Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 3 mois
Deux heures pour vivre l’info. Julie Hammett donne les clés aux téléspectateurs pour mieux comprendre les grands enjeux de la journée.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00On en vient désormais aux suites de la mort de ce streamer, diffuseur de contenu vidéo en direct sur Internet.
00:07Vivait-il sa meilleure vie, comme le disent certains de ses proches, ou était-il en réalité manipulé ?
00:12Pendant cinq ans, il s'est prêté à des scènes de torture, sévices, des humiliations, toujours dans le rôle de la victime,
00:20pour faire du clic, pour divertir son public. C'est en tout cas ce que disent certains de ses camarades.
00:25Plus d'une fois, j'étais vraiment au fond du trou, de les regarder, ça me faisait rire, et puis ça me faisait oublier mes problèmes.
00:34Il savait qu'il jouait un rôle, comme un peu tous, en stream, et qu'il était rémunéré pour ça.
00:40Je lui ai demandé plusieurs fois s'il voulait partir avec eux, faire autre chose, découvrir autre chose, faire sa vie.
00:46Il m'a dit que non, il reste, parce que ça lui fait plaisir, ce viewer, il l'aimait, il aime, c'est viewer.
00:50– Une enquête est donc en cours pour déterminer, Boris, si ces actes de violence sont la cause de son décès, il avait 46 ans.
00:59– Absolument, avec un acte d'enquête déterminant qui est en train de se dérouler en ce moment même,
01:06à savoir l'autopsie du corps de JP qui est donc pratiquée ce matin.
01:11On attend beaucoup, les enquêteurs attendent beaucoup, ainsi que le procureur de Nice de cette autopsie,
01:15pour savoir s'il y a des éléments qui prouvent qu'il y a bien, ou non, un lien entre les sévices que monsieur a subis et son décès.
01:23Donc, est-ce que ces sévices sont l'origine de sa mort ?
01:28Il y aura également des analyses toxicologiques, toute une batterie d'expertises qui vont être réalisées tout au fil de la journée.
01:34Mais le procureur de la République de Nice a annoncé qu'il communiquerait à l'issue de ces investigations, à l'issue de cette autopsie,
01:40pour savoir si les sévices ont une part, une responsabilité dans la mort de ce streamer.
01:47Et donc, de fait, si les personnes qui lui ont infligé ces sévices ont une part de responsabilité dans la mort de JP.
01:54– C'est justement l'autre interrogation.
01:56Était-il instrumentalisé juste pour faire du buzz, pour faire de l'argent, très concrètement,
02:01puisque ces contenus diffusés étaient payants ?
02:05Était-il manipulé, c'est ce que disent, d'autres proches de l'internaute décédé,
02:09interrogé par nos collègues de RMC ?
02:11– C'était quelqu'un de très gentil. Après, il était trop gentil.
02:15S'il lui restait 5 euros pour vivre et que vous étiez en galère, qu'il fallait 5 euros, il était prêt à vous les donner.
02:21Mais le problème derrière, c'est qu'il était extrêmement influençable.
02:25Quelqu'un d'un peu manipulateur ou de pervers narcissique pouvait prendre le contrôle sur lui assez facilement.
02:31Plusieurs fois, j'ai essayé de le contacter et quelqu'un me répondait.
02:35Ce n'était pas lui. Quelqu'un me répondait en me disant, arrête de poser des questions.
02:38« Laisse-le tranquille, il est bien avec nous ».
02:40Une fois, j'ai réussi à l'avoir. Une fois, c'était vraiment lui.
02:43J'avais dit, écoute, qu'est-ce que tu fous avec eux ?
02:46Et puis, d'après ce que j'ai compris, il était un peu bloqué avec eux.
02:50Pour moi, clairement, c'est des gens qui ont abusé de sa gentillesse.
02:53Bonjour Nathalie Théiot.
02:56Merci d'être avec nous.
02:57Vous êtes avocate au Barreau de Paris et présidente nationale de la Ligue des droits de l'homme.
03:01La Ligue des droits de l'homme qui avait d'ailleurs alerté concernant ses contenus il y a plusieurs mois déjà.
03:06Grâce à Mediapart qui avait fait un gros travail.
03:09Et c'est à ce moment-là qu'on s'est rendu compte de ces violences, de cette humiliation quotidienne.
03:14Et donc, on a saisi effectivement l'ARCOM le 13 février 2025.
03:20Sur les vidéos de cet internaute en particulier ?
03:22Oui, c'est exactement sur ces streamers-là.
03:26Et nous avions déterminé le fait qu'il y avait bien des violences de commis, c'est-à-dire des infractions.
03:32Y compris puisqu'il y a une personne, ils étaient deux à être frappés et humiliés de façon récurrente.
03:38Et on avait dit qu'une des personnes est handicapée.
03:41Donc, en plus, les violences étaient aggravées.
03:43Il faut bien savoir qu'en droit pénal, le consentement de la victime n'est jamais un fait justificatif.
03:49En tout cas, lorsqu'il s'agit simplement de violence.
03:53Je ne parle pas dans d'autres cas de figure, mais la violence en plus aggravée, il n'y a pas de toute façon de fait justificatif.
03:59C'est-à-dire qu'à aucun moment, lui ou alors ses collègues ne peuvent dire qu'on le faisait avec le consentement de chacun.
04:08Tout à fait. Ça n'est jamais pris en compte par la justice en pénal.
04:11Je ne dis pas aux civils, je parle en pénal. L'infraction étant commise, le fait que la personne est consentie n'a aucune espèce d'importance.
04:19C'est la question du consentement qui est en question, d'ailleurs.
04:21Certains disent qu'il le faisait de lui-même, de son plein gré, parce que ça lui plaisait d'avoir son public.
04:26Certains disent qu'il était manipulé, finalement.
04:30Mais quelle que soit en réalité la raison, ce n'est pas possible de faire ça.
04:34Parce que, comme vous le disiez, maître, on n'est pas dans le domaine contractuel, on est dans le domaine de l'ordre public.
04:38Au pénal, le consentement de la victime, vous donner la mort à quelqu'un qui est en phase terminale d'une maladie,
04:44même si l'on est d'accord, c'est toujours une infraction pénale.
04:46C'est pareil, par exemple, en droit administratif.
04:48Rappelez-vous de l'affaire de Morson-sur-Orge avec le lancé de nains.
04:51Cette activité ludique, on va dire, qu'il y avait lieu dans les années 90,
04:55qui consistait à lancer un nain et celui qui le lançait le plus loin gagnait.
04:59Il y avait une affaire dont le Conseil d'État avait été saisi, tout le monde était d'accord,
05:02l'organisateur, évidemment le nain parce qu'il gagnait beaucoup d'argent,
05:06et le Conseil d'État avait dit qu'on ne peut pas porter atteinte à sa dignité,
05:11et on est tout à fait dans ce cas-là, même avec le consentement de celui qui est considéré comme une victime.
05:15Parce que le Conseil d'État avait décidé, c'est autre chose, l'administratif, c'est complètement différent,
05:21mais le Conseil d'État avait décidé, et c'est à la suite d'une décision du Conseil constitutionnel de 1994,
05:26qui a érigé le principe de la protection de la dignité de la personne humaine en principe à valeur constitutionnelle.
05:33Et en 1995, le Conseil d'État a dit, le fait que ce soit contraire au principe de dignité de la personne humaine,
05:40ça rentre dans l'ordre public, et de ce fait, c'est une composante de l'ordre public, on peut interdire.
05:46Alors, on ne peut pas faire ça, et pour autant, il le faisait.
05:50Vous aviez alerté, vous aviez alerté qui d'ailleurs ?
05:52On a alerté de l'ARCOM, c'est-à-dire qu'on a fait une saisine de l'ARCOM, on a bien reçu d'ailleurs l'accusé de réception.
05:59Le problème, c'est que ce sont les délais de traitement, et je pense que c'est un vrai problème de manque de moyens.
06:04Parce que c'était quand, votre alerte ?
06:06C'était en février, et nous n'avons pas encore eu de réponse jusqu'à présent.
06:11Mais le problème, c'est que les précédentes saisines que nous avions faites sur d'autres dossiers, c'est à peu près 6-7 mois de délai de traitement.
06:19Et après, on a effectivement non seulement une réponse, mais il y a par exemple des mises en garde de chaînes de télévision, etc.
06:24Donc il y a bien un traitement de l'affaire.
06:26Mais je dirais qu'aussi bien au pénal, c'est-à-dire les magistrats, que l'ARCOM, là c'est autre chose, c'est une autorité, le problème, ce sont les manques de moyens.
06:35Mais il n'y a pas de caractère d'urgence, parce que l'ARCOM peut être saisie pour tout un tas de choses, mais en l'occurrence, là, il y avait danger.
06:41Oui, mais encore faut-il traiter le dossier.
06:43Et c'est le voir, puisque c'est dans notre saisine, évidemment, on ciblait les cas de violence, puisque je vous disais, ce sont des infractions.
06:51Donc à partir de là, il y avait la possibilité d'aller plus vite.
06:54Mais là aussi, je me dis, pourquoi la ministre, parce que j'ai appris que Mediapart avait également écrit à la ministre,
07:00pourquoi n'a-t-elle pas saisi immédiatement l'ARCOM ?
07:03Et à ce moment-là, ça aurait accéléré, effectivement, le processus de vérification des faits et d'action.
07:11Oui, parce qu'on saisit l'ARCOM, d'accord, mais quand il y a urgence, qu'on assiste à de tels contenus diffusés en direct,
07:18d'hommes violentés au quotidien, toujours le même, en l'occurrence.
07:21Alors, ils étaient deux, mais enfin, c'était toujours les mêmes qui étaient dans ce rôle-là, des humiliations, des actes de torture.
07:27Oui, oui, des actes qui peuvent être assimilés, effectivement, à des actes de torture.
07:30Alors, après l'autopsie, on n'a pas encore les résultats de l'autopsie.
07:35Il peut s'agir, parce que je crois que c'est une vidéo qui a duré 12 jours, on continue.
07:39On voit JP, il ne donne pas l'impression d'être d'une constitution physique extrêmement solide.
07:45C'est peut-être une mort provoquée, j'allais dire simplement par la fatigue, par un arrêt cardiaque.
07:50Mais après, c'est une question de qualification des faits.
07:53Est-ce qu'il s'agit d'une mort de violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner ?
07:58Est-ce qu'il s'agit, on va dire, d'une mort qui est devenue naturelle simplement par de la fatigue imposée par un cadre d'émission ?
08:07Pour le moment, effectivement, c'est impossible à dire.
08:10Mais pénalement, la vulnérabilité de la victime est une circonstance aggravante.
08:16Et en plus, le fait, par exemple, que la personne, il y ait des causes naturelles, des maladies ou autres,
08:22qui ont fait que finalement, le résultat, la mort en est advenu, ça ne change rien.
08:29C'est juste ce qu'on appelle du dole dépassé.
08:32C'est-à-dire que c'est aller au-delà de ce que voulaient les personnes.
08:35Mais il n'empêche que l'auteur de violences répond de l'intégralité de ce qui s'est passé, des conséquences qui ont eu ces violences.
08:43Intéressant. Merci beaucoup. Merci à tous les trois d'être venus sur le plateau de BFM TV.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations