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00:00Mamadou Alioubari, bonjour.
00:02Bonjour.
00:02Dans votre livre, vous rappelez que le coup d'État de septembre 2021 contre le président guinéen Alpha Condé
00:09a été opéré par les forces spéciales du colonel Dumbuya.
00:12Et vous dites que ces forces spéciales avaient été créées quelques années plus tôt
00:15à la suite de l'attentat terroriste de mars 2016 à Grand Bassam, en Côte d'Ivoire.
00:20Pourquoi cet élément déclencheur ?
00:22Alors, ce qui s'est passé, c'est que quand il y a eu l'attentat du Grand Bassam,
00:26la France s'est approchée des États côtiers, la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Bénin,
00:31pour leur proposer de mettre en place des forces spéciales pour lutter contre le terrorisme.
00:35Parce que l'attentat de Grand Bassam, ça a frappé tous les gens de la sous-région.
00:39La création des forces spéciales, c'est une très bonne idée.
00:42Mais le seul problème, c'est quand on crée des unités comme ça,
00:45est-ce qu'il faut les mettre sous la coupe directe du président de la République
00:49ou sous la coupe de l'État-major des armées ?
00:51Et c'est là que vous dites qu'Alpha Condé a commis l'une de ses plus grandes erreurs,
00:55c'est de ne pas avoir confié ces nouvelles forces spéciales à l'État-major général des armées guinéennes.
01:01Tout à fait. En fait, là, c'est la première fois que M. Alpha Condé crée une unité de forces spéciales
01:06qui ne relève que de lui.
01:08Vous dites que le loup rentre dans la bergerie.
01:11Oui, tout à fait. À mon avis, l'erreur qu'il a commise,
01:14c'est de mettre en place une unité de forces spéciales,
01:16et puis de ne plus la contrôler.
01:20Et surtout si, derrière, dans le contexte ouest-africain,
01:23le Mali a eu un coup d'État, c'est le commandant des forces spéciales qui a pris le pouvoir.
01:27Donc vous vous posez la question de dire, bon, est-ce que moi-même j'ai la maîtrise de cette unité ?
01:31Dans votre livre, Mamadou Alioubari,
01:33vous racontez que c'est par un officier supérieur de la gendarmerie guinéenne
01:37que l'ancien légionnaire français Mamadi Doumbouya est introduit auprès du président Alpha Condé.
01:43Et vous racontez qu'ensuite, le président envoie cet officier
01:47dans de multiples formations militaires, en Afrique de l'Ouest et en Europe.
01:51Et vous précisez même que lors d'une de ses formations,
01:53il fait la connaissance d'un certain colonel malien, Assimi Goïta.
01:57Oui, alors en fait, ils se sont rencontrés en 2017.
02:00C'est-à-dire que les Américains, il n'y a pas que la France qui s'est occupée des forces spéciales,
02:04je le dis dans mon livre, les Américains organisent régulièrement
02:07des manœuvres destinées aux forces spéciales ouest-africaines.
02:11Flint Locke.
02:11Voilà, c'est dans ce cadre que le commandant Goïta et le colonel Mamadi
02:16se sont rencontrés au Burkina en 2017 et sont liés d'amitié.
02:20Le général Oligin Gemma, qui a pris le pouvoir au Gabon il y a deux ans,
02:24nous a confié un jour qu'il connaissait très bien le colonel Mamadi Doumbouya
02:27depuis plusieurs années.
02:28Donc c'est tout un réseau en fait d'officiers africains qui se connaissent, non ?
02:32Oui, mais il faut savoir quand on prend le parcours du général Doumbouya,
02:36quand M. Alpha Konde l'a pris pour le mettre à la tête des forces spéciales,
02:40avant de le mettre à la tête des forces spéciales,
02:42il lui a fait faire beaucoup de formations,
02:44notamment en Israël et notamment au Gabon et à l'école de guerre à Paris.
02:49C'est-à-dire que c'est quelqu'un quand même qui a eu une excellente formation.
02:53En conclusion, vous dites dans votre livre que pour réconcilier l'armée et la nation
02:56dans un pays comme la Guinée, il faut restructurer l'armée.
03:00Mais comment ?
03:01Alors en fait, à chaque fois qu'il y a une crise politique en Guinée,
03:04quand l'armée prend le pouvoir, l'opposition vient saluer la prise de pouvoir
03:08par les militaires en disant « bravo ».
03:10C'est ce qu'il s'est passé en 2021, en effet.
03:12En 2021, 2010, autant de dadis.
03:15Mais quand vous prenez tous les programmes des partis politiques,
03:18il n'y a aucune réflexion qui est faite sur le rôle, les missions d'une armée
03:23si nous, on arrive au pouvoir.
03:24Et c'est ça qui est étonnant, c'est-à-dire que ça m'a toujours frappé ça.
03:27Il faut absolument que dans ce pays, qu'on arrive à réfléchir en disant
03:31qu'est-ce qu'on fait de l'armée et puis surtout arriver à un contrôle civil
03:34de l'outil militaire.
03:35C'est-à-dire un pays comme la Guinée aujourd'hui, je prends un exemple très simple.
03:39Si vous voulez réconcilier l'armée et la population,
03:41il faut impliquer l'armée dans des actions visibles pour la population.
03:45Et dans le livre, je donne deux exemples.
03:47Je dis le génie militaire.
03:48Si dans les villages qui sont enclavés, dans des ponts qui n'existent pas
03:53ou qui sont défaillants, on envoie le génie militaire qui s'occupe de désenclaver...
03:57De construire des ponts, des routes.
03:59Tout à fait.
04:00Vous prenez le service de santé des armées.
04:01Il y a des villages entiers où il n'y a pas de médecin vétérinaire,
04:04il n'y a pas de médecin.
04:06Si le service de santé des armées est impliqué dans la politique nationale de santé publique,
04:11les gens vont dire, mais oui, l'armée, on reconnaît.
04:13Et puis, ce que je dis le plus important dans mon livre,
04:17c'est que si vous prenez ce qui se passe au Sahel, en Guinée, partout,
04:20le renseignement est inexistant.
04:21Donc, je préconis, il faut mettre en place une vraie académie de renseignement
04:25où on recrute des jeunes analystes sortant des universités.
04:28Mamadou Alioubari, je vous remercie.
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