00:04En revanche, et ça, ça m'intéresse fortement, la prise de parole ce matin du parquet national financier après la condamnation de Nicolas Sarkozy à 5 ans de prison.
00:12Le procureur financier a déclaré avoir poursuivi sans haine, on l'espère, l'ancien président, nous n'avons pas de haine à exprimer, notre boussole c'est le droit, c'est la règle de droit.
00:23Je vous rappelle ce qu'a dit Nicolas Sarkozy dans une interview hier, ce n'est pas moi qui suis humilié, c'est la France, il n'y a jamais eu un centime d'argent libyen dans ma campagne,
00:31toutes les limites de l'état de droit ont été violées, si certains juges me traitent ainsi, qu'est-ce qu'ils se permettront avec tout simple citoyen, etc.
00:40Alors, je voudrais qu'on écoute d'abord Jean-François Bonner, qui est le chef du parquet national financier, puisque ce qui m'a étonné, c'est pas tant la position du parquet national financier,
00:51il considère qu'il y a des infractions, parce que ces infractions n'ont pas été validées par le tribunal, mais c'est là que la conversation commence.
00:58Il interprète le jugement du tribunal en disant que le tribunal a reconnu qu'il y avait financement libyen.
01:07Oui, c'est le contraire.
01:08Et moi j'ai le sentiment que c'est le contraire.
01:10C'est pas un sentiment, il a été relaxé sur ce volet-là.
01:14Alors écoutez Jean-François Bonner.
01:15Est-ce que vous maintenez tout de A à Z ? Nous le maintenons, pourquoi ?
01:20Tout, y compris le pacte de corruption ?
01:22Mais parce que le tribunal, dans son jugement, valide ce pacte de corruption.
01:27Il dit, sous la qualification d'association de malfaiteurs, Nicolas Sarkozy a cherché à obtenir, et il l'a obtenu, un financement libyen,
01:36en contrepartie d'une reprise des relations diplomatiques avec la Libye,
01:41et de l'examen, ne l'oublions pas, de la situation d'un criminel qui a été condamné par la France, Abdallah Sénoussi, pour condamnation.
01:50Donc vous n'enlevez rien ? Pardon ?
01:51Vous n'enlevez rien ?
01:52Ah non, non, non.
01:53Ah non, non.
01:54Donc vous allez faire appel, puisque 3 des 4 délits n'ont pas été retenus ?
01:57Ça, on y réfléchit, on est en train de regarder ça, parce qu'il faut ciseler les conditions dans lesquelles on exprime l'appel.
02:04Ça, ça nécessite un petit peu, sur ce dossier, un petit peu de réflexion.
02:09Il faut se poser, il faut prendre le temps du recul.
02:12Mais encore une fois, moi, ce que je retiens, c'est l'indépendance d'analyse du tribunal.
02:16Jean-François Bonner, chef du parquet national financier, il était l'invité ce matin de nos amis d'RTL.
02:24Je répète cette phrase, Nicolas Sarkozy a obtenu un financement libyen.
02:30Le tribunal dit non.
02:31Non, mais c'est pire.
02:31Il dit aussi que le tribunal reconnaît le pacte de corruption, alors que Nicolas Sarkozy a été relaxé pour le pacte de corruption.
02:38Alors qu'il le reconnaît via association de malfaiteurs.
02:41Voilà, mais non, le tribunal a dit qu'il n'y a pas eu de pacte de corruption, il n'y a pas eu d'argent libyen dans la campagne de 2007,
02:47ce qui était quand même le cœur du sujet.
02:49Et pourquoi il y a cette contre-attaque du PNF ?
02:52Mais parce que c'était un désaveu total.
02:54La semaine dernière, à midi, le PNF avait perdu.
02:58Et à 13h, Nicolas Sarkozy était condamné à 5 ans de prison.
03:01D'où la surprise, puisque pas de pacte de corruption, puisque pas d'argent libyen.
03:07Il a été blanchi sur 3 chefs d'accusation, sur 4.
03:12Et c'est le quatrième qui lui vaut les 5 ans de prison.
03:15Donc c'est incroyable ce qu'il dit.
03:17C'est bien le problème, d'ailleurs, pardon, mais c'est bien le problème de toute l'affaire.
03:20C'est que tout ça n'est qu'une histoire d'intention.
03:23C'est-à-dire que la justice l'a condamné sur une intention.
03:26C'est-à-dire que vous imaginez, nous tous ici autour de la table, mais même tous les gens qui nous écoutent,
03:30on a des intentions peu catholiques parfois, peu avoibles, que ce soit dans le domaine politique pour ces gens-là.
03:37Mais même dans sa vie privée.
03:38Il y a des choses auxquelles on pense, qu'on ne peut pas avouer, qui ne sont pas saines.
03:41Si on se faisait tous condamnés pour ça, c'est ça en fait le drame de cette histoire.
03:47C'est que ça a été fondé sur une intention et on nous fait croire que c'est un fait.
03:50Oui, mais là, c'est encore autre chose.
03:52Ce que vous dites est juste, mais là, ce qui m'intéresse, Gérard Carreroux,
03:56c'est qu'il interprète le jugement du tribunal comme le tribunal ne l'écrit pas.
04:02C'est ça qui m'interpelle, puisqu'il dit, je répète cette phrase,
04:07Nicolas Sarkozy a obtenu un financement libyen.
04:10La réponse est non.
04:10C'est parfaitement contradictoire avec le rejet par le tribunal du chef d'accusation,
04:18effectivement, numéro 1, je crois, je ne sais pas si c'était le numéro 1,
04:21ou le numéro 2, en tout cas, les 3 qui ont été rejetés logiquement.
04:25S'il y avait une logique, malheureusement, là, il n'y a pas de logique.
04:28S'il y avait une logique, on vous dit, tout a été fondé,
04:31la construction a été fondée sur un document qui a été produit,
04:35un document libyen signé, etc., daté, tout à fait.
04:40Après 12 ans d'enquête et des millions dépensés,
04:44le tribunal a conclu que ce document était, je cite entre guillemets,
04:49probablement un faux.
04:51À partir de là, comment voulez-vous baser une construction juridique quelconque
04:57sur un document dont vous dites vous-même qu'il était faux ?
05:00C'est donc, je trouve, que c'est une piteuse tentative du tribunal financier,
05:06du parquet financier, pour essayer de faire passer ce qu'avait, en fait, décidé le tribunal.
05:12Il est 16h26, nous marquons une pause, Émilie Dès, dans une seconde.
05:18Europe 1
05:18Et nous sommes avec Caroline Iturbide, Gérard Carreroux, Gauthier Lebrette,
05:25Christophe Bordet, Olivier Guenet,
05:27et nous évoquons la prise de parole ce matin du parquet national financier.
05:31On a écouté une première fois Jean-François Bonner,
05:33qui est donc le chef, en fait, c'est le chef du parquet,
05:35c'est le procureur du parquet national financier.
05:38Je vous propose de l'écouter une deuxième fois,
05:40lorsqu'il évoque Montesquieu.
05:41Ce qui s'est passé ces dernières heures, ces derniers jours,
05:45après le rendu du délibéré,
05:47est proprement insupportable et inadmissible.
05:50À qui la faute ?
05:50Ça a été rappelé, permettez-moi quand même de le souligner,
05:53ça a été rappelé par le président de la République,
05:55ça a été rappelé par le garde des Sceaux,
05:58ça a été rappelé par le Conseil supérieur de la magistrature.
06:01On est en train de marcher sur la tête.
06:04Quand on vient critiquer avec violence et menace de mort un tribunal,
06:09c'est l'état de droit qui est menacé,
06:11et souvenons-nous, l'état de droit, c'est le socle de la démocratie.
06:15Je peux vous le dire, à cette heure, je suis sûr
06:17que Montesquieu est en train de se retourner dans sa tombe.
06:20La démocratie est en danger aujourd'hui ?
06:22Oui.
06:23Oui, dès lors que l'on s'en prend de façon aussi véhémente,
06:27aussi violente à la justice.
06:29Bon, moi je ne partage pas l'avis de M. Bonert,
06:31parce que qu'il y ait sur les réseaux sociaux
06:34des gens qui est appelé à la mort de certains jugés de ça,
06:39c'est parfaitement inadmissible,
06:40inadmissible, mais ce n'est pas ça que je retiens.
06:42Je trouve que dans l'espace public,
06:44que ce soit les politiques,
06:46que ce soit Nicolas Sarkozy,
06:48ou que ce soit les commentateurs que nous sommes,
06:51je trouve que nous avons le droit
06:53de discuter, voire contester,
06:55de nous défendre,
06:57une décision de justice.
06:58Donc, je vois dans ce que dit M. Bonert,
07:01comme une façon de faire taire tout le monde
07:04au nom de dérives qui a dû exister sur les réseaux sociaux,
07:08de personnes évidemment,
07:10qui doivent être poursuivies.
07:12Mais est-ce que Nicolas Sarkozy a réagi comme il fallait ?
07:14On dirait qu'on va tous se retrouver,
07:16quand on l'écoute,
07:17qu'on va tous se retrouver, nous les commentateurs,
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