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  • 16/12/2023
Avec Jean Doridot, docteur en psychologie, fondateur de l’application Zenfie et auteur du livre Le bonheur est une science exacte (Larousse).

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Transcription
00:00 Sud Radio, ça va mieux en le disant, Jean Dorido.
00:05 Bonjour Jean. Bonjour Jean-Marie, bonjour à tous.
00:08 Docteur en psychologie, fondateur de l'application Zenfi.
00:11 Alors Jean, on ne va pas se le cacher, l'actualité de ces derniers mois n'est absolument pas réjouissante
00:16 entre le conflit israélo-palestinien, l'antisémitisme en France, la guerre en Ukraine, les attaques au couteau, les attentats en France.
00:23 Et bien ce matin, vous nous parlez d'une pratique étudiée par les chercheurs.
00:26 Ça s'appelle en anglais, c'est très moche, le "doom scrolling" Jean.
00:31 Qu'est-ce que cette pratique qui d'après vous est dangereuse ?
00:33 Alors comme vous l'avez dit Jean-Marie, c'est de l'anglais, en fait c'est un terme anglo-saxon,
00:38 le "doom scrolling" qui vient de "doum" qui signifie "ténèbre".
00:42 Et le "scrolling" vous savez, c'est ce terme qui consiste à faire défiler des informations ou des images sur un écran de smartphone.
00:50 On parle du verbe "scroller" en français.
00:53 Et donc typiquement le "doom scrolling", c'est cette pratique qui consiste à lire les informations concernant un fait divers, une catastrophe, un attentat, vous l'avez dit,
01:02 sur les réseaux sociaux et de scroller sans s'arrêter.
01:05 Parce que c'est la différence si vous voulez entre les traditionnelles chaînes d'info et les réseaux sociaux, c'est qu'il n'y a pas de fin.
01:11 Vous pouvez faire défiler les informations comme ça.
01:14 Les chaînes télé aussi font défiler les mêmes informations toutes les heures.
01:18 Au bout d'un moment, le spectateur ou la spectatrice assidue se rend compte que c'est en boucle et que ça revient.
01:22 Alors que là sur les réseaux sociaux, il y a des personnes qui vont pouvoir aller dans le détail, pouvoir trouver toujours plus d'informations.
01:29 Et donc si vous voulez, c'est un souci parce que les personnes qui sont au départ un peu fragiles, ça va augmenter bien sûr l'anxiété et c'est un problème pour la santé mentale.
01:40 Et ce qui est formidable, c'est que pendant des décennies, on a dit que la télé rendait accro.
01:43 Maintenant, on se rend compte que les réseaux sociaux sont encore pire.
01:45 C'est l'image qui rend accro.
01:47 Justement, mon cher Jean, est-ce que les risques de cette pratique sont avérés scientifiquement ?
01:51 Alors si vous voulez, aujourd'hui, vous l'avez dit Jean-Marie, les chercheurs regardent ça de très très près.
01:55 Alors pour le moment, il n'y a pas, si vous voulez, de rapport de cause à effet qui soit vraiment démontré par A+B.
02:01 En revanche, ce qui est bien bien avéré, bien établi aujourd'hui, c'est que si vous prenez une personne qui au départ est un peu fragile,
02:08 qui souffre de troubles anxieux, qui présente un syndrome dépressif léger,
02:12 et bien là, oui, c'est avéré, le fait de "doomscroller", si j'ose dire, ça va accentuer les problèmes, ça va vraiment mettre en danger sa santé mentale.
02:20 Et il y a un public particulièrement concerné, ce sont les jeunes dont on sait qu'ils ont particulièrement souffert psychologiquement
02:27 de la période de pandémie de Covid-19 et des confinements successifs.
02:31 Ça les a vraiment atteints, ça c'est quelque chose avec le cerveau et puis la vie sociale.
02:35 Et du coup, là, c'est vraiment un souci parce que ça aggrave les situations déjà difficiles au départ.
02:40 Et ça fait beaucoup. Alors attention, surtout si vous êtes plus jeune que vous nous écoutez sur Sud Radio.
02:44 Mais Jean, on ne va pas se mentir, on a tendance à être plus intéressé par les mauvaises nouvelles, en tout cas en journalisme.
02:49 On le sait bien. Est-ce que les psychologues savent d'où vient le fait qu'on s'intéresse surtout aux trains qui arrivent en retard ?
02:55 Alors écoutez, oui, il y a quand même une théorie qui semble assez solide, c'est d'aller voir la psychologie darwinienne, la psychologie de l'évolution.
03:02 Comme nos ancêtres homo sapiens, chasseurs-cueilleurs, étaient quand même dans un environnement ultra hostile avec des prédateurs dans tous les coins.
03:09 Notre cerveau, une sélection naturelle a sélectionné les spécimens de l'espèce qui était justement, oui, qui était vraiment capable d'apporter plus d'attention
03:18 à ce qui était dangereux. Et précisément, des dizaines de milliers d'années plus tard, forcément, il y a moins de prédateurs et le cerveau, lui, n'a pas changé.
03:27 C'est une forme de vigilance à l'ours des cavernes. Alors Jean, comment on peut lutter contre cet instinct naturel ?
03:33 Eh bien écoutez, de façon très pratico-pratique, lever le pied sur le smartphone, simplement pour quelques chiffres,
03:39 si vous voulez, pour une mesure de l'ampleur du sujet. En France, on consulterait en moyenne, en moyenne, un smartphone 221 fois par jour
03:47 et en moyenne, un utilisateur lambda des réseaux sociaux déroule 90 mètres d'informations, ce qui équivaut à la statue de la liberté.
03:56 Donc c'est une moyenne. 90 mètres d'informations pour dérouler sur notre smartphone.
04:00 Oui, la taille de smartphone, voilà, 90 mètres. C'est une moyenne. Il y en a qui font la tour Eiffel, à mon avis, tous les jours.
04:06 Donc c'est vrai que si vous avez le sentiment que c'est un petit peu toxique pour vous, levez le pied, mettez en veille le smartphone et allez prendre l'air, ça fait du mieux.
04:13 Revenez à votre bon vieux Nokia, j'imagine. Merci beaucoup Jean Dorido. Je rappelle votre livre, il ne fait pas 90 mètres mais il est intéressant,
04:19 ça s'appelle "Le bonheur est une science exacte", c'est publié chez Larousse. A bientôt.
04:22 A bientôt Jean-Marie.

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