00:00Devalez-vous, émission spéciale, crise industrielle, crise agricole, la France souffre, on en parle ce matin sur Europe 1 avec vos chroniqueurs Eric Revelle, Sébastien Ligné, vous aussi auditeurs d'Europe 1 0 1 80 20 39 21
00:13et nos invités avec nous en studio, Alexandre Jardin, président de l'association Les Gueux et Christian Convert, secrétaire général de la coordination urale qui est avec nous en ligne.
00:22Plusieurs messages, vous êtes très nombreux à réagir notamment sur les réseaux sociaux ou certains auditeurs qui m'envoient des messages directement qui disent des gendarmes qui chargent une ferme, c'est le signe des forces de l'ordre qui chargent les français chez eux.
00:38Et c'est vrai que le signal qui est envoyé, l'image, vous dites Alexandre Jardin, c'est insoutenable.
00:44On est avec Christian Convert, secrétaire général de la coordination rurale.
00:49Cher Christian, bonjour, merci d'être en direct avec nous.
00:52D'abord, peut-être faire le point sur ce qui se passe actuellement et comment vous avez vécu ces dernières heures et ces confrontations entre deux Frances qui se tiennent la main,
01:03c'est-à-dire les gendarmes et les agriculteurs, c'est cette France silencieuse, cette France qui bosse.
01:08Souvent le gendarme dans cette région, c'est le cousin, c'est le frère de l'agriculteur et c'est pour ça que ces images ont pu choquer les français.
01:16Oui, bonjour à vous. Déjà, il ne faudra plus me présenter secrétaire général de la coordination rurale puisque je suis ex-secrétaire de la coordination rurale,
01:25mais je reste néanmoins président de mon département et je connais quand même très bien les sujets.
01:29Donc, ce que vous nous expliquez, c'est sûr que ça a dépassé l'entendement.
01:32Je pense que même nous, nous n'aurions jamais pensé qu'ils allaient être capables d'utiliser une force pareille contre les agriculteurs,
01:41sachant que de toute façon, nous, on n'allait pas s'en prendre aux forces de l'ordre.
01:44Alors, le problème, d'abord, il est d'ordre sanitaire, on est bien d'accord là-dessus.
01:50Nous, ce qu'on demandait, c'était des tests supplémentaires sur les animaux.
01:54S'il y avait des tests, on s'en allait.
01:55C'était aussi simple que ça.
01:57On veut tester l'ensemble des animaux et ça, ils ne veulent pas.
02:00Donc, leur protocole, c'est dès qu'un animal est touché, on tue tout.
02:03Voilà. Alors, après les forces de l'ordre, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
02:07Quand elles sont en face de nous, on s'aperçoit que c'est quand même beaucoup des jeunes, on pourrait appeler ça des gamins.
02:13Alors, quand ils ont l'ordre de venir taper sur les agriculteurs qui ont plus de 60 ans, qui ont un véhicule et qu'on sait à peu près ce qu'on fait,
02:21et qu'on n'est pas dangereux du tout, il y a de quoi faire mal au ventre, comme on dit.
02:25C'est trop facile. Je vais dire que c'est trop facile.
02:28Ils savent que nous, on ne va pas blesser les gendarmes, qu'on ne va pas s'en prendre à eux.
02:31Mais c'est complètement fou, parce que quand on voit ce qu'ils sont capables de mettre face à nous,
02:35le même problème dans les banlieues, ils ne vont pas le calmer demain matin,
02:39parce qu'ils savent qu'il y aura le feu dans je ne sais combien de villes.
02:42C'est sûr que nous, on ne va pas faire des milliards de dégâts, mais on ne va pas crever en silence non plus.
02:46Voilà ce que je peux dire, mais c'est incroyable, le problème est d'ordre sanitaire.
02:50Je pense qu'il y a une rencontre qui est prévue avec la ministre cet après-midi.
02:53On lui mettra quand même des documents sous le nez, on va dire comme ça,
02:57puisque on est quand même, on se base, ce n'est pas un problème syndical, il faut arrêter de dire ça.
03:02Ce n'est pas un problème populiste, il faut arrêter de dire ça.
03:05Moi aussi, c'est comment on se sort d'une situation comme ça.
03:10Mais justement, comment on s'en sort ?
03:12Christian, qu'est-ce que vous allez proposer cet après-midi à la ministre de l'Agriculture ?
03:17Je vois d'ailleurs que le gouvernement peut-être a fait un premier pas vers vous,
03:20puisque le gouvernement est en la zone d'obligation vaccinale.
03:23C'est ce que vous proposez d'ailleurs pour essayer de freiner cette épidémie de dermatose.
03:30On le propose depuis plusieurs mois, donc il serait temps de bouger.
03:34Vous étiez venu nous voir à l'été dernier, donc il y a déjà plusieurs mois,
03:38pour nous parler justement de cette situation de la dermatose nodulaire contagieuse,
03:44avec les premiers cas qui sont apparus cet été, et où on était en train d'abattre tous les bovins.
03:50Et je me souviens très bien que vous m'aviez dit, mais attendez, si ça se développe, qu'est-ce qu'on fait ?
03:55Et voilà, et donc on ne s'était pas trompé, ça s'est bien développé.
03:58On a commencé dans les Savoies, on a battu 1800 bovins dans les Savoies,
04:03ça n'a pas empêché la maladie de se déplacer dans tous les autres coins de France.
04:06Donc on n'est pas si bête que ça, et on est presque persuadé que ça va continuer d'évoluer.
04:11Donc c'est sûr que la vaccination, c'est le premier pilier.
04:15La vaccination, il faut l'étendre au moins à ceux qui le demandent, dans ce cas-là.
04:19S'il y en a qui ne veulent pas, c'est leur problème.
04:20Mais tous ceux qui le demandent et qui veulent préserver leurs troupeaux,
04:23c'est essentiel de développer la vaccination.
04:26Pour la développer, il faudra déjà commander les doses.
04:28Ça commence aussi par là.
04:29Là, pour l'instant, on est face à une ministre qui court après les problèmes,
04:32puisqu'elle commande les doses au fur et à mesure que la maladie se déplace.
04:35Donc, si on arrive au mois de mars comme ça,
04:38le mois de mars, c'est dans 90 jours, on va dire 100 jours,
04:41le temps de commander les vaccins et de vacciner les troupeaux,
04:43s'ils ne sont pas vaccinés, avant qu'on remette les bêtes à l'herbe au printemps,
04:47on va vers une catastrophe nationale.
04:50Voilà.
04:50Alexandre Jardin, qui est le porte-parole de l'association Les Gueux,
04:55souhaite vous interpeller, cher Christian Convert.
04:57Bonjour Christian.
04:59Bonjour Alexandre.
05:01Il y a quelque chose, je crois, qui a frappé tout le monde,
05:03dans ce que vous venez de dire.
05:05C'est le sens des responsabilités que vous avez.
05:08Et donc, puisque vous proposez, en fait,
05:11vous conduisez au vrai sens du terme, en politique responsable.
05:15C'est-à-dire responsable de sa communauté et d'un pays.
05:18Est-ce que ça vous semble possible, Christian,
05:20que l'on continue dans un système
05:22où les professionnels vivent sous tutelle
05:26de gens radicalement hors sol ?
05:28Est-ce qu'il n'y a pas un problème d'organisation générale
05:31de nos professions ?
05:33Est-ce qu'on peut continuer à vivre avec une technocratie
05:35qui vous tient sous tutelle ?
05:38Parce que, je crois vraiment, Christian,
05:40lorsqu'on vous écoute, on voit que vous êtes responsable.
05:43Tout le monde l'entend.
05:45Et donc, on a envie que les responsables, les vrais,
05:49ceux qui sont responsables du réel,
05:51pilotent ce pays, pilotent les professions.
05:54Et est-ce que vous pensez qu'on ira dans ce sens
05:57ou est-ce qu'on va rester dans l'éternel truc
05:59de soumission à une technocratie ?
06:02J'insiste, parce que j'ai parlé ce matin avec des Suisses,
06:06eux, ils n'ont pas leur technocratie.
06:08Christian Convert, peut-être répondez à Alexandre Jardin,
06:11Christian Convert, qui est ancien secrétaire général
06:14de la coordination rurale.
06:16C'est un grand leader.
06:16Donc, oui, pas de souci là-dessus.
06:19Donc, bien sûr, pour tous les agriculteurs,
06:22la responsabilité, c'est essentiel,
06:25puisqu'on ne veut pas faire courir de risque
06:26ni à nos voisins, ni à la population.
06:30Donc ça, c'est le premier point.
06:31Après, c'est le problème, effectivement,
06:34des institutions telles que vous l'expliquez.
06:36Quand on voit que la ministre a dû demander
06:38à ses collègues européens, par exemple,
06:40une dérogation pour déplacer nos animaux
06:42quand on devait les descendre des alpages
06:44où les animaux étaient dans la neige.
06:46Elle n'avait pas cette possibilité
06:48de nous donner la dérogation
06:49sans recourir aux collègues européens.
06:51Je lui ai dit, écoutez, Madame la ministre,
06:53si on en est là, je pense que vous ne servez à rien.
06:56Alors, ça peut peut-être être dur,
06:58mais c'est la réalité des choses.
07:00Aujourd'hui, un ministre doit être capable
07:02de proposer à ses collègues européens
07:05effectivement les mesures.
07:06S'il dit la vaccination, l'abattage sélectif,
07:09ça ne pose aucun problème par rapport aux exportations.
07:12Il faut qu'elle arrête de nous raconter des histoires.
07:14Ça, on le sait très bien.
07:15Mais écoutez, effectivement,
07:16c'est le parapluie, double parapluie,
07:18c'est le parapluie sanitaire,
07:19c'est le parapluie par rapport aux collègues européens.
07:22Donc, on ne s'en sort pas.
07:23Et donc, la question, c'est la responsabilité,
07:26c'est la souveraineté,
07:27c'est est-ce qu'il faut demander le feu vert à Bruxelles
07:29pour agir ?
07:30Et c'est la question qu'on va se poser dans un instant.
07:32Sur Europe 1, on est ensemble jusqu'à 13h.
07:35Eliott, devalez-vous sur Europe 1 en direct ?
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