Se dirige-t-on vers des législatives anticipées ?

Sud Radio

il y a 6 semaines

Avec Yoann Gillet et Matthieu Hoque

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##C_EST_DANS_L_ACTU_8-2025-08-31##

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00:00Bonjour Mathieu Hauck, bonjour Laurence, bonjour à tous, secrétaire générale du Think Tank, le millénaire, et bonjour Yoann Gilles.

00:09Bonjour Laurence, bonjour Mathieu, bonjour aux unitrices et aux auditeurs.

00:11Notre journaliste politique, on verra bientôt à l'écran en zoom.

00:15Alors messieurs, j'aimerais vous faire réagir à ce sondage élabre pour BFM TV, la tribune dimanche.

00:22En cas justement de législative anticipée, effectivement le RN serait largement en tête avec 31% des voix.

00:28La gauche obtiendrait 23,5% des suffrages si elle était unie.

00:33En cas de division, une alliance entre les socialistes, écologistes et communistes recueillerait 16,5% des voix, contre 10% pour les insoumis.

00:41Côté bloc central, ensemble, grand perdant, avec seulement 14% des voix.

00:46Du côté de l'ULR, on serait du côté de 10,5% des voix.

00:51Déjà votre première réaction à ce sondage, et notamment à cette montée du RN.

00:55On parle bien en cas de scénario, de législative anticipée.

00:58Je commence par vous Mathieu Hauck.

01:00Alors, il y a plein de choses à dire sur ce sondage, mais sur le cas du RN, et soyons clairs dessus,

01:07s'il y avait de nouvelles élections législatives, on n'est pas loin d'une vague majoritaire en fait,

01:14pour une bonne raison, c'est qu'il ne faut pas regarder uniquement le socle du RN,

01:18qui est aujourd'hui à 31, qui est à peu près 6 000, assez proche du socle des résultats qu'il avait obtenus lors des précédentes élections législatives.

01:27Il était à 30,88%, quelque chose comme ça de mémoire.

01:31Mais c'est surtout les alliés du RN.

01:33C'est-à-dire que vous avez une offre à côté de Reconquête, qui est quasiment dans tous les scénarios autour de 5%,

01:38et une offre UDR d'Éric Ciotti qui se maintient à 3%.

01:41Et quand vous cumulez l'ensemble des résultats, donc Reconquête, RN et UDR de M. Ciotti,

01:48donc une liste d'union des droites, qui n'est pour l'instant pas faite d'un point de vue partisan,

01:53emporterait suffisamment de circonscriptions quasiment dès le premier tour,

01:57parce que si on souvient que le RN a perdu beaucoup de circonscriptions en ayant fait 45, 46, 47, voire 42% au premier tour,

02:05toutes ces circonscriptions-là, nous quand je travaille dessus actuellement,

02:08et on va sortir un rapport dans les prochains jours sur la dissolution,

02:10à quoi ressemblerait la MAP, la carte électorale en cas de dissolution.

02:16Avec autant de voix dès le premier tour, vous avez énormément de circonscriptions qui basculent dès le premier tour,

02:21et en cas de second tour, le RN et ses alliés, si par cas il s'allie évidemment,

02:25seraient suffisamment en bonne position pour l'emporter.

02:29Donc on arrive à une conclusion, si les partis autour de Marine Le Pen,

02:32et Marine Le Pen font une union des droites,

02:35alors je pense qu'elle peut être majoritaire aujourd'hui dans le pays.

02:37Votre réaction sur le sondage, Yohann Gidé ?

02:41Oui, rien à redire sur les chiffres dans cette hypothèse d'alliance évidemment,

02:44ce qui forcément va donc pousser de fait, encore une fois, l'autre côté de l'échiquier politique,

02:50à penser là encore une alliance globale plus large,

02:54malgré l'engagement de certains, je pense au Parti Socialiste,

02:56à ne pas s'allier avec par exemple la France insoumise,

02:58mais alors là en termes purement numériques, de comptabilité électorale,

03:04effectivement il y aurait une très grosse difficulté à tenir la barre face à cette alliance supposée

03:10dont vient de parler Mathieu.

03:12Par contre, moi ce qui me pose question, c'est quand même que si ces alliances ont lieu

03:18du côté de la droite extrême et de l'extrême droite,

03:21c'est quand même étonnant parce qu'on ne sait pas du tout finalement

03:23quel est le choix que vont faire les électeurs,

03:25est-ce que ce sera un choix libéral ou un choix social ?

03:28Parce qu'en réalité, aujourd'hui, sur le plan politique,

03:32on a un peu les deux versants, les deux versions.

03:34Il y a des tentations extrêmement sociales du côté d'une Marine Le Pen,

03:37une version même au sein du RN, très libéral du côté d'un Jardin Bardella.

03:41Donc en réalité, quelle est la ligne ?

03:43Aujourd'hui, pour moi, les électeurs, quand ils votent,

03:46même si on ne peut plus parler du vote de défiance face à une classe politique,

03:51on dit que maintenant cette partie-là de l'échiquier politique

03:53capitalise sur un vote de confiance ou d'espérance,

03:57il faut le définir.

03:58C'est-à-dire qu'aujourd'hui, je ne sais pas quelle est la ligne

04:01de cette grande alliance,

04:02et à mon avis, il va y avoir des surpris.

04:05Oui, des surpris.

04:06Je vais retourner sur cette notion de défiance,

04:08parce qu'il y a un chiffre que je trouve aussi intéressant dans ce sondage,

04:10il y a quand même 39% des Français, ce qui parvient,

04:13qui aimeraient un Premier ministre apolitique,

04:15issu de la société civile.

04:17On est dans une crise des régimes, des partis politiques.

04:21Mathieu Hauck ?

04:22Structurellement, les partis politiques et les personnalités politiques

04:26font partie des corps de la société les plus désapprouvés par les Français.

04:31Le sondage que j'ai vu souvent, c'est le baromètre Sevipov pour Sciences Po,

04:34qui fait en gros l'opinion favorable des Français sur plein d'institutions,

04:38la police, la justice, l'hôpital, les armées, la politique, les journalistes.

04:42Et en queue de peloton figurent systématiquement les politiques,

04:4526% d'opinion favorable, et également les journalistes.

04:48Mais sur la question de la défiance,

04:51effectivement, ça se traduit par une volonté de changer un peu la table,

04:54et surtout une volonté d'installer peut-être des gens

04:57qui n'ont pas été aux responsabilités précédemment.

05:00Même si ça marche rarement, les personnalités issues de la société civile.

05:03Et surtout, c'est que c'est aussi l'une des promesses du macronisme.

05:05L'une des promesses du macronisme, en 2017,

05:08ça avait été de renouveler les élites,

05:09ça avait été de renouveler le personnel politique.

05:11Et là, on est 8-9 ans après, et on voit que c'est un échec,

05:15puisque également, et c'est un des deuxièmes enseignements du sondage,

05:19le bloc présidentiel, donc les partis autour d'Emmanuel Macron,

05:23Modem, Horizons, Renaissance et Territoires de Progrès,

05:28enregistrent le pire score possible pour un parti présidentiel

05:32de l'histoire de la Ve République.

05:34Ils avaient déjà fait le pire score d'un parti présidentiel

05:37lors des élections européennes.

05:38On se souvient de Valérie Ayet, qui a fait moins de 15%.

05:41On a aujourd'hui un rejet énorme de la personne même d'Emmanuel Macron.

05:46Au-delà de François Bayrou.

05:48Exactement, et de François Bayrou.

05:49Et c'est ça qui est, je pense, le tournant important,

05:52c'est qu'au sein du couple exécutif,

05:55avant, il y avait Gabriel Attal pour sauver un peu Emmanuel Macron.

05:57Avant, il y avait Emmanuel Macron pour sauver un peu son Premier ministre.

06:00Là, le binôme de l'exécutif est rejeté par deux tiers à 70% des Français.

06:06C'est quelque chose qui est quasiment sans précédent dans l'histoire de la Ve République,

06:10hormis la parenthèse fin de quinquennat de François Hollande.

06:12Yohann Gillet ?

06:14Oui, pour une raison très simple,

06:16c'est qu'Emmanuel Macron a finalement incarné dans les actes l'inverse de ce qu'il avait promis.

06:21On pensait à une modernisation des institutions, c'était exactement l'inverse.

06:25Il y a eu un gouvernement, une manière de gouverner de la part du Président de la République,

06:28qui normalement devrait laisser le Premier ministre gouverner,

06:30ce n'est pas ce qu'il a fait.

06:31On a eu un Président de la République qui a incarné un pouvoir extrêmement solitaire et descendant.

06:36Puis, on parlait de François Bayrou.

06:38Regardez, disons qu'il n'y a pas de confiance sans contrat.

06:41Est-ce que vous avez vu le contrat qui a été passé avec les acteurs,

06:45on va dire, de la modernisation d'un pays cet été ?

06:49Non, il n'y a pas eu de discussion, ni avec les syndicats,

06:51ni avec les forces de rénovation d'un pays.

06:56Bon, qu'est-ce que vous voulez faire ?

06:57À un moment donné, les gens, ils se disent, si les gens décident tout seuls de notre sort et de notre condition,

07:01c'est juste pas du tout ce qu'on nous avait promis, pour parler très simplement.

07:04Donc, c'est pas du tout étonnant.

07:06Le problème, c'est qu'ensuite, les gens qui récupèrent ça,

07:09sont les gens qui se mettent en position d'arbitre.

07:12Parce qu'aujourd'hui, par exemple, le Rassemblement National ne se prononce pas beaucoup.

07:15Il est en position d'arbitre.

07:17Et c'est comme si vous aviez un masque de foot...

07:18Jordan Bardella est prêt à être Premier ministre, comme le PSA, d'ailleurs.

07:23Oui, il est prêt à être Premier ministre, mais c'est un peu comme si vous disiez que l'arbitre était prêt,

07:28finalement, à dire qu'il allait rentrer sur le terrain.

07:30Mais oui, mais enfin, il faut marquer des buts sur un terrain.

07:32C'est-à-dire qu'il faut avoir une proposition, une stratégie qui est extrêmement claire.

07:36Donc, aujourd'hui, si vous avez le camp des supporters de l'arbitre,

07:38c'est bien, parce que les arbitres, on doit les respecter sur un terrain.

07:40Mais enfin, c'est pas lui qui va marquer les buts.

07:42Les buts, c'est juste lui qui va siffler les fautes et réorganiser le jeu à un moment donné.

07:46Et parfois, capitaliser aussi sur...

07:48Enfin, créer un petit peu de colère quand il y a un mauvais arbitrage.

07:51Ce qui n'est pas, à mon avis, la meilleure des manières de faire.

07:54Donc, le Rassemblement National, aujourd'hui, pour moi, n'est pas un acteur en termes de politique.

07:58Il est un regardeur, il attend son heure.

08:00Et visiblement, ça marche très, très bien.

08:02François Bayrou à 18h, la forme inédite, en direct sur quatre chaînes d'information en continu.

08:08C'est quoi ? C'est l'interview de la dernière chance ?

08:11C'est quoi ? C'est pour convaincre les partis, ou l'opinion encore, les Français ?

08:17C'est une mission impossible, Mathieu ?

08:18Oui, c'est une mission impossible.

08:19Et on a même l'impression que c'est la dernière musique sur le paquebot du Titanic qui est jouée par François Bayrou.

08:25Parce que, comme vous voyez le sondage, et c'est quelque chose qui est quand même assez marquant,

08:30parce qu'on est vraiment sur un recul du bloc présidentiel quasiment sans précédent.

08:33Je découvre ça ce matin.

08:34Si Emmanuel Macron dissout l'Assemblée nationale...

08:39Il n'est qu'il ne voulait pas.

08:39Il ne veut pas le faire, mais il sera peut-être contraint de le faire.

08:42Mais s'il le dissout, ça va être une déroute électorale sans précédent pour le parti présidentiel.

08:47On peut même ne pas exclure qu'il finisse en dessous de 100 sièges,

08:50avec seulement 14%, 13% des voix aux législatives.

08:53C'est un score qui est excessivement faible.

08:55Et donc, si vous avez aujourd'hui pour François Bayrou un premier point qui est un risque de déroute électorale

09:00avec une faible adhésion des Français au parti du bloc central,

09:07que vous couplez ça aujourd'hui à une impopularité de François Bayrou chronique

09:10depuis notamment les deux jours fériés qu'il a proposés,

09:14où il est le premier ministre le plus impopulaire de l'histoire de la Ve République.

09:17Et puis en troisième point, il doit préparer un budget,

09:19mais la politique économique, et en plus lui joue l'opinion publique contre les élites

09:24en expliquant que lui c'est le camp de la raison et que les autres sont irresponsables.

09:28Mais ça ne fonctionne pas.

09:28Ça ne fonctionne pas, mais tout simplement parce qu'aujourd'hui,

09:30le bilan économique du président de la République et des macronistes est désastreux.

09:351000 milliards d'euros de dettes supplémentaires,

09:37un déficit public de 150 milliards record,

09:40un déficit commercial également à 90 milliards qui a été record aussi post-crise sanitaire.

09:46Tous les indicateurs macroéconomiques sont dans le rouge

09:49et pourtant les impôts n'ont jamais été aussi hauts que sous Emmanuel Macron.

09:53Et donc, vous avez aujourd'hui un parti présidentiel

09:54qui n'a plus de crédibilité sur le plan économique,

09:56alors que c'était la dernière chose qui lui restait,

09:58qui est un premier ministre le plus faible dans l'opinion publique de l'histoire de la Ve,

10:01et un président de la République qui est rejeté par sur sa personne de manière assez importante.

10:06Ça ne peut être que le Titanic.

10:08Et donc effectivement, le discours de François Bayrou,

10:10enfin en tout cas l'interview aux médias,

10:12va être la dernière musique avant le fait que le Titanic va couler.

10:17Ça ne se termine pas bien le Titanic.

10:19Ça ne va pas se terminer.

10:20Nguyen Gillet, cet entretien-là, les enjeux de cet entretien-là,

10:22et cette surcommunication quand même de François Bayrou ces derniers temps.

10:26Ah ben c'est le tout pour le tout.

10:28Son enjeu en gros ce soir, c'est ne pas perdre la droite tout en draguant la gauche,

10:32et capitaliser sur le constat commun qu'ont fait les socialistes ce week-end,

10:35sur la nécessité de faire les économies.

10:37Je vous rappelle que François Bayrou a dit

10:39non non, ce n'est pas une question de vote, de confiance, nous disait-il.

10:42C'est juste se mettre d'accord et voter le 8 septembre

10:46en disant qu'on est d'accord sur le constat que c'est très très grave.

10:49Bon d'ailleurs, c'est ce que le PS a essayé de faire passer aussi comme message ce week-end.

10:53Le PS, son plan au PS, c'est pas trop vite, pas trop fort,

10:56et pas trop gauchiste, pour essayer justement de ne pas passer pour les déraisonnables.

11:00Alors François Bayrou va essayer de jouer sur cette corde-là,

11:03en disant, vous voyez finalement, on n'a pas la même méthode,

11:05on n'a pas les mêmes échéances,

11:06on n'a pas le même degré d'économie,

11:09puisqu'eux, ils proposent de faire deux fois moins finalement d'économie,

11:12mais par contre, on propose de faire le même constat,

11:15c'est-à-dire que la France ne va pas bien.

11:16Bon, le problème, c'est qu'il faudrait, par exemple,

11:18les socialistes se dédisent,

11:20qu'Olivier Faure revienne sur ce qu'il a dit,

11:22et là, s'ils veulent reprendre le leadership sur une France insoumise

11:24qui, elle, est absolument radicale dans sa position,

11:27c'est pas finalement faisant un pas en avant, deux pas en arrière.

11:30Donc pour moi, c'est grillé.

11:32À suivre, on en reparlera.

11:33En tout cas, grand merci, Yohann Gillet,

11:35d'avoir été avec nous tout cet été pour les débats du week-end.

11:39Merci aussi à vous, Mathieu,

11:42qui en vous souhaitant une belle rentrée.

11:44Merci Laurence, belle rentrée.

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