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  • il y a 7 semaines
Dans son édito du 02/09/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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Transcription
00:00Alors, on vient de le dire, Henri Guénaud en est conscient parmi d'autres,
00:03le mouvement du 10 septembre, à l'origine, c'est une révolte presque libérale.
00:08On en a parlé ici, d'ailleurs, c'est une forme de colère contre le braquage fiscal,
00:12contre une société suradministrée. On en a parlé.
00:15Ce qu'on a constaté assez rapidement, c'est que le mouvement Bloquons-Tout s'est emparé de ça,
00:1969% de ceux qui s'en réclament ont voté Mélenchon en 2022.
00:22Qu'est-ce qu'on voit? Encore une fois, la gauche radicale a été capable de détourner un mouvement à son avantage.
00:28Ça, on a fait le constat. Ce qu'on ne s'est pas demandé, c'est pourquoi.
00:31Alors, c'est la question qu'on va se poser dans les prochaines minutes.
00:34Parce que la gauche a une capacité exceptionnelle à détourner toutes les colères populaires à son avantage.
00:39Qu'est-ce qu'il y a derrière ça? Une forme de sociologie rapide.
00:42Premier élément, la gauche, quoi qu'on en dise, croit beaucoup moins au spontanisme révolutionnaire,
00:47c'est-à-dire le peuple en colère en a assez, éballe les dirigeants incapables et restaure la démocratie dans sa grandeur.
00:53Pas du tout. La gauche ne croit pas du tout au spontanisme,
00:56elle croit à l'organisation des masses par des mouvements militants.
01:00Donc, qu'est-ce qu'elle fait la gauche? Elle guette les mouvements sociaux.
01:03Elle guette les colères. Elle guette les insatisfactions.
01:06Et chaque fois, elle parvient à s'en emparer pour recycler cette énergie,
01:10pour détourner cette énergie à son avantage.
01:13Donc, on l'a vu au moment des Gilets jaunes. On le verra à ce moment.
01:16On le voit aussi avec le mouvement environnemental.
01:18Soit dit en passant, souvent, il y a des inquiétudes légitimes autour de l'environnement.
01:22La gauche s'en empare et les détourne toujours dans une logique révolutionnaire qui est la sienne.
01:27Donc, elle a une forme de détecteur très efficace pour comprendre les colères
01:30et les traduire à son avantage.
01:32Mais comment y parvient-elle?
01:33Parce que la gauche a des militants formés.
01:36Elle croit à la formation de ces militants.
01:38Elle les structure de telle manière qu'ils soient capables de s'emparer de ces crises,
01:42d'arriver toujours à la manière d'une élite qui dit, parfait, il y a une colère, il y a un mouvement social.
01:46Eh bien, nous sommes quelques-uns, nous serons capables de nous emparer, de détourner ce mouvement
01:50avec des mouvements qui sont toujours capables, en quelque sorte, de se présenter comme la société civile
01:55pour détourner la colère populaire.
01:57Ajoutons, elle forme ces militants.
01:59Pensez à LFI, l'Institut de la Boétie.
02:02C'est-à-dire, si le jour où on trouvera à droite un think tank aussi structuré, développé
02:06que l'Institut de la Boétie pour former les cadres et les militants à droite,
02:10franchement, on n'y est pas arrivé.
02:11Il y a l'IFP qui fait un travail tout à fait remarquable,
02:13mais qui n'est pas soutenu tout autant que l'Institut de la Boétie.
02:15Et le profil type du militant, à gauche, ne l'oublions pas, son rêve.
02:20Ce n'est pas exactement d'être un entrepreneur, d'être un individu libre sur le marché libre.
02:25C'est davantage d'être un militant subventionné pour mener son travail.
02:29J'ajoute une dernière chose, la gauche assume toujours ses radicaux.
02:32Elle ne les renie jamais, elle ne les conspue jamais.
02:35Alors, retournons à la question, pourquoi la droite se plante toujours ?
02:38Mais oui, et pourquoi la droite ne fait pas la même chose ?
02:40Ah ben, elle ne fait pas, c'est le contraire.
02:41Après, j'ai une petite info à partager avec vous qui va peut-être vous surprendre.
02:45On y arrivera.
02:46Alors, premièrement, la droite croit à la colère des gens ordinaires.
02:49Elle se dit, mais ça ne se peut plus, les gens en ont assez,
02:51on va bien finir par se libérasser de cette folie.
02:53Mais pas du tout, la colère des gens ordinaires,
02:55elle est stérile si elle n'est pas traduite politiquement.
02:58La droite croit aussi au grand chef, on le disait tantôt,
03:00le grand chef qui va nous délivrer de tout.
03:01Donc, de nouveau, De Gaulle arrive,
03:03et là, on en finit avec les incapables, les mauvais, les traîtres, et ainsi de suite.
03:07Le grand chef arrive, mais le grand chef n'arrive pas toujours.
03:09Donc, on guette toujours son arrivée, il ne vient pas.
03:11Donc, une forme d'attente du Messie.
03:14La droite n'organise pas ses militants,
03:16ne croit pas à l'organisation de ses militants,
03:18et les mouvements militants qui émergent à droite,
03:20on les traite comme des mouvements adolescents,
03:21de gens qui n'ont pas réussi dans l'entreprise privée.
03:23La droite croit modérément au travail intellectuel et au travail des idées.
03:26Elle finit toujours par adopter les idées du camp d'en face.
03:30Ça, ce n'est pas un détail.
03:30Et par ailleurs, quand elle a ses propres idées,
03:32elle croit que la vie intellectuelle, c'est un débat,
03:34des arguments, contre-arguments, contre-arguments.
03:36Elle oublie que la gauche, lorsqu'elle a le pouvoir,
03:39même quand elle est minoritaire,
03:40elle contrôle les institutions culturelles
03:42et elle permet ensuite,
03:43elle peut liquider ses adversaires socialement, bien évidemment.
03:46La droite, par ailleurs, a toujours peur et honte
03:48de ses éléments plus radicaux.
03:50Elle les conspue, elle les diabolise.
03:52Dès que Libération dit « diabolisez-les »,
03:53c'est le sort trop souvent réservé à Némésis.
03:56Donc, à travers tout cela, qu'est-ce qu'on voit ?
03:57La gauche gagne, la droite perd.
03:59Rendez-vous le 10 septembre, rendez-vous la prochaine fois.
04:01La défaite est au rendez-vous, très souvent,
04:03pour ne pas dire trop souvent.
04:06Sous-titrage Société Radio-Canada
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