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  • il y a 6 semaines
Avec Serge Guerin, sociologue



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##L_AIR_DU_TEMPS-2025-08-23##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, l'air du temps, Serge Guérin.
00:04Bonjour Serge.
00:06Mes hommages du jour, Laurence.
00:07Mes hommages, professeur Alinsec, grande école de Paris, auteur de l'essai « Si les vieux sauver la planète » aux éditions Michelon.
00:14Alors Serge, pour cette chronique, vous vouliez nous parler des trois « i », les « i » comme individualisme, « i » comme indifférence, « i » comme isolement.
00:25Et j'ai vu d'ailleurs, selon un récent sondage d'IFOP, 84% des Français pensent que nous allons vers un repli individualiste.
00:34Qu'en pense le sociologue alors ?
00:37Eh bien, je crois qu'il y a 84% des Français qui ont assez bien compris ce qui se passait.
00:40Mais oui, on va parler, on va mettre les points sur les « i » ou les points sur les trois « i » d'une certaine manière.
00:45Alors, c'est vrai que quand on regarde bien, cette individualisation, cet individualisme, au départ, il faut quand même rappeler que c'est une des sources vraiment de la civilisation européenne.
00:55C'était l'idée qu'on pouvait construire progressivement sa vie et qu'on pouvait se libérer des attaches, des contraintes, des chaînes, des assignations,
01:06qu'elles soient sociales, qu'elles soient culturelles, qu'elles soient religieuses.
01:09Et qu'à force de travail, d'intelligence, de capacité d'adaptation, on pouvait construire sa propre vie.
01:14Et sur ce du libéralisme aussi.
01:16Oui, alors ça, c'était quand même cette notion de, je dirais, de libre arbitre.
01:20Alors, ce qui est intéressant de voir, c'est qu'on a quand même pas mal dérivé.
01:25Aujourd'hui, c'est plutôt un peu une sorte de, cet affranchissement, il est un peu parti, c'est un peu une sorte de chacun pour soi.
01:33Et où il y a, comme ça aussi, peut-être presque une dérive vers l'absence de lien, vers l'absence de partage d'une expérience collective,
01:42ou des choses de ce type-là.
01:43Ça a été montré par des gens comme Tocqueville qui disaient très vite, ça va se passer comme ça.
01:47Il y a un sociologue qui s'appelle David Putman, qui aux Etats-Unis avait montré, dès les années 60-70,
01:53lui avait montré ça à partir du bowling.
01:56C'est-à-dire qu'il disait, mais avant le bowling, les gens jouaient ensemble,
01:58et puis maintenant, les gens jouent quasiment de manière individuelle,
02:01ou avec deux, trois personnes, ou en famille.
02:03Il y a de moins en moins de liens communs.
02:07Je prends le bowling, mais regardez même le foot.
02:09Je ne suis pas du tout un spécialiste.
02:10Mais même le foot, ça devient, c'est un sport collectif.
02:13Et ça devient de plus en plus, finalement, un sport individuel.
02:15On va parler de telle ou telle star, des ballons d'or, que sais-je encore.
02:19Et donc, il n'y a plus de collectif.
02:20Ça, c'est la première chose.
02:21Et donc, évidemment, ça pose plus que problématique.
02:24Deuxième élément, le deuxième I, c'est celui de l'indifférence.
02:27Là aussi, à l'origine, c'était finalement, d'une certaine manière,
02:30on est indifférent aux personnes, au sens d'où ils viennent, comment ils sont, ainsi de suite.
02:36On regarde juste leur qualité et ce qu'ils apportent, je dirais, au destin commun.
02:41Il y avait quelque chose autour de ça.
02:41C'est-à-dire, Renan, quand il parlait de la nation, il disait, on se fonde dans un plébiscite de tous les jours.
02:46On se fonde là-dedans.
02:47Et l'individu, il disait, l'individu, en fait, c'est la vie, simplement.
02:50Et là, on est parti sur, aujourd'hui, l'indifférence, il y a presque une interdiction à être indifférent.
02:56On doit absolument se préoccuper de chaque différence, ainsi de suite.
02:59Il y a même un concours.
03:00Alors, en France, on est champion du monde de la victimisation.
03:03Chacun va essayer de trouver sa petite différence, même microscopique,
03:06et je dois absolument me l'affirmer.
03:08Et de ce point de vue-là, les walkistes, le néo-féminisme et tout ça,
03:11font à fond là-dedans, jouent à fond sur cette catégorie-là, un peu tristounette.
03:16Ou pareil, d'ailleurs.
03:17Vraiment, le concours, c'est je dois être le plus différent possible,
03:20je dois absolument affirmer ma différence, et je me fiche de...
03:23Ce qui n'est pas forcément négatif, très cher.
03:27Oui, on peut être walkiste et tout ça, trouver ça formidable.
03:31Mais moi, je pense que ce qui est intéressant, c'est ce qui nous relie,
03:34ce qui nous fait commun, plutôt que ce qui nous distingue.
03:37Mais ce qu'il y a de génial, c'est que ça rend service complètement
03:39au système capitaliste et autres.
03:41On pourrait dire qu'il y a un capitalisme de reconnaissance aujourd'hui.
03:45Le marketing, c'est-à-dire qu'on va chercher chaque fois.
03:47Oui, bien sûr.
03:47Ah oui, on va cibler les gens.
03:49D'ailleurs, le mot cible est intéressant.
03:50On va enfermer les gens de plus en plus.
03:52Il y a ce qu'on appelle le one-to-one, juste pour vous.
03:54On va vous proposer le vêtement qui est juste pour vous, et ainsi de suite.
03:57On va être complètement là-dedans.
03:58Évidemment, c'est une sorte, vous savez, on était dans la consommation de masse,
04:02on est passé dans la consommation narcissique, si on veut.
04:04Et puis, le troisième élément, qui est peut-être le plus étonnant,
04:09le plus dangereux, le plus risqué, et tout ce qu'on voudra, c'est l'isolement.
04:13C'est paradoxal.
04:14On est dans une société qui est en capacité de communiquer de manière exceptionnelle.
04:18Il y a tous les outils mondialisés pour communiquer.
04:21Et pour autant, à des certaine manière, on échange de moins en moins.
04:24On communique de plus en plus, mais on se dit de moins en moins de choses.
04:26Les réseaux sociaux, oui, forcément, la fausse communication.
04:29Les réseaux sociaux, évidemment, ils contribuent beaucoup.
04:31Par exemple, il y a une étude d'OpinionWay pour les services civiques,
04:34et c'était, de mémoire, 38% des gens se disaient, mais totalement isolés.
04:39Et pour les jeunes, c'est 58% des jeunes, des 18-25, qui disaient,
04:44mais moi, je me sens dans la solitude, je me sens dans l'isolement.
04:46Les jeunes et les aînés, d'un côté, quoi, en fait.
04:49Exactement, et de l'autre côté, et pour les 65 ans, c'était à peu près 35%.
04:52Donc, les plus jeunes et les plus âgés se sentent complètement isolés
04:55dans une société qui passe sa vie à parler de communication.
04:59Et là aussi, juste pour réussir sa vie, il y a une étude qui est extraordinaire,
05:04qui marche depuis 1938, ils suivent les gens.
05:06En fait, ils leur demandent, qu'est-ce qui va vous rendre heureux ?
05:08Et les gens disent, ça serait d'être connu et ça va avoir de l'argent.
05:11Et puis, l'étude, elle continue, elle se poursuit, elle voit comment les gens vivent,
05:14et ainsi de suite, les enfants, les petits-enfants, et ainsi de suite.
05:17Et puis, l'étude, elle montre qu'en fin de compte,
05:18la manière principale pour être heureux, ce qu'ils appellent « the good life »,
05:22en fin de compte, c'est les liens sociaux avec les autres.
05:24Ce n'est pas la Rolex à 50 ans, comme on disait jeanis.
05:28Exactement, c'est jusqu'à 90 ans, jusqu'à 100 ans, mais à 0 ans aussi,
05:33être en lien avec les autres.
05:34C'est ce qui nous fait progresser, c'est ce qui nous fait avancer.
05:36Vous voyez, donc ces trois « i », ils sont quand même plus que problématiques.
05:39Et juste, pour être un petit peu plus positif,
05:42il faut rappeler que les solidaristes,
05:44les solidaristes républicains du XIXe siècle,
05:47eux, ils pensaient qu'il fallait trouver un peu une troisième voie
05:50entre le socialisme étatiste,
05:52qui finit généralement de manière totalitaire,
05:54ou le capitalisme financier, qui ne pense qu'à l'argent.
05:57Il y a quelque chose d'autre au milieu,
05:59qui était inventé avec des formules institutionnelles,
06:01des mutuelles, des éléments pour du faire ensemble,
06:04et pour essayer de trouver du bien commun.
06:07Mais évidemment, ce bien commun, il demande du travail,
06:10il demande d'agir ensemble, il demande de la coopération.
06:13Et sans doute que cette démarche-là, peut-être qu'on ferait bien de la remettre
06:16un peu au goût du jour, parce que face à tous les problèmes qu'on a,
06:20et qui sont quand même sacrément nombreux,
06:22plutôt qu'être chacun dans son coin et essayer de sauver sa peau,
06:25on est dans le même bateau, ça rime.
06:27Pour sauver sa peau, il faut se rappeler qu'on est dans le même bateau.
06:30Et pour être dans le même bateau, rien de mieux que la coopération,
06:32l'intelligence collective, et essayer de se dire,
06:35là où on est, au local comme au national,
06:37d'essayer d'inventer ensemble des solutions beaucoup plus positives.
06:40Donc vous voyez, il y a quand même peut-être une forme d'espérance, non ?
06:44Ah bah oui ! Et puis on va terminer sur cette forme d'espérance,
06:46mon cher Serge Guérin.
06:47Ah ouais, c'est pas mal ?
06:47Bah c'est pas mal, moi je trouve.
06:49Merci beaucoup Serge, et on vous retrouve le week-end prochain
06:53pour l'air du temps.
06:55Merci Serge Guérin.
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