- il y a 5 heures
Retrouvez « Le Grand portrait par Sonia Devillers » avec Sonia Devillers sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10
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00:00Bonjour les bienvenus Audrey !
00:01Bonjour !
00:02Tu as parlé de ma voix alors j'ai essayé de faire un petit côté un peu rapeuse,
00:06c'était complètement raté, c'est pas grave.
00:08Elle est magnifique cette voix, on va en parler,
00:10mais je me suis dit quand même cette bonne étoile, vous,
00:12elle était déjà inscrite sur vos papiers d'identité,
00:14vous saviez cette lettre du Yirak ?
00:16Non absolument pas, je viens de la prendre ce matin.
00:18Vous êtes née comédienne en fait.
00:20Et ma soeur aussi du coup.
00:22Et votre soeur Alexandra dont on va parler.
00:24Vous avez souvent dit que vous aviez du mal à faire des choix,
00:26que vous doutez, que vous avez peur de vous tromper,
00:28et pourtant vous êtes l'une des rares actrices françaises
00:32à être à la fois immensément populaire,
00:33grâce à 10 ans de télé tous les soirs dans scène de ménage,
00:36et en même temps exigeante et curieuse ancrée dans le cinéma social.
00:39Aux Etats-Unis, on appelle ça une actrice de dramedie,
00:43ça veut dire de passer du rire aux larmes comme ça sans prévenir.
00:46Est-ce que vous hésitez vraiment ou est-ce que vos doutes
00:48c'est justement votre manière de choisir à l'instinct ?
00:50Non, en fait je me suis souvent posé la question avant,
00:53avant je me prenais vraiment la tête sur les scénarios
00:56et de se dire voilà est-ce que c'est bien que je parte sur ce genre de registre-là.
00:59Et en fait aujourd'hui, avec l'expérience et avec les années,
01:02maintenant il y a un truc qui me sert énormément à chaque fois que je lis un scénario,
01:06c'est que je me dis tiens est-ce que moi en tant que spectatrice j'ai envie d'aller voir ce film ?
01:09Et du coup j'ai une réponse très rapide.
01:12Donc je me prends un peu moins la tête maintenant aujourd'hui.
01:14Alors aujourd'hui vous vous êtes pas pris la tête pour la bonne étoile.
01:17C'est une histoire d'arroseur arrosé, un couple en 1940.
01:21Pour fuir la guerre, ils décident donc de se faire passer pour juifs,
01:23persuadés que les juifs s'en sentiront toujours mieux.
01:26Et forcément tout part-delà de cette bêtise ordinaire
01:28qui finit par se retourner contre eux dans l'annonce.
01:31T'as zégouillé des allemands ?
01:32Si j'ai zégouillé des allemands, on a des centaines.
01:34Qu'est-ce que tu fais là ?
01:35Je m'attendais à un accueil un petit peu plus chaleureux.
01:38T'es parti hier Jeanne ?
01:39Oui.
01:40T'as déserté.
01:41C'est quoi un déserteur ?
01:42C'est rien mon chéri.
01:43C'est une autre façon de faire la guerre.
01:44Il y a une dame de la haute, une baronne, qui planque des juifs.
01:48Vous voulez que je vous fasse des faux papiers avec une identité juive ?
01:51Voilà.
01:52La démarche est assez inhabituelle mais...
01:55Après tout.
01:56On va répéter.
01:58Josette Ovalovitch, vous êtes juif ?
02:00Nanou ?
02:01Bah si !
02:02Si tu t'arrêtes !
02:03Quoi ?
02:04Il n'est pas juif depuis deux minutes que tu le persécutes déjà.
02:07Arrête, arrête, arrête !
02:10Empires !
02:11Fuyez !
02:12Partez ! Partez !
02:13Et ce titre, la bonne étoile, il est évidemment ironique, vous l'avez compris chers auditeurs,
02:18parce que cette étoile qu'ils espèrent protectrice, c'est aussi celle qu'on coud sur les manteaux,
02:22celle qui condamne, celle qui désigne la haine.
02:24Et en se mettant dans la peau de l'autre, ces personnages découvrent ce qu'ils refusaient de voir.
02:29C'est une fable sur la bêtise et sur l'éveil.
02:31Audrey, vous l'avez lu comme ça ce scénario ?
02:33Exactement.
02:34Moi j'ai eu un énorme coup de cœur parce que je trouvais qu'il y avait vraiment une originalité de raconter cette histoire-là.
02:39Et puis le pitch, c'est vrai que quand on se raconte que ce monsieur interprète Benoît Poulvorte,
02:46qui est exceptionnel dans le film, il faut le dire, parce que vraiment il est incroyable,
02:49parce qu'il est touchant, il est drôle et puis il est profondément humain.
02:53Mais de voir cette ignorance-là et c'est presque cette bêtise où il rentre de la guerre au bout de 24 heures
02:58et qu'il se dit que la meilleure chose à faire c'est de se faire passer pour un juif pendant la seconde guerre mondiale.
03:02Je me suis dit que l'idée déjà de base est quand même assez brillante.
03:05Et puis ça raconte aussi des choses à travers la comédie.
03:11On peut aborder des sujets graves comme cette période d'histoire qui est dramatique,
03:18mais en y injectant de la comédie douce, de la comédie amère,
03:23ça permet de réfléchir aussi sur cette période qui a été monstrueuse.
03:27Moi j'ai été tout de suite séduite déjà par le scénario, par l'écriture, par justement cet équilibre
03:33que Pascal Helbet, donc le réalisateur et acteur aussi dans le film, a réussi à trouver entre respecter cette époque-là
03:41et en même temps en ajoutant par moments de la légèreté parce qu'on parle de l'ignorance de ces gens-là.
03:47C'est-à-dire que Benoît Poulvorte et moi, donc Jean Chevalin et Paulette,
03:53donc on est un couple, de voir cette ignorance-là, cette peur et de se dire que la bonne idée
04:00sans chercher plus loin et de ne pas avoir de recul sur ce qu'ils vont faire,
04:04je trouve ça aussi drôle que touchant.
04:07C'est ce qui est joli dans La Bonne Étoile, c'est cette douceur en effet, ce sourire qui se dégage
04:11grâce au réalisateur Pascal Helbet, qu'il a réussi à glisser dans l'une des périodes les plus sombres de l'histoire.
04:16Donc il y a ce Benoît Poulvorte, cet homme lâche, mais c'est vrai qu'il est touchant et un peu paumé.
04:20Il apporte une humanité inattendue au cœur de la guerre.
04:23Le réalisateur cite d'ailleurs comme référence « La vie est belle » de Roberto Benigni.
04:27C'est exactement ça, oui.
04:30Et comme dans le film de Benigni, il y a chez lui cette façon de vouloir protéger les siens du drame,
04:45d'amuser son fils, de distraire sa femme, vous, en multipliant les tours de magie, les petites bêtises.
04:51On vit aussi à Audrey dans un temps compliqué, plein de peur, et vous qui êtes mère d'ailleurs aussi.
04:55Est-ce que vous sentez ce besoin de fantaisie, de tendresse pour raconter ce qu'on traverse aujourd'hui ?
05:00Oui, en tout cas, je trouve que la comédie, c'est un outil tellement puissant pour raconter ce genre de sujet-là.
05:05Aujourd'hui, quand on va au cinéma, en tout cas, moi je parle pour moi, c'est vrai que j'ai envie d'espoir, j'ai envie d'amour, j'ai envie d'humanité.
05:12Et je trouve que de traiter ce sujet-là avec autant d'amusement, tout en respectant évidemment cette époque-là,
05:21je trouve ça tellement intelligent parce que déjà ça ramènera du monde au cinéma, je l'espère,
05:26et surtout ça va permettre à un public aussi un peu jeune de pouvoir voir aussi toute cette période-là dramatique.
05:33Donc pour moi, c'est aussi un film que, par exemple, je pourrais partager avec mes enfants
05:39et avec une jeunesse qui n'a pas forcément envie de voir tout ça.
05:45Mais en tout cas, grâce à l'écriture de Pascal, on en sort avec le sourire, mais aussi avec cette réflexion-là.
05:54Donc ce film permet de rire, mais aussi de réfléchir.
05:58Et c'est ce qui m'a tout de suite séduite dans le scénario.
06:00Un petit peu de magie. On sent qu'il y a un peu de magie d'ailleurs en vous aussi, Audrey.
06:03Parce que depuis vos débuts, vous avez ce don rare de faire passer la lumière dans des endroits où, a priori, il fait nuit.
06:09Vous avez été assistante sociale combative dans Les Invisibles,
06:12mère d'un enfant autiste dans Antongue, au pied de l'Himalaya, ou encore une mère dévastée dans Police.
06:17Votre jeu, il m'a fait penser à une phrase de Christian Bobin qui l'a écrit.
06:21Il faut avoir beaucoup de nuit en soi pour faire naître une seule étoile.
06:25Moi, j'aime beaucoup interpréter des personnages ordinaires, en fait.
06:32Et c'est vrai que quand je regarde un peu…
06:34Oui, quand on parle des Invisibles, quand on parle de la Brigade ou même Rebelle,
06:38avec Yolande Moreau et Cécile de France, là aussi, on est dans une pure comédie.
06:41Mais c'est toujours… Moi, j'aime toujours parler aussi de ces gens ordinaires.
06:45Moi, je suis ordinaire aussi.
06:47Il y a un doute là-dessus.
06:49Non, mais ce que je veux dire, c'est d'avoir cette espèce de pureté, d'innocent.
06:52Ça ne m'intéresse pas forcément, moi, de jouer des grandes bourgeoises.
06:54J'adore avoir justement des personnages comme ça, qui sont touchants,
06:59qui n'ont pas forcément les bonnes cartes pour s'en sortir dans la vie.
07:02Et ça donne de l'espoir.
07:04Moi, ça m'amuse, ça me fait rire.
07:06Et puis, encore une fois, ça me donne de l'espoir.
07:09C'est une question naive.
07:10Vous mettez combien de pourcents de vous dans chaque personnage ?
07:13J'en mets pas mal.
07:15On est sur une jauge à 70%.
07:18On est sur une bonne jauge de 70-80%.
07:20C'est un très bon chocolat noir, ça.
07:22C'est exactement ça.
07:23Oui, parce qu'on se met à la place.
07:25Moi, j'aime les personnages que je joue.
07:26Mais comme tous les acteurs, toutes les actrices,
07:28je pense qu'on défend notre personnage.
07:30Et quand on joue une femme de province qui ne connaît rien,
07:34et comme Paulette qui ne connaît rien,
07:36qui est dans une ignorance totale,
07:38on l'aime ce personnage et on a envie de la rendre touchante
07:42et surtout de la rendre accessible aux autres.
07:44Donc voilà, c'est des personnages comme ça que j'aime énormément défendre.
07:49Vous savez que quand on recherche des informations sur vous,
07:52il y a trois mots-clés qui sortent beaucoup.
07:54C'est Stradivarius, Brad Pitt et le Sud.
07:57Ça revient à chaque fois sur vous.
07:59Alors Stradivarius, d'abord parce qu'Alex Lutz, votre ami,
08:01émetteur en scène de votre One Woman Show au succès énorme à l'époque,
08:05ça s'appelle Dernier avant Vegas.
08:07Il vous compare à un instrument rare, capable donc de tout jouer
08:10et non pas parce qu'on peut vous caler évidemment sous le menton.
08:12Et c'est vrai que vous venez du Conservatoire national supérieur d'art dramatique
08:16après le cours Florent que vous aviez intégré directement en deuxième année.
08:20Vous dites que c'était fame pour vous.
08:22Mais c'était génial.
08:23Moi j'ai adoré cette école parce que vous avez tous les outils pour apprendre votre métier.
08:29Donc c'est de la danse, du chant, du théâtre, de la tragédie.
08:33En fait, c'est une école dans laquelle on rentre sous concours.
08:37Moi j'étais hyper motivée parce que si je ne rentrais pas dans cette école,
08:40clairement mes parents m'avaient donné deux ans pour rentrer dans cette école,
08:43sinon je retournais dans le sud vendre des rideaux.
08:45Et bon ça aurait pu être une vie sympathique mais en tout cas ce n'était pas mon objectif.
08:49Donc j'étais hyper motivée.
08:50Quand je suis rentrée au Conservatoire, je ne savais pas vraiment ce que c'était.
08:53Je savais que c'était l'école dans laquelle il fallait être.
08:55Mais je ne savais pas vraiment tous les cours qu'il y avait et tout ça.
08:59Et puis c'est fame parce que c'est des cours de 9h jusqu'à 21h puis elle les répète le soir.
09:05Et puis on apprend le chant, la danse.
09:08Il y a très longtemps il y avait même des équitations je crois.
09:11Il y avait de la dramaturgie, de la comédie.
09:13C'est là où j'ai rencontré aussi des metteurs en scène comme Cédric Clapiche.
09:16C'est là où une directrice de casting pour Tout ce qui brille m'avait vue sur scène.
09:22Donc voilà, j'ai fait des rencontres extraordinaires et surtout j'ai vraiment appris mon métier.
09:26Il y a Brad Pitt aussi comme mot clé.
09:28Je suis désolée mais vous vous en parlez souvent.
09:30Une passion pour lui.
09:31Alors c'est le seul homme que j'ai le droit d'aimer sans que mon mari soit jaloux.
09:35Ça c'est ce que vous aviez confié.
09:36Ah bon ?
09:37Apparemment, vous avez une photo de lui prise par votre soeur Alexandra.
09:41Un jour peut-être vous donnerez enfin la réplique à Brad Pitt ?
09:44Oh non, déjà il faudrait que je me mette à l'anglais.
09:47Mais c'est vrai que quand j'ai vu, moi je suis très fan, j'ai été très fan de Brad Pitt.
09:52Mais genre à mon adolescence je regardais déjà tous ses films.
09:56Enfin voilà, je le trouvais évidemment très beau et puis surtout c'est un acteur exceptionnel.
10:01Donc effectivement je l'avais croisé à une avant-première de son ex-femme à l'époque,
10:07Engie.
10:08Et quand je l'ai vu de loin, d'un seul coup je me suis rendu compte que j'avais 14 ans
10:12parce que j'en avais rien à faire de le déranger.
10:14Je voulais vraiment juste ma photo quoi.
10:15Donc je me suis vraiment mise à la passe d'une immense fan qui en a rien à faire de savoir si je le dérange ou pas.
10:21Je veux ma photo avec lui.
10:22Et d'ailleurs on me voit, j'avais posté sur Insta, j'ai 8600 d'ans avec un sourire jusqu'aux oreilles
10:28parce que pour moi je rencontre mon idole quoi.
10:31Alors du coup c'est déjà fait.
10:33Mais en revanche le troisième mot clé sur vous c'est le Sud.
10:36Vous êtes une fille du Sud née à Alès dans le Gard.
10:38Et c'est votre mère et pas du tout Brad Pitt qui vous a emmené au théâtre, au cinéma avec votre sœur Alexandra.
10:44Il vient de là quand même le déclic ?
10:45Oui, le déclic il vient de là et il vient, on ne va pas se mentir, il vient de ma sœur aussi
10:49qui a 10 ans de plus que moi et qui m'amène.
10:51Elle, elle était au conservatoire de Nîmes et elle était censée me garder
10:55puisque c'était un peu ma nounou, ma confidente, ma meilleure amie.
10:58Voilà ma sœur est remplie un petit peu toutes les cases dans ma vie.
11:01Et du coup je l'accompagnais en secret dans ses cours au conservatoire de Nîmes.
11:07Donc j'étais dans les coulisses et je voyais tellement le plaisir qu'elle avait.
11:11J'assistais aux répétitions, j'assistais aux représentations
11:15et ça m'a tout de suite déclenché l'envie de devenir actrice.
11:20Alexandra et Audrey donc des filles du Sud qui aiment bien Cabrel quand même.
11:24C'est quoi une fille du Sud Audrey ?
11:43Bah c'est Francis Cabrel.
11:46C'est une fille du Sud, c'est une fille qui chante Cabrel.
11:50Je dirais plus la corrida parce que c'est ce que je chante à chaque karaoké à partir de 2h du matin.
11:54Voilà c'est ça une fille du Sud.
11:56Alors vous le disiez, c'est Cédric Lapiche qui vous a repéré.
11:59Il vous offre une seule réplique dans son film Paris.
12:01Vous jouez une fille qui s'énerve dans la rue et cette réplique c'est ?
12:04Je ne sais plus, je jure d'ailleurs.
12:07Je t'emmerde.
12:08Je t'emmerde !
12:09C'est la seule réplique.
12:10C'est la seule réplique que j'ai ratée d'ailleurs.
12:12Et franchement c'était pas mal.
12:13A la première et à la deuxième prise c'était une catastrophe parce que j'avais tellement d'angoisse.
12:17Il pleuvait, j'avais des bottes avec des talons de 10 cm.
12:21J'avais un stress fou en me disant j'ai qu'une réplique et il faut que je donne tout.
12:24Et en fait sur le scénario il y avait écrit je t'emmerde avec 6 points d'exclamation.
12:28Et je me suis dit bah là il faut que je hurle quoi.
12:30Et je ne sais pas pourquoi.
12:31J'avais un chariot parce que j'étais fleuriste donc j'avais un chariot.
12:33Il y avait des pavés, j'ai glissé.
12:36Je pète un rétroviseur de camion avec mon espèce de chariot.
12:40Et je hurle cette réplique mais 10 fois trop fort.
12:43Je t'emmerde !
12:44Et d'un seul coup je vois Cédric Clapiche qui s'approche de moi qui me fait
12:46bon alors bien mais vraiment beaucoup trop donc on va baisser un peu.
12:51Et là tu dis waouh t'as une réplique et tu mets toute ta vie dedans.
12:55Mais c'était une super rencontre.
12:56C'était une première expérience.
12:58Mais votre vrai premier petit boulot à l'époque, celui qui va devenir l'un de vos grands atouts, c'est votre voix.
13:03On vous a entendu doubler des personnages dans Harry Potter.
13:06Des doublages aussi de Tarantino, Boulevard de la Mort ou encore Les Infiltrés.
13:10Et même dans Moi Moche et Méchant, vous êtes Lucie Wilde.
13:13Le petit enchaînement que vous venez de voir est une technique perso que je viens de mettre au point.
13:17C'est un mélange de jujitsu, de krav maga, de lutte à sec et de hip hop.
13:23Ok, bravo ! Qu'est-ce que vous faites là ?
13:27Le doublage c'était vraiment génial.
13:29Moi Moche et Méchant, c'était exceptionnel, mais je commençais déjà à travailler.
13:35Mais le doublage ça m'a vraiment aidé à remplir mon frigo, à payer mon loyer.
13:40Parce que quand on est au conservatoire, c'est vrai qu'on n'a pas beaucoup de temps pour trouver du travail.
13:46Et puis j'avais une copine qui était dans le doublage et donc j'y suis allée plusieurs fois pour voir un peu comment ça se passait.
13:54Et puis un jour, le directeur de plateau m'a offert l'opportunité de pouvoir faire une ou deux phrases.
13:59Et petit à petit, j'ai commencé à faire du doublage.
14:01Donc c'était génial parce que je continuais à faire ce métier-là d'actrice, même si on est dans le noir derrière un micro
14:07et qu'on n'offre que notre voix aux acteurs et aux personnages qu'on interprète.
14:11Mais en tout cas, c'était une chance aussi de pouvoir continuer ce métier-là autrement.
14:15Cette voix, elle est reconnaissable entre toutes parce que j'ai une auditrice qui vient de m'envoyer un message et qui vous a bien reconnu.
14:22C'est Nada Strancard qui était votre professeur.
14:25Il y a la peau de poulet qui est en train de monter et qui m'écrit
14:30« Cher Audrey, un grand bonheur de te retrouver.
14:32Le magnifique souvenir que j'ai de notre travail sur Horace de Corneille.
14:35Toi, la comique survoltée du Conservatoire, tu as fait un parcours dans la tragédie dont beaucoup se souviennent encore quand nous évoquons ces années-là.
14:41Vraiment, tu étais incroyable de beauté et d'émotion. Merci encore pour ce souvenir intérissable.
14:46Même moi, je pleure.
14:48Qu'est-ce qui se passe ?
14:50Alors, Nada Strancard, c'est une immense tragédienne et c'est une figure du théâtre français, une professeure redoutée et adorée à la fois et elle a été la vôtre.
14:57Mais incroyable !
14:59Ça a été ma plus belle rencontre au Conservatoire.
15:01Franchement, ça a été exceptionnel parce que je ne connaissais pas du tout la tragédie.
15:06Parce que je suis arrivée au Conservatoire, il a fallu quand même que je gomme un peu mon accent avant de passer le concours.
15:12Mais voilà, je ne connaissais pas les Alexandrins, je ne connaissais rien.
15:15Et elle m'a tout appris et en plus, elle m'a donné confiance parce que pour moi, j'étais vraiment que dans la comédie.
15:22Et elle m'a dit non, non, mais je pense que tu te trompes, tu n'es pas une actrice de comédie, je pense que tu es beaucoup plus tragédienne que ce que tu penses.
15:29Et j'ai fait une année avec elle, puisqu'après chaque année, on change parfois de professeur et j'ai passé une année où elle m'a tout appris.
15:36Alors là, je suis tellement contente, est-ce que je pourrais garder cette petite tête ?
15:40Bien sûr, je vous donne le mot et vous n'avez pas besoin de sécher vos larmes ici.
15:43Non mais ça m'émeut vachement parce que vraiment, ça a été une rencontre extraordinaire.
15:47Humainement, elle est incroyable. Et puis, c'était une prof qui nous faisait faire ce qu'on voulait.
15:54On a pu jouer aux races, on pouvait jouer des rôles d'hommes, on pouvait jouer tout ce qu'on voulait.
15:58Ça, c'est un bon conseil aux éditeurs, aux éditrices, aux jeunes étudiants et étudiantes qui nous écoutent.
16:02Il faut tout jouer, hommes, femmes.
16:04Exactement. Et juste un truc, c'est là où elle a été très forte, c'est qu'encore aujourd'hui, je garde des conseils qu'elle m'a donnés,
16:11alors que ça date quand même, je crois que je suis sortie en 2006, donc ça date.
16:15Mais encore aujourd'hui, je garde ces conseils qui ont été très très précieux.
16:19Cette voix justement, elle fait passer des émotions assez dingues, mais aussi des répliques qui sont devenues cultes,
16:24exemple dans le film Tout ce qui brille.
16:38J'imagine que vous vous souvenez, mais figurez-vous que c'est devenu un mème sur TikTok.
16:42C'est-à-dire que 15 ans après, c'est un phénomène, cette réplique.
16:45Qu'est-ce que ça fait quand une réplique d'une comédienne comme vous devient culte pour une nouvelle génération ?
16:50D'ailleurs, comme ce que vous avez fait dans Lol qui rissort, vous devenez culte.
16:53Oh non, mais c'est un cadeau ce que m'a fait Géraldine.
16:58Je crois que je n'avais pas eu le scénario.
17:01En fait, quand j'ai passé le casting, j'avais eu que mes scènes.
17:04Et déjà, je me suis dit, mais attends, mais ce n'est pas possible.
17:07Elle se trompe, ce n'est pas ce personnage-là, parce qu'il y avait tellement de choses à trouver.
17:10Puis j'aime beaucoup composer des personnages.
17:13Moi, c'est ce qui m'amuse le plus, c'est de glisser dans la peau d'un personnage qui est un peu loin de moi.
17:18Et quand je suis arrivée au casting, j'ai joué le jeu à fond.
17:21Je suis arrivée en jogging, j'avais une doudoune sans manche, je me souviens à l'époque.
17:25J'étais vraiment dans le rôle et j'avais évidemment hyper envie d'interpréter ce personnage-là.
17:32Après, quand cette séquence est arrivée et que j'ai joué « Ta mère la caissière », j'étais loin de m'imaginer que ça allait devenir une réplique.
17:40On vous engage à aller voir cette réplique et puis ce film d'ailleurs de Géraldine Nakache.
17:44Mais en attendant, aujourd'hui, le film s'appelle « La bonne étoile ».
17:47Il est réalisé par Pascal Helbet avec Benoît Poulvord, Zabou Bretman et vous, Audrey Lamy.
17:52Le film sort le 12 novembre au cinéma.
17:54Vous avez juste un mot, une dédicace aujourd'hui ?
17:57À moi, une dédicace ? Non, aujourd'hui, je m'adresse aux spectateurs.
18:02Je dis qu'on a envie de rire, on a envie de réfléchir et on a envie d'être ému.
18:06Et je trouve que « La bonne étoile », en tout cas, c'est un film qui amène tout ça.
18:11Et c'est un film qu'on peut partager avec ses enfants.
18:13Et à une dernière dédicace, je pense à ma sœur qui tourne beaucoup trop en ce moment.
18:17Et j'ai envie de lui dire « Repose-toi aujourd'hui mon petit chat, c'est ta journée, je pense à toi et je t'embrasse fort ».
18:22Reposez-vous Alexandra Lamy et merci Audrey.
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