savez,
26:49Saint-Sulpice,
26:49c'est un lieu...
26:52On parle souvent
26:53de noblesse oblige.
26:55Et moi, je dirais,
26:55quelque part,
26:57l'émerveillement
26:58de toute cette spiritualité.
27:00Les gens qui ont façonné,
27:02créé, construit
27:02c'est important
27:05d'en être conscient.
27:08Finalement,
27:09la plus belle chose,
27:11c'est quand même
27:11d'arriver
27:13envers et malgré tout
27:15à réaliser des concerts
27:17dans une dimension,
27:18je dirais, positive.
27:20La création...
27:23Et cette quanta de Charles de Gaulle,
27:24je peux vous dire,
27:25c'est le texte
27:26qui m'a inspiré
27:27toutes les notes de musique.
27:28Ça sera l'ouverture
27:29avant le récouler de Mozart.
27:31Ça dure, je pense,
27:32un quart d'heure
27:33ou un petit peu plus.
27:36Et c'est la cinquième fois
27:38qu'on va le faire.
27:39Je l'ai donné,
27:40c'est l'invitation
27:40de la fondation
27:41Charles de Gaulle
27:42le 6 mai dernier
27:43lors des 80 ans
27:45de l'armistice,
27:45de la signature
27:46de l'armistice.
27:48Voilà.
27:48Et on en a une version aussi
27:50en anglais
27:51parce qu'elle sera offerte
27:53au vice-président américain
27:54qui est un émoureux
27:55de Charles de Gaulle
27:56et qui tient d'ailleurs
27:57sa vocation catholique.
28:01C'était un grand catholique.
28:03Alors, c'est intéressant
28:04dans la musique,
28:04l'oratorio...
28:05De Gaulle, oui.
28:06Le band s'est converti
28:07en 20 ou 21.
28:08Oui, oui.
28:08Il y a quelques années.
28:09Voilà.
28:10Alors, ce qui est très intéressant,
28:11c'est que j'ai bâti
28:12toute ma saison
28:15à Saint-Sulpice
28:16par rapport à 2026,
28:18donc les 250 ans
28:20de l'indépendance américaine
28:23et de la relation
28:24avec la France.
28:26Ça me semble intéressant
28:27pour moi.
28:28L'Amérique,
28:28c'est celle de,
28:29avant tout,
28:29de Washington
28:30et d'un jeune
28:34dont personne ne connaît
28:36qui a écrit une poésie
28:38parce que j'ai écrit
28:39une symphonie américaine
28:40qui sera donnée
28:41le 4 juillet
28:41pour le jour de l'indépendance.
28:44Et je suis tombé
28:46sur un poète américain
28:48qui est venu en France.
28:51Etats-Unis.
28:53Etats-Unis,
28:54qui est venu en France
28:55dans les années 1913,
29:011914, 1915
29:01et qui est mort au combat
29:04aux côtés des Français.
29:07Un poète célèbre,
29:09Alan Seger,
29:11il est mort un 4 juillet 1916.
29:15Très curieux.
29:15Joueur de l'indépendance,
29:162026-1916.
29:19Et il a écrit
29:20un poète
29:21qui est très connu
29:22pour les Américains.
29:24Pas très rigolo,
29:25mais d'un autre côté,
29:25il ne faut pas éviter.
29:27J'ai rendez-vous
29:27avec la mort.
29:28C'est terrible.
29:29Et c'était
29:30le poème préféré
29:31de Kennedy.
29:33Et j'ai choisi
29:34de le mettre en musique,
29:35un petit peu comme
29:35la cantate
29:36de Charles de Gaulle,
29:37mettre en musique,
29:38parce qu'il me semble intéressant
29:39de retrouver ses racines
29:41en dehors du tumulte médiatico,
29:44sphère Internet,
29:46etc.,
29:46où chacun y va
29:47de son commentaire,
29:49pour simplement
29:50faire un peu silence.
29:53C'est pour ça
29:53que j'aime la musique,
29:54parce que finalement...
29:55Rien de tel
29:56pour faire silence
29:57en soi que d'entendre...
29:58C'est un paradoxe magnifique.
29:59Mais même moi,
30:00je suis obligé de me taire
30:00en plein concert.
30:01C'est terrible.
30:02On se tait intérieurement.
30:03Mais bien entendu.
30:04On s'impose le silence.
30:06Enfin, le silence,
30:07vous êtes divinement imposé
30:09quand on est pris
30:09par un morceau de musique.
30:10Très, très bien dit.
30:11Vous vous dites
30:12que c'est beaucoup mieux
30:12que moi-même.
30:13Merci.
30:14On le sent comme ça.
30:15Il s'était engagé
30:16à la Légion étrangère,
30:17évidemment,
30:17parce qu'il était américain,
30:19et il est mort pour la France.
30:20Et c'est intéressant,
30:21je pense,
30:22j'ai mis à la fois
30:23le texte de Washington,
30:27qui était carrément
30:28son premier discours.
30:31Et donc,
30:32j'attends beaucoup
30:33à des auditeurs
30:34des intérêts franco-américains
30:37pour faire en sorte...
30:38Je n'ai pas envie
30:38de faire la saison
30:39tout seul,
30:39comme un martyr.
30:40Mais au contraire,
30:41quoique c'est bien
30:42d'être parti un petit peu,
30:43c'est quand on est compositeur,
30:44il faut un peu souffrir,
30:45qu'on ait des choses
30:46à raconter de la vie.
30:47La passion,
30:48c'est la souffrance.
30:49Compassion,
30:49c'est souffrir avec.
30:51Donc ça va.
30:51Mais à un moment donné...
30:52Mais la souffrance,
30:53vous êtes tellement intérieure
30:55et rapidement transcendée en vous
30:58que vous vivez comme ça.
30:59Je me ris de toute souffrance.
31:01Oui, vous vivez comme ça.
31:01Les miennes,
31:02pas celles des autres.
31:03Alors,
31:03reprenons un peu le fil,
31:04mon cher.
31:05Oui.
31:05Tendez que nous ayons un fil.
31:07Oui.
31:07Musique,
31:08vous avez 10 ans,
31:0912 ans,
31:0913 ans.
31:10Et que faites-vous
31:11pour vous consacrer
31:13à la musique
31:13qui devient votre raison de vivre ?
31:15Eh bien,
31:16j'adore ce mot,
31:17consacrer.
31:17Ah, évidemment.
31:18Eh bien,
31:18c'est un engagement
31:20comme la foi.
31:22C'est-à-dire,
31:24on ne mégote pas
31:24sur les moyens,
31:25sur le temps,
31:27sur notre condition.
31:29On est missionnaire.
31:30Donc,
31:31la musique,
31:32c'est missionnaire.
31:33Et vous l'avez dit
31:34très justement,
31:36en filigrane,
31:39mon seul rapport
31:40avec la politique,
31:40c'est la paix.
31:41C'est tout.
31:42Rien de plus.
31:42Je ne peux pas
31:43me payer le luxe
31:44d'être conflictuel,
31:47d'avoir des lignes
31:49de démarcation,
31:50des avis
31:50qui pourraient choquer
31:51les uns ou les autres.
31:54Vous n'aimez pas
31:54les fatwas politiques,
31:55par exemple.
31:55Non, pas du tout.
31:56Non, et certainement
31:57celles qui viennent de moi,
31:58encore moins.
31:59Vous n'en avez pas,
32:00vous êtes très œcuménique.
32:02Non, non.
32:02Absolument.
32:02Par contre,
32:03ça ne veut pas dire
32:04le syncrétisme consensuel,
32:05etc.
32:06Cela dit,
32:07je ne ferai pas de jugement.
32:08C'est l'amour.
32:08Mais oui, absolument.
32:10Celui de mon père,
32:10à mon égard.
32:11C'était ça.
32:14L'amour des autres.
32:15On ne monnaie pas.
32:17C'est pour ça,
32:17quand j'étais à Sarrivo,
32:19j'ai été sniper plusieurs fois.
32:20La première chose
32:21que je voulais faire
32:21quand j'étais sniper,
32:22c'est de dire où il est.
32:23Il faut que j'aille le rencontrer.
32:25Sniper, c'est-à-dire tirer.
32:26Turer, me tuer.
32:27J'étais en tentative d'assassinat.
32:29Vous avez essuyé ça aussi.
32:31Oui, normalement,
32:32ça marche 100 fois sur 100.
32:35Et là, au dernier moment,
32:36juste...
32:37C'est un tireur isolé
32:37qui vous visait
32:38pendant que vous prépariez
32:39un concert à Sarrivo.
32:40Alors, je vais vous faire un aveu...
32:41En 93, je crois.
32:42Oui, en 93.
32:42Je vais vous faire un aveu
32:45le matin même.
32:46Encore ?
32:47Oui, oui.
32:48On n'a pas commencé, vraiment.
32:50Le moment des grands aveux
32:51n'a pas commencé,
32:52mon cher Paul-Marie.
32:52Nous y arrivons.
32:53Nous y arrivons.
32:54Je vous vois venir aussi.
32:55Oh !
32:56Ce n'est pas discret.
32:57Je vous ai très redoutables.
32:58Et en fait, le matin,
33:01j'ai eu une petite voix dans la tête
33:02en disant
33:03« Hugues, est-ce que tu veux mourir
33:05cet après-midi ? »
33:07Ah !
33:08Une voix comme ça.
33:09Alors, je dis
33:09« Tiens, j'ai un petit accès de folie,
33:11comme ça, je n'ai pas fait gaffe. »
33:12Et j'ai répondu quand même
33:13« Non. »
33:14Parce que j'avais des impérieuses raisons
33:17de ne pas vouloir mourir
33:18à 33 ans.
33:20Donc, et l'après-midi,
33:23sniper, c'est-à-dire viser
33:25par un sniper.
33:27La balle a fait comme ça.
33:29Jusque une nanoseconde avant,
33:32j'ai fait un geste
33:33complètement brusque.
33:34C'était votre nom.
33:35Et pour regarder, comment ?
33:36C'était le nom à la mort.
33:38Ah oui, c'était le nom à la mort.
33:39Je dirais une espèce d'ange gardien.
33:41Et ça, c'était absolument impressionnant.
33:42Et toute ma vie est façonnée comme ça.
33:45Et j'ai eu une dizaine d'exemples
33:47comme ça.
33:47Une dizaine.
33:48Alors, à la fin,
33:48vous en avez tellement
33:50que vous dites
33:50« Ok, c'est bon. »
33:53On continue comme ça.
33:54J'accepte, j'accepte.
33:56Guider ma vie, j'avance.
33:58Voilà.
33:59Je suis catholique,
33:59je me suis fait baptiser.
34:01Mon père était juif,
34:02ma mère catholique,
34:03mon éducation protestante.
34:04Oui, alors vous avez
34:05une éducation protestante aussi.
34:06Ah oui, complètement.
34:07En revenant un peu à votre enfance,
34:08on n'arrivera pas
34:08à garder d'autres fils.
34:09J'aime beaucoup
34:10le fil historique,
34:11enfin le fil discursif.
34:14Dites-moi,
34:15les protestants arrivent
34:17à quel moment dans votre vie ?
34:18À l'âge de 6 ans,
34:19parce que mes parents,
34:20qui habitaient dans le 16e
34:21à une époque,
34:22quand ça allait assez bien,
34:24ça n'a pas duré longtemps,
34:25voient une petite troupe
34:26de Louveteau.
34:27Mon père avait publié
34:28deux ou trois hues
34:28chez Gallimard.
34:29C'est Gallimard, voilà.
34:30Donc les droits d'auteur,
34:32ça marchait.
34:32Donc, toc, toc, toc, toc,
34:33ils voient une petite meute
34:35de Louveteau,
34:35vous savez,
34:36comme des petits canards
34:36et des canetons
34:37qui suivent la maman canne,
34:40en disant,
34:42ah ben c'est là
34:42qu'il faut amener Hugues ici.
34:44Et ça a tout déclenché.
34:46Parce que,
34:47je veux dire,
34:49un plus de temps dans mes vacations,
34:51ça a été quand même
34:52cette communauté de jeunes
34:55qui était le scoutisme français,
34:56les éclaireurs unionistes
34:57de France,
34:59qui était vraiment
35:01la première troupe,
35:03la troupe de Passy,
35:05ce qui est drôle,
35:05parce qu'en plus,
35:06la paroisse,
35:07c'est là où je répète
35:08tous les mercredis.
35:08Oui, il y a tout,
35:09souvent, oui, aussi,
35:10il y a un peu de thé.
35:11Je retrouve l'endroit
35:12où j'étais à l'âge de serre.
35:13Vous vous faites un peu de thé,
35:14il est encore chaud.
35:15Vous avez une tasse spéciale.
35:17Ça, c'est celle du café
35:18et voilà celle du thé.
35:20Il est encore chaud,
35:21donc il est plus chaud.
35:22C'est magnifique.
35:22Vous pourriez me faire
35:23des oeufs brouillés tout à l'heure ?
35:24Tout à l'heure, mon cher.
35:25Écoutez, là,
35:26je suis passionné.
35:27Ne m'envoyez pas aux cuisines,
35:29s'il vous plaît.
35:29Vous pouvez pleurer
35:30poursuivrer, poursuivrer,
35:31poursuivrer.
35:32Donc, vous arrivez
35:34dans ce temple.
35:35Oui.
35:36Et que se passe-t-il ?
35:37Alors, voilà.
35:38D'abord, j'arrive dans la troupe
35:39des petits louveteaux
35:40où là, tout de suite,
35:42dès la première minute,
35:43je vois un terrain extraordinaire
35:46pour faire rire les autres.
35:48Parce que comme mon objectif,
35:50c'était de faire rire mon père
35:51qui pleurait tout le temps,
35:52et donc j'ai dit,
35:52je vais m'entraîner avec les petits...
35:54Et j'étais bout en train.
35:55Votre père pleurait vraiment ?
35:56Il pleurait la mort des siens
35:58tout le temps.
35:59Il pleurait,
36:00c'est-à-dire,
36:00il voyait une fille de 15 ans,
36:03c'était pour lui sa sœur.
36:04Et donc,
36:05c'était terrible.
36:07Très souvent.
36:09Et donc,
36:09vous savez,
36:09un gosse de 7 ans
36:12qui voit son père
36:13s'arrêter de marcher,
36:15s'asseoir sur un banc
36:16et pleurer pendant une demi-heure,
36:20vous savez que c'est une révolution
36:21dans la tête du gosse.
36:23Parce que tout d'un coup,
36:25il se basse.
36:25Oui, parce qu'il dit,
36:26c'est moi qui deviens
36:28le père de mon père.
36:29je dois le consoler.
36:31Et c'est pour ça
36:31que j'ai fait de la musique aussi.
36:32Pour le consoler,
36:33pas parce que tout d'un coup,
36:34il y avait simplement
36:34Gustavement,
36:35alors que j'adorais.
36:36Mais c'était aussi
36:36l'outil pour consoler.
36:38Alors,
36:38c'est pour ça,
36:39c'est très...
36:39La musique comme
36:40consolation universelle.
36:41Voilà.
36:42Et l'enfant qui veut consoler son père,
36:44évidemment,
36:45on va le retrouver,
36:46il existe toujours.
36:47Et il veut faire des concerts
36:48à Saint-Sulpice,
36:50des jalons gagnés
36:51pour la cause de la paix,
36:53etc.
36:54Évidemment.
36:56Et avec beaucoup de passion,
36:59beaucoup de rigueur,
36:59beaucoup de discipline,
37:02me fichant éperdument
37:03du bavardage
37:05et essayant de trouver
37:07des familles
37:08recomposées.
37:11Charles de Gaulle,
37:11Gustave Mahler,
37:13Kandilski,
37:14Victor Frankel,
37:16la troisième voix
37:17après Adler et Freud,
37:19le sens de la vie,
37:19la logothérapie,
37:20etc.
37:21Et puis surtout,
37:21apprendre
37:22avec des gens comme vous.
37:24Des gens...
37:26Voilà,
37:26c'est très important.
37:27Et vous êtes quand même
37:28converti au catholicisme.
37:30Oui,
37:30parce que je me disais,
37:31à un moment donné,
37:32pour aller vers les autres,
37:33il faut être deux quelque part.
37:34Et donc,
37:36je me retrouve gaulliste,
37:38catholique...
37:40Et français toujours.
37:41Et français,
37:42oui,
37:42oui,
37:43oui,
37:43j'adore la France.
37:45J'adore la France,
37:46je suis d'origine roumaine.
37:47Mais j'adore la France.
37:48Vive la France.
37:49C'est merveilleux,
37:49il faut le dire.
37:50Vous avez une direction
37:51particulière pour les églises.
37:54Vous aimez donner des concerts
37:55dans les églises,
37:56même en enregistrer
37:57comme compositeur.
37:59Souvent à Giverny,
38:00il faut dire que vous habitez
38:01à Giverny,
38:02aux portes de la Normandie.
38:03Oui,
38:03on peut le dire.
38:04Et que vous donnez souvent
38:05des concerts dans les églises.
38:06Mais c'est pas possible.
38:07Comment trouvez-vous le temps
38:08de faire un concert par jour ?
38:10Eh bien oui,
38:10c'est une folie.
38:11À l'église de Giverny,
38:13le curé est content de ça ?
38:15Il n'est pas au courant.
38:16Entre le 1er avril...
38:17Comment il n'est pas au courant ?
38:17Non, il n'est pas au courant de tout.
38:18Entre le 1er avril,
38:20heureusement...
38:20C'est vrai.
38:21C'est vrai.
38:22Il y a une église au curé ou quoi ?
38:28Si, oui,
38:28mais vous savez,
38:29les curés,
38:29ils ont aujourd'hui 25,
38:3130 paroisses en même temps.
38:32Oui, je sais.
38:33Il n'est pas tout à fait au courant,
38:34on va dire.
38:35Entre le 1er avril
38:36et le 1er novembre,
38:39c'est des concerts tous les jours.
38:42Des concerts d'improvisation au piano.
38:44Ensuite,
38:45c'est là que j'apprends le métier.
38:47Et beaucoup de touristes
38:48sont attirés
38:49parce qu'ils entendent certainement
38:50une musique dans l'église.
38:52Ce n'était pas prévu
38:53par le tour opérator.
38:55Ils restent,
38:55ils sont complètement étonnés,
38:57ébahis,
38:58ils sont adorables, etc.
38:59Bon.
38:59Ils viennent pour la peinture
39:01et ils sont attirés par la musique.
39:02Ils viennent pour la peinture,
39:03ils repartent pour la musique.
39:04Mais je ne sais pas
39:06si le curé de l'église de Giverny
39:08a autant d'ouailles à ses messes.
39:10Non ?
39:11Peut-être pas autant que vous ?
39:12Ou pas du tout.
39:12Ils sont au moins 5 ou 6.
39:13Il ne faut pas non plus.
39:15Il ne faut pas médiser,
39:16c'est pas gentil.
39:18Pardon, pardon.
39:20Mais non, la musique...
39:21On plaisante, mais c'est bon.
39:22La musique est une prière avec vous aussi.
39:24Non, non, non.
39:24Ce n'est pas vrai.
39:25Ils sont beaucoup de monde.
39:27C'est très court, un jeu.
39:28Parce que vous savez,
39:28c'est un curé
39:29qui s'appelle Père Balthazar.
39:30Il vient du Rwanda
39:31et s'occuper des Normands,
39:35ce n'est pas facile.
39:36Ce n'est pas facile.
39:37En plus, il fait froid.
39:39Je ne sais pas où sont partis les Français.
39:41Ils importent tout,
39:41même les curés.
39:42C'est incroyable.
39:43Pour le catholicisme,
39:46c'est...
39:46C'est universel.
39:47Oui, c'est très transfrontière.
39:51Cependant,
39:52j'y trouve
39:53matière
39:56à émerveillement
39:57quotidien.
40:00En fait,
40:01j'aime beaucoup
40:01la personnalité du Christ.
40:03Ça me plaît énormément.
40:05J'aime bien.
40:05Évidemment,
40:07j'ai des copains juifs
40:08qui vont m'engueuler,
40:08mais ce n'est pas grave.
40:11On reste joyeux.
40:12Alors,
40:13le fil.
40:14Le fil,
40:15conducteur.
40:15Hugues,
40:16comment percez-vous ?
40:17Vous êtes jeune.
40:18Oui, merci.
40:19Vous faites partie de...
40:20Non, je reviens vers votre 15e année.
40:24Vous ne parliez pas d'aujourd'hui.
40:25Dommage.
40:26Vous êtes de plus en plus jeune.
40:27Je ne sais pas où vous arrêtez de toute façon.
40:29Mais à l'époque,
40:30comment faites-vous pour,
40:32par exemple,
40:33devenir à 22 ans
40:34le créateur de l'orchestre de l'armée française ?
40:37Qu'est-ce qui vous fait connaître ?
40:39Qu'est-ce qui se passe-t-il ?
40:40Je sais que vous avez aimé et connu Landosky.
40:43Oui.
40:43Pour quelque chose.
40:44Marcel Landosky.
40:45Bien entendu.
40:46Grand directeur de la musique.
40:47C'était une époque où...
40:50C'est des cycles, il faut dire ça.
40:53Oui, mais...
40:54Ça ne change rien.
40:55Non, je parlais plutôt de personnalités
40:57très cultivées
41:00qui n'avaient pas trop le sens d'eux-mêmes
41:02et qui ne bloquaient pas
41:05avec des idéologies...
41:08Ou des plans de carrière.
41:09Voilà.
41:09Alors, je pense à Pierre-Christian Tétinger,
41:12à Marcel Landosky,
41:13à Christian Poncelet,
41:14des personnalités que j'ai rencontrées
41:16qui m'ont chargé de mission.
41:18Vous voyez ?
41:20Et ça, c'est incroyable.
41:20Mais comment vous les rencontrez ?
41:22Je ne comprends pas.
41:22Je ne sais pas.
41:23Comme vous,
41:23ces gens qui ont assisté au concert.
41:26Christian Poncelet,
41:27qui est le président du Sénat,
41:28j'ai vu à Remiremont.
41:30Parce qu'à une époque,
41:30j'ai travaillé beaucoup
41:31avec des orchestres russes.
41:33Et on s'est trouvé à Remiremont.
41:35Il a adoré ma façon
41:36que j'avais de parler
41:37de la cause des musiciens russes
41:39à une époque
41:40où ils avaient beaucoup de soucis.
41:41Mais alors, attendez.
41:43Je reviens.
41:43Vous avez 14 ans, 15 ans.
41:45Oui.
41:45Vous vous inscrivez à une chorale.
41:47Qu'est-ce qui se passe ?
41:47Oui, oui.
41:48Le Cœur de l'Orchestre de Paris.
41:49Le Cœur de l'Orchestre de Paris.
41:50Après, je vais être dans l'Orchestre des Jeunes
41:51en tant que violoniste
41:52fondée par Barine Boim.
41:55Et je vais apprendre mon métier sur le temps.
41:56Et vous êtes pianiste,
41:56violoniste,
41:57et chanteur.
41:58En même temps que chanteur,
41:59compositeur, chef d'orchestre.
41:59Et je vais travailler avec une dizaine
42:01de professeurs de chant également.
42:03C'est normal, c'est logique.
42:05C'est la musique.
42:06Oui, oui.
42:07Surtout quand vous voulez être chef d'orchestre,
42:09on a l'intérêt à être conscient
42:14de son désert de savoir perpétuel
42:17jusqu'à la fin de ses jours.
42:18et donc pouvoir dominer
42:21certaines matières.
42:23Les cordes, les vents,
42:24donc le chant,
42:25les cordes violonistes,
42:27l'harmonie,
42:27main gauche, main droite,
42:28indépendance des mains.
42:29Donc ça va être le piano.
42:31L'accompagnement.
42:33J'accompagne Joël Chambresson
42:34comme pianiste.
42:35On a un récital
42:35qui explore beaucoup
42:38de répertoires musicales.
42:42Le ténor.
42:42Voilà.
42:43C'est l'apprentissage aussi
42:44de l'humilité accompagnateur
42:45parce qu'un chef d'orchestre
42:46doit être aussi l'accompagnateur
42:48de toute l'intelligence
42:51individuelle de chaque instrumentiste.
42:54Accompagné et non pas
42:55comprimé par un savoir dictatorial.
42:59Alors j'ai toujours pas compris
43:00comment vous vous retrouvez
43:01chef de l'orchestre
43:02de l'armée française
43:03à 22 ans.
43:05J'en sais rien.
43:06Trouve-le beaucoup.
43:06Non mais ils sont venus,
43:07ils ont dû repérer.
43:10À l'époque,
43:11on repérait en dehors
43:12des diplômes et des...
43:14Celui-là, il s'est marché.
43:15Il y avait quand même
43:17cette époque-là
43:18où on pouvait
43:19se démarquer...
43:21Se singulariser.
43:22Voilà.
43:23C'est-à-dire que
43:23se singulariser
43:24et être apprécié
43:25par sa singularité.
43:27C'est là où j'ai rencontré
43:28Jean-Luc Hess
43:29parce qu'il m'avait interviewé
43:30de retour de Sarajevo.
43:33Une réelle amitié.
43:35Aujourd'hui,
43:36c'est dans des dossiers,
43:37c'est plus...
43:39Comment dire ?
43:40bureaucratique.
43:41On va dire ça comme ça.
43:42C'est gentil.
43:43Heureux temps
43:44où vous vous singularisez
43:46et on se dit
43:46celui-là, il est prometteur
43:47et on lui fait confiance.
43:48Mais ce temps-là existe encore,
43:49la preuve, c'est qu'on est là.
43:51Ben oui.
43:52Dans son âge.
43:53Ben oui,
43:54plus que son âgé.
43:55Bon.
43:55Alors,
43:56alors, alors, alors,
43:57il vous prend ensuite
43:59une drôle d'idée,
44:01c'est d'organiser
44:02un peu à la proviste
44:03des concerts ici ou là.
44:06Vous commencez, je crois,
44:07par donner un concert
44:08au Mont-Blanc.
44:09Là aussi,
44:10vous n'aviez pas 30 ans,
44:11je crois.
44:1133, si.
44:12En fait, c'était juste
44:13avant d'aller à Sarrivo,
44:14je me suis dit,
44:15on va quand même vivre
44:16deux, trois trucs
44:16avant de mourir.
44:17C'est ce que je me disais.
44:19Alors, on peut voir
44:21des images de vous
44:23déposées par un hélicoptère
44:25sur le sommet du Mont-Blanc
44:27et orchestrant les montagnes.
44:30Oui.
44:30Et puis ensuite,
44:31on fait venir un piano.
44:32Racontez-nous.
44:33Oui.
44:33Qu'est-ce qui vous a pris
44:34par la tête, là ?
44:35Qu'est-ce qui vous est passé
44:36par la tête ?
44:37Oui.
44:37D'abord,
44:38ce n'est pas moi
44:38parce que là,
44:39ce serait vraiment fou.
44:40C'est Hubert Reeves
44:41qui avait eu cette idée
44:42et vous aviez eu
44:44l'équipe de FR3 Montagne.
44:46Concesseur d'un bus.
44:47Oui.
44:47Et FR3 Montagne
44:48avait voulu
44:49explorer le projet
44:51et m'avait demandé
44:54ce que j'en pensais.
44:56Et j'avais dit
44:58deux, trois choses
44:59et une semaine après,
45:00ils m'ont dit
45:00que le projet
45:01était annulé.
45:02Bon.
45:03Pour des raisons techniques.
45:04Alors ça,
45:05ça m'intéresse.
45:05Quand on me dit
45:05que les choses sont annulées,
45:06ça m'intéresse
45:07parce que je voulais savoir
45:07pourquoi,
45:08est-ce que c'est des préjugés,
45:10est-ce que...
45:10Alors,
45:11j'ai eu une longue conversation
45:12pendant une heure
45:13en disant
45:13je suis d'accord
45:13que ce soit annulé,
45:15mais permettez-moi
45:15d'avoir un petit peu
45:16de liberté d'expression
45:17et de dire
45:17pourquoi ça pourrait ne pas être annulé.
45:21C'est passionnant.
45:22J'ai dirigé 1500 concerts
45:25dans ma vie
45:26et je vous assure
45:26qu'au niveau rationnel,
45:28on aurait pu dire
45:28c'est pas possible,
45:29c'est pas possible,
45:30c'est annulé,
45:30c'est trop dangereux,
45:32c'est trop grave,
45:33c'est pas possible.
45:34On y va,
45:35on y va.
45:35Mais 1500 concerts,
45:36elle m'a dit
45:37c'est pas possible.
45:38Et donc ça fait
45:38pour la 1500ème fois,
45:40le 11 décembre,
45:41c'est un concert impossible,
45:42mais voilà,
45:43je suis là aussi
45:43pour que les autres...
45:441500ème concert.
45:44Oui, oui.
45:45Et alors après,
45:47pourquoi ça arrivez-vous ?
45:48Parce qu'on est en pleine guerre.
45:49D'abord le Mont-Blanc.
45:51Je ne perds pas votre fil aussi.
45:52Le Mont-Blanc,
45:53donc j'ai expliqué
45:54que c'était possible.
45:54Il fallait enregistrer le son
45:55d'abord,
45:56le préserver à Radio France.
45:58Donc on l'a fait à Radio France.
45:59Dans les studios de Radio France.
46:00Après,
46:01pour les musiciens,
46:02j'avais des contacts
46:03avec des choristes polonais
46:04qui n'ont pas peur de la neige,
46:05au contraire.
46:06Donc eux,
46:07ils sont en tee-shirt
46:08à moins 20.
46:09Je plaisante l'appel,
46:10mais c'était vrai.
46:11Et c'était banco.
46:13Ils étaient très heureux.
46:14On est resté une semaine
46:16pour faire des plans séparés.
46:19L'orchestre,
46:20genre 3000 mètres,
46:21le chœur un petit peu plus haut,
46:23le piano un petit peu plus haut.
46:25Et puis,
46:25comme ils avaient vu
46:26que le piano,
46:27ce n'était pas possible
46:28pour des raisons de sécurité
46:28d'être amené au sommet du Mont-Blanc,
46:31le matin,
46:31ils me disent
46:31Hugues, c'est vous
46:32qu'on va faire venir.
46:34Mais ce n'était pas un projet
46:34mégalomanique de ma part.
46:36On voit bien un piano quand même.
46:38Oui, oui.
46:38Il y a eu un piano
46:39qui était cru
46:41pour des raisons
46:41pour que ce soit moins lourd.
46:43et après,
46:44on a joué
46:45sur nos images.
46:46Enfin,
46:47plutôt les images.
46:48Le son était déjà fait.
46:49Et les images sont venues ensuite.
46:50Et les images,
46:51on a essayé de synchroniser après.
46:53C'est-à-dire qu'en fait,
46:53j'avais l'enregistrement
46:54qui diffusait
46:54et derrière les caméras,
46:56je faisais la musique.
46:57Alors,
46:58avant tout,
46:58il fallait faire rêver
46:59à une époque
47:00où c'était la guerre en Europe
47:02parce que c'était la guerre des Balkans,
47:03enfin la guerre à Saint-Révo.
47:05Bref,
47:05c'était affreux.
47:06L'ancienne négociation.
47:07Exactement.
47:08Prenez votre envol.
47:09Et oui,
47:09et là,
47:10c'était prendre de la hauteur.
47:13Et c'était pour amener
47:15les images
47:15aux musiciens de Saint-Révo.
47:18Au début,
47:19ils étaient cinq
47:20et ça nous amène bien sûr
47:20à Saint-Révo
47:21avec ces images-là.
47:22L'image ultra positive,
47:24merveilleuse,
47:25fantaisie pour piano,
47:26chœur, orchestre de Beethoven.
47:27La musique
47:28au-dessus
47:30des nuages,
47:32au-dessus de l'Europe entière
47:33pour dire
47:35c'est nous
47:36qui menons
47:37le haut du pavé
47:38grâce au génie de la musique
47:40et pas vos armes.
47:42Ouh là,
47:42prendre du recul
47:43de la hauteur
47:44un petit peu
47:44à la Charles de Gaulle.
47:46Ah, il y a une phrase
47:46de Charles de Gaulle
47:47qui vous va très bien.
47:48Quand vous cherchez
47:49votre route,
47:50visez les sommets,
47:51là,
47:51il n'y a pas d'encombrement.
47:53Exactement.
47:53Eh bien, c'est ça,
47:54c'est ma boussole.
47:55Charles de Gaulle,
47:55c'est une boussole pour moi.
47:57Je crois aussi,
47:58bien sûr,
47:58peut-être pour des millions
47:59de personnes,
47:59je ne vous dirais pas le contraire.
48:00Mais exactement.
48:01Et alors,
48:02franchement,
48:02fondamentalement,
48:03il faut lire,
48:05il faut lire,
48:05il faut lire.
48:05Et donc,
48:07quand je vais
48:08à Sarrivo,
48:09je suis déjà,
48:10je sais que le côté positif
48:14des choses
48:14est déjà réalisé.
48:16Tous les aspects techniques
48:17ont été transcendés.
48:20C'était carrément
48:20le jingle de fin
48:21de France 2
48:23à une époque
48:23pendant dix ans.
48:25Il y a eu
48:25petites images
48:25de toutes les exploits
48:26du XXe siècle.
48:28Et je voyais
48:28le chef d'orchestre
48:30en pingouin
48:31au sommet du blanc
48:31qui agite comme ça.
48:32J'ai dit,
48:32c'est quand même pas mal,
48:33c'est sympathique.
48:34Sur le plan,
48:35parce qu'à 33 ans,
48:36on a quand même encore
48:36de l'égo,
48:38on croit encore
48:39plein de choses.
48:40Et maintenant,
48:41je crois...
48:42On en a plus
48:4230 ans plus tard ?
48:42Si,
48:43encore plus en fait.
48:44En vrai.
48:46En vrai.
48:47Moi,
48:47j'ai l'impression
48:48d'inverser le cours
48:50des choses.
48:50Les gens qui vieillissent...
48:51Vous ne vous mentez jamais.
48:53Mentir ?
48:53Jamais.
48:55Mais non,
48:55mes arrières-pensées,
48:56je préfère les mettre devant,
48:57c'est beaucoup plus drôle.
48:58Vous ne vous mentez jamais.
48:59Jamais.
48:59Vous ne vous mentez jamais.
49:00Jamais.
49:01C'est la grâce.
49:02C'est la grande grâce.
49:03Et vous savez,
49:04grâce à mon père,
49:05parce qu'il me disait
49:06comme je ne suis pas
49:07d'accord sur rien,
49:09donc pas obligé de mentir.
49:11C'est comme ça.
49:11Puisque la vérité
49:12fracassante
49:13fait qu'il m'aime quand même.
49:15Elle était non-sente.
49:15Donc on n'est pas obligé
49:16d'édulcorer,
49:17de changer,
49:19vous voyez ce que je veux dire ?
49:20On ne gâche pas.
49:20On ne gâche pas.
49:20De traverser la pensée.
49:24Non.
49:24Voilà.
49:24J'aime les gens.
49:25Ce n'est pas un mensonge,
49:26c'est une vérité.
49:28Et je ne m'enrichis pas
49:29beaucoup avec ça.
49:31On en parlera de l'argent.
49:32Ah oui, voilà.
49:33L'argent, c'est bien
49:34quand on le donne.
49:35Sous-titrage Société Radio-Canada
49:37Sous-titrage Société Radio-Canada
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