00:00Et pour aller plus loin, nous sommes en ligne ce matin avec Didier Richtner, historien de l'art, directeur de la rédaction de la revue La Tribune de l'art.
00:07Merci beaucoup d'être avec nous. On comprend bien que les suspects arrêtés ne sont a priori que des petites mains qui sont interrogées en ce moment.
00:15Et la question que l'on peut se poser, c'est à qui profite le crime ? Qui peut-être derrière ce casse ? Qui pourraient être les potentiels donneurs d'ordre ?
00:25Alors comme vous vous en doutez, je n'en ai pas la moindre idée. Je ne suis même pas sûr encore que les policiers sachent qu'ils essaient.
00:32Je ne peux pas vous le dire. Il y a plusieurs hypothèses que je ne peux pas vraiment commenter.
00:37Je ne crois pas aux collectionneurs fous qui payent des commanditaires pour avoir des œuvres qu'il va mettre dans sa chambre forte.
00:45Je n'ai jamais vu le cas. Alors ça existe peut-être. Ça existe peut-être.
00:48Donc je ne m'explique jamais ce type de vol, sauf si c'est pour démanteler les bijoux.
00:53Mais là, ça leur vaudra beaucoup moins cher et ça leur vaudra, j'espère, beaucoup plus d'aller en prison si ça arrivait.
00:58Mais ça n'a pas de sens de voler des œuvres qui ne sont absolument pas commercialisables.
01:05Il y a un an, au musée Cognac-Jet, on avait volé des tabatières extrêmement précieuses, qui ne pouvaient pas être démantées d'ailleurs.
01:10On en a retrouvé une partie depuis. Ce n'était pas vendable.
01:15Donc je ne sais pas, peut-être des chantages à l'assurance, mais là, il n'y a pas d'assurance, c'est l'État qui est son propre assureur.
01:20Je n'ai pas la moindre idée de qui est commanditaire.
01:23Alors ce sont des bijoux exceptionnels, mais les pierres, elles, le sont un peu moins.
01:28En tout cas, elles sont de moins bonne qualité que les pierres qu'on trouve aujourd'hui sur le marché.
01:33Ça, c'est une précision importante si on veut tenter d'écouler les pierres individuellement.
01:36Oui, alors ce qu'il faut savoir, c'est que comme je ne suis pas spécialiste de bijoux, j'ai interrogé les spécialistes.
01:43Et ce que m'a raconté l'un d'entre eux qui connaît vraiment très bien ce domaine,
01:48et qui a d'ailleurs vu ces bijoux-là en main avant qu'ils soient vendus au Louvre,
01:53les bijoux royaux ne sont pas faits des plus belles pierres parce qu'ils sont faits pour être vus de loin.
01:57C'est l'ensemble qui doit impressionner avec sa monture, etc.
02:01Donc à part les saphirs de Ceylan qui sont sur quelques-unes de ces couronnes et de ces diadèmes,
02:08les autres bijoux sont moins bonne qualité et surtout ils sont une taille ancienne.
02:13Regardez, là on voit bien, ce sont des tout petits diamants.
02:16Si on veut les retailler, ça va faire des diamants vraiment très très petits qui seront beaucoup moins chers.
02:20Si on ne les retaille pas, on va les reconnaître parce que ce sont des tailles anciennes.
02:24C'est compliqué d'écouler cela.
02:27Maintenant il y en a sans doute des gens qui feront cela,
02:29mais en tout cas l'information est tellement divulguée partout que ça va être compliqué.
02:35Dans les inventaires, les pierres sont détaillées elles-mêmes ou c'est l'objet dans sa totalité ?
02:43C'est l'objet dans sa totalité, à ma connaissance en tout cas.
02:47Je ne crois pas que chaque diamant soit répertorié.
02:49D'ailleurs il dit à l'Institut de Gémologie, si j'ai bien compris,
02:52qu'il se propose de le faire maintenant pour les musées français.
02:55Parce qu'il peut y avoir une carte d'identité de chaque bijou.
02:57Mais là c'est un gros travail.
02:59Mais en revanche on voit que ce sont des tailles anciennes.
03:01Et comme on sait qu'il y a eu ce vol,
03:02si tout d'un coup quelqu'un arrive avec des centaines,
03:04voire des milliers de petits diamants de tailles anciennes,
03:07il y aura un doute quand même sur la provenance.
03:09Vous évoquiez la tabatière qui avait été volée au musée Cognac-Gest.
03:12Est-ce qu'il y a des dispositifs aujourd'hui pour repérer la mise sur le marché
03:16de ce type d'objets, d'objets précieux, de tableaux, d'antiquités ?
03:20Est-ce qu'il y en a qui ont par le passé été retrouvés avec des dispositifs particuliers ?
03:25Alors je ne connais pas de dispositifs particuliers,
03:27mais il est sûr que quelqu'un, un antiquaire ou un marchand qui achète quelque chose,
03:32il doit prendre l'identité de la personne, il doit le noter dans son livre de police,
03:36il doit évidemment faire des recherches sur les bases de données.
03:39Et beaucoup d'œuvres qui sont volées, elles sont sur Internet.
03:42C'est pour ça qu'il y a de moins en moins, par exemple, de tableaux volés, de sculptures volées,
03:45parce que tout est répertorié.
03:47Alors ce qui est le plus inquiétant aujourd'hui, c'est la multiplication des vols, par exemple,
03:51d'objets en or.
03:52On en a vu beaucoup ces derniers temps.
03:54Alors là, l'or c'est sûr, l'or c'est très facile à fondre,
03:56beaucoup plus facile que de démanteler un collier comme celui-ci,
03:59ou faire des bijoux comme celui-ci.
04:01Et ça, une fois que l'or a été fondu, on ne le retrouvera jamais.
04:05Donc oui, il y a eu des vols de croix en or,
04:07rue du Nôte, par exemple, au musée du désert dans les Cévennes.
04:10Il y a eu le vol au muséum d'histoire naturelle de pépites natives,
04:13dont des choses très importantes m'ont été fondues, ça c'est sûr.
04:16On en a retrouvé une partie d'ailleurs, pour le muséum d'histoire naturelle.
04:19Il y a un lingot qui a été retrouvé.
04:21Alors, ce n'était pas des lingots, c'était des pépites.
04:24Alors si on a retrouvé un lingot, c'est qu'il a été fondu.
04:26D'après mes informations de ce qui a été dit,
04:27moi je ne connais pas plus que ce qui a été dit,
04:29on a retrouvé de l'or sur la personne.
04:31Mais je ne crois pas, je ne crois pas que les pépites ont été retrouvées.
04:35Elles ont dû être fondues. Alors j'espère que oui, mais je ne sais pas.
04:39Merci beaucoup Didier Richtner de vous avoir éclairé ce matin.
04:41Je rappelle que vous êtes directeur de la rédaction de la revue La Tribune de l'Art.
Be the first to comment