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  • il y a 2 mois

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00:00Retour de la table pour cette première heure, Catherine Ney, Antonin André et Georges Fenech pour évoquer cette condamnation de Nicolas Sarkozy.
00:06Bonsoir à vous trois.
00:07Bonsoir.
00:07Bonsoir Pierre.
00:08Pendant une heure, on va effectivement essayer de comprendre ce qui est difficilement compréhensible dans cet énoncé du parquet, non pas du parquet mais du tribunal de Paris.
00:19Je vous propose d'abord d'écouter Nicolas Sarkozy après le prononcé des peines.
00:23Ce qui s'est passé aujourd'hui est d'une gravité extrême pour l'état de droit, pour la confiance qu'on peut avoir pour la justice.
00:30La haine n'a donc décidément aucune limite.
00:34J'assumerai mes responsabilités, je déférerai aux convocations de la justice et s'ils veulent absolument que je dorme en prison, je dormirai en prison.
00:43Mais la tête haute, je suis innocent.
00:46Cette injustice est un scandale.
00:49Je ne m'écuserai pas de quelque chose que je n'ai pas fait.
00:52Naturellement, je ferai appel.
00:54Sans doute devrais-je comparaitre les monottes aux mains devant la cour d'appel.
00:58Ceux qui me haïssent à ce point pensent m'humilier.
01:01Ce qu'ils ont humilié aujourd'hui, c'est la France.
01:05C'est l'image de la France.
01:06Et si quelqu'un a trahi les Français, ce n'est pas moi.
01:09C'est cette injustice invraisemblable auquel vous venez d'assister.
01:13Écoutez maintenant maître Christophe Ingrain, l'un des avocats de Nicolas Sarkozy.
01:16On n'a pas réussi à convaincre le tribunal correctionnel.
01:20Pour être plus exact, le tribunal correctionnel n'a pas eu le courage de désavouer la construction
01:25qui avait été celle des juges d'instruction et qui était celle du PNF pendant l'audience.
01:30Il l'a désavouée en partie.
01:32Il n'est pas allé jusqu'au bout.
01:33Et de manière très étonnante, il a prononcé cette peine
01:39qui est totalement contradictoire avec la seule infraction retenue.
01:44Quelques heures plus tard, la réaction d'un autre des avocats de Nicolas Sarkozy, maître Jean-Michel Darrois.
01:49Il y a une justice spéciale pour Nicolas Sarkozy.
01:52Pas de financement, pas de corruption.
01:54Et néanmoins, le tribunal a cru bon de prononcer une peine ferme contre Nicolas Sarkozy, une peine lourde.
02:02Je pense, contrairement au tribunal, que ce n'est pas Nicolas Sarkozy qui met en danger la démocratie,
02:09mais plutôt de mauvaises décisions judiciaires.
02:12Il y a des erreurs toujours dans la justice.
02:14Là, c'est une erreur lourde et en plus contradictoire avec ses motifs.
02:19D'un côté, on reconnaît que Nicolas Sarkozy est innocent.
02:22D'un autre côté, on condamne très lourdement.
02:24C'est incompréhensible et je pense que tout le monde ne peut être que choqué par cette façon de faire.
02:30Je reprends les mots à Georges Fenech de Jean-Michel Darrois.
02:32Est-ce qu'il y a une justice spéciale pour Nicolas Sarkozy ?
02:35En tout cas, il y a eu un traitement de choix, on peut dire, de la part des juges depuis 13 ans.
02:40On a quand même vraiment innové.
02:43On s'est assis sur beaucoup, beaucoup de grands principes généraux du droit auxquels je croyais, je veux toujours croire.
02:51Par exemple, le fait que la charge de la preuve incombe à l'accusation.
02:58Là, il était dans une situation où il fallait qu'il démontre son innocence.
03:03Parce que comment voulez-vous démontrer par des preuves négatives ?
03:06C'est le système américain en fait.
03:07Oui, c'est compliqué.
03:09On s'est assis aussi, mais vraiment allègrement, sur la présomption d'innocence.
03:14Pourquoi ce mandat de dépôt immédiat ? Pourquoi ?
03:18La loi prévoit qu'il peut y avoir un mandat de dépôt immédiat à l'audience, différé même de quelques jours,
03:24que s'il y a un risque de fuite, que s'il y a un risque de récidive.
03:30Est-ce que vous croyez que ces conditions étaient existantes ?
03:33Pas du tout.
03:35Donc, moi, c'est ça qui me heurte profondément, si vous voulez.
03:38C'est qu'on a vraiment piétiné un grand nombre de principes.
03:44Et souvenez-vous, dans l'affaire dite Bismuth, on avait piétiné aussi le secret de la correspondance entre un avocat et son client.
03:54Oui, c'était toute une succession.
03:57Moi, j'y vois quand même une forme d'écharnement, une forme de règlement de compte.
04:01Pour avoir vécu au Parlement les attaques des juges contre Nicolas Sarkozy,
04:06des juges que je connaissais par ailleurs,
04:08je mesure à quel point ils sont satisfaits aujourd'hui d'avoir son scalp.
04:12Souvenez-vous, il était sur le mur des cons.
04:15Souvenez-vous, lorsque le syndicat de la magistrature,
04:19à laquelle n'appartient pas d'ailleurs la présidente,
04:21mais vous savez tout ça, diffuse, infuse.
04:24Souvenez-vous, lorsqu'ils avaient rendu un communiqué public
04:26pour appeler à sa défaite à l'élection présidentielle.
04:29Et le lendemain de sa défaite, ils avaient rendu à nouveau communiqué
04:32pour dire à quel point ils étaient joyeux et satisfaits de cette défaite.
04:36Et je pourrais en citer beaucoup.
04:37Alors, tout ça, on lui fait payer l'histoire du petit poids,
04:39on lui fait payer le fait qu'il voulait supprimer les jeux d'instructions,
04:42le fait qu'il voulait introduire la responsabilité des juges
04:45quand un juge libère et qu'il y a une récidive d'une femme violée.
04:49Je me souviens très bien de cette histoire.
04:50Il y avait donc un contexte où il fallait abattre Nicolas Sarkozy.
04:55Et d'ailleurs, ils l'ont abattu bien avant politiquement,
04:58puisque pendant la campagne présidentielle,
05:00moi je me rappelle très bien de David Pujanas,
05:03pendant le débat sur les primaires,
05:06demandé à M. Sarkozy ce qu'il avait à dire sur les déclarations
05:09de Zia Takedin.
05:12Vous croyez que ça ne lui a pas coûté ça,
05:13les politiquement, les primaires ?
05:14C'est le fameux « quelle indignité ».
05:15Quelle indignité.
05:16Donc, voilà, je pourrais continuer longtemps.
05:18Il y a vraiment eu un traitement de choix spécial,
05:22comme a dit Maître Darwa.
05:24Catherine Ney, vous avez longuement écrit là-dessus
05:27et commenté la vie judiciaire, j'allais dire, de Nicolas Sarkozy.
05:31Il vient de dire beaucoup de choses.
05:32Je ne dirais pas que c'est l'essentiel,
05:33mais c'est quand même toute la trame.
05:35En tous les cas, ce qui est certain,
05:36c'est que Nicolas Sarkozy a été pris dans les mâchoires
05:40entre Mediapart et la justice.
05:42Il y a eu une collusion entre les deux
05:44et la mâchoire s'est resserrée sur lui.
05:46Mais la justice qui balaye Mediapart,
05:49qui dit « c'est authentifié comme un faux ».
05:50Aujourd'hui, là, mais il n'empêche
05:52que tout est parti avec le document libyen
05:57qui est sorti entre quelques jours
06:06avant le deuxième tour de l'élection présidentielle.
06:08Et Mediapart avait promis,
06:09le Plenel avait promis à Hollande
06:12et il y a un enregistrement en télévision
06:14qui a été sorti, qui a été publié
06:16au moment des journées parlementaires.
06:20On s'en occupe.
06:21Oui, tu vas nous tuer.
06:22Ce compte, il faut le tuer.
06:23Bon, très bien.
06:24Donc, il y a eu ce faux
06:26et qui a quand même,
06:28d'où est parti, c'est la merde de toutes les batailles.
06:30Ce faux en écriture.
06:32Et à partir de là,
06:33le parquet a déployé,
06:35mais qui soit disant,
06:36on n'a pas d'argent,
06:37le parquet financier,
06:38mais ça a été open bar
06:39pour les juges, tournaires et autres,
06:42pour aller dans tous les pays,
06:43enquêter, chercher l'argent,
06:44mais ils n'en ont pas trouvé.
06:45Ils ont cherché, ils n'en ont pas trouvé.
06:47Alors, on a essayé
06:48de lancer les filets dérivants
06:49avec ces écoutes
06:51qui ont duré pendant des mois,
06:52pendant plus de dix mois,
06:53qui permettaient de dire
06:54à François Hollande,
06:56je sais tout ce qu'il fait,
06:57je le surveille.
06:58Il disait ça aux députés socialistes.
07:00Bon, et puis,
07:01on a trouvé des bricoles
07:02avec lesquelles on a monté
07:03une espèce de...
07:05Encore, déjà,
07:06sur l'affaire Bismuth,
07:07c'est une association
07:09de malfaiteurs imaginaire.
07:11Il n'y a pas eu de corruption,
07:13c'est imaginaire.
07:14Et là, il est condamné à nouveau
07:16sur quelque chose d'imaginaire.
07:18Mais je crois qu'avant même
07:20que le procès ait commencé,
07:21il y avait quelque chose
07:22qui m'avait frappé.
07:24Je ne sais pas si vous me direz
07:25si c'est normal
07:26que le procureur du parquet national financier,
07:29Jean-François Bonner,
07:30vienne avant l'ouverture du procès
07:32dire qu'elle commence à les terminer,
07:35puisqu'il avait dit
07:36notre thèse est celle
07:37d'un pacte de corruption,
07:38c'est-à-dire ce qui est dénoncé aujourd'hui,
07:41avec des intermédiaires,
07:43c'est la triangulation,
07:45c'était l'association des malfaiteurs.
07:47Le pacte de corruption faustien
07:50avec un des dictateurs
07:51les plus infréquentables
07:52de ces 30 dernières années.
07:53Voilà, mais ça,
07:54ce n'est pas ce qu'il avait dit.
07:55Il disait la même chose à BFM
07:57juste avant que commence...
07:59Bon, les avocats pensent
08:01que là, Maître Bonner
08:03venait soutenir ses équipes,
08:06parce qu'ils savaient
08:06qu'ils n'avaient pas grand-chose
08:08et en tous les cas,
08:08que leur quête de trouver de l'argent
08:10était vaine
08:10et qu'ils ne l'avaient pas trouvée.
08:12Voilà.
08:12Et donc, là, on arrive,
08:14là, maintenant,
08:15tout ça a sauté
08:16et tout ça pour finir
08:18par association de malfaiteurs.
08:21Et ça ne tient pas.
08:22Alors, c'est...
08:24Antoine et Andréa ?
08:24Il y a aussi un niveau de lecture.
08:27Effectivement,
08:28on peut penser
08:29qu'il y a une forme d'acharnement
08:30sur Nicolas Sarkozy,
08:31notamment de la part des juges,
08:32parce que c'est vrai
08:32que Nicolas Sarkozy
08:33avait mis en cause
08:35cette profession
08:36de façon extrêmement virulente aussi,
08:37en les caricaturant en petits poids,
08:40en voulant supprimer
08:40le juge d'instruction,
08:41ce qui, pour les magistrats,
08:43était une sorte...
08:44Ce n'était pas exactement supprimé,
08:45c'est changé.
08:46Oui, il a été maladroit
08:48dans sa présentation.
08:49J'allais dire,
08:49au-delà même
08:50des motivations de ce jugement,
08:53ce que je trouvais
08:53extrêmement choquant,
08:55c'est que la justice,
08:56c'est quand même
08:56censé être remis
08:58au nom du peuple,
09:00rendu au nom du peuple français,
09:01et donc d'être intelligible,
09:03cohérente, rationnelle.
09:05Or là, le mal est double,
09:06parce que non seulement
09:07on peut effectivement
09:09s'interroger sur
09:10la lourdeur de la peine,
09:12l'exécution immédiate,
09:13qui, en gros,
09:14est vraiment une marque d'infamie,
09:16pour un homme
09:16qui, effectivement,
09:17a droit à la présomption
09:18d'innocence,
09:19et il n'y a aucune raison,
09:20en fait,
09:20de lui infliger
09:21l'exécution provisoire,
09:22mais même sur l'incohérence
09:23de la décision.
09:24Comment voulez-vous comprendre
09:25une décision de justice
09:26dans laquelle
09:27la preuve principale
09:28ou la prétendue preuve
09:30est un faux,
09:31c'est acté par le tribunal,
09:32dans laquelle
09:33tous les chefs d'accusation
09:33tombent,
09:34et où, in filet,
09:35on dit
09:35il n'a rien fait,
09:37mais on va le condamner
09:39pour association
09:39de malfaiteurs.
09:40Association de malfaiteurs
09:41de quoi ?
09:42Et dans tout
09:44ce raisonnement judiciaire,
09:46il n'y a pas de cohérence,
09:48de notions intelligibles
09:49qui font qu'aujourd'hui
09:51on puisse avoir confiance
09:52en la justice.
09:53C'est ça le plus grave.
09:54C'est que ça jette aussi
09:55la défiance
09:56à l'endroit d'une institution
09:57qui est censée quand même
09:58nous garder ensemble
09:59et faire société.
10:00Voilà une première introduction
10:01à ce qu'on pouvait dire,
10:02on y revient longuement
10:03après une première pause
10:05dans cette Europe 1 Soir
10:05et le rappel des titres
10:06de l'actualité.
10:07A tout de suite sur Europe 1.
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