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  • il y a 7 semaines

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00:007h09, Europe 1 matin. 7h11 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin l'avocat au conseil d'état à la cour de cassation, Maître François-Henri Briard.
00:10Bonjour François-Henri Briard. Oui, bonjour Dimitri. Bienvenue sur Europe 1. Question avec vous ce matin sur cette infraction d'association de malfaiteurs
00:18qui vaut à Nicolas Sarkozy une peine de 5 ans de prison avec exécution provisoire. Association de malfaiteurs.
00:25Dans une tribune pari hier dans le JDD, vous vous interrogez, Maître, sur la solidité de ce jugement.
00:31Qu'est-ce qui se cache derrière infraction d'association de malfaiteurs ?
00:35François-Henri Briard, dont la presse depuis jeudi dernier, dit que les contours sont plutôt flous.
00:41Alors oui, d'abord on peut dire que c'est une infraction très ancienne qui a été introduite dans le code pénal français en 1810.
00:48et elle est demeurée à peu près dans le même état jusqu'à nos jours.
00:53En 1810, on voulait réprimer les bandes organisées qui dévastaient la France après la révolution.
01:01Il se peut même d'ailleurs que ce texte prenne ses racines dans la loi du 17 septembre 1793
01:08pendant la terreur de la révolution française où, vous savez, on avait la hantise d'une espèce de paranoïa,
01:16la hantise des conspirations et des complots.
01:18Donc c'est une infraction très ancienne.
01:21Ah oui, et c'est un outil de répression, Maître François-Henri Briard, très clairement.
01:26Alors c'est un outil de répression qui est très particulier.
01:29C'est une infraction que l'on dit atypique parce qu'elle exige trois éléments.
01:34Elle exige un groupe, elle exige des préparatifs et elle exige un objectif criminel.
01:40Mais l'infraction est réalisée même si l'objectif n'est pas commis.
01:45Et le particularisme de ce jugement correctionnel qui a condamné le président Sarkozy,
01:51c'est qu'en effet, il constate que la corruption n'est pas possible, il n'est pas possible de la constater,
01:58même que le recèle et qu'il n'y a pas eu d'enrichissement du président Sarkozy.
02:02Et malgré tout, il y a une condamnation sur la base d'un faisceau d'indices
02:08qui semble au tribunal correctionnel caractériser la préparation d'un délit.
02:14Elle l'avait dit d'ailleurs, la présidente du tribunal au cours de l'audience,
02:17elle avait dit faisceau d'indices, ça vaut preuve.
02:19C'est quand même étonnant.
02:21Et vous dites alors vous, François-Henri Briard, dans cette tribune du JDD,
02:23vous allez loin, vous dites que c'est une erreur de droit ?
02:25Alors, je pense, si vous voulez, qu'il y a une contradiction dans ce jugement
02:31qui, en effet, relaxe le président des infractions principales
02:37et le condamne sur une infraction, je dirais, secondaire
02:42qui, vous le savez, a été introduite par un réquisitoire supplétif assez tardif
02:48qui est apparu en janvier 2020.
02:51Je vous rappelle quand même que l'information judiciaire a été ouverte en 2013.
02:54Et donc, c'est sur cette infraction accessoire que la condamnation intervient.
02:59Et il y a évidemment une contradiction à dire.
03:02Vous êtes relaxé, vous n'avez commis aucune infraction de financement illégal
03:08de la campagne, de corruption, mais malgré tout, on estime que vous aviez cet objectif.
03:13Et cet objectif, il est caractérisé par le tribunal, par des indices
03:18qui, à mon sens, sont en contradiction avec les constatations qui suivent.
03:24Le fait que le président se soit déplacé en Libye, qu'il ait rencontré des collaborateurs
03:29de Calafi, qu'il ait envisagé des contreparties diplomatiques,
03:35ce que dit le jugement, à mon avis, ne caractérise pas la préparation
03:39des actes délictueux dont il est dit plus loin qu'ils ne sont pas constitués.
03:43Oui, alors ça va lui donner matière, ça, pour un éventuel procès en appel.
03:48En attendant, cette exécution provisoire de sa peine fait que Nicolas Sarkozy ait convoqué
03:53le 13 octobre pour qu'on lui fixe la date de son incarcération.
03:57Qui va lui fixer, justement, cette date d'incarcération ?
04:01Est-ce que les jeux sont faits ? Le président de la République, l'ancien président de la
04:04République, ira-t-il en cellule pour au moins une courte période, Maître Briard ?
04:09Alors, vraisemblablement, d'ailleurs, il l'a dit lui-même, il l'a dit avec beaucoup
04:14de courage et de dignité, bon, il y a un mandat de dépôt, c'est une mesure d'une
04:19gravité tout à fait exceptionnelle.
04:22Bon, le jugement nous dit, cette exécution provisoire est indispensable pour garantir
04:28l'effectivité de la peine au regard de l'importance du trouble à l'ordre public
04:33causé par l'infraction.
04:34Bon, déjà, je vous l'ai dit, cette infraction est extrêmement discutable.
04:38Ensuite, le président a fait appel, bien sûr, il est devant la cour d'appel, donc le
04:43double degré de juridiction, et vous savez qu'en principe, l'appel est suspensif.
04:49Et il y a, je crois, quand même, dans cette mesure tout à fait exceptionnelle, la volonté
04:57de punir, la volonté de punir, la volonté d'infliger un châtiment, de priver de liberté
05:03une personne injusticiable, d'infliger un isolement social, incertainement.
05:09Alors, est-ce qu'il y a volonté du président de la République en exercice, Emmanuel Macron,
05:13de gracier ? Ça, c'est une autre question qui va se poser. Emmanuel Macron peut-il
05:18gracier Nicolas Sarkozy et ainsi lui éviter la prison ? C'est une question compliquée,
05:23c'est pas si évident que ça. Alors, il se trouve que Nicolas Sarkozy, lui, a d'ores et
05:26déjà réagi en disant qu'il refuserait une éventuelle grâce. Comment vous comprenez
05:31cette situation, Maître Briard ?
05:34Alors, en effet, il y a un débat entre les juristes sur la grâce possible. Je pense
05:39qu'elle n'est pas possible, alors qu'il y a un appel et qu'il y a une incarcération.
05:44Que la condamnation n'est pas définitive.
05:46Voilà, absolument. Mais le président a dit lui-même qu'il ne sollicitera pas la grâce
05:51et il fait face à cette situation tout à fait inédite, je l'ai dit, avec beaucoup
05:56de courage et de dignité.
05:58Oui, parce qu'il estime, Nicolas Sarkozy, que ça reviendrait, cette grâce-là, s'il
06:04l'acceptait, à accepter sa peine et donc reconnaître sa culpabilité. Voilà, il y a
06:07une question de dignité, vous avez raison, dans la réaction de Nicolas Sarkozy.
06:11Merci, Maître François-Henri Briard. On pourra lire votre tribune parue dans le JDD.
06:17Paru, donc, bonne journée à vous.
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