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Liquidation judiciaire de Brandt : «On a abandonné nos fleurons français comme nos agriculteurs», déplore Jules Torres
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il y a 6 minutes
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00:00
Le Refin Soir Week-end, 19h21, Stéphanie Demury.
00:04
Avec mes débatteurs de la première heure, l'excellent Jules Torres et le non moins excellent Victor Hérault.
00:11
Un peu moins quand même.
00:12
Stéphanie, ne me faites pas choisir, c'est comme choisir entre ces deux enfants, on ne choisit jamais.
00:19
Brant a-t-il une chance de survie ? Le tribunal de Nanterre a prononcé hier la liquidation judiciaire du groupe électroménager.
00:27
Il y a quand même 700 salariés qui se retrouvent au chômage à Vendôme, près d'Orléans.
00:33
Il y a eu un projet de reprise en scope, c'est une société participative qui a été défendue, mais ça arrive manifestement trop tard.
00:41
L'exécutif assure que tout n'est pas terminé, qu'on pourrait peut-être changer d'activité.
00:45
Apparemment, c'est un berceau de l'armement, cette région.
00:50
Il n'empêche, je ne sais pas ce que vous pensez de cette affaire, messieurs,
00:52
mais c'est vrai que le ministre rappelle qu'ils ont quand même injecté une vingtaine de millions d'euros dans cette affaire.
01:02
Est-ce qu'on n'est pas là tout simplement dans l'illustration de ce qui se passe depuis des années ?
01:06
Trop de normes, pas assez de compétitivité, et c'est malheureusement ça le problème.
01:12
C'est-à-dire que c'est bien que l'État arrive en toute fin de course pour dire
01:14
j'apporte un peu d'argent à la table pour essayer de sauver l'entreprise.
01:17
Sauf que c'est l'État qui a tué l'entreprise.
01:18
Donc il y a un moment, moi je veux bien dire, on fait tout pour essayer de sauver cette entreprise.
01:23
Et puis toujours injecter de l'argent.
01:24
Mais voter des lois qui baissent les taxes, qui baissent les charges,
01:26
qui baissent effectivement le nombre de normes, qui rendent nos entreprises compétitives.
01:30
Je veux dire, il n'y a pas de secret pour qu'une entreprise vive, il faut qu'elle soit compétitive,
01:32
il faut qu'elle vende bien, il faut qu'elle vende moins cher, il faut qu'elle vende plus.
01:34
Bon, donc pour ça, il faut pouvoir se développer, pour ça il faut que l'État arrête de freiner toutes les activités.
01:39
Donc encore une fois, moi les bons sentiments de l'État là-dedans, je veux bien.
01:41
Je rappelle d'ailleurs que la dernière entreprise qu'on a réussi à sauver, Duralex, avait fait beaucoup parler,
01:46
c'était justement, et c'était absolument pas à cause de l'État.
01:49
On remercie d'ailleurs les Français qui ont fait des dons et qui ont sauvé Duralex,
01:52
parce que l'État n'a rien fait là-dedans.
01:54
Donc moi, j'aimerais surtout que l'État se tienne éloigné de toutes ces entreprises-là.
01:58
Et que le seul rôle de nos parlementaires, la seule question,
02:02
alors là on ne rentre pas dans les débats budgétaires,
02:04
mais la seule question que doivent se poser les parlementaires si Brandt vient à fermer,
02:07
c'est de se dire qu'est-ce qu'on n'a pas fait pour pouvoir le sauver ?
02:10
Qu'est-ce qu'on aurait dû faire pour pouvoir le sauver ?
02:12
Et qu'est-ce qu'on a fait qui a tué Brandt ?
02:14
Et c'est toujours le même mécanisme, on injecte des millions d'euros et on tue la bête.
02:18
C'est le même sujet que les agriculteurs en réalité.
02:21
C'est une question de compétitivité, c'est une question de normes,
02:23
c'est une question de subvention, c'est une question de souveraineté,
02:26
c'est une question de libre-échange.
02:28
On a depuis maintenant 30 ans complètement sapé notre industrie,
02:32
que ce soit l'industrie sur le petit ou le gros électroménager.
02:36
On a même des critiques qui le sont faites sur l'industrie de l'armement,
02:41
où on a essayé en permanence sur les petits accessoires,
02:44
les accessoires qui vont sur les gros armements qu'on est capable de produire.
02:50
Et bien encore une fois, on va chercher ailleurs parce que c'est moins cher,
02:54
donc oui on va demander aux Chinois, est-ce que c'est plus simple ?
02:57
Donc en réalité c'est le même sujet, c'est-à-dire qu'on a abandonné nos agriculteurs,
03:00
comme on a abandonné nos fleurons français.
03:03
Donc évidemment quand vous avez aujourd'hui un lave-linge Brant qui coûte 800 euros
03:08
et que vous avez le Chinois à 400,
03:10
les Français qui ont de moins en moins de pouvoir d'achat,
03:14
contrairement à ce que disent un certain nombre de ministres, de députés Renaissance,
03:17
ils ne peuvent plus, ils ne peuvent plus se permettre d'acheter français.
03:20
Et c'est la même chose encore une fois avec les agriculteurs.
03:22
Quand vous avez du poulet ukrainien ou du poulet français,
03:26
ce n'est pas les mêmes normes, ils ont les deux en phase 2,
03:29
et il y en a un qui coûte deux fois moins cher que l'autre.
03:31
Donc il ne faut pas ensuite s'étonner.
03:32
Et c'est cela où j'en veux au gouvernement.
03:34
Jules Torres, je suis d'accord avec vous,
03:35
mais est-ce que vous avez envie de vivre comme en Chine ?
03:37
Parce qu'en Chine, allez-y, vous avez le fameux 6-9,
03:41
ils travaillent 6 jours, peut-être que ce n'est pas le cas d'ailleurs Jules Torres,
03:45
c'est peut-être le mauvais exemple,
03:46
6 jours sur 7, ils commencent à 6h du matin, ils terminent à 21h.
03:49
Vous avez vu la taille de leurs usines ?
03:52
C'est une ville, et dans l'automobile c'est flagrant.
03:56
C'est un débat de société, c'est un débat de société qu'il faut poser.
03:59
Soit on accepte de voir tous nos fleurons,
04:01
toutes nos entreprises mourir parce qu'on accepte
04:04
de faire venir de la volaille qui vient d'Amérique du Sud,
04:08
c'est le cas avec le Mercosur,
04:10
qu'on accepte que notre électroménager,
04:12
le petit ou le gros, vienne de Chine,
04:14
ça on peut complètement accepter,
04:16
mais ensuite il ne faut pas s'étonner qu'il y ait 750 personnes sur le carreau,
04:19
c'est le cas avec cette entreprise bande,
04:21
où on a quand même en France un taux de chômage,
04:23
contrairement à ce que disent là aussi les macronisques,
04:26
qui n'est pas le moins élevé d'Europe,
04:27
parce que c'est facile de faire baisser de deux points le taux de chômage
04:30
quand on crée 600 000 emplois Uber Eats.
04:33
Ça il n'y a pas de problème, ça c'est extrêmement facile.
04:35
Mais le vrai sujet, c'est qu'on n'a pas pris la mesure
04:38
aujourd'hui de la détresse,
04:40
que ce soit pour nos entreprises,
04:42
qui sont alourdies par le poids des normes,
04:44
le poids des directives européennes,
04:47
le poids aussi de la libre-échange
04:49
et de ce capitalisme complètement à tout train.
04:54
Et voilà, on n'a pas vu venir tout ça.
04:56
Est-ce que ce n'est pas l'une des grandes trahisons d'Emmanuel Macron ?
04:57
On se souvient tous d'Emmanuel Macron pendant...
04:59
Ça ne date pas de lui, la désindustrialisation de la France,
05:01
bien évidemment, qui a débuté bien avant,
05:04
sous l'ère Mitterrand d'ailleurs.
05:05
Mais regardez, souvenez-vous,
05:07
les Goodyear, il était en campagne,
05:09
on se souvient de cette séquence
05:10
où Marine Le Pen était arrivée juste après.
05:12
Alstom, c'est qui ?
05:15
Voilà, les banquiers d'affaires,
05:18
vous savez, c'est peut-être dans la culture d'ailleurs,
05:20
de ces banquiers d'affaires,
05:21
de démanteler,
05:22
est-ce que ce n'est pas là,
05:24
le grand échec de celui qui se présentait ?
05:28
C'est plus qu'un échec, pardonnez-moi,
05:29
mais dans le cadre d'Alstom,
05:30
dans le cadre de tout un tas d'entreprises,
05:32
ça peut s'apparenter à une trahison.
05:34
Il y a un moment, un échec,
05:36
lorsqu'on est à ce niveau de responsabilité,
05:38
avec les conséquences que ça,
05:39
il y a un moment, il faut aller plus loin que
05:40
« Ah bah zut, je me suis trompé ! »
05:42
Ce n'est pas ça qui se passe.
05:43
Maintenant, c'est là que les questions de...
05:46
Vous parliez de la Chine, de libre-échange, etc.
05:48
Oui, alors, moi je pense que d'une part,
05:50
il y a la question aussi de l'éducation,
05:52
ça c'est un vrai sujet,
05:53
que ce soit pour l'électroménager,
05:54
les vêtements, la nourriture, etc.
05:56
L'éducation aux consommateurs français,
05:58
de dire « Mangez plus, ou habillez-vous,
06:00
ou consommez, ou achetez plus cher,
06:02
mais de plus grande qualité,
06:04
de meilleure qualité, et local,
06:06
ça aide sur tous les plans. »
06:08
Ils ont dit « Arrêtez d'acheter le luxe en France,
06:10
c'est fini ! »
06:11
C'est ce qu'ils font eux,
06:12
d'habitude, c'est les Chinois qui imitent l'Europe,
06:15
faisons l'inverse.
06:15
C'est un vrai soviétique,
06:16
un vrai communiste chinois, Victor.
06:18
C'est la route de la soie.
06:19
Mais maintenant, il y a d'une part ça,
06:21
et puis il y a d'autre part,
06:22
il y a des questions aussi de protectionnisme.
06:23
On se laisse envahir par le marché chinois,
06:26
on se laisse envahir par ça.
06:27
Je ne vais pas citer le BH,
06:28
je ne vais pas citer Chine,
06:29
je ne vais pas citer tout,
06:30
tous les exemples nous démontrent
06:32
qu'on se laisse complètement envahir par la Chine,
06:33
et on ne réagit pas.
06:35
Et en général, c'est comme toujours,
06:36
on va arriver en bout de course en disant
06:37
« Ah zut alors, c'est trop tard maintenant ! »
06:39
Ceux qui l'avaient dit avant,
06:41
ils avaient prévu.
06:41
En espérant que ce ne soit pas déjà le cas.
06:42
C'est très intéressant,
06:43
la question que vous m'avez posée tout à l'heure Stéphanie.
06:45
Oui, en effet,
06:47
il y a aussi une question de morale.
06:48
Victor parlait de Chine.
06:50
Oui, c'est super d'aller acheter un t-shirt à 3 euros,
06:53
et un manteau à 20 euros,
06:55
mais comment ça se fait
06:56
qu'un tissu venu de Chine,
07:00
ou du Pakistan ou d'Inde,
07:02
val ce prix ?
07:03
C'est simple en fait,
07:04
il y a un petit travailleur chinois
07:06
qui est payé un yén.
07:09
Oui, mais dites ça à un Français
07:11
qui a des problèmes de pouvoir d'achat,
07:12
qui n'arrive même pas à bouter ces fins de mois.
07:15
C'est là où on fait tout notre possible
07:16
pour réindustrialiser notre pays.
07:18
Payez mieux les personnes qui travaillent chez Brandt,
07:20
payez mieux nos agriculteurs,
07:21
parce que si on paye mieux nos agriculteurs,
07:23
s'ils bénéficient de plus d'aide,
07:25
et bien ils peuvent faire plus de marge,
07:26
et donc aussi baisser leurs tarifs.
07:28
À la place, on met les taxes à l'Assemblée nationale.
07:31
Non, on supprime les taxes.
07:32
Non, mais ça je suis d'accord.
07:34
La taxe, c'est du vol.
07:35
Mais j'ajoute aussi,
07:37
pardonnez-moi,
07:37
mais sur la question du pouvoir d'achat,
07:39
oui, acheter un t-shirt à 2 euros,
07:40
effectivement, c'est moins cher à l'unité.
07:41
Vous en achetez combien des t-shirts ?
07:43
Il vous dure combien de temps le t-shirt ?
07:44
Un bon t-shirt de bonne qualité,
07:46
il tient combien de temps ?
07:47
Je ne pose pas la question à Stéphanie directement,
07:49
mais je veux dire,
07:50
il y a un moment,
07:50
si on réfléchit long terme,
07:51
acheter une belle paire de chaussures plus chère,
07:53
mais qui vous tiendra une génération,
07:55
c'est quand même mieux
07:55
que d'acheter une chaussure,
07:56
une paire de chaussures
07:57
qui dans deux ans ne tient plus,
08:00
la semaine est arrachée,
08:01
on rachète une chaussure.
08:02
Ça vous aura coûté plus cher
08:03
et ça aura été plus embêtant.
08:04
Il y a longtemps que vous n'avez pas acheté de vêtements.
08:07
Ils sont en parfaite qualité.
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