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  • il y a 2 mois
Mardi 9 septembre 2025, retrouvez Hervé Loevenbruck (Fondateur, Galerie Hervé Loevenbruck) dans ART & MARCHÉ, une émission présentée par Sibylle Aoudjhane.

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Transcription
00:00Générique
00:00Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous retrouver pour une nouvelle émission d'Art et Marché,
00:12l'émission qui vous ouvre les portes du marché de l'art.
00:15Plusieurs annonces de fermeture de galeries ont eu lieu cet été,
00:18souvent motivées par un changement d'air, de paradigme pour les galeries.
00:22Avant l'été, le comité professionnel des galeries d'art a publié son baromètre
00:26qualifiant la situation des galeries au premier semestre 2025 comme étant en rupture.
00:31Le modèle traditionnel des galeries est-il en crise ?
00:34Nous en parlons tout de suite avec nos deux invités, Magda Danis qui est galeriste,
00:38présidente déléguée au CPGA, le comité professionnel des galeries d'art
00:42et rédactrice du rapport et Hervé Lovenbruck qui est aussi galeriste et président délégué du CPGA.
00:48C'est parti, c'est Arrêt Marché !
00:50Le dernier rapport du CPGA, le comité professionnel des galeries d'art,
00:59représentant plus de 300 galeries françaises,
01:01fait état de difficultés économiques du secteur, mais pas que.
01:04Et je suis ravie d'accueillir Magda Danis, vous êtes galeriste,
01:07présidente déléguée du CPGA,
01:08et Hervé Lovenbruck, galeriste, président délégué du CPGA,
01:11pour parler de ce modèle de galerie qui semble souffrir
01:15et quelles sont les pistes d'amélioration que nous pourrions avoir.
01:18Merci beaucoup d'être avec nous.
01:21Magda Danis, je me tourne tout d'abord vers vous.
01:23Est-ce que vous pouvez nous dire quel est le constat du CPGA
01:27sur l'état de santé des galeries, donc du coup des chiffres 2024 ?
01:31Tout à fait, chiffre 2024, et puis on a étendu un peu un premier semestre 2025,
01:35parce qu'on est tous, je crois, dans tous les secteurs,
01:38on essaye d'être le plus possible dans le présent.
01:42Alors d'abord, il faut quand même se rendre compte que ce marché de l'art,
01:45il est important.
01:46Au niveau mondial, on est deux fois la musique enregistrée,
01:49deux fois la montre de luxe, donc ce n'est pas un petit truc anecdotique.
01:52Ce n'est pas un petit marché, on parle de 60 milliards de dollars.
01:54Voilà, 60 milliards de dollars mondialement.
01:57Et la France est plutôt bien positionnée,
01:59alors bien sûr les Etats-Unis en premier,
02:00mais en Europe, on est très bien positionnés puisqu'on est les premiers.
02:05Néanmoins, effectivement, le secteur souffre,
02:07et on commence à le sentir,
02:08et ça s'est un peu accentué début 2025.
02:11secteur qui souffre malgré des emplois qui représentent à peu près 10 000 personnes,
02:17puisqu'on fait travailler aussi des artistes, des enquadreurs, des transporteurs,
02:23qui eux aussi, du coup, tirent la langue.
02:25Pourquoi ? Il y a beaucoup de raisons.
02:27Est-ce que c'est seulement la prudence de la demande,
02:30ou ça s'étend beaucoup plus ?
02:32Il y a un attentisme qui est la prudence de la demande,
02:34et on le voit et on le ressent dans nos métiers particulièrement,
02:38mais dans d'autres aussi.
02:40Il y a un changement de paradigme aussi.
02:41Il y a un changement de nos métiers,
02:43des choses dont on parle beaucoup justement au sein du comité des galeries,
02:46puisqu'on représente les galeries françaises,
02:48mais on travaille aussi au niveau européen.
02:51Et justement, on se dit souvent, nos métiers changent.
02:54Il était peut-être temps, non ?
02:55Il était temps.
02:55Hervé Levenbroek, quel est l'état d'esprit des galeries dans cette rentrée ?
02:59Il est très combatif, de toute façon, comme il y a toujours été.
03:02Les galeries sont des êtres passionnés qui ont décidé de partager leur passion.
03:07Donc ils sont combatifs, ils veulent continuer à partager leur goût,
03:11à partager, à aider, à accompagner,
03:12de façon souvent, on l'oublie, philanthropique, un certain nombre d'artistes.
03:17Mais on est face effectivement à des traumas ces dernières années
03:22qui ont peut-être tué une partie de l'envie
03:25qu'avaient ceux qui nous font vivre, nos collectionneurs.
03:28On espère qu'un certain nombre de conflits vont se régler,
03:31on espère que la situation politique va se stabiliser pour que les gens puissent...
03:34C'est quoi, ces traumas, c'est lié à quoi exactement ?
03:36C'est des réglementations ?
03:39Non, ça ne vient pas de la réglementation,
03:40ça vient plutôt des phénomènes géopolitiques extérieurs
03:44qui font que les gens ne sont pas dans l'envie,
03:46ils sont dans l'inquiétude, ils se disent « mais où va le monde ? »
03:48Les artistes, eux aussi, sont inquiets
03:51et soit font un état du monde qui n'est pas rose,
03:54donc ça aussi, c'est quelque chose à prendre en compte.
03:56C'est-à-dire que quand vous allez voir une exposition qui est très engagée,
03:59vous sortez de là sans forcément l'envie d'acquérir des œuvres.
04:03Vous avez envie d'accompagner ces artistes
04:09et de poursuivre votre engagement,
04:10mais vous n'avez pas forcément envie de passer à l'acte d'achat.
04:12Donc on souffre aussi un petit peu de tout ça.
04:14Donc on espère, nous comme beaucoup d'autres dans l'économie globale,
04:18que les conflits vont se régler et que les gens vont retrouver l'envie.
04:22– Mais parce que du coup, on a parlé de géopolitique, de la demande,
04:26est-ce que, ça serait peut-être extérieur à la galerie,
04:29est-ce que le modèle traditionnel,
04:30c'est peut-être une question que vous pourrez tous les deux répondre,
04:33le modèle traditionnel de la galerie, est-ce que ça, c'est en péril ?
04:36Est-ce que vous voyez des évolutions ?
04:38Comment est-ce que vous voyez ce modèle traditionnel ?
04:39– Je ne sais pas qu'il est en péril, mais il est challengé.
04:42Aujourd'hui, il faut qu'il se transforme.
04:44On a peut-être mis plus de temps que d'autres secteurs,
04:46si on parle de tech, si on parle d'internationalisation,
04:51du contexte français aussi,
04:53parce qu'il y a la façon dont on est considéré par le politique.
04:56Parfois, les arts visuels sont souvent un peu à côté,
04:59un peu, oh, ils n'ont pas besoin de nous, ce petit secteur.
05:03Donc c'est aussi à nous, et c'est bien pour ça que le comité,
05:05lui, se restructure aujourd'hui pour essayer justement d'embarquer,
05:10que ce soit d'abord les galeristes, les artistes,
05:12qui sont les acteurs premiers, dans quelque chose de nouveau,
05:16où les usages du public ont complètement changé.
05:20Aujourd'hui, comme on disait tout à l'heure,
05:22les gens n'attendent plus le samedi matin pour aller dans une galerie.
05:25En revanche, ils sont là 24 sur 24 sur les réseaux, en ligne,
05:29pour savoir ce qu'on a à leur offrir comme aventure artistique.
05:33Et ça, pour nous, c'est une révolution.
05:34Pour beaucoup de galeristes, il va falloir prendre ce pas-là.
05:38Mais heureusement, il y a des jeunes générations qui arrivent aussi, quand même.
05:40Comment est-ce que le CPJ peut accompagner les galeristes
05:43qui ne comprendraient pas, ne connaîtraient pas ces nouveaux rouages ?
05:47Il y a une grande solidarité dans notre métier.
05:49Donc l'accompagnement, il se fait par la prise en main
05:52peut-être de la génération du dessus, de temps en temps,
05:54en leur disant, écoutez, il y a des outils numériques,
05:55regardez les réseaux sociaux, il faut que vous ayez un compte Instagram.
05:58Enfin, ça peut passer par là.
05:59Mais il y a aussi un autre phénomène dont on n'a pas parlé.
06:03C'est l'importance aujourd'hui des foires
06:05qui, trop souvent, donnent l'impression
06:10qu'on va rentrer dans un speed dating avec le monde de l'art
06:13et donc font oublier le rôle des galeristes,
06:15qui est un rôle beaucoup plus profond.
06:16Le rôle des galeristes, c'est d'initier et de partager une passion,
06:20donc d'initier des collectionneurs en leur disant,
06:22venez nous voir, venez nous voir en permanence,
06:23on va vous nourrir en permanence.
06:26On va vous accompagner dans l'élaboration d'une collection
06:28ou simplement dans le suivi que vous avez par rapport à tel ou tel artiste.
06:32La foire, c'est vraiment un lieu de marchandisation,
06:36un lieu de labellisation pour certaines foires.
06:39C'est quelque chose qui a un petit peu aussi brouillé les pistes.
06:41Donc aujourd'hui, il faut que la jeune génération,
06:43elle comprenne où elle doit se montrer
06:45et elle comprenne avec quels outils elle doit exister
06:48et faire savoir qu'elle existe.
06:50On en est là, le CPGA accompagne un petit peu
06:53dans ses partenariats avec les foires
06:55et dans ses partenariats avec différents acteurs,
06:57accompagne justement cette mutation.
06:59Justement, Magna Danis, dans le rapport,
07:01il y a le terme Paris booming
07:03qui a écrit qu'il n'est pas structurant.
07:07C'est vrai que j'ai fait beaucoup d'interviews
07:08où de nombreuses galeries, directeurs de foires,
07:11nous parlent de cette effervescence autour de Paris,
07:14de nombreuses foires, etc.
07:16Qu'est-ce que ça veut dire qu'il n'est pas structurant dans ce rapport ?
07:20On a une marque Paris qui est merveilleuse, qui est incroyable.
07:24On a une offre culturelle et en particulier au niveau des arts plastiques,
07:28sujet qui nous réunit ici aujourd'hui, qui est incroyable.
07:31On n'a pas de quoi rougir, que ce soit à Saint-Germain ou dans le Marais,
07:35vous avez en moyenne une galerie tous les 30 mètres.
07:37Donc c'est quelque chose qu'on devrait savoir mieux vendre,
07:42là pour le coup, que ce soit si on va plus loin,
07:46à des tours opérateurs, à des plateformes en ligne,
07:51en disant en fait c'est là que ça se passe.
07:52Vous avez le plus grand musée gratuit de France qui est là.
07:56Il y a une gratuité.
07:57On oublie souvent de dire que l'entrée dans les galeries,
07:59elle est gratuite et que vous allez rentrer chez un être passionné
08:01qui va vouloir qu'une seule chose, c'est vous expliquer.
08:05C'est fini en fait, les galeries où on vous toisez,
08:08où on vous regardait de haut, ça n'existe quasiment plus.
08:10C'est devenu très très rare aujourd'hui.
08:12Vous rentrez, vous avez des gens qui sont là,
08:13qui sont heureux de vous faire partager leur goût,
08:16de vous présenter l'exposition.
08:18C'est gratuit.
08:19Par contre, le CPGA, le rôle du CPGA, c'est de structurer tout ça.
08:23C'est sans doute de diffuser un petit peu mieux des listes de galeries
08:26où aller, qui répondent justement à certains critères.
08:29Et c'est ce que nous essayons avec le nouveau bureau de mettre en place.
08:32Et est-ce que vous accompagnez aussi les galeries pour faire des choix,
08:36peut-être d'aller à certaines foires un peu moins, mais mieux ?
08:42Ou alors, je ne sais pas...
08:44On partage notre expérience.
08:45On partage notre expérience.
08:46À chaque fois qu'une galerie membre du CPGA va dans un salon,
08:49il n'y a pas une forme de rapport immédiat qui est donnée.
08:51Mais on sait qu'on va pouvoir interroger cette personne en lui disant,
08:53alors ce nouveau salon qui a lieu en Amérique du Sud, dans tel pays,
08:57c'est la première édition, qu'est-ce que tu en as pensé ?
08:59Et on va mesurer comme ça le potentiel.
09:02Et après, en partageant nos informations, les uns et les autres vont se dire,
09:05tiens, j'ai envie d'aller là.
09:05Alors, il y a des foires où tout le monde veut aller,
09:07et il y a des foires où tout le monde s'interroge.
09:09Donc, cette base de données, elle existe, elle est mise en place.
09:13Et tout ça permet d'éviter de temps en temps des mauvaises expériences.
09:18Est-ce qu'il y a des exemples de galeries qui réussissent à prendre un peu un chemin
09:22qui n'est non traditionnel, et ça fonctionne bien,
09:24et justement, ça les porte, ça les met en valeur ?
09:28Vous me regardez ?
09:28Non, parce que c'est une question qu'on me pose souvent,
09:33donc c'est pour ça que je me plaquine.
09:35Je pense que oui, et de plus en plus,
09:37il y a de plus en plus de galeries qui vont essayer d'être à la fois
09:41très respectueux du modèle traditionnel tel qu'il a existé,
09:45mais on est obligé aujourd'hui, en allant, pour certains, dans d'autres pays,
09:50en allant sur d'autres types de plateformes,
09:55en mélangeant de l'art et de la tech,
09:56en allant chez certains, collaborer avec d'autres industries aussi.
10:01Donc aller partout où l'art peut avoir un écho,
10:05ça veut dire un peu dans tous les secteurs.
10:08Et ça, c'est aussi à nous, galeristes, d'accompagner les artistes vers ça,
10:13de les faire collaborer avec d'autres acteurs,
10:16que ce soit des institutions publiques, bien sûr,
10:18on veut qu'ils aient des expos dans les musées,
10:19mais ça peut être des acteurs privés, ça peut être énormément de choses,
10:23qu'on va essayer nous aussi aujourd'hui de structurer un peu plus,
10:26parce que c'est un milieu qui est très atomisé, celui des galeries,
10:29donc d'apparaître comme un bloc de 300 galeries qui sont ensemble,
10:32pour pouvoir effectivement aider.
10:34Par exemple, une des actions qui a déjà été montée,
10:36et grâce à des partenaires privés,
10:38de monter des prix pour que la scène française soit plus visible,
10:41que ce soit à Madrid, au salon qui a lieu là-bas,
10:43que ce soit à Miami, au salon qui est très important, qui a lieu là-bas,
10:46et donc pousser et les galeristes et les artistes à être plus visibles à l'international.
10:52Donc voilà, on va essayer de syndiquer un peu encore plus l'interféciant.
10:56Collaboration, c'est ça qui pourrait être une autre voie de stratégie possible et bénéfique ?
11:01C'est absolument une voie de stratégie possible et bénéfique,
11:04et on est tous en train de mettre en place aujourd'hui au niveau du CPGA
11:08des partenariats avec des entreprises qui voudraient,
11:11elles aussi, s'investir un petit peu plus dans l'art,
11:13donc on essaie de trouver à chaque fois justement le lieu
11:15où chaque entreprise va pouvoir venir soutenir la création
11:19et puis s'éveiller aussi avec cette création.
11:21Parce qu'une entreprise qui accepte de parrainer un prix dans un salon ou dans une foire,
11:27c'est une entreprise qui va être obligée de déplacer ses cadres dans ce salon
11:31et il va falloir parler la langue de l'art contemporain,
11:34parce que l'art contemporain, c'est à l'origine une langue étrangère,
11:36on n'apprend pas l'art contemporain, il faut le travailler,
11:40il faut vraiment avoir envie de le comprendre,
11:42et si cette pédagogie n'est pas faite par les galeries et par le CPGA,
11:46ça ne marchera jamais.
11:47Donc on est là aussi pour ça, on est là pour faire en sorte
11:49que le monde de l'entreprise vienne piocher chez nous une ouverture d'esprit
11:53qu'ils n'ont pas forcément quand ils sont à fond derrière leur machine ou leur service.
11:57Il nous reste une minute, dans le rapport vous parlez aussi de monopole croissant,
12:02est-ce que ça c'est une bonne chose pour permettre justement
12:05de mettre en avant Paris, tout cet écosystème structurant,
12:09ou alors c'est aussi beaucoup de tensions pour les plus petites structures
12:13qui du coup auraient du mal à avancer ?
12:16En mettant une scène artistique contemporaine parisienne française,
12:21parce qu'on est un syndicat national, même si comme pour beaucoup de choses
12:24on est assez centralisé malheureusement,
12:26mais pour mettre en avant une scène, ça veut dire dans toute sa diversité.
12:32Et ce qui fonctionne bien, et Hervé en parlait,
12:35il y a une forme de solidarité entre les galeries,
12:37contrairement à ce que les gens peuvent parfois croire,
12:39et souvent, même si tout n'est pas parfait,
12:43mais des plus grosses structures qui vont effectivement veiller
12:46à ce que de plus petites structures puissent quand même avoir leurs activités.
12:52C'est les chiffres d'affaires entre le plus bas et le plus haut,
12:55c'est un écart de 1 à 10 000.
12:59Donc il faut que cet écosystème soit varié,
13:02parce que vous allez avoir tout type d'artiste,
13:04et on veut le défendre comme un tout,
13:05mais après chacun avec ses...
13:07Mais c'est pour sa variété, j'imagine que ça va être bien.
13:09Il y a beaucoup de partenariats déjà entre les grosses structures
13:11et les petites structures,
13:12il ne faut pas oublier que les grosses structures ont été petites
13:14et que les artistes, à un moment, démarrent tous,
13:17comme les galeries, tout en bas de l'échelle,
13:18et puis après il faut passer des étapes, des paliers,
13:20et donc les grands accompagnent les plus petits.
13:23Merci beaucoup à tous les deux pour vos analyses.
13:27Magda Danis, vous êtes galériste, président délégué du CPGA,
13:29et Hervé Lovernbruck, galériste également,
13:31président délégué également du CPGA,
13:33et merci à vous toutes et tous de nous avoir suivis.
13:35C'était Arrêt Marché.
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