- il y a 2 jours
L’adaptation des espaces urbains au dérèglement climatique permet la création de nouveaux emplois. L’association Espaces se donne pour mission de s’emparer de cette opportunité pour favoriser l’insertion sociale grâce à l’écologie urbaine. Nicolas Froissard, directeur général de l’organisation, nous explique comment elle lie ces deux enjeux.
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00:00Prêt pour l'impact, c'est la question que je pose.
00:06Chaque joueur a une personnalité qui compte.
00:08Dans la société française, je reçois aujourd'hui Nicolas Froissart.
00:11Bonjour.
00:11Bonjour.
00:12Bienvenue.
00:12Vous êtes le directeur général de l'association Espace,
00:15avec un parcours dans l'économie sociale et solidaire particulièrement riche.
00:20Vous avez notamment été l'un des dirigeants et porte-parole du groupe SES.
00:24Pourquoi vous avez rejoint l'association Espace ?
00:27Qu'est-ce qui vous a poussé à franchir le pas ?
00:29Ça fait quelques années que je travaille pour des associations de petite ou de moyenne taille.
00:36J'avais envie aussi de me rapprocher du terrain, d'être dans la proximité aussi, dans du local,
00:42et dans de l'opérationnel.
00:45J'ai dirigé une association comme La Fresque du Climat il y a quelques temps.
00:50J'étais plutôt dans la protection de l'enfance récemment,
00:53et puis une opportunité a fait que j'ai rencontré Espace.
00:57C'est quoi Espace d'ailleurs ?
00:58Espace, c'est une association qui agit depuis 30 ans dans le domaine de l'insertion par l'activité économique,
01:03qui emploie 180 personnes en insertion, avec 70 permanents pour les encadrer,
01:12dans ce qu'on appelle l'écologie urbaine.
01:14C'est comment faire revivre la biodiversité dans les espaces urbains,
01:18et donc en créant de l'emploi et de la formation pour des personnes qui sont éloignées de l'emploi,
01:22parce qu'il y a des perspectives intéressantes dans ces métiers-là.
01:27Il y a d'autres structures d'insertion par l'activité économique ?
01:30Qu'est-ce qui rend Espace original ou pas d'ailleurs ?
01:33Moi ce qui me plaît beaucoup c'est d'allier le social à l'écologie.
01:37Je pense que par rapport aux enjeux du moment, au niveau de nos sociétés de façon générale,
01:41je crois que montrer qu'on peut servir la question environnementale et climatique,
01:45tout en permettant à des personnes de retrouver un contact avec le monde professionnel,
01:51de se former, et puis un jour d'avoir une belle carrière sans doute,
01:54parce qu'il y a beaucoup de métiers qui se développent dans ces secteurs-là.
01:59Oui, c'est sûr, c'est un des secteurs de l'emploi qui se développe.
02:00Pour toutes les formations, pour des gens qui ont peu de formation,
02:03mais qui vont se former sur le terrain,
02:04et puis parfois pour des gens qui ont des diplômes aussi,
02:07mais qui veulent aussi se réorienter vers ces carrières.
02:09Alors je vais sortir un cliché, j'assume.
02:12Est-ce que quand on est éloigné de l'emploi, on se dit
02:14qu'il est bien gentil avec ses enjeux écologiques,
02:16mais ce n'est pas ma priorité ?
02:19On peut se le dire.
02:20Après, on sait très bien qu'il va falloir travailler sur ces aspects-là,
02:24que ce soit sur l'aspect énergétique,
02:25que ce soit sur justement faire revenir la nature là où elle a disparu,
02:29que c'est un enjeu qui est un enjeu vital aussi pour nos sociétés.
02:33Et donc se dire qu'en plus, ça va permettre de créer des centaines de milliers,
02:37voire des millions d'emplois,
02:38je pense que c'est plutôt intéressant, c'est concret,
02:40et si on parle d'économie, c'est là qu'il faut aller aussi.
02:43D'ailleurs, quand on dit une personne éloignée de l'emploi,
02:45on comprend bien ce que ça veut dire,
02:47mais c'est quoi les parcours de vie dont on parle derrière ?
02:50Oui, il faut aller voir, je pense que les associations,
02:53les entreprises qui travaillent dans ces secteurs-là
02:55ont envie particulièrement aujourd'hui,
02:57où c'est compliqué, où on baisse les financements en permanence.
03:00Je pense qu'il faudrait que les citoyens, les politiques,
03:03aillent voir concrètement et rencontrer ces personnes.
03:05C'est des gens qui n'ont pas de formation,
03:08qui ont travaillé parfois pendant longtemps,
03:10qui ont eu ce qu'on appelle un accident dans leur parcours.
03:15Ça peut être une maladie, ça peut être du chômage pendant longtemps,
03:18une rupture, ça peut être effectivement émotionnelle, sentimentale,
03:22il y a plein de choses qui font...
03:24Et ça peut arriver à tout le monde,
03:25c'est ça que notre société a un peu oublié.
03:27Et donc, à un moment donné, c'est tendre la main,
03:30finalement, à chacun de nous,
03:32parce qu'effectivement, ça peut arriver.
03:36Et donc, il s'agit de repartir de l'avant,
03:39d'apprendre un métier,
03:41mais c'est vrai qu'il y en a, par rapport à ce que vous disiez,
03:43qui ont déjà un métier,
03:44mais qui ont besoin de reprendre pied.
03:46Donc, de se lever à nouveau le matin,
03:48de reprendre les habitudes liées au monde professionnel.
03:52Et ça, ça fait partie des défis que vous devez relever.
03:54Comment vous conciliez cet accompagnement social,
03:59cette réinsertion, et l'action environnementale ?
04:02Vous choisissez des entreprises ou des associations
04:06qui sont engagées dans cette défense de l'environnement
04:10pour y placer ensuite les personnes éloignées de l'environnement ?
04:13Alors nous, déjà, quand on accompagne,
04:15donc c'est deux ans maximum, les contrats d'insertion,
04:17donc les personnes qu'on va embaucher,
04:19c'est des contrats de travail, d'insertion,
04:22mais c'est des contrats de travail, le droit du travail s'applique.
04:27Et donc, ces personnes-là, elles vont apprendre un métier
04:29avec des encadrants qui sont des professionnels de ces secteurs-là.
04:33On a des professionnels qui connaissent parfaitement ces sujets-là,
04:38qui s'y sont formés, le génie végétal,
04:41enfin justement, comment faire revenir la biodiversité
04:43dans des endroits très urbains,
04:45où elle a disparu parfois depuis longtemps.
04:47C'est effectivement un savoir-faire qui est assez spécifique.
04:50Et puis après, effectivement, on travaille avec plein d'entreprises
04:52pour ce qu'on appelle la sortie.
04:54Oui, parce qu'au bout des deux ans, l'objectif, c'est qu'il y ait un job.
04:58C'est de travailler avec des entreprises
04:59qui sont capables, effectivement, de les embaucher après.
05:02Et de les accompagner,
05:04parce qu'on a déjà traité ces questions-là dans l'émission.
05:08C'est vrai que quand on s'est retrouvé pendant longtemps
05:11à l'éloigné de l'emploi, vous le disiez vous-même,
05:13il y a des codes à réintégrer, à accepter de nouveau.
05:17Et puis parfois, même au bout de deux ans,
05:20ou deux ans et demi, ça peut casser.
05:22Donc il faut que les entreprises avec lesquelles vous êtes partenaire,
05:26vous travaillez, elles aient peut-être une démarche un peu volontaire aussi en la matière ?
05:31C'est mieux.
05:32Après, notre objectif, c'est quand même de faire en sorte
05:34que les personnes qui passent par espace soient capables de bosser n'importe où.
05:39C'est l'objectif.
05:40Et puis ne soient pas estampillées.
05:41J'ai été éloigné de l'emploi, je vois ce que vous voulez dire.
05:43Si effectivement, ils ont un peu ce label, ça peut effectivement...
05:49Peut-être que parfois, ça les aidera à être recrutés, mais parfois, ce sera peut-être l'inverse.
05:52Et puis on ne veut pas effectivement qu'il y ait de stéréotypes qui leur collent à la peau.
05:56Par contre, effectivement, il y a des entreprises...
05:57Alors, les entreprises sont importantes pour nous, parce qu'il y en a qui nous font confiance aussi,
06:01pour s'occuper de leur parc, de leur jardin, de leur voie ferrée,
06:07puisqu'on a un partenariat avec la SNCF ou avec la RATP.
06:11Donc, le monde de l'entreprise, on le connaît bien, on travaille avec lui au quotidien.
06:14Et effectivement, la façon de travailler avec ces entreprises pour qu'elles soient capables,
06:18effectivement, aussi d'embaucher ces personnes-là après leur parcours au sein d'espace,
06:21est un énorme enjeu pour nous.
06:23Finalement, c'est ce que vous appelez une insertion écologique réussie ?
06:26Oui, tout à fait.
06:28Oui, oui, tout à fait.
06:28Une insertion, le social,
06:30parce qu'on reste effectivement sur un sujet
06:33où il faut aussi, comme on le disait,
06:35régler parfois des problèmes sociaux, des problèmes médicaux,
06:39des problèmes de logement,
06:40en tout cas pendant la période pendant laquelle il travaille avec nous,
06:45au sein d'espace.
06:46Et puis après, effectivement, c'est quand même au service de la question environnementale.
06:50Alors, on vous a invité, Nicolas Frassard,
06:54parce que ce 7 novembre, il y a un événement
06:56que vous organisez, qui organisez à la Bellevilloise.
07:01Alors, on est autour de l'engagement citoyen.
07:04Je crois que c'est parti d'un hashtag, c'est ça l'histoire ?
07:07Qui s'appelle le hashtag « Dénonce tes héros ».
07:09Exactement.
07:10Qui a bien marché sur les réseaux, notamment sur LinkedIn.
07:13Oui, ça marche bien.
07:14Alors, racontez-moi l'histoire, parce que je suis en train de le faire à votre place.
07:16Eh bien, c'est effectivement une initiative,
07:18alors plus à titre perso, au départ, avec des amis,
07:21où on se dit, pendant le premier confinement,
07:22il y avait quand même des choses positives,
07:24comme les applaudissements pour les soignants à 20 heures.
07:27Et on se disait que ça ne durerait sans doute pas.
07:30C'est malheureusement plutôt vérifié assez vite.
07:34Et donc, on s'est dit, comment contribuer à porter une initiative
07:37qui puisse faire qu'on parle tous les jours de personnes extraordinaires.
07:41Ordinaire, parce qu'il y en a beaucoup,
07:43et à la fois extraordinaire, parce qu'aujourd'hui,
07:45surtout dans la société dans laquelle on vit,
07:47on a l'impression que faire des choses pour les autres,
07:49c'est un peu extraordinaire.
07:50Et il y en a plein, en fait, des gens.
07:51Alors, il y a évidemment les soignants, les travailleurs sociaux,
07:54mais il y a tellement de personnes aujourd'hui, en France et ailleurs,
07:56qui s'impliquent dans des associations bénévolement,
07:58ou même dans leur boulot,
07:59qui essayent de faire en sorte de travailler différemment
08:01pour plus respecter l'humain et l'environnement,
08:06dont on parlait il y a quelques minutes.
08:08Et à la fois, les réseaux sociaux, c'est aussi beaucoup de violence,
08:11beaucoup d'agressivité.
08:12Et donc, on dénonce tout et n'importe quoi,
08:15et simplement, on agresse parce que quelqu'un pense différemment.
08:18Enfin, c'est quand même quelque chose qui est assez...
08:20Oui, en se pensant, à tort, protégé par un anonymat numérique.
08:24En plus, qu'il n'y a pas sur LinkedIn, par exemple.
08:28Donc, ça, c'est quelque chose qui est positif sur ce réseau, je trouve,
08:31même si ça peut se discuter.
08:33Il faut continuer à dénoncer ce qui ne va pas,
08:35et à la fois, dénoncer tout et rien, ça n'a pas de sens.
08:37Donc, à ces personnes-là...
08:38Donc là, on dénonce les héros.
08:39On avait envie de leur dire,
08:40dénonce plutôt tes héros et tes héroïnes,
08:42tu verras, ça va te faire du bien.
08:44Et ça nous fera du bien à toutes et tous.
08:46Et alors là, qu'est-ce qui se passe de 7 novembre à la Belleviloise ?
08:48Et on a créé une communauté autour de ce projet,
08:51avec des centaines de personnes qui contribuent financièrement sur LinkedIn,
08:56alors que moi, personne ne me connaît.
08:58Il y a plus de 100 000 personnes qui me suivent,
09:00parce que quasiment tous les jours, c'est devenu une passion pour moi.
09:03Je parle d'un héros ou une héroïne du quotidien.
09:05Il y a des gens qui m'envoient des messages maintenant,
09:07c'est quand même plutôt sympa,
09:08et moi, ça me fait beaucoup de bien d'ailleurs,
09:10en me disant, est-ce que tu connais un tel ?
09:11Tu devrais regarder ce qu'il fait.
09:13Ils vous flèchent leur héros.
09:14Le héros.
09:14Et à la Belleviloise, que je remercie,
09:19parce que ça va être un très bel événement le 7 novembre,
09:22on célèbre justement les héros et les héroïnes du quotidien.
09:26Ce qu'il faut dire, c'est que ça peut être tout le monde, je pense, en plus.
09:28C'est ça, je pense aussi le message qu'on essaye de délivrer.
09:32Alors là, il y a deux personnes qui sont parmi mes super-héros,
09:36qui sont Céline Gréco,
09:37qui est médecin référente dans la lutte contre la douleur chez l'enfant à Necker,
09:41et qui a créé une association, parce qu'elle-même a été maltraitée par son père quand elle était enfant.
09:46C'est une enfant placée, qui a magnifiquement réussi sa vie,
09:50mais ce n'est vraiment pas la norme chez les enfants placés.
09:53Il y a souvent une sorte de...
09:55Oui, c'est difficile.
09:56Je n'arrive pas à trouver le mot, mais on a été placé, on devient soi-même souvent...
10:02C'est un cercle vicieux.
10:03...en député, SDF, etc.
10:04Enfin, on voit beaucoup cette logique-là.
10:07On est cantonné, finalement, à un destin social douloureux.
10:11Elle a créé une association qui s'appelle Impact.
10:13Exactement.
10:14C'est ça ? C'est quoi ?
10:14Elle dit qu'en fait, pour rebondir sur ce que vous disiez,
10:17que les enfants placés ont 20 ans d'espérance de vie en moins
10:20par rapport à quelqu'un qui n'a pas eu ce parcours-là.
10:24Et donc, elle crée notamment des centres de santé qui sont dédiés aux enfants,
10:27justement, qui ont été maltraités, qui ont été victimes de violences,
10:32pour détecter le plus tôt possible et les accompagner dans leur parcours de soins
10:36qui, forcément, doit être spécifique.
10:38Donc, il y a Céline Grecco.
10:40Et puis, il y a Olivier Goua, qu'on a reçu ici même.
10:42Je crois que ça doit faire un an et demi ou quelque chose comme ça.
10:46Entrepreneur qui combat la maladie de Charcot.
10:48Comme un entrepreneur.
10:49Oui, c'est un sacré bonhomme.
10:50C'est-à-dire que plus son corps l'enferme,
10:52plus, finalement, sa voix porte,
10:57alors qu'il ne peut plus parler.
10:58C'est vrai que la maladie de Charcot a cet aspect infernal
11:01d'enfermer vraiment la personne dans son corps.
11:05Et malgré ça, il rayonne.
11:07Il a réussi à fédérer autour de lui un nombre de soutiens incroyables
11:10pour lever des fonds, créer un fonds d'investissement
11:12pour accélérer dans la recherche.
11:15Il y a un film qui lui a été consacré.
11:18C'est extraordinaire.
11:20Et le message, c'est de dire que si des personnes qui connaissent ce type d'épreuve
11:27arrivent justement à avancer, à fédérer, à construire avec d'autres,
11:33pourquoi on n'y arrive pas au niveau de notre société ?
11:36Je trouve que ça interroge et que finalement, on a toutes et tous,
11:41surtout quand on est bien inséré, quand on gagne bien sa vie,
11:44on a tous les moyens de changer les choses.
11:45Donc voilà, c'est un peu le discours qu'on essaye de porter,
11:49qui peut concerner les citoyens, les entrepreneurs.
11:52Est-ce qu'il y a aussi, parce que je réfléchissais en vous écoutant parler de LinkedIn,
11:57un combat à mener pour que justement les réseaux sociaux
12:02ne soient pas uniquement des espaces de conflit, de haine, de négativité ?
12:08J'ai l'impression.
12:09Après, je crois que les réseaux sociaux, ils reflètent un peu ce qu'est notre société aujourd'hui.
12:12Donc peut-être qu'au niveau de notre société,
12:14il faudrait qu'on soit capable aussi de se demander plus, davantage,
12:18dans quel monde on veut vivre, dans quelle société on veut vivre.
12:22Et puis aussi, moi, c'est une question que j'aime bien
12:24et que j'essaye aussi de porter parfois un peu sur les réseaux.
12:27Ça veut dire quoi, réussir sa vie ?
12:29Je crois que cette question-là, finalement, qui est quand même assez fondamentale,
12:33je crois qu'on a tous envie de réussir notre vie.
12:36Encore faut-il savoir ce que ça veut dire.
12:37Est-ce que c'est accumuler le plus possible ?
12:40Est-ce que c'est écraser les autres ?
12:41Ou est-ce que c'est, à un moment donné, construire avec d'autres,
12:44imaginer des projets qui permettent d'améliorer un peu le quotidien pour tous ?
12:50Et alors justement, on va s'appuyer sur votre expérience,
12:54expérience de dirigeant, de porte-parole du groupe SOS,
12:56pendant deux décennies, pour parler d'une manière un peu plus générale
13:00de l'économie sociale et solidaire.
13:04Et peut-être qu'on peut commencer par la question du financement.
13:07Parce qu'on est en pleine discussion sur le budget 2026
13:11avec quelques menaces sur le financement, notamment des associations.
13:16Et de l'insertion, qui est le secteur dans lequel je travaille aujourd'hui.
13:19Le combat, il n'est pas encore perdu,
13:21mais quand vous essayez de faire passer les messages
13:23auprès des parlementaires députés, c'est compliqué, là ?
13:26C'est très difficile. Il y en a qui l'entendent,
13:28parce qu'il y a beaucoup d'élus qui connaissent
13:30ce que font des associations comme Espace
13:33et d'autres au quotidien.
13:35Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, on a l'impression
13:36qu'on est dans un débat sur lequel on n'a pas prise.
13:39Parce que c'est en permanence un discours,
13:41il faut réduire absolument les coûts,
13:44vous avez trop d'argent.
13:47Donc c'est très compliqué,
13:48parce que c'est un secteur qui va finir par s'épuiser,
13:51parce que j'ai l'impression quand même qu'on démontre notre utilité.
13:53On travaille sur les questions d'impact depuis longtemps.
13:55C'est la question que j'allais vous poser.
13:56Pourquoi vous, mais je peux m'inclure comme journaliste,
14:00on n'arrive pas à convaincre des politiques
14:03que cet argent public-là, il est bien investi,
14:07il est bien dépensé ?
14:09Parce que ce sont des gens qui vont mieux se porter,
14:12ce que vous dites.
14:12Et même économiquement.
14:14C'est ça qui est fou, c'est que sur le long terme,
14:16on sait par exemple les salariés en insertion,
14:18il y en a 70% qui trouvent un emploi après leur parcours,
14:22c'est des allocations en moins,
14:25c'est des gens qui vont aller mieux,
14:26qui vont cotiser, qui vont payer des impôts, etc.
14:30Donc c'est absurde en fait.
14:33Donc il faut avoir une réflexion long terme,
14:34il faut avoir une réflexion tout court,
14:36je pense qu'on ne réfléchit plus,
14:38et qu'il n'y a pas de vrai débat,
14:39à chaque fois on passe d'un débat à l'autre,
14:41et que si on était capable d'avoir
14:43une vraie réflexion collective
14:45sur le modèle qu'on veut pour notre société,
14:48si on prenait le temps d'en discuter,
14:50dans les médias, partout, au niveau local,
14:52au niveau politique évidemment,
14:54les gens s'apercevraient très vite de l'utilité,
14:56parce qu'ils la connaissent dans les faits.
14:57Tout le monde connaît une association,
14:59une entreprise d'insertion,
15:01des gens qui vont mieux
15:03parce qu'ils avaient des problèmes d'addiction,
15:05des problèmes de santé,
15:06des personnes en situation de handicap.
15:08Il y a des millions et des millions,
15:10des dizaines de millions de gens
15:11qui sont soutenus par l'économie sociale
15:14et solidaire au quotidien.
15:15Oui, effectivement.
15:16Et alors vous avez une formule pour dire ça.
15:18Vous dites, il faudrait un peu plus d'entrepreneurs
15:21pour un monde plus chouette.
15:22Et alors cette formule-là,
15:23elle a inspiré celle qui était à votre place
15:25la semaine dernière.
15:26Sandrine Martin, la directrice générale adjointe,
15:29Dosmaillac a cette question pour vous.
15:31Bonjour Nicolas.
15:32Vous vous décrivez comme un entrepreneur
15:34pour un monde plus chouette.
15:36Si toutes les entreprises et tous les dirigeants
15:38adoptaient cet état d'esprit,
15:40à quoi ressemblerait, selon vous,
15:43et concrètement, ce monde plus chouette ?
15:45Ça veut dire quoi pour vous cette expression
15:48un monde plus chouette ?
15:48C'est que parfois j'en ai marre du jargon
15:50et effectivement, je ne vais pas dire
15:52qu'il ne faut pas parler d'impact dans votre émission,
15:54mais c'est vrai que j'en reviens parfois
15:57à essayer de communiquer de façon plus simple.
16:01Peut-être que c'est quelque chose
16:02qui doit inspirer peut-être le secteur associatif
16:06et de dire, moi, effectivement,
16:08ce qui me plaît au quotidien,
16:09c'est de contribuer à un monde plus chouette.
16:11Et après, ce qu'on peut dire,
16:11c'est que les assos font beaucoup de bien.
16:14Elles font du bien à un nombre incalculable de personnes
16:17et que finalement, quand on fait du bien,
16:19on se fait du bien aussi à soi.
16:20Je pense que c'est un peu le message.
16:21Oui, mais ça, on est bien d'accord,
16:23mais ça vaut pour les enjeux environnementaux
16:25dont on parlait.
16:25C'est-à-dire que c'est une façon peut-être
16:29pour embarquer le plus de monde possible
16:31dans cette transformation
16:33qui n'est pas simple
16:34parce qu'elle nous oblige à changer nos habitudes,
16:36elle oblige à changer le modèle économique
16:37de certaines entreprises, etc.
16:37Mais c'est pas mal d'avoir un peu de courage aussi.
16:40Et Olivier Goua, qu'on recevra le 7 novembre,
16:44montre qu'on peut avoir du courage
16:46et que manifestement, ça fait du bien
16:48d'être courageux et d'affronter
16:50la fresque du climat que j'ai dirigée pendant longtemps
16:53avec une communauté incroyable.
16:54C'est des gens qui affrontent les problèmes
16:57et qui vont globalement bien,
16:58même s'ils sont conscients effectivement
17:00des problèmes qui arrivent.
17:03Oui, il faut être conscient des problèmes,
17:06de l'urgence, mais peut-être aussi...
17:07Et être acteur.
17:08Voilà, et être attractif.
17:10C'est-à-dire que c'est ça la difficulté.
17:12Alors je ne sais pas,
17:13c'est toujours facile à dire assis sur mon fauteuil,
17:15mais insister un peu plus sur les co-bénéfices
17:18de l'action environnementale.
17:22Vous voyez ce que je veux dire en matière de santé ?
17:23On l'a déjà évoqué.
17:25Et puis leur donner la parole à ces gens,
17:27comme vous le faites,
17:28et peut-être que plus de médias devraient le faire
17:30et voir que ce ne sont pas des gens
17:32qui sont relous en fait.
17:33Parce qu'il y a cette image quand même.
17:35Les écolos, alors les écolos,
17:37il faut arrêter d'utiliser ce terme
17:38parce qu'il est tellement clivant,
17:39mais en tout cas les gens engagés
17:40passent parfois pour des gens
17:42qui ne sont pas rigolos,
17:45qui vont...
17:46Ou il y a l'expression écologie punitive aussi.
17:48Oui, alors que moi, ça fait plus de 20 ans
17:50que je travaille ou que je suis bénévole
17:52dans ce milieu-là,
17:54et je vois des gens quand même qui vont bien,
17:56qui sont même plutôt marrants,
17:57enfin plus marrants que la moyenne des gens
17:59qui sont justement tout le temps
18:02en train de parler d'écologie punitive en fait.
18:04Donc, et il y a plein de gens qui essayent.
18:07Vous parliez d'entrepreneurs,
18:09il y en a un qui me vient à la tête,
18:11qui est en tête,
18:11qui a créé les bureaux du cœur.
18:13Je ne sais pas si vous connaissez.
18:14Oui, bien sûr, on connaît les arts suissis même.
18:16Extraordinaire.
18:16Donc, des entreprises qui sont capables
18:19d'accueillir chaque jour
18:20une personne sans domicile.
18:21Donc, si tout le monde s'y met,
18:23on va finir par changer les choses.
18:25Et ces gens qui font ça,
18:27moi, je trouve qu'ils sont plutôt bien
18:29dans leur basket.
18:30Et alors, vous dites,
18:31on va lire cette citation,
18:33il faut passer d'une société de la réparation
18:35à une société de la prévention.
18:37On passe beaucoup de temps
18:38à réparer les dégâts humains, environnementaux
18:40que cause notre modèle de société.
18:42Il serait possible de faire beaucoup mieux
18:43pour lutter préventivement contre ces mots.
18:46Ça rejoint ce qu'on disait tout à l'heure,
18:48finalement, même sur l'argent public
18:49bien investi.
18:52Comment on passe concrètement
18:53une société de la réparation
18:54à une société de la prévention ?
18:56Est-ce que c'est d'abord dans nos têtes ?
18:58Je pense que ça se travaille
19:00parce qu'effectivement,
19:01je pense que l'ennemi,
19:03face à ce changement
19:04qui est impératif et vital,
19:06même par rapport aux inégalités
19:08ou aux questions environnementales,
19:10il n'y a pas le choix.
19:10Il va falloir y aller.
19:11Mais c'est vrai que c'est dur
19:12parce que ça veut dire
19:13qu'il faut changer plein de choses
19:14dans notre quotidien.
19:15Et l'être humain, manifestement,
19:17n'aime pas trop ça.
19:19Et moi, j'avais participé
19:20à la Convention des entreprises
19:22pour le climat
19:23qu'on a reçue ici même.
19:24Suite à la Convention citoyenne,
19:26qui était déjà une initiative extraordinaire
19:28qui montrait que justement,
19:29quand il y a du débat de qualité,
19:30quand on informe les gens,
19:31quand on prend le temps,
19:33finalement, des personnes
19:34qui étaient quasiment climato-sceptiques
19:35devenaient plus constructives
19:38ou revendicatives
19:39que des gens qui étaient écolos
19:41justement depuis très longtemps.
19:43Donc, c'est intéressant.
19:44Et la Convention des entreprises
19:46pour le climat
19:47à laquelle j'ai participé
19:48pendant un an,
19:49c'était plusieurs semaines
19:53dans l'année
19:53où on se réunissait
19:54entre dirigeants.
19:55Avec des dirigeants
19:56de tous secteurs
19:58qui se donnaient une feuille de route.
19:59C'est ça qui était intéressant.
20:00On peut l'expliquer d'ailleurs.
20:01Exactement.
20:02Ce n'était pas juste
20:04de faire de la RSE,
20:05mais vraiment d'aller jusqu'au bout
20:07de la façon dont on pouvait
20:09transformer son modèle
20:10pour qu'il soit compatible
20:11avec les engins environnementaux.
20:14Et donc, moi,
20:17sur le secteur associatif...
20:19Donc, c'est possible
20:20de changer nos mentalités
20:23et donc là, en l'occurrence,
20:25pour une entreprise,
20:26son modèle économique.
20:27c'est que ça peut être douloureux,
20:31ça peut coûter de l'argent,
20:32ça ne se fait pas du jour au lendemain,
20:33mais c'est possible.
20:34Je pense que c'est bien
20:34de s'y préparer.
20:35Oui.
20:35Parce que celles et ceux...
20:38Je pense qu'il y en a peu
20:39qui sont capables
20:40de le faire du jour au lendemain.
20:41Par contre,
20:41commencer à se préparer
20:42et se dire, voilà,
20:43dans un an, dans cinq ans,
20:44dans dix ans, dans quinze ans,
20:45voilà les étapes
20:46pour arriver à quelque chose
20:47qui fasse que notre activité
20:50ait un impact très limité
20:52sur l'environnement.
20:53Oui, je pense que...
20:54Je pense qu'on a,
20:56en tant qu'entrepreneur
20:56ou dirigeant,
20:57tout intérêt à le faire.
20:58Et effectivement,
20:59y compris le secteur associatif,
21:01et pour le secteur associatif
21:03ou en tout cas,
21:04pour les organisations
21:05qui travaillent
21:06sur des questions sociales
21:07ou sanitaires, médicales,
21:10effectivement,
21:10moi, j'étais allé
21:11jusqu'à me rendre compte
21:12qu'effectivement,
21:13il fallait passer
21:13de cette société de la réparation
21:15à une société de la prévention.
21:17Pourquoi ?
21:17Parce qu'aujourd'hui,
21:19on est beaucoup dans la réparation.
21:20Ça veut dire quoi ?
21:21Ça veut dire que
21:22on a des énormes hôpitaux.
21:24Ça veut dire qu'on a
21:25des consommations de médicaments
21:27qui sont gigantesques.
21:28Tout ça,
21:28ça a un impact.
21:30Donc,
21:30si vous êtes beaucoup plus
21:31dans la prévention,
21:32c'est-à-dire prévention santé,
21:34mais prévention aussi,
21:36éducation,
21:37pour faire en sorte
21:37qu'il y ait moins de violence,
21:39eh bien,
21:40en fait,
21:40vous avez moins besoin,
21:42effectivement,
21:43d'énormes bâtiments
21:44dans lesquels
21:44vous soignez,
21:46vous accueillez
21:46des personnes
21:47victimes
21:49de maladies,
21:50de violences,
21:51etc.
21:51ce qui est important
21:52aujourd'hui
21:53dans notre société.
21:54On a l'impression,
21:54effectivement,
21:55que la France
21:55s'en sort plutôt bien.
21:57Mais quand on voit
21:57le nombre de cancers,
22:00le nombre de violences,
22:02ça ne va pas si bien
22:04que ça.
22:05Et ça a un coût.
22:06C'est ça,
22:07en fait,
22:07qu'on ne réalise pas toujours.
22:10Et la prévention,
22:11ça a un coût,
22:11toujours pareil,
22:12peut-être à court terme,
22:13mais sur le long terme.
22:14La cigarette,
22:15on est un très,
22:16très...
22:16Oui, bien sûr,
22:17l'euro dépensé en prévention,
22:19il va se démultiplier
22:20en positif
22:21pendant des années,
22:23voire même des décennies.
22:25Mais est-ce que
22:26il y a des entreprises
22:27qui se sont créées
22:28sur cette économie
22:30de la prévention ?
22:30Mais est-ce que c'est plus
22:31un modèle associatif
22:32ou un modèle
22:32de l'économie sociale
22:34et solidaire ?
22:34C'est-à-dire des entreprises
22:35qui ne vont pas forcément
22:36avoir un but lucratif ?
22:37Je pense que c'est un modèle
22:38de société,
22:39que c'est plus,
22:40effectivement,
22:41on doit toutes et tous,
22:42parce qu'on n'y est pas
22:43du tout aujourd'hui,
22:44se projeter,
22:45se projeter là-dedans.
22:46Mais vous voyez
22:47le sens de ma question,
22:48c'est-à-dire que si on embarque
22:51des entrepreneurs
22:52qui vont créer des boîtes,
22:54peut-être même
22:55avec un modèle lucratif,
22:57mais qui vont faire
22:58se développer l'économie
23:00de la prévention,
23:01tout le monde est gagnant.
23:02Oui.
23:02Est-ce que ça vous semble possible
23:04ou est-ce que ça vous semble
23:04contradictoire ?
23:05Ça me semble possible,
23:06le problème est toujours le même,
23:07c'est qu'aujourd'hui,
23:08le client principal
23:09qui serait susceptible
23:10de payer
23:11parce que l'absence
23:13ou le manque de prévention
23:14a un coût qui est un coût
23:16essentiellement sociétal,
23:18c'est toujours pareil,
23:18on va revenir aux mêmes questions,
23:19c'est l'État.
23:20Donc, ça veut dire
23:22qu'il faut à un moment donné
23:23imaginer un modèle
23:23dans lequel l'État
23:24serait capable de dire
23:25« Oui, je vais mettre
23:26plus de prévention
23:27sur la santé,
23:28sur les addictions,
23:30sur les violences. »
23:32Aujourd'hui,
23:33c'est impossible
23:33puisqu'il est impossible
23:34de sortir un euro en plus.
23:36– Effectivement,
23:37dernier mot,
23:37puisqu'on parle d'État
23:38et d'organisation gouvernementale,
23:41il n'y a plus de ministre
23:41ou même de secrétaire d'État
23:44à l'économie sociale et solidaire.
23:45– Oui.
23:47– Mauvais signe, évidemment.
23:48– Oui, mauvais signe, évidemment.
23:49– Qu'est-ce que ça change
23:50d'avoir un ministre ?
23:51Parce que, voilà,
23:52on peut dire
23:53qu'on se prend en main
23:54et de toute façon,
23:55on avance.
23:55– Aujourd'hui,
23:57je pense que c'est important
23:58symboliquement
24:00et puis d'avoir quelqu'un
24:01qui va pouvoir aussi
24:03défendre les aspects budgétaires.
24:05on le voit bien
24:06à quel point c'est tendu.
24:07Donc, c'est important,
24:10effectivement,
24:10d'avoir quelqu'un
24:11qui soit capable
24:11de représenter ce secteur-là
24:13et de le défendre.
24:15Après, ça ne suffit pas
24:16puisqu'il y a eu des ministres,
24:17il n'y en a pas eu,
24:18ça fait 10 ans, 15 ans,
24:20avec des hauts et des bas,
24:21mais en tout cas,
24:22la trajectoire,
24:23elle n'est pas très positive
24:25au final,
24:26si on regarde.
24:28Donc, oui,
24:28il faut un ou une ministre,
24:31mais il faut surtout,
24:31effectivement,
24:32que ce débat
24:32soit davantage porté
24:34au niveau national,
24:36par les médias,
24:37par le politique
24:37et reconnaître une réalité.
24:39Il y a un déni de réalité.
24:41Si on oublie,
24:42effectivement,
24:42les associations
24:43et le secteur
24:44de l'économie sociale
24:45et solidaire,
24:46de façon générale,
24:48on est dans le déni.
24:49ou dans le mensonge,
24:52quand on dit,
24:52effectivement,
24:53qu'elles perçoivent
24:54trop d'argent.
24:55Voilà,
24:55il y a pas mal d'études
24:56qui sortent en ce moment
24:57pour montrer,
25:00effectivement,
25:00que les entreprises lucratives
25:01perçoivent bien plus d'aide
25:03que l'économie sociale
25:04et solidaire.
25:05Il y a eu un grand travail,
25:06notamment du Sénat,
25:07là-dessus.
25:07Merci beaucoup,
25:08Nicolas Froissart.
25:09À bientôt.
25:10C'est le 7 novembre
25:11à la Bellevilloise,
25:12l'événement
25:12que vous organisez.
25:14À bientôt
25:14sur Bsmart.
25:15On passe tout de suite
25:16à notre rubrique Startup.
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