- il y a 18 minutes
DB - 13-12-2025
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00:01:06Ça va derrière ?
00:01:08Ça va.
00:01:10À part notre ami qui ne sourit guère.
00:01:12Oui, oui, vous ne vous occupez pas de moi, je vous demande rien.
00:01:15On demande qui connaît la route, le collègue.
00:01:17C'est vrai, on gagne demi-heure sous les routes du bas.
00:01:21Ah ouais ?
00:01:22C'est votre avis ?
00:01:24Si vous ne voulez pas qu'on vous parle, dites-le. Je comprends très bien quand on conduit.
00:01:29Non, vous comprenez, les virages à 16h-ci changent de figure.
00:01:32Avec la neige en plus, j'aime autant faire attention.
00:01:35Alors évidemment, la conversation pâtit.
00:01:37C'est vrai qu'un virage, par un temps pareil, il n'est pas comme d'habitude.
00:01:41Il ne mesure pas la même longueur.
00:01:42Il y en a qui rallongent et d'autres qui rafourcissent.
00:01:45À cette allure-là, je les vois surtout s'allonger.
00:01:48Appuyez donc un peu plus sur le champignon.
00:01:49Mais c'est sérieux ce que vous lui demandez là, dites-le.
00:01:52Toute l'année, on fait la chasse aux imprudences.
00:01:55Et au moment du verglas, du pire de tout, là, vous lui demandez de prendre des risques.
00:01:58Alors c'est raisonnable, dites-le.
00:02:00Ce n'est pas pour moi, mais je pense que notre ami est pressé de retrouver ses petites habitudes, ses copains.
00:02:07Je me trompe, Viola ?
00:02:10Tu n'es pas pressé de retrouver ta cellule et de manigancer une nouvelle évasion et tout recommencera ?
00:02:15Jusqu'à temps qu'on te replique.
00:02:16Comme ce soir.
00:02:18C'est la troisième ou la quatrième fois ?
00:02:19Toujours la même, je ne l'énumérote pas, c'est toujours la même qui recommence et un jour ça réussira.
00:02:24Il est têtu.
00:02:26Oui, têtu.
00:02:28Ce coup-ci, ça a bien failli marcher, un jour de plus, vous ne m'auriez pas revu.
00:02:31Seulement voilà, on t'a revu.
00:02:33Ça m'en serait bien passé d'ailleurs.
00:02:38Pourquoi tu souris ?
00:02:40Gâcher la nuit de Noël de trois flics dans un sens aussi emmerdé qu'on soit, ça compense presque.
00:02:49Tu craineras moins dans une petite heure, beaucoup moins.
00:02:53Manquait plus que ça, tiens.
00:03:16Ça patine de plus en plus.
00:03:18Ouais, mais ça fait déjà un bon moment.
00:03:24Puis on n'y voit plus.
00:03:28À votre avis, où sommes-nous exactement ?
00:03:30À mon avis, c'est pas du tout.
00:03:32Il y a quelques minutes que nous avons passé les Moulineaux, nous devons être au sud de l'ancienne ferme Ginesté.
00:03:38Tu sais ça, toi.
00:03:40Ouais.
00:03:41Et il a raison, c'est ça le plus fort.
00:03:43Ça me revient à présent, j'ai cru apercevoir la chapelle fleurée.
00:03:46Ouais, ouais.
00:03:46Mais dites-donc, la ferme Ginesté elle a brûlé il y a douze ans.
00:03:50J'ai dit l'ancienne ferme.
00:03:52Tu m'as l'air drôlement bien renseigné, toi, pour un garçon.
00:03:54Je voulais vous dire, inspecteur, le tutoiement, c'est pas réglementaire.
00:03:58Alors si ça vous fait rien, vous, si vous y tenez, j'y tiens.
00:04:05Évidemment, quand nous serons seuls, je ne pourrai rien contre votre buflerie,
00:04:09mais devant ces messieurs, soyez correct.
00:04:13Sinon, j'aurai recours à leur témoignage.
00:04:15Et vous savez comment ils sont, les gendarmes ?
00:04:17Ah ouais ? Et qu'est-ce qu'ils sont de spécial ?
00:04:20Assermentés.
00:04:21Très bien.
00:04:26Je note simplement et devant les deux mêmes témoins assermentés
00:04:29que par erreur et sans aucune intention blessante de ma part,
00:04:33je vous tutoie depuis que je vous ai mis la main dessus,
00:04:35c'est-à-dire environ trois heures.
00:04:38Hum, je suis patient.
00:04:40Mais vous ne vous en formalisez qu'au moment où, en quelque sorte,
00:04:43vous en avez trop dit.
00:04:44Une petite diversion à mon sens, non ?
00:04:47Cette ferme qui a brûlé il y a douze ans
00:04:49et que vous situez malgré tout parfaitement dans la nature,
00:04:51elle m'intrigue beaucoup.
00:04:52En vrai, je sais, il y a de plus en plus de gens
00:04:54qui s'intéressent aux vieilles pierres.
00:04:59Je pourrais avoir une cigarette ?
00:05:01Pas très réglementaire, hein ?
00:05:05Je ne suis pas formaliste.
00:05:07Ni rancunier.
00:05:10Excusez-moi de vous laisser les menottes.
00:05:13Pas formaliste, mais prudent.
00:05:14Voilà.
00:05:16Pour la ferme, il n'y a pas de mystère.
00:05:17Ma mère m'écrivait toutes les nouvelles.
00:05:19Et une ferme qui brûle dans la région,
00:05:20c'en est une.
00:05:21Même pour un type qui la reçoit en prison.
00:05:26Mais braquez, bon sang, braquez à gauche,
00:05:27vous allez nous balancer dans...
00:05:29Merde, merde, merde, merde, merde, merde, merde, merde, merde, merde, merde, merde !
00:05:50Oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh.
00:06:20Oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh.
00:06:50Oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh.
00:07:20Oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh, oh.
00:07:27Donnez-lui des petites tapes sur la figure, des petites tapes.
00:07:31Ou même des grandes.
00:07:32Ça lui apprendra à me faire peur et gueuler comme un goret.
00:07:35J'ai soif.
00:07:36J'ai soif.
00:07:37Oh, c'est mauvais. Oh là, mauvais signe. Il a dû se péter quelque chose. La soif, c'est très mauvais signe.
00:07:41Vous vous ferez bien là ?
00:07:42Non, non, non. Pas tellement.
00:07:44Mais remets-vous. Comment voulez-vous le savoir si vous n'essayez pas ?
00:07:45Oh, c'est mon genou. C'est... C'est mon genou qui a pris.
00:07:52Et ça fait mal, le genou. Moins que le coude, mais plus que la cheville, parce que le genou...
00:07:56Non, si c'est tout ce que vous avez à dire, hein. Vous nous avez mis dans une situation impossible.
00:08:00Est-ce que nous pouvons partir ?
00:08:01Vous avez bien vu, j'ai essayé. Rien à faire.
00:08:02Mais il faut pourtant en sortir.
00:08:03J'ai la congéeur à plein la tête, moi. C'est tout de même malheureux. Avec l'attraction, ils tournaient toujours trop tard.
00:08:09Et c'est comme ce coup-ci, par exemple...
00:08:10On discuterait plus tard, tous les deux. Téléphonez plutôt à la brigade, pour qu'on vienne nous chercher.
00:08:23Mike 24 ? Mike 24 ? Mike 24, unité 80, me recevez-vous ?
00:08:31Mike 24 ?
00:08:33Mike 24, unité 80, me recevez-vous ?
00:08:37Me recevez-vous ?
00:08:40Elle répond pas.
00:08:43C'est pas étonnant, pas un choc pareil.
00:08:45Eh ben, nous-là, propre.
00:08:48Oh là là là là là là là...
00:08:50Bon.
00:08:52Voilà ce que nous allons faire.
00:08:54Je reste avec Viola, pendant que vous allez chercher du secours.
00:08:56Du secours ?
00:08:57Mais dites, par un temps pareil, il est foutu de reneiger.
00:09:00Vous croyez pas qu'on me ferait mieux d'attendre qu'il passe une voiture ?
00:09:03Mais s'il en passe pas, j'ai l'impression qu'il y aura pas beaucoup de circulation sur cette route maintenant.
00:09:06Les gens passeront en bas, surtout s'il neige.
00:09:08Mais à mon idée, ça fait une promenade d'au moins 5 ou 6 kilomètres.
00:09:11Bah, raison en plus pour pas perdre de temps, je suis responsable du prisonnier.
00:09:14Il est blessé, et puis nous n'en avons pas 36 solutions.
00:09:17Après tout, c'est l'histoire d'une mauvaise heure à passer, non ?
00:09:19Ah ben, mon vieux.
00:09:21Bon.
00:09:22Où est mon képi ?
00:09:24Tiens.
00:09:25Tiens, mais je suis assis dessus.
00:09:27Oh ben, bravo, il est propre.
00:09:29Ma femme va croire que j'ai commencé le réveillon.
00:09:31Faut le réveillon, oui.
00:09:32Allez, viens.
00:09:34Attends, je prends la torche.
00:09:40Qu'on n'aille pas se perdre en plus.
00:09:43Ah oui, oui.
00:09:44Je te l'avais dit.
00:09:46Bon, allez, Romain, tu arrives ?
00:09:48On y va.
00:09:49Ouais.
00:09:49Tiens, j'ai froid, hein ?
00:10:00Attendez.
00:10:09Bien.
00:10:12Il y a encore quelque chose d'ouvert.
00:10:18Je vois rien.
00:10:19Si je passais devant, vous pourriez poser votre jambe sur la banquette ?
00:10:24Ah oui, je veux bien.
00:10:28Moi, je ne crois pas qu'il y ait quelque chose de cassé.
00:10:30C'est simplement une vieille entorse qui réapparaît chaque fois que je fais un faux mouvement un peu brutal.
00:10:34Pour ce qui est de la brutalité, nous on gâtés.
00:10:36Ouais.
00:10:37Est-ce que vous voulez que je vous aide à poser votre jambe ?
00:10:40Peut-être même quand on m'a sent doucement.
00:10:43Non, non, non, pas touché.
00:10:45Vous pouvez m'aider, oui, parce qu'avec vos saloperies de manottes,
00:10:47je ne peux pas me dévoyer tout seul.
00:10:50Ça va comme ça ?
00:10:51Oui, ça va.
00:10:57Voilà.
00:10:58Merci.
00:11:00Mais fermez, bon sang, le froid rentre par la portière ouverte.
00:11:02Vous croyez qu'ils en auront pour longtemps, vos deux rigolos ?
00:11:14C'est pas moi qui connais le pays, Viola, c'est vous.
00:11:16Le plus proche garage est à combien ?
00:11:19Dans le temps, il y en avait un bond à la canne, puis à la yole aussi.
00:11:24Ils sont partis dans quelle direction ?
00:11:26À la devant.
00:11:28Envers l'aïole, alors.
00:11:30C'est loin ?
00:11:32À pied, une heure, en temps normal, mais cette nuit, il leur faudra beaucoup plus de temps.
00:11:36Vous devriez essayer de nous sortir de là-dedans, on sait jamais.
00:11:40J'arrête, mon vieux, c'est pas possible.
00:11:42Pourquoi ? Ils ont embarqué les clés ?
00:11:45Ils sont là, sur le tableau de bord.
00:11:47Alors ?
00:11:48Je sais pas conduire.
00:11:49J'ai pas tellement le cœur à rire, mais je trouve ça énorme.
00:12:01Ah si, j'ai mon permis, c'est obligatoire.
00:12:04Alors je l'ai, mais j'ai pas de voiture.
00:12:08Donc je ne conduis jamais, alors je vais pas remettre ça sur le verglas.
00:12:10Ah oui, c'est ce que j'en disais.
00:12:13Moi aussi, c'est pareil, j'ai le permis, bien sûr.
00:12:15Mais je manque d'expérience, j'ai passé trop peu de temps dehors.
00:12:21En gros, combien d'années de cabane ?
00:12:25Vous avez tous les détails dans mon dossier.
00:12:28Pas de mémoire.
00:12:30Je m'étonnerais.
00:12:31C'est ma douzième année, plus deux ans d'off-lag et huit mois de forteresse.
00:12:35En off-lag ?
00:12:37Es-tu officier ?
00:12:39Et alors ?
00:12:40Ça n'entre pas dans vos normes, du récidiviste ?
00:12:43Oui.
00:12:45Oui, j'étais lieutenant quand les frisés m'ont fait aux pattes le 9 juin 40.
00:12:53Deux ans de flag, cinq évasions, quatre fois repris.
00:12:58C'est un virus chez vous.
00:12:59Non, le contraire d'un virus, ça m'aide à vivre.
00:13:02Et pourtant, il nous tenait serrés en forteresse.
00:13:05Mais je les ai eus.
00:13:09Vous aussi, je vous aurai un jour ou l'autre.
00:13:10Qu'est-ce que c'est, Viola ?
00:13:15Moi, j'étais en stalag.
00:13:19Neuf ans.
00:13:20J'ai passé quatre ans à ruminer des projets.
00:13:25Pas tout à fait quatre ans, d'ailleurs.
00:13:27Au bout d'un certain temps, quand on n'a pas osé,
00:13:30on renonce.
00:13:31J'ai flanché deux fois, au dernier moment.
00:13:34J'ai vu partir des copains.
00:13:37Vous savez ce que l'on racontait ?
00:13:40Les otages.
00:13:41La famille qui traigne pour l'évader.
00:13:42Alors, je les ai vus partir.
00:13:46Ils restaient.
00:13:50Moi, je n'avais pas de famille.
00:13:52C'était plus facile.
00:13:55Où est-ce que tu étais exactement ?
00:13:57C'était la Gneufa.
00:13:58Batsoulza, en Turinche.
00:14:01Et à partir de 1942, en usine.
00:14:03Il y en a.
00:14:04Enfin, à côté de il y en a.
00:14:05Oui, je vois.
00:14:07La deuxième fois qu'ils m'ont repiqué avec la chapelle,
00:14:09je me suis retrouvé avec des types de Neufa.
00:14:14Ils étaient gonflés.
00:14:18Il y en avait.
00:14:22Ils étaient trois.
00:14:23On nous avait parqué dans une ressert au bout de la gare.
00:14:27Et les trains arrivèrent, partaient.
00:14:30C'est terrible d'entendre les trains.
00:14:33De les voir passer à travers les fentes des planches à 30 mètres.
00:14:36D'imaginer les voyageurs, la chaleur.
00:14:39Il y a le droit de se lever.
00:14:44En tourne aussi, je les entendais siffler.
00:14:57Tiens.
00:14:59Le 8h15.
00:14:59Et tout d'un coup, il y en a des trois qui s'est mis dans la tête
00:15:05que nous pourrions cravatter des fractionnaires devant la porte.
00:15:09Tu vois le coup, des évadés qui ont à peine bouffé depuis trois jours,
00:15:12qui se coltinent avec des fels gros, solides, entraînés, vainqueurs.
00:15:17C'est qu'à ce moment-là, ils étaient vainqueurs pour Milan, les cocos et chez eux.
00:15:22Ah, j'ai manqué d'air, j'ai dit non.
00:15:24Alors, le plus grand, un rouquin, avec l'accent du Nord.
00:15:28Oh, je l'entends comme si c'était arrivé hier.
00:15:30Il s'est retourné vers moi, il a dit
00:15:33« Vous, le gars, des chauffe-lagues, je serai tout dit le même.
00:15:37Que ce soit chez eux, que ce soit chez nous,
00:15:40chaque fois que vous voulez, je le vous mettez le pouce. »
00:15:43Alors, j'y étais.
00:15:45Il y avait que deux sentinelles, les autres patrouillaient le long des quais.
00:15:49Le rouquin en a arrangé une élue tout seul.
00:15:51L'autre, c'est moi.
00:15:52Je ne les ai jamais revus.
00:15:55Je crois qu'ils ont piqué le rouquin aussitôt et qu'ils l'ont fusillé sur place.
00:15:59Et toi, ils tombent bien prêts aussi ?
00:16:02Ah, quatre jours plus tard.
00:16:04Et à 500 bornes de là, en pleine Bavière.
00:16:07Dès que j'avais pu, j'avais sauté dans un ballon
00:16:08qui m'avait l'air de rouler dans le bon sens.
00:16:11J'ai passé la nuit là-dedans.
00:16:14Et une bonne partie de la journée.
00:16:18Pourquoi tu ris ?
00:16:20C'est tellement bête.
00:16:24Un wagon de sueur.
00:16:26Il récupérait tout.
00:16:29Quel rôle d'époque, transporter de la sueur en wagon.
00:16:33Et on roulait.
00:16:36On s'arrêtait, on repartait.
00:16:40Ça faisait comme une sorte d'horloge.
00:16:47Comme une sorte de cauchemar.
00:16:50Dans une gare, j'avais fait un truc vraiment culotté,
00:16:53mais je la sautais tellement.
00:16:55J'ai fauché une valise.
00:16:57Un voyageur ?
00:16:58Un frite ?
00:16:59On était contre un train de voyageurs.
00:17:05Je suis passé sous les wagons.
00:17:07Et hop.
00:17:08Manque de pot, rien que des fringues de bonne femme.
00:17:11Mais un saucisson d'au moins,
00:17:15enfin,
00:17:16mettons, deux livres.
00:17:19Et du thé.
00:17:21Du vrai thé qu'elle avait eu par un trafic ou par un permissionnaire.
00:17:27C'est formidable, t'es.
00:17:28Moi, j'aime pas.
00:17:29Moi non plus, mais il y a des moments où le goût,
00:17:31je le mâchais.
00:17:34Comme du thama.
00:17:34Moi, c'est dégueulasse.
00:17:36Oui.
00:17:37Moi, ça tient à peu près en forme.
00:17:41Non.
00:17:43Ce qui me faisait rire,
00:17:44c'est la façon dont il m'a repiqué.
00:17:47On était à l'arrêt la nuit.
00:17:53Et j'entends venir la patrouille.
00:17:55Et ça a duré.
00:18:00Ça a duré.
00:18:02La nuit, on entend les bruits venir de loin.
00:18:07Et les voilà qui arrivent,
00:18:08et qui s'arrêtent juste derrière la cloison du wagon.
00:18:11Planqués pour griller en douce une cigarette.
00:18:13Parce que,
00:18:15discipline allemande ou non,
00:18:18c'est surtout bon quand on l'oublie.
00:18:21Alors, ils étaient là,
00:18:22parlaient de leur femme,
00:18:23leur môme,
00:18:24la permission de Noël,
00:18:25la fin de la guerre.
00:18:27Moi, je me retenais même de respirer.
00:18:30Et puis, tout d'un coup,
00:18:31il y en a un qui est venu
00:18:31pour ouvrir la glissière du wagon,
00:18:34pour voir s'il n'y aura pas quelque chose à faucher,
00:18:35j'imagine.
00:18:36Il t'a vu.
00:18:37Non.
00:18:39Ah non.
00:18:40Mais,
00:18:40il y a eu un petit courant d'air.
00:18:42Juste assez pour m'envoyer
00:18:44une passée de sueur dans les trous de nez.
00:18:46Ah, c'est bien simple.
00:18:47Sur le quai,
00:18:48les pattes en l'air au milieu de mes quatre types,
00:18:50j'éternue encore.
00:18:52Et quinze jours plus tard,
00:18:53j'entrais en forteresse.
00:18:56Alors là,
00:18:56pas marrant.
00:18:58Hein?
00:18:59Pas marrant.
00:19:04T'as pas...
00:19:05T'as pas une cigarette?
00:19:07Oh, si.
00:19:08Viens là.
00:19:25Oui?
00:19:25Si je t'enlève les menottes.
00:19:27Je t'écoute.
00:19:29Tu feras pas l'imbécile?
00:19:30Si je t'enlève en même temps,
00:19:32la fièvre,
00:19:33l'entorse et...
00:19:34les menottes.
00:19:36Tu promets rien,
00:19:36sinon je vois pas trop ce que tu risques.
00:19:38C'est pas une réponse.
00:19:41Écoute bien,
00:19:42à la première occasion,
00:19:43je remets ça autant de fois
00:19:44qu'il le faudra.
00:19:46Bon,
00:19:47allume quand même la cigarette.
00:19:48merci.
00:19:56Merci.
00:20:06Je peux rien te promettre.
00:20:07Il y a trop longtemps
00:20:09que je paie pour un autre.
00:20:11Et je vais lui faire la peau.
00:20:13Ouais.
00:20:14C'est ce que vous racontez tous.
00:20:17Un autre.
00:20:20Toujours.
00:20:22Non, non, non.
00:20:22Pour moi,
00:20:23je raconte rien,
00:20:23je dis ce qui est.
00:20:26Je prétends même pas être innocent,
00:20:28j'ai jamais prétendu.
00:20:31C'est vrai,
00:20:32j'ai volé.
00:20:33Mais je maintiens que
00:20:34si quelqu'un ne s'était pas conduit
00:20:35d'une certaine manière
00:20:36avec moi à l'époque,
00:20:37je serais probablement
00:20:38un petit industriel
00:20:39honorable et respecté.
00:20:43Et ce quelqu'un là,
00:20:44j'ai promis de lui faire payer
00:20:45la même note que pour moi.
00:20:49Un peu plus salé,
00:20:50si possible.
00:20:52Qui ?
00:20:53C'est mon affaire.
00:21:02Et vous êtes sûr
00:21:03qu'il n'y a rien d'ouvert, là ?
00:21:05Ben oui.
00:21:10Un mort froid ?
00:21:12Plus en plus.
00:21:13Un fièvre ?
00:21:15Ah oui,
00:21:15je crois bien.
00:21:16Tenez, regardez.
00:21:17le pot est rapide,
00:21:23d'habitude.
00:21:25Assez lent, 60.
00:21:27J'ai un mouchoir
00:21:28dans la poche gauche
00:21:29de mon pantalon,
00:21:30si vous voulez me le passer.
00:21:35Vous ne me tutoyez plus ?
00:21:36Oh, la guerre est finie
00:21:41depuis trop longtemps,
00:21:42monsieur l'officier
00:21:43de police judiciaire.
00:21:45Pendant quelques minutes,
00:21:46elle est remontée
00:21:46à la surface.
00:21:48Alors, nous avons été
00:21:49du même côté
00:21:50des barbelés
00:21:50à l'intérieur.
00:21:52Maintenant, c'est terminé.
00:21:54Nous sommes des civils.
00:21:57Chacun de son côté.
00:21:58Tu parles trop.
00:22:03Il te fatigue.
00:22:06Qui est testif ?
00:22:08Un type.
00:22:11Si tu m'expliques,
00:22:12je pourrais peut-être t'aider.
00:22:16Officier, prisonnier,
00:22:17vous, nous,
00:22:17être soldat,
00:22:18une guerre finir.
00:22:20Vous rentrez chez vous,
00:22:21si vous convenable.
00:22:22Nous, aidez-vous.
00:22:24Oui.
00:22:26Seulement,
00:22:26les barbelés restaient là.
00:22:28Alors, tu ne peux pas m'aider.
00:22:30Tu ne peux plus du même côté
00:22:31que moi.
00:22:35Alors,
00:22:36ce mouchoir.
00:22:41Lève un peu les mains
00:22:42que je t'enlève les menottes.
00:22:53Merci.
00:23:14T'es marié ?
00:23:16Ouais.
00:23:18Ça ne marche pas.
00:23:20Pourquoi tu dis ça ?
00:23:22Ta façon de dire oui.
00:23:27Si, ça marche.
00:23:30Elle est gentille.
00:23:32Je suis persuadé
00:23:32qu'elle est déjà derrière
00:23:33les carreaux à me guetter.
00:23:35Elle aura préparé
00:23:36un petit truc,
00:23:37une nappe de bougie,
00:23:37la galantine,
00:23:39une demi-champagne
00:23:40et un paquet roulé
00:23:42dans ma serviette.
00:23:43C'est tout ça
00:23:44qui m'agace au fond.
00:23:45Ouais, chère,
00:23:45c'est un peu injuste.
00:23:48Mais j'ai pris ce métier
00:23:48en croyant...
00:23:49des idées, quoi.
00:23:56Et la vraie bagarre,
00:23:57c'est l'échelle indiciaire
00:23:58des traitements.
00:24:00Ma femme,
00:24:01j'en veux presque
00:24:01de me tricoter des écharpes
00:24:02et des chaussettes
00:24:03et puis des...
00:24:05conduire par exemple
00:24:06sa courzette
00:24:06que j'ai toujours fait
00:24:07des entouroupettes
00:24:08pour échapper
00:24:08à la petite voiture
00:24:10du dimanche.
00:24:12Mais un jour,
00:24:12elle mourra.
00:24:13Elle héritera.
00:24:14Elle a une tante
00:24:15pas mal friquée.
00:24:17Elle l'achètera,
00:24:18cette voiture.
00:24:18Elle m'en fera cadeau.
00:24:20Et alors là,
00:24:22tous les week-ends,
00:24:24hop,
00:24:25en route
00:24:25pour aller voir la famille.
00:24:27Plain de toi,
00:24:28c'est ça,
00:24:29le bonheur ?
00:24:30Ouais.
00:24:30Sans évasion possible.
00:24:38Tu peux pas allumer
00:25:04le chauffage ?
00:25:06Si.
00:25:17C'est tout de même
00:25:18curieux.
00:25:20Quoi ?
00:25:22Nous deux.
00:25:25Je te raconte des choses
00:25:26que je dirai pas
00:25:26à mon frangin.
00:25:28On devrait se bouffer
00:25:28le nez.
00:25:30On bavarde.
00:25:31Et seulement une heure...
00:25:32Des circonstances ?
00:25:34Qu'est-ce que
00:25:37tu penseras de moi
00:25:39demain en cellule ?
00:25:41Ils me remettront pas
00:25:42tout de suite en cellule,
00:25:43ils m'hospitaliseront.
00:25:44Mais qu'est-ce que tu penseras ?
00:25:47Que je suis un salaud ?
00:25:49Je penserais que t'es un flic,
00:25:52c'est tout.
00:25:53Salaud, pas salaud,
00:25:54pour un type dans ma situation,
00:25:55ça n'a plus guère de sens.
00:25:56Il est même probable
00:25:58que je ne penserai plus à toi.
00:26:09Qu'est-ce que tu t'imaginais
00:26:10que j'allais t'écrire
00:26:11pour te demander
00:26:11de m'envoyer des colis
00:26:12avec une lame de scie
00:26:14dans un pain d'épices ?
00:26:15Ben, dis pas de connerie,
00:26:16j'imagine rien.
00:26:18Simplement, je sais que de mon côté,
00:26:19j'essaierai de voir dans ton dossier
00:26:21si tu ne peux rien faire pour t'aider.
00:26:23Fait que tu me crois ou non ?
00:26:24Ben si, je te crois, je te crois.
00:26:25Je suis un naïf, moi.
00:26:27Je suis un naïf, oui.
00:26:28Seulement, tu trouveras rien,
00:26:29il n'y a rien à trouver.
00:26:30Ce que j'ai fait,
00:26:31c'est simple comme bonjour
00:26:32et c'est dégueulasse.
00:26:33J'ai volé la paix
00:26:33de mes propres ouvriers
00:26:34dans mon propre coffre.
00:26:36Ouais, je pensais pouvoir
00:26:37désintéresser les plus acharnés
00:26:39de mes cranciers
00:26:39pendant quelques temps
00:26:40et que...
00:26:41je mangerais toujours
00:26:45pourquoi tu leur as pas dit franchement
00:26:46où t'en étais ?
00:26:48Ça, c'est ce qu'on dit
00:26:49quand on n'a jamais eu à parler
00:26:50franchement à des îles
00:26:51qui ont déjà sauté une paix.
00:26:53Tu leur devais deux mois de salaire ?
00:26:55Ouais.
00:27:00Ils étaient huit,
00:27:01plus une dactylo,
00:27:02une chouette petite équipe.
00:27:08J'ai chopé cinq enfermes.
00:27:10Pourquoi ?
00:27:13T'as fait un scandale au procès ?
00:27:14Oh, scandale.
00:27:17J'ai un peu gueulé, oui,
00:27:18mais surtout,
00:27:19un patron qui vole ses ouvriers,
00:27:21c'est pas digne du sursis,
00:27:22voilà tout.
00:27:24On a fait retomber
00:27:24au beau milieu d'une...
00:27:26d'une campagne d'action sociale.
00:27:28Alors, évidemment...
00:27:29Bon.
00:27:32Cinq ans fermes.
00:27:34Là aussi, les circonstances
00:27:35ont eu leur mot à dire.
00:27:39Cinq ans.
00:27:40Mettons.
00:27:42Mettons d'être à ta quinzième année.
00:27:43Ça t'amuse de me faire parler ?
00:27:44Attends, c'est aussi long que moi.
00:27:51Ouf.
00:27:53Après tout, hein.
00:27:56Bon, allons-y.
00:27:58Alors, j'ai été trois ans raisonnable.
00:28:02Infirmiènerie de freine,
00:28:04évasion,
00:28:05avec bris de matériel,
00:28:06une fenêtre et vol de voiture.
00:28:07J'ai tenu le coup trois semaines,
00:28:09en revendant le pneu de secours,
00:28:11la radio et en piquant aux étalages.
00:28:12Trois semaines, enfin.
00:28:15Ça m'a permis de voir venir.
00:28:18Et tes copains m'ont cravaté
00:28:19sur un barrage vers la chaise d'yeux,
00:28:20par hasard.
00:28:22J'ai juste eu le temps
00:28:23d'assaisonner un gros gendarme.
00:28:25Trois dents.
00:28:27Là.
00:28:27Fracture du maxillaire inférieur.
00:28:31Ah oui, alors évidemment,
00:28:32vol,
00:28:34récidice d'évasion,
00:28:35coup et blessure.
00:28:37Alors, super maximum.
00:28:39Mais faut être cinglé.
00:28:41Puisqu'il t'obtenait.
00:28:43C'était de la folie.
00:28:44Cinglé, oui,
00:28:45parce que quand j'ai vu que j'étais fait,
00:28:46armé, j'aurais tiré dans le tas.
00:28:48Mais enfin...
00:28:48Non, je cherche pas à comprendre.
00:28:49Si t'as pu rester quatre ans peinards
00:28:51dans ton stalax,
00:28:52c'est pas la peine d'essayer.
00:28:56Pas un jour, pas une heure,
00:28:58pas une minute,
00:28:58j'ai décroché de cette idée
00:28:59être ailleurs, libre.
00:29:03Mon dieu des phares, en face.
00:29:05T'es sûr ?
00:29:06Oui, j'ai vu des phares, on vient.
00:29:14Mais ferme, bon sang, je suis gelé.
00:29:44Je comprends pas.
00:29:47Il y avait une voiture
00:29:47pour la berlue.
00:29:51Elle montait par ici.
00:29:52Et elle monte plus ?
00:29:56Bon, elle a dû tourner vers
00:29:59Sainte-Geneviève.
00:30:06Décidément, tu connais bien le pays.
00:30:10Quand j'étais jeune,
00:30:11je passais toutes mes vacances
00:30:12chez ma mère.
00:30:14And it's been else.
00:30:15Oh, j'ai une crème, ça y est.
00:30:19Tu veux m'aider à changer de côté ?
00:30:21Oh.
00:30:24Attends.
00:30:25Alors, allonge la jambe droite.
00:30:27Attends, je peux pas.
00:30:28Si.
00:30:29Molo.
00:30:31Viens, je vais te sceller la bouche.
00:30:32Molo, ça va, ça va, ça va, ça va.
00:30:34Merci.
00:30:42Viens là.
00:30:44Tu m'as menti tout à l'heure.
00:30:51Moi ?
00:30:52Oui, toi.
00:30:53Fais pas l'enfant de coeur.
00:30:55Tu m'as d'abord dit que tu savais pas conduire
00:30:57et ensuite que t'avais fauché une voiture en 54.
00:30:59Tu joues sur les mots ?
00:31:02Je t'ai dit que j'avais eu mon permis, c'est vrai,
00:31:04mais que je conduisais pas assez pour prétendre être un type qui sait conduire.
00:31:08C'est toi qui joues sur les mots.
00:31:09On sait ou on sait pas.
00:31:10Tu retrouves le ton, les réflexes.
00:31:14Flic un jour, flic toujours.
00:31:17Hum.
00:31:20Tiens.
00:31:21J'ai pas nagé non plus et pourtant je me suis jeté dans la laire.
00:31:24Et au-dessus de Hanovre.
00:31:26Un jour que j'avais leur chien aux fesses.
00:31:29C'est probablement toute la différence qu'il y a entre toi et moi.
00:31:32Ah oui, toi, tu te fais ce que tu sais faire.
00:31:34Moi, je fais ce qu'il faut faire pour m'en sortir, même si je ne sais pas.
00:31:38J'apprends même temps que je le fais.
00:31:40Et au milieu de la laire,
00:31:42j'ai nagé.
00:31:45C'est pour ça qu'ils m'ont pas repris.
00:31:46Et cette fois-là, elle a été la bonne.
00:31:49J'aurais hésité, leur cleps m'égorgeait.
00:31:54Voilà.
00:31:56Parce qu'à partir d'un certain moment, c'est même plus une question de courage.
00:31:59Il n'y a plus moyen de...
00:32:00Plus moyen de reculer.
00:32:02Et alors, on nage.
00:32:04On vole une voiture, on assemble une sentinelle.
00:32:09Et un gendarme.
00:32:16Au fond, oui, le courage.
00:32:20C'est avant qu'il en faut.
00:32:23J'avais sauté, je partais avec les copains.
00:32:30Qu'est-ce que tu racontes, là ?
00:32:32On rentrait d'une briquetterie.
00:32:37En commando.
00:32:41C'est moi qui avais combiné l'histoire.
00:32:42Avec Antonin.
00:32:45L'homme de confiance.
00:32:49Un séminariste de par chez moi.
00:32:51Et de Sèvres.
00:32:54Il avait obtenu qu'on rentre sur un plateau.
00:32:57Tous les soirs.
00:32:58Ça nous évitait des kilomètres à pied.
00:33:04Le train roulait, doucement.
00:33:07Et on passait sous un tunnel.
00:33:10Évidemment, il était gardé aux deux extrémités.
00:33:13Mais au milieu, il y avait une cheminée d'aération.
00:33:18Il suffisait de sauter dans le noir.
00:33:20Tout était préparé.
00:33:23Une échelle de corde, dans la cheminée.
00:33:26On ne dormait plus.
00:33:28Je ne pensais qu'à ça.
00:33:31Pas la liberté.
00:33:34À ça.
00:33:35Sauter dans le noir.
00:33:39Au dernier moment.
00:33:42Impossible.
00:33:42Antonin a dit, on y va.
00:33:48Je les ai entendus sauter.
00:33:49Les uns après les autres.
00:33:51Machinalement, je les comptais.
00:33:56À la sortie du tunnel.
00:33:59Il n'y en plus que trois sur le plateau.
00:34:02Ça fait sauter à neuf.
00:34:05Sept d'euros pris.
00:34:07Et les deux autres.
00:34:12Mais pour les sept reprises aussi, c'était moins moche que pour toi.
00:34:22Le cafard, bien sûr.
00:34:23Mais d'autres façons, avoir essayé, c'est quelque chose.
00:34:29C'est pas la hauteur.
00:34:31Pendant qu'on cherchait l'orbrie, j'ai sauté cinquante fois pour m'entraîner.
00:34:35Ça marchait.
00:34:37Mais là, rien.
00:34:42Quand vous êtes revenu au camp, ceux qui n'étaient pas dans le coup,
00:34:48ont compris que vous étiez dégonflés tous les trois ?
00:34:50Peut-être.
00:34:52Bon, vous t'éperdument, moi, je le savais, ça me suffisait.
00:34:56J'en ai encore honte.
00:34:59Jamais j'ai parlé de ça à personne.
00:35:02Et là, j'en ai encore honte.
00:35:04J'en ai encore honte.
00:35:12Tiens.
00:35:24La neige remet ça.
00:35:26Hein ?
00:35:26Ah oui.
00:35:31Ah oui, il remet ça.
00:35:32Quand je pense qu'il y a des rigolos qui vont me payer pour tomber sur leur cul dans la neige, je dis...
00:35:49Attends, on peut dire que la misère, elle te coupe pas le sifflet ?
00:35:52Cinquante.
00:35:53J'aurais compté, je suis sûr que je serais arrivé à cinquante.
00:35:56Cinquante quoi ?
00:35:57Cinquante tombées par nuit.
00:35:58Et chaque fois, il me rentre un peu plus de neige dans le cou, dans les manches et dans les bottes.
00:36:02Eh, c'est une année à neige. L'an dernier, il n'y en avait point.
00:36:04Ouais, ben l'an dernier, j'étais chez moi, au lit, au chaud avec ma grippe.
00:36:07Oui, ben cette année, ça sera pour le jour de l'an, ta grippe.
00:36:10Puis moi, et tout.
00:36:12Si j'avais pas mes jambes pour m'y conduire, je saurais pas comment retrouver mes orteils, je les sens plus.
00:36:16Eh, l'aïol, tu la sens, l'aïol ?
00:36:18Tu pourrais pas nous dire si on en approche, non ?
00:36:19Si on lui retourne par le dos, on en approche de l'aïol.
00:36:22Voilà, c'est tout ce que je peux dire.
00:36:23Alors, pourquoi tu nous as fait quitter la route ?
00:36:25Parce que tu m'as fatigué, là.
00:36:27J'en avais l'oreille douloureuse de t'entendre crier, Jemir.
00:36:29J'ai voulu raccourcir.
00:36:31Ah, ça va, va.
00:36:41Je pense aux mecs quand ils verront arriver de bons hommes de neige avec des képis de gendarmes.
00:36:48Aussi blancs que des képis de légionnaires.
00:36:53Vous la faites à mi-chemin.
00:36:57Non, non, pas tout à fait.
00:37:01Je suis pas pressé.
00:37:06Pas pressé ?
00:37:07Non.
00:37:10Ah oui, j'oubliais, oui.
00:37:12Pour toi, évidemment.
00:37:16Ah non, c'est le monde à l'envers, alors.
00:37:18De nous deux, c'est moi qui suis le moins à l'aise.
00:37:19Le coup parle, vous presque.
00:37:20Non, t'excites pas, tu vas dire des choses désagréables.
00:37:25C'est la trêve.
00:37:26Je suis un sursis pour une demi-heure.
00:37:29Alors oublie qui tu es, qui je suis.
00:37:32Nous nous sommes.
00:37:34T'aurais sauté, toi ?
00:37:35Oui.
00:37:37Et alors ?
00:37:37Tu connais la centrale d'Ourion ?
00:37:50De l'extérieur.
00:37:55Les barreaux sont en fer doux.
00:37:58Il suffit d'une demi-heure pour ancien.
00:38:00Tu sais pourquoi ?
00:38:01Ah non.
00:38:04Je te donne le cuillon, c'est jamais.
00:38:05Peut-être qu'un jour, tu la connaîtras de l'intérieur, cette centrale.
00:38:09Tu te fous de moi, non ?
00:38:10Oui.
00:38:12Non.
00:38:14On bavarde.
00:38:16Il y a des années que je n'ai pu le faire.
00:38:19Petite plaisanterie au passage, rien que pour voir ta tête.
00:38:23Eh bien, tu l'as vue.
00:38:24Arion, on ne peut se tirer que par les toits.
00:38:40C'est assez facile.
00:38:44Il suffit de jamais regarder vers la gouttière.
00:38:47Toujours au-dessus de soi.
00:38:51On atteint le chemin de Ronde.
00:38:54Et on arrive à une passerelle.
00:39:02Il passe au-dessus de la route à une quinzaine de mètres.
00:39:05Toute brûlante.
00:39:13En un seul coup,
00:39:16j'ai l'impression d'être en bateau.
00:39:18La campagne, c'est la mer, tu reçois.
00:39:20Le vent en pleine figure.
00:39:21Déjà, sur les toits, j'ai vu la surprise du ciel au-dessus de la tête.
00:39:28Je me suis allongé sur les tuiles, aussi sonné que si j'avais couru un marathon.
00:39:35Tu as peur ?
00:39:36Non, pas encore.
00:39:39J'écoutais.
00:39:42J'étais devenu une sorte de...
00:39:44de radar vivant.
00:39:47Une sorte d'antenne.
00:39:48À tout moment, l'alarme pouvait être donnée.
00:39:52Il suffisait d'un coup d'œil dans ma cellule.
00:39:56Pas de mannequin.
00:39:58Rien.
00:39:59Ma paillasse était vide.
00:40:01Même pas de couverture.
00:40:04Je l'avais déchirée en lanière pour tresser ma corde.
00:40:06Alors, sur la passerelle.
00:40:11Alors, là, oui, sur la passerelle, j'ai eu peur.
00:40:1415 mètres.
00:40:17La liberté à 15 mètres.
00:40:19J'ai compris pourquoi il suffisait que les barreaux soient en fer doux.
00:40:27L'important venait après.
00:40:33On m'avait dit que certains avaient rebrouché chemin.
00:40:35J'ai compris pourquoi.
00:40:38C'est juste une rigolade comme ça à 15 mètres.
00:40:40Mais si tu réfléchis un peu...
00:40:42C'est un inquiétage.
00:40:49J'ai accroché ma corde de couverture en utilisant le moins de longueur possible pour le nœud.
00:41:00Quand j'ai enjambé la passerelle...
00:41:07Quand j'ai enjambé la passerelle, j'ai senti...
00:41:10Toute la rambarde pliée sous mon poids.
00:41:14Tremblée.
00:41:15Craquée.
00:41:19Je n'osais plus réfléchir.
00:41:25Estimer la longueur de corde sous moi.
00:41:26Je me cramponnais à la rambarde.
00:41:32J'aurais sauté pour en finir.
00:41:38Mais j'avais quelque chose à faire.
00:41:41Quoi ?
00:41:42Non.
00:41:42Non.
00:41:49J'ai pris ma corde.
00:41:55Je l'ai serrée.
00:41:59Tout ce que t'as pu lire sur...
00:42:01Sur la marine à voile ou sur l'alpinisme, il faut y être passé.
00:42:07C'est là.
00:42:11Mètre par mètre.
00:42:11Je m'arrêtais.
00:42:21J'essayais...
00:42:22Comment t'expliquer ?
00:42:23De me faire léger.
00:42:26J'avais...
00:42:27J'avais fait plusieurs essais dans ma cellule en accrochant la corde au barreau.
00:42:32En tirant dessus...
00:42:33Elle avait toujours cédé.
00:42:41J'étais descendu de quelques mètres...
00:42:46Et j'ai vu arriver un camion sur la route.
00:42:50Un camion.
00:42:51Qui se traînait.
00:42:53Un poids lourd.
00:42:54Qui finissait pas de se traîner.
00:42:57Et qui allait me prendre dans ses phares.
00:42:58J'étais crispé sur mon filin.
00:43:07Je pleurais.
00:43:12C'est idiot, mais je chialais comme un môme.
00:43:22Le camion est passé.
00:43:23Mais ça a été pire qu'avant, parce que s'il avait rien vu...
00:43:26C'était que la corde était trop courte de beaucoup.
00:43:34Crois-moi, de beaucoup.
00:43:37Alors j'ai repris la descente.
00:43:43Cette corde...
00:43:44Était devenue tout ce qui comptait au monde.
00:43:46Il y avait entre nous une sorte d'amitié presque amoureuse.
00:43:57Je lui parlais.
00:43:59Oui.
00:44:02Chaque fois que je descendais d'une brasse.
00:44:05Allez, tiens le coup.
00:44:06Tu vois le coup.
00:44:07Tu vois le coup.
00:44:07Je la sentais entre mes chevilles.
00:44:19Puis, à ce coup, j'ai su qu'elle était plus là, qu'elle avait fini son boulot, que c'était fini pour elle.
00:44:23J'ai sauté.
00:44:31Moi aussi, j'aurais sauté, là.
00:44:32Moi aussi.
00:44:34Dans ces conditions-là, n'importe qui le ferait.
00:44:35Quand on peut plus reculer.
00:44:37Mais là-bas, c'était différent.
00:44:38Je risquais pas ma peau.
00:44:39Si je sortais du tunnel sur mon plateau, rien ne changeait pour moi.
00:44:41J'ai l'impression que beaucoup de choses auraient changé, au contraire.
00:44:43J'étais pas un malfaiteur.
00:44:44J'étais un prisonnier de guerre.
00:44:46Y a tout de même une différence, non ?
00:44:47Non, aucune.
00:44:48J'ai été les deux, je le sais.
00:44:49Aucune.
00:44:50Entre vous et nous, c'est la guerre.
00:44:51La seule différence, c'est que là-bas, on pouvait tout espérer.
00:44:53C'est pas ce qui nous donnait à bouffer qu'on vivait.
00:44:56C'est tout ce qu'on espérait.
00:44:58Et j'espère plus.
00:45:14Rester beaucoup sous la corde ?
00:45:16Six mètres.
00:45:19Comment tu le sais ?
00:45:20À l'hôpital, les infirmières m'ont passé le journal.
00:45:25Mais elles étaient gentilles.
00:45:28Mais elles m'appelaient la Tude.
00:45:29Il n'aurait pas à sauter, il vient là.
00:45:41Il aurait lâché.
00:45:46C'est pareil.
00:45:47C'est bien que non.
00:45:48Je crève de chaleur.
00:46:02Ce chauffage est tout fermé.
00:46:03J'étouffe.
00:46:04Si tu racontes, t'as coupé le chauffage.
00:46:08Moi, c'est le contraire, je caille.
00:46:10Peut-être que ça compense.
00:46:11Je comprends pas, C.V.
00:46:24Qu'ils ont envoyé un inspecteur pour me cueillir cette fois-ci.
00:46:27D'habitude, ils se contentent d'une paire de gendarmes.
00:46:31Ils m'ont pas envoyé.
00:46:39Je voulais te terminer une enquête dans le secteur.
00:46:45Une histoire de vol de bétail dont on ne saura jamais le fin mot.
00:46:49Ah, ça.
00:46:50Ils sont pas bavards dans le pays, hein ?
00:46:52Si, en patois, ils sont même casse-pieds.
00:46:55Et pour leur tirer deux mots d'explication en bon français...
00:46:58Tu connais pas le patois ?
00:47:02Ils ont dû s'en payer un bol.
00:47:09Alors ?
00:47:11J'étais dans la gendarmerie
00:47:14lorsqu'est arrivé le coup de fil.
00:47:19Quel coup de fil ?
00:47:21Ben, signalant ta présence à Espalion.
00:47:24Moi, j'ai été mouchardé par quelqu'un du pays ?
00:47:26Ben, absolument pas.
00:47:28C'est un automobiliste qui t'a repéré.
00:47:30Au moment où tu entrais par une fenêtre dans la maison,
00:47:32nous t'avons coincé.
00:47:34Oh, merde, c'est long, ça.
00:47:37Il y a centaines de maisons abandonnées dans la région,
00:47:39celle-là, l'était...
00:47:41Il m'a pris pour un voleur ?
00:47:45Ben, faut croire.
00:47:46De toute façon, il a pour signaler un voleur
00:47:48et il a signalé Maurice Vialat.
00:47:51Mais alors, c'est qu'ils me connaissaient.
00:47:54Bon, je tue.
00:47:56Ben, pour voir rien.
00:47:57Ils en touchent la radio sur leur voiture, à présent.
00:47:59La nouvelle de ton évasion est diffusée depuis avant-hier.
00:48:04C'est pas une raison pour qu'il ait dit...
00:48:06J'ai vu Vialat ?
00:48:08Il y a eu cinquante appels dans la journée.
00:48:10C'était toujours Vialat que les gars avaient repéré.
00:48:12Mais là, j'ai eu l'impression que celui-là, il se trompait pas.
00:48:18J'ai demandé à accompagner l'équipe de prise.
00:48:24Pourquoi ?
00:48:27Je t'intéressais ?
00:48:28Oui.
00:48:35Ben, explique-moi.
00:48:38Ça s'explique pas.
00:48:40Enfin, à ce moment-là...
00:48:41Là, j'aurais pas pu te fournir d'explication.
00:48:45Maintenant, maintenant c'est différent.
00:48:49Je me rends mieux compte.
00:48:53Je voulais voir de près un de ces types qui ont toujours sauté quand il fallait sauter.
00:48:58Je pense que c'est la raison.
00:49:00Oui.
00:49:00Hé.
00:49:06Ben, ça y est, tu m'as vu ?
00:49:10Ecoute, Vialat.
00:49:12Raconte-moi tes salades.
00:49:15Je te jure que si je peux t'aider...
00:49:16Tu me laisserais filer ?
00:49:19Eh ben...
00:49:21Si j'étais en état de filer, tu me laisserais ?
00:49:26Mais tourne pas autour du pot, c'est oui ou c'est non ?
00:49:30Bien sûr que non.
00:49:33Ben, alors j'jure pas que si tu pouvais m'aider, tu m'aiderais.
00:49:35Hein ?
00:49:35Les boniments, c'est un truc.
00:49:37Au pied du mur, les belles paroles, là, hein ?
00:49:53Ah, fais pas cette tête-là, va.
00:49:55Mais dis-donc, c'est vrai, en fait, je connais même pas ton nom.
00:50:02Égual.
00:50:05Laurent.
00:50:06Non, Laurent comment ?
00:50:08Égual.
00:50:10Laurent.
00:50:11Égual.
00:50:11Ouais.
00:50:12Ça te va bien, hein ?
00:50:13Merci.
00:50:16Oh, je te comprends.
00:50:19Égual.
00:50:20Mais toi aussi, tu dois essayer de te mettre à ma place.
00:50:25Même si tu pouvais, tu pourrais pas m'aider, parce que le seul moyen, le seul, c'est me libérer.
00:50:31Bon, bon, tu peux rien.
00:50:32Non.
00:50:34Bon, ben alors, tout le reste, c'est du baratin.
00:50:36Oui.
00:50:37On peut pas vivre comme un rat dans son trou en sachant que ceux qui t'ont collé là ont la vie douce ailleurs.
00:50:44Il y a au milieu de chacun de nous quelque chose qui domine la vie, qui lui donne un sens.
00:50:52Des fois, c'est l'amour, des fois, c'est le goût du fric, des fois, c'est l'alcool.
00:50:58Et bien, moi, c'est la colère.
00:50:59Je me disais aussi, petit à petit, il me semble que je commence à comprendre.
00:51:12Dans ce que tu me racontais, je trouvais des... des anomalies.
00:51:19Par exemple ?
00:51:21Par exemple, que l'an passé, t'es pu rester trois semaines en liberté, sans réussir à filer plus loin que la chaise d'yeux, un type comme toi.
00:51:29T'es pas franchi une frontière.
00:51:32C'est anormal.
00:51:35Et puis ?
00:51:37Et puis aussi que tu remontes jamais vers le nord.
00:51:41C'est toujours par ici qu'on te repique.
00:51:44Cette fois-ci, encore en trois jours, tu n'as fait que...
00:51:48Combien il y a entre Clermont et Espagnon ?
00:51:52Tu te fous de moi ?
00:51:55230 kilomètres ?
00:51:57Je suis arrivé à Rodez dans la nuit de mon évasion par un train de marchandises.
00:52:03Et le reste ?
00:52:04À pied.
00:52:07De qui veux-tu te venger, Viola ?
00:52:09Ça vient, flic, hein ?
00:52:14Tu mets le doigt dessus.
00:52:17Mais ça, je te l'ai déjà dit.
00:52:19C'est mon affaire.
00:52:20Il y a une raison, t'es le contraire d'une brute.
00:52:25Raison assez forte pour que...
00:52:27Non, non, non, laisse tomber.
00:52:29Laisse tomber, Guane.
00:52:30Je te le répète, entre toi et moi, c'est la trêve.
00:52:34Hein ?
00:52:34Tiens, rappelle-toi, là-bas.
00:52:39Même eux nous foutaient la paix à la nuit de Noël.
00:52:49Ouais, ils nous foutaient la paix.
00:52:52Maintenant, c'est oublié.
00:52:53On va chez eux.
00:52:56Ils viennent chez nous.
00:52:58Terminé.
00:52:59Oublié.
00:53:00Ouais.
00:53:01C'est mieux comme ça ?
00:53:03Tu parles que c'est mieux comme ça.
00:53:06Mais est-ce que c'était la peine d'en arriver là pour comprendre ?
00:53:09C'est la vie, hein ?
00:53:14J'aimerais avoir une cigarette, si c'est possible.
00:53:17Ah oui ?
00:53:18Ah, la barbe, j'en ai plus.
00:53:25Ah, si.
00:53:27Une, tiens.
00:53:27Non, non, si t'en as plus qu'une.
00:53:29Allez, prends, prends, prends.
00:53:35Mais qu'est-ce que tu fais ?
00:53:37Eh ben, tu vois, je casse en deux.
00:53:39Ça nous rappellera, j'allais dire, le bon temps.
00:53:44Quand une aide suffisait à donner des nouvelles à toute la chambre.
00:53:47Une cigarette pour cinq.
00:53:51Je me souviens, pour cinq.
00:53:52On se la passait.
00:53:54J'aurais pas dû casser celle-là, hein.
00:53:57On va perdre deux mégots.
00:54:05Il y avait toujours un type.
00:54:08Un cas versu du pâté dans un colis.
00:54:11Du pâté d'avant-guerre.
00:54:13Un saucisson, une chapeau d'alcool.
00:54:15Hum, c'est vrai.
00:54:18À la Noël 41, j'en ai même vu un sortir un paquet de café d'une paire de chaussettes.
00:54:23Oh, là.
00:54:23Un vrai café.
00:54:26On en a offert un cabot de chez eux.
00:54:29Un brave type.
00:54:32Si, vraiment brave, tu sais.
00:54:34Non, non, mais t'excuses pas, j'en ai connu aussi.
00:54:36On lui en a offert un fond de car.
00:54:38Un bon pépère.
00:54:39Sous-titrage Société Radio-Canada
00:54:46peut-être toujours aussi froid et moi je clave de chaleur
00:55:15je vais te passer ma veste
00:55:18attend j'ai changé de position
00:55:24merci
00:55:36quand je raconterai aux copains de cellule
00:55:49ne fais pas cette tête là
00:55:52je ne raconte jamais rien pour la bonne raison que j'ai pas de copains
00:55:57j'aime autant
00:55:59ouais alors ludwig il a voulu nous apprendre leur noël
00:56:06comment déjà
00:56:08attends
00:56:09ah c'est pourtant bien connu
00:56:12oh tannenbaum oh tannenbaum
00:56:17oh tannenbaum
00:56:19vitrös in deinem blatter
00:56:22voilà
00:56:23oh tannenbaum oh tannenbaum
00:56:28vitrös in deinem blatter
00:56:33il y a quelque chose qui me trotte par la tête
00:56:48j'imagine oui
00:56:50il doit y en la peine
00:56:52il doit y en la peine
00:56:54il y a quelque chose qui me trotte par la tête
00:56:56il y a quelque chose qui me trotte par la tête
00:56:59j'imagine oui
00:57:01il doit y en la peine se le trotter
00:57:03pour plusieurs choses
00:57:05mais me donne ta tête
00:57:06continue continue
00:57:07et à la première occasion
00:57:09moi je me fous mon camp tout sale
00:57:10tu passeras une jolie nuit de noël
00:57:11oui
00:57:12allez continue de faire l'intéressant
00:57:14bah bah ça va
00:57:16oh
00:57:17et bien qu'est-ce qui te trotte dans la tête
00:57:19ce via là là
00:57:21il connaît le pays
00:57:22il sait qu'une ferme a brûlé il y a 12 ans
00:57:24et il reconnaît le coin au passage mieux que moi
00:57:26qu'il ait jamais quitté de tout le temps qu'il a passé en prison
00:57:28et il me hurle
00:57:30dans le coup de braquer à gauche
00:57:32au moment où si je braque à gauche
00:57:33je fais l'accident
00:57:34et tu penses qu'il espérait que tu viserais la borne
00:57:37la borne non
00:57:38mais sur 25 mètres à cet endroit là
00:57:40au dessus du croisement de l'Alpech
00:57:42il y a le poteau
00:57:43la borne kilométrique
00:57:44et le panneau d'indication de croisement
00:57:46bah j'ai eu la borne d'accord
00:57:47mais de toute façon
00:57:48j'avais quelque chose
00:57:54c'est drôle ce que tu me dis là
00:57:55parce que
00:57:57moi je me suis pas ici
00:58:00oh
00:58:01adrien
00:58:03mais qu'est-ce que tu fais là
00:58:05soixante et unième bûche
00:58:07je te félicite pour ton raccourci toi
00:58:10allez donne moi la main
00:58:11attends
00:58:14allez
00:58:15attends je prends le képi là
00:58:18j'en ai plein d'estomac de cette cochonnerie de neige moi
00:58:25je me sens venir une angelion que je peux pas te dire où
00:58:29et qu'est-ce que tu t'es pensé ?
00:58:31eh ?
00:58:34ah oui
00:58:35eh ben je me suis pensé
00:58:37puisqu'on a rien vu venir en face
00:58:40pourquoi il nous a fait cette comédie là ? pourquoi ?
00:58:42eh ben voilà pourquoi
00:58:44c'est exactement ce que je me suis pensé moi aussi là
00:58:46tout le temps que tu faisais tes galipettes dans la neige
00:58:48tout le temps que tu faisais tes galipettes dans la neige
00:58:50allez viens là-bas
00:58:53bouge pas
00:59:01pourquoi t'as fait ça Viola ?
00:59:05pourquoi ?
00:59:06je pouvais pas faire autrement
00:59:09tu t'es conduit comme un voyou
00:59:10comme ce que t'es au fond
00:59:12une salope
00:59:14une ordure
00:59:15monsieur conduit comme un type que vous avez mis à l'écart
00:59:17et qui joue le jeu à sa manière
00:59:18tu m'es endormi avec des souvenirs avec des boniments
00:59:23en moi mon revolver
00:59:25je te donne ma parole j'oublie
00:59:27j'oublie je te jure
00:59:28personne ne saura
00:59:31tiens
00:59:33les manottes
00:59:35et pas de singerie hein
00:59:36sinon je tire et ça j'ai pas besoin de jurer
00:59:37pour que tu comprennes que je le ferais
00:59:40allez
00:59:41un bracelet autour du volant
00:59:47l'autre autour de ton poignet
00:59:50le droit
00:59:52le droit
00:59:56serre
00:59:58serre
01:00:02c'est la première fois
01:00:03qu'on te passe les manottes
01:00:07n'essaie pas de sortir ta patte de là-dedans
01:00:09tu te blesserais pour rien
01:00:11va dans une heure ou plus tard
01:00:12ils reviendront te libérer
01:00:15en tout cas moi j'aurais terminé ce que j'ai décidé de faire
01:00:17après que vous me repreniez ou non
01:00:19il n'y aura plus aucune espèce d'importance
01:00:21j'aurais plus de colère
01:00:23oublié, terminé
01:00:24la bulle, la quille, la grande cavale
01:00:28perpètre je m'en fous
01:00:30tu me dégoûtes
01:00:32toute cette comédie pour me rouler
01:00:34je croyais avoir retrouvé une sorte de copain
01:00:35et bien c'était un peu ça que tu me crois ou non ?
01:00:39sinon tu peux être sûr que ça s'en serait passé d'une autre manière
01:00:44mais avec ta gueule de mission scapini tu m'as fait peine
01:00:48et je te crois brave mec bonne pomme
01:00:51ta seule tare c'est ton boulot
01:00:52maintenant écoute bien
01:00:55je me souviens de ce pays comme toi tu te souvenais de ta rue quand tu étais là-bas
01:00:59mètre par mètre boutique par boutique
01:01:01donc je savais que si j'arrivais à faire braquer ton brigadier de perrette la voiture était bloquée
01:01:06hop tu bouge pas
01:01:10tu m'écoutes tu bouge pas
01:01:13ça te servira d'ailleurs pour ton rapport
01:01:18et je croyais que nous partirions tous les quatre à pied dans la neige et que je trouverais un moyen quelconque pour fausser compagnie en chemin
01:01:24et puis il y a eu mon genou
01:01:28beaucoup moins grave que je ne te l'ai dit mais
01:01:31un petit rappel à l'ordre et une inspiration
01:01:35très vite j'ai compris que si je m'y prenais à droitement vous me laisseriez là avec un seul type
01:01:43et c'est arrivé mais ça m'a tout de suite gêné que ça soit toi
01:01:47fait du sentiment oui ça te gênait de m'endormir avec des histoires vieilles de 25 ans ça te donnait des scrupules alors ça je m'en doute
01:01:56non non non tu me gênais parce que détroit tu étais le seul dont je ne puisse pas localiser l'arme
01:02:00il a fallu que j'attende que tu hautes ta veste pour me la passer
01:02:05je te remercie
01:02:08sincèrement
01:02:10et qu'un seul argument pour moi égual
01:02:13à ma place tu agis de la même façon
01:02:18je suis en guerre j'ai pas des bandes et c'est ma guerre
01:02:22noël c'est la paix des autres c'est pas la mienne
01:02:25je te plains, viens là
01:02:29tu peux
01:02:33tu peux
01:02:42j'avais vraiment besoin de ça
01:02:46dans vingt minutes tu seras prêt à la porte d'une maison à l'écart de soulagesse
01:02:50un homme viendra ouvrir Moissonnac
01:02:59Julien Moissonnac
01:03:01et je te donne des détails au cas où tu serais chargé de l'enquête
01:03:05quelle enquête ?
01:03:07l'enquête sur la mort de Moissonnac
01:03:08quoi ?
01:03:11non mais t'es cinglé non ? t'es un fou dangereux ?
01:03:15pour Moissonnac oui, pas pour les autres
01:03:17je l'ai connu
01:03:20j'ai connu là-bas aussi, le flingue
01:03:23dans le civil j'avais à peine eu le temps d'être un
01:03:27un tout jeune ingénieur
01:03:29lui était peint, décorateur, maquettiste, ce que tu voudras
01:03:34enfin
01:03:36il avait de la patte
01:03:39c'était le genre de volontaire pour les décors de théâtre
01:03:42moi je m'occupais des accessoires
01:03:44en plus c'était un pays
01:03:46alors nous nous sommes liés
01:03:50les projets, les évasions
01:03:53la sienne qui réussit tout de suite
01:03:56on se perd de vue
01:03:57et en 45
01:04:01pof, on se retrouve
01:04:04et on s'associe pour fonder
01:04:06une entreprise de jouets mécaniques et scientifiques
01:04:09les jouets
01:04:11Moissot via
01:04:13oui, Moissot, c'était lui, Moissonnac
01:04:16et le Via, Vialla
01:04:18Moissot via
01:04:20les premières grilles automatiques, c'est nous
01:04:21les premiers camions télécommandés, c'est nous aussi
01:04:23perds ton temps, Vialla
01:04:25qu'est-ce que tu me raconte, je m'en fous
01:04:27tu m'as déjà vu une fois
01:04:31et puis un jour, je me suis aperçu que la comptabilité était truquée
01:04:35qu'il avait piqué la caisse, qu'il avait vendu des brevets
01:04:41alors j'ai voulu avoir une explication
01:04:45on avait rendez-vous le lendemain matin, mais le lendemain matin
01:04:52envolé l'oiseau, la fille de l'air, sans laisser l'adresse
01:04:57pourquoi t'as pas porté plainte ?
01:04:58parce que si je portais plainte, tout était fichu
01:05:02il y a qu'il me restait une chance, les ouvriers me faisaient confiance
01:05:05et tu les as volés
01:05:07tous ceux qui te font confiance en somme, tu les couillonnes
01:05:11à cause de lui
01:05:13il a témoigné contre moi
01:05:15oui, il a témoigné contre moi
01:05:17je sais qu'il s'était établi à la chaise d'yeux quand on m'a repiqué
01:05:27et que maintenant, il a ouvert l'atelier d'artisanat à un chaude zègue
01:05:31et qu'il habite sous la geste
01:05:33ce soir, sous la geste, tout sera remis en ordre
01:05:38et dans 20 minutes, tout sera liquidé
01:05:40c'est pour ça que j'avais besoin d'une arme
01:05:41après ça, vous pourrez m'en coller pour 100 ans
01:05:45après ça, je n'ai plus envie de faire le mur
01:05:51ne décoptera pas 100 ans, il y en a
01:05:54la préméditation me coûtera la tête
01:05:57réfléchis encore
01:05:59adieu égual
01:06:07c'est la dernière fois que je saute
01:06:08et c'est autrement plus facile qu'au bout de ma corde, Arion
01:06:11c'est autrement plus facile qu'au bout de ma corde, Arion
01:06:3810 ans
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