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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00Bonsoir à tous, 19h, ravi de vous retrouver ce soir au sommaire, ce soir au cri de Alaou Akbar, ce matin sur l'île d'Oléron en Charente-Maritime.
00:10Un homme de 35 ans a délibérément foncé avec sa voiture sur des piétons et cyclistes pendant environ 35 minutes.
00:17Cinq personnes ont été blessées, dont deux grièvement.
00:20Le suspect connu pour des délais mineurs et sans inscription sur les fichiers de radicalisation a été arrêté après avoir tenté de mettre son véhicule à feu.
00:29Un véhicule qui contenait une bonbonne de gaz.
00:32Grande émotion sur place et plus largement en France.
00:35Comment expliquer ses actes de violence au nom d'Ala ? Le regard de Marc Menant.
00:41L'île d'Oléron, très connue pour son calme et ses paysages apaisés, s'est donc transformé en théâtre de panique aujourd'hui.
00:48Ce nouveau drame brouille encore nos repères et révoltes et c'est sans doute l'objectif.
00:53Quand la violence s'invite jusque dans nos lieux de paix, n'est-ce pas le signe qu'aucun sanctuaire n'existe plus vraiment ?
00:59Quand même les symboles, lieux symboles de tranquillité deviennent le théâtre de la haine, faut-il y voir la fin de notre insouciance ?
01:07L'édito de Mathieu Bocoté.
01:09Un automobiliste ? Un détraqué ? Un fou ? Un déséquilibré ? Un attentat ? Un attentat islamiste ?
01:15L'homme semble avoir soigneusement préparé son acte.
01:18Les mots prononcés n'ont pas été n'importe lesquels à la Agbar.
01:21Mais en attendant la conférence de presse du procureur demain, la bataille sémantique démontre notre volonté sans doute d'aveuglement.
01:29Ou bien une prudence judiciaire ? Un calcul politique ? La peur de nommer les faits ? Le réel ?
01:34Pourquoi tant d'hésitation à qualifier cet attentat alors que tous les éléments semblent s'aligner ?
01:39Olivier Falorni, député d'hiver à gauche de Charente-Maritime, lui, parle d'un attentat.
01:45L'analyse de Gabriel Cluzel.
01:48Et puis ce soir, un témoignage exclusif dans Face à l'info.
01:52Une mère, oui une mère, tremblante, vient nous accorder sa confiance ce soir pour crier sa douleur.
01:57Patricia Pérez, la mère d'Adrien Pérez, cet étudiant tué à Mélan, en Isère, en 2018, prend la parole après avoir appris la libération anticipée de l'un des deux meurtriers de son fils.
02:10Condamné à 15 ans de prison, il bénéficie déjà d'un aménagement de peine et d'un bracelet électronique, à peine 7 ans après le drame.
02:18Une décision vécue comme une gifle par cette mère qui ne dit plus croire à la justice.
02:24Dans un pays qui promet de mieux protéger les victimes, comment comprendre qu'on libère si vite ceux qui ont brisé des vies ?
02:31Le témoignage exclusif de Patricia Pérez, dans Face à l'info ce soir.
02:36Une heure avec nos mousquetaires pour tout se dire et sans tabou.
02:48D'abord, on va commencer avec vous, Marc Menon, à propos de cet attentat.
02:59Peut-on se permettre de dire le mot attentat ?
03:01On le verra avec nos mousquetaires dans un instant, qui s'est passé à l'île d'Ouléron ce matin.
03:06Le député Olivier Farlorni, député de la Charente-Malitime, député d'Iver-Gauche, parle d'attentat.
03:11On l'écoutera dans un instant, direction l'île d'Ouléron.
03:15Marc Menon, que s'est-il passé aujourd'hui ?
03:17Imaginez, 8h40 à l'île d'Ouléron, en ce 5 octobre.
03:23Les mouettes sont là dans la chamaille habituelle.
03:28Ces mouettes qui sont là, la petite bise qui se lève et la sérénité.
03:33Les gens s'éveillent et on goûte, on savoure ce lieu où on a le sentiment d'être dans la sécurité
03:43et surtout dans le parfum du bonheur de vivre.
03:47Il y a quelque chose qui vous lève tous les jours quand vous êtes à l'île d'Ouléron.
03:52Et puis, il y a 8h40 dans un tout petit port, ça s'appelle la Cotinière.
03:56Soudain, un moteur qui démarre à côté d'un mobilhome et un personnage qui monte dans une voiture.
04:04Oh, une voiture qui n'a pas d'envergure, une petite Honda.
04:07Et le voilà qui fonce sur la route.
04:10Il passe par Saint-Pierre et fonce sur Delu.
04:14Delu et quand il aperçoit sur la piste cyclable un vélo, il fonce dessus.
04:22La voiture connaît un premier choc, une partie du pare-choc qui tombe.
04:27Et il continue, il continue sans se préoccuper de ce qu'il vient de commettre.
04:32Il se retrouve dans le petit village de Delu.
04:36Et là, il tourne sur le parking, il y a une personne qui se trouve devant ses roues.
04:42Et même chose, il la cible comme un petit pion de foire.
04:49Et la personne tombe, un artisan est à côté.
04:54Il se précipite, voit que la personne est gravement touchée.
04:58Les chaussures sont à 50 mètres du corps.
05:01Il met sa veste sur cette personne ensanglantée en attendant les secours.
05:10Et la voiture qui continue et qui continue.
05:13Et là, il y a une jeune fille qui fait son jogging à la 21 ans.
05:17Vous vous rendez compte à 21 ans, quand vous êtes le matin comme ça,
05:21dans ce désir de communier avec la nature,
05:24d'essayer de trouver l'énergie qui vous propulse dans l'existence.
05:30Cette jeune fille, elle est assistante parlementaire.
05:33Elle est l'assistante parlementaire de Pascal Markovitch.
05:37Et là encore, elle n'a pas le temps de quoi que ce soit.
05:42C'est que le moteur qui rugit, et même chose,
05:47elle est propulsée et son corps gît sur la chaussée.
05:51Et l'abominable individu continue, continue, il y en aura cinq comme ça,
05:56qui au fur et à mesure seront emportés par son délire.
06:00Il finit par faire demi-tour, descend de son auto,
06:05tente d'y mettre le feu, et c'est là que les gendarmes qui ont été alertés
06:10se précipitent et lui demandent de se rendre.
06:16Là, les gestes qui sont les siens montrent qu'il n'est pas du tout décidé
06:19à se montrer pacifique.
06:21Alors, ils sont obligés d'utiliser un pistolet.
06:25Vous savez, c'est pistolet électrique, et c'est comme ça qu'il l'arrête.
06:29Il a crié « Allah Akbar ! »
06:33Alors, aussitôt, forcément, ça étonne.
06:36Dans ce petit village, surtout qu'on le connaît, on le connaît.
06:41C'est un garçon qui n'a pas bonne réputation,
06:44un déguingandé qui est là.
06:49Mauvaise réputation, il abuse de dames bouteilles,
06:52il y a aussi des stupéfiants.
06:55Il est connu, donc, de la gendarmerie,
06:58mais de la commettre de tels actes et à crier « Allah Akbar ! »
07:01Il est conduit au commissariat,
07:05et aussitôt, forcément, toutes les autorités sont en branle-bas de combat.
07:10On prévient la police antiterroriste
07:14qui délègue sur place une magistrate en observation.
07:18Et apparemment, il ne se montre pas très loquace.
07:22Le ministre de l'Intérieur se présente sur place à 14h,
07:26et c'est lui, le premier, qui donne les indices aux uns et aux autres,
07:31alors que les journalistes locaux ont déjà glané des informations, des témoignages.
07:37Et ce qui est rapporté à chaque fois, c'est saisissant.
07:41Ce sont des gens qui sont habitués à cette tranquillité,
07:45à, je dirais, ce côté idyllique d'une existence sans encombre,
07:53une existence où, tous les matins,
07:55on cherche simplement à connaître les bonnes sensations
07:59que la vie peut vous offrir.
08:02Et là, à chaque fois, il rapporte ses corps étendus,
08:07ses corps déchiquetés.
08:09Mais ce qui est étonnant aussi,
08:10c'est de voir la solidarité qui se manifeste,
08:13et qui montre que c'est de presqu'il à une âme.
08:15On n'est pas à l'île d'Aleron comme ça, par hasard.
08:18Il y a quelque chose qui soude les gens.
08:21Et les murmures colportent ce qui vient de se produire.
08:26Les commerces fermeront les uns derrière les autres
08:29en communion avec les victimes.
08:32Parmi elles, deux sont dans un état très grave,
08:36dont cette jeune femme,
08:38qui est donc l'assistante parlementaire,
08:41Emma vint là.
08:43Elle voulait simplement faire son footing
08:46à 21 ans
08:47et profiter de ce lieu,
08:50sortant de l'ordinaire,
08:51un lieu dit de rêve.
08:54Merci beaucoup, Marc-Manand d'avoir planté le décor.
08:56Dans un instant, nous prendrons de la hauteur
08:58pour analyser tout ça avec Mathieu Bocoté
09:00et Gabriel Cluzel.
09:01D'abord, direction l'île de l'Aleron.
09:04Jérôme Rampenoux et Jean-Michel Decaze,
09:06vous êtes sur place sur l'île de l'Aleron.
09:08C'est la grande émotion ce soir sur l'île.
09:13Oui, effectivement, c'est surtout la stupeur.
09:15Ici, Marc-Manand le disait,
09:16on n'est pas habitué à ce genre de choses.
09:18C'est un moment, c'est un lieu très calme,
09:19surtout à cette période de l'année.
09:21La saison est finie, les touristes sont partis,
09:23beaucoup de commerces ou de bâtiments sont fermés.
09:25Donc, il ne reste plus que quelques insulaires.
09:27Et cet homme qui a déambulé pendant 35 minutes,
09:30qui a percuté 5 personnes,
09:32ici, on est surpris.
09:33Nous avons pu rencontrer quelqu'un qui travaille bénévolement
09:35à la SNSM sur le port de la Cotinière.
09:37Elle n'en revenait pas.
09:39Elle nous expliquait que ce genre de choses,
09:40on l'entend parler à la télé,
09:41mais on n'imagine pas ça sur leur île,
09:43plutôt dans les grandes villes.
09:44C'est ce que nous disait un couple de retraités
09:47qui habite ici depuis des années.
09:48On n'est pas fous, on voit bien la télévision,
09:51les médias, on sait que ce sont des choses qui arrivent,
09:53mais on pense à des villes comme Marseille,
09:55Nice, le Sud, pas notre île.
09:58Alors, j'ai pu croiser aussi un pêcheur,
09:59ce matin, tout à l'heure,
10:00qui sortait de son bateau,
10:01qui m'expliquait qu'il était surpris.
10:03Il me dit, je suis sûr que je l'ai croisé hier
10:05à Intermarché qui faisait ses courses.
10:07Son visage me dit quelque chose.
10:09La voiture brûlée, je pense que je la reconnais.
10:11Il me dit, ce qui est fou,
10:12c'est que ce matin, je suis allé aussi faire mon footing,
10:15pas loin d'où il est passé.
10:16À une demi-heure près, ça aurait pu être moi.
10:19Merci beaucoup, Jérôme Rampenoux
10:20et Jean-Michel Decaze,
10:22pour cette émotion à l'île de l'Eran.
10:27On marque une pause,
10:27et puis on revient pour analyser un petit peu,
10:30est-ce qu'il n'y a plus d'endroits protégés en France,
10:33avec Mathieu Bocoté.
10:34On marque une pause,
10:35et on se posera aussi la question,
10:37s'agit-il d'un attentat,
10:38d'un attentat islamiste,
10:40d'un attentat terroriste ?
10:41Quel mot peut-on mettre sur ces faits ?
10:43Pourquoi n'ose-t-on pas donner les vrais mots ?
10:46On marque une pause,
10:47à tout de suite.
10:50Ala Akbar,
10:52c'est ce cri qu'a lancé au moment d'être interpellé
10:54l'homme qui a foncé délibérément sur les patients,
10:57sur les passants,
10:57sur l'île d'Oléron.
10:59Un cri qui nous est familier,
11:00un cri qui fédère apparemment les islamistes
11:03et les déséquilibrés.
11:05Que comprendre de ces événements,
11:06Mathieu Bocoté ?
11:07D'abord et avant tout,
11:08Ala Akbar,
11:09quoi qu'on en dise,
11:09c'est un cri de revendication
11:11qui s'inscrit dans une histoire.
11:12Celui qui le prononce,
11:15sait exactement dans quelle histoire,
11:16quel étendard il brandit.
11:18C'est une banalité,
11:19mais je pense que c'est une banalité
11:20qu'on doit rappeler aujourd'hui
11:21à tous ceux qui veulent ne pas entendre
11:24ce qui s'est dit.
11:25Premier élément.
11:26C'est un cri qui nous est familier,
11:27surtout dans la présente séquence.
11:29Ça va être le 10e anniversaire
11:30de la commémoration des événements du Bataclan,
11:33du massacre du Bataclan,
11:34des tirs sur les terrasses,
11:35et ainsi de suite.
11:37Donc, celui qui dit Ala Akbar,
11:39après avoir voulu tuer des gens
11:40de manière aussi explicite,
11:41lui-même s'inscrit délibérément
11:44dans cette histoire.
11:46Ensuite, on comprend,
11:48selon le profil qu'on a pour l'instant,
11:49qu'on n'est pas devant le profil
11:50du terroriste typique
11:52tel qu'on les a connus.
11:53C'est-à-dire que ce n'est pas quelqu'un
11:54qui a préparé son opération
11:55à la manière de longue date.
11:57On comprend que c'est globalement
11:59le détraqué du village,
12:00le fou, le désaxé qu'on utilise,
12:02le terme qu'on veut à son sujet.
12:03Très bien, j'entends.
12:04Mais il fut un temps,
12:06en France, mais aussi ailleurs,
12:09où les détraqués ne sentaient pas
12:10le besoin immédiatement
12:11de tuer autant que possible
12:13des personnes presque à la tonne
12:15dont ils n'avaient pas l'idée
12:15de massacrer lorsqu'ils n'avaient pas bien.
12:18Leurs pulsions psychotiques,
12:19leurs pulsions psychopathes,
12:21leurs pulsions cruelles,
12:22ne trouvaient pas,
12:23dans l'environnement médiatique,
12:25politique, social, ambiant,
12:27un cri de ralliement
12:28qui leur permet de passer à l'acte.
12:31Et le fait est que ce qu'on voit ici,
12:32donc on est devant une forme
12:33de contre-assimilé,
12:34si j'ai bien compris pour l'instant,
12:35on verra le détail,
12:36mais on est devant quelqu'un
12:37qui finalement se réclame
12:38d'une identité conquérante
12:40pour justifier sa pulsion meurtrière,
12:44comme on l'a vu à ce moment.
12:46Donc, il existe une telle chose,
12:47vous connaissez la formule de Keppel
12:48sur l'islamisme d'atmosphère,
12:51on pourrait aussi parler
12:51d'islamisme ambiant,
12:53c'est-à-dire l'homme ordinaire,
12:55aujourd'hui, les détraqués,
12:56les désaxés,
12:57bon, il y a différents types de personnes,
12:58mais le désaxé cherche quelquefois
12:59dans la société un motif,
13:01une justification,
13:03un récit qui lui permettra
13:05de passer à l'acte.
13:06On le voit beaucoup aux États-Unis,
13:07soit dit, c'est en passant,
13:08il y a un star-système des tueurs fous
13:10et il y a un effet mimétique
13:12qui est créé avec cela,
13:13mais dans le contexte européen,
13:14à ce qu'on voit,
13:15on est devant des gens
13:16qui sont dans une logique
13:17presque de contre-assimilation,
13:19dans une logique d'appropriation
13:21du symbole de la puissance.
13:22Je me sens faible,
13:23je n'ai pas l'impression
13:24que ma vie m'appartient,
13:25je veux tuer des gens,
13:26mais je dois avoir un symbole
13:27qui me permet de le faire,
13:29à la Ouagbar le permet.
13:30Donc, de ce point de vue,
13:32pour ce qu'on en comprend aujourd'hui,
13:33on est au cœur,
13:33on est au contact immédiat
13:34des événements.
13:36Voilà quelqu'un qui finalement
13:37veut s'assimiler à l'islamisme
13:38et qui le fait de la manière
13:39la plus classique qui soit.
13:41Par ailleurs, ne l'oublions pas,
13:42l'islamisme se déploie
13:43à plusieurs niveaux,
13:45en France, en Europe,
13:46en Occident, ailleurs.
13:48Son premier mode de déploiement,
13:49ne l'oublions pas,
13:50n'est pas terroriste,
13:51c'est la conquête démographique.
13:53La conquête démographique,
13:54imaginons un monde
13:55où il n'y aurait aucun terrorisme,
13:56mais qui serait complètement changé
13:58sur le plan démographique
13:59et culturel, identitaire et religieux,
14:01ce serait une conquête islamiste
14:02qui se serait opérée sans les armes
14:04et ce ne serait pas plus
14:05désirable ou agréable.
14:07Ensuite, il y a la conquête violente,
14:09ça, c'est le souvenir du Bataclan,
14:10justement.
14:11Il y a, lorsque la doctrine
14:12s'accouple avec la voyoucratie,
14:13on dit quelquefois,
14:14les gens qui passent
14:15du gangstérisme à l'islamisme,
14:17cette espèce d'étrange mixture
14:18qui existe aujourd'hui
14:19dans les banlieues.
14:21Et là, ce qu'on voit,
14:22c'est la contamination
14:22des nationaux désaccés
14:24qui trouvent justement
14:25dans ce mot,
14:26à la Ouagbar,
14:27l'occasion de passer aux actes.
14:29Donc, on doit inscrire lui-même,
14:31lui-même nous invite
14:31à inscrire son geste
14:33dans cette histoire.
14:34Ne contredisons pas cette parole,
14:36ne mettons pas en place,
14:37comme on l'a vu aujourd'hui
14:38dans plusieurs médias,
14:40les gens qui nous disent
14:40« circulez,
14:41il n'y a rien à voir,
14:42c'est un fait divers
14:43accompagné d'un étrange,
14:45d'un étrange commentaire
14:46du geste à la Ouagbar.
14:47Tenez pas compte de ça,
14:48fait divers,
14:49circulez,
14:49il n'y a rien à voir. »
14:50Je crois que le commun est mortel
14:51a néanmoins entendu.
14:52N'a-t-on pas raison
14:54de se dire
14:54que plus aucun territoire
14:56n'est à l'abri
14:57de ces frappes sanguinaires,
14:58Mathieu ?
14:59Et je pense que c'est non seulement
15:00une vérité sociologique,
15:02mais c'est une vérité existentielle.
15:04Je pense qu'il faut dire
15:05que je ne connais personne
15:06en ce pays
15:07qui ne vit pas
15:09dans la crainte,
15:09pas tous les jours,
15:10pas à chaque moment,
15:11pas à chaque seconde,
15:12mais dans la crainte
15:13de se dire qu'un jour,
15:14ça pourrait être son tour.
15:16Parce que le propre
15:16de l'islamisme,
15:17c'est de désigner
15:18comme coupable
15:19par l'occidental moyen,
15:21le français moyen,
15:22simplement par appartenance
15:23à une civilisation
15:23et à un peuple.
15:24Quand les gens de Daesh
15:25lançaient un appel
15:27en disant
15:27« N'hésitez pas à tuer
15:28dans les rues,
15:29librement,
15:30utilisez un tournevis,
15:31une fourchette,
15:32une scie,
15:32qu'importe,
15:33tuer, tuer, tuer,
15:35ça voulait dire
15:35que tuer au hasard
15:36et vous aurez tué quelqu'un
15:38pour de bonnes raisons
15:39parce que cette personne
15:39appartient à la civilisation
15:41maudite.
15:42Donc faisons un portrait
15:43presque à la lumière
15:44des dix dernières années.
15:45Vous n'êtes pas en sécurité
15:46et là,
15:47je précise que je ne parle
15:48pas que l'islamisme ici,
15:49je parle justement
15:50de cette violence
15:50qui se déploie partout
15:52parce que le terrorisme
15:54n'est pas le seul mode
15:55de frappe de la violence
15:56aujourd'hui.
15:56Il y a un continuum
15:57des violences.
15:58Il y a le terrorisme,
15:59mais il y a aussi
15:59la délinquance du quotidien
16:00qui pourrit la vie
16:01de tant et tant de gens.
16:03Puis à travers ça,
16:03il y a des interrelations.
16:05Alors, vous n'êtes pas
16:06tranquille à Crépaule.
16:07Ça, on le sait,
16:07ce n'était pas l'islamisme.
16:09C'était la haine anti-blanche
16:10qui n'est pas plus désirable,
16:11si je peux me permettre.
16:12Vous n'êtes pas libre à Crépaule.
16:13Vous n'êtes pas libre
16:13dans le septième arrondissement
16:14de Paris.
16:15Rappelez-vous les événements.
16:17Donc, dans les endroits
16:17les plus sécurisés
16:19qui incarnent la bourgeoisie
16:20la plus protégée,
16:21vous n'êtes pas libre.
16:23Vous n'êtes pas libre
16:23à l'île d'Oléron.
16:24Vous n'êtes pas libre
16:25au nord ou au sud
16:26d'aller en sécurité.
16:27Dans les églises,
16:28qu'on pense au Père Hamel,
16:29vous n'êtes pas tranquille.
16:30Dans les lieux
16:31de la gauche culturelle,
16:32dans les églises
16:33de la gauche culturelle,
16:34le Bataclan,
16:34vous n'étiez pas tranquille non plus.
16:36En terrasse,
16:37vous n'étiez pas tranquille.
16:39Les jeunes femmes,
16:40les jeunes filles,
16:41comme Lola,
16:41ne sont pas tranquilles.
16:43Les vieilles dames
16:44qui se font violer
16:44ne le sont pas non plus.
16:46Les enseignants,
16:47comme Samuel Paty,
16:47ne le sont pas.
16:48Les policiers ne le sont pas.
16:50Donc, qu'est-ce qu'on voit
16:51à travers cela?
16:51Il y a une violence multiforme
16:53qui, quelquefois,
16:54se revendique explicitement
16:55de l'islamisme,
16:56quelquefois,
16:57prend la forme
16:58de la violence,
16:58du racisme anti-blanc,
17:01décomplexé,
17:02qui prend aussi la forme
17:03d'une délinquance
17:04agressive,
17:05conquérante,
17:06dont les femmes sont souvent
17:07les premières victimes.
17:09Il ne faut pas l'oublier.
17:10Et là, on nous dira,
17:11donc, les grands spécialistes
17:12du calmez-vous,
17:13si les crûlés circulaient
17:14n'a rien à voir,
17:14vont nous dire
17:15non, non, non,
17:15c'est le terrorisme
17:16qui est important,
17:16puis il y a eu moins
17:17d'attentats maintenant
17:18qu'il y a quelques années.
17:18Oui, mais l'expérience
17:20quotidienne de cette agressivité,
17:21de cette violence,
17:22de cette guerre de conquête
17:24menée presque au quotidien
17:25par des gens
17:26qui sont dans un rapport
17:27de domination
17:27avec les Français
17:28et soit dit en passant,
17:30quelquefois,
17:30même sur le mode,
17:32j'allais dire,
17:32involontaire,
17:33le refus d'obtempérer
17:35il y a quelques jours
17:35avec le...
17:36Mathis.
17:37Avec Mathis.
17:38Bon, là,
17:38il n'y a même pas
17:39une dimension
17:39intentionnellement assassine,
17:41mais au final,
17:42quelqu'un meurt
17:42parce qu'il y a eu
17:43une incapacité de réguler.
17:44Donc, il faut penser
17:45l'ensemble de ces violences
17:47à la manière
17:47d'un contexte nouveau
17:48que nous avons intériorisé.
17:49Alors là,
17:50on pourrait se dire,
17:51oui, mais bon,
17:52on n'y peut rien,
17:52le monde change,
17:53qu'est-ce que les politiques
17:54pourraient y faire?
17:55La question qu'on doit
17:56plutôt se poser,
17:57c'est qu'est-ce que
17:57les politiques ont fait
17:58jusqu'à présent?
17:59Donc, quand vous avez
18:00renoncé à maîtriser
18:01les frontières,
18:02quand vous répartissez
18:03partout des populations,
18:04des populations
18:05qui engendrent
18:06des tensions
18:07ethniques, culturelles,
18:08qu'on voit de plus en plus
18:09aujourd'hui,
18:09j'aime pas ce terme,
18:10mais il est factuel,
18:12quand vous pénalisez
18:12les mécanismes de défense
18:13de la société d'accueil
18:14en nommant raciste
18:15tous ceux qui,
18:16d'une manière ou de l'autre,
18:17nomment les problèmes
18:17d'intégration,
18:18quand vous banalisez
18:19l'islamisme,
18:20au point qu'on en fasse
18:21une référence pour que
18:21le désaccès du village
18:22aujourd'hui puisse se réclamer
18:24de l'islamisme
18:24pour légitimer
18:25sa pollution meurtrière,
18:26quand vous déconstruisez
18:27les repères civilisationnels
18:28qui permettaient justement
18:29de calmer les pulsions
18:30du psychopathe du village,
18:32quand vous créez
18:32les conditions
18:33de cet effondrement,
18:33mais politiquement,
18:34vous avez créé
18:35les conditions
18:36d'un effondrement sécuritaire
18:37à grande échelle
18:38et c'est ce qu'on a encore
18:39vu aujourd'hui.
18:41Mathieu, est-ce que les Français
18:42sont condamnés à fuir
18:43dans leur propre pays?
18:44Ah, moi, je ne suis plus
18:47de ceux qui disent
18:48attention, la catastrophe
18:49s'en vient.
18:49Non, elle y est déjà.
18:50Il faut arrêter de penser
18:52que le pire est devant nous,
18:53nous sommes dans le pire.
18:54Ensuite, il y a peut-être
18:55l'encore pire demain.
18:56Ça, c'est tout à fait possible.
18:57Mais très honnêtement,
18:59tout le monde fuit déjà
19:00un peu.
19:00Si vous avez un peu d'argent,
19:02vous cherchez à fuir
19:03les quartiers
19:03que vous savez dangereux.
19:05Si vous avez un peu d'argent,
19:06vous aurez probablement
19:07le réflexe,
19:07c'est ce qu'on appelle
19:08la gauche digicode.
19:09Vous cherchez à vous protéger
19:10chez vous,
19:11vous n'avez plus de frontières
19:11pour le pays,
19:13mais vous vous barricadez
19:14derrière autant de frontières
19:15possibles chez vous.
19:16Il y a aussi un changement
19:17de comportement dans la rue.
19:18La fuite, c'est aussi
19:19le fait qu'on ne va plus
19:20dans certains transports
19:22en commun.
19:22On ne va plus dans
19:23certains quartiers.
19:24On change de trottoir.
19:25On ne prend plus le métro
19:26à partir d'une certaine heure.
19:27On décide de cacher son nom
19:28si on est membre
19:29de la communauté juive
19:30quelquefois
19:31pour ne pas être victime
19:32d'antisémitisme.
19:33Vous pouvez fuir aussi,
19:34on le voit,
19:35dans des communautés
19:35qui se veulent préserver.
19:37Mais on constate
19:37qu'il n'y a plus
19:37de communautés préservées.
19:38Partout, la violence
19:39peut frapper.
19:41Vous pouvez fuir la France
19:42quelquefois, on le voit.
19:43Plusieurs fuient la France
19:44aujourd'hui,
19:44des plus jeunes
19:45comme des plus vieux.
19:46Et ce qui triste
19:47à travers cela,
19:50c'était à cet effondrement
19:50généralisé.
19:51Vous en appelez alors
19:52à l'État.
19:53L'État, l'État, l'État
19:54doit nous...
19:55Mais l'État,
19:55qu'est-ce qu'il fait?
19:56Alors, c'est le réflexe policier.
19:57On va fliquer tout le monde
19:58pour restaurer la sécurité.
19:59On n'a pas été capable
20:00d'assurer la survie
20:01d'une société civilisée,
20:03d'une société sans violence,
20:04d'une société sans cette barbarie,
20:06d'une société sans l'islamisme
20:07conquérant,
20:08d'une société sans la délinquance
20:09conquérante.
20:10Mais alors, vous demanderez
20:10un État qui va surveiller
20:11tout le monde,
20:12qui va fliquer tout le monde
20:13dans toutes circonstances
20:13pour restaurer apparemment
20:15notre sécurité.
20:15Je ne suis même pas certain
20:16qu'on obtienne la sécurité
20:17au terme de tout cela.
20:18Je n'ai pas un propos optimiste,
20:20mais je ne vois pas pourquoi
20:20je ferais semblant de l'être.
20:21Regardons le tweet d'Éric Ciutti.
20:26Monsieur le ministre de l'Intérieur,
20:27vous oubliez un léger détail
20:29au moment des faits.
20:31L'auteur de l'acte effroyable
20:32a crié à la rugba,
20:33ce qui qualifie cet acte terroriste islamiste.
20:36L'État doit agir.
20:38En regardant le réel en face,
20:39je pense aux victimes
20:40et à leur famille.
20:41Gabriel Cluzel me tourne vers vous.
20:42On est très frappés
20:43par l'extrême prudence,
20:44pour ne pas dire
20:45l'extrême répugnance,
20:47pour qualifier l'attaque de ce matin.
20:49Pourquoi tant de frilosisme ?
20:51Vous avez raison,
20:53on peut déjà revenir
20:54sur la phrase du ministre de l'Intérieur,
20:56Laurent Nunez,
20:57qui a fait réagir Éric Ciutti.
20:59C'est vrai que Laurent Nunez
21:00a choisi une façon assez surprenante
21:03pour annoncer ce drame.
21:07Il a dit sur X
21:08« Ce matin, un automobiliste
21:10a percuté sur son trajet
21:12plusieurs piétons et cyclistes
21:13à Saint-Pierre-d'Oléron
21:15et Dolus-d'Oléron ».
21:17Quand on le lit,
21:18on peut imaginer
21:19que c'est un accident de la route.
21:20Vous voyez, une personne
21:21qui, en allant travailler,
21:22puisqu'elle dit sur son trajet,
21:24a perdu le contrôle de ce véhicule,
21:26fait une embardée
21:27et fauché des piétons
21:28et des vélos.
21:30Sauf que, comme le dit Éric Ciutti,
21:32qui utilise le mot « détail »
21:33et ironiquement,
21:34évidemment, il y a trois détails
21:35qui ne vont pas en ce sens.
21:37Il y a évidemment le cri
21:38de Allah Akbar.
21:39On ne peut pas croire
21:40que le ministre de l'Intérieur
21:41n'ait pas été mis au courant.
21:43Alors vous savez,
21:43parfois,
21:44à l'Akbar,
21:45on a un doute.
21:46C'est des passants qui disent,
21:47des témoins qui disent
21:48« il aurait crié Allah Akbar ».
21:50On met ça au conditionnel.
21:51Là, il l'a dit
21:51quand il a été arrêté.
21:53Donc, c'est les gendarmes
21:53qui m'en ont témoigné.
21:54Il y a une certitude.
21:55Le parquet lui-même,
21:56tout de suite,
21:56a communiqué.
21:58L'homme, l'individu,
21:59a dit Allah Akbar.
22:01Par ailleurs,
22:02et Marc l'a expliqué,
22:03son périple meurtrier
22:04a duré 35 minutes.
22:06Donc, ce n'était pas
22:06une embardée soudaine.
22:08C'était quelque chose
22:09de prémédité
22:10et de très long.
22:1135 minutes,
22:12c'est énorme.
22:13Et puis, troisième point,
22:14il y a cette bonbonne de gaz
22:16dans la voiture
22:16à laquelle il s'apprêtait
22:18d'y mettre le feu.
22:21D'ailleurs,
22:21on peut dire tout de suite
22:22qu'on a évité le pire
22:24parce qu'il aurait pu avoir
22:25bien plus de victimes
22:27s'il est arrivé
22:27au bout de sa volonté.
22:30Et là aussi,
22:30évidemment,
22:31ce ne peut pas être fortuit.
22:33C'est le moins qu'on puisse dire.
22:35Et là aussi,
22:35on se dit
22:36mais comment le ministre
22:37de l'Intérieur
22:37aurait-il pu
22:40ne pas être au courant ?
22:41Alors,
22:42c'est vrai qu'après son poste sur X,
22:46il a reçu une avalanche
22:47de messages assez ironiques,
22:50assez durs,
22:51en colère.
22:52Alors,
22:52on a vu Éric Ciotti
22:53qui lui dit
22:54l'État doit agir
22:54en regardant le réel en face.
22:56Mais il y a aussi
22:56Edwige Diaz
22:57qui dit
22:58moi je me fais
22:58le porte-parole
22:59de tous les gens en colère
23:00qui m'écrivent
23:01et qui disent
23:02et elle dit
23:03elle accuse finalement
23:04le préfet du Nièce
23:05de ne pas protéger
23:06les Français
23:07en minimisant
23:08des faits
23:08qui sont extrêmement graves.
23:12Et puis,
23:13ce qui est très dérangeant
23:14et qui met en colère
23:16en fait
23:16beaucoup de Français,
23:18c'est que dans
23:19d'autres circonstances,
23:20on ne se gêne pas
23:22pour tirer la conclusion
23:23assez vite
23:24la plus vraisemblable.
23:26Je vais vous donner
23:26un exemple,
23:27celui des têtes de cochon
23:28devant les mosquées.
23:29Personne s'est dit,
23:30c'est un charcutier
23:31qui est en train
23:31de faire sa livraison,
23:32son coffre s'est ouvert,
23:33il y a une tête de mosquée
23:34qui est tombée devant la mosquée.
23:37Non,
23:37évidemment,
23:38on est allé
23:39à l'hypothèse
23:40la plus vraisemblable.
23:42Donc,
23:42pour victimiser,
23:43on saute très vite
23:44sur la conclusion
23:45la plus vraisemblable.
23:46En revanche,
23:47pour ne pas stigmatiser,
23:48on saute très vite
23:49sur la conclusion
23:50la plus invraisemblable.
23:52Mais,
23:52il n'est pas le seul
23:54à rester très évasif
23:56sur la question.
23:57Oui,
23:58vous avez raison.
23:59Alors,
23:59on l'a dit tout à l'heure,
24:00le procureur de la République
24:02a confirmé ce cri
24:03de Al-Akbar,
24:03mais aussitôt après,
24:04il a dit,
24:05et ça a fait beaucoup réagir
24:07aussi sur les réseaux sociaux,
24:08néanmoins,
24:09le mobile n'est pas confirmé
24:10et l'enquête
24:11devra le déterminer.
24:12Alors,
24:12c'est vrai qu'il faut être prudent
24:13quand on fait ce genre de métier,
24:15mais c'est vrai que
24:16les Français ordinaires
24:17se disent,
24:17vraiment,
24:18il a crié Al-Akbar,
24:18on se gratte la tête,
24:19mais qu'elle pouvait bien
24:20être son motif.
24:22Vous voyez ?
24:23Donc,
24:23ils ont quand même l'impression
24:26qu'il y a des imbéciles.
24:28Et puis,
24:29du reste,
24:29Thibaut de Montbrial
24:30comme David Linard
24:32se sont fait
24:32les porte-parole
24:34de ces Français
24:35qui en ont un port
24:35à le bol d'être pris
24:36pour des imbéciles
24:36et il explique
24:37Thibaut de Montbrial
24:38foncer dans la foule
24:39en criant Al-Akbar,
24:40mettre le feu à sa voiture
24:40dans laquelle il y a
24:41des bonbonnes de gaz,
24:42c'est un modus opérendu
24:43d'islamiste,
24:44c'est ce qu'il dit,
24:44c'est ce que préconisent
24:45les groupes islamistes,
24:46donc il dit,
24:47même sans allégeance officielle,
24:48il y a un fait politique
24:50qui prime sur la qualification
24:51juridique.
24:52Et on a aussi
24:53David Linard,
24:54je ne sais pas
24:55si vous l'avez,
24:56mais il dit également
24:58après 15 ans marqués
24:59par le terrorisme islamiste,
25:01je vous rappelle
25:02qu'on est à quelques jours
25:02du Bataclan,
25:03de l'anniversaire du Bataclan,
25:05certains jouent encore
25:05aux naïfs
25:06et prennent de trop
25:07grosses pincettes.
25:08Il explique d'ailleurs,
25:09et c'est assez juste,
25:10qu'hésiter entre
25:11le qualificatif terroriste
25:13et déséquilibré
25:13laisse supposer
25:14qu'il y aurait
25:14des terroristes équilibrés,
25:16vous voyez,
25:16c'est quand même
25:16un peu particulier.
25:17Et puis,
25:19il dit,
25:20il dit que
25:21c'est prendre,
25:24alors comment expliquer-tu que ça ?
25:26C'est prendre les Français
25:27pour des idiots
25:29et il faut que la France
25:30sorte de la niaiserie.
25:32C'est son expression.
25:34Alors,
25:34nombre de médias,
25:36notamment publics,
25:38disent-ils de façon
25:39assez orientée
25:40les informations.
25:41Ils nous expliquent
25:42tout de suite
25:42que l'individu est français
25:43et qu'il s'appelle Jean
25:46et qu'il est de type caucasien.
25:48Vous savez,
25:48d'habitude,
25:49de tout ce qui est
25:50du registre du prénom,
25:51du registre ethnique,
25:53ça c'est...
25:53Il ne faut pas en parler.
25:54Oh là là !
25:54C'est très suspect.
25:55Mais là,
25:56c'est bien,
25:57tout le monde se précipite dessus,
25:58ça a quelque chose
25:59de très rassurant.
26:01C'est un registre
26:02qui plaît.
26:03Et alors,
26:04attendez,
26:04le Parisien,
26:04je n'aime que c'est
26:05un grand blond,
26:06comme si ça changeait
26:06quelque chose
26:07au fait.
26:08En quoi ces informations
26:10infirmeraient-elles
26:11la thèse
26:12de l'attentat islamiste,
26:13Gabriel ?
26:14En fait,
26:14en rien,
26:15parce que c'est comme
26:16si on ne pouvait pas
26:17être islamique
26:17quand on est grand
26:18et blond.
26:18D'ailleurs,
26:19ça frise le racisme,
26:21cette assignation ethnique
26:22à une religion.
26:24Alors,
26:24on met en avant
26:26des faits secondaires,
26:28peut-être explicatifs,
26:30mais qui néanmoins
26:30ne sont pas centraux.
26:31On nous dit
26:31que c'est un marginal
26:32qui vivait dans un mobilhome.
26:34Donc,
26:34il était déjà connu
26:35des services de police
26:37pour des nombreux faits
26:38de violences
26:38et de vols,
26:39de destruction,
26:40de biens,
26:40de délits routiers,
26:41usage de stupéfiants,
26:42etc.,
26:42mais qui n'étaient pas
26:43fichés S.
26:45Et c'est lui qui le dit,
26:46cette personne
26:47qui est allée le chercher,
26:49il se serait autoradicalisé
26:51sur Internet
26:51en un mois.
26:53Et donc,
26:53c'est une conversion,
26:55mais on sait ce qu'est
26:56le zèle des nouveaux convertis.
26:58Et on se souvient
26:59des frères Klein,
27:00vous vous souvenez,
27:01qui étaient
27:02des nouveaux convertis.
27:03On se souvient aussi
27:04du témoignage ici
27:05sur ce plateau,
27:06moi j'avais été très frappée,
27:07je pense que nos téléspectateurs
27:08aussi,
27:09de l'ancien imam Bruno Guillot,
27:11ancien imam Salafi,
27:12vous vous souvenez,
27:12qui était venu ici,
27:13qui avait dit,
27:13moi il y a eu un moment
27:14où j'ai pensé
27:15faire un attentat suicide.
27:17Il a été retenu
27:17par la pensée
27:18de ses enfants,
27:19mais il y avait vraiment pensé.
27:21Il a dit sur le plateau,
27:22s'il était passé aux actes,
27:24on aurait dit
27:24que le coupable
27:25s'appelait Bruno,
27:26très bien,
27:26mais ça n'aurait rien changé
27:28à l'affaire.
27:29On pourrait même dire
27:30que c'est presque
27:31un peu plus inquiétant
27:32parce que quand les terroristes
27:34viennent de l'extérieur,
27:35on peut se dire
27:35que c'est comme une importation
27:37de plantes coupées,
27:38ils n'ont pas pris racines
27:39en France,
27:40mais quand ils sont
27:40français de souche,
27:41ça prouve qu'il y a eu
27:41une acculturation,
27:43que la greffe a pris,
27:44elle s'est enracinée,
27:45donc c'est beaucoup
27:46plus inquiétant.
27:48Il serait intéressant
27:48de savoir du reste
27:49comment il s'est,
27:51ça c'est des informations
27:51que nous n'avons pas
27:52pour le moment,
27:52comment il s'est radicalisé,
27:54il dit que c'est sur Internet,
27:55par quel biais,
27:56par quelle porosité d'idées,
27:58quelle personnalité
27:59peut-être politique suivait-il,
28:00ce serait vraiment intéressant
28:02de savoir dans quel milieu
28:03il a pu se radicaliser.
28:07Alors la dernière tentative
28:08de minimisation,
28:09et je terminerai par là,
28:10c'est sans doute de dire
28:11que c'est un loup solitaire,
28:13vous savez c'est un vieux,
28:15une vieille ficelle,
28:15le loup solitaire,
28:17sauf qu'évidemment
28:17un loup solitaire
28:18plus un loup solitaire
28:19plus un loup solitaire,
28:20ça fait une meute,
28:21une meute de loup
28:22plus du tout solitaire
28:24et que les liens
28:24soient informels,
28:25qu'ils soient ténus,
28:26que ce soit même,
28:27comme disait Mathieu,
28:28de l'islamisme
28:29d'atmosphère,
28:30quelque chose
28:31qui atteint
28:32les esprits les plus faibles
28:33voire les plus détraqués,
28:35n'y change rien,
28:36c'est une réalité.
28:38En fait,
28:39ils constituent à eux tous
28:41une armée
28:41qui nous a déclaré la guerre,
28:42que cette armée
28:43elle ne ressemble pas
28:43aux autres armées,
28:44qu'elle soit déconcertante,
28:45protéiforme,
28:46qu'il n'y ait pas
28:47de pantalons garance,
28:48de casque à pointe,
28:48qui ne marche pas au panne,
28:49pas de fanfare,
28:50ça n'y change rien,
28:51c'est un autre type
28:52de guerre
28:54et il faut quand même
28:54en prendre conscience,
28:56on n'est pas convaincu
28:57que ce soit tout à fait
28:57le cas
28:58au plus haut sommet
28:59du gouvernement.
29:00Alors il y a
29:01un politique
29:03qui a eu
29:04des mots
29:05qui sont interpellants,
29:07il a reconnu
29:08que pour lui
29:09il s'agit d'un attentat,
29:11c'est intéressant
29:11à souligner
29:12parce que c'est
29:12Olivier Falorni
29:13qui est d'hiver gauche,
29:14député de Charente-Maritime,
29:16on l'écoute.
29:16Pour moi c'est un attentat
29:18mais je n'en connais pas
29:21les motivations.
29:22C'est un attentat
29:23parce que cet individu
29:24a voulu attenter
29:26à la vie
29:27de plusieurs personnes.
29:29Alors je ne sais pas
29:29si les motivations
29:30sont politiques,
29:32si elles sont islamistes,
29:34c'est l'enquête
29:34qui le dira
29:35et vous savez
29:36dans ces circonstances
29:37je crois qu'il faut éviter
29:38des conclusions trop hâtives
29:40mais il s'agit
29:41bien d'un attentat
29:42parce qu'il s'agissait
29:43de tuer
29:43plusieurs personnes
29:45en l'occurrence
29:45des piétons
29:46et des cyclistes
29:47sur l'île d'Oléron,
29:48un territoire
29:48particulièrement épargné
29:50par ce genre
29:51de crime abject.
29:55Mathieu Beaucoté,
29:56je vous vois un peu révolté
29:57par rapport à ses propos.
29:58Non mais c'est un attentat
29:59mais on n'en connaît pas le motif.
30:00Est-ce que j'en sais
30:00le type qui n'a pas dit
30:01au moment de se faire arrêter
30:02Sainte-Marie,
30:03Mère de Dieu,
30:03priez pour nous,
30:04pauvres pêcheurs ?
30:05Il a dit
30:05à la Ouagba.
30:06Je devine que ça veut dire
30:07quelque chose.
30:08Ou à moins que ce monsieur
30:08ne sache pas exactement
30:09ce que veut dire
30:10à la Ouagba
30:10dans les dix dernières années
30:11en France.
30:12Mais bon,
30:13je me trompe peut-être.
30:14Merci beaucoup.
30:15Mathieu,
30:16dans un instant,
30:17avant de terminer l'émission,
30:18j'aimerais bien revenir vers vous
30:20pour savoir un peu
30:21quelles sont les questions
30:22et les questions
30:23qu'on se pose ce soir
30:24et qu'est-ce que ça soulève
30:26comme question ce soir
30:27chez tous les Français
30:29qui voient cet acte,
30:31cet attentat
30:33à l'île d'Oléron
30:34aujourd'hui.
30:35Et maintenant,
30:36le témoignage exclusif
30:38d'une mère
30:38dans Face à l'Info.
30:40En 2018,
30:41à Mélan,
30:41près de Grenoble,
30:42Adrien Pérez
30:44est poignardé à mort.
30:46Avant d'écouter
30:47Patricia Pérez
30:48qui est la mère
30:49d'Adrien Pérez,
30:50je me tourne vers vous,
30:51Charlotte Dornelas,
30:53vous qui avez rencontré
30:54et nous a permis
30:55d'avoir ce témoignage exclusif
30:57de Patricia Pérez
30:58et de son avocat,
30:59Maître Dreyfus.
31:01Est-ce qu'on peut-être
31:01nous dresser les faits,
31:03planter le décor
31:04pour bien comprendre
31:05les circonstances ce soir ?
31:07En effet,
31:08vous l'avez dit,
31:08le 29 juillet 2018,
31:11Adrien fête ses 26 ans
31:13avec ses amis
31:14dans une discothèque.
31:15Il en sort
31:16vers 5h30 du matin
31:17et un de ses amis
31:19est pris à partie
31:19par un groupe
31:20après des échanges
31:21à l'intérieur
31:22de la discothèque,
31:22bref,
31:23pour un motif
31:23absolument futile.
31:25Adrien s'interpose
31:26pour défendre son ami,
31:27les poignardés
31:27en plein cœur
31:28puisque au moins
31:29l'un des deux individus,
31:31enfin trois individus
31:32ont été condamnés
31:32mais deux à 15 ans
31:34de réclusion criminelle.
31:35Ce sont deux frères
31:35de sang
31:36et au moins
31:37l'un des deux
31:38avait une arme
31:39sur lui
31:39et Adrien
31:40meurt sur le coup.
31:42Deux jours après,
31:43les frères,
31:44en l'occurrence,
31:45donc les accusés,
31:46sont placés
31:47en détention provisoire
31:48et le 2 juillet 2021,
31:51au terme de 15 jours
31:52de cour d'assises,
31:56la cour d'assises
31:57les condamne,
31:58les deux frères,
31:59encore une fois,
32:00ils s'appellent
32:00Yannis et Younes El-Habib
32:01à 15 ans
32:03de réclusion criminelle.
32:05Alors,
32:05ils sont condamnés
32:06pour coups
32:07et...
32:0715 ans
32:08de prison
32:09ferme.
32:10Absolument,
32:11pour coups mortels
32:12et violents
32:12ayant entraîné la mort
32:13sans intention
32:13de la donner.
32:14Donc la cour
32:14ne retient pas
32:15l'intention
32:15de tuer
32:17mais il y a
32:17des vidéos
32:18de la mort
32:19d'Adrien
32:20et ces vidéos
32:21sont projetées
32:21à de multiples reprises
32:23pendant le procès
32:24et à l'époque,
32:24l'avocat général
32:25parle de scènes de guerre
32:26et d'un moment
32:27de sauvagerie pure,
32:28je le cite lui-même.
32:30Donc,
32:31il découle
32:31une période
32:32de sûreté
32:32d'une peine pareille
32:33qui est de 7 ans
32:34et 7 mois.
32:35C'est la moitié
32:36en l'occurrence
32:37de la peine.
32:38Ce devait être
32:38le 31 janvier
32:392026
32:40mais il se trouve
32:41qu'il y a
32:41un an et demi
32:42à peu près,
32:43le tribunal
32:44d'application
32:45des peines
32:45a jugé
32:47le relèvement
32:48de cette période
32:49de sûreté,
32:49le relèvement total
32:50de la période
32:51de sûreté
32:52et le 17 octobre
32:53dernier,
32:53le même tribunal
32:54d'application
32:55des peines
32:56rend un jugement
32:57en redonnant
32:57le placement probatoire
32:58sous bracelet électronique
32:59de l'un des deux frères
33:00qui donc ressort
33:01de prison
33:02sous bracelet électronique
33:03en attendant
33:04une éventuelle libération
33:05conditionnelle
33:05dans un an.
33:07Et c'est ça
33:07qui vous a conduit
33:09à vouloir prendre
33:10la parole.
33:11Je vais d'abord
33:11vous poser une question
33:12Maître Dreyfus,
33:14vous défendez
33:14la famille d'Adrien,
33:16les parents d'Adrien
33:17et vous avez
33:19vous-même expliqué
33:20que c'était
33:20une décision
33:21de la justice
33:22qui était difficile
33:23à annoncer
33:24aux parents.
33:25Est-ce que vous pouvez
33:25nous expliquer justement
33:26on imagine
33:27l'incompréhension
33:28de l'avocat lui-même
33:29devant cette décision
33:30pour qu'elle soit
33:31aussi difficile
33:31à dire à des parents ?
33:34J'étais tellement sidéré
33:35que dans ma conscience
33:38la question
33:39était de savoir
33:40si je pouvais le dire
33:42à Patricia et Bruno,
33:43mes clients,
33:44mais aujourd'hui
33:44des amis très chers
33:46dans l'accompagnement.
33:48Et j'ai retenu
33:49l'information
33:50en présentant
33:51des observations
33:52qui ont eu
33:53peu d'effet
33:54vis-à-vis du tribunal
33:55d'application
33:55des peines
33:56et lorsque la décision
33:57a été rendue,
33:58je les ai informés
34:00parce que je ne voulais pas
34:01au moment où Bruno
34:01partait à la retraite
34:02leur infliger
34:04trois semaines
34:05de souffrance supplémentaire
34:06après avoir supporté
34:08déjà tout ce parcours judiciaire.
34:10Alors pour qu'on comprenne bien,
34:11vous dites vous-même,
34:12il y a des observations
34:13de l'avocat,
34:14de la partie civile,
34:15des victimes
34:15à l'égard
34:16de ce tribunal
34:18d'application des peines
34:19et quelle est la contrainte
34:22on va dire
34:22de la parole
34:23des victimes
34:24dans ce genre
34:24de décision ?
34:26Alors les textes
34:27actuellement en vigueur
34:28prévoient que
34:30les parties civiles,
34:31les victimes
34:31sont avisées
34:33et peuvent présenter
34:34des observations.
34:36Là où le bas blesse
34:36déjà c'est que
34:37nous n'assistons pas
34:38à l'audience
34:38dans le cadre
34:39d'un débat contradictoire
34:40et que dans l'intimité
34:42le tribunal
34:42d'application des peines
34:44va finalement défaire
34:45ce qu'une cour d'assises
34:46a réalisé
34:47après 15 jours
34:48de procès
34:49avec les meilleurs magistrats
34:51que nous ayons eus
34:52le président
34:53et le procureur général
34:54qui, ça parle
34:55tout un chacun
34:56ont présidé
34:57dans l'affaire Maïlis.
34:59Un débat
35:00où pendant 15 jours
35:01on a décortiqué
35:02les vidéos
35:03passées au crible
35:05tout cela
35:05avec un jury populaire
35:07et on le défait
35:09alors on le défait
35:09une première fois
35:10vous l'avez rappelé
35:11en 2024
35:12en faisant sauter
35:14la période de sûreté
35:16les textes
35:17le rendre possible
35:18et puis on le fait
35:20de manière complémentaire
35:21et sans tenir davantage
35:22compte de nos observations
35:23qui sont visées
35:24en tête de la motivation
35:25du juge d'application
35:26des peines
35:27mais dont on fait
35:28peu de cas
35:28et surtout
35:29pour Patricia
35:31et Bruno
35:32et également
35:33je pense à Marjorie
35:34qui n'est pas avec nous
35:35ce soir
35:35mais qui n'est pas loin
35:36votre fille
35:38finalement
35:39le coeur
35:41est bien éloigné
35:43de la raison.
35:44Charlotte
35:46je vous laisse poser
35:46une question
35:47Patricia
35:48on sait que vous êtes émue
35:50on est avec vous
35:51de tout coeur
35:52tout va bien se passer
35:53votre mari Bruno
35:54il est là en coulisses
35:55il vous soutient
35:56et on est avec vous
35:57de tout coeur
35:57vous êtes là
35:58pour faire passer un message
35:59on est là
36:00pour vous soutenir
36:01pour faire passer votre message
36:02vous avez une lettre
36:02à adresser à votre fils
36:04Adrien
36:04on va l'écouter tout à l'heure
36:06on est de tout coeur
36:07avec vous
36:07on continue d'interroger
36:09votre avocat
36:09et ensuite on vient à vous
36:10vous êtes l'avocat
36:15de plusieurs familles
36:15de victimes
36:16dans divers dossiers
36:17vous êtes un avocat
36:18vous m'arrêtez
36:19si je me trompe
36:19mais impliqué
36:21dans plusieurs procès
36:23du côté des partis civils
36:24des victimes
36:25est-ce que vous voyez
36:26un point commun
36:27quand toutes ces familles
36:29qui n'avaient aucune raison
36:30de se trouver confrontées
36:31à la justice
36:32se retrouvent confrontées
36:33à la justice
36:34parce qu'on voit
36:34médiatiquement
36:35des victimes
36:36prendre la parole
36:37de plus en plus
36:38et s'interroger
36:39sur la manière
36:40dont la justice
36:40est rendue
36:41est-ce que vous
36:42c'est quelque chose
36:42que vous remarquez
36:43justement
36:44avec les familles
36:45que vous accompagnez
36:46une incompréhension
36:47qui ressemble à une colère
36:48la plupart du temps
36:48bien sûr
36:5045 ans d'exercice professionnel
36:52vous pouvez avoir
36:54une carapace
36:55un peu durcie
36:56par les affaires
36:57mais vous ne vous habituez
36:58jamais
36:59à la détresse
37:00des familles
37:01et à ce que ça représente
37:02et surtout
37:04moi ce qui me frappe
37:05pour Bruno et Patricia
37:06mais pour d'autres dossiers
37:07qu'on a connus
37:07sur l'agglomération
37:08grenobloise
37:09qui fait souvent parler
37:10et je suis aussi
37:12avocat
37:13dans l'affaire
37:13du bal de Crépole
37:14aux côtés
37:15de nombreuses
37:16parties civiles
37:18c'est le regard
37:19de la justice
37:20et ça pose un problème
37:21dans notre code pénal
37:22et dans la réponse
37:23et notamment
37:24dans ce qui est au coeur
37:25de notre débat
37:26sur la peine
37:28de sûreté
37:28et la facilité
37:29finalement
37:30de faire une décision
37:31de justice
37:32lorsque
37:33on applique cela
37:34à une violence
37:35purement gratuite
37:37parce que dans
37:38l'affaire
37:38d'Adrien
37:38ce qui est
37:40au départ
37:41de ce que l'on a qualifié
37:42improprement
37:43une rixe
37:44c'est simplement
37:45un mauvais regard
37:46un mauvais regard
37:49dans le sas
37:49de la boîte
37:50de nuit
37:51où il célèbre
37:52son anniversaire
37:53et Adrien
37:54ce soir-là
37:54n'a même pas eu
37:55de mots
37:56puisque c'est son copain
37:57Thibaut
37:58qui a eu ce regard
37:59et cet échange
38:00et qu'Adrien
38:01va simplement
38:02venir au secours
38:03de Thibaut
38:04et que ce déferlement
38:05de violence
38:06va amener
38:06comme Acrépole
38:07à la sortie
38:08des couteaux
38:09et à la banisation
38:10de ces actes
38:11purement gratuits
38:12et je pense
38:13qu'il est grand temps
38:14que notre société
38:15et nos politiques
38:17réfléchissent
38:18à une réponse
38:19spécifique
38:20sur cette violence
38:22gratuite
38:22peut-être une dernière question
38:24vous le disiez
38:24vous exercez
38:25depuis de nombreuses années
38:26maintenant
38:27est-ce que vous avez vu
38:28une évolution
38:29justement
38:30sur
38:31on parle beaucoup
38:31de l'impunité
38:32du côté de la délinquance
38:33et de la criminalité
38:33est-ce que vous avez vu
38:35une évolution
38:35justement des textes
38:36cette fois-ci
38:37qui favoriserait
38:38justement cette impunité
38:40je pense que
38:42la justice
38:43s'honore
38:44lorsque ces décisions
38:47sont appliquées
38:48et respectées
38:48et la problématique
38:50actuelle
38:51ce n'est pas
38:51finalement
38:52la décision de justice
38:53de la cour d'assises
38:54qui avait été comprise
38:56par Bruno et Patricia
38:57acceptée
38:58le parquet général
38:59nous avait interrogé
39:00puisqu'il avait été requis
39:0220 ans
39:02et que finalement
39:03on considérait
39:05que les choses
39:05étaient correctement jugées
39:08mais
39:09c'est mettre à bas
39:10tout cela
39:10et c'est malheureusement
39:12ce que l'on voit
39:13trop fréquemment
39:14c'est-à-dire que
39:15la justice
39:16n'est plus lisible
39:17pour
39:18nos
39:19concitoyens
39:20Maître
39:22comment
39:23on peut
39:23effectivement
39:24imaginer
39:25dire
39:26comprendre
39:26dire à son client
39:27à sa cliente
39:28ici présente
39:29que
39:29l'assassin
39:30de votre fils
39:32est dehors
39:33je comprends
39:34à quel point
39:34c'est impossible
39:35à dire
39:35en tant qu'avocat
39:36je veux dire
39:37comment est-ce que
39:37vous interprétez
39:39la justice
39:39aujourd'hui
39:40c'est quand même
39:40assez stupéfiant
39:42de voir que
39:43Patricia Perez
39:44et Bruno Perez
39:45ont perdu
39:45leur enfant
39:46à vie
39:47et que
39:47l'assassin
39:48est dehors
39:48oui
39:50comme Patricia
39:51le dit
39:52justement
39:53les
39:56souvenirs
39:57et les photos
39:58qui jaunissent
39:59l'impossibilité
40:01pour
40:02Adrien
40:02de se marier
40:03de fonder
40:03une famille
40:04chaque anniversaire
40:06qui est une souffrance
40:07supplémentaire
40:08et quelqu'un
40:10qui
40:10est en liberté
40:11et qui
40:12lui
40:13va vivre
40:14et se reconstruire
40:15avec quand même
40:17beaucoup d'interrogations
40:18sur
40:18le parcours
40:20de réinsertion
40:21qui est invoqué
40:23et qui est
40:23validé
40:24par
40:25le tribunal
40:26d'application
40:26des peines
40:27Patricia Perez
40:28vous avez pris
40:29votre courage
40:29à deux mains
40:30vous avez pris
40:31le train
40:31vous êtes arrivé
40:32avec votre mari
40:34ici
40:34tremblante
40:36pleurant
40:38pour témoigner
40:39pour Adrien
40:40comment est-ce que
40:41vous avez réagi
40:42en apprenant
40:42la libération
40:43anticipée
40:44du meurtrier
40:45de votre fils
40:45c'est un deuxième
40:46coupe-couteau
40:47c'est une deuxième mort
40:49incompréhensible
40:51surréaliste
40:53en fait
40:54nous on est les voies
40:55silencieuses
40:56de la perte
40:57de notre enfant
40:58en fait
40:58et
40:59nous vivons ça
41:01maintenant
41:01mais d'autres
41:02avant nous
41:02l'ont vécu
41:03et d'autres
41:03le vivront
41:04bien évidemment
41:05et
41:06ce que je veux dire
41:08ce soir
41:09c'est que
41:09là on vient
41:10une paire de Matisse
41:11j'écoutais
41:13sa maman
41:14mais
41:15comment lui dire
41:18que
41:19ce que nous
41:19on a vécu
41:20elle va le vivre
41:21et elle va le vivre
41:22si notre justice
41:23ne change pas
41:24si nos législateurs
41:25ne changent pas
41:26ses lois
41:27il faut savoir
41:28que tous
41:28ces meurtriers
41:29ils savent
41:30toutes
41:30les lois
41:31ils savent déjà
41:32quand ils rentrent
41:33en prison
41:33qu'ils ne feront pas
41:347 ou 8 ans
41:35c'était le cas
41:36pour les deux
41:37meurtriers
41:37d'Adrien
41:38parce que nous
41:39on est très investis
41:40dans le dossier
41:41et les écoutes
41:42téléphoniques
41:42nous les avons lus
41:43lus
41:44et relus
41:45et c'est hallucinant
41:47vous vous sentez
41:49entendue
41:49par la justice
41:50on va dire
41:52qu'en 2021
41:53oui
41:54oui
41:55mais là non
41:56là non
41:58là
41:58on est relégué
42:00voilà
42:01à rien
42:02on n'est que
42:04les parents
42:04qui sont juste capables
42:05de pleurer leur enfant
42:07tous les jours
42:08je vais embrasser
42:08mon fils
42:09au cimetière
42:10moi j'embrasse
42:11du marbre
42:11moi mon fils
42:13il ne me donnera
42:14jamais de petits-enfants
42:15il ne se mariera
42:16jamais
42:16et quand j'apprends
42:17en plus
42:18la libération
42:18d'un de ses assassins
42:19tout ce que la justice
42:21met en place
42:21dans les prisons
42:22pour eux
42:22en fait
42:24déjà dans la prison
42:25il se construit une vie
42:25il s'est marié en prison
42:27il a eu 18 sorties
42:30depuis 2024
42:32pour aller faire du sport
42:33pour passer des bons moments
42:36nous au mois de juillet
42:38quand moi j'étais au travail
42:38lui il était à Montpellier
42:40avec sa femme
42:41tranquille
42:41il est sorti de la prison
42:43comme si moi je sortais
42:44de ma maison
42:45pour aller travailler
42:46et lui il est parti
42:47passer quelques jours
42:48soleil
42:48et vous vous le savez pas ça
42:50pour vous il est incarcéré
42:52et pour vous
42:53il doit faire ses 15 ans
42:54il faut que le quantum de la peine
42:56soit respecté
42:57il faut que cette justice
42:59arrête de
43:00d'avoir des lois
43:01qui contredisent
43:02une décision de justice
43:04d'une cour d'assises
43:05il y a eu des jurés
43:08qui les ont condamnés
43:09et là
43:10d'un revers de main
43:12parce que
43:13on se comporte bien en prison
43:14et ben on efface tout
43:16on efface tout
43:17mais nous
43:18notre ville s'est effacée
43:20mais moi de rien
43:21il s'efface pas
43:22moi de rien
43:22il est là maintenant
43:23avec moi
43:24j'ai tout dans ma tête
43:26tout
43:26j'ai pas une journée
43:27où ces images
43:28de la mort de mon fils
43:29me hantent
43:30j'ai pas une journée
43:31où tout ce qu'on a lu
43:32tout ce qu'on a vu
43:33tout ce qu'on a subi
43:34n'est pas avec moi
43:36et moi
43:37quand je me lève le matin
43:38que je dois me prendre la force
43:39pour aller travailler
43:40que je rentre dans ma voiture
43:42et que j'arrive
43:43sur mon lieu de travail
43:44qui se trouve malheureusement
43:46là où Adrien a perdu la vie
43:47je suis encore obligée
43:49de passer là
43:49où mon petit a perdu la vie
43:51et que quand vous passez
43:53la porte de votre entreprise
43:54ben vous vous dites
43:55allez
43:55t'as pas le droit
43:57de leur montrer ta peine
43:58t'es pas au travail
43:59pour leur montrer ta peine
44:00donc vous vous mettez
44:02un costume
44:02et puis vous serrez les dents
44:05et vous faites
44:05votre journée de travail
44:06aussi bien que peu
44:09chaque jour
44:10chaque jour
44:11chaque jour
44:11que Dieu fait
44:12chaque jour
44:13et chaque jour
44:15vous allez au cimetière
44:15chaque jour
44:16je vois mon enfant
44:17au cimetière
44:17mon Adrien
44:18chaque jour
44:19j'embrasse du mal
44:20et j'ai mal à partir
44:22en vacances
44:22quelques jours
44:23je peux pas le laisser
44:24je peux pas
44:27je peux pas
44:28c'est trop compliqué
44:29et cette justice
44:31elle parle d'humanité
44:33pour tous ces condamnés
44:35mais elle est où
44:36leur humanité pour nous ?
44:38y'a plus d'humanité là
44:39quelle est l'humanité
44:41que la justice
44:42elle fournit
44:42à nous les victimes ?
44:44rien
44:44y'en a pas
44:45y'en a pas
44:46Justement
44:47qu'est-ce que vous souhaitez
44:48dire aux responsables
44:49de cette décision
44:50qui ont libéré
44:52l'un des meurtriers
44:54d'Adrien ?
44:55Est-ce qu'elle a vraiment
44:58été
44:58vraiment été lire
45:01le jugement
45:02en fait
45:03du tribunal
45:04de la cour d'assises
45:06est-ce qu'elle a vraiment lu ?
45:08parce qu'en fait
45:08elle l'a fait sortir
45:09sur sa vérité
45:11qu'il a bien voulu lui dire
45:11lui
45:12parce que ça
45:13je l'ai lu aussi
45:14parce qu'il y a
45:15sa demande de liberté
45:16et puis après il y a le jugement
45:17voilà
45:18donc
45:18ça
45:20ça vous fait sourire
45:21et puis ça vous met en colère
45:23on va dire
45:24mais comment ?
45:25comment ?
45:27comment ?
45:28Une justice qui penche
45:29vers le coupable
45:30c'est ça
45:31en fait
45:32nous on est relégués
45:33à rien
45:33en fait
45:34la justice
45:35elle ne fait que
45:36pour aller hors la loi
45:37en fait
45:37voilà
45:38il faut bien prendre soin
45:40de leur petite personne
45:41voilà
45:42vous avez
45:44Marjorie
45:45oui
45:45votre fille
45:46Adrien
45:48quel genre de garçon
45:49il était Adrien
45:50je sais que vous avez emmené
45:51une lettre
45:52je viens de la prendre
45:52pour l'île
45:53Adrien c'était la joie
45:55de vivre au quotidien
45:56c'était les rires
45:57c'était les moqueries
45:59parce qu'il était
45:59un petit peu moqueur
46:00taquin
46:01mais gentil
46:03gentil
46:03et il était
46:04dans tout son groupe d'amis
46:06il était fédérateur
46:07et qu'est-ce qui leur manquait
46:09à l'oeil aussi
46:09ouais
46:11ils ont du mal
46:12et tous
46:13ils sont toujours avec nous
46:15et ils font revivre Adrien
46:17à travers leurs souvenirs
46:18à eux aussi
46:19alors on apprend des choses
46:20on ne savait pas
46:21qui nous font bien rigoler
46:23voilà
46:24mais
46:24mais oui c'est
46:26il ne nous reste que ça en fait
46:29que des souvenirs
46:30des photos
46:31des vidéos
46:32des enregistrements
46:34voilà
46:35et tous les jours
46:37le cimetière
46:38et tous les jours
46:39le cimetière
46:39et vous savez
46:41il avait l'habitude
46:42de me dire
46:43parce que je suis un petit peu
46:45très ménage
46:46et il me disait
46:48qu'est-ce que tu nous enquiquines
46:50avec ton aspirateur
46:51je ne dirais pas
46:52le gros mot qu'il disait
46:53et vous ne pouvez pas
46:54vous imaginer
46:55qu'est-ce que j'aimerais entendre
46:58tous les jours
46:59qu'il me dise la phrase
47:00qu'il disait tout le temps
47:01et quand je vais au cimetière
47:02je lui dis
47:02tu dirais que je te fais
47:05une tombique
47:05voilà
47:08comment vous trouvez
47:09la force d'affronter
47:10cette nouvelle épreuve
47:11je crois que c'est
47:12c'est ma colère
47:13c'est ma colère
47:15qui me tient debout
47:16je crois
47:17puis il y a ma petite
47:18il y a ma marjorie
47:20elle a quel âge ?
47:2129 ans
47:21elle va faire en mois de février
47:22et elle a perdu son frère
47:25son mentor
47:26l'homme sur qui
47:28elle aurait pu compter
47:29toute sa vie
47:29avec son papa
47:30elle aussi
47:33il faut qu'elle affronte ça
47:34il faut qu'elle continue
47:36cette survie
47:36et c'est compliqué
47:38on vous a enlevé
47:40votre enfant
47:41mais vous voyez souffrir
47:42l'enfant qui reste
47:43et en fait
47:43vous avez pris double peine
47:45vous avez pris double peine
47:48et vous avez rassemblé
47:49votre énergie
47:50votre force
47:50pour crier à l'injustice
47:52pour crier
47:53pour que d'autres familles
47:55ne puissent pas vivre ça
47:56et pour dire
47:57comme à la mère de Matisse
47:58Laetitia
47:59qu'on a soif de justice
48:02mais qu'au bout du bout
48:03on n'a pas forcément
48:04l'injustice
48:05non
48:05mais il ne faut rien lâcher
48:07allez les voix silencieuses
48:09qu'on est nous
48:09il ne faut pas lâcher
48:10il faut parler
48:12oser parler
48:12prendre la force de parler
48:14il faut dénoncer tout ça
48:15il faut que nos législateurs
48:17nous entendent
48:18il faut
48:19c'est une obligation maintenant
48:21c'est une obligation
48:22on ne peut plus laisser
48:23les choses comme ça
48:23il y a de la violence
48:24tout le temps
48:25tout le temps
48:25on y en a encore aujourd'hui
48:26Maître Neufus
48:28je sens que vous avez envie
48:29d'intervenir
48:29ensuite
48:30non
48:31il faut que ça change
48:34Patricia
48:34bien sûr
48:35et
48:38on est dans une société
48:40de lâcheté
48:41face
48:42à de telles situations
48:44parce que
48:45qu'est-ce qu'il y a à dire
48:46quand on entend Patricia
48:48il y a que le silence
48:49qui s'impose
48:50le respect
48:52et l'humilité
48:53alors
48:54tout au cours
48:55de ce parcours
48:55d'accompagnement
48:57on a eu
48:59les condoléances
49:00des uns et des autres
49:01on s'est vu
49:02à un cabinet
49:02avec Olivier Véran
49:03à l'époque
49:05lorsque Bernard Collomb
49:07est venu
49:08c'était juste avant
49:09qu'il démissionne
49:10du ministère
49:11de l'intérieur
49:11il nous a reçu
49:14en préfecture
49:14et dans son discours
49:17à l'hôtel de police
49:18qu'on peut reprendre
49:18il a lu
49:19les termes
49:20d'une lettre similaire
49:21que celle
49:22aujourd'hui
49:23de Patricia
49:24et le 26 novembre
49:26nous avons appris
49:27que
49:28nous allions être
49:29reçus
49:30par le cabinet
49:31de Gérald Darmanin
49:32qui s'est exprimé
49:33récemment
49:34sur votre plateau
49:35sur la réforme
49:36envisagée
49:37et notamment
49:37sur les problèmes
49:39de remise de peine
49:40et de période
49:41de sûreté
49:41alors
49:42peut-être un espoir
49:44en effet
49:44qu'au-delà
49:45des condoléances
49:46convenues
49:46on change
49:48et on vous écoute
49:49enfin
49:49Patricia
49:51vous êtes venue
49:52avec une lettre
49:53une lettre
49:54que vous avez envie
49:55d'adresser
49:56à Adrien
49:56Adrien
49:57votre fils
49:58en fait
49:59cette lettre
50:00je fais parler
50:00à Adrien
50:01pour qu'il
50:02pour que vous compreniez
50:03ce qui s'est réellement passé
50:04je m'appelle Adrien
50:06j'étais sauvagement tuée
50:08le 29 juillet 2018
50:09à Mélan
50:10près de Grenoble
50:11par deux individus
50:12frères de sang
50:13dénués de toute humanité
50:14et de toute morale
50:16ce petit matin
50:17où je rentrais chez moi
50:18après avoir fêté mes 26 ans
50:19avec mes amis
50:20ma vie s'en est allée
50:21à l'aube d'un matin d'été
50:23pourquoi ?
50:24pour avoir simplement
50:25été défendre mon ami
50:26qui venait
50:27de se faire agresser
50:28physiquement
50:29par l'un des frères
50:30avec une extrême violence
50:31pour un simple échange
50:33verbal et banal
50:34comme il peut y en avoir
50:35au quotidien
50:36ses deux frères de sang
50:37étaient armés d'armes blanches
50:38leur compère
50:39lui ne l'était pas
50:40mais égal à ses amis
50:41sa violence physique
50:42n'en demeure pas moins
50:43au procès
50:44il dira
50:45que ma mort
50:45est un accident
50:46s'en vient une bagarre
50:48rixe
50:48comme aiment dire
50:49les journalistes
50:50ma maman souffre
50:51de cet adjectif
50:52pour elle
50:53celui-ci
50:54doit s'employer
50:54pour des bandes rivales
50:55qui viendraient
50:56à se confronter
50:57ce qui n'était pas le cas
50:59puisque ce sont eux
51:00ces trois individus
51:01qui sont venus nous chercher
51:03pour en découdre
51:04avec leurs armes
51:05l'aîné de la fatrie
51:06porteur d'un camp d'arrêt
51:08dira à 100 prochains
51:09de la scène violente
51:10déclenchée par son frère
51:11et menaçant
51:12les personnes présentes
51:13de son couteau
51:14que le premier qui bouge
51:15je le lame
51:16je le découpe
51:17tout en gesticulant
51:19ses bras
51:19son frère lui dira
51:20en levant les bras
51:21et faisant lever
51:22de la victoire
51:23en quittant cette scène
51:24de violence
51:25et macabre
51:26où je viens de perdre
51:27la vie
51:27je m'appelle Yenzo
51:29je vais vous niquer
51:30et je ne veux pas
51:31vous dire le reste
51:32moi je suis au sol
51:34sans vie
51:34une jeune fille
51:35que je ne connais pas
51:36me tient la main
51:37et reste à côté de moi
51:39jusqu'à l'arrivée
51:39des pompiers
51:40et gendarmes
51:41mes amis sont sous le choc
51:42Mathieu lui
51:44échappera à la mort
51:45alors que lui aussi
51:46a été touché
51:47de plusieurs coups de couteau
51:48dont un au coeur
51:49qui heureusement
51:50ne lui sera pas fatal
51:51pour un millimètre
51:52il se trouvera
51:53taillé profondément
51:54au visage
51:55aux bras
51:56et partira à l'hôpital
51:57en soins intensifs
51:58durant des jours
51:59moi
52:00je suis à la morgue
52:01dans le froid
52:02sans vie
52:03seule
52:04ma maman hurle de douleur
52:06quand le genre
52:07tisse fait nom de la tête
52:08et comprend que je suis mort
52:09et s'écroule
52:10mes parents ne pourront pas
52:12venir m'embrasser
52:13ni me prendre dans leurs bras
52:14une dernière fois
52:15on leur explique
52:16qu'il va y avoir une enquête
52:17et une autopsie
52:18ils m'ont ouvert
52:20pour couronner ma mort
52:21ma maman me couvrera
52:23de baisers aux ponts funèbres
52:24dans mon cercle
52:25c'est ce que leur a fait
52:26ces deux
52:27fait subir
52:28ces deux frères assassins
52:29je laisse mon papa
52:30ma maman
52:31ma petite soeur adorée
52:32mon soeur
52:33comme je l'appelais
52:34que je protégeais
52:36taquinée
52:36et aimée
52:37d'un amour fraternel
52:38inconditionnel
52:39avec l'inclament surable
52:41l'insupportable
52:42l'innommable chagrin
52:43et une survie
52:44une lutte au quotidien
52:45pour ne pas sombrer
52:46je m'appelle Adrien
52:48j'ai pris perpétuité
52:49ce 29 juillet 2018
52:51sans peine de sûreté
52:52sans remise de peine
52:54sans autorisation de sortie
52:56sans parloir
52:57sans vie
52:58je ne fonderai jamais une famille
52:59je laisse mes parents
53:01et ma petite soeur
53:02détruits à jamais
53:02je m'appelle Adrien
53:04j'avais la vie devant moi
53:05une vie que j'aimais partager
53:07avec des joies
53:08des rires
53:09de l'amour
53:09un avenir professionnel
53:11tout tracé
53:11dans ma belle entreprise
53:13où je m'épanouissais
53:14et évoluais
53:14je m'appelle Adrien
53:16je suis la fierté
53:17de mon papa
53:18ma maman
53:19ma soeur
53:19mes yeux bleus
53:21se sont fermés à jamais
53:22mon regard malicieux
53:23qui faisait fendre
53:24ma maman a disparu
53:25mon rire
53:26mes éclats de rire
53:27ne résonnent plus
53:28dans la maison
53:28je m'appelle Adrien
53:30je ne dis plus papa
53:31maman
53:32mon soeur
53:33je m'appelle Adrien
53:34je suis leur enfant
53:36je suis son frère
53:37je suis leur amour
53:38disparaît à jamais
53:39sous le coup
53:40de la violence
53:41de la violence
53:41gratuite
53:42pour rien
53:42merci Patricia
53:44pour votre courage
53:46et pour ce témoignage
53:47et on rappelle
53:47que son meurtrier
53:48a été libéré
53:50de façon anticipée
53:52les français demandent justice
53:54les français demandent
53:56la sécurité
53:57vous en êtes le témoin
53:58et vous avez
53:59à rassembler
53:59toutes vos forces
54:00pour venir témoigner ce soir
54:01et votre mari
54:02Bruno Pérez
54:03est en coulisses
54:04et a tenu aussi
54:05à vous accompagner
54:07pour crier
54:07justice
54:09Charlotte peut-être
54:10une dernière question
54:11peut-être à poser
54:12à maître Dreyfus
54:12ou bien
54:13à Patricia Pérez
54:15oui vous disiez
54:16vous même
54:17que les voix silencieuses
54:18devaient s'élever
54:19elles sont de plus en plus
54:20nombreuses
54:21vous avez parlé
54:22il y a longtemps
54:22oui
54:22elles sont de plus en plus
54:24nombreuses
54:25et parfois
54:25elles sont
54:25vous avez évoqué
54:26tout à l'heure
54:26l'utilisation du mot
54:27RICS
54:28oui
54:28vous avez mis dans la bouche
54:29d'Adrien
54:30et devant ces témoignages
54:33et devant la reprise
54:34de ces témoignages
54:35ce que l'on essaye
54:35par exemple
54:36de faire ici
54:36certains hurlent
54:37à l'instrumentalisation
54:38qu'est-ce que cette accusation
54:40génère chez vous ?
54:44si de dénoncer quelque chose
54:46est devenu une instrumentalisation
54:47non je comprends pas
54:48non
54:48non
54:49c'est pas parce qu'on dit
54:51les choses
54:51qu'on doit être instrumentalisé
54:53en fait
54:54moi si je parle
54:56c'est pour
54:56pour que ça s'arrête
54:57c'est plus possible
54:59c'est plus possible
55:00de vivre comme ça
55:02tous les jours
55:02entendre des coups de couteau
55:03tous les jours
55:04entendre
55:04tout ce qu'on entend
55:06toute cette violence
55:08qui règne dans notre pays
55:09et puis qui est endémique
55:10et puis il faut pas se voiler la face
55:12c'est pas d'aujourd'hui
55:13donc il y a un moment
55:14il faut vraiment prendre le taureau
55:15par les cornes
55:16et que vraiment
55:16que le travail se fasse
55:18que nos législateurs
55:19une bonne fois pour toutes
55:20se disent
55:21stop
55:22il va falloir qu'on trouve
55:23une solution là
55:23ce que vous dites
55:25et votre témoignage
55:26en général
55:27même nos journalistes
55:28on ne le vit pas
55:29on ne le sait pas
55:30on dit que la personne
55:31a été condamnée
55:32la personne fait de la prison
55:33condamnée à 15 ans de prison ferme
55:35et on s'arrête là
55:36personne ne dit
55:37que lorsque les personnes
55:39sont libérées
55:40c'est en plus
55:40Marc Menon
55:42a une dernière question
55:43à vous poser
55:43oui c'est au-delà
55:44d'une question
55:45déjà
55:46cette lettre
55:47extrêmement
55:48bouleversante
55:49cette lettre
55:51qui est l'expression
55:53du coeur
55:54de l'amour
55:54nous met face
55:56à une réalité
55:57celle du drame
55:59absolu
56:00et on a l'impression
56:01que la justice
56:02a pu concevoir
56:03que des gens
56:05qui
56:06sont capables
56:07d'une telle
56:09abjection
56:09d'une telle barbarie
56:11à un moment donné
56:12ils sont devenus
56:13tous sages
56:13ils sont devenus
56:15fréquentables
56:16et par conséquent
56:17il faut tout effacer
56:19il y a quelque chose
56:20c'est même pas
56:21de l'indécence
56:22on est là encore
56:24dans un autre
56:25immonde
56:25c'est donc la barbarie
56:27plus immonde
56:28un mot à Gabriel Cluzel
56:30écoutez
56:31j'ai écouté
56:32ce témoignage
56:33vraiment très touchant
56:35je ne peux pas croire
56:36que ceux qui nous gouvernent
56:38qui peuvent agir
56:39ne soient pas touchés
56:40par ces mères de famille
56:43dans la douleur
56:44mais c'est absolument
56:45insupportable
56:46en tout cas je crois
56:47que tous ceux
56:47qui nous regardent
56:48sont vraiment
56:50très touchés
56:51par votre témoignage
56:51et ces mères qui disent
56:52on ne se taira plus
56:54non
56:55il ne faut pas
56:55non
56:56prenez
56:57prenons sur nous
56:58prenons
56:59prenons sur nous
57:00c'est pour notre enfant
57:02mais c'est pour
57:02pour les autres
57:04il faut se battre
57:06arrêtons d'être silencieuse
57:07arrêtons
57:08et tous les jours
57:09vous allez sur la tombe
57:10d'Adrien
57:10ah oui
57:11merci pour votre courage
57:13merci à vous
57:13ma chère Patricia
57:14merci à vous
57:15j'embrasse aussi
57:15votre époux
57:16qui est en coulisse
57:17merci maître Dreyfus
57:18merci à vous
57:19on va revenir sur
57:20la principale
57:21information de la journée
57:22Mathieu Bocoté
57:23sur cette actualité
57:24avec cet homme de 35 ans
57:26qui là aussi
57:26a fait des victimes
57:27il a foncé
57:27délibérément
57:29sur plusieurs
57:29prétons
57:30et cyclistes
57:31pendant 35 minutes
57:32en criant à la roi de bar
57:33Mathieu
57:34qu'est-ce que cet événement
57:35soulève comme question
57:36ce soir
57:37avant de se quitter
57:38vous me permettrez
57:40juste un commentaire
57:40vous noterez
57:41quand les parents
57:41de victimes
57:42normalement
57:43comme on l'a vu
57:43le système médiatique
57:45nous dit
57:46s'ils ne disent rien
57:47s'ils se taisent
57:48ils se comportent
57:48avec dignité
57:49doit-on comprendre
57:50que lorsqu'ils prennent
57:51la parole
57:51ils sont indignes
57:53il y a une espèce
57:53de système
57:54qui pousse à la censure
57:55qui pousse au silence
57:56les parents de victimes
57:57les proches de victimes
57:57et je trouve
57:58qu'il y a dans ce mot
57:59dignité aujourd'hui
58:00une espèce
58:01d'entourloupe médiatique
58:02qui incite les gens
58:03à se taire
58:03et à ne pas dire
58:04leur douleur
58:04je tenais à dire cela
58:06juste remarque
58:07pour le reste
58:08bien franchement
58:09j'ai vu cet attentat
58:10aujourd'hui
58:11que député refuse
58:12de qualifier
58:13d'islamiste
58:13le premier réflexe
58:14je crois que c'est de se dire
58:15nous n'en sortirons jamais
58:17je ne sais pas pour vous
58:18mais moi je regarde ça
58:19on est dans une séquence
58:20où on ne voit pas
58:21à quel moment
58:22on sortira
58:22de ce continuum
58:24de violence
58:24qui va du coup de couteau
58:26au sortir d'une boîte
58:27de nuit
58:28jusqu'aux attentats
58:29les plus violents
58:30et organisés
58:31et qui structure
58:32aujourd'hui
58:32le quotidien
58:33les français
58:33il y a une formule
58:34vous savez
58:34qui appartient
58:35à la chanson populaire
58:36mais pas seulement
58:36douce France
58:37douce France
58:38très honnêtement
58:39aujourd'hui
58:39sauf pour les touristes
58:40qui sont dans des circuits
58:41pré-programmés
58:42qui peut encore dire
58:43qu'il y a
58:44une douce France
58:45sans nuance
58:45douce France
58:46sans ajouter
58:47le fait qu'il y ait
58:48la possibilité
58:48pour chacun aujourd'hui
58:49de subir le pire
58:50en sortant de chez soi
58:51tous sont en attente
58:52de celui
58:53celle qui sera capable
58:54de renverser la situation
58:55mais j'ai l'impression
58:56que à l'espoir
58:57succès
58:58domine aujourd'hui
58:59sur toute une forme
58:59de désespoir
59:00qui ne veut pas dire son nom
59:01Merci beaucoup Mathieu Bocoté
59:03et demain on suivra
59:04effectivement le procureur
59:05qui doit s'exprimer
59:06sur la question
59:07Merci encore
59:08Patricia Perez
59:08il y a énormément
59:10de témoignages
59:11de français
59:12sur les réseaux sociaux
59:13des SMS
59:13qui vous soutiennent
59:15qui vous encouragent
59:16qui ont envie
59:16de sécher vos larmes
59:18si vous permettez
59:19lorsque le générique
59:20sera lancé
59:20je vous embrasserai
59:21de la part de tous
59:22les téléspectateurs
59:23rendez-vous
59:24Michel Dreyfus
59:25le 26 novembre
59:25lorsque vous aurez vu
59:26Gérald Darmanin
59:27je veux absolument
59:28savoir ce qu'il vous a dit
59:30excellente suite de programme
59:31l'heure des produits
59:32Pascal
59:32je vous remercie
Recommandations
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À suivre
51:01
59:36
1:20:29
1:06:33
1:11
1:12:43
1:32:56
32:08
49:07
1:50
58:04
1:01:06
59:18
53:06
59:58
58:33
59:12
59:53
58:22
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