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  • il y a 4 jours
Le Grand portrait de Sonia Devillers est Jean-Louis Etienne, médecin, explorateur, écrivain, auteur de “Persévérance, un voilier pour l’avenir de la planète” (Michel Lafon).

Retrouvez « Le Grand portrait par Sonia Devillers » avec Sonia Devillers sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10

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Transcription
00:00France Inter, la grande matinale, Sonia de Villers.
00:08Les explorateurs ne sont pas des voyageurs, ce sont des bâtisseurs.
00:15Toute sa vie, Jean-Louis Etienne a imaginé des bateaux, des radeaux, des traîneaux, des capsules, des ballons dirigeables.
00:22Il les a construits et il les a fait construire.
00:25Il les a équipés, entretenus, améliorés, bricolés, réparés.
00:28Il les a aimés plus que de simples machines.
00:32Car ces véhicules extraordinaires sont porteurs de rêves.
00:35Mieux, ils sont porteurs de valeurs, d'un amour inconditionnel pour les pôles nord et sud, ces sentinelles de la planète.
00:43Depuis maintenant 40 ans, chaque expédition de Jean-Louis Etienne dans les hautes latitudes a pour vocation d'étudier et de protéger ce monde merveilleux en grand danger.
00:53Reste un morceau d'océan presque inaccessible à l'approche de l'Antarctique.
00:56Les vagues les plus hautes du monde, les vents et les courants les plus violents pour affronter les 40e rugissants.
01:04Il faut à Jean-Louis Etienne bien plus qu'un navire.
01:07Il lui faut une cathédrale.
01:09Et comme tous les bâtisseurs, il a rêvé d'avoir achevé sa cathédrale avant de mourir.
01:16Portrait numéro 52.
01:17Bonjour Jean-Louis Etienne.
01:22Bonjour.
01:23Voilà, le marin bâtisseur.
01:25Alors en attendant la cathédrale, parce qu'elle viendra, cette cathédrale, vous consacrez un récit illustré de photos éblouissantes prise par Francis Latreille et publié chez Michel Laffont à Perseverance.
01:39Voilà, Perseverance, c'est le nom de votre bateau.
01:42Imaginons, où est-ce qu'il se trouve d'ailleurs ce voilier en ce moment ?
01:45Actuellement, il est entre le Mexique et Clipperton, qui est une île française, un atoll sur lequel on a amené des scientifiques français et mexicains.
01:53Alors, imaginons que je suis à quai, à Clipperton, que le Perseverance est amarré.
02:00Vous me tendez la main, vous me faites descendre sur le pont du bateau.
02:03A quoi ressemble le pont de Perseverance ? Qu'est-ce que je vois ?
02:08Alors, quand vous arrivez sur le quai, vous voyez, c'est très haut, il est très haut, Perseverance.
02:13D'abord, vous voyez un nom, c'est long.
02:16Perseverance, c'est vraiment très très long et on le voit bien.
02:20Et donc, je vous parlais de Clipperton, du Mexique où on était.
02:24Perseverance, on était en Californie récemment.
02:27Et Perseverance, tout le monde comprend ce que c'est un nom universel.
02:34Et c'est vrai qu'il est très haut, ce bateau ?
02:36Il est très haut, il a été fait, effectivement, pour ravitailler le PolarPod, la future plateforme.
02:41La cathédrale, on va en parler.
02:43Effectivement, il est fait pour aller dans les régions polaires, il est fait pour affronter les régimes de vent et de vagues de l'océan Austral.
02:50Il a deux mâts, c'est une goélette.
02:52Il est à propulsion, ce qu'on appelle aujourd'hui, propulsion vélique.
02:57On a la voile.
02:58Tant qu'il y a du vent, on utilise la voile.
03:00Sinon, on met le moteur.
03:01Elles font combien de mètres carrés, ces voiles ?
03:03Je ne sais plus, on a à peu près 800 mètres carrés de voile.
03:07Alors, on les met en fonction du vent.
03:09Ça fait 42 mètres de long, ça fait 11 mètres de large.
03:13Et surtout, la coque, elle est solide, elle est costaud.
03:18Je me passionne pour ça.
03:22Il est fait pour se frayer un chemin dans les glaces.
03:26Ce n'est pas un brise-glace.
03:27On ne va pas fracturer la banquise, mais on pousse la glace.
03:30Il y a une glace qui est fracturée.
03:31Allez, partons en voyage avec Persévérance.
03:34Alors là, le bateau est en marche.
03:56Et ce qu'il faut savoir, c'est que Persévérance est équipé de capteurs ultra-performants pour évaluer la santé des océans.
04:04Oui.
04:04Et que toutes ces données, elles sont envoyées à des laboratoires.
04:07Alors, par exemple, vous mesurez l'oxygène dissous dans la mer, mais surtout, ce que j'aimerais que vous nous racontiez, c'est que vous écoutez la faune marine et sous-marine.
04:19On a un hydrophone, c'est-à-dire un micro qui va sous l'eau.
04:24Oui.
04:24On appelle ça une manta parce que ça la forme une raye manta et on le tracte à 50 mètres à l'arrière du bateau.
04:29Donc, il n'est pas pollué, entre guillemets, par le bruit du bateau.
04:34Et ça écoute toute la faune, notamment les mammifères.
04:38Alors, qu'est-ce que vous entendez quand vous êtes sur le pont du bateau ?
04:40Ah non, mais moi, je ne peux pas vous décrire, mais si vous passez un moment avec les spécialistes de la discussion des mammifères,
04:47j'ai assisté à une réunion où on écoutait ce qu'on venait d'enregistrer, ils éclatent de rire.
04:51Tu entends ce qu'il lui a dit ?
04:53C'est-à-dire, on entend les discussions que les orques, les cachalots, les éléphants de mer ont entre eux.
04:59Tout à fait.
05:00Et ça permet de faire un inventaire de la faune.
05:02Et effectivement, comme ils connaissent les dialogues, ils en font une estimation.
05:05Et je voudrais que vous racontiez aussi ce village de baleiniers abandonnés.
05:10que vous décrivez dans le livre.
05:12Ah, à Gritviken.
05:13Alors ça, c'est en Georgie du Sud, c'est dans l'hémisphère sud.
05:17Il s'est passé un truc entre la fin du dernier siècle et 1950.
05:24La baleine fournissait tellement de choses, de matières premières, de graisse, d'insuline,
05:31de trucs qu'on a exploités jusqu'à proximité de l'extinction des espèces.
05:36C'est énorme ce qu'on faisait.
05:38C'était une vraie industrie.
05:39Si vous voulez.
05:40Et donc, quand vous arrivez à Gritviken, ce qui m'a surpris, vous avez des gros réservoirs
05:45qui sont les réservoirs où on mettait la graisse.
05:48Mais c'est géant.
05:49Tout ça est désert.
05:50Tout ça est abandonné.
05:51Tout ça est peuplé de manchots aujourd'hui.
05:53Et ce qui est bizarre, vous avez des éléphants de mer.
05:57Vous avez des manchots qui sont sur des anciennes carcasses.
05:59Des carcasses de baleines.
06:01Elles sont encore là.
06:02Elles sont encore là.
06:02Et vous dites qu'ils ont peut-être oublié qu'on a failli en étaler jusqu'à l'extinction de l'espèce.
06:09Ça a été vraiment une industrie.
06:11Et heureusement, il y a eu la Ligue de protection, pas des oiseaux mais des mammifères,
06:15qui a été créée et qui a permis à un certain moment de réguler tout ça.
06:19Ce qu'il y a de plus dangereux, alors je ne sais pas si c'est ce qu'il y a de plus dangereux,
06:22mais vous, vous dites que l'obstacle majeur, c'est l'iceberg.
06:27L'iceberg, quand on monte dans les hautes latitudes, pourquoi ?
06:30L'obstacle, on voulait dire en navigation, par exemple.
06:33L'iceberg, on le voit, c'est une grosse muraille de glace.
06:38Un iceberg qui s'est détaché des ice shelves, on appelle ça des plateformes de glace.
06:43Vous êtes en face d'une muraille qui fait 40 mètres de haut.
06:45Il y a donc au moins autant, 400, 300, 400 mètres sous l'eau.
06:50Et ce sont des morceaux de glace géant qui descendent de l'Antarctique, de la calotte antarctique.
06:56Pour que les gens aient une idée, l'Antarctique dont je parle, c'est le continent du pôle sud,
07:01c'est grand comme 28 fois la France.
07:03C'est 28 francs, un puzzle serré de 28 francs, et recouvrait le tout de 2,5 km de glace.
07:092 500 mètres de glace sur 28 francs.
07:12Ça, c'est la taille du glaçon géant qu'il y a en Antarctique.
07:14C'est 70% de l'eau douce de la planète qui est gelée là.
07:17Et de temps en temps, il y a un bloc qui se sépare et qui va faire l'iceberg.
07:21Pour les navigateurs qui passent très vite, devant des globes par exemple,
07:25ce qui est dangereux, c'est qu'elles se fracturent.
07:27Ça fait des bouts de glace et qu'elles arriveront à grande vitesse.
07:29Nous, on est très équipés, on a radar et tout.
07:31Donc, on sait dépister un peu ces choses-là.
07:33Je voudrais vous faire entendre la voix de Frison Roche
07:36qui vous a tant fait rêver quand vous étiez enfant.
07:39C'est un guide de haute montagne, un des grands explorateurs du XXe siècle.
07:42Parce que moi, la montagne, ce n'est pas simplement l'escalade des fichiers.
07:45Vous savez, c'est aussi la montée en peau de phoque dans la neige poudreuse le matin
07:50quand il fait très froid.
07:51C'est le rayon de soleil sur la cime.
07:53C'est la découverte d'un horizon quand on a l'impression que la terre s'éveille.
07:57Vous savez, quand on est sur un 4000 à 5h du matin
08:00et qu'on voit se lever le soleil, c'est quelque chose d'extraordinaire.
08:04On a l'impression justement d'assister à un renouveau.
08:06Je crois que si je n'avais pas été montagnard, j'aurais été marin.
08:09Et j'aime la mer.
08:10J'aime la mer.
08:12Et oui, il y a une chose que je n'ai pas pardonné à Cousteau.
08:16C'est dans une déclaration à la radio, on lui avait parlé de la montagne.
08:18Il a dit « je déteste la montagne ».
08:21Et j'ai trouvé qu'il ne pouvait pas dire ça parce qu'il ne la connaissait pas.
08:24Moi, j'aime la mer et je suis montagnard et je voudrais la connaître.
08:27On peut t'aimer les deux d'ailleurs.
08:28C'est la même solitude.
08:29C'est Chancel qui dit à Frison Roche « on peut t'aimer les deux »
08:32et la réponse, c'est la même solitude.
08:34Bien sûr, bien sûr.
08:36C'est l'immensité, la mer.
08:37Tout d'un coup, vous êtes libéré, c'est vraiment d'une contrainte.
08:40L'espace maritime, vous êtes en face de vous-même
08:43parce qu'il n'y a aucune référence à l'humain quand vous êtes en mer.
08:47Donc, c'est un lieu de réflexion.
08:50Et Frison Roche parle de ce soleil qui se lève,
08:52le nombre de soleils qui se lèvent et qui se couchent l'autre jour.
08:55Il y avait la lune et le soleil de l'autre côté.
09:00Enfin, ce sont des espaces de réflexion.
09:03Mais vous, Jean-Louis Tienne, vous êtes né dans le Tarn.
09:07Vous êtes né à la campagne.
09:09Vous avez grandi à la campagne.
09:10C'est-à-dire qu'il n'y avait ni la mer, ni la montagne.
09:15Oui, je suis né à la campagne.
09:16J'aimais vivre dehors, en fait.
09:18Et je m'inventais des expéditions.
09:21Vous voyez, c'est comme ça que c'est venu.
09:23Et à 14 ans, j'ai fait une liste de matériel
09:25pour aller camper dans les Pyrénées en hiver.
09:27Quand j'analyse ça aujourd'hui, je me dis, mais pourquoi en hiver ?
09:31Et apparemment seul.
09:33Je dirais, il y avait une structure et ses envies de faire des expéditions en résurgie.
09:37Je suis médecin, puis interne en chirurgie.
09:40Et j'ai proposé mes services de médecin pour partir en expédition.
09:44C'est comme ça que je suis entré.
09:46Avec un petit mot quand même, parce que vous choisissez la chirurgie
09:49parce que vous êtes un manuel.
09:51Et un manuel contrarié.
09:53Attention, vous n'avez pas eu de place en menuiserie charpente
09:56quand vous étiez petit.
09:58Vous avez finalement été orienté en section tourneur-fraiseur.
10:03Vous êtes un manuel.
10:05Et ça, c'est quelque chose quand je disais que vous êtes un bâtisseur.
10:08Que ces bateaux, vous les aimez, vous les bricolez, vous les équipez.
10:12C'est-à-dire que c'est vraiment une des grandes colonnes vertébrales.
10:15Oui, merci d'évoquer ça.
10:17Parce que moi, j'avais pas les notes pour entrer en sixième, vous voyez.
10:20Avant, on ne savait pas.
10:22Je suis dyslexique.
10:23Mais on disait à l'époque, oh là là, il est nul en lecture.
10:26Mais il est nul.
10:27Vous voyez ce que je veux dire.
10:28Et donc, en fait, moi, je voulais être compagnon du devoir.
10:31Je voulais être charpentier-menusier.
10:32Et vous l'avez dit, il n'y avait pas de place.
10:34Donc, après le certificat d'études, j'étais au collège technique.
10:37Et il n'y avait pas de place en menuiserie tourneur-fraiseur.
10:39Et là, j'ai découvert la technologie de construction, la technologie des matériaux, le dessin industriel.
10:44Et puis, je me suis intéressé aux mathématiques.
10:46Et Mme Pujol, qui était ma prof de maths, a dit, ce gars, il peut faire autre chose.
10:50Et je suis rentré en seconde, en seconde directement après le CAP.
10:54Et donc, j'ai eu le bac.
10:55Et puis, qu'est-ce que je fais avec le bac ?
10:57J'ai fait médecine, chirurgie.
10:58Et vous l'avez mentionné, quand je mets mes dix doigts en aidant le chirurgien,
11:03elle me dit, mais ça, ça sera ma vie, je serai chirurgien.
11:06C'est Tabarly. C'est l'immense Éric Tabarly, le dieu des navigateurs français,
11:10qui en 77 vous embarque à bord comme médecin.
11:14Écoutez la voix de Tabarly.
11:16Quand j'étais petit, à 5 ans, on me disait, qu'est-ce que tu veux faire plus tard ?
11:20Je disais, amiral.
11:21Mais alors, je ne voyais pas très bien encore les difficultés qu'il y avait pour accéder.
11:26Après, donc, j'ai bifurqué ma vocation.
11:32Je voulais être bûcheron parce que je trouvais que c'était beaucoup plus facile.
11:37Il n'y avait pas d'études à faire.
11:38Et je me voyais très bien, là, au milieu de la grande forêt, la cognais à la main.
11:43Mais enfin, l'amour de la marine, oui, de la marine militaire,
11:49c'était certainement la chose qui me plaisait de faire.
11:52Tabarly qui voulait être amiral.
11:54Ben oui.
11:55Quand même, hein ?
11:55Éric m'a offert mon premier tour du monde.
11:58Il m'a offert surtout l'ouverture sur la mer.
12:00Je lui ai resté un an avec lui à bord de Penduix 6.
12:03Et il a fait de moi un marin.
12:04J'étais plutôt orienté vers la montagne.
12:07Il y a un moment, vous avez trouvé un moyen de conjuguer,
12:10de faire se rencontrer ces deux mondes.
12:12Et ces deux mondes, c'est avec les pôles.
12:14C'est avec le Groenland, d'abord.
12:16C'est avec les expéditions au pôle.
12:18Vous allez vous faire se rencontrer ces deux explorations.
12:21celles de la glace, de la neige, de la dureté, de la montagne,
12:24de la solitude, des cimes balayées par les vents,
12:28et celles de la mer.
12:29Est-ce que vous pouvez décrire, parce que vous le dites dans ce livre,
12:32et c'est très beau, la première fois que vous allez au Groenland,
12:35et surtout la première fois que vous en partez ?
12:38Ah oui, oui.
12:39D'abord, oui.
12:39Vous dites, j'étais seule sur le pont, j'agrippais la barre,
12:42la gorge serrée par une émotion trop forte,
12:46envahie par une fierté de conquête, une conquête de moi-même.
12:49Une conquête de moi-même.
12:49On quittait Farwell.
12:51Le Cap Farwell, c'est le sud du Groenland.
12:54Et je venais d'être vraiment touché par ce paysage,
12:56par cet engagement.
12:59Et je me suis dit, je reviendrai.
13:02Je reviendrai.
13:03J'ai compris qu'il fallait faire un bateau.
13:05Le rêve du bateau a commencé, c'est en 79.
13:08Vous voyez, c'est la première expédition que j'ai montée.
13:10Je l'avais appelée Voile et Alpinisme au Groenland.
13:12Et ce départ, quittait le Cap Farwell.
13:17Goodbye Farwell.
13:18Il y a une chanson comme ça.
13:19Et donc, je me la suis chanter.
13:20Je me suis dit, je reviendrai.
13:22Et donc, c'est à partir de ce moment-là où je me suis vraiment orienté vers l'organisation
13:25d'expédition polaire.
13:27C'est ça.
13:27Alors là, par exemple, on vous entend gonfler le ballon avec lequel vous avez survolé
13:37l'épaule.
13:39C'est incroyable.
13:40En plus, c'est magnifique.
13:40Le décor est blanc.
13:41Il n'y a pas de vent pour le moment.
13:43Donc, il faut aller vite.
13:44Voilà.
13:45Donc, j'ai entamé la checklist avec l'équipe.
13:48Merci.
13:50C'est parti.
13:51C'est parti.
13:51C'est parti.
13:57Il y a eu des expéditions en solitaire.
14:01Il y a eu des expéditions où vous étiez un collectif.
14:06Mais j'aimerais quand même qu'on revienne sur ces états presque limites que vous avez
14:12atteints plusieurs fois, notamment dans les expéditions en solitaire où vous frôlez
14:17la mort en réalité, où vous frôlez des états de privation de sommeil qui virent
14:23quasiment à l'hallucination, Jean-Louis Etienne.
14:27Par exemple, dans ce ballon, vous racontez un moment où vous aviez des hallucinations
14:32visuelles qui semaient le doute sur votre niveau de conscience.
14:36Vous aviez presque l'impression, alors que vous étiez seul dans les airs, qu'une personne
14:40venait s'asseoir à votre gauche et vous entendiez des cris d'oiseaux invisibles.
14:45Oui, j'avais des hallucinations auditives, donc des oiseaux.
14:48Je me disais, attends, mais ça c'est des oiseaux, c'était une évidence, mais il n'y avait rien.
14:51Et l'impression, vous l'avez dit, qu'il y avait quelqu'un à ma gauche, je faisais
14:53comme ça.
14:54J'ai d'ailleurs regardé une séquelle comme ça pendant un an.
14:56C'est vrai.
14:57Oui, j'ai eu un oedème cérébral d'altitude parce que je n'avais plus assez d'oxygène,
15:01etc.
15:02Tout ça pour dire qu'on ne repousse pas ses limites, on se découvre.
15:09On a des performances qu'on ignore de soi.
15:12Et ce qui est important dans toutes les expéditions que vous avez signalées, résister à la tentation
15:16de l'abandon.
15:17Ça, c'est quelque chose que je peux partager avec tout le monde.
15:19Quand vous avez une envie, c'est le moteur, l'envie, un truc profond, quelque chose.
15:25Je dis ça, je fais des interventions dans les classes, dans les lycées.
15:29Tu as une envie ? Ça, c'est ton moteur.
15:32C'est avec ça, effectivement, que tu vas...
15:34Mais l'envie, ce n'est pas que... ça ne va pas être facile.
15:37Du temps, du travail, de la persévérance.
15:40C'est la persévérance.
15:41Voilà.
15:41C'est le bateau.
15:42Et donc, encore une fois, c'est vrai que j'ai frôlé des moments très difficiles.
15:48Mais résister à la tentation de l'abandon, c'est une façon très constructive d'avancer.
15:52Alors, la cathédrale ?
15:53La cathédrale, c'est Polar Pod.
15:57L'océan Austral, donc l'océan qui est autour de l'Antarctique.
16:00On est dans l'hémisphère sud.
16:01C'est les 40e rugissants, 50e.
16:04Les 50e hurlants.
16:05Les 40e rugissants, les 50e hurlants.
16:07Il n'y a pas de mer plus dangereuse au monde.
16:10C'est une mer très agitée, qui est agitée en permanence.
16:13Très agitée, oui.
16:14Par le vent.
16:14Très, très agitée.
16:15C'est loin, c'est difficile d'accès.
16:17Et donc, le Polar Pod va permettre...
16:19Est-ce que c'est là où il y a les albatros ?
16:21Ah oui, oui, bien sûr.
16:22Ah ben voilà, c'est ça.
16:22Est-ce que c'est là où il y a la vague cinquanténale, c'est ça ?
16:26Oui, alors ça, attendez, c'est une vague...
16:29C'est l'intelligence artificielle qui nous a foutu dans la mer,
16:31parce que nous, on était partis sur une vague de 20 mètres.
16:35L'intelligence artificielle, nous en a sorti une de 38 mètres.
16:37Un monstre de 38 mètres.
16:39Un monstre, oui.
16:39Une vague de 38 mètres.
16:41Oui, il n'y a pas un marin qui l'a vue.
16:43Non, c'est une vague d'ordinateur.
16:46Nous, on a calculé quand même une vague prévisible de 20 mètres,
16:49ce qui est déjà pas mal.
16:49Alors, Polar Pod.
16:50Polar Pod va permettre d'accéder à cet océan agité,
16:55d'y séjourner en permanence aux quatre saisons.
16:57Parce que la recherche sur cet océan ne se fait que l'été.
17:01The major data gap of the global ocean, pour faire français,
17:04c'est l'océan le moins connu de la planète.
17:07Quel type de vaisseau permettrait de séjourner sur cet océan de tempête
17:10dans des bonnes conditions de sécurité et de confort ?
17:12C'est un navire vertical qui fait 100 mètres de haut,
17:1575 mètres de tir en d'eau, donc sous l'eau,
17:17un laisse de 150 tonnes.
17:19Tous les tests qu'on a fait sur des maquettes,
17:21au bassin à vagues, à l'école centrale de Nantes,
17:23à Ifrémer, à Brest, montrent sa stabilité.
17:26Et il y aura huit personnes à bord.
17:28C'est le seul vaisseau zéro émission.
17:30Le moteur, c'est le courant circumpolaire.
17:33L'énergie, c'est les éoliennes.
17:35Voilà.
17:35Et donc, il y aura huit personnes à bord,
17:37quatre ingénieurs océano, trois marins, une personne...
17:39Voilà.
17:40Et on va étudier ce principal puits de carbone océanique de la planète.
17:43C'est l'acteur majeur de la régulation du climat.
17:46Me dit Jean-Louis Etienne, les points serrés,
17:49quand je vous dis que les explorateurs sont des bâtisseurs
17:52et qu'il verra sa cathédrale avant de mourir.
17:55Merci tellement Jean-Louis Etienne.
17:57Persévérance, un voilier pour l'avenir de la planète.
18:00C'est donc ce livre qui paraît chez Michel Laffont
18:02avec les photographes de Francis Latreille,
18:04les photographies de Francis Latreille,
18:06qui sont absolument éblouissantes.
18:09Voilà.
18:09Et une fois n'est pas coutume.
18:11J'ai un petit mot personnel à la fin de cette émission
18:13pour tous ceux qui ont rêvé toute leur vie
18:15de traverser l'Atlantique à la voile
18:17et qui embarquent aujourd'hui.
18:18Mon vieux père, notamment.
18:20Ah oui.
18:20Voilà.
18:21Merci pour votre invitation.
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