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  • il y a 2 semaines
Dans son édito du 16/09/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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Transcription
00:00Retour sur le plateau de Face à l'Info.
00:02L'AFD vient de faire une percée en Allemagne de l'Ouest alors qu'elle était jusqu'à présent associée à l'ex-Allemagne de l'Est.
00:10Question Mathieu Bocoté.
00:12Faut-il inscrire cette victoire dans le contexte de la grande manifestation contre l'immigration de Londres ?
00:18Il y a assurément un contexte européen aujourd'hui qui fait en sorte qu'en chaque pays,
00:22les peuples cherchent à protester comme ils le peuvent contre l'immigration massive.
00:26Dans la rue, lorsqu'il n'y a pas de parti qui exprime cette protestation, on l'a vu à Londres,
00:30par référendum, quand on a l'impression qu'aucun parti ne veut relayer véritablement cette opposition.
00:36Et aujourd'hui, avec l'AFD, finalement, c'est un parti, dans un pays qui pendant longtemps interdisait le débat sur l'immigration,
00:42un parti réussit aujourd'hui à incarner cette opposition.
00:47Alors, il faut le noter, c'est en l'espace d'un an, parce que les législatives l'an passé,
00:51il y a eu le score à tripler. On est passé de 5% à 16,4% dans le land, le lander, que dis-je, le plus peuplé d'Allemagne.
01:00Donc là, on n'est pas, normalement, ce qu'on dit de l'AFD, c'est que c'est un parti qui fonctionne bien
01:03dans la lointaine Allemagne de l'Est, chez des peuples, chez finalement des Allemands bizarres
01:08qui ont porté 40-50 ans de communisme sur eux, qui n'ont jamais été véritablement démocratisés,
01:12qui se tourneraient vers l'AFD pour reprendre leurs vieux réflexes autoritaires.
01:16Là, manifestement, ce récit ne tient plus.
01:18Et qu'est-ce qu'on voit? Ça perce à l'Ouest aujourd'hui.
01:21Je note, soit dit, en passant, qu'il y a Alice Weidel, qui est la chef aujourd'hui,
01:25la porte-parole, qui est tout le contraire de la figure du peckno.
01:28C'est une économiste talentueuse, parce qu'on présente toujours ces gens-là
01:32comme des espèces de peckno, il leur manquerait trois ou quatre dents devant du visage.
01:35Donc là, on est devant un phénomène qui commence à gagner toutes les parties de l'Allemagne.
01:38La patronne de l'AFD.
01:39Voilà, exactement.
01:40Alors, petit rappel sur le parti, il faut toujours le rappeler.
01:43Fondé en 2013 sur le mode eurosceptique, critique notamment au moment de la crise grecque,
01:48qui se constitue sur la critique de l'Europe, mais qui décolle vraiment de 2015-2016
01:53autour de l'immigration massive, au moment de la crise des migrants, des réfugiés,
01:58au moment où Mme Merkel impose l'immigration massive sur le mode de l'accueil des migrants syriens
02:04à toute une population qui n'est pas d'accord, qui n'est pas d'accord,
02:08qui se dit, mais comment peut-on exprimer notre colère?
02:10Il y a d'abord eu des manifestations à la londonienne, Péjida, il ne faut pas l'oublier,
02:14et aujourd'hui, ça s'exprime avec l'AFD.
02:16Alors, longtemps, et encore aujourd'hui, doit-on dire, l'AFD dans la presse occidentale est nazifiée.
02:22C'est assez simple, c'est-à-dire, on nous dit que c'est un parti d'extrême droite, on est habitué,
02:26mais on ajoute aussi néo-nazi.
02:28Et quelquefois, les idiots disent néo-nazi assumé.
02:32Alors là, cherchez chez les leaders de l'AFD quelqu'un qui dirait,
02:35oui, on est néo-nazi assumé, vous n'en trouverez pas un.
02:37Mais on utilise quand même, donc c'est de la fabrication de fake news.
02:40On est devant un parti qu'on nazifie en permanence,
02:43et puisque, je ne parle pas allemand, je ne sais pas si vous parlez allemand,
02:45la plupart d'entre nous, sauf Gabrielle,
02:47et deux ou trois autres mots comme ça,
02:49mais globalement, donc pour s'informer sur l'AFD,
02:52on doit passer globalement par la traduction, soit française, soit anglaise,
02:55globalement, les agences de presse internationales
02:58nazifient systématiquement ce parti.
03:00Donc si vous voulez en savoir un peu plus,
03:01vous devez faire quelques efforts,
03:03et vous découvrez qu'il y a un tel écart entre la réalité du parti et sa représentation,
03:08on a presque l'impression que c'est un tic, en fait,
03:10des grands médias que le nazifiait tout ce qu'il n'aime pas.
03:13Je note qu'aujourd'hui, c'est un parti qui est aussi soutenu par Elon Musk,
03:16mais aussi par Genevieve, on l'a vu, dans son discours de février.
03:20Bon, il perçait en Allemagne de l'Est.
03:23Ça, c'est important de le dire, il y avait une vraie percée,
03:25et c'était, on disait, pourquoi percer dans l'Allemagne de l'Est?
03:27Donc il y avait l'hypothèse 1, collection de péquenots bizarres.
03:31L'hypothèse 2, l'Allemagne de l'Est a fait l'expérience,
03:33effectivement, pendant 40 ou 50 ans, 40 ans, disons,
03:36du totalitarisme au temps de la RDA,
03:38et de ce point de vue, les Allemands de l'Est savent repérer le totalitarisme lorsqu'il vient,
03:42et lorsqu'on leur dit à tout prix que quelqu'un est absolument infréquentable,
03:45ils se posent une question avant de participer à la lapidation symbolique du méchant.
03:49Autrement dit, l'Allemagne de l'Est, peut-être, peut-être,
03:51une partie d'entre elles dit,
03:52hier, on a vu la domination qui venait de Moscou,
03:55ensuite, on a vu la domination qui venait de la RDA,
03:57et bien aujourd'hui, on voit celle qui pourrait venir de Bruxelles.
03:59On voit l'idéologie obligatoire quand on cherche à nous l'imposer.
04:02Mais là, il y avait un blocage à l'Ouest.
04:04Jusqu'à tout récemment, l'Allemagne de l'Ouest considérait que c'était un phénomène qui ne la concernait pas.
04:09Ce n'est plus le cas.
04:10En Allemagne de l'Ouest, c'est particulier parce qu'après la Deuxième Guerre mondiale,
04:13et on le comprend, la dénazification a été engagée avec force et ardeur,
04:18ce qui était la moindre des choses, vu les horreurs de la Deuxième Guerre mondiale.
04:21Mais ce qui est particulier, c'est qu'on a poussé la dénazification
04:23jusqu'à faire passer toute forme de sentiment national enraciné,
04:27toute forme d'identité qui n'est pas strictement civique pour du nazisme
04:30ou un spasme de retour au nazisme ou du crypto-nazisme.
04:34En Allemagne de l'Ouest, manifestement, on n'adhère plus à cette idée
04:37qu'une identité culturelle forte et un refus de l'immigration massive,
04:41c'est nécessairement du nazisme.
04:43Donc là, il y a une forme de révolte,
04:44et on notait, c'était dans un papier de JDD qui était très intéressant aujourd'hui,
04:48dans la presse française, un papier qui se distinguait,
04:50et qui disait que chez les électeurs de l'AFD en général,
04:53le taux de désespoir relatif est très élevé.
04:55C'est-à-dire, globalement, le sentiment que leur pays leur échappe,
04:58ils rêveraient d'en sortir quelquefois,
05:00ils rêveraient de le quitter, de s'en exiler,
05:03et pourtant, ils iraient, c'est aux protestes comme ils peuvent,
05:05comment, mais en votant pour ce parti qui est frappé d'anathème,
05:08mais qui devient le symbole d'une révolte.
05:10L'AFD, pourtant, aujourd'hui surveillé,
05:14on en avait parlé, ici, par l'Office de protection de la Constitution,
05:18qui l'assimile à un parti extrémiste de droite,
05:22ce qui donne le droit de le combattre juridiquement, administrativement,
05:27et pourtant, l'AFD progrès.
05:28Est-ce que ça, c'est pas surprenant?
05:30C'est à la fois surprenant et révélateur.
05:32C'est-à-dire, il y a tout un appareil d'État
05:33qui, aujourd'hui, cherche à neutraliser l'opposition.
05:37Donc, qu'on se comprenne bien.
05:38Dans le monde occidental, aujourd'hui,
05:40on ne lutte plus contre l'opposition nationale ou populiste,
05:43ou identitaire, en disant, mes idées, vos idées,
05:46on verra qui gagne les élections.
05:48De plus en plus, on utilise les services de renseignement.
05:51De plus en plus, on demande à l'appareil de protection intérieure de l'État
05:54de persécuter les infréquentables.
05:56Alors, en Allemagne, c'est l'Office de protection de la Constitution
05:58qui est vu par ses critiques, et pas qu'à droite.
06:01Les Verts ont déjà dit ça aussi, comme une police politique.
06:03C'est la police politique au service du régime
06:05pour dire qui est fréquentable et qui ne l'est pas,
06:07qui permet d'étiqueter les infréquentables
06:09de telle manière qu'ils n'aient plus accès à l'espace public
06:11ou alors qu'ils en paient le prix.
06:13Et le fait-être que l'étiquetage qui a eu lieu il y a quelques mois,
06:15ça entraîne...
06:16Il y a des propositions nombreuses de presque déchéance
06:18des droits civiques et politiques des Allemands,
06:21des membres de l'AFD ou de ses sympathisants.
06:23Donc, vous êtes membre de l'AFD ou député,
06:26vous ne pouvez plus être...
06:27Certains proposent qu'on ne puisse plus être policier,
06:29qu'on ne puisse plus être professeur,
06:30qu'on ne puisse plus avoir à telle ou telle subvention.
06:33Donc, faites la liste de ces choses-là.
06:34Donc, il y a cette idée qu'il y a des citoyens de deuxième zone en Allemagne,
06:37ceux qui votent pour ce parti.
06:39Mais je dis les services de renseignement,
06:40mais c'est pas qu'en Allemagne.
06:41En Roumanie, en Roumanie, n'oublions pas le rôle joué par les services de renseignement
06:46dans l'annulation de l'élection l'an passé, en décembre.
06:49D'ailleurs, j'ai appris qu'aujourd'hui...
06:50Président, oui.
06:51Oui, exactement.
06:51J'ai appris aujourd'hui que Kalin Giorgescu,
06:53qui était le candidat qui a annulé l'élection pour lui, finalement,
06:57et qui a été empêché de se présenter la deuxième fois,
06:59et je crois qu'il est poursuivi aujourd'hui,
07:01avec menace à la clé de plusieurs dizaines d'années de prison.
07:05Pourquoi?
07:05Pour, globalement, offense à la Constitution et désinformation.
07:09Donc, vous voyez jusqu'où l'arsenal répressif
07:12contre ceux qui pensent mal s'est développé aujourd'hui.
07:14Aux États-Unis, en 2020, en 2020,
07:17rappelez-vous le FBI qui a travaillé main dans la main
07:19avec le Parti démocrate pour Joe Biden, pour sa candidature,
07:23et pour empêcher ce qui était mauvais pour la candidature de Joe Biden
07:26de percer dans l'espace public.
07:27On présentait ça comme un complot russe.
07:29On disait que c'était une fake news russe
07:31quand on parlait de l'ordinateur du fils de Joe Biden.
07:33Comme hier, le type de LCI expliquait que la manifestation de Londres
07:36était probablement financée par les Russes.
07:38Les Russes, c'est le...
07:38M. Sergueï.
07:39Non, mais c'était un autre.
07:41Je crois que c'était Gallagher-Penwick.
07:42Gallagher-Penwick expliquait que c'était la théorie conspirationniste du complot russe.
07:48Et pourtant, l'AFD progresse, en effet.
07:51Partout où on voulait l'interdire de passage,
07:53qu'est-ce qu'on doit y voir?
07:54D'abord, et avant tout, une dislocation profonde, en fait,
07:57de l'Allemagne et de toutes les sociétés occidentales
07:59qui ne sont plus...
07:59Il n'y a plus de consensus de base.
08:01Il n'y a plus de consensus sur ce qu'est la démocratie.
08:03Il n'y a plus de consensus sur ce qu'est la liberté d'opinion.
08:06Et j'y reviens.
08:06Les peuples protestent autant qu'ils peuvent,
08:08et même au-delà de ce qui leur est permis moralement,
08:10mais on cherche à les sanctionner juridiquement,
08:13administrativement, financièrement,
08:15à la manière...
08:16C'est finalement l'histoire qui nous resserre la même carte qu'à l'habitude.
08:19Les autorités décident de mater les rebelles
08:22avec tous les moyens nécessaires
08:23pour en finir avec la rébellion.
08:24Et c'est intéressant parce que pendant ce temps,
08:26les Européens se demandent comment réagir
08:28à cette montée des droites nationales.
08:31Et Valérie Ayet, pour certains qui ne l'ont pas oubliée,
08:33de Renew Europe,
08:35a multiplié les déclarations étonnantes ces derniers jours.
08:37Vous avez raison de dire qu'ils ne l'ont pas oubliée
08:39parce que c'était une figure...
08:39Elle portait la liste macroniste aux dernières européennes.
08:42Donc, c'était une figure centrale du camp macroniste.
08:44Alors, il y a une semaine environ,
08:46après le discours de Mme von der Leyen sur l'État de l'Union,
08:48elle a dit, voilà ce que je propose.
08:50Je ne vais pas...
08:50Parce que c'est une figure un peu mineure en soi,
08:51mais qui est symbolique du Parti européiste.
08:54Elle dit, aujourd'hui,
08:57voilà ce qui est nécessaire, selon elle, pour l'Europe.
08:59Fin de l'unanimité au Conseil sur les sanctions
09:01et les questions fiscales.
09:03Des listes transnationales aux élections européennes.
09:05C'est quand même particulier.
09:07Plus de pouvoir pour le Parlement européen.
09:09Plus de pouvoir pour l'eau,
09:10le président de la Commission élu au suffrage universel.
09:13Donc, dans le fait, elle veut fédéraliser,
09:15constituer un État souverain européen
09:16où les nations ne seraient plus que des landers,
09:19pourrait-on dire.
09:20Elle en rajoute, après ce qui s'est passé à Londres,
09:24je cite, c'est exceptionnel,
09:26« La montée de l'extrême droite partout en Europe
09:28est notamment le fruit d'un sentiment
09:30de dépossession des citoyens.
09:32Et c'est notre responsabilité de montrer
09:34à nos concitoyens que nous avons encore
09:35une capacité d'action pour changer leur vie,
09:38pour créer des emplois sur le climat,
09:39sur les grandes questions internationales,
09:41sur la sécurité. »
09:42Alléluia, ça, c'est moi qui l'ajoute.
09:43Et il se trouve que sur ces sujets-là,
09:45je crois fondamentalement que le bon levier,
09:46le bon niveau d'action, c'est le niveau européen.
09:49Mais c'est du génie.
09:50Ça consiste à dire que les citoyens disent,
09:51nous sommes dépossédés de notre souveraineté,
09:53de notre identité,
09:54il faut aller plus loin dans ce qui les dépossède.
09:57Donc, nous sommes dépossédés par l'Europe,
09:58plus d'Europe, telle est la réponse
10:00que nous devons faire aux citoyens.
10:01Alors là, vous me direz,
10:02« Oui, mais ce n'est que Valérie Ayé. »
10:04Allons à l'autre bout de la chaîne alimentaire.
10:08Ursula von der Leyen,
10:09la Kaiser de l'Europe aujourd'hui,
10:11en quelque sorte.
10:12Oui, la caissurette, peut-être.
10:13Et qui s'est interrogée dans son discours sur l'état de l'Union,
10:18il y a donc une semaine à peu près.
10:20Elle dit premièrement qu'il faut, globalement,
10:22il faut utiliser la crise ukrainienne pour fédéraliser l'Europe.
10:25Mais plus encore, elle propose de développer,
10:27de développer le soutien des médias,
10:30l'organisation politique des médias en Europe.
10:31Et je vais vous résumer juste très rapidement ce qu'elle nous dit,
10:34parce qu'à quel point c'est une reprise en main des médias
10:35pour lutter contre les méchants.
10:37Elle nous dit,
10:39« Pour que des citoyens bien informés... »
10:40Elle nous dit, « Bon, les médias traditionnels
10:42sont mis à mal aujourd'hui.
10:43Cette situation engendrerait de nombreux déserts d'information
10:46ou la désinformation prolifère,
10:48parce que les citoyens bien informés
10:49qui peuvent se fier à ce qu'ils lisent et entendent
10:51sont essentiels pour veiller à ce que les détenteurs du pouvoir
10:53soient tenus responsables de leurs actes.
10:55Dois-je comprendre que je dois me fier aux services publics
10:57et aux autres chaînes d'info qui expliquent justement
10:59que l'AFD a quelque chose avec le nazisme,
11:01que l'immigration massive est une théorie conspirationniste?
11:04Dois-je me fier à tous les commentateurs
11:06qui ont le syndrome de la tourette
11:07en disant le mot extrême-droite en toutes circonstances
11:09pour être capables de nommer leurs adversaires?
11:10Je dois vraiment me fier à ces gens-là.
11:12Je dois me fier à ces gens-là
11:13qui présentent Mme von der Leyen comme un symbole démocratique.
11:16Et elle va plus loin.
11:17Elle nous dit,
11:18« Il nous faut redoubler d'efforts
11:19pour protéger nos médias et notre presse indépendante. »
11:21Ça, ça veut dire qu'elle veut le financer.
11:22« C'est la raison pour laquelle nous avons décidé
11:24de lancer un nouveau programme
11:26consacré à la résilience médiatique
11:28qui soutiendra le journalisme indépendant
11:30et l'éducation aux médias. »
11:32Je traduis,
11:33vous lisez mal lorsque vous vous informez,
11:36vous comprenez mal l'information.
11:37Nous devons, nous, politiques,
11:39reprendre en main l'information en Europe
11:40sur le mode d'une pravda généralisée
11:42pour faire en sorte que vous ne compreniez plus mal
11:44et que vous nous applaudissiez.
11:45Sous-titrage Société Radio-Canada
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