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  • il y a 2 mois

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00:00Bonjour avec Antonin André, Catherine Ney et Georges Fenech.
00:03Écoutez la réaction d'Alain Jakubowicz qui estime que cette affaire nourrit la défiance des Français envers les institutions.
00:11Les Français sont défiants à l'égard de tout maintenant, de toutes les institutions.
00:14Et on les comprend, j'en suis, défiants à l'égard de la justice bien sûr, mais défiants également à l'égard du personnel politique.
00:22Donc il y a une défiance qui est une défiance généralisée.
00:25Voilà, et c'est bien tout le problème de notre système aujourd'hui, de notre état de droit.
00:32Il faut sauver l'état de droit. Il faut commencer par sauver l'état de droit.
00:36Et je ne suis pas convaincu que la décision qui est rendue aujourd'hui, il contribue beaucoup.
00:41Oui, quand on écoute Maître Jakubowicz, Georges Fenech, cette décision, elle aura des conséquences sur les Français.
00:47Oui, mais moi, je vais peut-être vous surprendre, mais je crois que l'affaire,
00:54c'est déjà très sensiblement dégonflé.
00:58C'est quand même un sacré désaveu pour le PNF, qui pendant 13 ans a essayé de trouver où il était passé...
01:04Pour le parquet national financier.
01:05Voilà, 13 ans d'enquête pour arriver à conclure que la preuve est un faux.
01:10Vous voyez que ça c'est... D'ailleurs, ils ont tout de suite interjeté appel.
01:13Vous avez vu, le PNF a interjeté appel aujourd'hui.
01:16Et donc, c'est une affaire qui s'est déjà très largement dégonflée.
01:19Eh bien, je pense que devant la cour d'appel, elle finira par complètement se dégonfler, voyez-vous.
01:25Moi, je peux vous citer de mémoire des affaires comme ça, qui ont mis en cause des personnalités politiques,
01:30condamnées en première instance.
01:32Je pense à Roland Dumas.
01:33Et relaxer en appel, la fameuse affaire...
01:36Et il n'y avait pas d'exécution provisoire.
01:37Il n'y avait pas d'exécution provisoire.
01:38Donc, encore un petit effort, encore un petit effort pour que la justice ait le courage de reconnaître
01:45qu'elle s'est égarée depuis le début dans cette affaire.
01:47Mais ce qui est terrifiant...
01:48Voyez-vous, c'est mon sentiment, je l'espère.
01:50Ce qui est terrifiant, c'est que ceux qui ont rendu cette décision
01:56et dont on peut penser qu'ils ont une forme d'acharnement, en tout cas de refus d'admettre qu'ils avaient tort,
02:03auront cette image d'avoir envoyé un président de la République derrière les barreaux.
02:07Ils n'ont pas de responsabilité.
02:08Certes, mais le mal est fait.
02:10Et le mal est fait.
02:12Enfin, je veux dire, pour un homme politique, on peut penser ce qu'on veut de Nicolas Sarkozy.
02:15On peut être favorable, on peut être contre, on peut avoir voté pour lui ou non.
02:18Il a été président de la République.
02:20On peut quand même lui porter crédit d'un engagement pour son pays que personne ne peut démentir.
02:26C'est un homme qui a quand même consacré sa vie à la carrière publique
02:30et à la défense de l'intérêt général avec ses convictions.
02:34Et lui infliger une telle opprobre.
02:38Le mal sera fait, même s'il appelle l'innocente.
02:41C'est ça qui est tragique dans cette histoire.
02:42Et c'est là où je trouve que cette décision et la responsabilité que portent ces magistrats est immense devant les yeux de l'opinion publique.
02:51C'est ce que disait Jean-Michel Darrois.
02:52Il disait qu'il y a une justice spéciale pour Nicolas Sarkozy.
02:55C'est-à-dire en dépit de ce que vous avez rappelé, Antonin André,
02:58en dépit du fait qu'en 2008, la France, grâce effectivement au fait que Nicolas Sarkozy et ses équipes,
03:07et à l'époque je crois que c'était François Baroin qui était à l'économie,
03:10on a pu soutenir une économie forte et pas sombrer comme l'ont fait la Grèce, le Portugal ou l'Espagne.
03:19C'est un des éléments de ce qu'a fait Nicolas Sarkozy.
03:23Oui, et puis il a sauvé quand même.
03:25Il y avait la crise bancaire et toutes les banques menacées de s'effondrer.
03:30Il n'y a pas eu de Lehman Brothers français, vous voyez.
03:34On a maintenu la Société Générale, la BNP, et puis les Français ne l'ont pas senti dans leur portefeuille.
03:41Non, mais l'ensemble des banques européennes, grâce au plan qu'il a mis,
03:44et que tous ont respecté et organisé de la même manière,
03:47tous les Européens...
03:48Mais il y a quelque chose avec Sarkozy qui fait que,
03:52pardonnez-moi l'expression, mais il y a des gens qui ont envie de se le faire.
03:55Il y a peut-être aussi un questionnement à avoir,
03:58Georges Fenech, vous qui êtes un professionnel, si j'ose dire,
04:01à adresser aux politiques, c'est-à-dire qu'il y a eu aussi une espèce de mouvement de balancier
04:07dans la rédaction de la loi, dans la façon dont la loi a évolué,
04:10avec cette exécution provisoire, avec la réforme de la loi Sapin,
04:13avec cette espèce de volonté après l'affaire Cahuzac,
04:16qui, c'est vrai, était extrêmement choquante,
04:19de pousser les curseurs très loin de la répression judiciaire,
04:24à l'endroit des politiques, avec sans doute beaucoup d'excès.
04:28C'est le législateur qui donne des bâtons pour se faire battre.
04:31D'une certaine façon, les législateurs et les politiques ont peut-être un rôle à jouer
04:34pour essayer de corriger ce qui, sans doute, dans le mouvement de balancier,
04:38a été beaucoup trop loin, beaucoup trop excessif.
04:40Les politiques ont la trouille.
04:42Ils ont la trouille des juges.
04:45Il y a, maintenant, ça fait quatre décennies que les juges ont pris le pouvoir.
04:48Arrêtons de dire, ils sont en train de...
04:50Ils l'ont déjà pris il y a longtemps, ce pouvoir.
04:52Et c'est irrémédiable ?
04:54C'est irrémédiable.
04:55Moi, je voudrais vous rappeler simplement ce qu'avait dit François Mitterrand.
04:59Vous vous souvenez de la formule ?
05:01Méfiez-vous des juges, ils ont tué la monarchie, ils finiront par tuer la République.
05:05Ça remonte déjà à cette époque-là, voyez-vous, qu'il y ait eu de la transparence,
05:09qu'il y ait eu de la lutte contre la corruption, etc.
05:12Ça a été un appel d'air formidable pour la démocratie, etc.
05:15Mais ensuite, ça a été l'excès.
05:18Ça a été vraiment des juges justiciers en plein Paris, des perquisitions,
05:22l'arrêt de Roland-Dumain.
05:23Vous vous souvenez de toute cette période ?
05:25Et là encore, on voit bien ce qui est en train de se passer, voyez-vous.
05:29Donc, moi, ce que je crois, c'est que les politiques ont une lourde responsabilité.
05:33En voulant montrer à chaque fois patte blanche et plus blanc que son prédécesseur,
05:37on crée le PNF, on crée la haute autorité de la transparence,
05:41on fait ceci, on fait cela, et en réalité, on met la tête sur le bio,
05:45avec des dispositifs qui ne respectent plus aucun principe généraux du droit.
05:49C'est pas une barre.
05:50Catherine Ney.
05:51Oui, et puis, il faut dire aujourd'hui que dans la justice,
05:55le ministre n'est pas, comme les autres ministres,
05:57le supérieur hiérarchique de ses services.
06:00C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il ne peut pas donner d'ordre aux magistrats
06:03et aux juges, et encore, quelques instructions aux procureurs,
06:07même plus, des circulaires, de loin.
06:10Ça peut se retourner contre lui-même.
06:12Ah, ça serait une infraction.
06:13Ça serait une infraction de donner une instruction.
06:15Donc, qui peut maintenant avoir de l'influence ?
06:22Même le général de Gaulle, vous souvenez, quand il fait la constitution de 58,
06:28il y a du pouvoir exécutif, du pouvoir exécutif, et de l'autorité judiciaire,
06:33c'est-à-dire que c'était pas un pouvoir.
06:36Alors, vient dans les débats l'idée de la grâce présidentielle,
06:38mais la grâce présidentielle, ça n'est pas possible techniquement, je crois.
06:41La grâce présidentielle ne pourrait intervenir qu'à la fin,
06:43qu'au moment où la condamnation est définitive,
06:45c'est-à-dire après la cassation.
06:47Vous voyez, il y aura du temps qui passera.
06:49Et puis, il faut aussi la justifier, la grâce.
06:51Mais, c'est généralement des grâces de type médical, voyez-vous.
06:55Mais c'est vrai que c'est sorti quand même des us et coutumes.
06:59Autrefois, on graciait plus facilement qu'aujourd'hui.
07:01Oui, puis ce qu'il y a dans l'ambiance générale,
07:04c'est vrai, maintenant, avec toutes les lois qui ont été votées,
07:08les juges ont pris le pouvoir, les politiques ont peur des juges,
07:12mais aujourd'hui, les avocats ont peur des juges.
07:15Tout le monde a peur des juges.
07:16Parce qu'on peut être écouté, les histoires des fadettes,
07:19voilà, ils peuvent absolument faire ce qu'ils veulent.
07:21Et autrefois, lorsque le palais de justice était derrière le châtelet,
07:30tout le monde pouvait se rencontrer.
07:33Les magistrats, les avocats, il y avait des rencontres,
07:36on pouvait sortir, aller dans les mêmes bistrots, c'était à côté.
07:40Il y avait tout comme ça, une planète, un écosystème,
07:45un écosystème où tout le monde se parlait.
07:47Là, maintenant, je ne sais pas qui a choisi de faire cette architecture
07:50dans ce nouveau tribunal qui ressemble à une grande clinique.
07:53Non, en tous les cas, aujourd'hui, il y a un étage et des ascenseurs
08:00pour les magistrats qui ont leur cantine et tout ça.
08:02Rien n'est prévu.
08:04Rien n'est prévu pour les avocats
08:06qui sont considérés par les juges comme des gens
08:09qui fréquentent des voyous.
08:13C'est pas le même monde.
08:15C'est pas le même monde et qui vivent avec l'argent du crime.
08:18Alors, donc, ils les regardent comme eux-mêmes des délinquants.
08:22Donc, ce sont deux mondes qui...
08:25Il ne peut plus y avoir de...
08:28On voudrait un petit peu de bon sens, de bienveillance, de...
08:33Mais non, c'est deux mondes absolument qui...
08:35C'est vrai qu'il y a une tendance comme ça
08:38des magistrats d'isolement et d'une forme de casse.
08:42Ça renvoie un peu à cette image-là.
08:43Une profession, vous le disiez, Georges, de justicier...
08:47Intouchable.
08:47Intouchable.
08:48Qui vivent entre eux, depuis l'école,
08:50qui se marient entre eux.
08:51Vous disiez, les politiques ont la trouille des juges.
08:53Et ces décisions-là qui jettent l'opprobre
08:56sur des responsables politiques de premier plan
08:57contribuent en plus, je trouve,
09:00à alimenter ce discours ambiant d'une partie des Français
09:04sur le tous pourris, sur le...
09:05Et donner raison à ce discours-là.
09:07C'est-à-dire, il y a une présomption de culpabilité
09:09quasiment de Nicolas Sarkozy,
09:10avant même que son procès de commande.
09:12Les conséquences sont aussi très politiques
09:14parce que les politiques ont peur
09:16de faire des réformes qui déplaisent aux juges.
09:18Quand Nicolas Sarkozy fait les peines planchées,
09:20oulala, qu'est-ce qu'on n'a pas entendu
09:22du côté de la justice ?
09:23Et d'ailleurs, ça a été supprimé.
09:25Mais je voudrais vous rappeler aussi que ceux,
09:27notamment Éric Dupond-Moretti,
09:28qui a osé traiter le PNF de barbouze,
09:31il s'est retrouvé dans la CGR,
09:32il s'est retrouvé devant la Cour de justice de la République
09:34pour un imaginaire prise illégale d'intérêt.
09:37Il a failli y passer.
09:38Il a été...
09:39Parce que c'était la Cour de justice,
09:40ça aurait été un tribunal de magistrats pour le PNF.
09:42Et quand il a été...
09:43Et quand il a été nommé ministre de la justice,
09:47on l'a appelé acquittateur.
09:48Ça fait peur.
09:49Ça fait peur.
09:50On disait qu'il était le ministre des délinquants.
09:52Il y a quand même perquisition dans son bureau
09:55toute la journée.
09:56Et on a fait ouvrir des coffres
09:58qui n'avaient pas été ouverts depuis 1830.
10:00Je ne sais pas.
10:00Après, il n'y avait rien dedans.
10:01Avec des personnes.
10:02Ils sont restés toute la journée
10:04avec la juge qui était assise par terre.
10:08Donc, il y a un acharnement qui est là,
10:09qui existe et qui est incompréhensible.
10:11Et peut-être qu'un jour,
10:12les Français se diront
10:13qu'est-ce que c'est que cette justice.
10:15Et je pense que si on fait un sondage récemment,
10:17effectivement...
10:18Il faut la dépolitiser.
10:19Il faut supprimer les syndicats politiques.
10:21D'ailleurs, je recite à nouveau
10:22avec Dupond-Moriti.
10:23Il a traité le syndicat d'administration
10:24qui n'est pas un syndicat de justice,
10:27a-t-il dit.
10:27Il faut dépolitiser et extirper ce poison de l'idéologie.
10:32Voyez-vous ?
10:33C'est un vaste programme, ça.
10:35C'est un vaste programme.
10:36On va y revenir, d'ailleurs.
10:37Une pause.
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