«Je n'aime pas les habitudes, donc j'adore mon métier», Charles Luylier, journaliste Europe 1, raconte son métier de correspondant

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00:0016h-18h, Pascal Praud sur Europe 1.

00:04Bon, Charles Lullier, donc c'est l'occasion de parler de Stéphane Plassé à Bordeaux,

00:08de Maximilien Carlier à Lille, de Jean-Luc Bougeon, de Noémie Loisel à Lyon,

00:14de Stéphane Burgatte à Marseille, de Nina Pavant à Marseille également,

00:18de Frédéric-Michel à Nice, de Sandrine Prioul à Rennes,

00:22de Mélina Fachin à Strasbourg, de Noé Chaillot à Strasbourg également,

00:26et puis Charles, vous êtes donc à Toulouse avec Alexis Bourdon.

00:30Alors quand on est correspondant en région, c'est pas facile,

00:34c'est à la fois passionnant, parce que vous mangez du terrain,

00:37vous mangez du reportage, mais on vous appelle à 4h du matin

00:40et on vous dit, il se passe que ça.

00:43Il faut y aller effectivement, et la difficulté c'est que nous sommes en fait seuls au monde,

00:47c'est-à-dire que quand on doit aller par exemple couvrir, je ne sais pas,

00:54alors on avait beaucoup parlé à l'époque, il y a un an,

00:56de ce qu'il s'était passé avec la jeune fille Samara à Montpellier,

01:01qui avait été harcelée à l'école parce que c'était une jeune fille d'origine marocaine

01:08qui ne portait pas le voile et qui mettait des jupes.

01:11Et bien lorsqu'on apprend que cette jeune fille est placée dans le coma

01:15parce qu'elle a été rouée de coups à la sortie de son collège,

01:18et bien il faut y aller, et effectivement il faut se lever parfois

01:21des potreaux minés pour y aller, et jusqu'à pas d'heure effectivement,

01:25alors c'est pas Germina là, je ne suis pas en train de...

01:27Non mais on est réveillé, en fait la difficulté pour vous,

01:30par exemple moi on me dit souvent, vous travaillez beaucoup,

01:33et je dis oui je travaille beaucoup, mais par exemple là ça va s'arrêter à 18h,

01:37et puis jusqu'à lundi je connais mon planning, rien ne peut arriver,

01:40sauf une mort particulièrement importante qui nécessiterait qu'on revienne tous à la rédaction.

01:48Mais d'abord ces morts, on ne les souhaite à personne,

01:51mais elles sont tellement rares, ça peut être le président des Etats-Unis,

01:54ou une guerre qui éclate, sauf...

01:56Bon, donc on sait ce qu'on va faire.

01:59Vous, vous savez jamais ce que vous allez faire.

02:01Alors exemple...

02:01C'est ça qui est difficile.

02:02Vous êtes dans un dîner avec votre épouse ou avec votre...

02:05C'est tout à fait ça.

02:05Donc c'est compliqué.

02:06C'est tout à fait ça, parce que par exemple lundi j'étais attablé,

02:10effectivement avec ma compagne, lundi midi,

02:13et il y a Christophe Charles, le responsable du service reportage à Europe 1,

02:18qui m'appelle pour me demander d'aller à Londres,

02:21effectivement, donc il était midi, j'étais à table,

02:24et à 15h j'étais déjà quasiment à l'aéroport, voilà.

02:28Donc c'est pour ça que c'est compliqué.

02:29Donc ça dépend d'un certain état d'esprit.

02:30Et surtout d'avoir un partenaire de vie,

02:32une partenaire de vie en l'occurrence pour ma part.

02:34Qui soit contente que vous partiez.

02:35Effectivement, elle n'a pas pleuré.

02:39Soulagée.

02:40Bon, non mais ça c'est...

02:41Et pareil, dans le foot par exemple, tout était programmé.

02:44C'est-à-dire que tu savais que la Coupe du Monde commençait tel jour, etc.

02:46Le reporter tel qu'il est, ça nécessite un certain état d'esprit

02:50d'aimer être dérangé dans ses habitudes,

02:53puisqu'en fait il n'y a pas d'habitude.

02:54Mais c'est ça qui est bien.

02:55C'est ça qui nous fait...

02:57Si on n'aime pas les habitudes, mais si on les aime, c'est ennuyeux.

03:00Mais je n'aime pas les habitudes.

03:02Donc j'adore.

03:03Voilà, oui, mais donc ça demande un certain état d'esprit.

03:07Bon...

03:07Mais c'est la personne avec qui vous vivez, ça peut être compliqué.

03:11C'est pas le seul métier qui a cette caractéristique.

03:13Mais bien sûr.

03:14Quand j'étais magistrat de permanence, je ne savais pas ce qu'il allait se passer.

03:17Procureur, vous êtes appelé à n'importe quel moment.

03:19Mais là, vous ne parlez pas de vous, Georges.

03:20Non, mais je comprends la vie qu'il peut donner.

03:23Un commissaire, par exemple, il peut être appelé à n'importe quel moment.

03:25Oui, bien sûr.

03:27Alors, il y a une dimension en plus du reporter, c'est qu'il doit voyager.

03:31Il doit...

03:32Vous, vous couvrez combien de...

03:34Alors, en fait, moi, je suis basé à Toulouse, effectivement.

03:38Et je couvre, en fait, une zone qui va jusqu'à Limoges,

03:41en passant par tout en bas Montpellier, le sud-ouest, en fait.

03:48Et Toulouse-Limoges, ça fait une petite trope.

03:50Ça fait une 3h30 de route.

03:51Oui, mais ça, c'est notre quotidien, la route, nous.

03:54Alors, il y a quelque chose...

03:55On fait 80 000 km par an.

03:57Oui, mais alors là, il y a quelque chose de très important aussi.

04:00C'est que quand vous allez sur un événement,

04:02forcément, vous êtes tenté d'appuyer sur le champignon.

04:06Et ça ne faut pas, parce que vous ne pouvez pas perdre votre permis.

04:08J'en ai perdu quelques-uns, des points, effectivement,

04:10depuis que je suis sur Europe 1, mais tout va bien.

04:12Non, mais c'est important.

04:13Non, mais c'est vrai, vous avez raison.

04:14Évidemment, tous ceux qui ne roulent pas,

04:17ce qui est mon cas, c'est facile d'avoir leurs 12 points.

04:19Oui, mais quand tu ne commences pas ?

04:22Oui, parce que j'aurais perdu 4 d'un coup.

04:24Non, mais j'ai souvent 12 points,

04:26mais évidemment, je ne suis jamais pressé.

04:28Mais je pense à ceux qui nous écoutent,

04:29qui sont sur la route, qui sont représentants de commerce,

04:32qui sont effectivement journalistes.

04:33De temps en temps, vous êtes peut-être enclin

04:35à être à 90 au lieu de 70.

04:38Oui, je le confesse sans problème, effectivement.

04:40Et il ne faut pas, bien sûr, et il ne faut pas.

04:42Non, bon.

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