00:00Justement, vous nous présentez correctement le sondage tel qu'il nous est présenté en ce moment dans le récit médiatique.
00:06Donc, le premier élément, celui qui force tout le monde à commenter, c'est cette idée qu'il y aurait une poussée quasi inarrêtable du RN,
00:15quel que soit son candidat, que ce soit Marine Le Pen ou que ce soit Jordan Bardella.
00:19Donc, il y a effectivement une vraie poussée du RN.
00:23Et avec toutefois cette nuance qu'il faut tout de suite ajouter, c'est une poussée, on pourrait dire, il agrège des votes individuellement.
00:30De plus en plus de Français vont voter pour le RN.
00:34Mais quand vient le temps de poser la question de, est-ce que le RN serait capable de coaliser une coalition au deuxième tour
00:41pour rassembler autour de lui 50 % plus un des voteurs, ce n'est pas évident.
00:46Exactement.
00:48Ce n'est pas évident du tout.
00:50Mais j'allais dire, vous le dites très bien.
00:53Je commence à deviner mes réflexions les plus profondes.
00:58Alors, pourquoi je dis cela ?
01:02Parce que dans la même séquence où on voit effectivement le RN au premier rang, je vais relancer quelques déclarations récentes.
01:09François-Xavier Benhamy se fait poser la question, un homme de qualité sans le moindre doute,
01:12se fait poser la question tout récemment s'il devait trancher au moment d'un vote entre Manuel Bompard et Marion Maréchal.
01:18Pour qui voterait-il ?
01:19Il refuse à ce moment de répondre.
01:22Il refuse de trancher pour l'un pour l'autre.
01:24On dirait que pour certains, c'est plutôt évident quand on est à droite entre Bompard et Maréchal.
01:27Il refuse de trancher.
01:29De la même manière, Marine Le Pen, on lui demande de choisir entre Retailleau et Olivier Faure.
01:35Est-ce qu'elle se sent plus proche de Retailleau que d'Olivier Faure ?
01:38Elle dit « Ça dépend, c'est compliqué, je ne tranche pas pour l'un pour l'autre ».
01:43Alors c'est particulier.
01:44Troisième élément qu'on peut ajouter.
01:45Il y a eu une élection partielle tout récemment et pour les Français de l'étranger, la cinquième circonscription des Français de l'étranger.
01:52Et qu'est-ce qu'on voit ? On voit le candidat de reconquête qui fait un score plus qu'honorable et qui empêche, en le sens, au RN de participer au deuxième tour de l'élection.
02:00Le RN se vexe, il y a un tweet qui vient du compte officiel du Rassemblement national, qui dit « À cause d'un candidat reconquête dans la cinquième circonscription des Français de l'étranger,
02:10la véritable candidate patriote n'accède pas au second tour au profit de l'extrême-gauche. Les faux soyeurs des patriotes, c'est eux. »
02:16Alors il y a quand même quelque chose de particulier à cette idée qu'on fait tout pour que quelqu'un n'existe pas, et s'il existe néanmoins, on lui en veut d'exister.
02:22C'est une espèce d'étrange composition politique.
02:24Donc on le voit, RN premier tour, mais capacité à fédérer, ça c'est beaucoup moins évident dans les circonstances.
02:31Deuxième élément qu'on nous raconte effectivement, c'est qu'Édouard Philippe ne parviendrait pas à percer.
02:35Donc il a un score qui n'est pas déshonorant, mais il ne parvient pas à percer, et à cela on dit équivalent, bloc central quasiment en faillite, bloc central qui se décompose.
02:45Et là le troisième élément, qui est le véritable élément de ce sondage, la véritable info qu'il y a dans ce sondage, c'est une stratégie,
02:51non pas de stratégie, c'est pas le bon terme, mais il a pour fonction de mettre en orbite, de placer au premier rang, de mettre en marché,
02:58Raphaël Glucksmann, de créer un moment Glucksmann qui dépasse Mélenchon, et qui dès lors permettrait de trouver un nouveau canal à gauche
03:07pour être capable de rassembler une nouvelle coalition qui permettrait de battre l'ERN dans le cadre d'un deuxième tour,
03:13Le Pen, Bardella ou Glucksmann.
03:15Et à ce moment, évidemment il faut que Mélenchon soit vaincu là-dedans, il faut expliquer que Mélenchon n'a pas de chance.
03:20Et qu'est-ce qu'on voit ? Mélenchon a critiqué la méthodologie du sondage, au dit en passant, j'y reviendrai dans un instant.
03:25Le vieux chef révolutionnaire a évidemment des forces pour lui, il peut mobiliser les quartiers, il peut mobiliser les abords-lieux,
03:30il est capable de mobiliser des troupes nouvelles, mais Mélenchon, s'il est exclu du jeu,
03:34et si on a Glucksmann finalement comme figure nouvelle, effectivement ça change complètement la donne,
03:40et on nous dit dans ce contexte-là, effondrement du bloc central, percée de Glucksmann, mais est-ce que c'est aussi clair que ça ?
03:44Alors vous l'avez dit Mathieu, on répète que le bloc central s'effondre, mais c'est vraiment le cas.
03:49Alors ma question que je me poserais, c'est est-ce que Glucksmann ne représente pas en fait le flanc gauche du bloc central ?
03:54Quand on regarde ce qu'est Raphaël Glucksmann, fondamentalement il est un peu, on pourrait dire, à Emmanuel Macron,
04:00ce qu'Emmanuel Macron a été à François Hollande.
04:02C'est-à-dire le nouveau visage d'un système qui se maintient à travers un personnage nouveau,
04:08qui donne l'apparence de la rupture tout en incarnant la continuité des mêmes élites.
04:13D'ailleurs quand on regarde le sondage, vous noterez que le vote que va chercher Glucksmann est un vote davantage du bloc central qu'un vote de gauche.
04:23Donc quelle est la réserve de voix de Raphaël Glucksmann ? C'est le bloc central.
04:27Et par ailleurs, il partage globalement les convictions de ce qu'on pourrait appeler le bloc central,
04:31l'européisme ardent, le républicanisme diversitaire, le fait d'être favorable à l'immigration massive,
04:39le nationalisme ukrainien, parce que le nationalisme c'est bien si c'est en Ukraine, pas en France,
04:43mais en Ukraine c'est bien.
04:44Les frontières qu'on doit défendre, ce sont celles-là, mais pas les frontières françaises.
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