- il y a 7 semaines
Chaque mois, l'émission Droit de suite assure l'évaluation d'une loi ou d'une législation quelques années après son entrée en vigueur. Cette loi est-elle appliquée ? Quelles en sont les conséquences ? A-t-elle résolu les problèmes auxquels elle devait répondre ? Avec l'un (ou plusieurs) des parlementaires qui a travaillé sur cette loi, Public Sénat va sur le terrain, à la rencontre des acteurs pour comprendre ce qu'une loi a changé, quelles mesures ont été prises et ce qu'il reste à faire. Année de Production :
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00:00Bonjour à tous, bienvenue dans Droits de Suite,
00:19votre nouvelle émission qui s'intéresse à la manière dont les grandes lois ont changé notre société.
00:24Depuis leur application, n'y a-t-il que du bon ou est-ce au contraire nécessaire de les adapter et de les perfectionner ?
00:29Nous voici sur le campus de l'Université Paris-Saclay.
00:32Autour de moi, 65 000 étudiants qui travaillent à la pointe de la recherche et de la science.
00:37Tous ces jeunes sont passés par la plateforme Parcoursup.
00:45Parcoursup donc, vous en entendez parler de cette réforme ô combien.
00:49Mais a-t-elle véritablement amélioré l'orientation et l'avenir de nos adolescents ?
00:53A-t-elle induit au contraire chez eux trop d'anxiété, trop de stress face à des résultats en demi-teinte ?
00:59Nous allons les entendre, mais j'accueille l'une de nos invitées qui a porté cette réforme Parcoursup,
01:05entrée en vigueur il y a 7 ans maintenant.
01:06Bonjour Frédéric Vidal.
01:07Bonjour.
01:07Vous allez réagir évidemment dans cette émission Droits de Suite sur les évolutions et l'application de Parcoursup.
01:13Mais suivons d'abord deux étudiants, deux d'entre eux,
01:16qui suivent en ce moment la formation qu'ils ont obtenue grâce à cette plateforme.
01:20L'une à Aix-les-Bains, l'autre à Rennes.
01:22C'est un reportage de Fabien Réquer.
01:24Ici, on est à l'université Savoie-Mont-Blanc.
01:28C'est ici que je fais mes études.
01:29Je suis en première année, je suis arrivée en septembre.
01:32A 18 ans, Manon Veillasse découvre les études supérieures.
01:36T'as fait le truc pour le droit ?
01:37Oui.
01:38T'as vu toutes les annexes ?
01:39Toutes les annexes ?
01:39Oui.
01:40Oui.
01:40Bravo.
01:41Manon entame ses études de gestion et d'administration à l'IUT de Savoie-Mont-Blanc, à Aix-les-Bains.
01:49On est très bien accompagnés, les profs sont super.
01:51Les deuxièmes années, ils nous aident beaucoup.
01:52Pour l'instant, je suis heureuse de me lancer.
01:54Après, on verra dans les mois à venir comment ça va avancer.
01:56Un cursus en trois ans avec une sélection à l'entrée.
02:00C'était aussi le premier choix formulé par la jeune étudiante sur la plateforme Parcoursup.
02:05Notre thème du jour, c'est la capacité juridique.
02:08Qu'est-ce que c'est une personne physique déjà ?
02:10C'est un sujet de droit, oui.
02:12Exactement.
02:12On a dit que l'être humain, une fois qu'il existait, donc une fois qu'il est né, une fois qu'il vit, jusqu'à son décès, il a une capacité juridique.
02:21En plus des enseignements, c'est le cadre de vie qui a guidé le choix de Manon.
02:26Pour moi, je trouve que c'est important d'avoir un cadre où on se sent bien, un cadre plutôt accueillant parce que je me voyais mal faire mes études dans une ville où je ne suis pas à l'aise déjà mentalement ou même où je ne me sens pas très bien.
02:38Parcoursup, ça met quand même un peu la pression à ne pas se mentir.
02:41Moi, je sais que personnellement, je ne l'ai pas très bien vécu.
02:43Même si j'ai eu mon premier choix, le système, en fait, on a l'impression d'être en compétition, on a l'impression qu'on joue notre vie.
02:48Finalement, je me sens bien où je suis. La formation plaît, donc on me permet de déstresser. Et les profs sont bien. Maintenant, ça va mieux.
02:57Pour David, en revanche, les choses ne se sont pas aussi bien passées. Le jeune étudiant René a passé son bac en 2023 avec une idée en tête, étudier les sciences politiques.
03:08J'ai mon bac. Les résultats Parcoursup arrivent vers début juillet ou je me sens de fin juin. Et je vois que les propositions que j'avais vraiment à cœur ou que j'avais vraiment bossé sur ça, sur les dossiers, etc., je vois qu'elles me refusent toutes.
03:23David doit alors se rabattre sur un choix par défaut. Une première année en licence de droit, son dernier vœu sur Parcoursup.
03:31En fait, je me rends compte que le droit, ce n'est pas du tout ce que je veux faire. Mais au bout des premiers TD. Et du coup, je me force, je me force à créer un stress, une anxiété immense.
03:41Je termine l'année en me disant que ce n'est pas ce que je veux faire. Je repasse par Parcoursup. Et là, tout est refusé. Je me retrouve à redevoir faire une année en droit.
03:51Après un deuxième échec, David parvient finalement à intégrer une licence d'histoire. Il estime avoir perdu deux années à cause de Parcoursup.
04:00Déjà, moi, j'aurais aimé être accompagné dès le lycée, voire même avant, sur mon orientation, sans de grandes questions comme « qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? »,
04:09mais juste qu'on remarque pas ce dans quoi je suis le plus fort, mais ce que j'aime.
04:15Cette année, comme beaucoup d'étudiants, je travaille à côté de mes études, du coup en service civique.
04:21Je suis chargé de la visa susceptible à Rennes 2. Je suis affecté à l'association de mon pirate.
04:28Salut !
04:28Oh, yo !
04:29Bon, faut que je te fasse signer des papiers.
04:32Ah bah tiens, fais-moi signer maintenant.
04:33À l'Union Pirate, un syndicat étudiant, on n'a pas oublié la mobilisation contre la réforme Parcoursup.
04:40La discussion avec Parcoursup, c'était pas l'histoire du blocage des facs.
04:44C'était bien genre « qu'est-ce que c'est comme machine ? »
04:47« Comment ça a détruit des avenirs d'étudiants qui avaient plein de trucs en tête ? »
04:50Ils ont dit que c'est une plateforme super avec plein d'outils, etc.
04:52Et juste alors que derrière, en fait, t'as plus d'orientation.
04:55Du coup, ça fait des étudiants qui se retrouvent dans des licences qu'ils n'aiment pas.
04:59Aujourd'hui, il faut prendre un virage à 180 degrés pour reprendre la route vers une université gratuite ouverte à toutes et tous.
05:04Pour David, cette troisième tentative pour valider sa L1 doit impérativement être la bonne, au risque de perdre sa bourse.
05:13À la clé, la possibilité d'étudier les sciences politiques en troisième année.
05:21Frédéric Vidal, ces deux étudiants que nous venons de voir illustrent assez bien finalement la problématique Parcoursup.
05:28Il y en a une qui est assez satisfaite au fond, l'autre qui se cherche encore.
05:32Est-ce que vous diriez que ces portraits sont symboliques, emblématiques de ce que Parcoursup a induit finalement aussi dans la tête et dans le quotidien de nos adolescents ?
05:41Eh bien oui, je pense que c'est représentatif au moins de ce qu'ont vécu ces deux étudiants.
05:47Ce que je remarque, c'est que c'est plus le résultat qu'ils ont obtenu, c'est-à-dire la possibilité ou pas de suivre les filières qu'ils avaient demandées,
05:58qui dans les deux cas étaient des filières sélectives, que le parcours qui est questionné.
06:05Quand on postule sur des formations sélectives, on peut s'attendre à obtenir un nom.
06:11On essaye de suivre le parcours de Parcoursup, si j'ose dire, pour bien comprendre pourquoi cette réforme a eu lieu,
06:15ce que ça a changé en bien ou en mal dans la vie de nos étudiants.
06:18Et on va y venir tout au long de cette émission dans Droits de suite.
06:20La principale motivation de ce changement de curseur, de logiciel, si j'ose dire, dans l'orientation se fut motivée par quoi ?
06:29Quelle raison, Frédérique Vidal ?
06:31La principale, vraiment, c'est le fait qu'on tirait au sort les étudiants.
06:35En fait, on ne se rappelle peut-être pas très bien le système d'APB.
06:38APB, on classait ses choix et on obtenait la réponse sur son premier choix.
06:43Et lorsque la réponse était négative, on passait sur son deuxième choix.
06:47Et souvent, on se retrouvait sur des listes d'attentes et si des places se libéraient, on était tirés au sort.
06:53Et ça, c'était profondément injuste.
06:56Et d'ailleurs, toutes les universités, toutes les écoles trouvaient ce système totalement injuste.
07:01Mais la deuxième raison qui est tout aussi fondamentale, c'est ce que je disais, c'est la possibilité d'élargir le champ des possibles.
07:08Parcoursup, c'est finalement la cartographie complète de tout ce qui est possible dans notre pays en termes d'enseignement supérieur.
07:16Et ça, c'est très important.
07:17Ça, c'est la vertu sur le papier.
07:19Comment ça fonctionne justement ? Parce que c'est un mécado, cette plateforme Parcoursup.
07:22Petit cours en images, regardez.
07:25Passage obligé vers les études supérieures, Parcoursup est la plateforme nationale
07:31qui fait l'interface entre les lycéens d'un côté et les formations post-bac de l'autre.
07:37Parcoursup, c'est 25 000 formations qui sont post-bac, dont à peu près un peu moins de la moitié qui sont proposées en apprentissage.
07:43Ça va du BTS au diplôme du travail social, en passant par les formations d'études de santé,
07:50les écoles d'ingénieurs et l'ensemble des formations de l'université.
07:53En 2025, la plateforme a vu transiter près d'un million de candidats, une hausse de 10% depuis sa création en 2018.
08:02Contrairement à une idée reçue, ce n'est pas Parcoursup qui sélectionne les dossiers des candidats,
08:08mais bien les organismes de formation eux-mêmes.
08:10À partir des informations centralisées sur Parcoursup, notes et bulletins scolaires, avis des enseignants,
08:17éventuelles lettres de motivation des élèves.
08:20Ce n'est pas Parcoursup qui va décider de vos études.
08:23Parcoursup n'est qu'une boîte en fait, n'est que le facteur entre les candidats et les établissements derrière.
08:28Vous pouvez surtout beaucoup vous informer sur Parcoursup.
08:30Ce n'est pas seulement une plateforme de candidature.
08:33Vous pouvez trouver énormément d'infos sur les établissements, sur les formations qui vous intéressent,
08:37ou même celles que vous ne connaîtriez pas.
08:38Après cette première phase d'information, les lycéens doivent formuler leurs vœux
08:43et valider leur candidature, cette année au plus tard avant le 1er avril 2026.
08:49S'ouvre alors la phase de sélection des dossiers par les organismes de formation.
08:54Parcoursup, c'est un outil de mise à disposition de l'information sur les candidats qui postulent chez nous.
09:02Ça donne accès aux aspects académiques, bulletins, appréciation des équipes pédagogiques précédentes sur les candidats.
09:08Ça donne des éléments sur leur motivation lorsqu'ils postulent chez nous pour que les équipes pédagogiques fassent leur choix.
09:16Il leur faut des informations et c'est un outil qui met à disposition cette information-là, le plus d'informations possible.
09:22Chaque candidat va voir par formation qu'est-ce qu'on va regarder dans son dossier, le poids qui va être mis sur les différents éléments.
09:31Est-ce que dans les résultats académiques ou compétences académiques, est-ce qu'on va plutôt aller regarder les matières scientifiques, les matières littéraires ?
09:37Le candidat sait déjà qu'est-ce que la commission d'examen des vœux regarde dans son dossier.
09:42Début juin vient le moment fatidique, la phase d'admission.
09:47Les candidats reçoivent des réponses en fonction desquelles ils doivent se prononcer, par oui, non ou peut-être,
09:53quand un candidat, accepté dans l'université A, préfère attendre qu'une place se libère dans l'université B, pour laquelle il est placé sur liste d'attente.
10:02C'est pour ça qu'on voit souvent sur les réseaux sociaux à ce moment-là, tous les gens qui bloquent la licence AES de telle fac,
10:09s'il vous plaît, laissez la place si vous n'en voulez pas.
10:11C'est un jeu de chaise musicale où ceux qui se désistent laissent la place à d'autres qui sont en liste d'attente
10:15et qui vont pouvoir remonter et peut-être avoir la formation de leur choix.
10:18Depuis 2018, on a beaucoup évolué. La procédure durait 108 jours la première année.
10:22Elle dure en moyenne 39 jours aujourd'hui.
10:26Les candidats qui n'ont reçu aucune réponse positive ou qui changent d'avis peuvent encore se reporter sur une phase complémentaire
10:33pour espérer intégrer les formations dans lesquelles il restera de la place.
10:38Pour la session en cours, celle-ci prendra fin le 10 septembre 2026.
10:44Il nous rejoint sur ce plateau le temps d'un échange.
10:46À vos côtés, Frédéric Vidal, Jacques Ayulevis, président du Sénat, sénateur des Hauts-de-Seine.
10:49Bonjour Pierre Ouzolia.
10:50Bonjour à vous.
10:51Vous qui êtes toujours chercheur au CNRS et fin connaisseur aussi des arcanes, si j'ose dire, de cette plateforme
10:57dont vous suivez l'amélioration et le perfectionnement régulièrement, si j'ose dire.
11:03D'abord, peut-être un point positif.
11:05En quoi, depuis sept ans, les choses ont-elles changé en mieux pour les étudiants grâce à Parcoursup pour vous ?
11:11Je pense qu'il faut remettre Parcoursup dans un contexte plus général,
11:17qui est celui des moyens que la France souhaite donner à l'enseignement supérieur, à la recherche et à la connaissance.
11:26Et aujourd'hui, malheureusement, la France est en retard par rapport à nos voisins.
11:31L'Allemagne consacre 3,5% de son PIB.
11:35La France, on est en dessous de 2,5%.
11:39Et ça, ça n'a pas changé.
11:40Et ça, je trouve que c'est un drame pour notre pays,
11:43parce que l'investissement dans la jeunesse, l'investissement dans la connaissance est quelque chose de fondamental.
11:49Donc c'est structurel.
11:50On n'a pas mis les moyens à la hauteur de l'ambition Parcoursup.
11:52C'est structurel, politique.
11:55Et depuis longtemps, et quels que soient les gouvernements de gauche comme de droite,
11:59il y a une forme de désintérêt pour l'université, pour l'enseignement supérieur et la recherche que je ne comprends pas.
12:06Alors que l'ambition, c'était d'aider les étudiants à mieux faire leur choix,
12:09à mieux être orientés, à mieux se structurer, se façonner.
12:13Vous avez eu beaucoup d'échanges, évidemment, sur ce Parcoursup.
12:17Vous revendiquez davantage toujours de transparence, Pierre Ouzulia.
12:20Ça, c'est resté un maître mot ?
12:22Tout à fait.
12:23Le problème de cette réforme, c'est qu'elle a été votée avant la réforme du bac à lauréat.
12:30Et je pense que, madame la ministre, si on avait pu voter d'abord la réforme du bac et ensuite Parcoursup,
12:37on ne s'y serait pas pris de la même façon.
12:39Pourquoi ? Parce que le bac, je suis un républicain, je suis très attaché à ce diplôme,
12:46parce que c'est un diplôme national et anonyme.
12:48Et là, on a remplacé la sélection dont on peut discuter de l'intérêt sur le bac
12:56par la sélection sur les notes du contrôle continu.
13:00Le contrôle continu, il n'est pas anonyme, parce qu'on sait dans quel lycée vous avez fait vos études,
13:07et puis il n'est pas homogène par rapport à tout ce qui se passe en France.
13:09Et là, dès le départ, quelque chose est faussé.
13:13Les candidats ont le sentiment, et je suis d'accord avec eux,
13:16que parfois c'est leur lycée d'origine qui est sélectionné et pas tellement leur dossier.
13:21Frédéric Vidal ?
13:23Je crois que, de toutes les façons, y compris dans les systèmes antérieurs,
13:29lorsque vous candidatiez pour une classe préparatoire,
13:33lorsque vous candidatiez pour une filière sélective, un BTS, un IUT, un EFSI,
13:39tout se passait avant le bac aussi.
13:41Mais quoi qu'il en soit, Parcoursup, c'était vraiment la possibilité de donner le champ des possibles.
13:48Vous savez, les jeunes, quand ils se projettent dans leur avenir,
13:53ils se projettent sur les métiers qu'ils voient autour d'eux.
13:57Leur famille, les amis, etc.
14:01Ils n'ont pas idée de métiers qui sont très loin d'eux.
14:04Et pourtant, parfois, c'est ceux-là qu'ils auraient envie d'exercer.
14:08Donc, c'est pour ça que j'insiste toujours sur la question de l'orientation.
14:11Et je pense qu'on n'y est pas.
14:12Je pense qu'il faut encore l'améliorer.
14:15Et il faut le faire aussi sans pression.
14:18Parce qu'une fois de plus, ce n'est pas parce qu'on n'a pas exactement ce qu'on veut à 18 ans,
14:23je peux vous en parler en connaissance de cause,
14:25que derrière, tout est fichu en termes d'enseignement supérieur.
14:29Pierre Auzulia, est-ce que vous diriez qu'il y a quelque chose d'inérant à Parcoursup
14:33qui fragilise encore aujourd'hui le quotidien de nos lycéens ?
14:38Je vais vous donner une image.
14:40Si vous chaussez du 43 et que vous avez les moyens pour vous offrir uniquement une chaussure qui fait du 41,
14:49vous avez un chausse-pied qui fait mal au pied.
14:52Parcoursup, c'est un peu ça.
14:54C'est faire rentrer un trop-plan d'étudiants dans un manque de place à l'université.
14:59Donc, évidemment, c'est un peu douloureux.
15:00Mais il y a une possibilité de se rattraper qui n'existait pas auparavant.
15:03Donc, on a gagné quand même en flexibilité par rapport au système de Naguerre ?
15:07Je ne suis pas sûre.
15:08On oublie quand même quelque chose.
15:10C'est qu'entre la réforme de Mme Vidal et aujourd'hui,
15:15l'enseignement privé lucratif aujourd'hui, c'est 20 % des étudiants.
15:21C'est-à-dire qu'il y a une bonne partie des candidats qui ne se dirigent plus vers Parcoursup,
15:26plus vers l'enseignement supérieur public, mais qui sont partis vers le privé.
15:30Ce n'était pas le cas avant ?
15:31Non, non.
15:32Avec un argument commercial qui fonctionne très bien,
15:37notamment dans les quartiers populaires.
15:40Ce qu'on peut vous garantir, c'est d'avoir une place à l'université.
15:43Vous n'avez pas besoin de Parcoursup.
15:44Si vous payez, nous, on vous donne une place dans l'enseignement supérieur lucratif.
15:49Donc, il y a un système parallèle qui se développe.
15:50Il y a un système parallèle qui se développe.
15:52Je n'irai pas jusqu'à dire que c'était l'objectif de Parcoursup,
15:55mais la réalité, c'est que nous sommes en train, aujourd'hui,
16:00de rattraper un système anglo-saxlon dans lequel il peut y avoir concurrence
16:04entre un système privé et public.
16:06Aujourd'hui, je trouve que le système privé prend de l'importance
16:11dans des conditions qui ne sont pas satisfaisantes pour les familles et les étudiants,
16:16parce qu'il n'y a pas de garantie de diplôme derrière.
16:18Qu'est-ce que vous allez répondre à ça ?
16:20Alors là, moi, j'adhère complètement à ce qui vient d'être dit.
16:24Je pense que le sujet, quelque part, est double.
16:29D'abord, je pense qu'il faut absolument réguler le supérieur privé lucratif.
16:34On a, moi, ce que j'appelle, et j'ai toujours appelé ça,
16:36des officines qui se sont servies des angoisses et de l'anxiété
16:42qui peut être générées par l'accès à l'enseignement supérieur.
16:46Il surfe là-dessus. Il n'offre pas de diplôme.
16:49Et je crois qu'il est vraiment temps que cette régulation se mette en place.
16:54Et je sais qu'à la fois, Sylvie Retailleau et Philippe Baptiste
16:58ont vraiment essayé de faire des choses.
17:01Bon, après, il faut un petit peu de temps pour arriver à mettre en place cette régulation.
17:05Je partage ça complètement. On ne peut pas mentir comme ça à la jeunesse.
17:11Pierre Ouzulia, que peut faire le législateur, que fait le sénateur, par exemple,
17:16que vous êtes dans le suivi et dans l'amélioration de ce système ?
17:20Alors, sur l'enseignement privé lucratif, le ministre avait l'intention
17:26de réguler les choses avec un projet de loi
17:30qui était prêt à arriver au Sénat, qui ne le sera pas.
17:34Et je crains qu'il ne soit pas tout à fait dans l'agenda politique
17:38du nouveau gouvernement. Je le regrette.
17:42Merci beaucoup, Frédérique Vidal. Merci d'avoir réagi.
17:44Merci à vous.
17:44D'avoir suivi aussi le parcours de Parcoursup.
17:47Pierre Ouzulia, vous restez avec nous parce que c'est important aussi
17:50de rassurer les étudiants et leurs parents qui, peut-être en ce moment,
17:54déambulent aussi dans les allées des salons de l'étudiant.
17:57On essaie de voir l'école de journalisme, la conférence sur Parcoursup.
18:02C'est bon ? Ouais. T'es prêt ? T'es sûre ? Go ? Allez.
18:07Ce dimanche matin, Nathalie et son fils Sacha ont mis le réveil.
18:12Direction un salon d'orientation post-bac à Paris.
18:15Sacha, 16 ans, est en terminale.
18:18C'est bientôt l'heure des choix sur Parcoursup.
18:21En fait, les parents qui sont passés par là nous disent
18:23« Oh là là, Parcoursup, mon Dieu, t'es dans l'année de tous les dangers. »
18:27Moi, je suis un peu perdue, Sacha aussi.
18:30Quand on n'a pas une idée bien, bien définie, c'est vrai que c'est compliqué de savoir.
18:34On va aller voir un peu les conférences et les écoles,
18:38voir un petit peu ce qui pourrait plaire à Sacha.
18:43J'aimerais plus aller vers du littéraire dans l'idée.
18:45Après, ça peut aller de la politique à de l'économie, en passant par le journalisme.
18:49On n'a même pas encore 18 ans et on nous demande déjà de choisir complètement notre avenir.
18:54On cherche beaucoup de réponses parce qu'on nous en pose beaucoup des questions.
18:58Et on nous demande qu'est-ce qu'on va faire, est-ce qu'on travaille suffisamment,
19:01quels sont nos engagements associatifs.
19:03Et voilà, c'est quelque chose qui quand même met de la pression.
19:06En octobre, la saison des salons d'orientation bat son plein.
19:10C'est déjà le deuxième pour Sacha et Nathalie.
19:13On va prendre un plan, tout ça, et comprendre un petit peu comment ça fonctionne, comment ça organiser.
19:17Alors, tout ce que vous allez avoir derrière, en fait, c'est un parcours un petit peu initiatif.
19:21Donc c'est vraiment pour apprendre à se connaître.
19:23Il y a au Lille, c'est quoi ça déjà ?
19:24De commerce.
19:28Université privée.
19:29Ah, il y a catholique de Lille.
19:31C'est les stands 129 et 131.
19:33L'adolescent et sa maman finissent par trouver l'allée qui regroupe les stands des écoles de journalisme.
19:39C'est pour se renseigner sur la formation.
19:42Alors, actuellement, t'es plutôt, t'es en quelques classes déjà.
19:44T'es en terminale.
19:44On a un discours qui est revenu par l'État, mais on a pris le choix de ne pas faire partie de parcours sur.
19:48En 10 jours maximum, t'as la réponse entre le moment où tu es candidat et le moment où t'as la réponse.
19:52Est-ce que vous voulez un petit tote bag ?
19:54Ouais, je veux bien.
19:55Après, si tu veux voir d'autres écoles, peut-être Sciences Po, etc.
20:02Alors, Sciences Po n'est pas là.
20:03Il y a tellement de salons, il y a tellement de stands différents que des fois, ça donne un peu le tournier et qu'on peut s'y perdre.
20:10Pas évident pour Sacha de faire le tri entre les différentes offres de formation.
20:15Nathalie, quant à elle, veut en apprendre plus sur le calendrier à respecter pour l'inscription sur Parcoursup.
20:21D'ici la fin janvier, ce qu'on appelle la deuxième phase de l'orientation, vous allez affiner ce projet professionnel.
20:27Évidemment, la plateforme Parcoursup sera ouverte depuis décembre.
20:30Vous allez commencer à regarder un peu vos voeux.
20:32J'ai appris quand même deux, trois petites choses.
20:35Je pense que le bilan, c'est que c'est pas fini.
20:37Les portes ouvertes, voilà, on va pas pouvoir s'en passer.
20:41Surtout quand on a, en fait, un enfant qui sait pas exactement ce qu'il veut faire.
20:46Plus on en fait, plus ça va être limpide, je pense.
20:49Et puis ça permet un peu de déstresser.
20:52Le stress des familles face à Parcoursup se nourrit d'abord de la difficulté de faire des choix,
20:58pour des adolescents souvent en mal d'orientation.
21:00C'est ce qu'observe la psychologue Sylvie Amissi dans ses consultations.
21:05Parcoursup, ce que ça propose, c'est l'idée que, attention, il faut faire des choix rationnels.
21:13Et si vous faites des choix, ça sera à vous d'emporter les conséquences.
21:17C'est pas parce qu'on a toutes les informations rationnelles que ça nous permet de choisir et de décider tranquillement.
21:23Censé simplifier l'accès aux études supérieures, la plateforme génère pourtant des situations qui peuvent être vécues comme des échecs.
21:32Les jeunes vont recevoir des réponses à toutes leurs demandes.
21:35Donc ça, on peut se dire super.
21:37Mais ce que ça fait, c'est que sont servis en premier les meilleurs dossiers.
21:43Beaucoup de jeunes et de familles qui se sentent en difficulté avec Parcoursup ou qu'on sentit de la difficulté.
21:50C'est des jeunes qui ont beaucoup travaillé leurs projets, qui sont donc à peu près sûrs de leur choix,
21:55et qui se rendent compte qu'ils vont quand même connaître des difficultés, de l'attente, de l'incertitude.
22:01Objet d'angoisse pour les jeunes et leurs parents, Parcoursup rime d'abord avec l'obligation de définir, de plus en plus tôt, un projet professionnel.
22:11Bonjour Carole Zerbi.
22:12Bonjour.
22:13Merci d'être avec nous, bouquette proviseur du lycée Nicolas-Louis Vauclin à Paris, dans le 13e.
22:18Une réaction quand même à ces images que l'on vient de voir dans les allées, dans les travées de ces salons étudiants, c'est bien.
22:24Mais il n'y a pas que ça pour aider les jeunes à s'orienter pour Parcoursup.
22:28Oui, tout à fait. Il y a aussi l'accompagnement qui va être mis en œuvre dans les établissements scolaires,
22:36avec les enseignants, avec les psychologues de l'éducation nationale, les conseillers d'orientation.
22:43Il y a aussi ce qui va être fait au sein de l'établissement, qui est important.
22:47On revient justement à ce que Pierre-Ouzuliat décrivait tout à l'heure, c'est le manque de moyens.
22:53Ces conseillers d'orientation, ces psychologues, ils sont indispensables dans ce processus,
22:56en tout cas pour lutter justement contre ce stress, parfois augmenté, ne sont pas suffisants.
23:02Tout à fait. Il faudrait absolument qu'il y ait davantage de conseillers d'orientation dans les établissements scolaires.
23:10Généralement, ils se répartissent dans plusieurs établissements et ne sont dans un établissement qu'une demi-journée par semaine,
23:17ce qui est vraiment très, très insuffisant.
23:20Il faut que les jeunes soient mieux accompagnés, ce qui permettra peut-être de diminuer ce stress qu'ils ressentent.
23:27Il faut s'y prendre tôt pour Parcoursup.
23:29On voyait cette maman accompagner son fils dès le collège.
23:33Pas dès la maternelle, dirait Elisabeth Borne, rassurément, mais dès le collège peut-être ?
23:37Peut-être pas dès le collège.
23:39La classe de seconde est quand même un moment où on s'interroge sur l'orientation,
23:44avec le choix en lycée général des spécialités.
23:48En lycée professionnel, on est dans une filière qui est une famille des métiers
23:52et on doit se spécialiser dans une filière.
23:56Donc déjà dès la classe de seconde, on s'interroge, on commence à s'interroger.
24:00En première, on poursuit ce parcours.
24:03Encore un mot, Carole Zarbib, sur votre quotidien avec Parcoursup,
24:07avec ses étudiants hérités de cette plateforme aussi.
24:11Est-ce que les choses se sont améliorées en sept ans, depuis l'entrée en vigueur de cette réforme ?
24:16Oui, il y a des choses qui se sont améliorées.
24:19Mais la question, et vous le disiez tout à l'heure,
24:22quelle est notre capacité à absorber le flux des élèves
24:26qui demandent à poursuivre en études supérieures ?
24:30Y a-t-il suffisamment de place à l'université ?
24:33Pierre Ouzelia, vaste question, mais c'est la question aussi centrale.
24:36Bien sûr, elle est fondamentale, deux choses.
24:39Il faut que notre pays se lance dans l'économie de la connaissance.
24:44Pour ça, il faut qu'une classe d'âge la plus nombreuse possible
24:47aille le plus loin possible dans les études.
24:50Je dirais avec une formule que le prolo de demain, il est bac plus 2,
24:53parce qu'il devra commander des machines par l'intelligence artificielle.
24:57Ça, c'est la première chose.
24:59Deuxième chose, dans un monde où nous ne connaissons pas aujourd'hui
25:04les métiers de demain, il ne faut pas former des gens trop tôt
25:08à des métiers dont on sait qu'ils vont disparaître.
25:11Donc, c'est contre-intuitif, mais je pense que plus on est à un niveau technologique élevé,
25:16plus on a besoin d'une formation très généraliste.
25:20Parce que c'est la formation généraliste qui vous permettra ensuite
25:24de changer de branche professionnelle facilement
25:27et de ne pas être laissée sur le côté du chemin par la révolution technologique.
25:32Donc, il ne faut surtout pas que la sélection commence au collège,
25:37voire avant.
25:39Au contraire, il faut la pousser le plus loin possible,
25:41et si possible, jusqu'au bac.
25:44Donc, moi, je serais plutôt partisan de supprimer une partie de la réforme
25:49des classes de terminale pour refaire des troncs communs
25:52dans lesquels, notamment, tout le monde puisse avoir des mathématiques, des sciences.
25:57Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
25:58Ce qui n'est plus le cas.
26:00Comment on peut penser que dans un monde où l'intelligence artificielle
26:03a une place fondamentale, vous avez des élèves
26:06qui n'ont plus de mathématiques en terminale ?
26:09C'est impossible.
26:10Merci à tous les deux.
26:12Merci infiniment.
26:13Merci.
26:13Merci à vous, chers téléspectateurs.
26:15On se retrouve très bientôt dans un nouveau numéro de Droit de suite.
26:18Votre nouvelle émission qui, dossier après dossier,
26:21regarde en quoi l'application de la loi a changé le quotidien des Français.
26:25Sous-titrage Société Radio-Canada
26:33Sous-titrage Société Radio-Canada
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