00:00Alors qu'il effectue sa visite au Japon, Donald Trump voit les tensions s'accentuer avec le Venezuela.
00:06Hier, un lance-missile américain a accosté à Trinité et Tobago, à une dizaine de kilomètres seulement du Venezuela.
00:12Caracas dénonce une provocation. On en parle avec notre chroniqueur international, Antoine Mariotti.
00:18Bonjour Antoine.
00:19Bonjour Sérine.
00:20Maduro dénonce une volonté de changement de régime.
00:23Oui, une volonté de changement de régime.
00:25Donald Trump, il faut bien comprendre, il accuse son homologue vénézuélien d'être impliqué directement, personnellement, dans le trafic de drogue.
00:33Et Maduro, évidemment, idément formellement, parce que vous imaginez bien que ce soit vrai ou pas, il ne va pas venir vous dire « Coucou, je suis un trafiquant de drogue ».
00:40Maduro, il estime, lui, qu'au contraire, Washington se sert d'une excuse du trafic de drogue, qui lui est certes bien réel, même s'il affirme ne pas en faire partie,
00:49et bien qu'il se sert de ça comme un prétexte, tout simplement, pour pouvoir faire un changement de régime au Venezuela.
00:54Donc, chasser Maduro du pouvoir par la force, mettre quelqu'un au pouvoir à Caracas, qui serait concrètement à la botte du président Trump,
01:01pour pouvoir ensuite s'emparer, toujours selon Nicolas Maduro, du pétrole vénézuélien, parce qu'il y a des mannes, évidemment, excessivement,
01:09qui sont gigantesques au Venezuela, qui d'ailleurs font l'immense majorité du PIB et des ressources financières du pays.
01:17Donc, qui sont très importantes et qui pourraient servir, évidemment, aux Américains.
01:21C'est leur principale source de revenus. Et il faut bien dire que le déploiement militaire américain, qui est de plus en plus important dans la région,
01:29il donne des arguments à Nicolas Maduro. Je ne suis pas en train de vous dire qu'il a raison, mais très clairement, Donald Trump donne des arguments à Maduro,
01:34notamment quand il dit aussi, eh bien, désormais, nous n'allons pas nous contenter d'opérations navales, mais aussi d'opérations terrestres.
01:41Alors, on sait bien qu'il n'a pas très envie de lancer une grande invasion quand on a pu le voir en Irak en 2003.
01:47Mais pour autant, c'est quand même un pas important. Alors, il faut être prudent avec les déclarations de Donald Trump.
01:53On en a l'habitude. Mais bon, Nicolas Maduro, rappelons-le, inculpé aux Etats-Unis pour corruption, pour trafic de drogue.
02:00Et il y a une récompense de 50 millions de dollars pour pouvoir récupérer Nicolas Maduro, de quoi devenir, vous me le direz, un peu paranoïaque.
02:0850 millions, effectivement, ce n'est pas rien.
02:10Deux fois plus que pour Ben Laden à l'époque.
02:12Deux fois plus, d'accord, très bien. Dites-nous, concrètement, est-ce qu'un porte-avions, ça sert à quelque chose contre le trafic de drogue ?
02:18Alors, pour frapper des objectifs militaires précis, évidemment, c'est très efficace.
02:23Mais faut-il encore définir ces objectifs militaires, que ce soit des laboratoires, que ce soit des bateaux qui transportent la drogue.
02:29Et puis s'assurer aussi qu'ils sont légitimes.
02:32Est-ce que vous frappez aussi, d'ailleurs, les champs qui produisent les matières premières, qui permettent ensuite de réaliser ces drogues ?
02:38Et puis, par définition, surtout, c'est une activité clandestine, le trafic de drogue.
02:42Donc, on ne se bat pas contre une armée régulière avec des casernes à frapper de manière très claire et, j'ai envie de dire, presque simple.
02:49Tout ça n'existe pas. Il y aura toujours du trafic de drogue.
02:53Est-ce qu'il y en aura beaucoup moins après une opération militaire importante ? C'est possible.
02:57Mais il y a aussi la question, au-delà de l'utilité, de la légalité de la chose et donc de la moralité.
03:03Et là, il y a de nombreux experts qui mettent en doute, quand même, la légalité de ces frappes,
03:07qu'elles soient dans des eaux vénézuéliennes ou dans les eaux internationales.
03:10Parce que Donald Trump dit qu'on a frappé dans les eaux internationales.
03:12Ce n'est pas pour autant qu'on peut frapper tout ce qu'on veut.
03:14Il dit que nos renseignements nous disaient qu'ils étaient impliqués dans le trafic de drogue.
03:18Mets ça devant un tribunal, ça ne suffit pas d'avoir simplement une estimation des services de renseignement
03:23qui sont toujours en probabilité et rarement sur des faits établis.
03:27Et on voit bien qu'au sein même du Congrès, y compris côté républicain,
03:30il y en a qui commencent à remettre en doute un petit peu cette légalité.
03:33Et au sein même, d'ailleurs, de l'armée, ça commence à grincer des dents.
03:37Le commandant des forces américaines pour la région sud aurait eu un échange extrêmement tendu
03:42avec Pete Exet, le secrétaire à la guerre.
03:44D'ailleurs, vous avez remarqué qu'on dit plus secrétaire à la défense depuis quelques mois.
03:46Ça vous donne le ton. Et d'ailleurs, la conséquence directe probable,
03:50c'est qu'il va devoir quitter son poste, cet amiral,
03:53se commandant quelques mois avant la fin de son mandat.
03:57Et puis un mot quand même de Pete Exet qui justifie un petit peu tout ça en disant
03:59ces cartels de drogue concrètement, c'est l'Al-Qaïda de l'hémisphère occidental
04:04et on va les traquer et les éliminer, tout comme on l'a fait pour Al-Qaïda.
04:08C'est un peu la justification légale, mais on voit bien qu'il y a quand même une zone grise.
04:12Merci beaucoup Antoine Mariotti pour cet éclairage.
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