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00:00Mais avant cela, cette question, jusqu'à quel point l'antisémitisme gangrenne-t-il nos universités françaises ?
00:08On va avoir du mal à y répondre, à cette question pourtant fondamentale.
00:12Une enquête demandée par le ministère de l'enseignement supérieur au CEVIPOF a finalement été annulée mardi par le centre de recherche.
00:19Décision prise à la suite d'une campagne organisée par des enseignants et des syndicats de gauche,
00:24relayée par la France insoumise, on n'est pas vraiment étonnés.
00:27Bonsoir Fabrice Balanche.
00:28Vous êtes maître de conférence à l'université Lyon 2, auteur des leçons de la crise syrienne aux éditions Odile Jacob.
00:36On vous a invité parce qu'on rappelle qu'en avril dernier, vous aviez été pris à partie par des étudiants en plein cours
00:42pour avoir refusé une rupture du jeûne du ramadan dans la salle de classe.
00:46Cette affaire a été très médiatisée.
00:48Elle est l'une des affaires d'ailleurs emblématiques des dérives qui peuvent avoir lieu à l'université
00:52depuis le massacre du 7 octobre 2023 en Israël.
00:55parce que vous avez été après vraiment un petit peu harcelée.
01:00Je ne sais pas si on peut employer ce mot, mais je crois que le mot n'est pas fort.
01:04Ça a été une séquence difficile pour vous en tout cas.
01:06Oui, harcelée, stigmatisée, ça se poursuit d'ailleurs,
01:09puisque mon nom est régulièrement tagué sur les murs de l'université.
01:13Balanche nazie, Balanche entoura, Balanche dégage.
01:16Non, non, quand vous avez la meute sur vous, ça ne s'arrête pas comme ça.
01:21Je fais cours quand même avec deux gardiens devant ma porte pour éviter de nouvelles intrusions.
01:27Donc non, le processus est toujours là.
01:30Mais vous n'êtes pas protégé par la direction de l'université ?
01:32Si, c'est la direction de l'université qui fournit une sécurité privée pour éviter tout souci.
01:38Bon, dans l'état où est Lyon 2, après mon affaire, il y a eu Willy Bouvalet Haddad
01:44qui a fait l'apologie d'Assad Nasrallah,
01:48qui a été attaqué pour l'apologie du terrorisme.
01:52Après, vous avez l'affaire Théry, cet enseignant accusé d'antisémitisme.
01:59Donc si vous voulez, ça fait un peu beaucoup pour Lyon 2.
02:01Alors si mon cours était de nouveau interrompu par un petit groupe d'islamo-gauchistes,
02:06là je pense que, surtout, ça n'aurait pas été faute d'avoir été prévenu.
02:10Je pense que l'université serait en très mauvaise posture.
02:12Donc c'est pour ça qu'il m'accorde une protection physique.
02:15Alors, on reparle de cette enquête qui portait sur un questionnaire de 44 pages,
02:21anonyme, je le précise, qui a été envoyé à tous les personnels des universités,
02:25tandis qu'une seconde enquête destinée aux étudiants devait suivre.
02:29Mais dès sa mise en ligne, la contestation a explosé.
02:33En gros, ça veut dire qu'on ne peut pas enquêter sur ces sujets aussi graves
02:37que l'antisémitisme en France.
02:39Il y a éventuellement de l'antisémitisme, mais surtout, circuler, il n'y a rien à voir.
02:43Alors déjà, cette enquête, moi je ne l'ai pas vue,
02:45parce qu'elle a été supprimée avant même qu'on y ait eu accès.
02:50Et même avant qu'elle soit mise en ligne,
02:52parce qu'en fait, c'était sur la base du volontariat de chaque université,
02:55et ensuite sur la base du volontariat de chaque enseignant,
02:59de vouloir, oui ou non, remplir ce questionnaire.
03:02Et les syndicats enseignants nous ont envoyé des e-mails
03:05pour nous dire qu'il ne fallait absolument pas toucher à ce brûlot,
03:08qui cherchait uniquement à ficher les enseignants-chercheurs,
03:11qui cherchait à stigmatiser l'université,
03:13puisque le ministère, à l'image de Trump,
03:18veut détruire l'université publique.
03:21Enfin, voilà un petit peu tout le discours qu'on a eu.
03:23En fait, la puissante conférence des présidents d'universités,
03:27la même qui, il y a deux ans,
03:29avait refusé que Jean-Michel Blanquer fasse une enquête sur l'islamo-gauchisme,
03:34en disant que l'islamo-gauchisme n'existait pas,
03:36de nouveau s'est opposé à cette enquête sur l'antisémitisme à l'université
03:42pour éviter, tout simplement, qu'on montre l'ampleur du phénomène.
03:48Parce que, bon, voilà, Lyon 2, vous avez vu cette affaire,
03:51Julien Théry, donc cet enseignant qui a publié une liste de génocidaires,
03:55qui a publié des caricatures antisémites.
03:57Qui a fini par être suspendu parce qu'on a découvert ces caricatures
04:00dans un deuxième temps qu'il avait publié auparavant
04:02et qui était...
04:03Oui, alors là, sans équivoque.
04:05Donc, la présidente s'est décidée à réunir la commission discipline.
04:11Bon, il n'est toujours pas passé devant la commission discipline,
04:12mais on verra bien ce qu'il en ressortira.
04:15Moi, je ne suis pas très optimiste.
04:17Parce que, dans mon propre cas, par exemple,
04:20l'université...
04:21Enfin, j'ai porté plainte, mais la plainte est classée
04:23parce que mes agresseurs n'ont jamais été identifiés par la police.
04:27L'université les connaît très bien, mais elle n'a pas voulu donner les noms.
04:30Donc, j'imagine que l'affaire Théry va également être enterrée.
04:34Vous qualifiez ça de quoi, Fabrice Ballange ?
04:37Je parlais en préambule de renoncement, de l'acheter coupable, de quoi ?
04:42Ça s'appelle comment, ça ?
04:44Alors, il y a deux choses.
04:46De la part des autorités, du ministère,
04:49je pense qu'il y a le pas de vague qui continue à dominer.
04:54Et que sous la pression, quand même, des politiques de l'opinion,
04:58de temps en temps, ils sont obligés de faire une sortie médiatique.
05:02Mais finalement, en se disant qu'au bout de quelques mois,
05:05les gens vont oublier et les affaires seront enterrées.
05:07En ce qui concerne les universités, là, le mal est plus profond.
05:11Le mal est beaucoup plus profond.
05:12Parce que, surtout dans les universités de sciences humaines et sociales,
05:15les instituts d'études politiques,
05:16où vous avez depuis 20 ans l'extrême-gauche
05:22qui a pris le pouvoir dans la plupart de ces établissements.
05:25Vous avez vu l'évolution, vous ?
05:26Moi, j'ai vu clairement l'évolution.
05:30Dans mon université, par exemple,
05:32du fait de recrutements qui ont été, la plupart, orientés politiquement,
05:38aujourd'hui, il n'est plus possible, par les élections au sein de l'université,
05:41de changer l'équipe qui la dirige depuis 10 ans.
05:44C'est comme si...
05:45Parce que les universités gèrent, en gros, la formation
05:48et les recrutements des enseignants-chercheurs.
05:50C'est comme...
05:51Et donc, ensuite, c'est ces enseignants-chercheurs
05:52qui vont élire la présidence de l'université.
05:54C'est comme si un maire pouvait choisir les habitants
05:56qui habitent dans sa commune, si vous voulez.
05:59Donc, bon, c'est facile, à ce moment-là,
06:01de se créer un fief inexpugnable.
06:04Donc, ils ne veulent pas, évidemment, qu'on change ce système.
06:09Et puis, vous avez toutes ces dérives islamo-gauchistes, antisémites,
06:13qui, aujourd'hui, montent en puissance.
06:17Mais Fabrice Valanche, la question qu'on se pose toujours,
06:19je profite de votre présence, parce qu'on le commente souvent ici, évidemment,
06:23et on le dénonce, mais ça veut dire quoi ?
06:25Qu'en gros, la plupart, la majorité des étudiants
06:27que vous avez en face de vous sont de cette obédience islamo-gauchiste
06:32ou ils sont sélectionnés en fonction ?
06:35On a envie de demander ?
06:36Ou alors, c'est une minorité bruyante ?
06:39Alors, les étudiants, ils arrivent à l'université,
06:41je dirais, ils sont neutres, ils sont vierges, quasiment, politiquement.
06:45Il n'y a pas cours sup, il y a des choses à voir sur un dossier.
06:49Mais ils sont malléables.
06:50Ils sont malléables.
06:51Et donc, vous allez avoir, par l'enseignement qu'ils vont recevoir,
06:55par l'atmosphère dans laquelle ils baignent,
06:57avec des syndicats étudiants, avec des groupuscules qui sont là,
07:00ils vont être contaminés, ils vont être endoctrinés.
07:03C'est ça qui se produit, en fait.
07:05Parce qu'on met en avant la liberté d'enseignement,
07:09mais il ne faut pas que ce soit la liberté d'endoctriner.
07:12Parce qu'aujourd'hui, vous avez des collègues
07:13qui prennent, si vous voulez, leur chair pour une tribune politique.
07:17Et ça, c'est inacceptable.
07:18Et vous savez, quand vous avez 18-20 ans,
07:20vous arrivez à l'université, vous voulez changer le monde,
07:22le prof d'université en face de vous,
07:25c'est lui qui a la raison, c'est lui qui a le savoir,
07:28donc vous êtes forcément impressionnés.
07:30Et donc, vous en avez beaucoup qui vont utiliser cette position
07:34pour influencer les étudiants dans des motifs,
07:38dans des directions politiques.
07:40Et ça, c'est extrêmement grave.
07:42Parce que beaucoup de chercheurs, aujourd'hui,
07:44sont des chercheurs militants.
07:48Et particulièrement dans ces universités de sciences humaines et sociales.
07:52Jules Torres, ça vous inspire quoi ?
07:53Si à 20 ans, vous n'êtes pas islamo-gauchiste,
07:55c'est que vous n'avez pas de cœur.
07:57Et si à 30 ans, vous êtes encore islamo-gauchiste,
07:59c'est que vous n'avez pas de tête.
08:00Si on voulait reprendre la formule consacrée en l'adoptant.
08:03Moi, j'ai juste une question.
08:04Parce qu'on a vu la manière dont le ministre, par exemple,
08:08de l'enseignement supérieur a réagi pour votre affaire.
08:10On rappelle quand même aux auditeurs d'Europe 1
08:12que vous, vous avez juste émis peut-être une critique
08:15sur le fait que le jeûne du ramadan puisse être organisé à Lyon 2.
08:20Vous avez reçu des tombeaux d'insultes, des tombeaux de menaces.
08:22Vous êtes obligé donc de faire vos cours
08:24avec deux gardiens de sécurité devant votre porte.
08:28À l'inverse, vous avez un professeur qui a rendu hommage à Nasrallah.
08:31Vous avez un professeur qui fait une liste de juifs.
08:33Il y a eu des réactions.
08:34Mais on a quand même l'impression que, dans ces trois affaires,
08:37c'est vous qui avez pris, pardonnez-moi de l'expression,
08:39mais le plus cher.
08:41Fabrice Valanche.
08:42Le plus cher.
08:43Ça fait longtemps que je prends cher, en fait.
08:45Cette affaire, c'était un peu la partie émergée de l'iceberg,
08:48parce que j'ai eu, déjà dans le passé,
08:50pas mal de déboires avec les universités
08:53pour, justement, mes prises de position,
08:57refusant que la laïcité soit dévoyée comme ça à l'université,
09:03parce que c'est ce qui s'est passé ce mois d'avril 2025.
09:08Parce que beaucoup de collègues ne font plus respecter la laïcité.
09:14Ils trouvent que la laïcité, c'est quelque chose de liberticide.
09:17Donc, ils sont hyper tolérants avec, justement,
09:21ces pratiques religieuses au sein des universités.
09:25Et puis, vous savez, depuis le 7 octobre,
09:27c'est cette propagande pro-palestinienne qui règne.
09:34À Lyon 2, entre octobre 2023 et...
09:39Enfin, pendant un an,
09:40tous les mois, on avait une conférence pro-palestinienne
09:43à charge contre Israël,
09:44organisée par les syndicats étudiants, organisée...
09:47Oui, parce que ce que vous nous expliquez, pardonnez-moi,
09:49mais pour que les auditeurs comprennent,
09:51c'est que tout cela, c'est lié, justement.
09:53Vous qui refusez de faire la rupture du jeune,
09:56les conférences pro-palestiniennes et l'antisémitisme,
09:59d'où cette enquête.
10:00Oui, tout à fait.
10:01Tout est totalement lié et s'est exacerbé
10:03au lendemain du 7 octobre 2023.
10:05Oui, parce que vous avez la France insoumise
10:08qui surfe sur la question palestinienne
10:10pour chercher les électeurs dans les banlieues,
10:15puisque, je dirais, la casse ouvrière,
10:19comment dire, lui échappe au profit d'autres partis politiques,
10:24eh bien, elle s'appuie sur un vote communautaire.
10:26Et Lyon n'est pas un cas à part ?
10:29Non, ce n'est pas un cas à part, on a vu à Paris 8 ce qui s'est produit,
10:33mais si vous allez à Toulouse-le-Mirail, Rennes 2,
10:35à toutes ces universités, c'est la même chose.
10:37Victor Hérault ?
10:38Sur le questionnaire dont on a caché les réponses,
10:42c'est très simple, le vieil adage,
10:43quand vous avez trop de fièvre, qu'est-ce qu'on fait ?
10:45On casse le thermomètre pour ne pas s'en rendre compte.
10:46Bon, ce qui est très inquiétant,
10:49parce que ça veut dire qu'on a intégré le fait
10:51qu'il y avait un antisémitisme dans les universités
10:53et qu'il ne fallait pas voir à quel point
10:55parce qu'on risquerait d'avoir peur des résultats.
10:57Maintenant, moi, je fais personnellement
11:00la distinction entre l'antisionisme et l'antisémitisme.
11:03Enfin, je m'explique, je ne pense pas que l'antisionisme
11:04soit nécessairement un antisémitisme.
11:07Je pense qu'il y a des gens qui sont antisionistes sans être antisémitis.
11:08Mais certains se cachent effectivement.
11:09En revanche, voilà, c'est là j'y viens,
11:11l'antisémitisme dans les facultés,
11:13je l'ai vu de mes yeux et je l'ai entendu de mes oreilles,
11:15souvent se cachent derrière l'antisionisme
11:17puisqu'ils n'avancent jamais à visage découvert
11:19et au contraire, ils disent non, non, mais c'est de l'antisionisme,
11:21ce n'est pas de l'antisémitisme.
11:22D'où ma question, comment est-ce qu'on peut aujourd'hui
11:24dans l'université, dans l'espace de débat
11:25et l'espace intellectuel qu'est l'université,
11:27faire la distinction entre un antisionisme
11:30entre guillemets sain ou raisonnable, voilà,
11:33et un antisémitisme qui utilise la cause d'antisionisme
11:36ou la cause pro-paliskylienne pour avancer ?
11:38Est-ce que c'est possible aujourd'hui de faire la distinction entre les deux ?
11:40Fabrice Valanche, la dernière réponse.
11:41Vous savez, aujourd'hui, je crois qu'il faut vraiment chasser
11:45le politique des universités
11:48parce qu'on a atteint un tel degré
11:50qu'on ne peut plus réfléchir,
11:52on ne peut plus débattre sur ces questions,
11:55les conflits israélo-palestiniens,
11:58ce n'est plus possible.
11:58Donc il faut vraiment revenir aux fondamentaux
12:01qui sont l'enseignement,
12:03qui sont la neutralité de la recherche
12:05parce que, comme je le disais,
12:09on utilise cette liberté de recherche,
12:11cette pensée à des fins politiques.
12:14Donc là, il va falloir être vraiment très clair là-dessus
12:17et puis laisser le débat antisionisme,
12:20antisémitisme pour les politiques,
12:23mais en dehors de l'université.
12:24Merci beaucoup Fabrice Valanche,
12:27maître de conférences à l'université Lyon 2,
12:29auteur des Leçons de la crise syrienne
12:31aux éditions DJCO.
12:32Merci d'être passée par le studio d'Organ.
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