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  • il y a 4 mois
Deux heures pour vivre l’info. Julie Hammett donne les clés aux téléspectateurs pour mieux comprendre les grands enjeux de la journée.

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00:00La menace de Dmitri Medvedev, l'ancien président russe, propose de lancer des frappes préventives contre l'Occident
00:08qui mènent, selon lui, une guerre à grande échelle contre la Russie.
00:11On va en parler avec Bruno Combi, polytechnicien, ingénieur en génie nucléaire,
00:16et Bernard Norlin, vous êtes ancien commandant de la Force aérienne de combat.
00:21Des frappes préventives contre l'Occident parce qu'il se sent menacé, dit l'ancien président russe.
00:27– Oui, c'est le discours habituel, particulièrement de Medvedev,
00:32il nous a habitués à ce genre de diatribe et à ce genre de menace.
00:35Ce qui est quand même à noter dans cette affaire, c'est que d'une part, Medvedev s'exprime,
00:43et il s'exprime beaucoup, et donc ça veut dire que Poutine le laisse s'exprimer.
00:49Et donc il y a manifestement, derrière ça, le côté, le fait que…
00:56– Une opération de communication du Kremlin, finalement.
00:57– Il y a une opération de communication qui a deux aspects.
01:02Le premier aspect, c'est que ça veut dire que Poutine ne renonce pas à ses objectifs
01:06du contrôle complet de l'Ukraine, premièrement,
01:11et deuxièmement, c'est de nouveau le recours au chantage nucléaire,
01:15comme il l'a fait depuis le début de la guerre en Ukraine.
01:19Et que chaque fois, évidemment, il sait très bien que ce chantage nucléaire,
01:25les Occidentaux, les Européens et aussi, en premier chef, les Américains,
01:31on est très sensibles à ce genre de chantage,
01:33on est très sensibles à la menace nucléaire.
01:35Il sait qu'on va reculer, on recule chaque fois qu'il y a ce chantage nucléaire.
01:42– On y est vraiment sensible ? On prend au sérieux ces menaces à répétition de Dmitri Medvedev ?
01:47– Oui, parce qu'il y a, bien sûr, alors…
01:50– On aurait tort de penser qu'il est fou, certains disent qu'il est alcoolique,
01:53quand vous vous dites que c'est la voix du Kremlin.
01:54– Ce qui compte, voilà, moi ce qui compte, ce n'est pas tellement Medvedev,
01:57parce qu'on sait très bien, alors il y a quand même un paradoxe,
02:00c'est que quand même, je vous rappelle que Medvedev, il y a quelques années,
02:04était considéré par les pays occidentaux comme un interlocuteur très modéré,
02:09avec qui on pouvait parler de façon très intelligente et constructive.
02:14– Bon, maintenant, il a endossé un rôle complètement opposé,
02:18alors est-ce que la vodka joue un rôle ? On n'en sait rien, ça c'est autre chose,
02:22mais bon, on sait quand même que derrière lui, il y a quand même Poutine,
02:26et que Poutine, depuis le début des opérations en Ukraine,
02:30je crois, a fait appel, a parlé de nucléaire,
02:37je crois que c'est 200 fois, c'est un nombre incalculable de fois.
02:41Alors, bien sûr, il y a l'aspect, il y a des experts en Russie,
02:45qui disent, mais à force d'invoquer toujours ce sort de nucléaire,
02:49on décrédibilise complètement l'option nucléaire,
02:53et donc, les informations qu'il y a eu récemment sur la modernisation des armes nucléaires,
02:59bon, c'est aussi un signal pour dire, bon, peut-être,
03:02mais regardez, on a quand même, nous, nos forces nucléaires,
03:06c'est sérieuse, et on est prêt à les employer.
03:08– Il y a une banalisation, effectivement, de l'usage du nucléaire
03:12dans le discours depuis le début de la guerre en Ukraine de Vladimir Poutine,
03:16pour autant, il faut prendre ce chantage-là au sérieux, Bruno Combi ?
03:20– Oui, effectivement, c'est une banalisation,
03:22c'est même la énième fois que nous avons droit aux menaces nucléaires du Kremlin.
03:27Alors, cette fois, c'est en réaction à deux choses,
03:30d'abord, le fait que le président Trump a envisagé la fourniture d'armes nouvelles,
03:36avec les missiles Tomahawk à l'Ukraine.
03:39Donc, ce sont des missiles qui frappent plus en profondeur
03:42et de manière plus forte que les attaques MS,
03:45dont il était question, notamment au mois de novembre 2024,
03:49donc il y a environ huit mois.
03:51Et donc, je vais paraphraser Tintin en disant que,
03:54quand Poutine fâchait, lui, toujours faire comme ça.
03:57– Et donc, Poutine ne s'exprime pas lui-même,
04:01il fait intervenir ses proxys de la parole, si vous voulez,
04:04c'est-à-dire, d'une part, Medvedev, qui est célèbre pour le fait
04:08de ne pas avoir sa langue dans sa bouche,
04:10il ne faut pas la tourner cette fois avant de parler,
04:12mais néanmoins, c'est la voix de son maître,
04:13donc il est effectivement envoyé, il a des instructions,
04:17il obéit très bien aux ordres de Poutine.
04:20Et d'autre part, il y a quand même aussi Dimitri Peskov,
04:22qui est le porte-parole du Kremlin,
04:24qui, lui, nous précise, alors pour Medvedev,
04:28il n'y a pas le mot nucléaire, il parle de frappe.
04:30– Non, là, il n'en parle pas du nucléaire.
04:31– Mais il n'y a pas le mot nucléaire,
04:32mais les frappes pourraient aussi concerner l'Europe.
04:35Et donc, c'est à rapprocher de la modification
04:37d'une doctrine nucléaire russe qui a eu lieu, justement,
04:41à la fin de l'année 2024, où il disait qu'une attaque
04:45d'un pays non doté, mais avec le soutien logistique,
04:48par exemple, d'un pays doté qui aurait fourni les armes
04:51ou qui aurait financé les armes,
04:53pourrait être considérée comme une attaque conjointe,
04:56donc comme si c'était un pays doté,
04:58c'est-à-dire susceptible de recevoir l'arme nucléaire.
05:01Donc, il y a quand même un petit peu le nucléaire
05:02en filigrane derrière tout ça.
05:04Et en fait, la réalité, c'est que Poutine n'est pas content.
05:07Et pourquoi il n'est pas content ?
05:08Parce que les missiles Tomahawk,
05:11d'une part, il y a eu le militantisme diplomatique,
05:15on peut dire, d'Emmanuel Macron,
05:16qui a rencontré Keir Starmer.
05:18Il y a eu la proposition de Poutine de livrer les missiles Tomahawk,
05:24et puis la coalition des 30 pays volontaires.
05:26Donc tout ça, ça ne plaît pas vraiment à Poutine,
05:28qui espère en finir rapidement avec sa guerre,
05:30qui voudrait que ce soit facile,
05:31et qui donc menace l'Europe pour faire pression
05:34sur l'opinion publique européenne,
05:36avec cette question du nucléaire.
05:38Ça ne fait pas tellement peur, visiblement, aux Européens.
05:41Vous avez vu le tweet de Jean-Noël Barraud,
05:43le chef de la diplomatie française, ce matin.
05:45C'est fait, nous, Européens, adoptons ce matin
05:47des sanctions sans précédent contre la Russie
05:49et les pays qui la soutiennent.
05:51La France a joué un rôle décisif avec les États-Unis.
05:55Nous contraindrons Vladimir Poutine à un cessez-le-feu.
05:58On n'a pas tellement l'impression qu'il se laisse impressionner, là.
06:00Non, non, pas du tout.
06:02Heureusement, la position des Européens reste très ferme.
06:07Bon, maintenant, la question qui se pose derrière,
06:09mais est-ce que les Européens vont rester unis
06:12dans ce soutien à l'Ukraine qui perdure
06:18et qui, maintenant, prend des dimensions nouvelles ?
06:22Donc, voilà.
06:23La grande question qui se pose en ce moment,
06:27c'est comment les Européens vont rester unis
06:31pour soutenir l'Ukraine, sachant que...
06:33Avec les États-Unis, vous avez vu la précision de Jean-Noël Barraud.
06:36Alors, voilà.
06:37Donc, c'est aussi ça, la nouvelle dimension.
06:40Alors, quand on écoute Trump et qu'il dit
06:44qu'on va livrer, par exemple, des patriotes
06:46et que les Européens veulent acheter,
06:48on peut se dire, oui, mais bon,
06:50donc, ça veut dire qu'enfin,
06:53Trump commence à comprendre que l'Europe existe,
06:56d'une certaine façon, au moins dans ce conflit.
06:59On ne parle pas du commerce, c'est encore autre chose.
07:01Et on peut penser qu'il...
07:02Mais d'un autre côté, on sait très bien
07:04que Trump n'aime pas l'Europe.
07:06Et donc, lui, ce qui compte, c'est qu'il veut se débarrasser de cette guerre.
07:11Et dans ce contexte, la question des 50 jours de délai...
07:15Les 50 jours, c'est...
07:17Le fameux ultimatum lancé par Donald Trump,
07:2050 jours pour terminer la guerre, sinon, on lance les sanctions.
07:22Exactement. Mais c'est aussi le délai que s'est fixé Poutine
07:25pour en finir avec l'Ukraine.
07:27Vous voyez, donc, c'est quand même très ambigu.
07:29Donc, dans ce soutien des États-Unis,
07:31c'est quand même très ambigu.
07:32Bon, donc, il faut espérer que les Européens
07:34vont rester unis,
07:37et au moins que les pays
07:38comme l'Angleterre, l'Allemagne, la France,
07:41vont continuer à soutenir l'Ukraine
07:43de façon efficace.
07:45Parce que le problème, c'est ça,
07:47c'est qu'on parle beaucoup,
07:49il y a beaucoup de proclamations,
07:50il y a beaucoup de déclarations de soutien à l'Ukraine,
07:53mais en réalité, il y a peu,
07:55il n'y a quand même pas beaucoup d'effets sur le terrain.
07:57Ah, il n'y a pas beaucoup d'effets sur le terrain, malgré les...
07:59Non, puisque tout repose jusqu'à maintenant sur les États-Unis, quand même.
08:03Renaud Combi.
08:04Alors, c'est vrai que les États-Unis sont ceux qui fournissent les armes,
08:06mais je voudrais souligner que Trump, comment dire,
08:10utilise un petit peu l'Europe dans cette histoire
08:12de deux manières.
08:13D'abord, parce qu'il ne veut pas apparaître
08:15comme étant celui qui va en guerre,
08:16donc il dit, je donne les armes aux Européens,
08:20ce qui est très pratique,
08:21comme ça, si jamais il y avait des frappes en retour,
08:22ce n'est pas lui, c'est les Européens.
08:24Donc, en fait, il fait faire le sabreau à l'Europe,
08:27alors que c'est lui, finalement, qui a décidé de le faire.
08:29Donc, ce n'est pas très logique,
08:31et l'Europe se fait un peu manipuler
08:32ou avoir, entre guillemets, dans cette histoire.
08:35Et d'autant plus que Trump dit,
08:37d'un côté, je donne les armes pour l'Ukraine,
08:39et ensuite, il envoie la facture à l'Europe
08:41pour que ce soit nous qui payons.
08:43Donc, c'est facile, il décide,
08:46il prend tous les honneurs,
08:47si on gagne, il dit, c'est grâce à moi,
08:49et ensuite, il envoie la facture,
08:51et si jamais il y a une réponse en retour,
08:52on se prend des coups et que c'est des mauvais coups,
08:55eh bien, ça sera tout sur l'Europe
08:56et rien pour les États-Unis.
08:57Donc, l'Europe aurait intérêt, peut-être,
08:59à éclaircir sa relation aussi avec les États-Unis.
09:02– Je voulais qu'on réécoute
09:03le général Thierry Burkard,
09:05qui prend la parole, le chef d'état-major des armées,
09:07très rarement, et qu'il disait quand même
09:10la France, c'est la première cible de la Russie en Europe.
09:14On écoute.
09:15– Il y a la Russie qui a ouvertement désigné la France
09:18comme son premier adversaire en Europe.
09:20Elle est partie prenante de toutes les menaces
09:23et elle constitue à ce titre une menace,
09:25ou presque toutes, une menace durable,
09:28proche et qui est pour moi la plus dimensionnante.
09:30La Russie, probablement de par sa mentalité,
09:33mais aussi de par les moyens qu'elle a aujourd'hui
09:35à sa disposition, se positionne plus souvent
09:38en puissance de nuisance plutôt qu'en puissance de construction.
09:42La Russie développe vraiment une capacité de nuisance
09:45et elle le fait très très bien.
09:46Quand on parle de modèle d'armée complet,
09:48en fait, la Russie est un modèle d'armée complet,
09:51mais jusqu'au bout des ongles.
09:53– Donc quand Dmitri Medvedev propose de lancer
09:55des frappes préventives contre l'Occident,
09:57c'est la France qui est visée entre les lignes, ciblée ?
10:01– Oui, bien sûr que la France est visée.
10:02Bon, maintenant, est-ce que la France est visée en priorité ?
10:06Bon, il faudrait demander à Vladimir Poutine lui-même.
10:10Mais bon, il est évident que les pays européens,
10:13d'une façon générale, sont effectivement la cible.
10:15– Et pourquoi il n'aime pas les Français en particulier,
10:18la France en particulier ?
10:19– Parce que la France, en la personne de son président Macron,
10:24a quand même pris une position en pointe dans le soutien à l'Ukraine
10:28et dans l'effort pour essayer justement de constituer
10:32cette unité européenne pour soutenir l'Ukraine.
10:35Donc voilà, je pense que c'est le fait que la France,
10:38bon, ait été depuis le début,
10:42en fer de lance du soutien à l'Ukraine en Europe.
10:46Donc voilà, c'est une des raisons certainement pour lesquelles on est une cible
10:50peut-être privilégiée.
10:52– Oui, le général Burkhart est un grand général,
10:56comme le général Norman que nous avons aujourd'hui, bien sûr.
10:59Et il se trouve qu'il a servi, comme moi, à Djibouti,
11:03dans le cadre d'opération là-bas.
11:05– Thierry Burkhart ?
11:06– Thierry Burkhart, oui, absolument.
11:08Et moi, j'y ai fait mon service militaire,
11:09dans la marine, sur un aviso-escorteur pour surveiller le détroit d'Hormuz à l'époque
11:14et on a passé plusieurs mois à Djibouti.
11:16– Vous avez quelques secondes, pardon.
11:18– Oui, très rapidement.
11:19– Oui, eh bien, il s'agit d'un renouvellement des menaces nucléaires
11:27parce que militantisme administratif, diplomatique
11:33et puis la menace des missiles Tomahawk qui est renouvelée.
11:38Donc Poutine manifeste son mécontentement, une fois de plus, on a l'habitude.
11:43– Merci beaucoup, merci à tous les deux.
11:45– Sous-titrage ST' 501
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