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00:00Bonjour Karim Yahyaoui, grand reporter ici à France 24.
00:04Cette prise d'El Facher, c'est un tournant ?
00:07C'est un tournant pour les forces de soutien rapide, en tout cas elles vont le présenter comme telle.
00:11Les forces de soutien rapide, cette milice paramilitaire emmenée par Emiti, Mohamed Daglo, un ancien chef de guerre,
00:20qui a d'ailleurs commis beaucoup d'exactions dans le Darfour.
00:24Et finalement c'est une revanche sur les forces de l'armée régulière
00:28qui avait repris il y a quelques mois la capitale Khartoum.
00:31Alors pour comprendre un peu tout ce qui se joue, il faut regarder un petit peu dans le rétroviseur,
00:36se rappeler que l'armée avait aidé la population à chasser du pouvoir Omar El-Bechir,
00:40qu'ensuite on avait réfléchi à la mise en place d'un conseil de souveraineté où il y avait des militaires et des civils.
00:46Les militaires c'était l'armée régulière et les paramilitaires, avec pour objectif de passer à un régime civil.
00:53Mais les militaires ne l'entendaient pas de cette oreille.
00:55Ils ont chassé les civils de cet embryon de pouvoir.
01:00Et ensuite c'était paramilitaires et militaires qui se partageaient le pouvoir,
01:04jusqu'au moment où les tensions attisées par des luttes de pouvoir,
01:09la prédation des richesses du pays,
01:11mais aussi la volonté de l'armée d'intégrer les paramilitaires en son sein,
01:14eh bien tout ça a fait voler en éclats un équilibre extrêmement précaire.
01:18Et les deux groupes ont commencé à s'affronter, comme ici, à El-Fachère,
01:22du côté de cette partie du pays qui a déjà connu beaucoup de souffrance, le Darfour.
01:30Eh bien aujourd'hui, les forces de soutien rapide contrôlent l'essentiel de ce Darfour.
01:35Et les combats continuent de faire rage dans un pays qui est fracturé, quasiment coupé en deux aujourd'hui.
01:42Et dans lequel on assiste à la pire crise humanitaire au monde et de déplacement au monde, selon l'ONU.
01:47Est-ce que c'est toujours le cas ? Est-ce qu'on a une idée de la situation humanitaire ?
01:50C'est toujours le cas.
01:51A El-Fachère, par exemple, 260 000 civils, dont la moitié sont des enfants,
01:56qui sont prisonniers d'une situation catastrophique.
01:59La ville d'El-Fachère est encerclée par des remblais.
02:03Il y a un couloir de 3 ou 4 kilomètres seulement pour pouvoir sortir de la ville.
02:07Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, l'ONU appelle à mettre en place une zone sécurisée
02:11pour que la population puisse sortir, notamment les enfants, les personnes âgées et les femmes.
02:19Aujourd'hui, la situation est catastrophique du côté d'El-Fachère,
02:21mais elle l'est aussi sur l'ensemble du pays.
02:24Plus de 30 millions de personnes ont besoin d'une aide cruciale, urgente,
02:28pour boire, pour se nourrir, pour se soigner.
02:309,5 millions de déplacés, 15 millions d'enfants qui tentent de survivre chaque jour.
02:37Et une situation catastrophique à cause d'un conflit sans foi ni loi,
02:43où il n'y a aucune limite, aucun respect de quelconque règle que ce soit.
02:47Des témoignages qui se multiplient sur l'usage du viol comme arme de guerre des deux côtés,
02:53aussi bien du côté de l'armée régulière que des paramilitaires.
02:56Les enfants et les jeunes filles sont régulièrement pris pour cibles.
03:00La multiplication des disparitions forcées, l'usage systématique de la torture
03:05dans des centres de détention informelle, les bombardements aveugles ou encore,
03:10et ça, ça a été prouvé, l'usage d'armes chimiques, notamment par l'armée régulière soudanaise.
03:15Et comme souvent dans les conflits, l'implication d'acteurs étrangers
03:19vient encore compliquer une sortie de crise possible.
03:21Au moment où le Soudan a besoin du soutien international pour tenter de marcher sur le chemin de la paix,
03:26il y a un certain nombre d'acteurs qui ne font qu'envenimer les choses.
03:30On a deux camps qui s'affrontent, chacun avec ses soutiens.
03:34Les forces de soutien rapide, par exemple, sont notamment soutenues par les Émirats arabes unis
03:38parce qu'ils sont intéressés par l'or.
03:40Mais la vraie raison, c'est que ces forces de soutien rapide avaient envoyé des hommes
03:44du côté du Yémen, où l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis
03:49menaient la guerre contre les Houthistes.
03:52Du côté de l'armée régulière, on a le soutien notamment de la Turquie ou encore de l'Iran.
03:58Et ces pays envoient des armes malgré l'existence d'un embargo,
04:02notamment sur le Darfour depuis 2004.
04:05Et donc tout ça contribue à rendre la situation encore plus inextricable,
04:08d'autant plus que c'est une situation dont se désintéresse la communauté internationale
04:15ou en tout cas ne s'y intéresse pas suffisamment.
04:16Il n'y a pas de mission, par exemple, internationale de protection des civils.
04:21Les responsables des deux camps ne craignent quasiment rien.
04:24Ils n'ont pas le sentiment d'avoir une menace qui plane sur eux.
04:28Pas de sanctions contre les États qui soutiennent les deux belligérants.
04:32Le conflit, je vous le disais, est largement ignoré par les médias
04:34qui se concentrent notamment sur la situation au Proche-Orient et en Ukraine.
04:39Et puis pas de réponse internationale.
04:41La communauté internationale tente de pallier à l'urgence de la situation humanitaire,
04:46mais il n'y a aucune réflexion sur une sortie de crise.
04:48Alors peut-être que Donald Trump, le grand faiseur de paix,
04:52s'intéressera un jour au Soudan.
04:53Karim Yahyaoui, merci pour votre décryptage.
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