00:00A 9h05 sur Sud Radio, forcément on parle de la rentrée scolaire, c'est demain sous haute tension pour les enseignants.
00:06Bonjour Elisabeth Alain Moreno.
00:08Bonjour.
00:08Merci d'être avec nous, vous êtes secrétaire générale du syndicat des enseignants SE-UNSA.
00:13Alors, des chiffres, un état des lieux plutôt inquiétant selon votre dernier baromètre.
00:19J'ai lu qu'un enseignant sur trois envisage de quitter le métier avec une hausse des départs négociés.
00:2591% des personnels disent aimer leur métier, mais 77% ne le conseillerait pas à un proche.
00:32Quelles sont les principales raisons évoquées par tous ces enseignants, si on peut parler de crise de vocation ou même de souffrance au travail ?
00:42Oui, je pense qu'on peut clairement parler de souffrance au travail, car en maltraitance de l'employeur,
00:46les défis majeurs de cette rentrée, ça va être de pouvoir, en tout cas pour tous les personnels, d'accueillir dignement tous les élèves.
00:52C'est pourquoi aujourd'hui, nous n'avons plus les moyens, ce sont des choix ensuite de politique d'un gouvernement depuis de trop nombreuses années maintenant,
00:59avec un nombre d'élèves par classe qui reste trop élevé par rapport à la complexité des difficultés des élèves que nous devons accueillir,
01:06par rapport à une prise en charge d'une difficulté scolaire où les moyens ont été réduits de façon dramatique ces dernières années,
01:13avec des personnels de RASED en nombre très insuffisant, voire réduit,
01:17un nombre d'AESH insuffisamment recrutés et une prise en charge par des professionnels de médico-sociaux qui font défaut.
01:24Et ensuite, le deuxième défi, évidemment, ça va être de pouvoir garder les personnels,
01:30parce que comme vous l'avez dit, malgré la passion et l'amour pour le métier,
01:34on a de plus en plus de collègues qui font des choix inverses.
01:36Alors soit ils y arrivent et ils arrivent à se réorienter, soit ils n'y arrivent pas,
01:39parce que les passerelles sont vraiment insuffisantes.
01:41Et aujourd'hui, on a de nécessité à ce qu'il y ait une réelle considération, reconsidération des personnels,
01:46parce que pour des raisons de salaire insuffisant, de charges de travail trop importantes,
01:50de mobilité géographique complètement dérouillée, de santé ou encore de formation continue,
01:55on a beaucoup de personnels qui ont envie d'exercer ailleurs.
01:58Alors, vous avez dit maltraitance de l'employeur,
02:02c'est-à-dire que c'est une maltraitance voulue, volontaire,
02:05de la part du ministère de l'Éducation nationale, du gouvernement ?
02:09Quand ça fait des années qu'on alerte, qu'on donne les signaux, qu'on donne les raisons,
02:14qu'il y a des signalements tous les ans,
02:17je vous rappelle aussi qu'on connaît des drames dans l'éducation nationale,
02:20malheureusement, il y a un climat scolaire qui est très tendu,
02:24se voiler la face à ce point et faire des choix qui vont à l'encontre justement
02:28d'une amélioration des conditions de travail des personnels,
02:31pour moi, oui, à l'un de ça, on peut parler de maltraitance.
02:34Vous parlez aussi du fait qu'il y a une surcharge mentale pour les enseignants,
02:38comme si l'école devait tout gérer, à la fois la lutte contre le harcèlement scolaire,
02:42la santé mentale, voilà, j'ai vu pas mal de témoignages en disant,
02:46nous, on n'est pas des soignants aussi, il faut recruter des personnels formés,
02:50des psychologues aussi de l'Éducation nationale, Elisabeth Alain-Moreno.
02:53Exactement, les enseignants, les CPE et les psychologues de l'Éducation nationale
02:59ont des missions clairement définies, et aujourd'hui, parce que le choix a été fait différemment,
03:06c'est-à-dire de ne pas investir suffisamment sur la diversité des compétences
03:10et qu'il faudrait pour pouvoir prendre en charge la diversité des difficultés de nos élèves,
03:16fait que tout repose sur ces personnels-là.
03:17Aujourd'hui, un enseignant, il est censé enseigner, il est censé éduquer, il est censé émanciper,
03:24mais par contre, il ne peut pas prendre en charge toute la difficulté médico-sociale de ses élèves,
03:28et c'est bien normal, il y a des compétences pour,
03:30ça fait des années à ce qu'on récanne que ce travail interministériel puisse se mettre en place.
03:34Alors, vous participez, l'UNSA, avec l'intersyndicale, à cet appel
03:40pour cette journée nationale de grève et de manifestation le 18 septembre,
03:43peut-être que d'ici là, il n'y aura plus de gouvernement en Bayrou,
03:47peut-être que d'ici là, il n'y aura plus de ministre de l'éducation nationale.
03:52Quelles sont vos attentes aussi à vous ?
03:54Alors, il est évident que nous n'avons pas de boules de cristal
03:57et qu'aujourd'hui, l'avenir du gouvernement est sacrément remis en question,
04:00mais ce n'est pas la première fois que le gouvernement est modifié depuis 2017.
04:07Force est de constater que la politique néolibérale d'Emmanuel Macron
04:10n'a pas été changée pour autant, elle s'est même à chaque fois aggravée.
04:13Impactant les plus fragiles, les plus précaires,
04:16y compris les retraités ou les contractuels.
04:19Donc, on peut très bien aussi envisager que malgré un changement de gouvernement,
04:24la politique ne change pas du tout.
04:26En tout cas, c'est ce que l'on vit et ce que l'on subit depuis maintenant de nombreuses années.
04:30Donc, il était important pour l'intersyndicale et donc pour l'UNSA
04:33de pouvoir appeler à la mobilisation de tous les personnels
04:36qui aujourd'hui ont envie de dénoncer et de manifester leur colère
04:40en face à des mesures qui sont très injustes, qui sont brutales
04:43et qui sont même dangereuses pour l'avenir du pays.
04:45Merci à vous, Elisabeth Alain Moreno.
04:47Je rappelle que vous êtes secrétaire générale du syndicat des enseignants SE-UNSA.
04:50Et on vous souhaite bien du courage pour cette rentrée de demain.
