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  • il y a 10 heures
Nicolas Sordet, directeur général d'Afyren, était l'invité de Laure Closier dans French Tech, ce lundi 15 décembre. Il parle de chimie verte et de fermentation biomimétique, dans Good Morning Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00On va parler de chimie verte, de fermentation biomimétique.
00:03Notre invité c'est Nicolas Sordet.
00:05Bonjour, vous êtes le directeur général d'Aphiren.
00:08Vous avez une bioraffinerie unique au monde.
00:11Racontez-nous exactement ce que vous faites.
00:13Alors déjà, je vais expliquer un petit peu le contexte.
00:15Aujourd'hui, à peu près tous les objets qu'on utilise au quotidien,
00:19ils proviennent de la chimie du pétrole.
00:21C'est cette chimie-là qui permet de fabriquer ces objets.
00:24Chez Afiren, on va produire certaines molécules,
00:26les mêmes que ce que fait la chimie,
00:28mais pour certaines spécificités.
00:30Et surtout, on va les fabriquer de façon complètement naturelle, biosourcée.
00:33On va utiliser des résidus de l'agriculture,
00:36notamment du sucre, pour faire ces molécules.
00:38Donc on va aller voir nos clients, on va leur dire
00:39vous utilisez cette molécule dans votre ingrédient,
00:42pour votre produit, prenez la nôtre, elle est naturelle.
00:45Alors c'est génial parce que ça va vous aider à baisser
00:46votre empreinte CO2.
00:48Donc vous allez faire des économies,
00:49ça va améliorer votre image de marque,
00:51ça va fédérer vos équipes parce que vous luttez un peu contre...
00:54Et c'est la même.
00:54Et c'est la même.
00:55Sauf qu'en plus, elle a la même...
00:57C'est-à-dire, performance technique,
01:00ce qui est bien parce que le pétrole,
01:01ça fait des dizaines d'années qu'ils travaillent sur leur process,
01:04on va donc avoir exactement la même molécule à la fin.
01:08Et donc, ils vont pouvoir se diversifier
01:09par rapport à la concurrence
01:11en utilisant les molécules de la firine.
01:12Et la preuve, c'est qu'avant de construire notre usine,
01:15on avait déjà signé 165 millions d'euros de contrats
01:17de clients qui étaient motivés par notre technologie.
01:21Alors expliquez-nous comment vous faites.
01:22Parce que vous dites, on part de résidus agricoles,
01:25donc de l'industrie sucrière notamment,
01:27de la betterave, j'imagine.
01:29Tout à fait.
01:29Qu'est-ce que vous faites avec ça ?
01:31Et comment vous transformez ça en un substitut du pétrole ?
01:33Alors on a à la fois un savoir-faire en chimie,
01:36mais aussi en microbiologie.
01:38On va commencer par une fermentation qui est 100% naturelle,
01:41qui va nous permettre de recycler l'eau,
01:44tous les résidus, donc on n'a pas de déchets.
01:46Ensuite, on a développé une technologie
01:47qui va nous permettre d'extraire nos molécules
01:49de leur fermentation,
01:50et de les mettre au standard du marché,
01:52et d'aller les vendre à nos clients.
01:52avec les bonnes puretés,
01:55toutes les bonnes spécifications.
01:56Mais ça se transforme en quoi ?
01:57Les clients qui sont quoi ?
01:59Alors justement, le matin,
02:00vous prenez votre pain de mie,
02:01vous faites un petit toast avec du beurre,
02:03du jus.
02:04Là, vous allez utiliser certains ingrédients
02:06que nous, on va pouvoir fabriquer.
02:07Un conservateur alimentaire,
02:08le pain de mie, vous l'avez dans un sachet en plastique.
02:10Si vous ne mettez pas un conservateur,
02:12il va moisir en deux jours.
02:14Et nous, on dit à nos clients,
02:15regardez, c'est magnifique,
02:17c'est naturel,
02:18c'est mieux pour vos clients,
02:19vous allez pouvoir valoriser ça en termes d'image.
02:21Et pour nous, on est les seuls au monde à faire ça.
02:24Et donc, c'est tout un tas d'applications comme ça
02:26qui vont servir à nos clients.
02:27C'est vrai dans la cosmétique,
02:28c'est vrai dans la pharma,
02:29c'est vrai dans la nourriture humaine,
02:31en nourriture animale pour remplacer les antibiotiques.
02:33Donc, il y a une multitude d'applications.
02:34Et avec quel coût ça coûte aussi cher que le pétrole ?
02:36Alors ça, c'est intéressant,
02:37parce que le sujet du coût,
02:39il est à mettre en face du bénéfice aussi pour nos clients.
02:42Alors, dans la chimie,
02:43si vous faites des molécules
02:45qui vont faire des centaines de milliers de tonnes
02:47ou des millions de tonnes,
02:47on ne sera pas compétitif.
02:49Pour faire du PVC
02:50ou pour faire des applications de base,
02:52ça n'a pas vraiment d'intérêt.
02:53Notre usine fait 16 000 tonnes,
02:55ce n'est pas notre secteur.
02:56Donc, vous n'allez pas fabriquer du plastique ?
02:57On pourrait, du bioplastique,
02:59mais oui, le sujet,
03:00c'est comment est-ce que vous allez segmenter votre marché.
03:03Et dans l'alimentaire,
03:04dans la pharma, dans la cosmétique,
03:05il y a des applications dans lesquelles
03:07on va être compétitif par rapport au pétrole,
03:09puisque les volumes sont un peu plus faibles,
03:10mais surtout, on apporte quelque chose de plus.
03:12Donc, on valorise ce qu'on apporte en plus à nos clients.
03:14Donc, la question,
03:14c'est vraiment celle du passage à l'échelle.
03:15C'est souvent ça.
03:16On a beaucoup d'invités autour de la chimie verte
03:18et à chaque fois, on est émerveillés
03:19parce qu'ils nous présentent des prototypes
03:20et des technologies.
03:21On se dit, wow, c'est génial.
03:22Là, on a une alternative potentielle au pétrole.
03:25Mais c'est comment est-ce que je fais pour derrière scaler ?
03:27Comment est-ce que vous allez faire ?
03:28C'est compliqué, cette histoire de scalabilité
03:32parce que vous avez un certain nombre de choses
03:34à mettre en place au même moment
03:35et surtout dans les mêmes proportions.
03:37Il faut que vous ayez une technologie
03:38que vous avez simplifiée au maximum.
03:39Il faut qu'elle soit innovante,
03:40donc un peu complexe,
03:41mais de la simplifier pour la passer à l'échelle.
03:43Il faut que vous ayez les compétences qu'il faut,
03:46que ce soit au niveau technique
03:47et vous allez passer de la R&D,
03:48parce qu'on a commencé, nous, au labo,
03:50dans des tubes à essai.
03:51Donc, il faut que vous ayez des compétences R&D
03:52puis qu'elles changent pour devenir industrielles.
03:54Il faut que vous ayez du financement
03:55parce que c'est du CAPEX,
03:57ça prend du temps
03:57et il faut que vous ayez des clients.
03:59Donc, vous avez cette histoire de compétitivité
04:00et de déboucher marché.
04:02Et ça, il faut arriver à le gérer à travers le temps
04:04pour être capable de développer
04:05et de mettre à l'échelle.
04:06Il faut les ressources aussi
04:07parce que vous récupérez des déchets agricoles,
04:09mais est-ce qu'il y a suffisamment de déchets
04:10dans le monde
04:11pour pouvoir générer énormément ?
04:14Oui, ça, ça, voilà.
04:14Par exemple, nous, on utilise les résidus.
04:16On parle de résidus du sucre.
04:18C'est des volumes qui sont très importants
04:20par rapport à ce qu'on consomme.
04:21C'est...
04:22Voilà, ça reste...
04:23Ce n'est pas un challenge.
04:23Et en plus, notre techno peut s'adapter
04:25à d'autres déchets
04:26si on va, par exemple, en Asie,
04:28on travaille en Thaïlande
04:29ou aux États-Unis
04:29ou en Amérique du Sud.
04:31Donc là, on a ce bénéfice-là.
04:32Et aujourd'hui, effectivement,
04:33on a relevé des fonds...
04:35Avec un de vos clients ?
04:36Avec un autre client.
04:37C'est Kemin ou Kemin Industrie ?
04:39Kemin Industrie ?
04:39Là, on est dans quel secteur ?
04:40Alors, eux, c'est une boîte familiale américaine
04:43avec qui on a développé des relations
04:45depuis déjà une dizaine d'années
04:47qui sont nos clients,
04:48donc qui comprennent ce qu'on fait.
04:49Ils connaissent nos marchés,
04:50ils connaissent nos...
04:51Ils utilisent nos produits.
04:52Ils ont early adopters
04:54puisqu'ils ont signé des contrats
04:55très tôt avec nous.
04:56Et en fait, c'est un moment important
04:58parce que nous, on a besoin...
05:00On passe vraiment à cette échelle industrielle.
05:01Donc d'avoir un industriel avec nous
05:03qui nous accompagne,
05:03qui va nous aider finalement à accélérer.
05:06Ils sont pragmatiques,
05:07ils prennent des risques.
05:08Donc ça, c'est bénéfique.
05:09Ils prennent 23% du capital
05:10contre 23 millions d'euros, donc...
05:1220 millions d'euros.
05:13Et on a le fonds Large Venture
05:15de BPI France
05:15qui nous a renouvelé son confiance.
05:16Ils avaient investi lors de l'IPO
05:18et ils participent aussi
05:19à ce tour de table.
05:20Et donc, nous, ils viennent mettre finalement...
05:22J'ai des euros de là
05:22ce qu'ils peuvent nous apporter
05:23en termes de business,
05:24de géographie
05:25et de connaissances industrielles.
05:27C'est un marqueur très fort
05:28sur ce qu'on fait.
05:30Ils connaissent la techno,
05:31ils la comprennent,
05:32ils savent ce qu'on est en train de faire,
05:33ils ont besoin de nos produits
05:33et ils veulent investir
05:34pour nous aider à grossir.
05:35Et donc, l'étape d'après,
05:37c'est quoi ?
05:37Ça va être de construire des usines de...
05:39Je ne sais pas comment vous appelez ça,
05:39des usines de fermentation
05:40un peu partout dans le monde.
05:41Quelle forme ça prend d'ailleurs,
05:42ces usines ?
05:43C'est quoi ?
05:43C'est des grosses cuves ?
05:44Alors, vous avez des cuves.
05:45Effectivement, il y a deux parties.
05:46Il y a une partie avec des cuves
05:47qui ressemblent un peu
05:47à ce qu'on fait
05:48dans la méthanisation,
05:49dans le biogaz.
05:50Et après, vous avez des choses,
05:51voilà, on peut le voir sur la photo,
05:53c'est un peu comme dans la chimie.
05:56On va faire de la distillation.
05:57Il y a beaucoup de tuyaux partout.
05:59Il y a pas mal de tuyaux,
06:00effectivement.
06:01Donc, on va être capable de...
06:02C'est ça, notre business model,
06:04c'est de fournir à nos clients
06:05ces molécules,
06:06donc d'être industriel,
06:07de dupliquer nos usines.
06:08Là, l'idée,
06:09c'est que notre usine,
06:10aujourd'hui,
06:11et c'est l'objet de cette levée de fonds,
06:12on va réinvestir
06:13pour optimiser cette usine-là
06:14pour produire des centaines de torrents.
06:16Aujourd'hui, on vend à nos clients,
06:17mais là, l'idée,
06:18c'est d'accélérer pour faire
06:19des milliers de tonnes assez vite.
06:20Et ensuite, c'est de dupliquer ça
06:21à travers le monde,
06:23en France aussi,
06:24pour répondre à nos besoins
06:25et aux besoins de nos clients.
06:27C'est des milliards d'euros
06:28de chiffre d'affaires potentiellement.
06:29Vous, vous n'êtes pas chimiste.
06:30Vous nous avez raconté pendant la pub
06:31que vous venez de la finance de marché
06:32et que vous avez changé
06:33complètement de voie.
06:34Tout à fait.
06:35C'est vrai que c'est
06:36un parcours de vie
06:37assez intéressant
06:39et je n'aurais pas imaginé
06:40un jour pouvoir être
06:41dans un métier si industriel.
06:43C'est passionnant.
06:45Et c'est la rencontre de chimistes
06:45qui vous a fait basculer.
06:47C'est la rencontre
06:47avec mes co-associés.
06:49J'ai trouvé que ça avait du sens
06:50d'essayer d'améliorer les choses,
06:52de lutter un petit peu
06:52contre le réchauffement.
06:54Et je trouve que ce qu'on fait
06:55dans la finance,
06:56finalement, de marché,
06:57j'ai pu m'en servir
06:58dans mon expérience-là
07:00puisqu'on a levé des fonds pas mal
07:01dans la gestion d'une entreprise.
07:03Merci beaucoup Nicolas Sordel
07:04qui est venu ce matin
07:04dans la matinale de l'économie.
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