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Les Vraies Voix avec Jay, opérateur de la BRI-PP.

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##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2025-11-13##

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News
Transcription
00:00Mes chers compatriotes, au moment où je m'exprime, des attaques terroristes d'une ampleur sans précédent sont en cours dans l'agglomération parisienne.
00:16Il y a des tirs dans le dixième arrondissement, des rues, les rues, donne-moi les rues.
00:19Héloïse est en ligne avec la PP.
00:20Reste au bureau et tu regroupes tout le monde.
00:22Il y a une équipe au Stade de France et l'autre dans Paris, ça a tiré rue Bichat au Carillon, rue de la Fontaine au Roi.
00:26C'est vrai, tu pars au Stade de France avec ton équipe.
00:28Les théoristes sont entrés au Bataclan, en plein concert !
00:30Il y a plusieurs dizaines de tués, il y a beaucoup de blessés. C'est une horreur.
00:37Lorsqu'on pénètre dans le Bataclan, il y a des centaines de corps par terre.
00:40L'horreur est démesuré assez rapidement, donc il y a un contact entre les négociateurs et les théoristes.
00:47Et au terme de ce deuxième échange, le négociateur me rappelle en me disant « on n'y arrivera pas ».
00:52On est totalement désorienté, on est assourdi, ça tire un peu aussi.
00:58J'ai le sentiment, et j'ai toujours le sentiment maintenant, que la moins mauvaise solution c'était de passer à l'assaut.
01:04Les écoles sortent du 13 novembre.
01:08Et on a souhaité, en tout cas, poser des questions et comprendre ce qui se passait du côté des forces de l'ordre,
01:19en l'occurrence du côté de la BRI, préfecture de police de Paris.
01:23Et un opérateur était avec nous.
01:25Jay, merci d'avoir accepté notre invitation.
01:28Déjà, ce qui est important pour comprendre bien, qui est la BRI, préfecture de police ?
01:33Quelles sont aujourd'hui cette unité spéciale, en tout cas ? Comment on peut la définir ?
01:39Historiquement, la BRI a été créée en 1964, avec pour mission première de lutter contre le crime organisé et la délinquance violente.
01:46En 1972, suite à la prise d'otages des athlètes israéliens aux Jeux de Munich,
01:53on s'est aperçu en France qu'on n'avait pas d'unité d'intervention spécialisée dédiée au contre-terrorisme sur le territoire national.
02:00La première unité à qui on a donné cette mission, ça, était la BRI,
02:04en se basant sur son expérience passée dans la lutte contre le crime organisé.
02:08Et aujourd'hui, on continue de travailler sur les deux domaines,
02:12à savoir la police judiciaire de terrain, surveillance, filature, interpellation,
02:20également dans les cas d'enlèvement,
02:21et en parallèle sur l'intervention spécialisée,
02:24c'est-à-dire l'interpellation d'individus dangereux,
02:28les forçonnés retranchés et ou retranchés armés,
02:32les libérations d'otages, le contre-terrorisme.
02:33Voilà un peu l'éventail des missions.
02:35C'est un service en alerte, H24 ?
02:38Bien entendu, il y a des équipes qui sont dédiées à la protection des Parisiens
02:43et des résidents de la Petite Couronne, H24.
02:46Une équipe qui est prête à partir du 36K des Orphèves,
02:49donc position centrale de Paris,
02:51prête à être déployée dans l'ensemble de l'île de France,
02:57de la Petite Couronne, pour être très précis pour l'instant.
02:59Et une deuxième équipe de soutien qui peut se projeter également,
03:03n'importe où, dans le secteur de compétences.
03:05À quel moment ce service particulier est déployé ?
03:10Et en l'occurrence, ce 13 novembre 2015 ?
03:14Alors, sur la dimension intervention spécialisée,
03:18le service est déclenché par le cabinet du préfet de police.
03:22Et c'est le cas ce soir-là, le 13 novembre,
03:24où on est activé assez tôt dans la soirée.
03:28Dès qu'on a les premières informations qui émanent du Stade de France,
03:31on a la chance d'avoir des techniciens du laboratoire central de la facture de police
03:35qui travaillent avec nous, et qui étaient présents sur le Stade de France,
03:37et qui très rapidement nous confirment qu'il ne s'agit pas d'un accident,
03:41mais d'une attaque terroriste avec présence d'explosifs.
03:44Donc ça, ça nous met déjà en alerte.
03:46Très vite, on a des retours, notamment via également les sapeurs-pompiers
03:48avec qui on travaille, l'ABSPP, qui nous indique,
03:51parce que c'est souvent eux qui sont les premiers avertis,
03:55d'une de plusieurs fusillades dans Paris,
03:58et quasiment dans la foulée, d'un autre chef de service
04:00qui nous avise et qui nous demande de retourner au 36 à des Orfèvres,
04:03afin de se regrouper, s'équiper, et d'être projetés sur la situation de crise.
04:08On a besoin de quoi comme informations à ce moment-là, pour vous ?
04:10Qu'est-ce qui est la première chose que vous vous demandez, finalement ?
04:14Qu'est-ce qui se passe, tout simplement ?
04:16Et on n'a pas de réponse tout de suite.
04:17En tout cas, pas de réponse précise ?
04:20Non, pas de réponse précise.
04:21On sait qu'il se passe quelque chose de grave,
04:22qu'il se passe quelque chose de grave dans plusieurs localisations,
04:25mais on n'a pas précisément la teneur,
04:28à part les fusillades et l'explosion du Stade de France.
04:30C'est tout ce qu'on a au départ.
04:30Et cependant, il faut vous organiser et vous engager.
04:35Et donc, comment se passe le commandement ?
04:37Comment on s'organise, finalement, sans avoir d'informations ?
04:41On se regroupe au 36 à des Orfèvres.
04:44Très vite, deux équipes sont constituées.
04:46Une équipe qui va être dédiée plutôt aux terrasses,
04:49qui va être envoyée rue de la Fontaine au Roi.
04:51Et une seconde équipe, elle, qui va être envoyée au Bataclan,
04:55ce qui est mon équipe, avec au départ comme information,
04:58il faut aller là-bas, il se passe quelque chose de grave.
05:00Voilà exactement les mots employés.
05:02Donc, dans ces cas-là, qu'est-ce qu'on fait ?
05:04On prend le maximum de matériel pour pouvoir s'adapter à la situation
05:06à laquelle on va faire face.
05:08Donc, c'est ce qu'on fait, on s'équipe.
05:09Et on se projette très rapidement, parce que le 36 quai
05:12n'est vraiment pas loin du boulevard Voltaire.
05:15Donc, c'est en une dizaine de minutes.
05:16On se dirige vers le Bataclan.
05:19Là, on est dans une situation un peu inédite depuis très longtemps,
05:23ce qui n'est pas arrivé en France, une tuerie de masse.
05:25Ce qui est un exercice un peu particulier.
05:28C'est plus qu'une tuerie de masse, parce qu'on est plus là
05:30sur un attentat de type Bombay.
05:32D'ailleurs, c'est ça qui a inspiré l'équipe de Daesh,
05:35qui a oeuvré ce soir-là, c'est-à-dire multi-sites
05:38et concomitants avec plusieurs équipes qui travaillent en même temps.
05:42Ça, effectivement, on n'avait jamais été confronté à ça.
05:45Comment on travaille ?
05:46Parce que sur différents sites, vous êtes par radio ?
05:51Est-ce que chacun sait exactement quelle est sa place ?
05:54Non, alors en fait, on va nous attribuer des tâches et des lieux.
05:59Si je prends un autre exemple, moi, l'équipe dont j'avais la charge,
06:02on a été en charge de se diriger vers le Bataclan.
06:04Donc après, je n'étais plus du tout concentré et concerné,
06:08j'ai envie de vous dire, par définition sur le moment,
06:10par ce qui se passait à côté.
06:13On définit le premier de Cologne,
06:15parce que ce sont des colonnes qui arrivent au Bataclan.
06:19Comment on détermine la personnalité qui est derrière le bouclier ?
06:23Est-ce que c'est ou un peu au feeling ?
06:27Il y a plusieurs phases dans l'opération,
06:29en ce qui nous concerne, du Bataclan.
06:31Il y a la phase d'arrivée, la phase de découverte de la situation,
06:35de progression, de localisation des terroristes,
06:39de début de négociation.
06:41Et ensuite, il y aura une phase d'assaut à l'issue.
06:45Ce n'est pas forcément dans les mêmes équipes,
06:46puisqu'au début, on ne choisit pas avec qui on arrive.
06:48On arrive avec les premiers qui sont là.
06:49Donc, effectivement, entre la première équipe
06:52qui va investiguer au milieu des victimes
06:55pendant une vingtaine de minutes,
06:57afin de localiser les terroristes,
06:58et celle qui mènera à l'assaut final après,
07:02on va reconstituer son équipe,
07:03parce qu'on a un petit peu de temps.
07:04On mettra à profil dans ce dont on dispose
07:05pour essayer de constituer son équipe au mieux,
07:07en fonction des éléments dont on dispose à ce moment-là,
07:09pour mener une action la plus efficace possible.
07:14Sachant que vous vous connaissez tous parfaitement ?
07:16Oui, on se connaît tous, mais pour autant,
07:19par exemple, ce soir-là, on avait des jeunes
07:20qui venaient de finir leur formation initiale.
07:22Donc, on ne va pas demander à un jeune
07:23qui finit sa formation initiale
07:25d'obtenir le bouclier.
07:27À l'intérieur, il faut se coordonner aussi,
07:30faire des choix de progression.
07:34Et là, c'est difficile de se parler, forcément.
07:37Alors, on a tout un système radio intégré
07:38qui fait qu'on peut se parler sans être entendu.
07:42Là, il y a une grosse coordination.
07:44Et en plus, il y a un enjeu très particulier
07:45dans le Bataclan, c'est qu'on a,
07:47notamment au début,
07:49on a cet enjeu d'évacuation des victimes.
07:52Parce qu'on comprend qu'il y a
07:53beaucoup de victimes qui sont blessées,
07:56beaucoup de victimes qui jouent les morts,
07:57parce qu'on comprendra après
07:58que s'ils bougeaient, ils se faisaient tirer dessus.
08:01Et avant même la prise d'otages,
08:02nous, ce qu'on pense dans un premier temps,
08:04c'est qu'il faut qu'on mette en œuvre
08:06une tactique qui nous permette d'évacuer
08:07au plus tôt la masse de gens
08:09qui sont bloqués dans la fosse.
08:10C'est-à-dire les sécuriser ?
08:11C'est-à-dire localiser les terroristes,
08:14geler le périmètre,
08:15et pouvoir donner un feu vert
08:17à l'évacuation générale
08:18des 600 ou 700 personnes
08:20qui restaient au milieu de la fosse.
08:22Parce qu'il n'était pas question,
08:23à ce moment-là, de lancer une action
08:24sans avoir localisé au préalable les terroristes
08:26et au risque de recréer encore plus de chaos
08:29et nous, de ne pas être en mesure
08:31d'agir contre les terroristes.
08:33Et vous les découvrez facilement,
08:34les assaillants ?
08:35Ou s'il faut quand même progresser ?
08:36Non, on ne les découvre pas facilement
08:38parce qu'on a des indications
08:39un petit peu contraires.
08:40Et on met un certain temps,
08:44on met une petite vingtaine de minutes
08:45à cheminer à travers les corps
08:47des blessés,
08:49des morts malheureusement,
08:51et des gens qui demandent notre aide.
08:52D'ailleurs, à ce moment-là,
08:52on est obligé de leur préciser
08:53qu'on ne peut pas venir les aider immédiatement.
08:55On a une mission
08:56qu'on va revenir les aider
08:57mais dans un premier temps,
08:58en fait, notre principale crainte,
08:59c'était que tout le monde se lève.
09:01Et là, c'était ingérable pour nous.
09:02Donc, on demandait aux gens
09:03de rester au sol
09:03et nous, on a cheminé,
09:04d'après les informations
09:05qu'on avait,
09:06vers le lieu
09:07où on pensait
09:08que les terroristes
09:09s'étaient retranchés
09:09et ce qui était
09:10au premier rétage
09:11du balcon gauche.
09:13Est-ce qu'il y a l'issue
09:14de ce drame ?
09:16On fait des retex,
09:17j'imagine,
09:18avec le service
09:19pour voir...
09:21On apprend forcément
09:22au fur et à mesure,
09:23tout le temps.
09:24On apprend.
09:25Alors, on apprend beaucoup
09:25dans ces situations-là.
09:26Oui.
09:27Oui, on a fait des retex.
09:29On a fait des retex
09:29entre nous.
09:30On a fait des retex
09:30avec d'autres unités françaises,
09:32des unités étrangères.
09:33Et on se nourrit de ça
09:36et ce qui nous a permis
09:38de revoir notre doctrine
09:39d'intervention,
09:39également pour les autres
09:40groupes d'intervention
09:41comme le RAID
09:41qui était présent également
09:42avec nous ce soir-là
09:43en soutien
09:44et le GIGN.
09:45On a échangé avec eux.
09:47Chacune des unités
09:48avec sa culture propre
09:49a pu changer sa doctrine,
09:52s'adapter à ce nouveau
09:53type de menace.
09:54Et bien sûr
09:55que c'est fondamental
09:55pour nous de comprendre
09:56ce qu'on aurait pu mieux faire,
09:58ce qu'on a raté
09:59et ce qui a réussi.
10:00Merci beaucoup, en tout cas,
10:01d'avoir accepté
10:01cette invitation.
10:02Je sais que ça n'est pas facile
10:03pour vous.
10:04C'était aussi une façon
10:05de vous mettre à l'honneur
10:06parce que je sais
10:07qu'énormément de Français
10:07soutient la police aussi.
10:10Quoi qu'on en dise.
10:11Merci en tout cas
10:11d'avoir accepté cette invitation.
10:13Dans un instant,
10:13on reviendra
10:13avec nos vraies voix du jour
10:15sur cet événement.
10:17On se pose toujours la question
10:18est-ce que vous vous souvenez,
10:19c'est comme le 11 septembre,
10:21est-ce que vous vous souvenez
10:21que vous étiez là ce soir-là ?
10:230826 300 300.
10:25Merci beaucoup
10:26et nos amitiés, bien entendu,
10:28aux équipes de la BRI PP.
10:30A tout de suite.
10:30Et on est ravis de vous accueillir
10:42avec, bien entendu,
10:43Philippe David.
10:44Merci de nous accompagner
10:46tous les jours.
10:47Et j'en profite pour dire
10:48que vous pouvez nous retrouver
10:50un petit peu partout
10:50sur les plateformes,
10:51sur Twitter, Facebook, Instagram,
10:53TikTok,
10:54sur notre chaîne YouTube.
10:56Bien entendu,
10:56si vous n'êtes pas abonné,
10:58c'est peut-être le moment
10:58de le faire avec Éric Revelle
11:00qui est avec nous.
11:01Bonsoir, Cécile.
11:01Bonsoir.
11:02Bonsoir, avec Sébastien Ménard
11:04et avec, bien entendu,
11:05Philippe David,
11:05avec ce livre, monsieur.
11:07Oui.
11:07Monsieur, ce livre.
11:08Je suis par mon et par vous en ce moment.
11:10Oui, ça cartonne.
11:11On rappelle le titre, quand même.
11:12C'est Mozart qu'on assassine.
11:14Alors, ça ne plaira pas à mon voisin
11:15parce qu'il s'agit d'une décennie de fiasco
11:17signée, non pas Zorro,
11:19mais Emmanuel Macron,
11:20qui s'est pris pour Zorro,
11:21d'ailleurs, longtemps.
11:22Mais bon,
11:23maintenant, l'épée est un peu émoussée.
11:26Allez, soyez les bienvenus.
11:27On voulait savoir
11:28ce que vous faisiez
11:29le soir du 3 novembre 2015.
11:33Est-ce que vous vous souvenez
11:34où vous étiez, Philippe David ?
11:36Alors, évidemment,
11:37ce soir-là,
11:37j'habitais Toulouse à l'époque.
11:39J'avais une opportunité
11:40d'aller au Stade de France.
11:41On me proposait une place.
11:42J'ai dit, bon, finalement,
11:43j'ai passé la semaine à Paris.
11:44Je rentre.
11:45Et j'étais,
11:46je suis un grand passionné de football.
11:48Ça se sait sur Sud Radio.
11:49J'étais à Fontenay,
11:50en banlieue de Toulouse,
11:52devant la télévision
11:53à regarder France-Allemagne.
11:56Parce qu'un France-Allemagne,
11:57c'est jamais un match
11:58comme les autres.
11:58Alors, attendez,
11:59parce que je sais que vous êtes
12:00féru de foot.
12:00Est-ce que quelqu'un se souvient
12:02de l'issue de ce match ?
12:04Absolument.
12:05Non, non,
12:07je n'ai pas dit les buteurs.
12:08Est-ce que vous vous souvenez
12:09du résultat de ce match ?
12:10Non, parce que j'avoue
12:11que dans ma mémoire,
12:14autant je me souviens
12:15où j'étais.
12:16J'allais à une soirée
12:17qui a été très vite écourtée
12:19parce que je n'avais jamais entendu
12:20autant de gyrofares,
12:23de voitures de pompiers,
12:25d'ambulances dans les rues.
12:26En fait, on ne savait pas trop
12:27ce qui se passait,
12:27mais la soirée s'était écourtée.
12:29C'était dans Paris
12:30et on est rentrés chez nous
12:31et c'est là que j'ai regardé
12:32les chaînes d'infos
12:33et qu'on a vu la monstruosité
12:35de ce qui nous arrivait.
12:36C'était véritablement
12:37un acte de guerre, en réalité.
12:39C'était une guerre
12:39qui arrivait sur le sol français.
12:41Sebastian Manard ?
12:43Moi, c'était une période
12:44de garde alternée.
12:46J'en ai un souvenir
12:46et pourquoi je vais raconter ma vie,
12:48c'est que je gardais mon fils
12:49alors que normalement
12:50il était censé être chez sa maman
12:51et sa maman refaisait sa vie
12:52et elle était partie
12:53à un concert de rock.
12:55Mais je ne savais pas
12:55où elle était,
12:58je ne savais pas
12:58avec qui elle était
12:59et évidemment
13:00quand toutes les chaînes
13:02ont diffusé
13:03cette sinistre information,
13:06je cherchais la mère
13:06de mon fils.
13:07Donc évidemment,
13:07on était séparés
13:08mais elle faisait
13:09évidemment ce qu'elle veut.
13:10Mais voilà,
13:10c'était extrêmement compliqué
13:12puisque mon fils était là.
13:13Il était petit,
13:14il avait à peu près compris
13:15ce qui se passait
13:15et on cherchait sa maman
13:17et sa maman n'a réapparu
13:18qu'à 2h du matin
13:19parce que tous les réseaux
13:20de téléphone étaient saturés.
13:22Elle n'était pas au Bataclan,
13:23elle était au Zénith
13:24ce soir-là.
13:25Mais effectivement,
13:26on a eu très peur
13:27parce qu'en fait,
13:27on ne savait pas
13:28où elle était.
13:29Et pour tout vous dire,
13:30j'avais retenu le score,
13:32la France avait gagné 2-0
13:34mais j'avais complètement
13:36oublié les noms
13:37des buteurs.
13:38Je vous l'avoue franchement
13:38et j'ai été voir
13:40en préparant l'émission,
13:41c'était Giroud
13:42qui avait marqué
13:42dans les arrêts de jeu
13:43de la première mi-temps
13:44et Gignac
13:45en toute fin de match.
13:46Mais vous voyez,
13:47j'ai quand même plutôt
13:48une bonne mémoire sur le foot
13:49et j'avais fait un blackout
13:50sur les buteurs.
13:51Alors c'est rigolo
13:52parce que je dis ça
13:53parce qu'en préparant
13:54cette émission,
13:55je me suis dit
13:55mais au fait,
13:57le match,
13:58on l'a vu jusqu'au bout,
14:00qui a gagné,
14:00qui a...
14:01Ah, le match a duré
14:02jusqu'au bout de mémoire.
14:03Et à l'époque,
14:04pour une fois que le PSG
14:05gagnait,
14:05c'est dommage.
14:06Non, c'était la France,
14:07ce n'était pas le PSG.
14:08Ah oui, c'était la France
14:08par exemple.
14:09La France gagnait, pardon.
14:10Mais le pire,
14:11je peux le dire aujourd'hui,
14:12après,
14:13on n'a pas quitté
14:14la radio et la télé
14:15et il y avait un journaliste
14:17qui travaillait à l'époque
14:18à Sud Radio
14:19qui m'envoie un texto
14:20qui avait un copain
14:21qui était dans le Bataclan
14:22et dont il venait d'apprendre
14:23qu'il était mort
14:24dans le Bataclan.
14:25Mais il me l'a appris
14:26ça vers une heure
14:26ou deux heures du matin
14:27parce qu'évidemment,
14:28là, on ne dort pas de la nuit.
14:29C'était un vendredi soir.
14:31On était collés
14:32devant les écrans de télé
14:34et les SMS.
14:35Tiens, mais je ne connais
14:36ces personnes qui allaient
14:37au Bataclan soir-là.
14:38Est-ce que, bon,
14:38Stade de France...
14:40Mais c'est un souvenir.
14:42Désolé, c'est comme le 11 septembre.
14:43Alors le 11 septembre,
14:44ce n'était pas en France.
14:45Mais je pense que
14:46c'est des moments
14:46qu'on oubliera
14:47dès lors qu'on les a vécus.
14:49Même en étant à 700 kilomètres,
14:51on ne les oubliera
14:52jamais de nos vies, je crois.
14:53Il y a un état
14:54de sidération,
14:55Éric Revelle.
14:56On a mis du temps
14:57à refaire fonctionner
15:00un peu cette France
15:01qui s'est presque arrêtée
15:03mollement pendant...
15:04Mais ça a changé quelque chose.
15:06Emmanuel Macron
15:06a eu les mots justes
15:08ce matin
15:09quand il dit
15:10la douleur demeure.
15:12Ou quand François Hollande
15:13qui était président
15:14de la République à l'époque
15:15dit
15:15les actes de terrorisme
15:17sont un poison lent.
15:18Parce qu'en fait,
15:19ça a percuté psychologiquement
15:21bien plus nos vies
15:22qu'on ne le croit.
15:23Oui.
15:24Même jusqu'à aujourd'hui.
15:26Vous vous souvenez
15:27de François Hollande
15:28qui assiste au match
15:28France-Allemagne.
15:29Oui.
15:30À qui on communique
15:31ce qui est en train
15:31de se passer
15:32mais qui ne quitte pas
15:33sa place
15:35parce que...
15:37Pour pas affoler.
15:37Pour pas affoler,
15:38pour pas qu'il y ait
15:38de mouvement de fou.
15:39Parce que si le président
15:40de la République
15:40part en plein match,
15:41ça veut dire qu'il se passe
15:41quelque chose de grave.
15:42d'autant que les gens
15:43à l'intérieur du Stade de France
15:45avaient entendu
15:45des détonations
15:46puisque l'un des...
15:48Deux, je crois.
15:49Deux terroristes
15:50se font sauter.
15:51Avec une sature d'explosifs.
15:52Voilà.
15:53Et donc, en fait,
15:54oui, le pays
15:55était complètement sidéré.
15:57C'est une attaque extérieure
15:59comme s'il y avait eu
16:00un déclenchement de guerre.
16:01Mais je pense qu'aujourd'hui,
16:02on porte encore
16:03les stigmates psychologiques
16:04de toute cette violence
16:06qui nous a, évidemment,
16:08profondément marqués.
16:10Même si, pour un centre
16:11d'entre nous
16:11dont je fais partie,
16:12je n'ai pas eu directement
16:14d'amis ou de connaissances
16:16qui ont été impactés.
16:17Mais ça nous a...
16:19Plus que sidérés.
16:20Enfin, il y avait même
16:21un mouvement...
16:21Et pourtant, on a l'impression
16:22que c'était notre famille.
16:22Bien sûr.
16:23Il y avait presque un mouvement
16:24un peu d'affolement.
16:25C'est-à-dire qu'on se disait,
16:26mais vous écoutiez la radio
16:28ou vous regardiez
16:29les chaînes d'info
16:30et en fait,
16:30vous appreniez
16:31qu'il y avait des actes terroristes
16:32partout, en fait.
16:33Vous aviez l'impression
16:34que ça se déroulait dans tout...
16:35Enfin, voilà.
16:36On ne savait plus du tout
16:37où on en était.
16:38Sébastien Ménard ?
16:38En fait, moi, je me rappelle
16:40avant cette tuerie
16:43du 13 novembre 2015.
16:45Rappelez-vous,
16:45on avait souvent des reportages
16:46qui montraient
16:47la montée d'un mouvement
16:50qui s'appelait
16:51l'État islamique
16:51au soleil et au levant
16:52où on voyait des jeunes
16:53de nos cités françaises
16:56qui tractaient des cadavres
16:58avec des 4x4, etc.
16:59Et on regardait ça de loin.
17:00On se disait,
17:01mais c'est loin de chez nous,
17:02c'est des espèces de dingues.
17:05Mais là, c'était sur notre sol,
17:06en fait.
17:06C'était les mêmes
17:07qui étaient revenus,
17:08qui étaient revenus quelque part.
17:11Et je me rappelle,
17:12il y avait la phrase
17:12d'un de ces jeunes djihadistes
17:14qui étaient francophones
17:16ou français
17:17et qui disaient,
17:18c'est le projet.
17:18On marchera sur Rome,
17:19on marchera sur Paris,
17:20c'est le projet.
17:21Et en fait,
17:22quand j'ai découvert,
17:22moi aussi, sidéré
17:23ces images en plein Paris,
17:26c'est en fait
17:26ces phrases diaboliques,
17:27mortifères,
17:28résonnaient dans ma tête.
17:29Je me suis dit,
17:30en fait,
17:30on les a interviewés,
17:31on a diffusé ça
17:32sur des chaînes françaises
17:33et européennes.
17:34Et quelques mois après,
17:36ça se déroule
17:36dans les rues de Paris,
17:39dans un pays,
17:41la France,
17:42un grand pays en paix,
17:43où on est censé,
17:44en tout cas,
17:44vivre en paix.
17:45Mais ce qui est peut-être pire,
17:47c'est qu'on entendait
17:48une terrasse
17:49dans le dixième
17:50et frappé,
17:51parce que dans l'info,
17:52on continue,
17:52une terrasse
17:53dans le onzième et frappé,
17:54et on se disait,
17:54mais où est-ce que ça va s'arrêter ?
17:55Ça avait le côté
17:57en septembre 2001,
17:58moi je l'ai appris,
17:59j'étais à Millau
17:59en septembre 2001,
18:01et j'entends un avion
18:02a heurté une des tours
18:03du World Trade Center,
18:04et je connais un petit peu New York,
18:05je me dis,
18:06mais la Guardia Kennedy
18:07et Newark,
18:07c'est pas dans l'axe,
18:08je me dis,
18:09c'est un petit avion de tourisme.
18:10Et là, j'entends,
18:10non, non,
18:11c'est un gros avion
18:12qui a frappé,
18:12je me dis,
18:12mais comment est-ce que
18:13les deux pilotes,
18:14même s'il fait une crise cardiaque,
18:15il y a le deuxième pilote
18:16qui prend les commandes.
18:17Et après, j'entends,
18:18un deuxième avion
18:19a percuté la deuxième tour.
18:20Donc là, on comprend,
18:21et après on entend,
18:22le Pentagone est en feu,
18:23c'est quelque chose
18:24de complètement dingue,
18:25le vol 83.
18:26Et on se disait,
18:27voilà,
18:28et on se disait,
18:29quand est-ce que ça va s'arrêter ?
18:30Il y a le stade de France,
18:31il y a une terrasse,
18:32deux terrasses,
18:33on se dit,
18:33est-ce qu'ils vont pas attaquer
18:34après à l'autre bout de Paris,
18:35ils étaient dans le 10e,
18:36le 11e,
18:37pourquoi pas le 16e et le 15e
18:38pour disperser les forces ?
18:40C'était quelque chose,
18:42je pense que c'est le pire film d'horreur
18:44qu'on ait vécu en direct.
18:45Je pense que ça aurait été intéressant
18:46d'être dans la tête
18:47de François Hollande ce jour-là,
18:48parce que quand vous êtes
18:49président de la République,
18:51c'est vous qui prenez forcément
18:52certaines décisions,
18:53et là,
18:54je pense que vous êtes seul au monde.
18:55Oui, oui,
18:56et je l'ai trouvé à la hauteur.
18:58Je le dis comme je le pense,
18:59je l'ai trouvé à la hauteur,
19:02avant, après,
19:04vous vous souvenez
19:04de cette grande manifestation,
19:06beaucoup de chefs d'État,
19:08y compris Mahmoud Abbas,
19:10les Palestiniens étaient là,
19:12d'ailleurs,
19:13sans vraiment de services,
19:14enfin,
19:14il devait y avoir des services de sécurité,
19:16mais on se dit comment
19:16autant de personnes
19:17qui ont été convoyées dans des cars
19:18peuvent défiler en même temps,
19:20c'est des cibles, etc.
19:21Voilà,
19:21j'ai trouvé que François Hollande
19:22avait un certain courage physique,
19:24et qu'il a affronté correctement
19:26la réalité,
19:26mais ce que disait tout à l'heure
19:27dans votre interview,
19:28très intéressante,
19:29Cécile,
19:29l'opérateur de la BRI,
19:31c'est que,
19:32si j'ai bien compris,
19:32jamais jusqu'à présent,
19:34la BRI n'avait été confrontée
19:35à des multiples attaques
19:37comme celle-ci,
19:38c'est-à-dire,
19:38là,
19:39il y avait une coordination
19:40de plusieurs équipes de terroristes
19:41qui s'en prenaient
19:42à plusieurs endroits
19:43de la capitale,
19:44et c'était une première.
19:46Donc,
19:46il faut aussi saluer
19:47et le courage
19:48et le sens de l'adaptation
19:50des équipes de la BRI
19:51qui ont su modifier
19:52leur doctrine
19:54pour faire face
19:55à des faits
19:57qu'ils n'avaient jamais rencontrés
19:58jusqu'à présent.
19:59Allez,
20:00vous restez avec nous
20:00dans un instant
20:01le tour de table
20:02de l'actu des Vraies Voix.
20:03Sébastien Ménard ?
20:04Pas d'amalgame.
20:05Avec vous,
20:05Éric Revelle ?
20:06Justement,
20:06je vous parlerai du match de foot
20:07de ce soir.
20:08France-Ukraine.
20:09C'est un 13 novembre.
20:10En voyant certains graphiques
20:12à la télévision,
20:12je me dis heureusement
20:13qu'on a une loi anti-fake news.
20:14Allez,
20:15on revient dans un instant.
20:16Merci de votre fidélité.
20:17On est ensemble jusqu'à 19h30.
20:19Sud Radio.
20:20Sud Radio.
20:21Parlons vrai.
20:21Parlons vrai.
20:22Sud Radio.
20:22Parlons vrai.
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