00:00Tout pour investir, la masterclass, les signaux faibles.
00:04On commence avec les signaux faibles et notamment ce qui se passe du côté des actions technologiques américaines.
00:09Si vous vous en souvenez, si vous nous avez suivi la semaine dernière, on avait déjà évoqué ce sujet-là, on rentre un peu plus dans le détail.
00:15Mon sentiment à l'époque, c'était de dire finalement les prises de bénéfices qu'on a sur les actions technologiques américaines,
00:21dans un contexte qui est assez propice, puisqu'on a la saison des résultats, c'est toujours très volatile.
00:25On a également, bien évidemment, toujours cette thématique de bulles de l'IA.
00:29Eh bien, c'est finalement des fonds spéculatifs qui ont décidé de prendre leurs bénéfices.
00:33Ils étaient rentrés notamment au printemps, principalement en mai-juin.
00:36Ils se sont renforcés au mois de septembre, donc plutôt des très bons bénéfices sur les valeurs technologiques américaines.
00:41C'était le moment de prendre des bénéfices.
00:43Alors malgré tout, au-delà de cela, au-delà du fait qu'à priori, ce qui se passe sur les actions technologiques, il n'y a pas de sujet d'inquiétude,
00:49on a eu, avec les résultats trimestriels, une entreprise qui est un peu coincée, c'est Meta, anciennement Facebook.
00:55Meta, lorsqu'on regarde un peu, c'est finalement la société au niveau des entreprises technologiques américaines
01:01qui se porte un peu plus mal que les autres.
01:03Alors on va essayer de décrypter très rapidement avant d'évoquer un peu plus globalement finalement la situation des actions technologiques américaines.
01:09Quand on regarde au niveau de Meta, c'est un paradoxe.
01:11Concrètement, des flux de trésorerie nets qui sont autour de 45 milliards de dollars, c'est donc massif.
01:18Mais malgré tout, malgré cela, on a une situation avec une dette nette.
01:21Alors attention, la dette nette de Meta, elle reste relativement faible.
01:25Au deuxième trimestre, on était autour de 2,2 millions de dollars.
01:30Elle continue malheureusement d'augmenter au troisième trimestre.
01:32On est à autour de 6 millions de dollars.
01:34Alors certes, quand on regarde par rapport aux chiffres de Meta, ça reste marginal.
01:38Mais le problème, c'est le message qui est envoyé aux investisseurs.
01:42Et surtout, Meta nous dit très clairement que l'année prochaine, le groupe va continuer d'investir.
01:46Et c'est un paradoxe parce que quand on regarde par rapport aux autres entreprises technologiques américaines,
01:50en tout cas les grandes, cette magnifique, vous n'avez pas ce sujet de dette, bien évidemment.
01:54Et vous avez plutôt des taux de rentabilité qui sont extrêmement importants.
01:57Alors il y a une bonne nouvelle quand même pour Meta, ce qui permet de ne pas s'affoler.
02:00C'est vraiment de regarder un peu dans le détail pourquoi on a un peu cet accident au niveau de la dette.
02:05Alors, quand on regarde concrètement, vous avez beaucoup aussi de dépenses qui sont un peu inutiles,
02:10en tout cas qui ne sont pas des dépenses productives.
02:12Vous avez environ, par trimestre, sur les quatre derniers trimestres en moyenne, 26 milliards de rachats d'actions.
02:20C'est un élément qu'on évoque assez souvent dans la masterclass.
02:22Vous avez à peu près 16 milliards aussi pour d'impôts qui sont payés au titre des actions gratuites
02:26qui sont données aux employés de Meta.
02:29L'objectif, c'est bien sûr la fidélisation.
02:31Et l'autre point, environ 5 milliards sur des impôts liés qui sont aux dividendes.
02:34Pourquoi c'est une bonne nouvelle ?
02:36C'est-à-dire que quand vous avez simplement quelques millions de dettes,
02:38et même si ça continue que ça s'enctue l'année prochaine,
02:40Meta a un levier pour assurer le marché.
02:43En tout cas, s'ils leur souhaitent, c'est par exemple, le plus simple,
02:45de couper un tout petit peu dans les rachats d'actions en 2026,
02:49ce qui devrait permettre de rééquilibrer le titre.
02:51Et dernier point sur Meta, vous faites partie en tout cas des sociétés technologiques américaines
02:55où on a un ratio court sur bénéfice qui est plutôt attrayant,
02:58on est autour de 22-23 en termes de comparaison.
03:01Sur le Nasdaq, on est autour de 30.
03:03Donc effectivement, un peu compliqué à court terme sur Meta,
03:05c'est finalement un épiphénomène par rapport aux actions technologiques américaines,
03:09mais pas de raison de paniquer.
03:11On va essayer de revenir par contre un peu plus globalement,
03:13et on va s'échapper du sujet Meta,
03:14on va parler un peu plus des actions technologiques américaines
03:17et finalement de la situation de marché à l'instant T.
03:19avec Valentin Biswa, vous êtes chef économiste et stratégiste senior
03:23chez Mirabeau Asset Management, je suis ravi de vous accueillir.
03:26Déjà une question très rapidement,
03:27est-ce qu'il faut paniquer par rapport à ce qu'on constate sur les marchés ?
03:30On voit que c'est un peu compliqué du côté des actions technologiques américaines.
03:35Oui, bonjour, non, je crois qu'il ne faut vraiment pas paniquer.
03:38Comme vous l'avez très justement dit,
03:40je crois que les fondamentaux économiques n'ont pas changé,
03:42n'ont pas changé cette semaine non plus.
03:44Donc ce qu'on voit, c'est vraiment des mouvements
03:47qui s'expliquent principalement sur du sentiment,
03:49du sentiment de marché,
03:51avec suite à la très bonne saison des résultats sur le troisième trimestre
03:55pour la grande majorité des sociétés et des sociétés de la tech,
03:58on a finalement certains investisseurs
04:00qui prennent une partie de leurs bénéfices
04:02et qui commencent un petit peu à questionner aussi en anticipation de 2026
04:07si les investissements qui sont annoncés,
04:10vous parlez de Meta,
04:11on parle pour Meta de plus de 60 milliards d'investissements
04:13dans l'intelligence artificielle pour cette année et pour l'année prochaine.
04:18Donc évidemment, on veut voir maintenant des résultats concrets
04:20en termes de rentabilité.
04:22Et on voit sur certaines sociétés
04:24que cette dynamique de rentabilité n'est pas la même,
04:27en particulier sur Meta,
04:29où les marges, vous le mentionnez également, sont en baisse.
04:32On était plutôt vers les 43% de marge pour Meta,
04:35on est plutôt maintenant vers les 40%,
04:37donc il y a des questions qui se posent de ce point de vue-là.
04:39Est-ce que selon vous, alors bien évidemment,
04:42on le sait très bien et vous le savez aussi bien que moi,
04:44il y a toujours des marottes sur le marché,
04:45c'est soit la récession américaine, soit la bulle, etc.
04:48Pour vous, quand vous rencontrez un client,
04:50et notamment disons par exemple un client particulier,
04:53quel élément qui vous fera dire que finalement aujourd'hui,
04:55on n'est pas sur une situation de bulle par rapport à la bulle Internet
04:58ou encore à la bulle des chemins de fer au Royaume-Uni au XIXe siècle ?
05:01C'est quoi l'élément qui est fondamentalement différenciant ?
05:05Un des premiers éléments évidemment, c'est les bénéfices.
05:07Donc on a des sociétés technologiques qui génèrent des revenus
05:10et qui génèrent des bénéfices,
05:12ce qu'on n'avait pas pendant la grande crise financière des années 2000.
05:16Donc ça, c'est évidemment des premiers éléments.
05:18Ensuite, il y a tout l'effet valorisation,
05:21donc on parle beaucoup des valorisations des sociétés de la technologie.
05:24Si on rapporte ces valorisations à la croissance des bénéfices attendus
05:28sur 2026 et 2027,
05:31on voit finalement que les valorisations de ces sociétés
05:34sont dans des moyens historiques.
05:36Donc ça, c'est aussi un moyen d'atténuer finalement le narratif
05:40sur ces craintes de bulle liées à des valorisations très élevées.
05:44Donc ça, c'est deux éléments importants.
05:47Et puis après, il faut dire qu'effectivement,
05:48on sait que les transitions vers l'intelligence artificielle
05:51vont faire des gagnants, vont faire des perdants.
05:53Probablement dans les perdants, il y aura aussi certaines des grandes sociétés.
05:58Mais il faut voir qu'actuellement, on n'a pas de problème de surproduction.
06:02Donc si on prend tout ce qui est lié à la surproduction
06:04ou de la production actuelle dans les semi-conducteurs,
06:07dans les cartes graphiques,
06:09on est dans une situation où on est en manque de capacité de calcul.
06:13Donc finalement, on n'est pas dans un environnement aussi,
06:17si on prend la crise financière de 2007-2008,
06:20qu'on avait la crise sur le marché immobilier
06:22parce qu'on avait un excès d'offres de logements sur le marché.
06:26Ce n'est pas quelque chose qu'on voit actuellement
06:27en termes de l'infrastructure dans les hardware.
06:30Merci beaucoup.
06:32Si je résume bien votre pensée,
06:34je pense qu'on est d'accord sur l'essentiel,
06:36à savoir que c'est un peu une tempête dans un verre d'eau aujourd'hui.
06:38Et en tout cas, sur les actions technologiques américaines,
06:41il n'y a pas un grand sujet.
06:42Et très, très clairement,
06:44je pense qu'il faut se sortir ça de la tête
06:45et vous l'avez bien mis en avant en termes d'arguments.
06:48On n'est pas du tout sur une situation de bulle.
06:50On sait qu'on en parle beaucoup,
06:51les médias en parlent beaucoup.
06:52Il y a une myriade d'articles à ce niveau.
06:54La réalité est quand même très, très différente.
06:56C'est notamment ces aspects bénéfices-rentabilité
06:58qui font qu'on n'est pas dans cette situation-là.
07:00Merci Valentin Bissard.
07:01On se retrouvera, j'espère, prochainement
07:02pour évoquer encore les marchés.